| 𝟓 | Kazunari
✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧
~ 2714 mots ~
═════════╕
Kazunari
╘═════════
✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧
Le regard rivé à travers la fenêtre de la salle de cours, mon esprit est encore et toujours tourné vers cette mystérieuse jeune fille, me posant plusieurs questions à son sujet. Qui est-elle ? Pourquoi est-elle au centre de toutes ces rumeurs ? Qu'est-ce qu'elle aime dans la vie ? Que fait-elle actuellement ? À quel cours peut-elle bien assister ?
Je retiens un rire de peu. Nous ne nous sommes pas vraiment parlés, nous ne nous sommes que très peu observés, et pourtant, elle reste constamment dans mon esprit. Quoi que je puisse faire ou dire, je la vois partout. Est-ce à cause de mon geste de la dernière fois ? Sans doute, mais il n'y a pas que ça...
Pour une raison qui m'est encore inconnue, elle a réussi à m'intriguer, à attirer mon attention bien plus que n'importe qui. Même face à Kuroko ou Kasamatsu, c'est loin d'être pareil. Et pourtant, je les admire tous les deux. Non, c'est autre chose... Mais quoi ?
- Mr. Takao, have you finished daydreaming ? Can you refocus on the lesson, please ? entendai-je soudain.
Je sursaute sous le coup de la surprise, tandis que devant moi se tient ma professeure d'anglais, Madame Williams. Ses cheveux grisonnants tirés en arrière dans un chignon serré et ses yeux bleus cachés derrière de grosses lunettes rondes, elle arbore un visage sévère et déçu par mon inattention.
- Yes. Yes, Mrs. Williams... fis-je, en baissant la tête et en me recroquevillant sur ma chaise.
- Perfect. In this case, turn your book to page thirty-eight and read excerpt five.
『••✎••』
Me faire sermonner et me taper la honte par ma professeure préférée, tcheck. Oublier mes devoirs de mathématiques chez moi, tcheck aussi. Franchement, je ne vois pas ce qui pourrait être pire aujourd'hui...
Un fort soupir quitte mes lèvres, tandis que je me dirige d'une démarche lente vers le réfectoire, aux côtés de mon très cher Midorima. Nous remarquons tout de suite la longueur de la file d'attente, chose qui ne change pas de d'habitude.
Nous prenons donc place à la fin, derrière une jeune fille de petite taille, aux courts cheveux blancs. Décidément, j'ai l'impression de voir ces cheveux partout, depuis que j'ai fait du mal à mon ancienne victime. La culpabilité me ronge-t-elle à ce point, bien que sa blessure n'était que superficielle ?
- Cesse d'être dans la lune, Takao. C'est énervant. dit Midorima, en replaçant ses lunettes sur son nez.
- Dixit celui qui se trimballe encore avec un objet porte-bonheur bizarre. Qu'est-ce que c'est, d'ailleurs ?
- Ça ne se voit pas ? C'est pourtant évident. Il s'agit d'un cochon-d'inde empaillé.
- Ah, mais t'es vraiment horrible ! m'exclamai-je dans une grimace, en me reculant légèrement de lui.
Je détourne le regard de lui, dégoûté par son porte-bonheur du jour. C'est là que je remarque qu'elle nous regarde en coin. Cette jeune fille que je recherchais depuis la dernière fois. Celle qui se tient juste devant nous dans la file d'attente. Mon cœur s'accélère légèrement en réalisant que je n'avais pas fait attention que c'était elle.
Lorsqu'elle remarque mon regard porté sur elle, elle rougit de gêne et se retourne brutalement pour que je ne puisse plus voir son visage. Une vague de déception m'envahit alors, moi qui voulais prendre le temps de l'observer un peu plus.
J'aimerais me rapprocher d'elle, mais le fait qu'elle se soit détournée de nous aussi rapidement ne me pousse pas dans cette voie. Et je ne veux absolument pas l'effrayer. Alors je préfère la laisser pour le moment, en espérant un jour pouvoir avoir enfin l'occasion de faire un pas vers elle.
La file d'attente avance finalement plutôt bien, si bien que nous finissons enfin par atteindre l'intérieur. Je repère aussitôt le reste de l'équipe de basket, assis en train de nous attendre pour poursuivre leur déjeuner.
- Ils sont là-bas, Shin. lui dis-je, en les montrant légèrement de la main.
- Dépêchons-nous de nous servir alors.
J'acquiesce simplement et reporte mon attention sur cette mystérieuse jeune fille, qui semble hésiter entre les deux plats du jour : le Shoyu Ramen et le Karé Raisu. Je peux comprendre sa difficulté à choisir, parce que ces deux plats sont vraiment bons.
Mon regard reste rivé sur cette jeune fille. Elle semble être dans une profonde réflexion, comme si choisir tel ou tel plat pouvait influencer un quelconque événement dans sa journée. Un petit sourire irrésistible apparaît au coin de mes lèvres en imaginant cela. Et c'est alors que, sans réfléchir, je prends la parole.
- Excuse-moi, est-ce que tu as besoin d'aide pour choisir ton plat ?
La jeune fille sursaute légèrement, ne s'attendant pas à ce que quelqu'un d'autre ne prenne la parole. Elle se tourne alors lentement vers moi. Mais malgré mon immense sourire rassurant, tout ce que je reçois comme réponse, c'est son regard froid, presque glaçant. Elle secoue alors la tête, avant de détourner son attention de ma personne. Bon, je crois que ça veut dire non...
Un soupir quitte mes lèvres, tandis que la jeune fille choisit finalement un plat : le Karé Raisu. Puis, elle s'éloigne de nous pour se rendre à une place libre, loin de tout et de tout le monde, ses écouteurs dans les oreilles. Je ne la lâche pas un seul instant du regard, jusqu'à ce qu'elle s'installe à sa place. Puis, je reporte mon attention sur la cuisinière, avant de lui demander un Shoyu Ramen.
Nous rejoignons tranquillement notre équipe, mangeant ensemble presque tous les midis. C'est comme un rituel bien accueilli par nous, les rookies. On se sent davantage investi à leurs côtés, et ça permet de renforcer notre esprit d'équipe lors de nos matchs.
Alors que nous déposons nos plateaux sur la table et que nous nous installons sur nos chaises, mon regard se pose rapidement sur la jeune fille, seule dans son coin. Je ne sais pas... Je n'arrive pas à ne pas lui accorder d'attention. C'est peut-être une mauvaise chose, mais je suis très curieux à son sujet.
Depuis que mon ballon l'a percuté, depuis que j'ai croisé son regard, je n'arrive pas à détourner mon attention d'elle. Je n'arrive pas à oublier ses yeux turquoises. Elle est dans toutes mes pensées. Même mon basket s'en trouve perturbé. Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive. Il y a de la curiosité, bien sûr, mais il n'y a pas que ça...
Je n'arrive pas à mettre de mots sur ce que je ressens par rapport à cette situation. Je ne lui ai pas beaucoup parlé, nous nous sommes regardés seulement quelques secondes, et pourtant, pourtant... C'est comme si ça avait fait tilt dans ma tête. C'est... Difficile à expliquer.
- Bah alors, tu ne manges pas, Takao ? me demande Kimura, en lorgnant littéralement sur mon assiette.
- Hum... J'ai pas très faim.
- Ouh là, ça ne te ressemble pas, ça ! s'exclame Miyaji. T'es pas malade, au moins ?
- Si vous voulez mon avis, ce n'est rien de tout cela. intervient alors Midorima. Je dirais même que c'est une chose que vous ne vous doutez même pas.
Je sens aussitôt les regards de toute l'équipe se poser sur moi, me faisant davantage baisser la tête vers mon plat. Ce n'est rien de ce qu'ils s'imaginent. Rien du tout. Seulement une grande curiosité à son égard. Je ne vois pas ce qu'il y aurait de plus.
Alors que je porte mes baguettes à ma bouche pour enfin manger un morceau de mon plat, je repère un groupe de filles s'approcher de la petite blanchette. Un groupe avec de mauvais sourires. Je fronce aussitôt les sourcils. Cela n'annonce rien de bon...
Gardant la tête baissée, je les observe du coin de l'œil s'adresser à la jeune fille, qui ne semble pas rassurée par leur présence. Ses poings sont serrés, signe évident qu'elle a l'habitude de subir leurs tourments.
Une fille aux courts cheveux blonds s'avance vers elle, un sourire mesquin aux lèvres. Il ne fait aucun doute que c'est elle la cheffe de tout ce petit groupe. Elle semble bien plus mauvaise que les autres, qui semblent la suivre seulement comme de parfaits moutons.
C'est alors que cette blondasse attrape les cheveux de la blanchette, avant de les tirer violemment en arrière, l'obligeant ainsi à relever la tête vers elle. Mes poings se serrent à cette vue, et je me retiens pour ne pas intervenir.
- Tu te crois où, exactement ? demande-t-elle de haut, sa voix se faisant à présent entendre dans tout le réfectoire. Tu n'as aucun droit de m'ignorer comme tu le fais. Aux yeux du monde, tu n'es qu'un nuisible ingrat et répugnant. Tout ce que tu peux faire, c'est suivre les ordres que l'on te donne, rentre-toi bien ça dans le crâne, Itami.
De ma position, je parviens à ressentir toute sa haine vis-à-vis de la blanchette. Ses yeux lancent des éclairs, des éclairs qui pourraient foudroyer quelqu'un sur place. Qu'a-t-il bien pu se passer entre ces deux-là pour qu'elles se haïssent autant ?
C'est alors que, rapidement, la cheffe du groupe s'empare du plateau de la jeune fille, avant de tout lui renverser sur la tête. Ma colère se décuple aussitôt, et Kimura est obligé de poser une main ferme sur mon épaule pour m'empêcher d'intervenir.
- Laisse-moi y aller, merde ! grognai-je de mécontentement.
Kimura ne dit rien, comme les membres présents à la table, mais son regard retranscrit tout. Il sait que s'il me laisse y aller, je pourrais faire quelque chose que je regretterais. Et cela risquerait de me coûter ma place dans l'équipe. D'un certain côté, je peux comprendre cela. J'adore cette équipe et c'est clair que ça me ferait vraiment chier de devoir tout abandonner à cause de cette histoire. Mais de l'autre, je ne supporte pas de ne pas pouvoir intervenir. Je veux pouvoir lui venir en aide d'une façon ou d'une autre, sans pour autant mettre en danger mon poste au sein de l'équipe. Que faire... ?
- Et maintenant, mange. ordonne-t-elle froidement et fortement, pour que tout le monde la voit humilier la blanchette.
La colère bout en moi, tandis que les sbires de cette cheffe attrapent les épaules de la jeune fille pour la forcer à se mettre à genoux sur le sol, tout en lui maintenant la tête pour qu'elle reste rivée vers la nourriture éparpillée un peu partout. C'est une humiliation pure et simple, qui a pour objectif de marquer les esprits, et surtout ceux de leur victime actuelle. Elle veut asseoir sa domination au sein du lycée et être crainte. Tout le monde l'a bien compris.
Je n'entends plus ce qu'elles se disent, mais cela ne semble pas être plaisant si j'en crois le regard baissé de la jeune fille. Mon cœur se serre en assistant à cette scène. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé entre ces deux-là, mais elle ne mérite clairement pas ça. Elle ne mérite pas d'être traitée comme un vulgaire animal.
C'est alors que c'est la goutte de trop pour moi. C'est alors que je comprends que je suis finalement obligé d'intervenir, quitte à mettre en danger ma place au sein de l'équipe. Dès l'instant où la cheffe lève son bras en l'air, comme pour frapper la jeune fille, je comprends que je ne peux pas ne pas intervenir pour lui venir en aide.
- Takao, attends !
Mais trop tard, je me suis déjà levé pour me diriger vers cet infâme groupe. Le visage colérique, les poings serrés, je marche vers elles, prêt à en découdre. Il est hors de question que je laisse passer un tel affront.
- Laissez-la tranquille ! m'exclamai-je alors fortement, lorsque j'arrive à leur hauteur.
Tous les regards se tournent alors vers moi, tandis que je me place devant cette jeune fille pour faire rempart de mon corps. Il faut que je la protège, que je la sauve de toute cette horrible et malfaisante situation.
- T'es qui, toi ?
- Ce n'est pas important. Tout ce que je veux, c'est que toi et ta bande, vous vous cassiez du réfectoire avant que je ne m'énerve vraiment.
- Pfff, tu t'es pris pour qui, sérieux ? ricane la blondasse, un air supérieur toujours collé sur son visage. Tu crois que tu as des ordres à me donner ? Non. Alors tu fermes ta grosse gueule de mec inutile et insignifiant.
- Comment oses-tu parler ainsi à un membre de notre équipe ?! s'insurge Miyaji, en se précipitant vers moi, comme le reste de l'équipe. T'es peut-être la prochaine cheffe des pom-pom girls, mais n'oublie pas qu'on peut toujours faire en sorte que tu te casses de notre gymnase. On ne veut pas de gamine comme toi dans nos rangs. Tu n'es qu'une putain de honte. Alors remballe tes affaires et emmène tes petits chiens avant que ça n'aille plus loin.
Un sourire narquois apparaît au coin de mes lèvres, tandis que la blonde recule de quelques pas, son groupe étant maintenant en infériorité numérique. Et oui, c'est une chose de se sentir supérieur quand on est nombreux, c'en est une autre quand on en devient tout à coup la cible.
Les poings serrés, la blondasse nous lance à tous un regard mauvais, avant de faire un signe de tête à ses sbires pour finalement quitter les lieux. L'atmosphère change aussitôt, devenant plus douce et plus sereine maintenant qu'elles sont parties. Tout le monde semble se détendre, des soupirs de soulagement quittant les lèvres de bon nombre de personnes.
Je me retourne finalement vers la victime. Son regard est rivé sur le sol, comme si elle avait honte de n'avoir rien pu faire pour se défendre. Mes yeux se plissent d'inquiétude, tandis que je fais quelques pas pour me rapprocher d'elle. Mais comme la dernière fois, elle recule, elle s'éloigne, elle prend ses distances avec moi qui pourrais représenter un quelconque danger pour elle. Cela m'attriste de la voir ainsi, bien que ce soit tout à fait compréhensible.
Lentement, je lève les mains en l'air, en m'agenouillant à mon tour sur le sol, dans la nourriture éparpillée grossièrement, comme si je voulais lui faire comprendre que nous sommes sur le même pied d'égalité et qu'elle n'a aucune crainte à avoir envers moi. Je veux qu'elle comprenne que je suis là pour elle, et non contre elle.
C'est alors qu'elle relève la tête et que je croise son regard. Son magnifique et hypnotique regard turquoise. Son regard qui me demande de l'aide, qui m'appelle au secours. Son regard qui n'en peut plus de ne plus être heureux. Son regard qui s'ancre dans le mien d'une manière totalement désespérée.
Je tends finalement la main vers elle, dans une manière lente et rassurante. Une manière bienveillante et protectrice. Je ne veux pas qu'elle ait peur de moi. Je veux qu'elle puisse compter sur moi, s'appuyer sur ma personne dans les moments difficiles, pour qu'elle retrouve enfin une vie normale et joyeuse.
La jeune fille ne semble pas savoir comment réagir face à mon geste. Je la sens hésitante, comme en proie à un combat intérieur. Repousser ma main et s'enfuir le plus loin possible ? Ou au contraire, saisir ma main et accepter de me laisser une chance, même infime, de la sortir de toute cette horreur ?
- Fais-moi confiance. Je te promets de ne te faire aucun mal. lui dis-je, d'une voix se voulant rassurante.
Je sais que ce ne sont que des mots. Je sais qu'elle a déjà dû les entendre un nombre incalculable de fois. Pourtant, je ne vois rien de plus approprié pour me montrer honnête et sincère avec elle. Je veux qu'elle voit au-delà de ces simples mots.
Son regard est profondément ancré dans le mien, comme s'il essayait d'analyser directement mon cœur et mon âme. J'ignore ce qu'elle peut bien y voir, mais cela semble presque instantanément calmer sa peur. Ses yeux s'illuminent, comme deux perles d'un beau vert-bleu étincelant.
Puis, d'un geste lent, d'un geste très lent, elle lève son bras pour déposer le bout de ses doigts dans le creux de ma main. Mon sourire s'agrandit alors, tandis que de douces larmes de soulagement coulent le long de ses joues. Ne t'en fais pas, tu ne seras plus seule désormais. Je t'en fais la promesse.
✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top