| 𝟒 | Itami
✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧
~ 2403 mots ~
═════════╕
Itami
╘═════════
✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧
Encore une journée de cours dans cet enfer infernal. Encore une journée à subir les moqueries et les humiliations de mes camarades de classe. Quoi que je fasse, ou que je ne fasse pas, c'est toujours pareil, de toute façon. Je suis la cible, la victime appréciée de tous, car je suis incapable de me défendre. Et ils le savent tous très bien.
Frottant mes chaussures sur le sol dans une démarche lente et hésitante, ma motivation est au plus bas, comme toujours quand il est question de me rendre au lycée. Je ne trouve rien d'intéressant à aller en cours si c'est pour subir la méchanceté gratuite de tous mes ennemis. Et puis, il n'y a pas que ça...
Depuis ma rencontre tumultueuse avec ce joueur de basket, j'ai l'impression de le voir partout. Où que j'aille, quoi que je fasse, je le vois partout, tout le temps. Peut-être que je psychote, peut-être que c'est seulement le fruit de mon imagination débordante, mais pourtant, pourtant...
Je ne suis pas folle, je le sais très bien. Je suis persuadée qu'il me surveille, qu'il me suit constamment à la trace. Ce n'est pas la première fois que cela arrive, mais en général, c'est toujours pour de mauvaises raisons. Alors, pour quelle raison fait-il une chose pareille ? Pour une bonne ou pour une mauvaise raison ? Veut-il ressembler à tous ceux qui causent des problèmes aux personnes telles que moi ? Ou au contraire, veut-il leur venir en aide ?
Un soupir franchit la barrière de mes lèvres, tandis que je réinstalle correctement mes écouteurs sur mes oreilles. Peu importe la voie qu'il choisit, peu importe sa décision, je ne le laisserais pas s'approcher de moi de toute façon. L'homme est bien trop vil et sournois pour avoir ne serait-ce qu'un minimum de mon respect. Pas après tout ce que j'ai vécu des mains de tous ces Adam et Ève...
J'arrive finalement devant ma salle de cours, prenant une profonde inspiration comme je le fais chaque matin pour tenter de me donner un minimum de courage. Encore une fois, je vais faire en sorte de survivre à cette journée qui s'annonce comme toujours horrible et menaçante. J'inspire et j'expire, puis finalement, j'ouvre la porte.
À peine ai-je fait un pas à l'intérieur de la salle que toutes les conversations cessent et que tous les regards se tournent aussitôt vers moi. Je me sens mise à nue devant cette attention malsaine que les autres s'amusent toujours à me porter. Le regard rivé sur le sol, je m'empresse de me rendre à ma place, au fond de la salle, près de la fenêtre, pour qu'ils puissent tous m'oublier, ne serait-ce que quelques minutes.
Une fois mon sac posé sur la table et mes fesses rejoignant ma chaise, l'attention de ces dévoreurs de curiosité malsaine retournent à leurs occupations comme si de rien n'était, comme si je n'existais tout simplement pas. Un petit pincement au cœur me saisit alors dès que j'ai le malheur de me dire que les choses peuvent encore changer. Pauvre idiote que je suis. Rien ne changera jamais. Ça a presque toujours été comme ça et ça le restera encore longtemps.
Je secoue légèrement la tête, avant de finalement sortir mes affaires de cours. Plus vite je les sors et plus vite je pourrais me forcer à ne rien laisser paraître. C'est ma manière à moi de me protéger. Faire comme si rien ne pouvait me toucher. Ce n'est pas facile tout le temps, mais c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour lutter contre tous mes ennemis.
Au bout de quelques minutes, notre professeur de sciences, monsieur Tapioka, arrive avec son fameux café matinal. Toujours souriant, toujours de bonne humeur, il n'en reste pas moins un vrai salopard. Même si j'obtiens de bonnes notes dans sa matière, il adore me descendre face à ses collègues pour que ceux-ci plantent mes bulletins. Et quand on s'en prend à moi physiquement, il ne fait pas grand chose pour intervenir...
- Bonjour à tous, mes très chers élèves ! s'exclame-t-il, en posant ses affaires sur son bureau. Comme vous le savez, vos examens approchent à grands pas. Il est donc temps de voir ce que vous êtes capables de faire. Pour cette raison, j'ai conçu un petit contrôle surprise dont vous me direz des nouvelles.
Beaucoup se mettent à rechigner de mécontentement, et je retiens de justesse un léger sourire moqueur, tandis que je retire lentement mes écouteurs. Si chacun bossait un minimum, au lieu de toujours vouloir copier sur son voisin, ils ne réagiraient pas tous ainsi. Voilà ce qu'on gagne à se croire supérieur aux autres...
『••✎••』
La pause déjeuner arrive rapidement, bien plus rapidement que je ne l'aurais pensé. Et cela ne me rassure aucunement. Ma musique dans les oreilles, je me faufile telle une ombre dans les longs couloirs du lycée, en direction du réfectoire. Mon sac sur les épaules, je maintiens fermement les lanières contre mon corps, comme si j'avais peur que quelqu'un me l'arrache de force pour m'attaquer.
Voilà ma vie au quotidien. De la peur, de la froideur et de la méfiance, encore et encore. Toujours regarder derrière moi, toujours surveiller ce qui m'entoure... Toujours être sur mes gardes, toujours plus. C'est pour cette raison que je suis toujours seule dans mon coin. Parce que je n'ai pas besoin d'avoir des amis. La solitude est mon refuge, tout comme ma musique. Et cela suffit amplement à mon bonheur.
Tandis que j'atteins finalement la file d'attente du réfectoire, essayant de me faire la plus discrète possible, je repère ma place habituelle libre, ce qui me rassure aussitôt. Je refuse de changer la moindre de mes habitudes si cela me force à me trouver davantage proche de quelqu'un.
C'est alors que je ressens une présence derrière moi. Ou devrais-je plutôt dire deux présences. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine, tandis que je me retiens de faire violemment volte-face. Non, il y a quelque chose de différent. Contrairement à mon mauvais pressentiment habituel, je ne me sens pas en danger. Qui cela peut-il être ?
Le plus discrètement possible, je tente de regarder en arrière en tournant légèrement la tête, observant ces personnes du coin de l'œil. Je le regrette aussitôt lorsque son regard se pose sur moi. Le regard du fameux joueur de basket.
Je me retourne aussitôt, les joues rouges de gêne, espérant intérieurement qu'il ne s'approche pas de moi. Je veux être seule, c'est tout ce que je demande. Être seule de mon côté, sans personne à qui parler. Alors laissez-moi tous tranquille...
La file avance enfin et je me retrouve rapidement à l'intérieur du réfectoire. Aussitôt, je m'active à remplir mon plateau, ne voulant pas faire face à ce jeune homme, ni à quiconque. Malheureusement, ce n'est pas toujours possible, surtout quand on doit faire un choix.
- Bonjour toi. me salue gaiement une des cuisinières. Que veux-tu manger ? Aujourd'hui, nous avons un Shoyu Ramen ou un Karé Raisu. Qu'est-ce qui te ferait plaisir ?
Dans un silence absolu, je la salue d'un simple signe de tête, avant de porter mon regard sur les deux plats proposés. D'un côté, la sauce soja des Shoyu Ramen est quelque chose que j'adore. Mais de l'autre, la sauce épicée au curry du Karé Raisu a toujours plu à mes papilles gustatives. Je ne sais définitivement pas lequel choisir. J'aime beaucoup trop ces deux plats.
- Excuse-moi, est-ce que tu as besoin d'aide pour choisir ton plat ?
Un violent frisson parcourt tout mon corps, tandis que je me retourne lentement vers le joueur de basket. Son regard orageux plonge aussitôt dans le mien, comme s'il cherchait une quelconque approbation silencieuse de ma part.
Pour une raison que j'ignore, mon regard noir ne semble pas le faire fuir. Au contraire, le sourire qu'il arbore s'agrandit de plus en plus, me faisant davantage froncer les sourcils de mécontentement. Qu'est-ce qu'il me veut à la fin ?
Je secoue la tête pour lui signifier que je n'ai pas besoin de lui. Puis, je me tourne vers la cuisinière pour lui montrer le Karé Raisu de la main. Elle acquiesce aussitôt, signe qu'elle a compris, puis elle me tend finalement mon plat. Je le saisis et la remercie d'un signe de main enfantin, avant de fuir loin de ce basketteur intrusif.
Je pose mon plateau sur une table, avant de m'asseoir à ma place habituelle, heureuse de constater que personne ne se trouve trop proche de moi. Parfait. Je vais enfin pouvoir avoir un peu de temps pour moi.
Mes écouteurs dans mes oreilles, je laisse mon esprit et mon corps s'ambiancer lentement au fil de la musique, tandis que je fourre une grosse cuillère de riz dans ma bouche. Mon estomac se retrouve aussitôt comblé, ravi d'avoir accès à un repas aussi savoureux.
Malheureusement, ma joie est de courte durée lorsque j'entends des rires moqueurs et sournois se rapprocher de ma position. Je n'ai pas besoin de tourner la tête pour savoir de qui il s'agit, mon cœur l'ayant compris tout seul. Shizuka Shinjo et sa bande.
- Tiens tiens, mais c'est ma petite Itami ! dit celle-ci dans un grand sourire malhonnête. Ça tombe bien, c'est toi que je devais voir.
Je serre aussitôt la mâchoire en comprenant ce que cela signifie. Lentement, je repose ma cuillère dans mon plat, ainsi que mes écouteurs, avant de lui faire finalement face, mon regard froid se plongeant aussitôt dans le sien. Malheureusement, avec elle, il n'a jamais l'effet escompté.
- Ne me regarde pas ainsi, Itami. Je croyais que nous étions amies ?
Amies ? On ne l'a jamais été, et elle le sait très bien. Et le fait qu'elle m'appelle par mon prénom au lieu de mon nom prouve bien le peu de respect qu'elle a à mon égard. Quand elle m'appelle par mon prénom, c'est toujours pour se moquer de moi ou pour me faire un mauvais coup. Et elle ose dire que nous sommes amies ? Ah, la bonne blague !
- Enfin bref, là n'est pas la question. Je voulais te parler d'autre chose... dit-elle, sa voix devenant plus grave. Il me semblait que tu t'étais portée garante pour nettoyer le terrain de basket, ainsi que les maillots de sport de l'équipe ? Et qu'est-ce que j'apprends ? Je découvre que tu t'es enfuies en courant juste parce que tu t'es pris un ballon en plein visage ? Est-ce que tu trouves ça normal ?
Je ne dis rien, mon regard toujours planté dans le sien. C'est elle qui m'a ordonné, qui m'a presque menacé, pour que je m'occupe de ses corvées. Moi, je n'avais rien demandé. Et maintenant, je suis responsable de ses propres erreurs ? Décidément, je ne comprendrais jamais son mode de fonctionnement...
Un soupir franchit mes lèvres, tandis que je me retourne vers mon plat pour reprendre une grosse cuillère de mon délicieux riz. Visiblement, mon action ne semble pas plaire à Shizuka, qui me saisit rapidement les cheveux pour les tirer violemment en arrière, me forçant ainsi à relever la tête vers elle.
Son regard est indéchiffrable. Mais je sais très bien qu'elle va me faire payer mon ignorance. Après tout, elle se sent forte quand elle est avec son groupe. Il faut bien qu'elle maintienne son rôle de leader devant tout le monde. Et malheureusement, c'est toujours moi qui en paie le prix.
- Tu te crois où, exactement ? me demande-t-elle de haut. Tu n'as aucun droit de m'ignorer comme tu le fais. Aux yeux du monde, tu n'es qu'un nuisible ingrat et répugnant. Tout ce que tu peux faire, c'est suivre les ordres que l'on te donne, rentre-toi bien ça dans le crâne, Itami.
À cet instant précis, elle se retient de me gifler devant tout le monde. Le fait que je me fasse humilier en public ne dérange personne, cependant la violence est bannie pour tous. Mais cela n'empêche pas certaines personnes de contourner les règles pour faire ce qu'elles leur chantent.
Le regard orageux de Shizuka se pose tout à coup sur mon plateau-repas. C'est alors que ses yeux s'illuminent, comme si elle venait d'avoir une brillante idée... Une brillante idée pour porter davantage atteinte à mon image.
- Ton repas a l'air délicieux, Itami. Vu comme tu es maigre, tu devrais en manger un peu plus. Peut-être que cela te donnera un aspect physique moins horrible pour tout le monde. dit-elle, de son sourire narquois. Je peux d'ailleurs t'aider, si tu veux.
Et avant que je ne puisse faire quoi que ce soit, les mains de Shizuka se dirigent droit sur mon plateau pour le saisir et le lever au-dessus de ma tête. Malheureusement, même en comprenant ce qu'elle compte faire, il est déjà trop tard. Le contenu de mon plateau est aussitôt renversé sur ma tête, glissant le long de mes vêtements, pour finalement terminer sa course sur le sol carrelé du réfectoire.
- Et maintenant, mange. m'ordonne-t-elle froidement.
Les sbires de Shizuka me saisissent les épaules et me forcent à me mettre à genoux sur le sol, obligeant ma tête à rester tournée sur mon ancien repas. Puis, ils me lâchent, et Shizuka se penche alors vers moi pour me désigner le reste de nourriture.
- Mange, Itami. Et je te laisserais peut-être tranquille après ça.
Les mains sur les genoux, je garde le regard rivé sur le sol, les larmes me montant lentement aux yeux. Pourquoi est-ce que je subis tout ça ? Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ? Tout ce que je veux, c'est qu'on me laisse tranquille. Je ne demande rien d'autre. Alors, laissez-moi tranquille. Par pitié...
Les poings à présent serrés, démontrant ma rage intérieure, je n'arrive plus à cacher ma tristesse et ma peur sous mon masque habituellement imperturbable. Je me sens mal, ridicule et faible, comme un déchet de la société. Pourquoi me fait-on endurer tout cela ? Qu'est-ce qui ne va pas chez moi pour qu'on me haïsse autant ?
Finalement, je relève lentement la tête pour porter mon regard sur la jeune femme haïssable qui se tient debout devant moi. Celle-ci ne semble pas apprécier mon geste, si bien qu'elle fait un pas vers moi, son bras se levant pour me frapper. Mais avant que Shizuka ne puisse parvenir à ses fins, une voix forte s'élève dans les airs, attirant aussitôt notre attention.
- Laissez-la tranquille !
✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top