༄ Chapitre 20
Avachie contre le mur, je fixais une flaque d'eau depuis des heures. Ça devait faire près d'une semaine que j'étais enfermée. Dagon n'était pas revenu me voir, en fait... après sa visite, personne n'était venu. Il y avait seulement un garde qui m'apportait à manger tous les trois jours et en petite quantité seulement. Mes blessures s'étaient pour la plupart résorbées, mais les plus graves persistaient. Mes côtes cassées me faisaient toujours atrocement souffrir, m'obligeant à respirer tout doucement. Et le silence... ce putain de silence allait me rendre folle ! Le bruit des gouttes d'eau qui tombaient du plafond était la seule chose que j'entendais à longueur de journée. Est-ce que j'allais pourrir dans cette cellule pour le restant de mes jours? Si je devais choisir, j'aurais largement préféré qu'on m'exécute, afin de mettre fin à mon calvaire.
Je levais la main toujours en fixant la flaque d'eau et cette dernière se mit en mouvement avant de commencer à flotter légèrement au-dessus du sol. Je remuais les doigts et l'eau prit une forme de sphère, puis de cube. Je lui fis aussi adopter la forme d'un chat, d'un oiseau, un serpent. Je laissais simplement mon imagination décider. J'avais exercé mes pouvoirs durant les derniers jours, c'était la seule chose que je pouvais faire pour m'occuper. Des bruits de pas attirèrent mon attention, je fis retomber le liquide à sa place initiale, personne d'autre qu'Azura ne devait savoir pour le moment. D'ailleurs, ce fut elle qui apparut à l'entrée de la prison. Je ne m'attendais pas à la voir là, pas du tout même. Elle s'approcha prestement de ma cellule et se mit à genoux devant les barreaux. Son regard si expressif trahissait son inquiétude et ça me fit chaud au cœur, j'aurais pu en pleurer. Mollement, je m'approchai en avançant à quatre pattes.
— Aesma, qu'est-ce qu'il s'est passé ?!
— J'ai été piégée, lui dis-je en posant mon front contre un barreau. On m'a fait passer pour une meurtrière, alors qu'à la base c'était moi la victime.
— Raconte-moi.
Je lui fis donc un résumé de ce qui s'était passé, le coup derrière la tête, l'affrontement avec Kawena et les autres artificielles, la nouvelle attaque dans le dos et enfin le réveil au milieu de la boucherie. Même si Kawena était morte, la haine que je ressentais pour elle était toujours viscérale. D'autant plus que si je me retrouvais dans cette situation, c'était entièrement à cause de cette garce. Si elle n'avait pas voulu se débarrasser de moi aussi ardemment, tout ça ne serait jamais arrivé. Je me serais seulement enfuie avec Cadence et Azura, et elle aurait eu Dagon pour le restant de ses jours. Cette pensée m'agaça encore plus que je ne l'étais.
— Et après ? insista la jeune princesse.
— Leïn m'a tabassée avant de me jeter ici. Il ne s'est rien passé d'autre, mais je n'ai pas tué ces filles. Je ne sais pas qui l'a fait, mais ce n'est pas moi.
— Je te crois. Tu n'aurais même pas une vague idée de qui aurait pu le faire ?
Je secouai négativement la tête. C'était un mystère total, si elle n'était pas morte, j'aurais pensé en premier à Kawena. Mais comme elle faisait partie de la pile de cadavres, c'était impossible. Et puis sinon, il y avait Leïn, je pourrais l'accuser, cependant je n'avais pas de preuves concrètes puisque j'étais restée inconsciente pendant le massacre. C'était frustrant.
— Écoute, je vais essayer de te faire évader et après on s'enfuira, j'irai même chercher Cadence. Mais patiente encore un peu, il faut que je trouve un coin isolé où vous pourrez vous transformer sans...
— Je ne me transforme plus du tout.
Azura me fit les gros yeux. Je pouvais lire l'incompréhension sur son visage. Pour le lui prouver, je fis de nouveau léviter la petite quantité d'eau pour qu'elle vienne jusqu'à moi avant de la laisser retomber dans ma main. En temps normal, cela aurait provoqué une réaction immédiate de mon épiderme, mais il ne se passa absolument rien. Ma capacité de transformation avait été complètement supprimée depuis que j'utilisais mes capacités d'Atlante.
— Ça nous facilitera la tâche alors, murmura la jeune fille. Une transformation fera moins de bruit que deux.
— Il faut avant tout que je sorte d'ici....
— Je vais m'en occuper, fais-moi confiance.
Je n'avais de toute façon pas d'autre choix. Notre dernier espoir reposait sur elle, sinon c'était foutu. Elle se redressa avant de s'éclipser rapidement, me laissant de nouveau seule avec le froid et le silence. Je priais pour qu'il ne lui arrive rien entre-temps, parce que si elle était découverte, elle en subirait forcément les conséquences, princesse ou non.
***
De nouveaux bruits de pas me tirèrent de ma somnolence. Je jetai un coup d'œil en direction de l'entrée et fus prise d'une terreur sans nom en voyant Leïn apparaître. Je me précipitai vers l'arrière pour être le plus loin possible des barreaux. Je ne voulais pas qu'il m'approche. L'entièreté de ma personne me criait de fuir le danger que ce salopard représentait. Si je n'avais pas été blessée et s'il y avait eu de l'eau en grande quantité autour de nous, j'aurais été certaine de pouvoir le tenir à l'écart. Mais, dans mon état, j'étais une proie et il était un prédateur. Le triton au visage asiatique s'accroupit devant ma cage, déposant une espèce de petit pot à côté de ses pieds, et me fit un sourire qui aurait pu paraître innocent, s'il n'avait pas cette lueur sadique au fond du regard.
— Comment tu te sens, Aesma ?
Je gardai le silence.
— Tu sais que Dagon est dans tous ses états ? continua Leïn. Il est encore plus agressif que d'habitude, il semble torturé aussi. Je suis sûr qu'il se demande s'il doit te garder enfermée ici ou alors te faire sortir. Mais crois-moi, je ferai en sorte que tu restes moisir ici.
— Tu es vraiment le pire personnage que j'ai rencontré. Tu engrosses une des femmes de ton pote et tu continues de l'abuser dans son dos. Je n'aimerais pas avoir une vipère comme toi comme ami.
Ma remarque lui tira un rire franc.
— Ce n'est pas comme s'il allait le savoir un jour de toute façon.
— Crois-moi, si j'ai l'occasion de le lui dire, je n'aurai aucun remords à te dénoncer.
— Non, tu ne vas rien faire du tout.
Il se pencha en avant de manière que son front vienne se poser contre un barreau.
— Je suis au courant de ton petit secret, minauda le salaud en face de moi.
— De quoi est-ce que tu... ?!
Avant que je n'aie achevé ma phrase, il s'était emparé du récipient près de lui et avait jeté de l'eau en direction de mes jambes. Je compris rapidement où il voulait en venir en parlant de mon « petit secret ». Mon cœur se mit à battre à toute allure dans ma poitrine alors que mes yeux se plongèrent dans les deux billes sombres qui composaient son regard.
— Je disais donc que je suis au courant, il faut dire que tes colères ne sont pas très discrètes.
— Tu étais là !
Son sourire se chargea de répondre pour lui. Je serrai les dents, je n'en étais pas sûre à cent pour cent, mais mon intuition me disait qu'il était coupable, que c'était lui qui avait tué les artificielles qui composaient le harem de Dagon. Je n'avais rien pour le prouver, mais Leïn était un être foncièrement mauvais. Dagon était méchant, mais il ne se limitait pas à ça, il me l'avait prouvé.
— Je peux savoir ce que ça t'apporte de faire tout ça ?!
— Tu ne te mets plus sur mon chemin. J'ai la voie libre pour faire ce que je veux de Cadence.
—Tu ne penses pas qu'il aurait été plus simple de demander à Dagon de te laisser l'avoir par moments au lieu de la violenter derrière son dos ?! Cadence est incapable de se défendre, elle n'aurait pas dit non !
— Parce que c'est plus drôle comme ça.
J'en restai coite. Je le dévisageai les yeux grands ouverts, comme si je venais de voir une créature abominable. Ce type n'avait définitivement pas d'âme. Il faisait tout ça uniquement pour s'amuser. C'était un jeu sordide pour lui. Et nous étions ses petits pions qu'il pouvait éliminer quand il s'était lassé. Et le pire, c'était qu'il allait s'en sortir, j'en étais persuadée, même si je le dénonçais, il aurait une parade. Il était malin, son visage d'innocent cachait un véritable démon.
— Alors, est-ce que tu vas tenir ta langue ?
— Je n'ai aucune raison de le faire et tu le sais bien.
— Hum, hum, mais que se passerait-il si Dagon apprenait que tu
n'es pas... ou plus une simple artificielle ?
En vérité, je n'en avais aucune idée. Je n'étais pas née Atlante, je l'étais devenue. Mais il ne devait plus en rester beaucoup, il y avait donc fort à parier que Dagon verrait là une occasion d'avoir une descendance purement atlante. Ça mettrait gravement en péril mes plans d'évasion. Il refusait déjà que je pense seulement à m'enfuir, alors la nouvelle ne ferait qu'aggraver son comportement possessif. Et tant qu'Azura n'aurait pas trouvé une solution pour me sortir de là, j'étais en position de faiblesse. Je n'avais donc pas d'autre choix que de garder ma bouche fermée si je voulais conserver le peu de chances qu'il me restait de regagner la surface un jour.
— Très bien, cédai-je, je ne dirai rien à Dagon.
— Sage décision.
***
Trois jours s'étaient écoulés depuis la visite de Leïn. Depuis, personne n'était revenu. Je commençais réellement à en avoir assez, j'avais faim, soif et envie de marcher, rien qu'un tout petit peu. Cette cellule était trop petite pour que je me tienne confortablement debout et que je puisse marcher. Et avec mes côtes endommagées, hors de question de me courber. Le pas de quelqu'un qui s'approchait résonna dans le silence, j'espérais seulement ne pas voir encore ce sociopathe de Leïn. Sa simple présence suffisait à me mettre hors de moi. Je pensais qu'il m'aurait été difficile de détester quelqu'un plus que Dagon... je m'étais trompée. Leïn était certainement la personne que je haïssais le plus. D'ailleurs, détestais-je encore autant Dagon qu'au début, je me posais sérieusement la question ? Ce que je ressentais vis-à-vis du prince était devenu beaucoup plus trouble depuis les moments... particuliers que j'avais passés avec lui.
Il était toujours désagréable, violent et antipathique, mais m'avait aussi offert des moments privilégiés. Je me demandais si ça avait compté pour lui ou si ce n'était qu'une vulgaire distraction.
— Aesma ?
Je me tendis légèrement avant de diriger mon regard vers les barreaux. Il se tenait juste là, fier et droit. Ses yeux verts striés de jaune me scrutaient. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine quand je le vis ouvrir la porte de ma cellule. Je restais plantée bêtement à le regarder, je ne comprenais pas ce qui était en train de se passer. Est-ce que j'allais être jugée ou exécutée? Non, certainement pas, sinon il ne serait jamais venu me chercher lui-même, des gardes auraient fait l'affaire.
— Tu sors aujourd'hui ou demain ? s'agaça le prince, toujours aussi peu patient.
Lentement, je me mis à avancer jusqu'à la porte, toujours à quatre pattes. Une fois dehors, je me remis debout, bien qu'un cri de douleur m'échappât quand mes côtes me rappelèrent qu'elles avaient été salement amochée. Je dus me retenir à la masse de muscles près de moi pour ne pas m'écrouler. Je soufflais comme un bœuf, visiblement, Atlante ou pas, il fallait un certain temps pour réparer des côtes qui avaient été presque mises en miettes. Le bras musclé de l'Atlante passa dans mon dos alors qu'il s'était abaissé pour m'attraper derrière les genoux avant de me soulever. Le mouvement me fit gémir de douleur
encore, je jurai entre mes dents.
— Pourquoi ? Articulai-je.
— Faut qu'on parle.
Il quitta la prison, me gardant bien contre lui. Sa chaleur me fit le plus grand bien, je me rendis encore plus compte de la froideur du cachot que je venais de quitter. Pourtant, même si j'étais heureuse de sortir de là, je n'avais pas oublié qu'il m'avait tourné le dos et traité de menteuse. Ça faisait encore plus mal que des coups, ça. Ce fut dans sa chambre que nous nous rendîmes, il me déposa sur son grand lit avec précaution avant d'aller chercher quelque chose un peu plus loin. Je guettais le moindre de ses gestes, même si je savais très bien qu'il n'avait pas l'intention de me faire du mal, je ne pouvais m'empêcher d'être sur mes gardes. Revenant près de moi, il me tendit un bol. Je pris le récipient et regardai ce qu'il y avait à l'intérieur. Un liquide à la teinte bleutée s'y trouvait et l'odeur qui s'en dégageait était forte, mais pas mauvaise. J'étais sceptique face à ce breuvage, je ne pus m'empêcher de lancer un regard vers Dagon pour qu'il m'explique.
— Bois, ça réparera tes os et tout le reste.
Je fixai encore le contenu du bol avec hésitation avant de boire à grandes gorgées. Si l'odeur n'était pas désagréable, le goût, c'était tout le contraire. Je dus faire un effort immense pour ne pas vomir, c'était tellement immonde que j'en eus la chair de poule. S'il ne se passa rien au début, je sentis rapidement mes courbatures s'effacer, ainsi que mes autres douleurs. Les bleus ne furent plus que des souvenirs, et même mes côtes brisées retrouvèrent leur état d'origine. C'était infect en bouche, mais je ne pouvais pas cracher sur l'efficacité de cette mixture bleutée. Je ne me sentais même plus fatiguée, ça réglait vraiment tous les problèmes physiques.
— Tu te sens mieux ?
— Oui, maintenant, tu veux bien m'expliquer ? De quoi tu voulais qu'on parle ?
— À ton avis ?
C'est vrai que c'était stupide comme question de ma part, il voulait certainement savoir ce qui s'était passé avec Kawena et sa petite meute. Je n'allais pas le lui cacher, pourtant, j'aurais aimé qu'il me demande cela avant de me laisser entre les mains de Leïn. Comme avec Azura quelques jours plus tôt, je lui racontai ce qui s'était passé après qu'il m'avait laissée frustrée au milieu du couloir. Je n'omis aucun détail. Quand j'eus terminé mon récit, un silence tomba dans la pièce. Dagon avait le visage fermé, impossible de savoir à quoi il pensait à ce moment-là. Je ne savais pas si je devais m'inquiéter de mon sort, mais c'était pesant.
— Tu n'as vraiment aucune idée de qui ça peut-être ?
— Aucune.
Là, j'avais menti, j'avais bien une idée. Mais la menace de mon principal suspect était assez convaincante pour que je ne révèle pas mon hypothèse et ce que je savais au prince. Je risquais trop gros. Je l'entendis soupirer avant qu'il s'asseye près de moi, je me décalai légèrement, voulant éviter un contact. Je fixai un point devant moi, même si je sentais son regard appuyé sur ma personne. Je lui en voulais, je voulais qu'il me demande pardon, même si j'avais parfaitement conscience qu'un type comme lui ne s'excusait pas. Il était bien trop fier pour présenter la moindre excuse. Sa main se referma sur mon bras et il me tira contre lui.
— Tu m'en veux ?
— Évidemment ! aboyai-je. Est-ce que c'est si étonnant que je t'en veuille ?! Tu ne m'as même pas écoutée, tu m'as jetée en pâture, sans la moindre hésitation, à un type qui m'a tabassée tellement violemment que j'ai été à peine capable de bouger pendant deux jours ! Alors que, quelque temps plus tôt, tu voulais savoir qui m'avait couverte de bleus ! Et par-dessus le marché, tu m'as traitée de menteuse !
J'avais le cœur qui saignait en y repensant. En repensant à son indifférence et sa voix froide qui m'accusait et m'insultait. Les mots avaient un pouvoir bien plus destructeur que les coups. Ils pouvaient fracasser votre esprit... votre âme en un rien de temps. Je le repoussai sèchement avant de me lever du lit. J'étais tendue et j'avais envie de hurler.
— Tu ne te rends pas compte à quel point j'ai eu mal ? C'est certainement ce qui m'a fait le plus de mal parmi tout ce que tu as pu me faire jusqu'ici. Je pensais que j'étais un peu... spéciale pour toi, que les courts moments de calme que nous avions partagés avaient peut-être changé la vision que tu avais de moi...
Je serrais les poings si fort que je sentais mes ongles s'enfoncer dans mes paumes. Je détestais ce mélange d'émotions que je ressentais pour lui. C'était mauvais, je ne devais pas ressentir autre chose que de la haine à son égard.
— Je pensais être devenue autre chose qu'un utérus, poursuivis-je d'une voix mal assurée. Je déteste tout ce que tu es, pourtant, quand je repense à certaines choses, je me dis que tu n'es peut-être pas si horrible et, à chaque fois, tu trouves quelque chose pour me blesser un peu plus.
J'inspirai profondément pour retenir mes larmes, je me sentais pitoyable d'être dans un état comme celui-là pour un connard pareil. Je me sentais aussi conne d'avoir espéré être vue différemment. Il allait falloir que je me rende à l'évidence, je ne pouvais certainement pas changer Dagon. C'était sa nature et je ne pouvais rien y faire. Je tressaillis en sentant sa grande main se poser sur mon épaule. Il me contourna pour venir me faire face, alors que mes yeux restaient rivés sur son torse, je ne voulais pas croiser son regard. Il m'obligea pourtant à relever la tête en s'emparant de mon menton.
— Je vais te dire, commença le tatoué, mais ce sera la dernière fois, alors je te conseille de bien écouter. Tu es à moi et à moi seul, tout ce que tu es m'appartient. Oui, j'ai été en colère contre toi, mais pendant que tu étais enfermée, j'ai passé les pires moments de ces dernières années. J'étais énervé, j'ai même hésité à te faire exécuter. Puis j'ai réfléchi et je me suis rendu compte que la mort de ces femmes ne me touchait pas tant que ça. Dommage pour mes filles qui n'ont plus de mère. Mais ton absence, c'était insupportable.
Je buvais ses paroles, c'était effrayant et en même temps... grisant de l'entendre parler de moi comme ça. De savoir que j'avais réellement réussi à le marquer de manière si importante, moi qui n'étais qu'une moins que rien à ses yeux au début de la relation chaotique que nous avions.
— Tu as quelque chose en toi qui m'empêche de regarder une autre que toi. J'ai envie de te faire souffrir pour ça, pour que tu sortes de ma tête, de tout mon être en fait. Tu es un poison qui est en train de me tuer à petit feu, mais que pourtant je prends plaisir à avaler.
Sa main s'empara de mon cou, mais sans serrer, il me maintenait simplement en me regardant fixement. Mon cœur était affolé alors que je sentais des papillons dans mon ventre. J'étais persuadée d'une chose à ce moment-là : cette relation nous consumerait.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top