| 𝟏𝟕 | Itami (TW)

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~ 2894 mots ~

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Itami
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« Je ne l'ai pas vraiment fait pour toi. »

Je me tourne et me retourne dans mon lit, mon esprit restant désespérément focalisé sur cette réponse troublante de Shizuka. Je suis persuadée qu'elle a pris ma défense. Alors pourquoi refuse-t-elle de le reconnaître ? Et surtout, pourquoi a-t-elle fait une telle chose pour moi ?

Mon esprit est en ébullition devant tant d'attente désespérée de réponses. Le fait qu'elle dise « vraiment » dans sa phrase me laisse penser qu'elle a bien agi dans mon intérêt, mais pas seulement. Il y a quelque chose d'autre en dessous. Quelque chose de plus fort. Mais quoi ?

Cela fait plusieurs heures que j'essaie de visualiser son changement soudain de comportement vis-à-vis de ma personne. Elle qui m'a toujours tant détesté, elle qui m'a tant de fois fait souffrir, pourquoi a-t-elle changé de bord aussi soudainement ? Qu'est-ce que cela cache vraiment ?

Bien que ce soit mon ennemie jurée, bien que je ne veuille rien avoir à faire avec elle, je veux absolument des réponses. Je veux connaître la vérité. Je veux savoir pourquoi elle m'a aidé et pourquoi elle a tenté de mentir en voulant le faire. Shizuka, mais enfin, que t'est-il donc passée par la tête ?

『••✎••』

La journée passe tranquillement, sans aucune trace de Shizuka. Elle n'est pas venue un seul instant en cours. Et les deux fois où je l'ai croisée dans les couloirs, elle m'a brièvement regardé avant de fuir comme la peste, comme si elle savait pourquoi je voulais la voir.

Un long soupir quitte mes lèvres tandis que je rumine seule dans mon coin. Je n'aime pas cette situation de doute que m'a transmis la jeune blonde. Je veux des réponses. J'en ai besoin. Et malgré le fait que je ne me sente toujours pas rassurée en sa présence, je continuerais de lui demander jusqu'à obtenir ce que je désire. Elle me doit bien ça.

En quittant ma salle de cours pour la énième heure de la journée, je réfléchis au meilleur moyen d'aborder Shizuka. Mais j'ignore toujours comment m'y prendre, puisque nous ne nous apprécions pas le moins du monde. Pourrait-elle à nouveau se retourner contre moi si je me montre trop insistante avec elle ?

Traversant la cour pour me rendre à ma dernière matière de la journée, mon esprit dérive dans des scénarios plus invraisemblables les uns que les autres, mais qui pourtant pourrait réellement arriver. Si Shizuka m'explique finalement la raison de son agissement, pourrons-nous nous parler comme deux personnes responsables, sans haine ou envie de ridiculiser ? Pourrons-nous presque nous apprécier, sans pour autant devenir des amies ?

- Arrête-toi tout de suite !

Mes yeux papillonnent plusieurs fois de surprise face à cette voix froide et menaçante. Bien qu'aucun nom n'ait été utilisé, je sais que c'est moi qui suis visée. Et je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir de qui il s'agit : la jeune femme qui a promis de se venger de sa précédente humiliation.

- Camilla... murmurai-je malgré moi, une crainte évidente dans la voix.

Les battements de mon cœur passant du simple au double en quelques secondes, je ne peux m'empêcher de lancer des regards de chaque côté, espérant voir quelqu'un arriver. N'importe qui. Malheureusement, mes prières ne sont pas exaucées, et je me retrouve donc de nouveau seule face à mon ennemie.

Celle-ci se place devant moi, ses yeux haineux me toisant de leur profondeur malsaine. Je constate aussitôt un changement chez elle. Ses cheveux qui étaient hier encore clairs et longs sont maintenant courts et d'un rouge pur, s'accordant avec ses yeux couleur sang.

Elle a changé radicalement de physique, comme une soudaine envie de défier le monde entier. Comme voulant nous faire comprendre à tous que plus jamais elle ne se laissera marcher sur les pieds ou ridiculiser par quelqu'un. Il est évident ici que ça se rapporte à Shizuka et à moi.

- Tu croyais vraiment pouvoir t'en sortir comme ça ? commence-t-elle, son regard encore plus colérique que d'habitude. Tu croyais vraiment pouvoir gagner aussi facilement contre moi ?

Je serre fermement les poings, le regard froncé et déterminé. Pourtant, je ne dis rien. Et je ne fais rien non plus. Je ne veux pas rentrer dans son jeu malsain. Je laisse Camilla agir seule contre elle-même, espérant ainsi que cela se retournera contre sa personne.

Un sourire peu rassurant orne à présent son visage de diablesse. Mon manque de réaction ne lui a pas échappé. Et elle en est presque satisfaite. Elle aime quand je ne réagis pas, que je dévoile seulement ma peur et ma détresse que je ressens réellement à cause d'elle.

Lentement, à la manière d'une prédatrice sournoise, elle avance de quelques pas dans ma direction, se retrouvant rapidement juste devant ma personne. Son regard rubis se plonge dans mes prunelles turquoises, comme essayant de lire en moi dans un silence de plomb.

- Je vais te détruire. Je vais exterminer tout ce qui fait de toi ce que tu es. Et quand tout sera terminé, tu auras tellement souffert que ton envie de te suicider redeviendra réelle.

Complètement folle, voilà ce qu'elle est. Ses yeux qui dévoilent une démence évidente, elle ne peut s'empêcher de chercher à me nuire à tout prix, encore et encore, parce qu'au final, c'est tout ce qu'elle sait faire. Folle, jalouse, manipulatrice et narcissique sont sa représentation parfaite.

Un son familier résonne tout à coup près de moi. Et avant que je ne puisse le réaliser, un claquement sinistre retentit dans la cour, tandis que ma joue chauffe soudainement. Et de nouveau ce son. Ce son de ceinture en cuir. Et cette douleur insoutenable quand on se fait frapper par celle-ci. Mon corps se tend aussitôt rien qu'en se souvenant de ces scènes chaotiques et douloureuses.

Je ne fais à présent plus la rebelle devant Camilla, mon traumatisme se répandant à travers tout mon pauvre corps déjà meurtri par tant de violences passées. J'ai l'impression de me revoir petite, alors que mon père me punissait pour ma simple présence en ce monde, pour mon existence finalement non-désirée.

Cette impression d'être constamment détestée, d'être constamment humiliée refait tout à coup surface. Et sans que je ne puisse rien y faire, tout mon être se paralyse sur place. Je n'ai jamais réellement compris pourquoi j'avais vécu toutes ces choses. Et je pense que jamais je ne pourrais vraiment le comprendre.

- Tu ne fais plus la fière, maintenant ? Quel dommage... Moi qui pensais que tu tiendrais un peu plus longtemps...

Pourtant, cela ne l'empêche pas de me porter un nouveau coup. Suivi d'un autre. Et encore un autre. Sans que je ne m'en rende compte, je me retrouve assise par terre, les genoux repliés au niveau de mon visage, mes bras encerclant ma tête dans un espoir vain de protection.

Je subis la violence de sa haine encore et encore, sans que je ne puisse me relever, sans que je ne puisse tenter quoi que ce soit pour me libérer. Je suis de nouveau faible. Faible et misérable. Que puis-je donc bien faire pour m'en sortir seule ? Quel maigre espoir me reste-t-il ?

C'est alors que les visages de Dalya et de Takao surgissent dans mon esprit tel un ouragan tempétueux. Ils apparaissent violemment, sauvagement, comme pour me pousser à me surpasser, comme pour m'ordonner de me relever pour me battre. Pour ne pas laisser gagner mon ennemie encore une fois.

Ils sont là, ils sont présents à mes côtés depuis toujours. Ils ne m'ont jamais abandonné, encore moins aujourd'hui. Ils se sont surpassés pour mon bien-être, pour que je puisse vivre dignement et librement, peu importe la souffrance que j'ai connu. Je ne peux pas les décevoir maintenant, pas après tout ce qu'ils ont fait pour moi.

Mes poings se serrent de détermination, tandis que mon regard larmoyant s'embrase d'une pulsion nouvelle. Je dois me battre. Je dois lutter et ne plus jamais abandonner. Je dois le faire pour eux, pour tout ce temps perdu et tous les sacrifices qu'ils ont dû endurer à cause de moi. Je ne veux plus jamais les décevoir. Plus jamais.

Sous le regard quelque peu surpris de Camilla, je me relève lentement, avec une certaine difficulté certes, mais une détermination bouillonnante au fond de mon être. Je me relève, je me bats, je lutte de toutes mes forces. Et finalement, me voilà debout, les poings serrés et le cœur battant à tout rompre.

- Wow, tu as réussi à te relever. Bravo. applaudit faussement Camilla, une lueur toujours mauvaise dans le regard. Malheureusement pour toi, cela ne suffira pas pour te sauver.

- Ferme ta gueule !

Camilla sursaute violemment, surprise, les yeux soudainement écarquillés. Elle me fixe à présent avec incrédulité, avec curiosité, un doute évident dans le regard. Puis finalement, une fois la surprise passée, un méchant rire franchit la barrière de ses lèvres.

- Tu sais donc parler. Il est vrai que je trouvais ça bizarre que tu ne dises jamais rien. Le mystère est finalement levé ! C'est d'ailleurs très intéressant...

Les poings fermement serrés, les yeux scintillant de braises ardentes et déterminées, je ne baisse plus la tête devant elle. Je garde le regard haut, ancré dans le sien. Je ne la laisserais plus me faire de mal. Je ne la laisserais plus me ridiculiser. Plus personne ne me marchera sur les pieds. Plus jamais.

Je ne suis pas inférieure à qui que ce soit. Je ne suis pas inférieure à un quelconque animal. Je suis moi, Itami Chinmoku, une fille qui a survécu à la maltraitance, à la haine et à l'abandon. Une fille qui a à son tour abandonné, avant de finalement trouver le courage de se battre, de lutter pour sa vie de toutes ses forces.

Le cœur chassant la peur et les doutes, le cœur débordant de rage et de force, je lui tiens tête, sans jamais détourner le regard du sien. Mécontente de ma soudaine prise de conscience, le sourire de la rouquine disparaît subitement, une haine de nouveau visible dans ses prunelles carmins.

- Tu te crois forte maintenant que tu parles ? Tu crois que tu pourras me surpasser maintenant que tu t'es trouvée du courage ? Mais ma pauvre, la vie ne fonctionne pas comme ça. Quoi que tu fasses, quoi que tu penses, tu resteras éternellement une minable. Tu es née comme ça et à jamais tu le resteras. J'y veillerais personnellement. crache-t-elle de son pur venin.

Ma mâchoire se serre douloureusement. Je sais parfaitement que je ne suis qu'une minable. Je l'ai toujours ressenti. Mais pourtant, en ce jour où le soleil rayonne hautement dans le ciel, je sais que je ne le suis pas. Je ne suis pas une minable. Je ne le suis plus. Et je compte bien le lui prouver.

Le cœur soudainement vaillant, toute ma peur passée voulant à présent se battre, se surpasser de toutes ces années de terreur, je jette un regard glacial à la personne se trouvant face à moi. Il est hors de question qu'elle gagne cette fois-ci. Je ne lui en donnerais pas la moindre opportunité, la moindre occasion de me faire encore du mal.

Lentement, le cœur débordant d'une énergie nouvelle, je fais un pas dans sa direction. Puis deux. Puis trois... Et finalement, voilà que je me retrouve juste devant elle, le visage à seulement quelques centimètres du sien, le regard plus froid et haineux que jamais.

Déstabilisée par cette soudaine assurance, Camilla me lance un regard surpris, ne s'attendant visiblement pas à ce que je fasse moi-même le premier pas. Et alors qu'elle ouvre la bouche pour sans aucun doute prononcer de nouvelles paroles acerbes, un puissant claquement retentit sur les lieux.

Avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, Camilla se retrouve assise par terre, les mains posées sur sa joue désormais meurtrie, son regard apeuré braqué sur mon poing hautement dressé vers le ciel. Je l'ai frappé avant même qu'elle ne puisse faire le moindre mouvement, avant même qu'elle ne puisse lever le petit doigt.

- Tu... Tu m'as frappé !

- Et elle a très bien fait. intervient tout à coup une voix que nous reconnaissons toutes les deux.

Surprises, nos deux regards se portent sur la nouvelle venue. Ou plutôt, sur les nouveaux venus. Le proviseur du lycée, Shizuka, Takao et Midorima se dirigent vers nous d'une démarche lente et pourtant lourde de sens. Je suis rapidement rejointe par les deux jeunes hommes, Shizuka et le proviseur se positionnant non loin de Camilla.

- Monsieur le proviseur ! s'exclame la rouquine, jouant la victime en se relevant difficilement, des larmes de crocodile dans les yeux. Itami... Itami m'a frappé ! Je compte porter plainte contre elle pour agression !

- Faîtes donc cela et je serais contraint de faire de même à votre encontre.

- Par... Pardon ?

- Vous m'avez très bien entendu. poursuit le proviseur. Mademoiselle Shinjo m'a parlé de vous et de vos actions malencontreuses vis-à-vis de Mademoiselle Chinmoku. Si j'étais vous, je garderais le silence avant de me ridiculiser davantage.

Mais Camilla ne l'écoute déjà plus, étant à présent bien trop occupée à lancer des regards meurtriers à l'encontre de la jeune blonde. Celle-ci lui adresse à peine un regard, ne supportant visiblement plus de se tenir près d'elle. On dirait presque qu'elle en est écœurée.

- Toi... Comment oses-tu ?!

- J'ai fait ce que je devais faire pour le bien de tout le lycée. explique calmement Shizuka, en poussant un soupir. Tu étais bien trop dangereuse pour chacun d'entre nous. Il fallait que cela cesse.

- Tu dis ça alors que toi aussi, tu détestes Itami. ricane la rouquine, une lueur mauvaise dans le regard.

- Peut-être que oui, ou peut-être que non. admet-elle. Cependant, cela ne veut aucunement dire que je veux la voir morte. Parce que c'est exactement ce que tu comptais faire, avoue-le. Tes paroles allaient clairement dans ce sens.

- Je ne dirais plus rien à une traîtresse ! Crois-tu que c'est ta soudaine bonne action qui te protégera de tous tes précédents actes ? Attends un peu que je raconte tout à notre cher proviseur !

- Mademoiselle Makara... intervient celui-ci, visiblement épuisé par toute cette situation. Mademoiselle Shinjo m'a déjà tout raconté de son implication dans cette histoire. Et tout comme vous, elle en paiera le prix fort.

Camilla ne dit plus rien, visiblement extrêmement surprise et révoltée que Shizuka ait tout balancé. Une trahison pure et simple, qui me perturbe bien plus que je ne l'aurais pensé. Pourquoi a-t-elle fait une telle chose ? Souhaite-t-elle prouver quelque chose en agissant ainsi ?

C'est la seconde fois que Shizuka me sauve d'une mauvaise situation. Deux fois et je ne sais toujours pas pourquoi. Ressentirait-elle des remords pour tout ce qu'elle a entrepris à mon égard ? S'en voudrait-elle suffisamment pour vouloir tenter de racheter ses fautes ?

Un raclement de gorge me fait soudainement relever la tête. Le proviseur s'avance un peu plus, le regard planté dans celui de Camilla. Il ne fait aucun doute qu'il a pris sa décision. Il sait parfaitement ce qu'il compte faire. Il reprend donc la parole dans un ton sans détour, strict et définitif.

- Mademoiselle Camilla Makara, j'ai le regret de vous informer que vous ne faîtes désormais plus partie du lycée Shūtoku. Cette décision prend effet dès à présent. Vous récupérerez vos affaires et quitterez les lieux à la fin de la journée.

Et c'est à cet instant précis que tout change pour moi. C'est à partir de cet instant précis que je sais que ma vie ne sera plus jamais la même. Mon cœur lourd évacue aussitôt avec force l'air de mes poumons dans une démarche de libération et de changement.

C'est alors que, avant que je ne puisse faire quoi que ce soit, une personne me saute presque dessus, me faisant tourner sur moi-même. Une personne que je connais plus que bien. Kazunari Takao, qui, extrêmement heureux, saute partout comme un vrai gamin joyeux.

- C'est enfin fini, Chinmoku ! s'exclame le jeune homme, ravi, qui avait jusqu'à présent lourdement gardé le silence.

Un maigre sourire apparaît sur mes lèvres soudainement tremblantes à la suite de ses paroles. Un maigre sourire de soulagement. J'ai encore du mal à réaliser que je n'ai plus rien à craindre, que mon calvaire est finalement terminé, que ma vie pourra enfin avoir un tournant positif.

Avant qu'il ne puisse réagir, je me précipite dans ses bras chauds et rassurants, m'étant toujours sentie en sécurité en me trouvant à ses côtés. Surpris, il ne dit plus rien, acceptant cependant ma soudaine et sincère étreinte en me plaquant davantage contre son tendre torse.

Je le serre fortement, désespérément contre mon pauvre corps en émoi, comme voulant m'assurer que cet instant est bien réel, que je ne suis pas en train de rêver une fois de plus. Qu'il n'est pas simplement le fruit de mon imagination débordante.

Mais en ressentant les mains de Takao caresser tendrement mon dos dans un geste de pure protection, je sais que ce n'est pas le cas. Je sais que tout est bien réel. Et c'est alors que je ne peux retenir mes larmes de soulagement, mes larmes de joie. Enfin, ça y est... Tout est fini. Tout est enfin terminé.

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