| 𝟐𝟐 | Itami

✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧

~ 2746 mots ~

═════════╕
Itami
╘═════════

✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧

Le temps est chaud et ensoleillé pour cette journée de tous les possibles, où tout peut arriver. Excitée comme une puce, je me balade avec Takao entre les différents stands du parc d'attractions nomade. Cela fait un an jour pour jour que je suis venue ici pour la toute première fois. Un an que j'attendais, que j'espérais pouvoir y retourner bientôt en compagnie du jeune homme. Et aujourd'hui, c'est enfin le moment.

Marchant d'un pas lent, mon regard passe d'une attraction à une autre en seulement quelques secondes, totalement admiratif des créations de l'Homme, pour finalement se poser sur ce qui semble être un stand de tir. Et plus précisément sur deux petites peluches qui me lancent une œillade suppliante, comme si celles-ci ne voulaient pas rester plus longtemps en ces lieux.

Tandis que je me décide à tenter ma chance, bien que je n'y ai jamais joué, mon compagnon du jour me passe devant, demandant trois essais pour deux peluches. Mon cœur rate un battement, mes joues virant à un rouge écarlate en comprenant qu'il m'a vu fixer désespérément ces petites peluches.

Me contentant de le regarder dans le plus grand des silences, je me rends compte que Takao est un habitué des lieux, au vu de la vitesse à laquelle il place la balle plastique dans son arme de fortune. Aussitôt chargé, aussitôt le viseur placé près de son œil, le jeune homme ne met que quelques secondes avant de dégommer sa première cible, garantissant déjà une première peluche.

Je retiens de justesse une exclamation de joie, ne voulant pas le déranger dans sa concentration extrême. Les seuls moments où je le voyais ainsi sérieux, c'était lors de ses matchs de basket. À ces instants-là, nul ne pouvait le bloquer. Mais pourquoi se concentrer autant ici alors qu'il ne s'agit que d'un jeu ?

- Merde ! s'exclame aussitôt sa voix.

En reportant mon regard sur lui, je constate qu'il a manqué sa cible de peu, ne lui laissant ainsi qu'un seul tir pour s'emparer de la deuxième peluche. Me rapprochant instinctivement du jeune homme, je l'entends faiblement marmonner contre son mauvais coup, comme si une malédiction le poursuivait inlassablement. Je réalise alors qu'il ne fait pas seulement allusion à ce jeu, mais également à son dernier match de basket-ball de la Winter Cup.

Les poings serrés, je le regarde avec impuissance continuer de jurer contre lui-même. Il n'a pourtant aucune raison d'agir ainsi. C'est un excellent joueur, fier et aguerri dans tout ce qu'il entreprend. Ce n'est pas en s'insultant de tous les noms qu'il le réalisera de nouveau. Il faut que je parvienne à lui faire comprendre cela. Mais comment ?

Me rapprochant encore plus de lui, je me retrouve finalement à ses côtés, son regard désespéré se posant quelques instants sur moi, me brisant aussitôt le cœur. Je ne supporte pas de le voir aussi abattu, aussi malheureux, surtout pour quelque chose d'aussi idiot que cela.

C'est alors que, sans réfléchir, comme portée par mon instinct, je saisis avec douceur son visage entre mes deux mains. Plongeant profondément mon regard dans le sien, je me rapproche lentement de lui, posant avec une tendresse infinie mes lèvres sur sa joue, nous faisant tressaillir tous les deux.

- Tu n'es pas nul, est-ce que c'est clair ? m'exclamai-je fortement, en replongeant mes yeux turquoises dans les siens. Tu en es même très loin. Alors, je t'interdis de penser à de telles inepties. Maintenant, tu vas te concentrer et tirer sur ta deuxième cible. Et tu gagneras !

D'abord surpris, le jeune homme cligne plusieurs fois des yeux, avant de sourire de toutes ses dents, quelques rougeurs apparaissant sur ses joues. Réalisant finalement ce que je viens de faire, je m'écarte rapidement, le visage écarlate, sans pour autant le perdre du regard. Mon action n'était pas préméditée, et pourtant, elle semble malgré tout avoir porté son petit effet.

Retrouvant sa concentration, le jeune homme reporte son attention sur sa cible, plaçant sa sombre prunelle devant le viseur de l'arme. Apaisant sa respiration, quelques secondes se passent avant qu'il ne se décide à faire feu, atteignant sa cible en plein centre. Et c'est donc une victoire totale pour le jeune homme, qui n'hésite pas à exprimer librement sa joie.

Avant même que je ne puisse faire le moindre mouvement, Takao se retourne vers moi pour me prendre dans ses bras, me faisant tournoyer dans les airs d'un naturel total. Se rendant finalement compte de son geste, l'expression joyeuse du jeune homme disparaît rapidement, ne laissant bientôt place qu'à un impressionnant rougissement.

Me reposant avec douceur sur le sol, il se détourne bien vite de moi pour s'emparer des deux lots, avant de reporter de nouveau son attention sur ma silhouette pour me tendre une peluche. Un faucon ayant curieusement les mêmes yeux que lui. Quant à la sienne, il s'agit d'une petite biche, son regard arborant un vert doux et sincère.

Je le remercie d'un simple hochement de tête, mes joues s'empourprant d'un rose délicat. Je suis certaine que, comme moi, il a réalisé que le faucon le représente aussi bien que la biche vis-à-vis de moi. Est-ce une action de sa part pour me faire comprendre quelque chose ? Ou est-ce seulement moi qui espère ainsi quelque chose ?

Je secoue fermement la tête, ne voulant pas m'imaginer des choses qui ne se produiront peut-être jamais. Décidée à me changer les idées, je salue poliment le dirigeant du stand d'un sourire, avant de m'éloigner vers une nouvelle petite attraction, Takao sur mes talons.

『••✎••』

La grande roue. Cette attraction considérée comme légère et aérienne pour certains, et extrêmement romantique pour d'autres. J'ignore comment nous en sommes arrivés là, mais nous voici installés face à face dans l'une des nombreuses cabines de l'attraction, celle-ci s'élevant lentement dans les airs.

Braquant mon regard sur l'extérieur, je contemple avec curiosité et engouement le monde devenir de plus en plus petit au fur et à mesure que nous rejoignons la profondeur du ciel. L'homme n'est finalement que peu de choses sur cette planète que nous chérissons malgré nos nombreuses et épouvantables erreurs.

Confortablement installée au fond de mon siège, je fais tout mon possible pour ne pas porter d'attention au jeune homme, qui me fixe désespérément depuis que nous sommes montés dans cette nacelle. Je sais qu'il veut que l'on parle de mon geste surprenant de tout à l'heure, mais cela m'est impossible. J'en suis actuellement incapable.

Mon cœur tambourine tellement fort dans ma poitrine qu'il m'empêche de faire le moindre mouvement. Je ne peux plus bouger. Je ne peux plus réfléchir correctement. J'ai même la sensation que si je respire un peu trop fort, Takao entendra mon cœur battre la chamade.

Je ne comprends pas pourquoi je suis tout à coup aussi gênée. Il est vrai que mon geste précédent ne me ressemblait absolument pas. Mais pourtant, je devais le faire. Je voulais le faire. C'est comme si j'en avais absolument eu besoin, comme si avoir un tel contact m'était tout à coup devenu aussi vital que le pollen pour les abeilles. Je ne comprends pas...

- Merci. me coupe tout à coup Takao.

Fronçant les sourcils, je relève lentement mon regard vers mon ami, qui continue de me fixer comme si j'étais la seule chose appréciable au monde. Merci ? Pourquoi me remercie-t-il ainsi ? Voyant mon incompréhension, le jeune homme rigole légèrement, avant de détourner le regard vers l'extérieur.

- Merci de faire partie de ma vie, Itami. Elle n'aurait jamais été aussi belle sans toi, sans notre rencontre et sans notre amitié exceptionnelle. Vraiment, merci.

Mon cœur rate un battement lorsque mon prénom franchit la barrière de ses lèvres. Mes joues s'embrasent avec force, une chaleur nouvelle s'emparant de tout mon être. Si on m'avait dit qu'entendre réellement son prénom dans la bouche du garçon que l'on aime faisait un tel effet, je ne l'aurais jamais cru.

- Jamais je ne regretterais tous les moments que nous avons passés ensemble. Ils resteront à jamais ancrés dans ma mémoire.

Mes yeux papillonnent légèrement, ne comprenant pas vraiment où il veut en venir. Ses paroles sont certes adorables, mais je ne peux contenir ces doutes qui se forment petit à petit en moi. Pourquoi ses paroles ressemblent-elles tant à un au-revoir ? Pourquoi ai-je tout à coup un mauvais pressentiment ?

- Takao, qu'est-ce que tu...

- Je t'aime, Itami.

Mes yeux s'écarquillent sous la surprise, sous le choc de cette révélation. Mes joues s'embrasent passionnément. Ma bouche s'assèche brutalement. Mon cœur fait un bon brutal dans ma cage thoracique, à présent au bord de l'implosion. Tout mon corps, tout mon être se met à trembler, si bien que je remercie le banc d'être présent pour me soutenir.

Il m'aime... ? Takao... M'aime ? Pour de vrai ? C'est vraiment réel ? Avant même que je ne comprenne ce qu'il m'arrive, une boule se forme au fond de ma gorge, les larmes me montant aux yeux. Des larmes de joie et d'amour, mêlées à une stupéfaction totale. Comment peut-il ainsi m'aimer ? Après tout ce que j'ai vécu dans cette vie misérable ?

Alors que je m'apprête à lui poser la question, Takao ne m'en laisse aucunement l'occasion, la porte de la nacelle s'ouvrant sur la fin de notre tour, sur la fin de nos instants précédents. Le jeune homme se redresse rapidement, le visage bas et les joues rouges, s'empressant de quitter l'attraction en courant presque loin de moi, comme s'il voulait tout à coup me fuir.

- Takao, attends !

Je me faufile à travers la porte et me précipite vers le jeune homme, ne voulant pas le lâcher aussi facilement. Je cours presque derrière lui pour tenter de le rejoindre. Ma main s'empare finalement de son poignet, le serrant de toute sa faible force pour attirer son attention sur moi.

D'abord hésitant, toujours fuyant, son visage rougissant se pose lentement sur moi, comme paniqué suite à cette déclaration qui ne semblait visiblement pas prévue. Cela ne m'empêche en rien de prendre la parole, bien décidée à obtenir des réponses, même si ma voix se fait étonnamment timide.

- Co... Comment ça ? Takao, comment... Comment peux-tu m'aimer ?

- Itami... murmure-t-il doucement, faiblement, en posant d'une tendresse infinie ses deux mains sur mes joues. La véritable question que tu devrais te poser, c'est comment ne puis-je pas t'aimer ? Comment ne puis-je pas tomber amoureux de toi ?

De grosses larmes coulent le long de mes joues, touchant ses doigts de leur chaleur salée, tandis que son regard se fait tendre comme jamais. Posant son front contre le mien avec une douceur que je ne lui connaissais pas, nous fermons nos yeux pour profiter de la présence de l'autre, pour profiter de ce contact secret pourtant tant recherché.

- Tu es parfaite, Itami. En tout point. reprend-il doucement. Tu es belle, tu es adorable, tu es forte, tu as une âme sublime et si gentille... Parfaite. J'aime me perdre dans ton regard lorsque nous discutons. J'aime voyager à travers tes paroles comme le ferait l'eau dans une rivière. J'aime ta timidité lorsque tu utilises ta voix. J'aime tout de toi. Absolument tout. Ton rire... C'est ton rire qui a tout déclenché. C'est ton rire qui m'a réellement fait tomber amoureux de toi, et ce dès l'instant où je l'ai entendue. J'ai juste été très lent à m'en rendre réellement compte. Et encore maintenant, je me sens terriblement maladroit à ton égard.

Se raclant la gorge d'un air gêné, il détourne le regard un court instant, passant sa main dans ses cheveux comme pour se donner une certaine contenance. Il ne pensait pas dévoiler ainsi ses sentiments. Pas comme ça, pas maintenant. Mais étrangement, c'est ce qui rend sa déclaration aussi incroyable que romantique.

- Itami, je t'aime. Je t'aime comme tu es. Je t'aime pour ce que tu es. Je t'aime toi. Toi toute entière. Que tu ne crois plus en toi à cause de ton harcèlement, à cause de tes peurs, je m'en moque. Moi, je crois en toi. Moi, je suis là pour toi. Que tu te sentes détruite et humiliée, ce ne sera jamais une raison suffisante pour que je reste loin de toi. Tu mérites de vivre heureuse et d'être aimée, Itami. Et je refuse que tu prétendes le contraire.

Il s'interrompt finalement, s'écartant légèrement de moi pour plonger son regard dans le mien. J'ai aussitôt la sensation de m'y noyer, ses prunelles me projetant dans des émotions plus contradictoires les unes que les autres. Mon cœur est au summum de ce qu'il peut supporter. Takao cherche-t-il à me rendre encore plus folle de lui que je ne le suis déjà ?

Cette fois, c'est à mon tour de lui dire. C'est à mon tour de me déclarer. Posant avec une douceur infinie ma main sur sa joue pour la caresser d'un geste tendre, je souris comme je ne l'ai encore jamais fait, avant de baisser mon regard pour le diriger vers le sol, mes joues s'emparant d'une couleur rosée aussi romantique que notre amour l'un pour l'autre.

- Je... Je t'aime aussi... Takao... Kazunari... murmurai-je malgré moi, gardant mon regard rivé sur le sol bétonné. Je ne saurais pas dire comment ni pourquoi, mais c'est comme ça. Je t'aime. Tu es la première personne à m'avoir tendu la main quand j'en avais besoin. Et rien que pour cela, je ne pourrais jamais assez te remercier. Tu es mon sauveur certes, mais ce n'est pas pour cela que je suis tombée amoureuse de toi. Ton sourire, ta joie de vivre et ton implication dans chaque tâche que tu dois accomplir m'ont toujours plu chez toi...

Je m'interromps, ne sachant pas quoi dire de plus. Je cherche mes mots. Tout s'emmêle dans ma tête, si bien que j'ai l'impression de devenir complètement folle. Complètement folle de lui. Posant avec tendresse sa main sur ma joue, Takao pousse un petit soupir ému, ne s'attendant visiblement pas à ce que je l'aime autant.

- Itami... Est-ce que je peux t'embrasser ?

- Oui...

Mon regard de nouveau plongé dans le sien, je ne peux calmer les palpitations de mon cœur, celui-ci devenant un peu plus fou à chaque seconde qui s'écoule en compagnie de son âme-sœur. Takao se penche lentement vers moi, nos nez se touchant doucement, nos regards s'embrasant d'une lueur nouvelle. Dans les bras l'un de l'autre, j'ai l'impression que plus rien ne peut nous atteindre. Rien ne peut nous arrêter. Et alors que nos lèvres se frôlent, je ferme les yeux, cherchant à oublier tout le reste.

C'est alors qu'un « clic » retentit non loin de nous. Un « clic » comparable à celui d'un appareil photo. Surpris, nous tournons aussitôt la tête vers l'homme se tenant non loin de nous, son appareil photo braqué droit sur nous. Celui-ci lève les mains en l'air dans un mouvement innocent, avant de se rapprocher de nous pour nous tendre quelque chose.

- Ne faîtes pas attention à moi. s'exclame-t-il, en nous tendant la photo avec un petit sourire gêné. Vous étiez tellement mignons et la scène semblait tellement irréelle avec cet arc-en-ciel que je me devais de vous photographier. Mais je vous laisse tranquille maintenant. La dernière chose que je peux vous dire, c'est de profiter pleinement l'un de l'autre. Votre amour est tellement évident que je suis certain que plus rien ne pourra jamais vous atteindre. Passez une bonne fin de journée et vivez votre vie librement, comme vous le souhaitez réellement. Je suis persuadé que vous ferez de très grandes choses ensemble.

Le photographe part aussi vite qu'il est arrivé, comme un véritable courant d'air. Nous portons brièvement un regard à cette photo, dont l'amour transparaît bien dessus. Nous sourions doucement et nous regardons de nouveau, nos cœurs apaisés et nos sentiments illuminés.

- Bien, où est-ce qu'on en était ?

Je rigole doucement et Takao se penche de nouveau lentement vers moi, posant enfin avec un amour infini ses lèvres sur les miennes. C'est ainsi que se termine notre première histoire, celle de notre rencontre et de notre amitié. Et voici comment commence la seconde, celle de notre amour et de notre futur ensemble. « À celle qui a su conquérir mon cœur. À celui qui a su guérir mes peines. Nous nous aimons de cet amour que nous appelons inconditionnel. Et nous jurons de toujours nous être fidèles... »

✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top