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Akiko
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Un deuxième jour difficile.
Une action douloureusement acceptée.
Un retournement de situation.
Un compliment très apprécié.

Me revoilà finalement à la patinoire, dansant de toute mon âme, de tout mon cœur, sur la piste gelée. Chacun de mes gestes, le moindre de mes mouvements, tout, absolument tout est parfaitement contrôlé. Je suis vraiment dans mon élément.

Lorsque mon passage se termine, je fais une courte révérence face au jury, un grand sourire aux lèvres, avant de quitter la piste d'un bon pas pour laisser place à la prochaine concurrente.

Je retire mes patins et rejoins rapidement Emi dans les vestiaires. Elle m'accueille avec un grand sourire, me tendant une serviette pour que je puisse essuyer mes perles de sueur, tout en saisissant en même temps ma gourde pour la porter à mes lèvres.

- Alors, tes pronostics ?

- Je suis plutôt confiante sur ce tour-là. Bien plus qu'aux dernières sélections. Je pense que demain, c'est la bonne.

- Surtout avec ta nouvelle chorégraphie. dit-elle en souriant, dans un clignement d'œil.

- Exactement. rigolai-je légèrement.

Nous nous lançons un regard rempli de complicité. Nous savons toutes les deux combien j'ai bossé dur sur cette chorégraphie. J'y ai mis tout mon corps et toute mon âme, dedans. Elle me représente parfaitement.

- Tu as l'air excitée.

- Oh que oui ! J'ai hâte de pouvoir la présenter demain devant le jury.

Un grand sourire orne à présent mon visage. Un sourire confiant. Radieux. Un sourire qui dit que je vais tout réussir demain. La victoire sera mienne, après tant d'épreuves et d'imprévus. Ce sera ma victoire.

Je m'assois sur le banc, près de ma meilleure amie, celle-ci me tendant une barre de céréales pour me requinquer un peu. Elle a raison. Il est important de remplir son estomac après un enchaînement aussi intense.

- Et toi alors ? demandai-je, en croquant dans ma barre. Comment ça s'est passé ?

- Je n'ai pas trop d'avis là-dessus. Les coachs sont bien plus exigeants maintenant, mais je dirais malgré tout que ça a été. Ce n'est pas ce que j'ai fait de meilleur, mais je suis loin d'être la plus minable.

- Tu n'es pas du tout minable, Emi. Au contraire, tu es vraiment extraordinaire.

Emi me fait un petit sourire timide de remerciement, et je la prends dans mes bras quelques secondes. Ce n'est pas souvent qu'elle se met la pression pour bien faire quelque chose. Alors forcément, je veux être là pour elle quand cela arrive.

- Oh, mais que vois-je ? Des personnes totalement inutiles à cette société. intervient soudain une voix méprisable.

Un soupir s'échappe aussitôt de nos lèvres lorsque nous devinons de qui il s'agit. Nao. Encore et toujours. Nous reportons un léger regard vers elle. Un regard désintéressé et lassé par sa présence misérable.

- Encore en train de cracher ton venin ? Tu t'enlèves des années de vie toute seule, ma pauvre. s'exclame Emi.

Notre ennemie jurée ricane légèrement, avant de s'approcher de nous de sa démarche malsaine. Tout en elle nous inspire le dégoût et la haine. Il n'y a rien d'appréciable chez elle. Je me demande encore aujourd'hui comment j'ai pu faire pour devenir amie avec une personne comme elle.

- Tu te crois drôle, Emi ?

- Plus drôle que toi, en tout cas.

- Tu es tellement pathétique, c'en est lassant... soupire-t-elle, un sourire pourtant toujours moqueur aux lèvres. Au passage, sympa ta chorégraphie, Akiko. Mais dommage pour toi, ça ne te permettra pas de te qualifier.

Je fronce les sourcils face à sa phrase. Qu'est-ce qu'elle mijote encore ? Il est vrai qu'elle nous a déjà menacé à propos de ces sélections, mais je ne pensais pas que ce serait si sérieux. Qu'est-ce qu'elle compte faire ?

Nao sourit davantage, ravie d'avoir semé la zizanie dans mon esprit. C'est l'un de ses domaines de prédilection : semer le trouble chez son ennemi. Elle y arrive toujours très bien.

- Ça va être à mon tour. dit-elle, en jetant un rapide coup d'œil à son portable. Vous devriez venir me voir sur la glace. Je pense que vous trouverez ça très intéressant...

Elle glousse légèrement et s'éloigne finalement de nous pour se rendre sur la piste glacée. Il n'y a rien d'intéressant chez elle. Pourtant, mon instinct me pousse à aller voir sa chorégraphie, comme si cela pouvait me permettre d'obtenir de nouvelles réponses à mes interrogations.

Je lance un léger regard à Emi, qui hausse les épaules d'exaspération. Elle pense que ce n'est pas une bonne idée, mais elle veut quand même aller voir également. Nous décidons donc d'un commun accord de nous rapprocher de la piste.

Nao est debout face au jury, les saluant rapidement d'une démarche gracieuse. Puis, elle se retourne pour se mettre en position. Son regard croise aussitôt le mien, et un grand sourire mauvais apparaît sur son visage, me procurant des frissons d'avertissement.

Et finalement, la musique se lance. Une musique que je connais bien, tout comme les mouvements. Mon cœur rate aussitôt un battement et je fais un pas en arrière, sous le choc, lorsque je me rends compte de la situation.

- Emi...

- Oh putain, c'est pas vrai ! s'exclame ma meilleure amie, une colère sans nom sur son visage.

Les larmes me montent aux yeux. Mon cœur se déchire subitement. Ma respiration tressaute. J'ai envie de partir d'ici. Pour la première fois de ma vie, je veux fuir cette réalité qui n'est plus la mienne.

Nao a volé la chorégraphie que je comptais présenter demain devant le jury. Elle a volé la seule chose qui comptait pour moi en ce jour. Et je ne peux plus rien faire pour l'arrêter.

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Je me tourne et me retourne dans mon lit, sans pouvoir trouver le sommeil. Mon cœur est encore chamboulé par ce qu'il s'est passé. Comment a-t-elle osé voler ma chorégraphie ? Et surtout, comment a-t-elle fait ?

Je ne mets pas longtemps à comprendre que c'est lors de nos entraînements communs des derniers jours, où chacune de nous pouvait s'entraîner ou observer librement l'enchaînement des autres. Je serre les poings rien que d'y penser.

J'ai baissé ma garde au plus mauvais moment. Je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. Je l'ai laissé avoir ce qu'elle voulait, alors qu'elle nous avait prévenu de son futur mauvais coup. Mais jamais je n'aurais imaginé qu'elle en viendrait à un coup aussi bas. Jamais.

Je me redresse brusquement dans mon lit, avant de balancer de rage tout ce qui me tombe sous la main. Mes oreillers, les uns après les autres, mes chaussons, ma bouteille d'eau... Même mon réveil manque d'y passer.

De nouvelles larmes coulent le long de mes joues. J'ai l'impression de ne faire que ça, en ce moment. Pleurer, sans pouvoir m'arrêter. Il faut croire que je me mets bien plus la pression que je ne le pensais.

Durant tout l'après-midi, Emi a tenté de me consoler, sans parvenir à trouver les bons mots. Je crois qu'elle ne s'est jamais sentie aussi mal et impuissante qu'en ce jour. Et je la comprends. J'ai ressenti la même chose quand Nao m'a trahie une nouvelle fois.

Un léger son se fait soudain entendre, tandis que je me rallonge brusquement sur mon lit. Je viens de recevoir un message, mais je n'ai aucune envie de savoir de qui il s'agit. La personne insiste cependant, si bien que je finis par saisir mon téléphone dans un soupir triste.

Manjiro :
Salut princesse :(
J'ai appris ce qu'il s'est passé aujourd'hui. Je suis sincèrement désolé pour toi.
Je sais que c'est dur, mais tu ne dois pas abandonner. Ne la laisse pas gagner, Akiko. Je sais que tu es capable de la battre à son propre jeu.

La battre à son propre jeu ? Que veut-il dire par là ? Je devrais moi aussi voler sa chorégraphie ? Non, je ne peux pas faire ça. Ce n'est pas dans mon mode de fonctionnement. Je ne suis ni une tricheuse, ni une voleuse.

Moi :
Salut Manjiro :(
Merci pour ton message, c'est adorable de ta part de t'inquiéter de la sorte.
Cependant, je ne comprends pas vraiment ce que tu veux dire par « la battre à son propre jeu. »
Rassure-moi, tu ne me demandes quand même pas de lui voler également sa chorégraphie ?

Manjiro :
Non, pas du tout. Je sais que tu ne pourras jamais lui faire un coup aussi bas, malgré tout ce qu'elle t'a fait. Tu n'es pas du tout comme ça, et je ne veux pas que tu le deviennes.
Je pensais plutôt à une amélioration de ta chorégraphie. Tu fais la même, en modifiant certains passages. Joue sur ce que toi tu sais faire de mieux, et qu'elle ne pourra jamais réussir.

Jouer sur ce qu'elle ne sait pas faire ? Il est vrai que je suis meilleure qu'elle sur certains nombres de points, mais pour le moment, je ne sais pas quoi faire pour la battre à son propre jeu... À moins que...

J'ai toujours été plus légère et rapide qu'elle sur certains mouvements. Plus... Aérienne. Et si je rendais ma chorégraphie plus aérienne ? L'espoir renaît dans mon esprit, tandis que je visualise toutes sortes de sauts. J'ai une idée, mais pour cela, il me faut m'entraîner.

Moi :
Merci beaucoup Manjiro.
Je crois que je viens de trouver quelque chose qui pourrait faire l'affaire. Je te tiendrais au courant de ce que ça donnera.

Un sourire orne à présent mon visage. Un sourire déterminé, en quête de victoire. Je sors de mon lit pour enfiler rapidement ma tenue d'entraînement, malgré l'heure tardive. Je dois m'entraîner, maintenant, tout de suite. Nao Keiki, tu ne t'en sortiras pas indemne cette fois-ci. Je t'en fais la promesse.

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- Non, mais dis-moi que je rêve ! Ne me dis pas que tu as passé la nuit à t'entraîner ?

- Bonjour à toi aussi, Emi. dis-je en reprenant mon souffle, tout en portant ma gourde à mes lèvres. J'ai peut-être trouvé un moyen de battre Nao.

- Et pour se faire, tu devais absolument te priver de sommeil ?

- Je n'aurais pas réussi à dormir de toute façon. Alors, autant occuper mon temps de manière utile.

Emi pousse un soupir exaspéré, les mains sur les hanches, se demandant encore ce qu'il s'est passé dans ma tête. Elle va vraiment finir par me prendre pour une folle. Je rigole légèrement en pensant à cela et retourne à mes occupations.

- Bon, qu'est-ce que je peux faire pour t'aider ? demande-t-elle finalement, dans un soupir exaspéré.

Je laisse mes patins glisser, avant de finalement m'arrêter pour me tourner vers ma très chère meilleure amie. Un sourire moqueur aux lèvres, je commence à lui tourner autour lorsqu'elle entre sur la glace.

- Tiens tiens, tu veux m'aider maintenant ?

- Je suis ta meilleure amie. C'est la chose normale à faire, non ? Et puis, si c'est pour faire manger le sol à ce maudit insecte inutile...

Je ne dis rien de plus, un grand sourire ornant à présent mon visage. Je peux toujours compter sur elle, même dans les moments difficiles. Et surtout, comme elle l'a dit, si cela implique de mettre la raclée à une certaine personne nuisible...

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Ça y est. Nous y sommes. Chaque candidate se tient debout sur ses patins, le regard braqué en avant, attendant ce qui va suivre, comme si nous étions à la guerre, prêtes à en découdre.

Stella Yakusu arrive finalement, au bout de longues minutes interminables. Le regard toujours aussi sérieux, elle pénètre sur la glace de sa démarche singulière, des documents entre les mains.

Elle glisse légèrement, dignement. Royalement. Elle glisse jusqu'à nous, une pression ardente se faisant de nouveau ressentir sur nos frêles épaules. Dès l'instant où elle s'arrête devant nous, nous comprenons que nous y sommes. Que ce sont les phases finales pour notre avenir.

- Bonjour à toutes. dit-elle fortement, bien trop fortement. Ceci est le dernier jour de qualifications. Je veux que vous vous donniez à fond, que vous franchissiez cette étape avec vos forces, avec votre propre talent. Je sais que vous en êtes capables, sinon vous ne seriez pas ici. Alors n'hésitez pas. Foncez ! Faites de cette journée un résultat dont vous pourrez être fière ! Je crois en vous, en chacune de vous. Ne nous décevez pas.

Mon cœur se gonfle soudainement de détermination face à ses paroles. Je me sens prête à en découdre, prête à tout tenter pour garantir ma place. Je dois absolument y arriver. Je ne me donne pas d'autres chances.

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Déjà trois patineuses sont passées. La quatrième vient tout juste d'entrer sur la glace. Chacune semble bien plus stressée que d'habitude. Il faut dire que le jury ne nous aide pas vraiment à nous détendre, si bien que ça déstabilise toutes celles qui pénètrent sur la surface gelée.

Un homme masqué a pris place parmi le jury, accentuant la panique chez certaines d'entre nous. Nous ne voyons pas son visage. Il reste obstinément caché, comme s'il avait un énorme secret à nous dissimuler.

Stella n'a rien voulu nous confier sur ce nouveau membre. Elle nous a simplement dit que l'on saura tout le moment venu. Autant vous dire que c'est loin de nous rassurer.

Un soupir passe la barrière de mes lèvres, tandis que j'attends, assise sur un banc. Je passe juste après Nao, en dernière position. Je n'ai aucune envie de voir son petit air suffisant lorsqu'elle terminera son tour.

- Ça va aller, ok ? Tes nouveaux mouvements sont vraiment top. Donc no stress, tu vas gérer.

J'accorde un léger sourire à mon amie. Elle me dit ça, mais elle n'a plus besoin de stresser, elle. Son passage vient tout juste de se terminer. Elle n'a plus qu'à attendre. C'est loin d'être mon cas.

Emi passe doucement sa main dans mon dos, faisant de petits mouvements circulaires pour m'aider à canaliser ma peur et mon stress. Je ferme les yeux pour me laisser envahir par cette aide adorablement offerte.

- Tu vas y arriver. continue-t-elle. Tu as travaillé dur. Je sais que tu vas réussir. Je le sens au fond de moi.

Lentement, j'inspire et j'expire pour calmer les palpitations de mon cœur. J'essaie de me baser sur les petits mouvements de la main de la grisée. Et ça marche. Je commence à me sentir un peu mieux.

Je fais à présent le vide dans mon esprit, chassant mes idées noires pour ne garder que la concentration et la détermination nécessaire. Tout va bien se passer. Emi croit en moi, tout comme mes amis. Je peux y arriver.

- Le passage de Nao Keiki des Dream Breakers vient de se terminer. Prochaine et dernière candidate : Akiko Chiharu des Wonders of Hope ! Vous avez trois minutes pour vous présenter devant le jury, sous peine de vous faire disqualifier. entendai-je soudain.

Je tressaille légèrement. Ça y est, c'est finalement à mon tour. C'est le moment tant attendu. Le moment de tout donner pour parvenir à mes fins, pour me rapprocher davantage de mon rêve.

Je lance un bref regard à Emi, qui comprend aussitôt et arrête donc ses mouvements sur mon dos. Je me lève lentement, le regard plus déterminé que jamais. Je dois réussir. Il le faut.

Emi se lève à son tour et s'éloigne de moi pour rejoindre Ely, levant son poing en l'air en signe de victoire. Je rigole légèrement et hoche la tête, avant de me diriger vers la piste gelée.

Sur le chemin, je croise Nao, qui sourit d'un air mauvais lorsqu'elle m'aperçoit. Je sais qu'elle s'apprête encore une fois à déverser son venin. Mais cette fois, je ne me laisserais pas déstabiliser. Je ne la laisserais pas gagner.

- Tu es venue pour rien, j'en ai peur. commence-t-elle, en ricanant comme à son habitude. Tu ne seras jamais sélectionnée avec un score aussi minable que la dernière fois.

- Oh, tu t'inquiètes pour moi ? Comme c'est adorable de ta part. souriai-je niaisement. Mais je te rassure tout de suite, c'est inutile. Avec ce que j'ai prévu de nouveau dans ma chorégraphie, j'obtiendrais ma place dans l'équipe nationale. Toi par contre, c'est moins sûr, puisque tu as volé la chorégraphie de quelqu'un de soi-disant minable.

Elle fronce légèrement les sourcils, visiblement peu ravie par ma dernière phrase. Je souris davantage et lui fais un clin d'œil, avant de forcer le passage en percutant violemment son épaule pour me diriger vers le jury. Je l'entends souffler bruyamment derrière moi, et je jubile alors de satisfaction.

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Inspire... Expire... Fais comme d'habitude. Recommence. Inspire... Expire... Ne te laisse pas avoir par leurs regards qui te jugent. Ne te sous-estime pas. Ne le fais plus. Tu sais que tu en es capable. Crois seulement en toi. Et tourne.

Mes mouvements suivent parfaitement la musique entraînante. C'est comme si ma chorégraphie lui était liée, comme si elle lui était destinée. Aucune fausse note. Aucun geste inutile. Tout est parfaitement coordonné.

Légère. Aérienne. Douce. Élégante. Puissante. Dynamique. Voici les six mots qui me représentent actuellement, tandis que j'enchaîne sur un double Salchow à la suite d'un Petit Piqué et d'une longue glissade, puis sur un Saut Écarté.

Je sens de nombreux regards braqués sur moi. Tous les regards. Mais cela ne me dérange pas. Je suis dans mon élément. Je me sens bien, je me sens libre. Moi-même. Le reste m'importe peu.

J'inspire profondément, puis enchaîne sur un Axel parfaitement réalisé. Un sourire apparaît au coin de mes lèvres. C'est bientôt le moment de sortir ma botte secrète.

Je calme le tout en tournant sur moi-même quelques instants, visualisant en avance le saut que je m'apprête à réaliser. Pas de geste brusque. Il faut que je sois sûre de moi. Pas d'hésitation sous peine d'échec.

Je ferme les yeux en glissant en ligne droite sur la piste. Mon corps se sent bien. Il est prêt. Il veut faire cette figure pourtant considérée comme dangereuse. Mais pour gagner, je suis prête à tout.

C'est donc avec toute ma rage, avec toute ma concentration, et avec tout mon cœur que je me laisse aller, que je lance mon corps en arrière. Un back flip. Un salto arrière... Un Bonaly. Et lorsque finalement, j'atterris parfaitement sur mon pied gauche, c'est l'effarement.

Un sourire lumineux orne mon visage lorsque je me laisse glisser pour aller saluer le jury, qui semble tellement surpris qu'aucun mot ne quitte leurs lèvres. Puis, je quitte la piste gelée d'une démarche lente, mon cœur battant à tout rompre. J'ai réussi. J'ai vraiment réussi.

Emi et Ely se précipitent aussitôt vers moi pour me prendre dans leurs bras, hurlant à plein poumons leur joie et leur étonnement. Surtout Ely. Je ne l'ai jamais vu aussi heureuse et fière qu'à ce moment précis.

- C'était incroyable, Akiko ! C'était incroyable, putain ! s'exclame-t-elle fortement.

Je souris fièrement face à leur expression ravie. Je ne m'attendais pas à une telle effervescence de leur part. Même Nao, que je repère au loin, semble être verte de jalousie, ce qui accentue davantage mon ravissement.

Les filles s'écartent finalement de moi, gardant malgré tout leur grand sourire aux lèvres. Je les remercie d'un hochement de tête, avant de me retourner vers le jury, qui vient de se lever pour se rapprocher de nous toutes.

- Bravo les filles. commence Stella, visiblement fière de nous, bien que son regard se pose principalement sur moi. Vous avez su montrer vos capacités et vous démarquer les unes des autres. Comme convenu, vous aurez les résultats le 25 décembre. D'ici-là, tâchez de rester patientes et continuez de vous entraîner.

Nous nous contentons de hocher gravement la tête en silence, comme de parfaits petits soldats. Puis, nous nous tournons les unes vers les autres, un grand sourire aux lèvres. Terminé. C'est enfin terminé.

Un soupir de soulagement quitte mes lèvres, tandis que je lève les bras en l'air pour m'étirer légèrement. Nous commençons ensuite à nous diriger vers les vestiaires, quand un raclement de gorge se fait soudain entendre.

- Je n'ai pas terminé, mesdemoiselles. reprend Stella, ce qui nous force à nous retourner vers elle. Une personne très spéciale est venue vous voir, vous observer aujourd'hui. Cette personne, vous la connaissez toutes très bien.

Elle fait un petit signe à l'homme masqué de tout à l'heure, qui était assis parmi les membres du jury. Le connaître ? Actuellement, c'est difficile à dire avec sa capuche noire, ses lunettes de soleil et son masque chirurgical. Aucune de nous ne semble avoir trouvé de qui il s'agit.

Stella Yakusu a un grand sourire aux lèvres, chose très rare venant d'elle. Un météore risque-t-il de nous tomber sur la tête ? Les Japonais sont-ils devenus les maîtres du monde ? Peppa Pig a-t-elle finalement terminé à la casserole ?

L'homme masqué s'approche de nous, dans le plus grand des silences, avant de s'arrêter aux côtés de notre coach. Même sans voir ses yeux, je suis persuadée qu'il nous regarde avec minutie et sérieux. Il nous analyse de son regard mystérieux. Et finalement, après de longues secondes d'un calme ardent, il retire son costume de fortune.

Ma respiration se bloque aussitôt face à l'homme qui se tient debout devant nous. Mon cœur bat la chamade, tandis que mes yeux s'écarquillent comme jamais. Même ma bouche doit être grande ouverte sous le coup de la surprise.

Devant nous se tient, dans sa prestance imposante légendaire, le célèbre ancien champion du monde de patinage artistique. Yuki Makoto. Mon idole. Ma source d'inspiration. Le vrai, en chair et en os. Je n'arrive pas à y croire.

- Je vois à vos mines surprises que vous ne vous attendiez pas à une telle découverte. rigole légèrement Stella. Reprenez-vous vite car ce n'est pas sûr qu'il apprécie vos réactions ravies encore très longtemps.

- Que... Que voulez-vous dire ? demande Nya Shikkari, encore ébahie par la surprise.

- Ce qu'elle veut dire, c'est que vous allez m'avoir sur le dos pendant un bon moment. Du moins, celles qui seront sélectionnées pour faire partie de l'équipe nationale. dit gravement Yuki Makoto, la tête haute et les mains dans le dos. Parce que je vais devenir l'entraîneur officiel de cette future équipe nationale féminine.

Des exclamations de surprise se font de nouveau entendre, tandis que des murmures se répandent en écho tout autour de nous. Personne ne s'attendait à une telle annonce. Personne.

Je regarde Emi avec de grands yeux surpris, n'arrivant pas à assimiler cette grandiose information. Yuki Makoto, entraîneur officiel de l'équipe nationale féminine de patinage artistique ? Je n'y croirais pas, même s'il s'agissait d'un rêve. C'est bien trop beau pour être vrai.

Pourtant, au vu du regard froid que me lance l'ancien champion du monde, je sais que c'est la réalité. Et surtout lorsqu'il s'approche de moi de sa démarche sérieuse et droite, je comprends que je ne pourrais plus jamais m'imaginer une telle scène.

- Akiko Chiharu ? commence-t-il.

- Ou... Oui !

- Allons, détendez-vous. Je ne vais pas vous manger. se moque-t-il gentiment de moi, un sourire en coin brisant cette image froide qu'il veut donner. J'ai été très impressionné par votre prestation. Et tout particulièrement par votre salto arrière. Le...

- Le Bonaly ! je m'exclame alors, avant de me racler la gorge pour me donner une certaine contenance. Vous parlez du Bonaly.

- Oui, c'est bien lui. Vous avez imité la technique de la championne française Surya Bonaly.

- En effet.

- Pourquoi avoir fait cela ? En compétition amatrice, elle vous aurez porté préjudice.

Je ne m'attendais pas à une telle question. Il est vrai que j'ai voulu faire cette technique pour battre en premier lieu Nao, pour me venger puisqu'elle a osé me voler ma chorégraphie. Mais est-ce que c'était vraiment la seule raison ?

Je réfléchis durant quelques secondes, cherchant au plus profond de mon être une potentielle autre raison à cette envie soudaine de réaliser ce qui me semblait jusqu'alors impossible. C'est alors que je comprends.

- La vérité, c'est que je voulais me prouver à moi-même que j'étais capable de réaliser une telle figure, que je pouvais faire beaucoup plus que mes capacités actuelles. Je voulais à tout prix la réaliser pour montrer que rien n'est impossible si on se donne les moyens de réussir.

Yuki Makoto hoche sérieusement la tête, semblant comprendre le sens de mes paroles. Puis, d'un geste lent, il pose sa main sur mon épaule, provoquant des frissons dans tout mon petit corps.

- Je vous félicite, c'était très réussi. Vous pouvez être fière de vous. dit-il, avec un sourire franc. Votre avenir semble être déjà tout tracé.

Je le regarde avec surprise, tandis qu'il s'éloigne de nous dans un dernier sourire. Je suis tellement surprise, tellement dans ma bulle, que je ne sens pas tout de suite la main d'Emi sur mon épaule.

Il m'a félicité. Yuki Makoto, mon idole de toujours, m'a félicité. Même si c'était mon rêve, je n'aurais jamais réellement pensé que cela se produirait un jour. Jamais. Comme quoi, il faut toujours croire en soi-même et en ses capacités pour réussir l'impossible.

Maintenant, je le sais. Maintenant, j'en suis sûre. Je peux croire en moi, je peux croire en ma force et en ma détermination. Je peux croire en ce que je suis, en ce que je veux. Et ce que je veux, c'est réussir ce qui semble être impossible.

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