| 𝟏𝟖 | Itami
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~ 3075 mots ~
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Itami
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- Shizuka ! Shizuka, il faut qu'on parle !
Un soupir exaspéré s'échappe des lèvres de la blonde, son regard restant malgré tout rivé sur son casier. Elle ne semble visiblement pas d'humeur à discuter, son attention étant tournée vers le grand sac de cours qu'elle est méticuleusement et soigneusement en train de remplir.
Suite à ma petite rébellion contre Camilla il y a de cela quelques jours, ma voix m'est non seulement revenue comme un puissant déclic, mais Shizuka s'est également montrée honnête avec le proviseur et s'est donc sacrifiée pour faire renvoyer la rouquine, chose que celle-ci n'a d'ailleurs pas du tout apprécié.
Elles se retrouvent ainsi toutes les deux sans lycée pour terminer leurs études. Quant à moi, je suis finalement libérée de toute tyrannie et de tout harcèlement. De tout danger. Désormais, je peux vivre comme je l'entends, et je peux parler sans le moindre risque de blocage. Et tout cela, je le dois à Dalya, à Takao et étonnement à Shizuka.
Pour être honnête, je ne comprends pas vraiment son mode de fonctionnement. Alors qu'elle me harcelait depuis des années, alors qu'elle s'en prenait constamment à moi, elle a finalement retourné sa veste contre Camilla, celle qui était pourtant la plus proche d'elle. Pourquoi faire une telle chose et ne rien dire ensuite ? Cela n'a pas de sens.
- Shizuka, je t'en prie. Je t'en supplie... J'aimerais simplement comprendre.
Nouveau soupir. Aucune réponse. La blonde garde désespérément son regard rivé sur ses affaires, comme si en réalité, elle ne voulait pas me faire face. Pas parce qu'elle a agi pour m'aider, mais parce qu'elle a honte. Honte d'avoir été si méchante et infecte avec moi. Mais sa fierté l'empêche de me le dire en face.
Shizuka a toujours été un mystère pour moi. Un jour, elle pouvait être gentille. Et le suivant, une vraie peste. Jusqu'à ce qu'elle devienne officiellement une ennemie en s'en prenant toujours plus à moi au collège et au lycée. Moi qui voulais simplement devenir son amie lorsque nous étions plus jeunes...
Je n'ai jamais vraiment compris pourquoi elle était tout à coup devenue méchante envers moi, allant jusqu'à me harceler et me faire du mal physiquement. Aurais-je commis une injustice à son égard, lorsque je suis arrivée dans sa classe la toute première fois ? Aurais-je fait quelque chose sans que je ne m'en rende compte ?
J'ai de nombreuses fois réfléchi à cette possibilité, sans jamais trouver de réponse plausible. J'en ai finalement conclu que c'était juste moi le problème, que ma tête avait quelque chose qui laissait sous-entendre que je méritais ce sort funeste. Et c'est donc pour cela que je n'ai jamais cherché à riposter ou à comprendre davantage pourquoi je subissais tant de haine de sa part.
Mais aujourd'hui, c'est différent. Tout est différent. Pour pouvoir avancer et pour pouvoir recommencer librement ma vie, j'ai besoin de savoir. J'ai besoin de connaître la vérité, même si celle-ci pourrait être difficile à entendre. J'en ai besoin pour faire le point, pour pouvoir me reprendre enfin en main. Et j'espère que Shizuka comprendra cela.
La blonde soupire fortement tout à coup, lâchant sèchement sa veste sur son gros sac. Je comprends aussitôt sa réaction en déposant légèrement mon regard sur son inscription, apercevant alors le nom de son ancienne amie. Camilla Makara. Celle qui s'est montrée être bien plus horrible et odieuse que Shizuka.
- Tu veux vraiment connaître toute la vérité ? me demande-t-elle tout à coup, en portant son regard dans le mien dans un mouvement volontaire et déterminé. Alors retrouve-moi au café près de la gare. Je te dévoilerais tout sur place.
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Installée à une table, autour d'une tasse de chocolat chaud, je ne peux détacher mon regard des mains de Shizuka. Elles tremblent, elles pianotent. Elles ne peuvent pas s'empêcher de s'agiter, de bouger, comme un stress qui serait impossible à dissimuler, à contrôler.
Mon regard remonte jusqu'au visage de la blonde. Celle-ci garde les yeux rivés sur sa boisson, comme si c'était devenu le sujet le plus important à l'heure actuelle. Je pourrais presque entendre son cœur battre de gêne, elle qui ne semble guère être à sa place en cet instant précis.
C'est étrange de la voir ainsi, aussi frêle et vulnérable face à quelqu'un comme moi. On croirait voir une toute autre personne. Un être tellement terrifié par ce qui l'entoure qu'il ne pourrait rien faire d'autre que de se cacher continuellement, constamment, n'importe où et à tout instant.
Portant lentement ma tasse fumante à mes lèvres, le geste parfaitement maîtrisé pour laisser le temps à ma camarade de se préparer mentalement, je fais mon maximum pour paraître la plus calme possible. Mon impatience est pourtant telle une tempête qui chamboule tout mon être, dans l'espoir d'une vaine réponse.
Finalement, c'est en reposant ma tasse dans un geste lent et sûr qu'un raclement de gorge se propage entre nous. Un raclement de gorge hésitant certes, mais lourd de sens et qui ne laisse que peu de place au doute. Shizuka semble enfin prête à parler. Je reporte donc mon regard sur elle, mais évitant de trop la fixer pour ne pas la bloquer.
- Je tiens tout d'abord à te présenter mes excuses les plus profondes et sincères. commence-t-elle, sans jamais croiser mes yeux turquoises. J'ai été horrible et ignoble avec toi, alors que je n'avais pourtant aucune raison de l'être. En réalité, j'étais jalouse de toi. Et ce, depuis le collège. Quand tu es arrivée dans ma classe, tu étais la petite nouvelle, celle qui avait tant de choses à raconter par rapport à sa vie extérieure. Toute l'attention était tournée vers toi. En seulement quelques heures, tu étais devenue le centre de l'univers de chacun. Et moi, je me suis retrouvée seule et misérable, sans comprendre ce que les autres pouvaient bien te trouver. Petit à petit, j'ai commencé à te détester, à te haïr pour ta présence que je considérais comme nuisible pour moi. À mes yeux, tu étais bien trop dangereuse pour ma propre existence. Et c'est alors que, sur les conseils de Camilla, je me suis montrée violente et cruelle envers toi.
Je m'en suis en effet rendue compte. Avant de connaître Takao, les derniers moments de joies et de bonheur que j'ai vécu à la suite du décès de Dalya se trouvaient au collège, lorsque je suis arrivée dans ma nouvelle classe. Je pensais que les choses allaient enfin s'améliorer pour moi. Et au final, ça a été pire que tout.
J'avale difficilement ma salive, mon attention étant toujours tournée vers elle. Mon besoin de connaître la vérité n'a jamais été aussi grand, aussi douloureux. Aussi fort. D'où me vient cette envie nouvelle et soudaine de vouloir tout découvrir ? De vouloir tant lutter ? De vouloir tant espérer ?
- Tu as toujours été jolie. Tu as toujours été gentille et prévenante avec chacun d'entre nous, et même avec moi, bien que tu ne parlais jamais. Et tout le monde t'appréciait étrangement pour cela. Mais moi, je ne voyais rien d'autre que l'ennemie qui avait volé ma place de numéro un dans le cœur de nos chers camarades de classe. Qu'est-ce que les autres percevaient en toi que je ne pouvais pas voir ? C'est ainsi que j'ai pris ma décision. Je voulais que tu souffres autant que moi, que tu t'inclines fasses à ma supériorité pour que je redevienne la numéro un. Je sais que tu as de nombreuses fois voulu mettre un terme à ta vie à cause de cela. Je le sais et je n'ai malgré tout jamais cessé de m'en prendre à toi, comme si j'en avais désespérément besoin pour aller mieux...
Elle s'interrompt un court instant, la voix quelque peu tremblante. Portant sa boisson désormais tiède à ses lèvres, comme pour se donner une certaine contenance, une petite pause, un bref répit avant de poursuivre, elle semble tout à coup en proie à un violent combat intérieur. Face à cette situation qu'elle n'avait jusqu'alors jamais imaginé, son esprit semble perdu et chamboulé.
- La vérité, c'est que je n'ai jamais réellement voulu de tout cela. La vérité, c'est que je ne t'ai jamais réellement détesté. Non, la personne que je haïssais le plus au monde, c'était moi. À cause de ma jalousie, à cause de ce que je te faisais, à cause de Camilla et de mes parents... Je savais que c'était mal, que c'était cruel, mais je ne parvenais jamais à m'arrêter. Camilla ne m'aurait pas laissé faire. Et moi, j'étais en quelque sorte soumise à elle. Je ne voulais pas la décevoir, et encore moins lui désobéir. Parce que si je le faisais...
- C'est toi qui subissais ses coups en retour, c'est ça... ? concluai-je en réalisant tout cela, une boule se formant petit à petit dans ma gorge.
Shizuka se contente de hocher la tête dans un faible mouvement, comme si toutes ses forces étaient subitement en train de la quitter. Finalement, elle n'a jamais été si différente de moi. Elle aussi a connu la souffrance et la douleur des coups et de la trahison. Pourquoi n'ai-je pas remarqué cela jusqu'à présent ?
- Au final, j'étais juste faible et fragile. J'étais une proie facile pour quelqu'un de manipulateur comme elle. Elle le savait. Alors, elle en a profité. Et je me suis bêtement laissée faire. Je me suis bêtement laissée avoir par ses belles paroles, par sa soudaine gentillesse envers ma personne. Elle a contrôlé mon esprit comme si je n'étais qu'un simple pantin, n'hésitant pas à utiliser les mêmes punitions que pour toi pour me maintenir dans le « droit chemin » comme elle disait. Qu'est-ce que j'étais bête. Bête et naïve...
- Et tes parents ? Ils ne se sont rendus compte de rien ?
- Mes parents... soupire-t-elle fortement, en passant sa main sur son front dans un geste d'apaisement. Ils n'étaient pas très différents de Camilla. Ils voulaient que je sois la meilleure, que je domine tout le monde. Parce que je faisais partie d'un univers riche, et que les pauvres et les misérables devaient se « prosterner à nos pieds ». Si quelqu'un osait se rebeller, osait ne pas respecter ce code, il était de mon devoir de le briser. Et encore une fois, j'ai fait ce qu'on m'a demandé...
Quelques minutes de silence passent lentement, appréciablement accueillies par chacune de nous. Cette pause soudaine et explicative me fait réfléchir, me fait comprendre que Shizuka et moi nous ressemblons bien plus que nous ne l'aurions pensé.
Toutes deux victimes de notre faiblesse, toutes deux victimes de notre vie médiocre et contrôlée par plus fort que nous. Deux boulets, deux objets que l'on peut abandonner, que l'on peut jeter à la poubelle sans le moindre remords. Voilà ce que nous sommes. Voilà ce que je suis. Ce que j'étais...
- Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis, finalement ? demandai-je soudainement, cette question me brûlant les lèvres depuis un moment qui me semble terriblement long. Qu'est-ce qui t'a permis de te libérer de Camilla pour aller tout raconter au proviseur ?
Elle me regarde un court instant, comme semblant réfléchir à ce qu'elle veut dire. Pourtant, elle n'en a pas besoin. Elle comme moi savons que des réponses naturelles et évidentes lui sont déjà présentées. Elle a juste à ouvrir la bouche pour que les mots sortent d'eux-mêmes.
- Quand Camilla et son groupe t'ont frappé et t'ont enfermé dans ce placard à balais alors qu'il y avait un terrible orage juste au-dessus du lycée, j'ai compris que je ne pouvais plus la laisser continuer ainsi. Je ne pouvais plus continuer à agir ainsi. Ayant moi-même vécu cela par ses propres soins, je me doutais que cela risquait de te détruire encore plus. Et intérieurement, je ne voulais pas de ça. Je ne voulais plus de ça. Alors j'ai réussi à me libérer de cette emprise démoniaque et malsaine, et j'ai profité de mon nouveau libre-arbitre pour tout raconter au proviseur, bien que celui-ci ait eu beaucoup de mal à me croire au début. C'est pour cette raison qu'il a mis un certain temps avant d'agir.
Je peux comprendre que sans réelle preuve, sans réel appui ou soutien, il était difficile pour lui de faire quelque chose. Il y a tellement de mensonge et de tromperie dans notre vie d'aujourd'hui qu'il est devenu presque impossible de croire quelqu'un seulement sur parole.
- Finalement, quand nous sommes intervenus avec le proviseur, j'ai réalisé que, contrairement à moi, tu n'avais pas eu besoin de quelqu'un pour te sortir de cette situation. Tu as su survivre seule et t'en sortir seule. Tu es vraiment forte.
Moi ? Forte ? Dalya et Takao ont à de nombreuses reprises laissé sous-entendre une telle chose. Je ne les ai jamais vraiment cru. Et il en va de même encore aujourd'hui avec Shizuka. Je ne suis pas quelqu'un de fort. Je ne suis rien de tout cela. La seule chose dont je peux être fière, c'est le fait de ne pas avoir mis un terme à mon existence.
- Non, tu as tort. Je ne suis pas forte, loin de là. Je dirais même que je suis tout le contraire. murmurai-je, un maigre sourire sur le visage. C'est grâce à deux personnes que j'ai eu le déclic suffisant pour me rebeller contre Camilla. Grâce à ma défunte grand-mère et à Takao. Rien n'aurait été possible sans eux. Grâce à leur présence et à leurs multiples conseils et soutiens, ils m'ont maintenu en vie. Ils m'ont redonné goût à la vie. Ils ont toujours été là pour moi et ne m'ont jamais lâché face à la moindre difficulté. Je leur dois tellement... C'est à cause d'eux que je suis encore là. C'est à cause d'eux que je me tiens encore debout, bien vivante et en bonne santé. Parce que je ne voulais pas les décevoir. Parce que je voulais leur faire honneur. Alors j'ai tenu. J'ai tenu bon en espérant qu'un jour, tous mes malheurs prendraient fin. Et voilà à présent où nous en sommes...
Une larme coule lentement le long de ma joue en réalisant tout cela, en réalisant qu'avec ces rencontres, mon destin a pu prendre un autre chemin, un autre tournant, que seule ma personne peut impacter, que seule ma personne peut guider. Une question importante demeure alors au bord de mes pensées. Si je n'avais pas rencontré Takao, si Dalya ne m'avait pas prise sous son aile, serais-je moi aussi devenue une harceleuse ? Ou aurais-je finalement mis un terme à ma propre existence ?
Mon cœur se refuse à y croire, bien que mon esprit soit persuadé de cette possibilité. Après tout, si Shizuka est passée de victime à bourreau, cela aurait également pu être mon cas. Si je n'avais pas eu la chance de tomber sur les bonnes personnes, sur celles qui ont joué un rôle essentiel à mon existence, il n'y a aucun doute à avoir. Je serais devenue aussi cruelle que Camilla. Voire pire.
C'est alors que, plongée dans de sombres pensées, un son familier retentit à mes oreilles. Un son doux et rassurant, qui rassure immédiatement mon pauvre cœur. Je viens de recevoir un message. Un message de Takao. Aussitôt, un petit sourire apparaît sur les traits soucieux de mon visage. Un sourire rassuré, sincère et heureux de savoir que j'occupe toujours son esprit, comme lui occupe toujours le mien.
Takao est sans doute celui qui a joué le plus grand rôle au cours de mon existence. Dès que je voulais lâcher prise, dès que je voulais abandonner, il a toujours fait en sorte d'être présent à mes côtés, peu importe la situation. Pour le meilleur comme pour le pire. C'est pour cette raison que son message me fait aussi chaud au cœur. D'un petit revers de la main, je supprime ma larme de chagrin, avant de saisir doucement mon téléphone pour lire le message.
Takao :
Coucou Chinmoku :)
J'espère que tout se passe bien avec celle dont je ne veux pas prononcer le nom.
Sache que si tu as besoin, je ne suis pas très loin de ta position. Shin avait besoin de prendre l'air, alors je l'ai suivi.
Quand tu auras fini, on pourra rentrer ensemble. Enfin, si tu le veux bien. Je ne te force à rien du tout hein ? :')
Bon bah, voilà voilà, je te laisse. Je retourne m'occuper de mon ami.
À plus tard :)
Je retiens de justesse un petit rire, ne voulant pas partager mon court instant de bonheur avec celle qui m'a jusqu'à présent fait tant de mal. C'est un moment privé, un moment personnel. Un moment qui ne regarde personne d'autre que moi. Seulement moi et Takao.
Pourtant, malgré mes quelques précautions, je remarque un petit sourire apparaître sur les lèvres de la blonde. Mais pas un sourire espiègle ou moqueur. Non, bien au contraire. Un petit sourire sincère et doux, presque mignon. Attendri. Romantique.
- On dirait bien que tu n'es plus seule désormais.
Cette phrase, cette simple phrase, a un double-sens. Elle signifie que ma vie a pris un nouveau tournant, qu'elle ne sera plus jamais la même, tant librement que sentimentalement. Plus jamais je ne serais seule. Plus jamais je n'abandonnerais. Plus jamais je ne connaîtrai la solitude et le manque. À partir de maintenant, tout sera différent. Je serais différente.
- Non, en effet. Je ne le suis plus. confirmai-je avec un doux sourire, heureuse de pouvoir ainsi l'affirmer.
- C'est bien. Je suis sincèrement heureuse pour toi. Si moi, je n'ai pas cette chance, toi au moins, tu l'auras. Alors fonce sans douter. Tu le mérites.
Je reporte mon regard sur la blonde, une lueur nostalgique au fond des yeux. C'est étrange... Même si elle a été mon ennemie jusqu'à présent, cela me touche qu'elle veuille ainsi mon bonheur. Et au travers de toutes ces choses que nous avons toutes deux vécues, j'entrevois une douce lueur. Une lueur d'un avenir nouveau. Une lueur d'espoir.
C'est donc ainsi que nous nous quittons, avec un pardon inavoué mais pourtant bien présent et accepté. Nos chemins vont finalement diverger, peut-être pour le mieux je l'espère. Il serait enfin temps que nous vivions notre vie comme nous l'entendons. Comme nous le désirons vraiment. L'une comme l'autre. Je sais maintenant que c'est possible. Que tout est possible. Pour un nouveau départ. Et pour une toute nouvelle vie.
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