| 𝟐 | Kazunari
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Kazunari
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Des entraînements, encore et toujours. Des entraînements de plus en plus longs et de plus en plus fatigants. Toujours être à l'heure. Toujours suivre les ordres. Toujours être au taquet. Toujours être prêt à imaginer différents scénarios pour parer nos adversaires.
J'adore le basket. Encore aujourd'hui comme hier. Je ne pourrais pas vivre sans. Ce sport fait partie de ma vie, de mon quotidien. Mais contrairement aux autres, je ne suis pas tant que ça axé sur la victoire. J'aime gagner, bien entendu, mais la défaite fait également partie du jeu. Il faut savoir vivre avec et apprendre de ses erreurs. Bien que ce ne soit pas le cas de tout le monde...
- Takao, bouge-toi un peu ! Envoie le ballon plus rapidement à Midorima !
- Ouais ouais... soupirai-je, un air blasé sur le visage, tandis que je cours sur le terrain pour mieux me placer.
Il n'y a pas à dire, Miyaji adore gueuler sur tout le monde quand le rythme et la motivation ne sont pas suffisamment au rendez-vous. Mais de là à nous faire travailler comme des esclaves, il y a des limites...
Avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, Ōtsubo m'envoie le ballon. Je le récupère facilement, dribblant aisément Kimura, avant de chercher d'un bref regard un partenaire pour recevoir ma passe. Comme d'habitude, Midorima se met à bonne distance pour ses trois points, ce qui me fait légèrement sourire.
Par le passé, jamais je n'aurais imaginé faire équipe avec un ancien membre de la Génération Miracle. Et surtout pas après la raclée que je me suis pris dans mon ancienne équipe. Alors forcément, quelle surprise j'ai eu lorsque j'ai vu que nous étions à présent dans la même situation.
À défaut d'avoir pu le battre par le passé, je veux à présent être le meilleur partenaire possible à ses yeux. Je sais que je suis loin d'avoir son talent et son expérience, mais cela ne m'empêche pas d'espérer obtenir un jour son respect. Et d'ici-là, je ferais en sorte de le rendre encore plus fort grâce à mes passes.
Et c'est donc avec un sourire en coin que je n'hésite pas une seconde avant de lui envoyer parfaitement le ballon, pour qu'il puisse tirer l'un de ses fameux trois points. Paf ! Directement dans le panier. Comme toujours, c'est bluffant !
- Parfait ! s'exclame notre capitaine. Allez les gars, on fait une pause. Vous avez trois minutes.
Un soupir quitte aussitôt mes lèvres. Enfin ! Une pause à la torture. C'est pas trop tôt ! Je m'empresse de me diriger vers le banc pour attraper ma serviette et essuyer la sueur qui coule tout le long de mon visage. Puis, je saisis ma bouteille d'eau pour la porter à mes lèvres, avalant rapidement quelques gorgées pressées.
- Tu as bien joué, Takao. me félicite notre coach. Mais j'aimerais bien te voir davantage dans l'attaque. Tu restes trop dans l'ombre de Midorima, alors que je sais que tu peux faire mieux que ça. Je sais que tu aimes bien faire équipe avec lui pour lui transmettre tes passes, mais il faut aussi que tu parviennes à jouer seul. Ce serait du gâchis de ruiner un talent comme le tien.
Un talent comme le mien ? Il n'a pourtant rien à envier à quiconque. Alors, pourquoi devrais-je changer ma manière de jouer ? Surtout si c'est pour jouer en solo ? Au basket, comme au foot, personne ne peut gagner seul. Alors, pourquoi me demander une telle chose ?
Plongé dans mes pensées, je ne remarque pas tout de suite le regard froncé que Midorima porte sur moi. Mais lorsque je m'en rends enfin compte, celui-ci se détourne de moi, comme si de rien n'était. Pourtant, je suis certain d'avoir vu une lueur d'inquiétude dans son regard. Serait-il perturbé à la moindre idée que je puisse jouer sans lui ? Non, ça m'étonnerait. Midorima n'est pas de ce genre-là.
Un soupir quitte mes lèvres, tandis que je pose mes doigts sur mon front, comme si toute cette situation me prenait la tête. Pour l'instant, il est inutile que je prête attention aux propos du coach. Je préfère rester focus pour que mes balles soient les plus parfaites possibles.
- Allez, on reprend l'entraînement !
D'un geste vif, je repose ma serviette et ma bouteille d'eau sur le banc, avant de me précipiter sur le terrain, bien déterminé à montrer au coach, ainsi qu'au reste de l'équipe, que mon jeu de passes est le meilleur pour moi.
『••✎••』
Il est presque dix-sept heures quinze lorsque nous calmons un peu le rythme de notre entraînement. Je n'ai presque plus d'énergie, presque plus de motivation. Tout ce que je veux à présent, c'est prendre une douche et me coucher au chaud dans mon lit sans plus jamais devoir me lever. Mais ça, c'est pas encore gagné...
- Allez les gars, on termine ce petit match. Puis après, on conclut l'entraînement sur des séries de passes rapides. s'exclame fortement le coach.
Je lui lance aussitôt un regard écarquillé. Des passes rapides ? Il veut nous achever ou quoi ? S'il ne veut pas qu'on gagne la Winter Cup, il a juste à le dire. Parce qu'à ce rythme-là, on ne sera même pas en mesure de tenir debout sur un terrain.
Avec toute la motivation qu'il me reste, je parviens à saisir le ballon lancé par Ōtsubo, avant de l'envoyer rapidement à mon éternel coéquipier, Midorima. Celui-ci ne me lance pas le moindre regard, s'empressant de tirer un panier à trois points. Et comme toujours, il marque, pour mon plus grand plaisir.
Parfois, je ne peux m'empêcher de me dire que c'est grâce à moi si ces passes deviennent décisives. C'est grâce à moi si on gagne autant de matchs. Bien que je sache très bien que je ne suis pas le meilleur joueur sur le terrain. Mais penser ainsi me donne encore plus de motivation et de détermination.
Une nouvelle contre-attaque. Je réceptionne le ballon. J'évite le marquage de Kimura. Je fonce vers le panier. Je repère Ōtsubo, prêt à me tomber dessus. Sans regarder, j'envoie le ballon sur ma droite. Midorima le récupère à la perfection. Il se met en position et tire. Panier. Fin du match. Victoire pour notre petite équipe. Propre, net et précis. Voilà un travail bien fait.
Le coach siffle le coup final et aussitôt, je pousse un long soupir, avant de m'étirer. C'est là que je ressens quelque chose de nouveau. Une nouvelle présence. Une présence féminine. Je tourne légèrement la tête, cherchant la nouvelle venue du regard, mais ne la trouve pas. Un nouveau soupir quitte alors mes lèvres. Ce doit encore être une fille qui est venue pour nous mater...
Je secoue légèrement la tête et rejoins mes camarades pour l'entraînement final : les passes rapides. J'espère que le coach n'en abusera pas. J'aimerais bien être suffisamment en forme pour travailler un peu mes cours ce soir...
- Encore une demi-heure et vous pourrez y aller après. nous dit-il.
Je lève brièvement les yeux au ciel, avant de trouver une dernière source de motivation pour terminer cet entraînement. Rester focus jusqu'à la fin. C'est alors que Miyaji lance les hostilités avec le ballon, s'empressant de l'envoyer sur Kimura, qui le réceptionne et l'envoie à Midorima. Et ainsi de suite, jusqu'à ce que tout le monde l'envoie plusieurs fois sur un autre partenaire.
Finalement, chacun joue le jeu. Même moi. Et chacun s'amuse bien. Je crois même voir un fin sourire sur le visage de notre cher Midorima, chose de plus en plus fréquente depuis notre défaite contre Seirin, il y a de cela quelques semaines. Et à chaque fois qu'il sourit, même très légèrement, toute l'équipe se retrouve remotivée et davantage prête à en découdre.
- Takao, envoie la balle au lieu de rêvasser !
Moi ? Rêvasser ? Je lance un regard de travers, totalement indigné. Attends un peu, Shintarō Midorima ! Alors que je m'apprête à lui envoyer le ballon, je le feinte et je pars en courant en direction du panier opposé, sous les regards surpris et amusés de mes coéquipiers.
Je cours, je cours, puis je shoote vers le panier. Et alors que je pensais qu'elle allait facilement entrer, mon tir est finalement dévié par Midorima, qui me renvoie le ballon, comme si de rien n'était. Je le regarde, choqué, tandis que tous les autres rient à gorge déployée.
- Bah alors ? T'es trop petit, Takao ?
- La ferme, Kimura ! grognai-je, le poing serré.
Celui-ci rigole davantage, comme tous les autres, se moquant ouvertement de moi. Même si je sais que ce n'est pas méchant, c'est toujours énervant de se faire battre sur ses propres points faibles. C'est tellement énervant que j'envoie de colère le ballon droit devant moi, sur mon partenaire.
Et c'est alors que je réalise mon erreur. Et c'est alors que je comprends la violence de mon geste... Lorsque mon regard se pose sur elle. Lorsque je comprends que tout va mal se terminer pour elle, qui n'a encore rien vu venir...
- Attention ! hurlai-je fortement.
Malheureusement, mon intervention est bien trop tardive. La jeune fille reçoit le ballon en pleine tête, sans pouvoir y échapper. Elle se retrouve aussitôt assise sur le sol, sonnée sous le coup de la surprise. Sous la violence du choc.
Le silence se fait aussitôt dans tout le gymnase, les regards se tournant et se détournant entre cette jeune fille et moi. Plus personne ne bouge. Plus personne ne parle. C'est comme si toute vie avait quitté les lieux, comme si tout avait subitement été abandonné à cause de cet affront.
Je ne sais pas quoi faire. J'aimerais lui tendre la main, lui venir en aide, mais c'est étrange, je n'y arrive pas. Je suis comme paralysé sur place, comme incapable de bouger. Ma honte est-elle trop puissante au point de ne pas vouloir lui prêter main forte ? Non, c'est n'importe quoi. Il n'y a rien ni personne qui puisse m'empêcher de ne pas réparer mon erreur.
D'un pas lent, très hésitant, je me rapproche de cette mystérieuse jeune fille. La distance me paraît immense, comme mon envie de me faire pardonner. Je ne suis pas un violent, je haïs même profondément ce genre de méthode barbare. Pourtant, je n'ai pas fait mieux actuellement...
Finalement, je prends mon courage à deux mains et me précipite vers elle, toujours assise sur le sol. Son visage est caché derrière le ballon, qu'elle tient fermement de ses deux mains, comme un réflexe en retard. Et lorsque je me retrouve près d'elle, celle-ci esquisse un mouvement de recul, comme si elle avait peur de moi. Je lève aussitôt les mains en l'air, tout en m'accroupissant près d'elle.
- Je suis désolé ! Je suis désolé ! Je ne voulais pas te faire de mal, je te le jure ! m'excusai-je alors rapidement, paniqué à l'idée de lui avoir fait mal. Est-ce que ça va ? Tu es blessée ?
De longues secondes s'écoulent, dans un silence absolu, avant que la jeune fille ne baisse le ballon pour finalement me dévoiler son visage. Je remarque aussitôt la grosse marque rouge sur son front. Mais heureusement, cela semble être sa seule blessure. C'est alors que je porte mon regard sur son visage. Un visage fin aux traits délicats, qui attire aussitôt mon attention.
Des cheveux blancs assez courts mais lumineux, aussi éclatants que la plus belle des neiges. Un petit nez adorable qu'on aimerait bien embrasser en « esquimau ». Tout chez elle est adorable et doux. Mais ce qui me sidère autant, ce sont ses yeux. Des yeux turquoises, comme je n'en ai encore jamais vu auparavant.
Remplis d'une tristesse et d'une souffrance indescriptible, ils semblent avoir vu bien trop de malheurs dans leur vie. Et pourtant, malgré tout cela, j'arrive à percevoir une âme douce et sincère, ensevelie sous un tas de terreur et d'abandon. Qu'a-t-il bien pu lui arriver dans sa si courte existence pour que je ressente également une tristesse sans précédent ?
C'est alors que je remarque une larme. Sa larme, couler lentement le long de sa joue. Une seule larme, qui pourtant dévoile toute sa détresse et sa panique. Mon esprit ressent aussitôt le besoin de lui venir en aide, de lui tendre la main pour la sortir de cet horrible enfer.
Et alors que je me demande comment l'aider, je la vois chercher quelque chose dans son sac à dos. Elle trouve finalement et en sort un bloc-notes. Un simple bloc-notes du quotidien, mais qui pourtant laisse supposer qu'il a une grande valeur à ses yeux.
Je la regarde donc d'un air surpris, me demandant ce qu'elle peut bien écrire dessus. Mais avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, elle retourne son bloc-notes pour me montrer ce qu'elle y a inscrit, me laissant alors totalement interdit par son action.
« Je te pardonne. »
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