⛧ 𝟎𝟎𝟖

Mes habits s'empilaient un à un, sous l'œil sévère de ma mère.

Le parquet grinçait sous mes pas, tandis que je faisais des vas et viens entre mon armoire et ma grande valise rouge.

C'était le grand jour ; le départ pour cette nouvelle école dont je n'avais pas la connaissance, Evy m'attendait en bas. Elle parlait joyeusement avec mon père de toutes les activités qu'il y avait à faire, tous les souvenirs que je pourrais chérir plus tard, dans ma vie d'adulte. 

Je n'étais pas bien convaincue, et camper sur mes positions. Je restai méfiante quanta cette école dont je ne connaissais que le nom, et où la localisation était hasardeuse. Ma mère superviser ma mission bagage. Elle me savait tête en l'air, et voulait être absolument certaine que je n'oubliais rien, et je l'en remerciait secrètement pour ça.

Je regardai mon panier à doudou, puis après quelques secondes de réflexion, je pris par la patte mon petit lapin. Ca n'allait pas me faire de mal de l'amener, après tout. Je vis ma mère sourire du coin de l'oeil, et sûrement se dire qu'après toutes ces années, je restai son petit bébé. Je roulai des yeux et posai lapinou dans ma valise, ravalant ma fierté.

« Tu as fini ? »

Plongée dans mes pensées, je n'avais pas entendu Evy monter les escaliers. Je bouclai ma valise et me tournait vers elle.

« Je pense, oui », lui souriais-je.

Elle prit ma valise et descendit, ma mère et moi-même sur ses talons. Arrivées à la porte d'entrée, mon père nous attendait patiemment, je le voyais se ronger les ongles discrètement. Si ma mère voyait qu'il avait recommencer, je ne donnais pas cher de sa peau.

« C'est le grand moment », déclara ma mère, les larmes aux yeux.

Elle me prenait dans ses bras, sous mon regard attendrie.

« Je ne pars pas en Russie, maman. Juste à l'université.

- Tu vas quand même me manquer... », elle sécha les larmes qui coulaient sur ses joues rougies. 

Je m'éloignai de ma mère après lui avoir poser un délicat baiser sur son front. Je me tournai vers mon père, le regard nostalgique. Il me fit une accolade avant de se séparer et de se tourner vers Evy.

« Ton frère est avec vous ? 

- Il est en dernière année, tandis qu'Ali est en première année », ricana-t-elle, « On ne risque pas de le croiser  ».

Mon père opina de la tête, satisfait. Je ne savais pas tellement ce qu'il se passait entre Thalion et lui, mais il ne l'appréciait pas. Je soupçonnais qu'il jouait les papa poule, mais je n'en étais pas certaine. Je décidai de ne pas faire de réflexion. 

« Je suis fière de toi, Alison », me souriait mon père, se tournant vers moi, « Tu t'es battue férocement contre ta maladie, et l'a vaincue. Nous ne pouvons pas être plus heureux que de t'avoir comme fille, ma puce. Tu ne vas faire qu'une bouchée de l'université, j'en suis certain.

- Oui, ma puce, ton père à raison », ma mère enroula son bras autour de la hanche de son mari, « Tu as un parcours admirable qui fait de toi une femme forte et indépendante. Ne te laisse pas marcher sur les pieds, d'accord ? »

Je les prenais tout les deux dans mes bras, émue. Rien ne me faisait plus plaisir que d'entendre qu'ils étaient fiers de moi, que leur petite fille les rendait heureux. Ces mots là, que j'attendais depuis déjà quelques années, sont enfin sortis de leur bouche et je ne pouvais espérer mieux. Cette maladie m'avait renforcé, moi, ainsi que les liens de notre famille. 

« Alison, c'est l'heure », me prévenait Evy, la larme à l'œil. 

Je me séparai à contre cœur. Nous avions tardé sur les aurevoir, ce qui n'était pas un point positif pour la rentrée imminente qui m'attendait. 

Evy chargeait mes bagages dans la voiture, avant d'allumer le moteur et d'engager la voiture sur la route rocailleuse. Je faisais des signes de la main à mes parents, ma petite tête sortant de la fenêtre. Je voyais leurs silhouettes qui disparaissaient peu à peu au fur et à mesure que nous nous éloignions de notre chez nous. 

* * *

Je me réveillai, soudainement secouée comme un prunier. Je papillonnai des yeux avant de voir un gigantesque bâtiment sous mes yeux. Je baillai grossièrement. 

Comment ce faisait-il que je m'étais endormie ? Je ne m'en étais à peine rendue compte.

« Enfin réveillée », me souriait Evy, « Je me sentais un peu seule, tout le long de la route »

Je ricanai avant de sortir du véhicule, mon amie à mes côtés.

« Je suis désolé », répondais-je, gênée, « Je ne m'en suis même pas rendue compte...

- Ce n'est rien voyons, Ali ! », elle ricanait, en enroulant l'un de ses bras autour de mes épaules, « J'ai pu écouter toutes mes musiques préférées, tu sais, celles que tu n'aimes pas ? 

- Je suis censée m'excuser de détester le rap français ? 

- Oui ! », s'exclama t-elle, choquée. 

Je roulai des yeux, tandis que nous nous étions arrêtée devant la gigantesque porte d'entrée.

« Hors de question ! C'est une abomination pour les oreilles.

- Tu brises mon cœur, là ! », pleurnichait-elle, une main sur son cœur.

« Tu m'en vois désolé, mais jamais je ne cautionnerai que tu écoutes ça... 

- Ravi de vous revoir, Mademoiselle Saerash  », me coupait une voix rauque, derrière moi. 

Je me retournai, pendant que mon amie faisait une révérence maladroite. Un grand homme à la carrure imposante se tenait devant nous. Il était blond, avec de jolies lunettes rondes qui cachaient ses yeux noisettes. J'étais étonnée qu'il porte un si beau costume, tandis que je portais un pull large et un pantalon troué. Se rendant compte de ma présence, il se tourna vers moi.

« Et vous ?  

- Je suis Mademoiselle Mahr Alison, Monsieur », me présentais-je. 

J'essayai maladroitement de reproduire la position d'Evy, ce qui était, étonnamment, plutôt compliqué. Il nous fit signe de nous relever, un petit rictus au coin des lèvres.

« Nul besoin de me témoigner autant de respect », nous souriait-il, « Vous êtes en retard de trente minutes, mesdemoiselles.

- Excusez-moi », murmurait Evy, honteuse, « La route était bondée... »

Il balaya ses excuses d'une main, la mine éclaircie. 

« Vous êtes excusée pour cette fois-ci, ne vous inquiétez pas. Malgré tout, je vais être dans l'obligation de vous assignez à un cours comme punition afin que nos élèves ne répètent pas vos erreurs sous prétexte que vous n'aviez rien eu » 

Je baissai les yeux. C'était mon premier jour, et j'avais déjà une punition ? C'était très mal parti.

Il nous fit signe de le suivre à travers les longs couloirs de l'école. Je regardai un peu autour de moi, comme une enfant émerveillée par tous ces tas de couleurs qui illuminait chaque pièce de ce bel endroit.

Tout était en pierre et en bois, ce qui me rappelait douloureusement la ville que je venais de quitter. Les couleurs étaient lumineuses, et au milieu de l'école se trouvait un jardin avec un toit en verre qui laissait entrer les vaisseaux lumineux du soleil. De nuit, j'étais sûre que c'était magnifique. 

Il y avait plusieurs étages, et plusieurs bâtiments. Nous étions dans celui à gauche, des premières années. L'internat était au dernier étage. Les couloirs n'étaient ni trop étroit ni trop large. Il y avait assez de place pour que personne ne se marche sur les pieds. Evy m'avait chuchoté à l'oreille que son frère était dans les dernières années, et donc par conséquent, dans le bâtiment le plus à droite du campus. Je ne risquai pas de le croiser de sitôt, et d'un côté ça me rassurait. Cette attirance que j'avais pour lui, ce lien, devait disparaitre pour que je puisse me recentrer sur ma quête d'amis, et mes études.

« Pour finir », Mr Arcaillus ouvrait une derrière porte, « Voici votre bibliothèque » 

Cette pièce, qui était de loin ma préférée, était gigantesque. Je pouvais voir des escaliers de partout qui menait à d'autres étagères, toutes remplis de livres. L'odeur de boisé entrait dans mes narines et réchauffait mon cœur, je me sentais chez moi, ici. Je passai mes doigts sur la rambarde d'un escalier, tandis que mes pas voulaient arpenter chaque recoin de ce paradis. 

« Vous aurez tout le temps de visiter ce lieu rempli de richesse, Mademoiselle Mahr », sa voix me fit sursauter, me sortant de ma torpeur. Je me retournai vers lui, « Nous allons désormais vous conduire à votre tâche »

J'avalai douloureusement ma salive, très angoissée. Nous quittâmes la pièce pour descendre les escaliers, avant d'arriver au sous-sol où nous pouvons entendre des bruits de lutte. Il se tournait vers nous, tout en ouvrant les deux portes battantes.

« Voici la salle de combat » 

Je papillonnai des yeux, tandis que la soudaine lumière provenant de cette pièce m'éblouissait. 

Plusieurs tapis étaient répartis dans cette salle, encore plus grande de que la précédente, tandis que plusieurs personnes se battaient entre elles. Je sentais la puanteur, la sueur venir à mon nez et je ne pu me retenir de le boucher.  Evy, remarquant mon dégout, me donnait un gentil coup de coude dans les côtes. Je la dévisageai avant de me reconcentrer sur notre directeur.

 « Kourtney sera votre entraîneuse », il pointait une rousse qui était au fond de la salle, nous la regardâmes boire goulument une bouteille d'eau, avant qu'il ne reprenne, « KOURTNEY ! », grondait-il.

L'intéressée relevait la tête et jetait la bouteille  tandis qu'elle s'approchait de nous d'une démarche féline. Je la regardai de haut en bas, intimidée. Je rentrai ma tête dans mes épaules, me voulant me faire toute petite. Qu'elle était le but de nous assigner une nounou mastodonte ? 
La fameuse Kourtney portait une simple brassière avec un short de sport. L'ensemble était noir, ce qui tranchait avec ses longs cheveux de feu et ses yeux brun, qui nous lançaient littéralement des éclairs. Je grimaçai et me permit de regarder Evy, qui, contrairement à moi, soutenait son regard. Je fronçai les sourcils. La connaissait-elle ? 

« Evalyna », ricanait-elle. Elle sentait l'arrogance à plein nez, ce qui ne plaisait visiblement pas à mon amie.

« Pour toi, ce sera Madame Saerash », répondit-elle, sur le même ton.  

Je dévisageai les deux femmes, troublée. La tension m'étouffait, au sens propre. Je sentais que mon crâne allait exploser, que mes yeux allaient sortirent de leurs orbites. Mes jambes tremblaient, et je baissai la tête instinctivement. Que se passait-il ? 

« Cela suffit », rugissait une voix rauque. 

Soudain, tout disparut. Je pu relever la tête, tandis que tous me dévisageaient, comme si j'étais le vilain petit canard. 

Evy me chuchotait un petit désolé, tandis que ma nouvelle entraineuse me lançait un regard dédaigneux. Monsieur Arcaillus, lui, tentait de me rassurer.

« Excusez-moi, Alison. Avec toutes ces personnes, la sueur, la climatisation inexistante... il ne sera pas impossible que vous n'ayez pas de migraine durant vos années ici  ».

Je hochai la tête, peu convaincue par son mini discours. Je ne pris néanmoins pas la peine de faire part de mes doutes, par précaution.

« Bien ! », reprit-il, « Kourtney, vous serez la nouvelle entraîneuse de Evy et de son amie, Alison.

- Je dois m'occuper de rendre forte ces bambins ? », crachait-elle, avec dédain. 

Je croisai mes bras sur ma poitrine. C'était quoi son souci, à celle-là ?

« Je ne vois pas le problème », je fronçai les sourcils.

La rousse se tournait vers moi, me dévisageant de haut en bas, avant de ricaner. 

« Le problème, comme tu le dis blondie », me reprenait-elle, « C'est que vous n'êtes que des pneus crevés, des oiseaux sans ailes. », elle s'approchait de mon oreille tandis que je me paralysai, « Ce qui veut dire, que vous êtes inutiles ».

Mes yeux s'humidifiaient à mesure que ses mots, comme des lames, s'enfonçaient profondément dans mon cœur. Comment pouvait-elle travailler dans cette université ? Comment Monsieur Arcaillus pouvait engager des personnes aussi méchante ?

« Assez », grondait Evy, tandis qu'elle se mettait devant moi, pour faire face à notre nouvelle ennemie commune. 

« Sinon quoi ? », la défiait Kourtney, « Tu vas appeler ton chien chéri ? Ah j'oubliais, il est...» 

 D'un cri, ou plutôt d'un rugissement puissant, mon amie se retrouvait au dessus de Kourtney, la frappant avec rage. Je lâchai un cri de surprise, tandis que je pressai mes mains sur ma bouche. Un cercle se formait autour des deux femmes qui se battaient avec fureur. La rousse, sans grand mal, réussi à se dégager de la prise d'Evy avant de lui asséner un violent coup de pied dans l'abdomen. Elle se relevait, attachant ses cheveux dans un chignon brief. Mon amie, elle, ne se laissait pas abattre. Elle se remit sur ses jambes, douloureusement, avant de se mettre à nouveau en position de combat.

Les deux combattantes se tournaient autour, cherchant une faille où l'une pourrait attaquer, et l'autre devra défendre. Elles étaient comme deux lionnes dans une cage, qui allaient se déchiqueter jusqu'à ce que mort s'en suive. Je ne savais pas qui regarder, ni quoi faire. Les étudiants étaient là, sifflaient et faisaient des paris, tandis que d'autres partaient, désintéressé. Monsieur Arcaillus lui, regardait le spectacle avec un malin plaisir. Il avait une cigarette au coin des lèvres, tandis que ses yeux luisaient de plaisir. Je me détournai, gênée. 

Le combat reprit de plus bel, tandis que les deux femmes devenaient de plus en plus féroce dans leurs gestes. Evy griffait son ennemie au visage, qui laissa une entaille suffisamment profonde pour que du sang en coule. Elle souriait, satisfaite. Kourtney, elle, n'était pas aussi ravie que mon amie et rugissait, se jetant sur elle comme une bête sauvage. Elle la déséquilibra en prenant sa jambe, tandis que la tête d'Evy cognait sur le bitume froid. Je me rongeai les ongles et avançait d'un pas, me demandant qui saura stopper cette horreur. Evy lacérait de ses ongles à nouveau, les jambes de Kourtney, qui lâchait sa jambe sur le coup. Elle l'attrapait par son cuir chevelu, et d'une force phénoménale, l'envoyait rencontrer le mur d'en face. Kourtney, d'une volonté de fer, se relevait, un filet de sang sortait de sa bouche. De loin, je pouvais voir ses yeux changer. Ils avaient une lueur sauvage, doré, je clignai des yeux. 

« Cela suffit  »

Je regardai Monsieur Arcaillus, qui avait enfin prit la parole. Je soupirai de soulagement avant de me précipiter vers Evy.

« Tu vas bien ? », lui demandais-je, inquiète.

Son regard était perdu dans le vide, tandis que ses épaules tressautaient. Ses yeux se remplirent de larmes et elle se jetait dans mes bras. Je tombais à la renverse avec elle. Je caressai ses cheveux tendrement, tandis que le groupe d'élève se dispersait peu à peu. Je regardai derrière Evy, où j'arrivai à voir Kourtney qui nettoyait ses plaies. Elle était tendue et ses mouvements étaient peu délicat. Je me posai de nombreuses questions, notamment comment Evy avait pu autant faire mal à Kourtney, mais je restai murer dans le silence, laissant la paix dont mon amie avait besoin.

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