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La semaine suivante, je me vois confronté à la plus douloureuse des situations. Je sais que le temps me manque et Jungkook refuse de me croire, préfèrant m'ignorer, amoindrissant alors mes chances de le sauver. Ces longues journées, à essayer de lui faire entendre raison sans jamais trouver la réponse à ma question, puisent toute mon énergie.

Le vendredi, c'est bien décidé à le confronter que je poursuis Jungkook dans la rue, et parviens à stopper son ascension à quelques mètres à peine du carrefour.

- Jimin, ne me force pas à...

- Maintenant tu vas m'écouter ! Tu refuses de me croire ? Et pour quel motif exactement ? C'est difficile à croire que je puisse souffrir te ta disparition Jungkook ? Est-ce qu'il faut que je te colle mon pied au cul pour que tu daignes m'accorder un tant soit peu de crédit ? Ça te vas très mal de jouer le gamin fermé d'esprit que tu n'es clairement pas !

- Le gamin ? Ricane Jungkook en levant les yeux au ciel.

Il retient de mes mots qu'un simple détail et je ne suis pas sûr de contenir plus longtemps la colère qui gronde en moi, sans qu'elle ne s'accroît en intensité.

- C'est ce que tu es pour moi Jungkook ! Et tu refuses de le croire, parce que t'es bien trop obstiné à ne pas me donner raison !

- Je refuse de croire tes conneries parce que c'est de la merde en continu. Tu me reproches de jouer avec toi Jimin ? Je ne joue pas, je rame depuis des années, j'essaie vraiment tu vois. J'essaie vraiment de te comprendre, mais tu ne fais rien, absolument rien pour que ce soit possible.

- Tu vois ce carrefour, Jungkook ? Dans la nuit du mercredi huit décembre, soit, dans quatres jours, un bus vas te percuter. Et si tu ne te décides pas à répondre à une question simple et précise, ma mère m'annoncera que mon meilleur ami est mort. Je vais m'enfuir pour essayer d'oublier, je vais hurler à en perdre ma voix pendant des jours et le lundi qui suit, je vais me retrouver, encore une fois, devant ta tombe. Et tu veux savoir le plus triste ? Pour la deuxième fois, je serais à l'origine de ta disparition. Si tu refuses de me croire alors cette fois, je ne me battrai pas Jungkook. Je te fais la promesse, que ce jour-là, je partirai avec toi.

Je ne prends pas la peine d'attendre de lui une réponse et à mon tour, je fuis, je le laisse à quelques mètres de ce lieux funeste. N'attendant de lui que son silence ou bien même son rejet.

Et je me désole de constater que je ne me trompe pas, quand je n'ai plus aucune nouvelle pendant deux trop longues journées.

Le dimanche, alors que la neige commence à recouvrir la ville de son manteau glacé et que la pénombre happe peu à peu les rues, je laisse mon regard balayer ma chambre d'étudiant. Je suis toujours à l'affût d'une réponse, aussi improbable que ça puisse paraître. J'ai l'étrange intuition qu'elle est à porté de main, qu'elle attend de moi que je la remarque, tapie dans l'ombre, prête à voir la lumière si je daigne lui en donner l'occasion.

C'est mon portable qui me tire de mes pensées, et un soupire de déception quitte mes lèvres quand je découvre un message de Taehyung. Il s'excuse de m'avoir caché la décision de Jungkook. Je peux au moins constater que je suis le seul que mon meilleur ami ignore.

Je verrouille mon téléphone, peu intéressé de répondre à mon ancien ami. J'ai bien trop longtemps manqué à toutes mes obligations à son encontre. Je ne veux pas me montrer amical, si je sais que je quitterais ce monde dans quelques jours à peine.

Le cours de mes pensées semble se figer un instant. Puis les rouages de mon esprit retracent les événements marquant de ces derniers jours. Je retrouve rapidement le message de Jungkook et avale difficilement ma salive.

"verrouille et regarde bonhomme, la voilà la réponse à ta question"

Et j'obéis presque instinctivement, l'écran noir de mon portable m'opposant l'image du jeune homme qui n'est plus celle qui m'appartient depuis six ans.

Est-ce que j'ai le droit de croire l'étrange tournure que prennent mes pensées ? Je détiens peut-être la réponse à ma question.

Mon propre reflet devient presque l'objet de mes tourments et je laisse brusquement mon portable retomber contre le matelas. Suis-je stupide au point de ne pas avoir remarqué que Jungkook m'aimait depuis bien longtemps ? C'est insensé... Mais pourtant, l'idée que ce soit possible justifierait ses réactions.

C'est un sentiment grisant qui me gagne, quand, galvanisé par cette soudaine révélation, je décide de braver le froid hivernal de ce mois de décembre. Un mois pourtant si triste dans mes souvenirs. Et c'est avec une curieuse sensation de revanche que je traverse le carrefour qui mène au foyer de Jungkook.

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Mv̶ ❥