༄ Chapitre 18
L'ambiance était morose depuis cinq jours. Je ne savais pas ce qui se passait, mais on me jetait des regards en biais et on chuchotait tout bas. Qu'est-ce que les poules de Dagon avaient à faire des messes basses ? Je n'aimais pas ça, Cadence non plus, donc on s'éclipsait très souvent au bout d'une demi-heure. Mais ce jour-là, elle n'était pas présente, je n'aimais pas ne pas la voir. Généralement, ça ne signifiait qu'une chose: Leïn lui était tombé dessus. J'essayais tant bien que mal de le tenir loin d'elle, mais je ne pouvais pas être partout et cette enflure connaissait cet endroit bien mieux que moi, c'était facile d'emmener Cadence là où je ne pouvais pas la retrouver. Elle ne me disait jamais ce qui se passait, elle évitait le sujet. Je ne m'imposais pas, comprenant qu'elle n'ait pas envie de parler de ce qui lui arrivait. Soupirant bruyamment, je me relevai pour quitter la pièce, sous les regards curieux, évidemment. Je n'avais pas revu Azura non plus depuis la dernière fois.
Simple coïncidence ou m'évitait-elle volontairement? Je n'avais pas envie qu'elle me fuît, ce que j'avais fait n'était pas volontaire. Et elle m'avait poussée à agir de la sortir, si elle n'avait pas tenté de s'immiscer dans mon esprit, rien de tout cela ne serait arrivé. Je devais tirer ça au clair, d'autant plus qu'elle était essentielle dans mon plan de fuite. Je me lançai à sa recherche, arpentant les couloirs pour la trouver. Je pris bien soin d'éviter certains endroits en particulier, ne voulant pas m'attirer de nouveaux ennuis. J'en avais eu bien assez dernièrement.
Il s'écoula plusieurs heures avant que je ne trouve enfin la fille aînée du prince. Et elle était dans notre salle d'entraînement, je n'aurais pas cru la trouver là, après tout, elle n'avait pas vraiment de raisons de venir à cet endroit. L'adolescente ne manqua pas ma présence et son regard perçant se posa sur moi, on s'observa silencieusement. J'étais mal à l'aise, je ne savais pas vraiment quoi lui dire, c'était vraiment bizarre comme situation. J'inspirai profondément avant de me décider à me lancer.
— Azura, écoute pour la dernière fois...
— Aesma...
—Je suis vraiment désolée, continuai-je sans prêter attention à ce qu'elle voulait dire. Je ne voulais pas te faire du mal, mais ça m'a énervée...
— Aesma.
— Et je ne contrôle pas mes pouvoirs, c'est ce qui a dû...
— Aesma !!
Le fait qu'elle hausse aussi soudainement la voix me fit sursauter et me coupa dans mon interminable explication. L'expression qu'affichait la jeune princesse était indescriptible à ce moment-là.
— Ce n'est pas un pouvoir de sirène, m'annonça-t-elle à brûle-pourpoint.
— Je te demande pardon ?
Une angoisse s'empara soudainement de moi. Je n'aimais pas ça, pas du tout.
— Les sirènes et les tritons ne peuvent pas faire ça, tout ce dont ils sont capables, c'est de parler aux animaux marins. Ce que tu as fait là, c'est...
Je la vis se mordiller la lèvre inférieure, elle hésitait à poursuivre. Moi, j'avais l'impression que tout se mélangeait dans ma tête. On m'avait changée en sirène alors que j'étais humaine et j'apprenais que j'avais des capacités qui n'étaient pas dues à ma transformation. Ce n'était pas bon, pas bon du tout ! La conversation que j'avais eue avec Emäris me revint également à l'esprit. Un humain avec un descendant atlante. Mon cœur palpitait vivement dans ma poitrine, ce n'était pas bon. Ça ne se pouvait pas, combien y avait-il de chances pour que cette théorie soit avérée ? Pour que ça tombe sur moi ?
— Je suis au courant, dis-je à l'intention d'Azura.
— Pardon ?
— Je sais ce que tu es, ce que ton père est. J'ai rencontré ta grand-
mère.
L'adolescente resta bouche bée en me regardant.
— Je sais que certains des vôtres ont gagné la surface, et peut-être bien qu'ils ont engendré une progéniture bâtarde avec des humains. Humains qui portent en eux des restes de votre peuple...
— Tu sais ce que ça veut dire alors ?
— C'est peut-être autre chose...
Je vis Azura se renfrogner avant de venir jusqu'à moi et me gifler, espérant, visiblement, me remettre les idées en place. Le coup m'avait fait dévier la tête sur le côté.
— Tu n'en as pas assez de toujours nier l'évidence ?! Tu ne peux pas toujours fuir ce que tu es devenue ! Ni fuir tout court, être téméraire, c'est très bien, mais être courageuse, c'est encore mieux! Alors, fais face aux choses, bordel de merde !
Elle avait raison, encore une fois. J'étais têtue, mais le courage me faisait parfois défaut, surtout quand c'était à propos de choses que je ne pouvais pas gérer ou maîtriser. Je ne savais même pas comment je devais réagir. Certaines auraient certainement sauté de joie à l'idée de découvrir de quoi elles étaient capables. Moi, je ne ressentais absolument rien qui s'apparente à du bonheur, seulement un immense chaos de pensées qui se mélangeaient pour former une cacophonie infâme dans mon esprit.
— Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? lui demandai-je alors.
— N'est-ce pas évident?! Il faut que tu apprennes à te servir correctement de tes pouvoirs, ça ne pourra que nous faciliter la tâche pour nous évader.
— Je ne sais pas comment faire... Ce qui est arrivé l'autre fois, ce
n'était qu'un vulgaire accident, Azura...
Je n'avais aucune idée de comment reproduire cet exploit. Me mettre en colère? Je ne pensais pas pouvoir être en colère sur demande, je n'étais pas Hulk. J'évitai soudainement un coup de poing qui frôla dangereusement mon oreille. J'en interceptai un autre alors que j'eus à peine de temps de stopper son genou avec le mien. Le choc de nos deux articulations me tira une grimace de douleur suivie d'un gémissement étouffé quand mon estomac fut frappé. Je reculai de quelques pas pour éviter une nouvelle salve de coups. Je ne savais pas si elle espérait provoquer une réaction en me frappant, mais je n'étais pas certaine que ça fonctionne. Je répliquais à ses attaques, manquant de peu de la toucher à plusieurs reprises. Le combat était toujours inégal, malgré mes progrès, elle restait plus forte que moi. Pourtant, l'écart de force s'était réduit contrairement à nos premières séances ou je ne parvenais même pas à la suivre.
Mon dos heurta violemment un mur après qu'elle m'avait envoyée valser avec un coup de pied dans le ventre. Mon corps retomba lourdement sur le sol et je toussai alors que la douleur irradiait de mon ventre jusqu'à mes épaules.
— Allez, putain ! s'emporta l'adolescente. Tu ne peux décidément pas faire mieux que ça ?! Laisse-toi aller, laisse-toi exploser ! Tu veux t'en aller, non?! Tu veux protéger cette fille aussi, il me semble! Tu as les moyens de le faire, est-ce que tu le comprends, ça?! Tu pourrais mettre à terre la majorité des gens ici, mais si tu ne vois qu'un problème supplémentaire dans ce pouvoir qui coule dans tes veines, alors peut-être que je me suis trompée sur toi. Peut-être que tu es seulement une tête de mule sans valeur.
Je tiquai sur la fin de sa tirade. Sans valeur ? Qu'est-ce qu'elle en savait ? Elle ne me connaissait pas, elle ne savait pas tout ce que j'avais ressenti depuis que j'étais dans ce cauchemar, on m'avait tout pris, ma liberté, ma famille, celle que j'aimais, et surtout mon avenir. Il y a tant de choses que j'aurais aimé faire, mais dont on m'avait égoïstement privée. J'étais tellement en colère, en colère contre ces créatures, en colère contre l'humanité qui polluait depuis trop longtemps, et surtout en colère contre moi. Moi qui étais si faible, la volonté ne faisait pas tout, avoir l'idée et la motivation ne suffisait pas toujours à réussir. Et en ces lieux, c'était la loi du plus fort qui régnait, celle qui décidait si tu étais du bétail ou alors un prédateur. Je n'étais ni l'un ni l'autre, j'avais le cul entre deux chaises, même si j'essayais vraiment de faire partie des prédateurs.
Je serrai les poings contre le sol en pierre alors que la rage en moi s'amplifiait au fil des secondes. Je ne voulais pas être faible, je voulais rentrer chez moi, même si je ne pouvais jamais revoir ma famille. J'en- tendis Azura soupirer, posant mes mains à plat sur le sol, je me remis lentement debout. La tête baissée vers le sol, mon sang bouillonnait dans mes veines alors qu'une tempête déferlait dans mes entrailles. Les parois aqueuses se mirent à trembler comme si elles étaient secouées par un séisme. Toute la colère qui brûlait mon âme et que je gardais depuis mon arrivée dans les abysses explosa en même temps qu'un cri de rage incontrôlable qui jaillit de ma gorge. L'eau inonda la pièce, se mettant en mouvement tel un maelström. Ma peau s'enflamma, tout comme mes os et mes muscles, mais la brûlure fut moins intense que les autres fois. L'eau tourbillonna sa violemment que je fus moi-même emportée et jetée dans un couloir qui était lui aussi submergé.
Le tourbillon cessa au moment où je percutai une paroi rocheuse, m'obligeant ainsi à reprendre mes esprits. Le niveau de l'eau baissa doucement jusqu'à ce qu'il ne reste qu'une petite quantité sur le sol. Allongée sur ce dernier, je respirai fort alors que j'avais l'im- pression d'avoir couru un marathon. Et à ma grande surprise, mes jambes étaient toujours là, bien que couvertes d'écailles par endroits. Tout comme mes mains, elles étaient devenues griffues et palmées. Je sentais aussi mes branchies au niveau de mon cou, l'absence de l'aileron me surprit aussi quand je roulai pour me mettre sur le dos. La transformation n'avait été que partielle cette fois. Probablement était-ce la raison de ma douleur moins vive que d'habitude. Je sentis une présence au-dessus de moi, je rouvris les yeux pour tomber nez à nez avec Azura qui était complètement trempée.
— Tu devrais te mettre en colère comme ça plus souvent, me fit-elle remarquer.
Sa remarque me tira un discret sourire. Je n'étais pas certaine que ce soit une bonne idée, mais, de temps en temps, pourquoi pas ?
Je grattai les restes d'écailles encore présents sur mes cuisses. Ma petite colère avait créé une sacrée agitation. Donc on avait préféré s'isoler avec Azura, pour ne pas se faire attraper, car ça avait été tout, sauf discret. Je me sentais un peu mieux, même s'il y avait toujours autant de colère en moi, exploser comme je l'avais fait m'avait quelque peu soulagée.
—Désolée, fit soudainement Azura, je ne voulais pas te blesser avec ce que j'ai dit.
— Non, tu avais raison, comme souvent d'ailleurs. Ça ne sert à rien que je me voile la face ou que je me trouve des excuses. Je ne serai plus jamais comme avant, mon ancienne vie, je ne la retrouverai jamais. Alors, il faut que je trouve de quoi me construire un nouvel avenir maintenant.
— Tu y arriveras, j'en suis sûre.
— Je l'espère, enfin, il faudra que toi aussi tu trouves quelque chose par la suite.
— C'est vrai, m'accorda-t-elle en souriant.
Je vins poser une main sur ses cheveux ondulés que je caressai doucement. Un peu comme l'aurait fait une grande sœur. Je ne savais pas ce que l'avenir nous réservait. Ni même si Azura s'habituerait à la vie à la surface, mais une chose était sûre, nous allions devoir nous serrer les coudes. Je me redressai mollement, j'étais fatiguée, il fallait que je me repose.
— Je vais aller me reposer un peu, lui annonçai-je.
— D'accord, on se verra demain.
J'approuvai d'un petit signe de la tête avant de la laisser. Piétinant calmement, je m'étirai longuement avant d'expirer discrètement. J'eus un léger sursaut en tombant sur le prince qui m'observait, son épaule appuyée contre un mur et les bras croisés sur son torse. Il avait l'air détendu pour une fois, son regard était calme.
— Bonjour, le saluai-je.
— Elle a l'air de beaucoup t'apprécier.
Je ne compris pas tout de suite qu'il me parlait de sa fille, ce fut quand il désigna le couloir d'où j'arrivais que cela fit tilt. Je ne pus m'empêcher de sourire face à cette remarque.
— Oui, c'est une gentille fille. Même si elle a un peu le caractère de son père aussi.
— C'est un compliment.
— Pas vraiment, non.
Je m'attendais à le voir s'agacer, mais non, il ricana discrètement. Voyant que je ne risquais pas de me faire frapper ou étrangler, je me rapprochai un peu de lui bien que je sois quand même sur mes gardes. Dagon était soupe au lait, il ne fallait pas l'oublier, ce serait une grossière erreur.
— Qu'est-ce que tu fais là ? le questionnai-je d'une voix calme.
— Rien, je passais juste par-là, mais je t'avoue que j'ai quelques idées d'activité qui me viennent à l'esprit.
Je frissonnai vivement en voyant la lueur licencieuse dans son regard. Il n'y avait aucun doute sur ce qui lui traversait l'esprit. Il s'avança jusqu'à moi, ce qui me fit reculer jusqu'à être acculée entre le mur et son imposante personne. Mon cœur tambourinait dans ma poitrine. Dagon déposa un bras au-dessus de ma tête, me dominant alors qu'il penchait son visage vers le mien. Je posai mes mains contre son torse chaud, l'empêchant de s'approcher de trop. Sa main libre s'empara de mon visage et son pouce redessina les contours de ma bouche, son nez frôla la peau de mon front et je le sentis inspirer à fond avant qu'un grondement de contentement ne résonne, je pus sentir la vibration dans sa large poitrine. Un long frisson me remonta dans le dos et explosa dans ma nuque comme un feu d'artifice. Nom de Dieu ! Ce type était vraiment une bête. Je le détestais, pourtant, depuis que j'en savais plus sur lui, une partie de moi voulait se rapprocher de lui.
Aussi bien mentalement que physiquement.
Et ce n'était pas bon, il ne fallait pas que je me prenne trop d'empathie ou de quelque forme d'affection pour cette ordure. Pourtant, le feu qui me léchait le creux des reins et les frissons que je ressentais dans mon entre-jambes n'étaient pas des illusions. Je ne comprenais pas comment il pouvait me faire autant d'effet.
— Tu me rends dingue, me répéta-t-il d'une voix rauque, tu n'imagines pas ce que j'ai envie de te faire.
Non et je ne préfère pas.
— Ce que j'aimerais le plus, c'est que tu essaies de résister, comme tu le fais toujours, avant de céder sous la pression. Mais pas la mienne, celle de ton propre corps qui n'en pourrait plus de lutter contre ce qu'il veut vraiment. Tu ne me supplierais pas de te prendre de vive voix, tu es beaucoup trop fière pour ça, mais tes yeux parleraient à ta place, me suppliant de te remplir jusqu'à l'orgasme. Ce que je ferai avec un grand plaisir, te voir pleurer d'excitation et de plaisir, t'époumoner sous mes coups de bassin. Je te baiserais comme personne ne t'a jamais baisée. Et te voir jouir serait pour moi la plus grande des victoires, je suis sûr que tu serais magnifique en pleine extase.
J'avais serré les cuisses. Parce que ces mots m'avaient enflammée, mon sexe pulsait et mes chairs étaient moites d'excitation. Et je n'étais certainement pas la seule dans cet état. La respiration du tatoué était plus chaude et plus profonde, sans parler de ce regard salace qui me retournait de l'intérieur. Sa main dévia de mon visage jusqu'à ma nuque où il s'empara d'une poignée de cheveux, me faisant basculer la tête vers l'arrière. Sa bouche s'écrasa sur la mienne avant que j'aie pu protester. Un gémissement étouffa entre nos bouches, le baiser était sauvage, sa langue n'hésitant pas à venir chercher la mienne. Mon corps répondit automatiquement, se tendant de désir pour le mâle qu'était Dagon. Libérant ma bouche et me laissant souffler, sa langue retraça ma jugulaire pour ensuite remonter vers mon oreille qu'il mordilla, provoquant de nouveaux frissons incontrôlables.
Je sentis ses doigts sur mon ventre, jusqu'à ce que ceux-ci disparaissent sous ma jupe. Mon dos s'arqua quand ils frôlèrent mon intimité trempée, mes joues s'enflammèrent, c'était tellement gênant. Je gémis quand l'un de ses doigts glissa le long de ma fente, de mon entrée jusqu'à mon clitoris dressé. L'Atlante fit d'ailleurs pression sur la petite boule de nerfs, me tirant un nouveau gémissement plus qu'audible. Dieu merci nous étions seuls dans ce couloir et j'espérais qu'Azura était partie, parce que je n'avais vraiment pas envie que quelqu'un nous trouve dans cette position. Mais ma capacité de réflexion fut rapidement annihilée quand les grands doigts de Dagon massèrent mon clitoris de manière vive et précise. Chaque pression m'envoyait des décharges électriques dans le corps, mes jambes étaient secouées par des tremblements incontrôlables.
— A... attends, je vais devenir folle ! Dagon, pitié !
J'étais stupide de croire qu'il allait m'écouter. C'était exactement ce qu'il voulait, me voir perdre la tête alors qu'il jouait avec mon corps. Il s'était d'ailleurs mis à me regarder droit dans les yeux, un sourire en coin accroché aux lèvres. J'étais complètement hypnotisée par son regard. J'allais jouir, je n'étais plus très loin, je le sentais, mais, alors que j'allais partir, ses doigts quittèrent mon sexe et il recula, me privant de sa chaleur. J'en restai pantoise, ne comprenant pas ce qu'il se passait. Est-ce que quelqu'un approchait ? Non, pas du tout. Il l'avait fait exprès. Privée de son soutien, je m'écroulai à genoux alors que je respirais bruyamment, encore abasourdie d'être laissée ainsi et surtout frustrée, très frustrée, j'étais à deux doigts de jouir.
— Pourquoi ? lui demandai-je sur un ton pathétique.
— Maintenant, tu sais ce que ça fait de rester tout le temps sur sa faim. Bonne nuit, Aesma.
Il s'éloigna en ricanant, il ne jeta pas un regard vers l'arrière. Une vague de colère monta en moi. C'était injuste! Il ne pouvait pas comparer sa situation à la mienne, il n'avait pas été enlevé pour servir de pondeuse ! C'était normal que je me débatte quand on essayait de me prendre de force ou qu'on n'écoutait pas ce que je disais ! J'aurais pu en pleurer de rage, c'était vraiment un salaud! La colère et la déception se mêlaient dans mon cœur, et un peu de tristesse aussi. J'en avais assez qu'il joue continuellement avec moi ! Même s'il ne m'avait pas violentée, c'était quand même une humiliation. J'essuyai rageusement une larme qui dévalait ma joue et je jurai contre ce fumier entre mes dents. Mon intimité était brûlante, tout comme le creux de mon ventre, j'hésitais à me masturber pour éteindre ce brasier douloureux qui m'incendiait de l'intérieur.
Je n'en fis pourtant rien. J'attendis seulement de longues minutes que mon ardeur veuille bien se calmer. Mais l'amertume ne me quittait pas, sans parler de la colère de ma propre faiblesse. Oui, j'étais en colère contre moi-même une fois de plus, parce que s'il m'avait fait jouir, j'aurais été prête à accepter qu'il me baise comme il me l'avait si bien décrit. Devenais-je réellement si faible à ses charmes ? Il fallait croire, parce que sinon je n'aurais même pas songé à le laisser me toucher. Je me consolais en me disant qu'il devait être frustré aussi, même si, lui, il lui suffisait d'appeler une de ses concubines pour qu'elle vienne le libérer de cette frustration. Cette pensée me tordit les entrailles et le cœur. Pourquoi était-ce si douloureux de penser à ça ? Qu'il lui suffisait de claquer des doigts pour en avoir une autre. Il me répétait sans cesse que je faisais partie de ce qui lui était arrivé de pire, ce qui me donnait l'impression d'être spéciale... mais était-ce vraiment le cas ?
Probablement pas. Soudainement dépitée, je me remis sur mes pieds pour regagner ma chambre. Je marchais lentement, vidée du peu d'énergie qu'il me restait. J'allais simplement aller dormir et, quand je me réveillerais, ça irait mieux, je serais moins affectée par ce qu'il s'était produit. Le sommeil était mon meilleur allié depuis que j'étais là, alors je lui faisais confiance. Mais alors que je fantasmais sur mon lit, une douleur vive, à l'arrière de la tête, me fit chuter avant que ma vue ne devienne floue. J'eus le temps de distinguer une grande silhouette au-dessus de moi avant que tout ne devienne que ténèbres autour de moi
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