C H A P I T R E 4
La cloche sonne de nouveau, sauf que cette fois-ci elle annonce la fin des cours. Autrement dit, la fin de la journée. Les élèves sortent en vrac de la salle tandis que moi je range lentement mes affaires. Je préfère attendre que tout le monde parte pour sortir. Mon père doit venir me chercher de toute façon.
Dès lors où l'école me paraît suffisamment silencieuse, j'accroche mon sac à dos à mon épaule droite, puis sors à mon tour de la classe. Les couloirs sont déserts, vides, à mon plus grand bonheur. Je reste debout devant le lycée, attendant mon père.
Le ciel est recouvert de nuages. Le temps est menaçant, et toujours pas de papa en vue.
Les minutes passent, puis bientôt une heure, quand mon téléphone vibre depuis la poche de mon manteau. Je le sors avant de voir afficher à l'écran :
Message de Papa.
Désolé chérie, je ne pourrai pas venir te chercher, j'ai eu un empêchement au bureau. Tu vas devoir rentrer toute seule, fais attention à toi. Bisou.
Un soupir s'échappe de mes lèvres, puis alors que je m'apprête à prendre la route, quelques gouttelettes d'eau commencent à tomber, puis bientôt c'est des cordes de pluie qui s'amènent. Je soupire encore une fois.
Me voilà coincée devant le lycée, à attendre que la pluie cesse pour pouvoir rentrer chez moi. Je retire mon sac à dos de mon épaule, m'adosse au mur de l'entrée puis le pose ensuite sous mes pieds, juste devant moi.
Les gouttelettes d'eau quittent leurs nids qui sont les nuages, effectuent une longue descente avant de terminer leur course en s'écrasant au sol, créant ainsi une mélodie mélancolique. Je n'aime pas la pluie. Lorsque je la regarde tomber, elle me rappelle tous mes soucis.
En y repensant.
Je soupire avant de baisser les yeux au sol.
Moi qui pensais que j'allais avoir une année normale, calme, sans harcèlement ou quoique ce soit, la réalité m'a terriblement giflée.
Et puis, l'histoire avec mon voisin me choque toujours. La dernière fois, quand je l'ai interpellé alors qu'il jouait au basket, il s'est montré froid, distant. Il ne semblait pas avoir envie de me parler. Mais là, il va même jusqu'à s'asseoir à côté de moi en cours et prendre ma défense devant toute la classe. Je ne comprends pas ce qu'il cherche.
Des pas résonnent soudainement dans mon dos. Une intense panique prend possession de moi. Il est seize heures trente sept minutes, on a fini les cours à seize heures pile, alors qui ça pourrait bien être ? C'est alors qu'il apparaît.
Comme quoi, quand on parle du loup, on voit sa queue.
Il tient dans sa main droite un parapluie, et son sac à dos est accroché à son épaule gauche. Il semble m'avoir remarqué puisqu'il ne fait que me fixer. D'ailleurs son regard est vraiment déstabilisant. Je fais mine de rien et continue de regarder la pluie tomber.
- T'es toujours là ? Dit-il une fois à mon niveau.
Mon cœur se met à battre de façon désordonnée.
- Je-J'attends juste que la pluie cesse pour rentrer chez moi..
- T'as pas de parapluie ?
Je secoue négativement la tête.
- Pourtant la météo a annoncé qu'il allait pleuvoir, t'as pas regardé ?
- Non..
Un blanc s'installe, enfin jusqu'à ce qu'il reprenne la parole :
- On habite côte à côte, et mon parapluie est assez grand pour pouvoir couvrir deux personnes.
Je rêve où il est en train de me proposer de rentrer avec lui ?
- Tu viens ?
D'un hochement de tête timide, j'opine puis nous y allons. Le chemin se passe sans qu'aucun de nous n'ouvre la bouche. On entend juste le bruit des gouttes d'eau s'écrasant sur le parapluie, ainsi que nos pas dans la ruelle. Rien de plus.
Bientôt, nous arrivons devant sa maison. Vu que je suis juste à côté, je comptais le remercier et continuer le peu de chemin qu'il me reste en courant. Mais il m'arrête.
- Continue de marcher, on va chez toi.
- Quoi ? pourquoi ?
- Pose pas de questions.
Il ne me laisse pas le temps de répliquer en me prenant la main et m'incite à marcher plus vite. Une fois chez moi, plus précisément dans ma chambre, il s'écroule sur mon lit.
C'est ça hein, fais comme chez toi surtout. Me dis-je.
- Bon alors, commence t-il, raconte.
- Raconter quoi ?
- Ce que tu as.
Ma gorge se serre immédiatement.
Devrais-je lui expliquer ? Après tout, il s'est montré très gentil aujourd'hui..
J'avale difficilement ma salive puis prends la parole à mon tour.
- Qu'est ce que tu veux au juste ?
- T'aider, être ton ami.
En levant les yeux vers lui, je peux constater l'air sérieux avec lequel il me fixe.
être mon ami..
- Ce n'est pas une maladie. Cependant, ça y ressemble.
Je marque une pause histoire de m'éclaircir la gorge.
- Les particules de ma peau sont beaucoup trop infimes pour protéger mon corps.
J'inspire fortement, puis retire mon manteau. Mes fenêtres sont fermées, aucun risque de danger. En voyant ma peau presque transparente, il semble choqué. Mais je ne me démonte pas pour autant.
- En regardant même à l'œil nu, mes veines sont visibles, expliqué-je en passant le doigt tout le long de mon bras. La raison pour laquelle je porte un manteau est qu'au moindre contact du soleil sur ma peau, je peux avoir de graves brûlures. Voilà c'est ça quoi..
Un blanc s'installe de nouveau. Je sens pourtant ses regards sur moi.
- Je ne sais pas trop quoi dire après ça, à part que je m'appelle Maxime.
Son humour dérivé m'arrache un rire.
- Enchantée Maxime, je m'appelle-..
- Ellora. Je sais.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top