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Akiko
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Une journée difficile.
Une méchanceté rancunière.
Un retour attendu.
Un espoir accueillant.

Deuxième jour de compétition. Deuxième jour de stress et de pression. Deuxième jour pour lequel nous devons maîtriser nos prestations, notre énergie et notre fatigue.

Alors que nous avons donné notre maximum dès le premier jour, alors que nous sommes toutes loin d'être au top de notre forme, nous devons malgré tout tenir le coup. Encore aujourd'hui. Encore demain...

Dans un soupir plaintif, mon dos craque alors que je me baisse lentement, mes mains se posant avec difficulté sur le bout de mes chaussures. Chaque mouvement me provoque une douloureuse grimace.

- De ce que je vois, ce n'est pas la grande forme pour toi non plus...

Je redresse la tête à l'entente de cette douce voix qui me donne toujours le sourire. Emi patine tranquillement vers moi, tout en évitant de faire le moindre contact brusque, prouvant ainsi que c'est également difficile pour elle aussi.

- Salut toi...

Nous nous faisons une rapide accolade, comme à notre habitude, mais nous nous écartons tout aussi rapidement pour éviter de trop appuyer sur nos muscles douloureux. Les sélections ne sont pas encore terminées, évitons de nous abîmer plus que nous le sommes déjà.

D'un signe de tête, nous nous rapprochons du bord de la piste pour poser nos bras contre la rambarde en bois. J'en profite pour attraper ma gourde et la porter à mes lèvres. L'eau coule le long de ma gorge, me revigorant instantanément.

- Bon alors, quelle est ta stratégie pour cette nouvelle journée de compétition ?

- Hum... Pour être honnête, je n'en sais encore rien. soupirai-je légèrement. Et toi ?

- Je pense faire comme hier. Pas de prise de tête, juste glisser au son de la musique. Ça sera déjà bien assez difficile comme ça.

Je hoche la tête, comme pour lui dire que c'est une bonne idée. Emi n'aime pas se prendre la tête, que ce soit pour un entraînement ou pour une compétition. Alors, pour elle, tant qu'elle va droit à l'essentiel, ça lui convient très bien. Pour ma part en revanche, ce n'est pas tout à fait la même chose...

- Tu as l'air ailleurs. Tu es sûre que tout va bien ? me demande-t-elle, une pointe d'inquiétude dans la voix. Ça te stresse à ce point ?

- Pour tout te dire, c'est assez confus dans ma tête. Je n'arrête pas de mélanger différents passages de ma chorégraphie. J'ai l'impression de ne pas du tout la maîtriser et je ne sais pas quoi faire pour changer ça...

- Ne t'en fais pas trop. Te connaissant, tu vas finir par trouver ce qui cloche, comme d'habitude. Tu es une experte dans ce domaine, non ?

Emi m'accorde un sourire rassurant, ce qui me fait croire et espérer à nouveau. Même sans utiliser de paroles compliquées, elle sait comment motiver son entourage. C'est un de ses dons que j'apprécie le plus.

Elle s'écarte du bord et tourne gracieusement sur elle-même, avant de me tendre les bras dans une recherche d'une étreinte amicale. Je souris à mon tour et lui offre une accolade sincère et bienfaisante.

C'est alors qu'un rire horripilant attire mon attention, brisant aussitôt notre moment de complicité. Un rire narquois et désagréable, qui me provoque une grimace courroucée.

- Bonjour, ma très chère Akiko ! Je n'ai malheureusement pas eu l'occasion de te saluer le premier jour. Je m'en excuse platement. J'espère malgré tout que tout se passe pour le mieux de ton côté.

- Épargne-moi tes paroles, Nao. C'est indigne de toi. dis-je froidement, mon regard noir fixé sur elle.

- Ah ah ! Tu as bien raison. Ce n'est pas mon genre de dire des choses que je ne pense pas... Mais bon, que veux-tu... J'ai eu un excellent professeur. Et dans bien des domaines... D'ailleurs, j'adorerais que tu...

- Nao ! la coupe aussitôt Emi, en se plaçant devant moi, comme pour me protéger. Si tu veux régler tes comptes, ça sera sur la glace. Mais pas avant. N'oublie pas la raison de ta venue ici. Ça serait dommage que tu te fasses dégager comme une malpropre à cause de tes petites manigances, tu ne crois pas ?

- Ah là là, Emi, Emi, Emi... Toujours aussi protectrice avec ton enfant adoré, à ce que je vois... Mais en effet, tu as raison. Nous réglerons nos comptes sur la glace. Alors, préparez-vous bien, toutes les deux, parce que tout ne se passera pas comme dans vos plans. Surtout lors des prochaines sélections...

- Les prochaines sélections ? Qu'est-ce que tu comptes faire, Nao ?

- Oh, ça ? C'est une surprise...

Elle reporte brièvement son attention sur moi pour me faire un clin d'œil, avant d'éclater de rire avec Nya, son acolyte de toujours. Finalement, elles tournent les talons et s'éloignent comme des divas sur un tapis rouge.

Mon cœur bouillonne de rage. Mes yeux lancent des éclairs. Mes poings sont tellement serrés que mes phalanges blanchissent à vue d'œil. Tout mon corps hurle sa haine et sa rancœur envers cette personne aussi nuisible qu'un insecte envahissant.

Avec toute ma volonté, je me retiens de me jeter sur elle pour lui faire payer toutes ces années d'horreur, de violence et de trahison. Lui faire payer toutes ces années perdues pour une personne qui n'en valait pas la peine.

La main de ma meilleure amie se pose lentement sur mon poignet, son regard inquiet rivé sur moi. Je baisse la tête, me rendant alors compte de l'état dans lequel j'étais. Ayant oublié de mettre des gants, mes ongles ont traversé ma peau d'une facilité déconcertante. Une couleur rougeâtre envahit donc la paume de mes mains.

- Viens, je vais te nettoyer ça.

Un violent frisson parcourt mon corps. Sa voix est tellement glaciale, tellement haineuse. Son regard pourrait tuer quelqu'un sur place. Elle réagit toujours de cette façon quand cela concerne Nao. Il faut dire que cette fille est douée pour se faire détester.

Je suis Emi dans le plus grand des silences, en direction des vestiaires. Elle me fait signe de m'asseoir sur un banc, et s'empresse de sortir la trousse de secours. Puis, elle se met à genoux face à moi, me saisissant les mains pour y passer un coton imbibé de désinfectant, une grimace envahissant aussitôt mon visage.

Aucune de nous ne parle, aucune de nous ne regarde l'autre, la situation ne semblant pas propice à cela. Une vague de tristesse envahit mon visage, alors qu'une haine viscérale est toujours présente sur les traits pourtant doux de ma meilleure amie. Nao a vraiment le don pour causer du tort partout où elle passe.

Je ferme les yeux quelques instants, un soupir de colère sifflant à travers mes lèvres, me demandant encore une fois comment j'ai pu être amie avec une fille comme elle. Comment ai-je pu me laisser manipuler de la sorte ?

Je reporte finalement mon attention sur Emi, qui me soigne toujours silencieusement. J'ai horreur de la voir ainsi en colère. Si j'étais plus forte, si j'étais moins sensible, peut-être que les choses pourraient être différentes... Peut-être que je pourrais l'empêcher d'envisager des solutions peu recommandables...

- Emi...

- Non.

- Mais... Emi...

- Non, Akiko ! Non ! se redresse-t-elle, plus que furieuse. Cette meuf n'aura jamais de respect pour ses adversaires, et encore moins pour quelqu'un comme toi ! Alors, il est hors de question que je la laisse s'en tirer aussi facilement !

- Mais nous pouvons toujours agir en restant dans le droit chemin ! m'exclamai-je, en me levant à mon tour. Emi, s'il te plaît... Ne fais pas ça. Tu n'es plus celle que tu étais autrefois. Tu t'en es sortie. Je t'en supplie, ne te penche pas de nouveau vers cette sombre voie. Pas avec ce que cela t'a coûté par le passé. Tu as promis, merde ! Tu lui as promis... Qu'est-ce que tu crois qu'il te dirait s'il te voyait ainsi ?

- N'entre pas sur ce terrain-là, Akiko. N'ose même pas le mêler à cette histoire, c'est juste un conseil. dit-elle froidement, les poings serrés. Tu crois que ça me fait peur ? Ou plaisir ? Tu crois que c'est mieux que je reste assise les bras croisés et que ce soit toi qui prenne tout ? Non ! Non, je ne crois pas. Alors...

Je lève la main, m'apprêtant à rétorquer en maintenant que c'est une mauvaise idée, mais je m'abstiens lorsque je remarque Ely s'approcher de nous, le regard visiblement très inquiet. Elle s'arrête devant moi pour me tendre des pansements, tout en évitant de me regarder dans les yeux. Je comprends aussitôt qu'elle nous a entendu.

- Ne vous disputez pas, je vous en prie... Ça n'en vaut pas la peine... commence-t-elle faiblement. C'est ce qu'elles cherchent. Elles veulent vous séparer, vous briser.

- Nous le savons...

- Alors, pourquoi vous vous jetez tête baissée dans leur piège ? Pourquoi vous ne vous montrez pas plus malignes qu'elles ? Ou mieux encore. Pourquoi vous ne les ignorez tout simplement pas ?

- Malheureusement, les choses ne sont pas aussi simples, Ely... Et c'est bien ça le problème... soupirai-je, en me rasseyant sur le banc pour terminer de me soigner.

Ely ne dit plus rien, sa colère timide retombant aussi rapidement qu'un souffle de vent. Elle semble se rendre compte que toute cette histoire est bien plus ancienne et bien plus difficile qu'elle ne le pensait. Il ne s'agit pas ici seulement d'une quelconque rivalité, mais d'un enjeu crucial.

Emi s'agenouille de nouveau et termine rapidement de me soigner, collant les pansements sur mes petites blessures sanguinolentes. Puis, elle se relève presque aussitôt, s'éloignant tout aussi vite pour ranger la trousse de secours, comme si elle avait tout à coup besoin de prendre ses distances avec toute cette situation, avec tout le monde, et même avec moi.

Un silence s'installe alors entre nous. Un silence lourd de haine et de sens. Un silence dans lequel chacune de nous semble analyser la situation actuelle. Avec Nao et Nya dans les parages, ces sélections ont pris un tout autre tournant. Nous allons devoir redoubler de vigilance pour éviter un potentiel problème...

◦•●◉✿ ♡ ✿◉●•◦

La journée se poursuit lentement, longuement. Froidement et difficilement. Après deux passages qui ne m'ont aucunement rassuré, ni l'un ni l'autre, j'attends à présent que ma meilleure amie termine à son tour son propre passage.

Nous ne nous sommes pas vraiment reparlées depuis notre « dispute », en début de journée. Ce qui fait que c'est assez tendu entre nous. Cela m'empêche de me concentrer pleinement sur mes enchaînements.

Assise sur un banc, la tête cachée sous une couverture, les yeux fermés et une gourde en main, j'essaie de me remémorer les passages où je me suis plantée, où j'ai échoué lamentablement. Mais c'est difficile de se remettre dedans alors que la douleur de l'échec est encore très présente. Et pire, quand le sourire narquois de Nao me reste en mémoire.

- Qu'est-ce que tu fais encore là ?

À l'entente de cette voix, je relève lentement la tête pour croiser le regard magnétiquement bleu de ma meilleure amie. Elle semble incroyablement déterminée, incroyablement sûre d'elle. Comme toujours, même lorsqu'elle connaît un échec.

- Rien de particulier. Je t'attendais. Et je réfléchissais.

- En te morfondant sur tes erreurs ?

- Ce n'est pas ce que tu crois...

- Vraiment ? Pourtant, c'est la vérité, non ? dit-elle, en posant ses mains sur ses hanches. Alors, arrête de ressasser tes mauvais pas et avance. À moins que tu veuilles laisser Nao gagner ?

- Qu'est-ce que tu veux que je fasse ?

- Te battre, pour changer. Ça serait déjà un bon début, tu ne crois pas ?

- Mais... Avec Nao... Je ne veux pas que ça te...

- Bon, ça suffit maintenant ! s'exclame-t-elle en se rapprochant rapidement de moi pour me saisir les mains. Si je n'ai pas le droit d'agir, c'est donc à toi de gérer ! Tu es Akiko Chiharu, merde ! Tu es ma meilleure amie et la plus incroyable patineuse artistique de ta génération ! Baisser les bras ne devrait même pas faire partie de ton vocabulaire, surtout avec ce que tu as également connu par le passé. Tu es une battante, tu es une guerrière ! Tu t'es toujours relevée, peu importe la difficulté. Alors, ce n'est pas une petite compétition qui devrait te mettre à terre, bien au contraire. Donc maintenant, tu te bouges les fesses, et tu défonces cette connasse de Nao !

Ses yeux brillent. Ils me lancent des éclairs. Elle est tellement en colère contre elle, contre moi, et pourtant elle est tellement inquiète. Tellement triste. Tout ce qu'elle veut depuis le début, c'est mon bonheur, et rien que ça. Mon bonheur. Mon sourire. Ma joie de vivre.

Emi pousse un soupir et s'agenouille devant moi, me tenant toujours les mains pour caresser tendrement leur dos de ses pouces. Elle n'a jamais rien demandé, si ce n'est me concernant. Elle n'a jamais rien voulu d'autre qu'être à mes côtés, pour le meilleur comme pour le pire.

Son regard inquiet posé sur moi, je me rends enfin compte de tout ce qui la touche, de tout ce qui la préoccupe. Nous avons toutes les deux connu un passé difficile. C'est pour ça qu'elle veut que je m'en sorte, comme elle s'en est sortie grâce à Chifuyu. Elle veut que je puisse compter sur elle à n'importe quel moment du jour ou de la nuit.

D'un geste lent et hésitant, je libère mes mains pour les poser sur les siennes, mon regard profondément ancré dans le sien. Ce sont des excuses silencieuses, des pardons muets et pourtant extrêmement sincères. Nous nous pardonnons mutuellement, l'une et l'autre, et nous le savons.

- Tiens tiens, alors comme ça, on parle dans le dos des gens, maintenant ? Ce n'est pas très glorieux. nous coupe une voix qui me donne des frissons.

Nous nous écartons et nous levons aussitôt, reportant notre regard sur la nouvelle venue, Emi se déplaçant légèrement vers moi, comme si elle voulait faire rempart de son corps pour me protéger de notre ennemie.

- Qu'est-ce que tu nous veux encore, Nao ?

- Moi ? Rien du tout. ricane-t-elle. Je tenais simplement à rappeler à ta très chère meilleure amie que des choses ont été promises et qu'elles doivent maintenant être payées, sous peine de conséquence.

- C'est une menace ? demande froidement Emi, prête à bondir sur Nao.

- Oh non, pas du tout. Si c'en était une, je pense que vous l'auriez ressenti. Non, là, c'est surtout un avertissement. Une... Mise en bouche, si tu préfères. Mais si tu tiens absolument à te sentir menacée, je peux très bien...

- Ça suffit, ferme-là, Nao ! crachai-je alors, en la toisant de mes yeux dorés. T'en as pas assez de foutre la merde dans la vie des gens ? Tu te fais tellement défoncer le cul par tout le monde que tu ne te sens plus pisser ? Tu ne peux pas juste t'acheter une vie et nous foutre la paix ?

De grosses rougeurs de colère apparaissent tout à coup sur ses joues. Tiens tiens, il semblerait que j'ai touché un point juste et sensible... Je me retiens néanmoins de faire la fière, ne sachant pas quel atout elle cache dans sa manche.

Nao fait un mouvement de recul, ses poings plus serrés que jamais. De la haine. De la colère. Une forte envie de vengeance. Voilà ce qui la représente actuellement. Voilà tout ce que je vois dans ses yeux. Voilà tout ce que j'entends dans sa voix. Sa voix aussi froide que la glace. Sa voix qui veut en découdre avec moi.

- Ce n'est pas terminé, nous deux ! Je ne te lâcherais jamais, Akiko ! Tu me paieras cet affront, sois-en sûre ! hurle-t-elle finalement, en tournant rapidement les talons pour quitter les lieux.

Je sais qu'elle dit vrai. Nao ne me lâchera pas aussi facilement. Elle n'abandonnera jamais. C'est donc à moi de gérer le reste. C'est à moi de lui montrer de quoi je suis capable... C'est à moi de me débarrasser d'elle, une bonne fois pour toute.

Il ne faut plus que je la laisse m'atteindre. Il ne faut plus que je laisse mes émotions prendre le dessus quand cela la concerne. Emi a raison, je dois m'élever au-dessus d'elle. Je dois me montrer plus forte et plus maligne qu'elle. Mais nous verrons tout cela en temps voulu. Tout se jouera lors de ces deux sélections, après tout.

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- Le passage de Felicia Hunter des Dream Breakers vient de se terminer. Prochaine candidate : Akiko Chiharu des Wonders of Hope ! Vous avez cinq minutes pour vous présenter devant le jury, sous peine de vous faire disqualifier.

Inspire... Expire... Encore une fois. Inspire... Expire... Tu as déjà fait ça des dizaines de fois. Ça ne change pas de d'habitude. Alors, tu peux y arriver. Il faut juste que tu te concentres.

Les yeux fermés, mes patins aux pieds, une couverture sur mes épaules, je tente de faire le vide dans mon esprit, essayant de chasser cette pointe de stress qui cherche absolument à faire surface.

J'arrive à percevoir les battements de mon cœur. Boum, boum, boum... Il bat si vite... Tellement vite... C'est comme avant, comme la toute première fois que j'ai posé mes pieds sur la glace.

- Je reviens tout juste pour assister à cette fin de compétition et qu'est-ce que je vois ? Ma très chère petite sœur qui panique à l'idée de glisser une nouvelle fois sur la piste.

Mes yeux s'ouvrent de surprise et je me lève brusquement. Je ne m'attendais pas à la voir ici, surtout maintenant. Un grand sourire prend alors place sur mon visage, tandis que je me précipite dans ses bras.

- Fully ! Je ne pensais pas que je te verrais aujourd'hui !

- C'est normal. J'ai demandé à terminer ma tournée deux jours plus tôt, juste pour pouvoir venir te voir. Je voulais te faire la surprise. J'espère que ça te fait plaisir ?

- Très plaisir ! Tu ne peux pas savoir à quel point !

Nous nous séparons finalement, avant de nous asseoir sur le banc froid. Fully remarque aussitôt les pansements qui ornent mes mains, mais elle ne dit rien là-dessus, comme si elle comprenait la situation. C'est alors que la voix de la seule femme du jury retentit de nouveau dans le micro.

- Prochaine candidate : Akiko Chiharu des Wonders of Hope ! Il ne vous reste plus que trois minutes pour vous présenter devant le jury, sous peine de vous faire disqualifier.

Mon cœur rate de nouveau un battement sous le coup du stress. C'est comme s'il était sur le point d'exploser. Je ressens une énorme pression sur les épaules, comme un poids trop lourd à porter pour une personne telle que moi.

Je ferme les yeux quelques instants, serrant avec force ma main dans sa jumelle, comme pour me donner une certaine contenance. J'ai déjà participé à des compétitions. Alors, pourquoi est-ce que je réagis toujours ainsi ? Pourquoi est-ce que mon corps et mon cœur paniquent toujours quand c'est à mon tour ?

J'ai la sensation de ne jamais rien contrôler. C'est comme si je ne le pouvais pas. Comme si je n'en avais pas le droit. Comme si on m'interdisait de contrôler mes pensées et mon corps. Ou est-ce juste moi qui me l'interdit ?

Lentement, d'un geste rassurant, Fully pose sa main sur la mienne, la caressant tendrement de son pouce. J'inspire et j'expire en même temps, parvenant ainsi à calmer les palpitations de mon cœur.

- Hé, ça va aller, ok ? Tu as déjà fait bon nombre de compétitions. Ce n'est donc pas celle-là qui doit te faire peur.

Je me contente de hocher la tête, comme incapable de lui répondre. Je parviens néanmoins à reporter mon regard sur elle, lui accordant un petit sourire pour la rassurer.

Finalement, je me lève lentement, mon regard à présent rivé sur le grand jury se tenant de l'autre côté de la patinoire. Il faut que je me calme, que je me concentre. Que je fasse le vide dans mon esprit.

- Akiko ! m'interpelle ma sœur. Tu viens de recevoir un message.

- Je le lirais après.

- Crois-moi, tu ferais mieux de le lire maintenant. Je dis ça, je dis rien.

Je plisse les yeux à l'entente de sa voix et me retourne vers elle. Elle a changé, devenant ainsi plus mystérieuse et malicieuse. D'un geste lent, je saisis mon téléphone pour le déverrouiller, sous le regard amusé de ma sœur. Qui cela peut-il bien être ?

Je ne me pose pas davantage la question lorsque je me rends compte de qui il s'agit. Tout mon corps est envahit par de doux frissons, tandis que mon cœur bat au rythme de mon agréable ressenti.

Manjiro :
Bon courage pour tes sélections !
Je suis persuadé que tu vas tout défoncer !
Je crois en toi, alors ne doute pas. Fonce, comme tu sais si bien le faire :)
Tu vas y arriver :)

Je sens des larmes apparaître au coin de mes yeux. Je savais qu'il me soutenait, mais je ne m'attendais pas à un tel message de sa part. Surtout maintenant, juste avant d'entrer sur la glace. C'est comme s'il savait exactement ce que je m'apprêtais à faire. Comme s'il savait ce que je ressentais à cet instant précis.

Un sourire franc et déterminé orne à présent mon visage. Un sourire conquérant. Un sourire de battante. Rien qu'avec son message, je me sens beaucoup mieux. Je me sens gorgée d'énergie. Prête à tout abattre devant moi pour parvenir à mes fins.

- Prochaine candidate : Akiko Chiharu des Wonders of Hope ! Il ne vous reste plus qu'une minute pour vous présenter devant le jury, sous peine de vous faire disqualifier.

Je me retourne lentement vers ma sœur pour lui tendre mon téléphone. Celle-ci le récupère avec un grand sourire, comme si elle sous-entendait quelque chose. Cela me fait lever les yeux au ciel et pousser un soupir.

Je la salue rapidement d'un signe de la main, avant de lui lancer ma couverture et d'enfiler mes gants, tout en me dirigeant vers le début de la piste. Le regard impatient du jury se braque aussitôt sur moi lorsque je les salue.

Inspire... Expire... Encore une fois. Inspire... Expire... Ça va aller. Tout va bien se passer. Si eux ne croient pas en toi, si eux te jugent, ton entourage, lui, est avec toi. Tout près de toi. Crois en eux comme eux croient en toi.

Confiance. Voilà la clé de la réussite. Voilà ce qui me permettra d'aller au bout de moi-même, d'aller au-delà de tout ce que je sais faire. La confiance. Ni plus, ni moins. Avoir confiance en moi et en mes capacités pour tout réussir. Car je sais que je le peux.

C'est donc sans la moindre hésitation, mon cœur battant calmement, lentement, avec un sourire en coin, que je laisse mes patins glisser sur la piste, emportée par une douce mélodie.

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Allongée sur mon lit, je savoure dans un soupir le bien-être que vient de me procurer ma douche. Je me sens enfin détendue, enfin revigorée, après trois longs jours d'une compétition intensément émotive et douloureuse.

Les résultats tomberont d'ici un mois. Mon cœur s'emballe rien que d'y penser. Est-ce que j'ai réussi ? Est-ce que Emi a réussi ? Et... Est-ce que Nao a réussi également... ?

Je pose mon bras sur mes yeux fermés, comme pour mettre un voile sur toute cette situation. Je n'ai pas envie de faire face à cela maintenant. Je n'en ai pas la force.

C'est alors que j'entends la messagerie de mon téléphone. Un son doux et léger, qui attire aussitôt mon attention. Un son qui me redonne toujours le sourire... Un son pour lequel je m'empresse d'ouvrir son contenu.

Manjiro :
Coucou toi :)
Troisième journée enfin terminée.
Alors, comment ça s'est passé ?

Mon cœur s'emballe, comme toujours lorsque je reçois un message de sa part. Même loin de moi, il continue à se préoccuper de mon bonheur. Il continue d'être là pour moi. C'est vraiment un homme bien.

Moi :
Coucou :)
Pour être honnête, je n'en sais rien. Peut-être que j'ai géré, peut-être que j'ai tout planté... Difficile à dire.
En tout cas, je tiens à te remercier pour ton message d'encouragement, un peu plus tôt dans la journée. C'était vraiment adorable de ta part.

Manjiro :
Tu n'as rien planté du tout, j'en suis certain. Te connaissant, je dirais même que tu as tout défoncé.
Et pour le message, c'est la moindre des choses. Je me doutais que tu avais besoin de te sentir soutenue. Alors, je n'ai pas hésité une seconde.

Je souris face à son message, mon cœur battant de douceur. C'est comme si nous étions connectés, comme si nous savions ce que l'autre peut ressentir. Nous nous comprenons sans nous trouver au même endroit. Parfois même sans parler.

Plus le temps passe et plus je me sens bien et proche de Manjiro. Plus le temps passe et plus nous nous entendons bien. Nous nous rapprochons. Nous nous découvrons mutuellement et nous nous complétons ensemble.

Manjiro :
Au passage, je profite du fait que ton attention soit toute tournée vers moi pour te proposer quelque chose.

Moi :
Oh ? Dis-moi tout. Je suis toute ouïe :)

Les secondes passent lentement, me faisant de plus en plus sourire. J'ai la sensation qu'il est en train de chercher ses mots pour être sûr que j'accepte sa demande.

C'est un point que j'ai remarqué chez lui. Avec tous ses amis, avec toute sa famille, il se comporte normalement, voire même un peu autoritairement à cause de son ancien statut. Mais quand il est avec moi, ou loin de moi, il montre une toute autre personnalité. Une personnalité pouvant aller d'un séducteur très sexy à une timidité très enfantine.

Finalement, après une petite attente, un nouveau message arrive sur mon écran, mes oreilles vibrant joyeusement à cette douce sonnerie. Je m'empresse de regarder sa réponse tant attendue.

Manjiro :
Je voulais savoir si tu accepterais de passer un après-midi shopping et une soirée karaoké avec moi ?
Pour le 29 septembre ?
On pourrait même y manger sur place.
Qu'est-ce que tu en dis ?

Dans une semaine ? Il est vrai que c'est une bonne idée. J'ai besoin de me détendre de cette semaine pleine de rebondissements. J'ai besoin de me vider la tête, et faire les boutiques et chanter s'avèrent être un programme très intéressant. Et s'il y a Manjiro en plus, c'est encore mieux.

Moi :
Je n'ai rien de prévu à cette date. J'accepte donc ta proposition avec grand plaisir :)

Manjiro :
Super :)
Je passerais te chercher vers 14h30.
Sur ce, je vais te laisser te reposer. Tu dois être épuisée.
Passe une bonne nuit.
Et surtout, pense à moi ;)

Mon cœur bondit dans ma poitrine. Je me retrouve aussitôt sur le ventre, ma tête plongée dans mon oreiller pour camoufler mes cris hystériques. Pourquoi est-ce qu'il me sort toujours des choses comme ça, surtout quand je ne m'y attends jamais ?

Je relève la tête pour respirer de l'air frais, un frisson calmé se faisant ressentir dans tout mon corps. Un sourire prend tout à coup place sur mon visage. C'est maintenant à mon tour de lui répondre « normalement ».

Moi :
Très bien, ça me convient :)
D'accord, merci beaucoup. Passe également une bonne nuit.
Et toi aussi, rêve de moi ;)

Aucune réponse, mais je sais que mon message a fait mouche. Quand cela me touche, ça le touche également, comme si nous étions liés par une force mystérieuse et étonnante. Une force qui nous convient à tous les deux.

Je pose finalement mon téléphone sur ma table de nuit, enfin prête à quitter ce monde pour le pays des rêves. Je ferme les yeux, le visage apaisé. Et avant même que je ne m'en rende compte, me voilà plongée dans un long et profond sommeil réparateur.

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