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Akiko
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Une incompréhension totale.
Des résultats satisfaisants.
Un Noël prometteur.
Une fin mystérieuse.

Un long soupir quitte mes lèvres. Le millième depuis le début de la journée. Et le je ne sais même plus combien depuis le début de la semaine. J'ai l'impression de ne faire plus que ça.

Assise sur une chaise, autour d'une tasse de thé au citron, je ne peux oublier ce qu'il s'est passé ce soir-là, au moment où Manjiro me raccompagne jusque chez moi.

Nous nous sommes regardés, nous nous sommes embrassés. Il est entré chez moi. Et ensuite, plus rien. Il a pris conscience de la situation, il s'est excusé et a fuit comme la peste. Et depuis, plus aucune nouvelle.

Je ne comprends pas exactement ce qu'il s'est passé. Tout allait à merveille. Tout se passait parfaitement bien. Alors pourquoi est-il parti de la sorte ? Ai-je commis une erreur en le laissant ainsi entrer chez moi ?

Dès que je lui envoie un message, il le lit mais ne répond rien. Moi qui pensais que notre relation avait évolué... Je commence à perdre sérieusement espoir. Ça me déprime énormément.

- Tu ne vas pas rester assise ici toute la journée, quand même ? me demande Emi, les mains sur les hanches. Si Manjiro n'est pas capable de mettre de mots sur votre situation, alors tant pis pour lui. Mais ne passe pas Noël à ruminer dans ton coin.

Je pousse un nouveau soupir, avant de porter mon regard sur ma meilleure amie. N'ai-je pas le droit de déprimer comme je le veux ? N'ai-je pas le droit de montrer à quel point cette situation m'affecte ?

J'ai accordé ma confiance à Manjiro. Je l'ai laissé entrer dans ma vie, en me disant que les choses pourraient peut-être être différentes de mon passé. Eh bien, il semblerait que je me sois de nouveau plantée. Encore une fois...

Pourquoi ne puis-je tout simplement pas vivre comme tout le monde ? Pourquoi ne puis-je pas vivre une histoire d'amour ordinaire, sans que rien ne se mette en travers de mon chemin ? Pourquoi dois-je sans arrêt redouter le pire ?

- Je viens de recevoir un message de Scylla. dit Emi, en regardant son téléphone. Les membres du jury vont bientôt nous donner les résultats. Il faut qu'on y aille.

Je me contente de hocher la tête, avant de boire la fin de ma boisson d'une traite pour me lever et la suivre. Est-ce que j'aurais enfin une bonne nouvelle en cette journée de fête ?

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Lorsque nous arrivons à la patinoire, l'ambiance présente sur les lieux est glaciale. On dirait qu'une tempête abominable se prépare. Une tempête vraiment très peu rassurante.

J'enfile rapidement mes patins et suis Emi sur la glace, nous rendant près de notre capitaine, Scylla Parvi. Celle-ci a le regard sérieux, braqué droit devant. Elle ne montre rien, comme si ce n'était pas son rôle d'exprimer ses émotions.

- Vous êtes dans les temps. dit-elle simplement, sans nous lancer le moindre regard, esquivant sans difficulté une possibilité de question.

- Ouf, tant mieux. Tu n'es pas trop stressée, très chère capitaine ?

- Non, pas vraiment. Si je suis prise, alors mes efforts seront parvenus à terme. Et si ce n'est pas le cas, il faudra seulement que je persévère encore plus.

Emi ricane légèrement pour cacher son embarras. Nous adorons notre capitaine, mais par moment, elle semble oublier qu'elle est humaine et qu'elle possède des émotions et des sentiments.

La grisée s'apprête à dire une blague de sa composition pour détendre l'atmosphère, quand Stella Yakusu et Yuki Makoto pénètrent sur la glace, stoppant alors toute animation sur la patinoire. Plus personne ne parle. Plus personne ne bouge. Nous attendons simplement dans un silence absolu.

Les deux professionnels s'arrêtent d'un geste commun, nous regardant sans rien dire durant des secondes qui nous paraissent être une éternité. Ils nous observent, nous jugent de leur regard de prodiges. Des frissons parcourent tout mon corps.

- Ça y est, nous y sommes. commence Stella, d'une voix éternellement forte. La phase finale. Les résultats définitifs. L'équipe nationale officielle. Vous avez toutes travaillé dur pour ce grand moment. Alors, il y aura forcément des déçues, mais c'est dans ces moments-là que nous voyons la plus grande force de chacun.

Un nouveau silence s'installe, comme si Stella voulait qu'on assimile pleinement ses puissantes paroles. Et c'est le cas. Pour moi, en tout cas. Mes poings se serrent de détermination, tandis que mon cœur bondit d'une forte passion.

- Bien, commençons... reprend-elle, en ouvrant lentement son dossier. À la cinquième et dernière place, en tant que remplaçante, nous retrouvons Nya Shikkari des Dream Breakers, avec un score total de 356,79 points.

Nya saute de joie, bien qu'une légère déception soit présente sur son visage. Il faut dire qu'arriver en dernière position, et en plus finir remplaçante, ce n'était pas forcément ce qu'elle souhaitait réellement. Et avec le regard noir que lui lance Nao, je peux comprendre pourquoi son saut de joie n'est pas aussi euphorique qu'elle le voudrait.

- À la quatrième place, nous retrouvons Yuna Yoko des Passion of Hearts, avec un score total de 363,99 points. À la troisième place, la capitaine Lycia Kisha des Chance of Destiny, avec un score total de 367,77 points...

Plus que deux places. Deux places. Deux putain de places. Pour Emi et moi. Il le faut. Après tout ce que nous avons traversé ensemble, après toutes ces dures épreuves, il faut que ces deux places soient pour nous. Elles nous reviennent de droit.

- À la deuxième place... s'exclame-t-elle plus fort, signe évident que nous arrivons à la phase finale de l'annonce des résultats. Nao Keiki des Dream Breakers, avec un score total de 370,06 points.

Mon sang se glace lorsque je me rends compte que c'est terminé, lorsque je réalise que Emi et moi ne serons pas ensemble pour poursuivre cette aventure. Il ne reste qu'une place. Qu'une seule place, putain.

Il faut qu'elle revienne à Emi. Après tout ce qu'elle a fait pour moi, après tout ce qu'elle a enduré, elle mérite amplement cette place. Il faut qu'elle puisse continuer cette route qui se trace petit à petit devant elle.

- Et enfin... À la première place, en tant que capitaine officielle de l'équipe féminine de patinage artistique... Nous retrouvons Akiko Chiharu des Wonders of Hope, avec un score total de 371,95 points.

Mon cœur cesse de battre brièvement. J'ai l'impression que mes pieds décollent du sol, tandis que j'assimile lentement la nouvelle. Je suis officiellement dans l'équipe nationale féminine de patinage artistique. J'en suis même la capitaine !

Je réalise à peine que je me fais aussitôt sauter dessus par Emi et Ely. Je manque de tomber par terre sous la force de leur poids, tandis qu'elles rigolent gaiement contre moi. Pourtant, Emi ne devrait pas rire aussi facilement. Pas alors qu'elle n'a pas obtenu sa place parmi nous...

- Emi... commençai-je, un air triste sur le visage.

Elle m'interrompt bien vite d'un signe de la main, en secouant légèrement la tête, un sourire rassurant sur le visage. Elle n'est pas déçue, bien au contraire. On dirait plutôt qu'elle est heureuse. Qu'elle est soulagée, même. Soulagée pour moi, et pour elle.

Il est vrai qu'elle voulait surtout que ce soit moi qui passe. Mais je ne pensais pas qu'elle le désirait à ce point. Je ne pensais pas qu'elle souhaitait aussi ardemment ma victoire. Elle préférait échouer plutôt que ce soit moi.

- C'est Noël. dit-elle, avec un grand sourire. Il n'y a pas de raison d'être triste, bien au contraire. Alors, il faut fêter ta réussite plutôt que mon échec, tu ne crois pas ?

Elle dit cela avec tant de facilité, avec tant de légèreté, que je ne sais plus quoi penser. Elle devrait être un minimum déçue de cet échec, mais on dirait pourtant qu'elle n'en a rien à faire, comme si ce n'était pas le plus important en la situation actuelle.

Emi... Comment peux-tu agir ainsi ? Comment peux-tu te comporter ainsi après un tel échec ? Comment arrives-tu à garder un tel sourire ? Malgré le temps qui passe, tu me sembles encore être bien trop mystérieuse à mon égard...

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De la musique résonne tout autour de nous. De la musique dansante et puissante. De la musique entraînante et qui pourtant ne me rassure pas plus que ça. Pourquoi m'avoir invité à une fête de Noël des anciens membres du gang de Manjiro ?

Habillée d'une robe bleue légère, je ne regrette pas d'avoir emmené une petite veste blanche avec moi, Emi ne m'ayant pas dit où nous devions nous rendre. « C'est une surprise » comme elle me disait.

Me voilà donc à ses côtés, en train de marcher avec réticence vers cette fête qui semble battre son plein. Mon regard braqué sur son dos, je suis sûre qu'elle sait que je me pose des dizaines de questions.

- Je sais que nous avions dit que l'on passerait une soirée tranquille pour Noël, mais j'avais envie de faire la fête et Chifuyu m'a proposé de venir ici. m'explique-t-elle dans un soupir. Je sais que cela te rappelle de mauvais souvenirs, mais je peux t'assurer que cette fois-ci, il ne t'arrivera rien. Alors s'il te plaît, essaie de profiter sans rester dans ton coin.

Je ne dis rien et secoue la tête, poussant un bref soupir d'acceptation. Visiblement, je n'ai pas le choix. Je vais devoir faire un effort. Faire un effort pour elle. Et pour une fois, je veux bien l'accepter.

Cette fête est sans aucun doute le moyen qu'elle a trouvé pour vider son esprit de son échec aux sélections. Je peux donc comprendre qu'elle ait envie de s'agiter sur une piste de danse, tout en buvant des shots. Et puis, il y aura Chifuyu. Elle est entre de bonnes mains.

Je repère d'ailleurs rapidement son fiancé dans la foule, qui se précipite aussitôt vers elle pour la prendre dans ses bras. Il me salue d'un bref signe de tête, avant de conduire Emi à l'intérieur de la grande bâtisse. Me voilà donc seule, en train de me demander ce que je vais bien pouvoir faire en ces lieux.

Je décide de faire le tour de la maison pour éviter de croiser toutes sortes de personnes que je ne connais pas. Par chance, il n'y a presque personne près de la piscine. Je m'empresse donc de prendre place sur un transat libre, avant de pousser un soupir de soulagement. Il faut seulement que je tienne jusqu'à ce que nous repartions. Et si je pouvais ne pas le voir, lui, ça serait encore mieux.

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Le temps passe lentement, bien trop lentement à mon goût. Mes pieds déchaussés à présent plongés dans l'eau fraîche de la piscine, je ne peux quitter le ciel étoilé des yeux. Je ne pensais pas fêter mon Noël ainsi, seule de mon côté, dans une fête où je ne connais encore presque personne, et où je n'avais aucune envie d'aller.

Un long soupir quitte mes lèvres. Un soupir fatigué et blasé. Je veux bien faire un effort pour Emi, pour qu'elle digère sa défaite, mais de là à être mise de côté... Je ne sais pas, on aurait pu aller ensemble ailleurs, faire une soirée entre filles, ou rester seulement avec Chifuyu. Pourquoi doit-elle absolument faire la fête à chaque fois qu'elle veut cacher ce qu'elle ressent réellement ?

Par moment, il m'arrive de me dire que je ne la connais pas si bien que ça. Bien sûr qu'elle a encore des secrets pour moi, comme moi j'en ai pour elle. Et j'accepte cela. Mais j'aurais pensé qu'elle avait suffisamment confiance en moi pour me parler de ce qui ne va pas, de ce qui lui fait de la peine ou non. Visiblement, je me trompais...

- Akiko ? m'interrompt alors une voix.

Un violent frisson me parcourt aussitôt et je me relève alors violemment, mon regard toisant celui qui se tient devant moi. Manjiro Sano. D'habitude si heureuse de le voir, je n'ai pourtant actuellement aucune envie d'avoir affaire à lui. Je préfère presque être seule plutôt que de me retrouver devant lui.

Je n'ai toujours pas digéré la façon dont il est parti la dernière fois. Je n'ai toujours pas digéré son regard désolé, ainsi que sa fuite subite. Et je n'aime pas la façon dont il me regarde actuellement, avec un mélange de regret et de tristesse.

- Akiko...

- Ne dis rien. dis-je, sans aucune émotion dans la voix.

Je suis lassée, épuisée de devoir me battre constamment pour prouver ma valeur, pour devenir proche de quelqu'un. J'en ai marre de toujours donner de moi, et d'être déçue à la fin. Je ne veux plus rien de tout cela.

Dans un silence absolu, je m'assois de nouveau au bord de la piscine, replongeant mes pieds dans l'eau gelée, comme si celle-ci pouvait me permettre de me maintenir éveillée dans cette désagréable réalité.

Le regard porté droit devant moi, je ne montre rien. C'est comme si j'étais vide, comme si j'étais fatiguée d'avoir tant montré ce que je ressentais. Fatiguée de m'être trop souvent découverte devant tout le monde.

Manjiro me rejoint, s'asseyant à mes côtés dans ce silence de plomb. Nous ne nous regardons pas. Nous ne nous touchons pas. Nous sommes là, comme deux étrangers en pleine observation d'un ciel étoilé.

Puis finalement, au bout de quelques minutes d'un lourd silence, je sens le regard de Manjiro se poser sur moi. D'abord réticente à l'idée d'entrer en contact, je tourne finalement légèrement la tête vers lui, mon regard rencontrant le sien comme pour la toute première fois.

Nous restons ainsi durant un temps qui me semble être une éternité. Nous ne parlons pas. Nous nous observons. Nous nous analysons, essayant de comprendre le ressenti de la personne en face de nous. Une découverte silencieuse qui nous a pourtant été utile par le passé.

La fête bat toujours son plein dans la maison, mais ce n'est pas le plus important. Seule la musique dansante parvient à impacter notre attention. Une musique captivante et exaltante, qui donne envie de bouger un peu.

Manjiro coupe finalement court à notre échange silencieux, se levant pour épousseter ses vêtements. Puis, toujours dans un silence total, il tend la main vers moi, son regard se reposant avec douceur sur ma personne.

Que veut-il ? Danser avec moi ? Est-ce vraiment une bonne idée ? Je n'ai aucune envie qu'il regrette son geste, comme la dernière fois. Je n'ai aucune envie de me sentir de nouveau humiliée et abandonnée.

Pourtant, je sais que le sourire qu'il m'accorde est sincère, comme un signe de pardon. Il veut que je danse avec lui, comme pour tout recommencer. Comme pour oublier ce malheureux accident de la dernière fois. Bien que pour moi, ce n'en soit pas un...

Hésitante, j'avance malgré tout lentement ma main pour saisir la sienne, souhaitant lui accorder une seconde chance. Une dernière chance. Aussitôt, ses doigts se resserrent autour des miens, enveloppant ainsi tout mon corps dans une chaleur rassurante. Un léger sourire naît alors sur mes lèvres.

Je me lève et, sans avoir le temps de remettre mes chaussures, Manjiro passe son bras autour de ma taille pour me maintenir fermement contre lui, avant d'entamer une tendre valse. Mon regard toujours dans le sien, je me laisse guider dans ce silence devenu étonnement agréable.

Nous valsons, nous tournons, nous nous rapprochons. Le froid a rapidement été remplacé par une atmosphère chaude et bienveillante, par une atmosphère douce et romantique.

Sa main dans le creux de mon dos, je sens mon sang pulser à chacun de nos mouvements. Que nous soyons proches ou éloignés, que nous soyons distants ou rapprochés, je me sens toujours irrémédiablement attirée vers lui. Par lui.

Lentement, je passe mes mains autour de sa nuque, tandis que ma tête se loge d'elle-même dans le creux de son cou pour humer délicieusement son odeur. Je le sens frissonner légèrement contre moi, me faisant alors sourire d'amusement.

Ses bras se resserrent autour de ma taille, m'empêchant presque de respirer. Pourtant, je ne veux pas qu'il me relâche. Je ne veux pas qu'il s'éloigne. Je me sens si bien dans ses bras. Tellement bien...

- Mon Manjiro... chuchotai-je doucement, ce qui le fait de nouveau tressaillir contre moi.

Il ne dit rien, mais je sais que ces deux mots l'ont touché bien plus qu'il ne veut le montrer, me faisant alors sourire davantage. Je me colle encore plus à lui, bien que pourtant, ce ne soit pas possible, et nous restons ainsi durant de longues secondes, nous arrêtant de danser pour simplement savourer la présence de l'autre.

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Ma poitrine collée au dos de Manjiro, je souris en sentant ses muscles bouger au rythme de la vitesse d'accélération de sa moto. Sa chaleur corporelle, son corps, sa simple présence, tout en lui apaise mon cœur et me rends encore un peu plus folle de lui.

C'est avec douceur que je pose ma tête sur l'épaule de Manjiro. C'est avec douceur que je raffermie ma prise sur son corps. C'est avec douceur que je me laisse aller contre lui. Et c'est avec douceur que je pousse un soupir de bien-être.

Mes yeux se ferment lentement, savourant sa simple présence à mes côtés. Malgré sa fuite de la dernière fois, malgré son absence de nouvelles, je suis heureuse d'être encore aujourd'hui aussi près de lui.

J'aimerais seulement qu'il m'explique pourquoi. Pourquoi a-t-il fui ainsi ? Pourquoi ne pas me donner la moindre explication, ou la moindre excuse ? Que se passe-t-il dans sa petite tête pour qu'il agisse ainsi ?

Finalement, nous arrivons à mon domicile avant même que je trouve un semblant de réponse. Et c'est dans un silence total qu'il coupe le moteur de sa moto. Et c'est dans un silence total que je descends seule de son véhicule, avant de lui tendre mon casque. Et c'est dans un silence total que je le salue brièvement, avant de tourner les talons pour rentrer chez moi.

Un soupir de frustration quitte mes lèvres tandis que je m'éloigne de plus en plus de lui. J'aurais aimé qu'il me retienne, ne serait-ce que pour s'excuser après. J'aurais aimé qu'il me parle, qu'il se livre de nouveau à moi. J'aurais aimé tellement de choses...

- Akiko, attends ! entendai-je alors, en sentant soudainement une pression sur mon poignet.

Je me retourne brusquement, surprise qu'il me retienne aussi violemment. Sa prise sur mon poignet est étonnement forte. C'est comme s'il luttait de toutes ses forces pour me retenir de partir, comme s'il avait peur que je parte sans jamais revenir auprès de lui.

- Manjiro...

Ma voix tremble légèrement, comme émue par sa tentative désespérée de me retenir près de lui. Mon cœur s'emballe de douceur, tandis qu'une petite larme quitte mon œil pour couler le long de ma joue.

J'ai douté. Pendant un instant oui, j'ai douté. Je ne pensais pas qu'il me retiendrait d'une manière aussi désespérée. Je ne pensais pas que ses yeux refléteraient une peur aussi profonde que les miens.

D'un geste lent, il passe son pouce sur ma joue pour essuyer ma larme. D'un geste lent, il y dépose sa main pour la caresser d'une manière douce et tendre. D'un geste lent, il rajoute son autre main sur ma joue pour que mon visage soit coincé par sa chaleur.

Je ne sais pas quoi penser de tout cela. Pourquoi me regarder ainsi, aussi désespérément, si c'est pour risquer de fuir de nouveau ? Pourquoi me retenir ainsi, si c'est pour regretter son geste ensuite ? Et surtout, pourquoi me faire espérer ainsi, si c'est pour m'abandonner après ?

- Manjiro... Pourquoi ?

Pourquoi. Voilà la seule question qui a eu la force de quitter mes lèvres. Voilà la seule question qui résume toutes les autres. La seule qui pourra peut-être me permettre d'obtenir enfin une réponse, même quelconque.

Manjiro secoue doucement la tête, faisant davantage battre mon cœur. Ce n'est donc pas le bon moment pour obtenir enfin une explication ? Ce n'est donc pas le bon moment pour me dire tout ce qu'il a sur le cœur ?

Un soupir frustré quitte mes lèvres. Moi qui pensais qu'il allait enfin tout me dire de lui... Est-ce que ce serait vraiment possible ? L'envisage-t-il seulement un jour ?

Avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, il s'éloigne rapidement de moi pour courir vers sa moto, comme s'il voulait fuir loin d'ici, loin de moi. J'ai l'impression de sentir mon cœur se briser un peu plus, alors que je commence à faire demi-tour pour rentrer définitivement chez moi.

Mais avant que je ne puisse faire le moindre mouvement, j'entends les pas précipités de Manjiro se rapprocher de nouveau de moi. Clignant plusieurs fois des yeux d'incompréhension, je décide de lui faire de nouveau face pour comprendre ce qu'il cherche à faire.

Il se tient debout devant moi. Grand comme jamais. Imposant et sûr de lui. Un fin sourire orne son visage, tandis qu'il tend la main vers moi. Son regard passe alors de mes yeux à sa main, et vice versa, jusqu'à ce que je décide de baisser à mon tour le regard.

C'est alors que je remarque un petit paquet cadeau au creux de sa main. Un petit cadeau simple, emballé maladroitement et avec beaucoup d'empressement. Un petit cadeau qu'il a lui-même choisi de bon cœur.

Mon cœur bondit d'un seul coup dans ma poitrine, reprenant espoir. Est-ce vraiment ce que je crois ? Est-ce vrai ? Est-ce un cadeau pour moi ? Est-ce vraiment un cadeau pour moi ?

Manjiro hoche lentement la tête, comme pour répondre à mon interrogation silencieuse. Mon cœur se gonfle davantage, et je lève alors la main pour saisir son paquet.

Je commence à vouloir l'ouvrir, mais il pose aussitôt sa main sur la mienne, comme pour m'en empêcher. Je fronce les sourcils et reporte mon attention sur lui, cherchant à comprendre ce qu'il veut réellement que je fasse.

- Ouvre-le une fois que tu seras seule. dit-il simplement, sa voix profonde me faisant doucement frissonner.

Dans un silence absolu, je me contente de hocher la tête pour lui faire comprendre que j'ai compris, que j'accepte sa demande. Il sourit légèrement, comme soulagé, et il se penche alors vers moi.

Sans que je ne puisse réagir, ses lèvres se posent avec douceur sur ma joue, tout mon corps ressentant alors une forte chaleur. Mes yeux s'écarquillent de surprise, tandis qu'il s'éloigne de moi pour retourner vers sa moto.

Il me fait un petit signe de tête, un sourire en coin collé aux lèvres, avant de remettre son casque pour quitter les lieux. Tout cela s'est passé tellement vite que je n'ai pas eu le temps de réagir.

Mes joues sont rouges. Mon cœur bat à tout rompre. Mon corps est comme paralysé. Je réalise alors que quoi que je puisse faire, quoi que je puisse dire, je ne pourrais jamais lui résister.

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Assise sur mon lit, je regarde en silence le petit paquet de Manjiro, posé juste devant moi. Un paquet doré avec un joli petit nœud rouge. Je souris doucement en constatant qu'il a pensé au moindre détail.

Lentement, je tends la main vers lui pour le saisir, constatant de nouveau sa légèreté et sa petite taille. Je me retiens de le secouer, de peur d'abîmer ce précieux présent. Que peut-il bien contenir ?

D'une main experte, je tire le nœud rouge, qui tombe alors gracieusement sur mon lit. Le papier doré se retire rapidement, facilement, laissant visible une simple petite boîte grise. On dirait une sorte de boîte à bijoux.

Je la regarde sous toutes les coutures, me demandant ce qu'elle peut bien contenir. Dois-je l'ouvrir maintenant ? Il est vrai que Manjiro m'a dit de le faire une fois que je serais seule. Mais le puis-je seulement, maintenant ?

Je n'ai pas envie d'attendre davantage. La tentation de la découverte est bien trop forte. Manjiro m'a demandé une seule chose et je l'ai respectée. Par conséquent, il est temps pour moi de découvrir son contenu.

Avec une grande inspiration, j'ouvre lentement la boîte, comme si celle-ci pouvait contenir tous les pouvoirs de Pandore. Mais à l'intérieur, rien de tout cela. À l'intérieur, un beau bijou. Un pendentif et une chaîne dorés.

Un collier représentant un cœur mêlé au symbole de l'infini, contenant une inscription dans son dos. Mon cœur se met à battre plus vite lorsque je la lis. Lorsque je constate qu'il s'agit d'une citation de Paul Éluard. « C'est à partir de toi que j'ai dit oui au monde. »

Des larmes me montent aussitôt aux yeux lorsque je réalise le sens de cette citation. À travers cette simple phrase, Manjiro me témoigne son respect et son réel amour pour moi. À travers cette simple phrase, il me montre son intérêt et son intention.

Manjiro, tu n'es qu'un idiot... Est-ce si dur de le dire en face ? Est-ce si dur de se dévoiler faiblement devant la femme que tu aimes ? Toi et tes manières séductrices et adorables, vous m'avez encore bien eu...

Je souris toute seule, tendrement émue, tandis que de douces larmes coulent le long de mes joues. J'attache avec délicatesse le collier autour de mon cou, comme s'il s'agissait du plus beau présent de tous les temps.

La chaîne finalement attachée autour de mon cou, je touche avec légèreté le pendentif, mon cœur battant toujours de douceur pour ce beau cadeau. Manjiro, tu es décidément le seul pouvant me faire ressentir cela. Le seul pouvant me combler aussi facilement.

C'est alors que je remarque un morceau de papier, caché dans un coin de la boîte. Je reste quelques instants interdite, avant de le saisir lentement, comme incertaine de ce qu'il peut me révéler.

Dessus, une petite ligne. Une simple indication. « Retrouve-moi le soir du réveillon du Nouvel An, à l'endroit exact où nous nous sommes embrassés la première fois. Viens à 22h, et je répondrais alors à toutes tes interrogations. »

Mon cœur s'accélère aussitôt. Un rendez-vous le soir du réveillon du Nouvel An ? Et à un endroit bien symbolique pour nous deux ? Oh Manjiro, qu'est-ce que tu peux bien mijoter de nouveau ?

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