༄ Chapitre 26

Azura était assise sur le ventre de son père, une main fermement agrippée au tissu de son haut, alors que dans l'autre se trouvait une lame à la couleur céruléenne avec laquelle elle le menaçait. Le bout de l'arme touchait la pomme d'Adam du barbu, même s'il ne laissait pas un instant entrevoir de la peur. Il dévisageait l'aînée de ses filles de manière totalement neutre. Cadence s'était acculée dans un coin de la pièce et tremblait comme une feuille. Même si ce n'était pas le spectacle qu'offraient Dagon et Azura qui la mettait dans cet état, je le savais. C'était Leïn qui provoquait cette peur. Lui était appuyé contre le plan de travail et observait la scène, les bras croisés sur son torse et un petit sourire en coin détestable sur les lèvres. Tout chez cette ordure me donnait envie de lui rompre la nuque. Mais pour l'instant, j'avais un autre problème à gérer. Me précipitant sur l'adolescente, je m'emparai d'elle pour l'obliger à se lever et s'éloigner de son royal père.

— Repose-moi ! vagit-elle en se débattant. On a l'occasion de se débarrasser de lui ! Faut en profiter !

— Ne fais pas ça, imbécile ! Si tu le tues, qu'est-ce que tu crois qu'il va se passer, hein ?!

Ça ne ferait qu'envenimer encore plus notre situation déjà chaotique et j'étais persuadée qu'il n'était pas parti sans rien dire à personne. Se retrouver avec une armée de tritons venus venger leur prince sur les bras n'était pas une option envisageable. Mais faire comprendre cela à une adolescente furieuse contre son géniteur, ce ne serait certainement pas une mince à faire. Je glissai mes bras sous les siens avant de venir joindre mes mains derrière sa nuque, bloquant une grande partie de ses mouvements. Il fallait attendre qu'elle se calme d'elle-même avant de faire quoi que ce soit. Sinon à part détruire tout ce qui se trouvait dans la maison, nous n'allions rien faire d'autre. J'espérais seulement qu'il ne lui passe pas par l'esprit d'utiliser ses pouvoirs sur moi, ou j'allais très clairement déguster. Heureusement, ce ne fut pas le cas, la fille de Dagon cessa petit à petit de se débattre comme une forcenée jusqu'à ne plus bouger dans mes bras. J'attendis pourtant encore un peu avant de la relâcher, je me méfiai des réactions qu'elle pouvait avoir.

Je la libérai de mon emprise avant de tourner le regard en direction de Dagon. Il s'était remis sur ses pieds et adressait un regard courroucé à sa fille. Ça allait être encore plus difficile que ce que je l'imaginais. Je fis un effort monstrueux pour ne pas soupirer bruyamment. Mais Azura ne me laissa pas un instant de répit, elle semblait bien décidée à déverser son fiel et ça, peu importe sur qui.

— Et donc, qu'est-ce que tu proposes, hein ?!

— Je n'en sais rien, dis-je honnêtement.

— Tu n'en sais rien ?! Est-ce que tu ne te foutrais pas de ma gueule par hasard, Aesma ?! On va faire quoi d'eux ?! Attendre bien sagement qu'ils nous privent à nouveau de notre liberté ?!

Elle avait beau dire, elle avait exactement le même caractère de merde que son père quand elle se mettait en colère. Ça ne servait à rien de s'égosiller de la sorte, surtout qu'ils étaient juste à côté.

— Personne ne va priver qui que ce soit de sa liberté, fis-je calmement.

— Parce que tu crois que je vais vous laisser rester ici ?

Et voilà, il fallait bien qu'il l'ouvre de nouveau à un moment ou à un autre. Je ne bougeai pas quand il s'approcha de moi pour qu'on puisse se regarder dans le blanc des yeux. Je n'avais pas l'intention de baisser les bras et me laisser emmener. Pas cette fois, je m'étais fait avoir une fois, pas deux.

— Tu n'as pas le choix, lui appris-je de manière acide.

— Tu vas rentrer avec moi, Aesma. Que cela t'agrée ou non, tu n'as aucun droit.

— Actuellement, j'ai tous les droits, c'est mon monde, pas le tien. Et si tu veux que je parle ton langage, je vais le faire. Ici, je suis la reine et tu es un intrus sur mes terres, tu n'as aucun putain de droit sur qui que ce soit.

Je me rapprochai encore, nous étions si prêts que je pouvais sentir sa chaleur se mélanger à la mienne.

— Et ce serait fâcheux que les humains se rendent compte que nous existons réellement, n'est-ce pas ? Toi qui aimes tant ton peuple, réfléchis bien à ce que tu vas faire, Dagon.

J'aurais dû y penser plus tôt à ça. J'avais un avantage et je comptais bien m'en servir pour les tenir tranquilles. Son visage reflétait la colère qui bouillonnait en lui, il avait envie de me frapper, je le sentais, mais avec Azura qui avait toujours son arme et qui se trouvait dans son dos, il ne devait pas être assez fou pour tenter de m'agresser. Sachant que sa propre fille n'aurait aucun scrupule à le poignarder à mort.

— Je ne repartirai pas d'ici sans toi.

Son ton était ferme et j'avais parfaitement conscience que ce n'était en aucun cas des paroles en l'air.

— Soit, alors tu finiras ta vie ici. Parce que je ne retournerai jamais là-bas, tu manqueras certainement à ta pétasse...

Une gifle me dévia le visage sur le côté. Je sentis ma peau me picoter et chauffer alors que le sang afflua dans la zone touchée. Ça me tira un petit rire, que pensait-il réussir à faire avec ça à la fin. Ça ne me faisait plus rien, il m'avait fait tellement plus de mal pendant mon séjour au fin fond de l'océan que de vulgaires gifles ne m'inquiétaient plus. Je plantai à nouveau mon regard dans le sien.

— C'est bon ? Tu as terminé ? Si c'est le cas, je n'ai plus rien à dire.

Je tournai le dos pour rejoindre l'étage. J'avais envie d'une douche et surtout ne plus me balader avec un débardeur réduit à l'état de guenille.

***

Le reste de la soirée avait été étonnamment calme. Pas de cris, pas de bagarre, en fait, c'était exactement comme si Dagon et Leïn n'étaient pas là. Enfin si on oubliait la mauvaise humeur d'Azura qui la rendait aussi agréable que l'orage qui s'abattait dehors. Tout le monde était parti se coucher, les deux mâles avaient investi les chambres du rez-de-chaussée, ce qui arrangeait bien mes affaires. Cependant, j'étais étonnée que Dagon ne se soit pas encore glissé dans ma chambre, le connaissant, j'aurais pu mettre ma main à couper qu'il l'aurait fait. Pourtant, rien du tout. C'était presque décevant, en fait. La faim m'arracha à mes pensées, je n'avais rien avalé depuis le midi, mais avec tout ce qui était arrivé, c'était bien la dernière chose à laquelle j'avais pensé. M'extirpant de mon lit, je quittai la chambre pour rejoindre la cuisine. Je ne parvenais de toute façon pas à dormir, alors autant faire quelque chose en attendant que Morphée m'accueille en son royaume.

Le salon était désert et seul le bruit de la pluie contre les vitres se faisait entendre, c'était parfait. Je me faufilai jusqu'au frigo et en sortis de quoi me faire quelque chose de pas trop lourd. On avait du saumon et de l'avocat, c'était parfait, de quoi faire un bon chirashi. Il me fallait juste un peu de riz encore. Je déposai ce qui encombrait mes mains sur le plan de travail et du coin de l'œil, je vis l'arme d'Azura qui reposait sur l'îlot central. Ça me laissa quelque peu pensive, je n'avais même pas remarqué qu'elle avait apporté quelque chose comme ça. Avait-elle prévu que son père essayerait de nous retrouver ? Ou même quelqu'un d'autre ? Va savoir.

Cette fille avait un instinct de survie que j'avais toujours eu du mal à comprendre et je ne pensais pas réussir à cerner totalement cette facette d'elle un jour, même si je devinais que de vivre entourée de gens qu'on haïssait devait avoir ce genre d'effet sur vous. Je retournai à ma préparation, attrapant un grand couteau de cuisine, je me mis à découper le poisson en dé. Pourtant, quand une odeur musquée vint me chatouiller les narines, je suspendis alors mon geste.

Je fis volte-face d'un mouvement vif et la lame de mon couteau vint se poser contre la jugulaire du tatoué. Il n'avait même pas tressailli, s'attendant certainement à ce que je réagisse de la sorte. Je le détaillai rapidement, il ne portait que son pantalon, c'était sa tenue la plus commune, je ne l'avais jamais vu autrement dans les abysses. Possédait-il seulement des hauts dans son royaume ?

— Tu sais que je pourrais t'ouvrir la gorge, hum ?

Pas de réponse. Je tiquai face à cela. C'était agaçant, je préférais encore quand il aboyait comme un molosse plutôt que se murer dans ce foutu mutisme, c'était déstabilisant. Je ne savais pas à quoi il pouvait penser. Ça aussi, c'était quelque chose d'habituel avec ce prince colérique. Je tressaillis quand sa main se referma soudainement sur la lame de l'ustensile de cuisine. Je voulus la retirer, mais sa prise sur l'objet était bien trop ferme. J'entendis soudainement un bruit de cassure et avant que je n'aie réellement le temps de réaliser ce qui se passait, je me retrouvai avec un demi-couteau. Il l'avait cassé comme s'il s'agissait d'un vulgaire bout de plastique. Dagon relâcha l'autre moitié qui tomba sur le carrelage dans un bruit métallique bien distinctif.

Sa main ne saignait même pas, alors qu'il avait attrapé la lame sans se retenir. Un petit cri de stupeur passa la barrière de mes lèvres quand il s'empara de mon poignet pour m'éloigner du plan de travail et me rapprocher de l'îlot central. Je fus prête à lui crier d'aller se faire foutre, quand je me retrouvai avec l'arme de sa fille entre les doigts. Sa grande main se referma sur la mienne et il plaça le tranchant au niveau de sa gorge. Je vis un mince filet de sang couler le long de l'objet, contrastant avec la couleur céruléenne de la lame. J'eus soudainement la chair de poule et mon regard s'écarquilla alors que je regardai ce sang qui commençait à me couler sur les doigts, les rendant poisseux. À quoi est-ce qu'il était en train de jouer ?!

— Tu penses réellement pouvoir me tuer, Aesma ? Si c'est le cas, je lâcherai ta main et tu n'auras plus qu'à me regarder me vider de mon sang ensuite.

Mon cœur se mit à battre bien trop fort dans ma poitrine. Oh putain, c'est mauvais. Je fixai son visage, un sourire étira ses lèvres et une leur de défi s'alluma ses pupilles vertes striées de jaune. Mes entrailles se nouèrent alors que je ne sus plus ce que je devais faire. J'avais déjà essayé de le tué une fois, sans qu'il le sache et je m'étais dégonflée. Alors est-ce que je pouvais cette fois après ce qui s'était passé ? Après qu'il se soit foutu de moi ? La réponse était non. Je ne pouvais pas le tuer. Je détournai le regard alors qu'une expression amère prit place sur mon visage. Je le sentis basculer le haut de son corps vers le mien et son souffle caressa mon oreille.

— Non, tu ne peux pas me tuer, Aesma.

Je serrai les dents, je détestais tant qu'il ait raison à ce point. Je pouvais l'insulter, le frapper, lui faire autant de mal que possible, mais le tuer... c'était une limite infranchissable pour moi. Mes doigts se relâchèrent et il dut le sentir, car les siens en firent de même. La lame tomba sur le sol, provoquant un nouveau fracas assourdissant dans le silence. Cette chose ne semblait pourtant pas si lourde entre mes doigts. Je me remis à le mirer, le prince affichait un sourire victorieux qui aurait pu me filer de l'urticaire. Je me sentais tellement pitoyable, j'avais toujours été sûr de moi et de mes choix et il suffisait que lui réapparaisse dans ma vie pour que tout parte en fumée.

— Va te faire foutre !

Il ne se départit pas de son sourire et avant que je ne puisse encore l'insulter, il s'empara de ma mâchoire et ses lèvres s'écrasèrent sur les miennes. Sa langue s'insinua dans ma bouche pour entamer une danse endiablée avec sa jumelle. Ma main libre s'accrocha à son bras musclé alors que l'autre était agrippée à la main du prince. Je me retrouvai rapidement coincée entre son corps massif et l'îlot central. Pourtant, même si je pouvais sentir le désir enflammer tout mon être, l'image de cette femme perchée sur les genoux de Dagon, fière comme une reine me revint brutalement à l'esprit. Je rompis l'échange et pris quelques respirations.

— Elle aussi, tu l'embrassais comme ça ?

Son regard se voila de quelque chose de dangereux, même si cela n'éclipsa pas pour autant l'envie qui s'y trouvait. Il relâcha ma main s'empara de ma gorge et me pencha légèrement vers l'arrière, ce qui n'était pas du tout confortable.

— T'es vraiment obligée de parler de ça maintenant ?

— S'il n'y a rien entre vous, il te suffit de me répondre. Je ne vois pas où est le problème.

Je refusais de le laisser encore jouer avec moi, j'étais effectivement mordue, voire complètement accro à lui, comme un toxicomane aimait son héroïne alors qu'elle le détruisait, mais pas assez idiote pour être seulement sa maîtresse. Je n'obtins pas de réponse et à la place, je me retrouvai face contre l'îlot, la grande main de Dagon agrippée à mes cheveux.

— Je ne sais pas comment tu as fait ça, mais débarrasse-toi de cette teinte rapidement, m'ordonna-t-il de manière autoritaire.

— Même pas en rêve.

Un glapissement de douleur m'échappa quand il tira un coup sec sur mes cheveux, me faisant cambrer le dos. Je l'entendis aussi gronder d'agacement, même si j'avais mal, je ne pus m'empêcher de sourire face à cette réaction.

— Ça te rappelle trop elle ? Ou alors que tu es un enfoiré de menteur ?

Sa main libre se saisit de ma mâchoire et son visage vint se placer à la même hauteur que le mien, je ne pus, cependant, que l'observer du coin de l'œil. Son souffle chaud caressait la peau de ma joue.

— Quand est-ce que je t'ai menti Aesma ? Dis-moi.

— Quand tu m'as dit que tu ne pouvais pas regarder une autre que moi, que j'étais spéciale. Je suis si spéciale qu'à peine tu m'as baisée que tu as déjà une autre femme sur tes genoux.

— Je n'ai pas menti, il n'y a rien entre elle et moi. Et puis, tu penses réellement que si tu n'étais pas différente des autres, je serais ici ? Je t'aurais seulement laissée dans ton coin. Une de perdue, dix de retrouvées. Donc, maintenant...

Je fronçai légèrement les sourcils face à l'absence de la fin de sa phrase, il se redressa et libéra ma mâchoire, m'empêchant ainsi de conserver le contact visuel entre nous. Je sentis soudainement mon jogging glisser le long de mes jambes jusqu'à terminer sa course sur le sol, exposant mes fesses au prince. Pour une fois que j'avais décidé de mettre un string à la place d'une culotte, je regrettais amèrement ce choix. J'allai protester quand il me fessa si fort que la douleur se répandit jusqu'à l'intérieur de mon ventre. Je sentis les larmes me monter aux yeux alors que je pris sur moi pour ne pas chouiner de douleur.

— Tu vas me faire le plaisir de l'ouvrir seulement pour gémir, termina l'Atlante en me fessant une nouvelle fois.

La douleur fut aussi vive que la première fois. Je retins mon souffle alors que je cherchai à m'extirper de sa prise. Il me maintint en place en tirant sur mes cheveux que ses doigts n'avaient pas quittés. Il y avait visiblement des choses qui ne changeaient pas avec lui. Le prince s'empara de la bordure de mon string sur laquelle il tira d'un coup sec, le tissu céda sans mal et se retrouva également à joncher le sol de la cuisine. J'avais le cœur qui battait à cent à l'heure et le souffle court, j'avais peur, mais en même temps un désir vicieux coulait dans mes veines et en demandait plus. Je me tendis, en poussant un petit gémissement quand, deux doigts s'introduisirent en moi. Je me mordis vivement la lèvre quand il les remua. Lentement pour commencer puis de manière de plus en plus vive. Je sentis mon entre-jambes s'humidifier jusqu'à devenir totalement moite en seulement quelques instants. Des bruits obscènes et mouillés se mêlèrent bientôt aux petits couinements que j'émis.

Je ne pus retenir mes gémissements plus longtemps quand il écarta les doigts dans un mouvement de ciseaux, me rendant encore plus dégoulinante que je ne l'étais déjà. Mon souffle devint erratique et mon corps frémit de satisfaction. Même si j'avais encore la haine, ma chair avait faim de lui, faim de sa sauvagerie et de tout ce qu'il était. Une plainte emplie de frustration fit écho dans la pièce quand je sentis un vide dans ma féminité, il avait retiré ses doigts. Mais malgré l'envie ardente qui enflammait le creux de mes reins, s'il attendait que je le supplie de me baiser, ce n'était pas près d'arriver. J'eus la chair de poule en sentant sa verge se frotter contre mes fesses, je n'avais pas effacé le souvenir de notre première fois et de la sensation que j'avais ressenti quand il s'était immiscé en moi. J'appréhendai quand même, parce que ça avait été douloureux au début, il m'avait étirée de l'intérieur et ça, même si j'étais aussi mouillée qu'à cet instant.

— Je me demande quelle expression tu auras cette fois-ci, susurra chaudement le prince près de mon oreille.

Un long frisson remonta le long de mon échine avant de venir éclater dans ma nuque. Il tira de nouveau sur ma tignasse colorée, me forçant à me cambrer au maximum, mais la position n'en restait pas moins douloureuse ainsi. Lui, il pouvait observer mes expressions ainsi, voir ce que chacun de ses gestes provoquait en moi. C'était humiliant et en même temps grisant, j'étais ivre des sensations confuses qu'il m'offrait, entre la haine et le désir. Mon souffle resta coincé dans mes poumons quand je le sentis presser le bout de son sexe contre mon entrée. Il plongea en moi avec une lenteur démoniaque. C'était aussi douloureux que la première fois, mais en même temps, je fus prise de spasmes de plaisir incontrôlables. Je devais vraiment devenir folle pour jouir alors que la douleur irradiait dans mon bas-ventre. À peine fut-il complètement en moi qu'il se retira tout aussi lentement que lorsqu'il était entré. Je soufflai longuement alors que mon intérieur cherchait à s'habituer à cette intrusion massive. Même si je sentais bien le plaisir qui se mêlait à la douleur pour donner quelque chose de savoureux.

Les premiers allers et retours furent d'une lenteur infernale et soudainement, il donna un violent coup de reins, s'enfonçant d'un seul coup tout au fond de mes entrailles. Je m'étais entendue crier, ma voix était obscène. Mes joues chauffèrent brusquement et même le bout de mes oreilles. Dagon ne me laissa pourtant pas le temps d'être embarrassée, la cadence devint soutenue, le bruit de sa peau claquant contre la mienne résonna à l'unisson avec mes gémissements ou plutôt cris de plaisir. Des larmes coulèrent sur mes joues, mais elles étaient uniquement dues au plaisir que je ressentais face au traitement auquel il me soumettait. La langue chaude du tatoué glissa contre ma joue pour laper mes larmes, je m'écartai comme je pus.

— D... dégage ! parvins-je à articuler entre deux cris de plaisir.

— Très convaincante avec cette expression de salope, vraiment.

Son ton fut rempli de moquerie alors qu'il me laissa enfin baisser la tête, ma nuque s'en trouva grandement soulagée. Je sentis également ses doigts quitter mes cheveux, mais ce fut pour mieux s'accrocher à mes hanches et accélérer encore la cadence de ses coups de reins. Mon visage se retrouva dissimulé entre mes bras alors qu'il me besognait avec force, si j'avais espéré être discrète, c'était un échec total. Il y avait zéro pour cent de chance pour que personne ne m'ait entendu, en fait, ils devaient tous m'entendre à ce moment-là. Même le bruit de l'orage ne pouvait pas masquer mes cris de jouissance. En parlant de jouissance, un violent orgasme me faucha avant que je n'aie réellement eu le temps de le sentir arriver. Mes jambes flageolèrent et Dagon fut obligé de me retenir pour que je ne m'écroule pas sur le sol. Je le sentis se répandre en moi après encore quelques poussées brusques.

Le bruit commun de nos respirations avait remplacé les cris et les bruits de peaux qui s'entrechoquaient. Une faible plainte glissa hors de mes lèvres quand je le sentis coulisser hors de mon intimité. Moi qui, à la base, espérais manger pour avoir envie de dormir ensuite, j'avais trouvé quelque chose de bien plus efficace pour régler mon problème d'insomnie passagère.

***

Ce fut un coup de tonner qui me réveilla une fois le matin venu. Je me redressai dans mon lit et mon regard se porta directement sur la place à côté de moi. Elle était vide, même si encore tiède. Ça ne faisait pas longtemps que Dagon s'était levé. Il m'avait suivie après qu'on ait baisé sur l'îlot de la cuisine. J'étais bien trop épuisée pour avoir seulement songé à lui dire de retourner dans sa chambre. Donc je l'avais laissé terminer sa nuit à mes côtés. Pourtant, quelque chose n'allait pas, c'était encore bien trop calme. Azura ne hurlait pas, la voix désagréable de Leïn était absente, la maison était tout simplement bien trop tranquille. Je sortis du lit et remis un sous-vêtement ainsi que mon jogging, que j'avais laissé choir sur le sol près du lit, avant de quitter la chambre à coucher. M'avançant dans le couloir, je me stoppai net en voyant une porte, en particulier, ouverte. Cette porte était normalement toujours fermée, ce n'était pas normal.

Mon cœur s'emballa alors que j'approchai ma main du panneau de bois. Je le poussai doucement pour l'ouvrir plus largement et mon cœur manqua soudainement un battement avant de se remettre à pomper comme un fou. Assis sur le fauteuil dans un des angles de la pièce, Dagon leva ses yeux verts striés de jaune dans ma direction et l'émotion que je pus y lire était indescriptible. Il ne bougea pas, un de mes fils, endormi, calé au creux de ses bras musclés.

— Ça, tu vas le regretter, espèce de petite garce.

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