| 𝟏𝟓 | Itami
✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧
~ 2271 mots ~
═════════╕
Itami
╘═════════
✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧
- Allez Shūtoku, allez Takao ! Tu peux y arriver ! Vous pouvez tous y arriver !
Tous les regards sont à présent braqués sur moi. Tous, sans exception. Mon cœur tambourine dans ma poitrine, tandis que je me rends compte de ce que je viens de faire. Aussitôt, ma timidité revient au galop, et je me rassois brutalement sur mon banc, en tentant de me faire à présent la plus discrète possible.
Étonnement, de nombreux rires se font entendre, mais sans aucune méchanceté. On dirait que j'ai réussi à détendre l'atmosphère auprès de tout le monde, chose que je n'aurais jamais cru possible. Même l'équipe de Seirin semble amusée par mon action désespérée.
- Elle a raison. Nous pouvons y arriver. dit calmement Ōtsubo, un sourire aux lèvres. Alors à nous de jouer pour ne pas décevoir notre fan numéro un.
Je rougis jusqu'aux oreilles et baisse légèrement la tête d'embarras. Qu'est-ce qu'il m'a pris d'agir de la sorte ? De m'exclamer ainsi devant tous ces gens ? Mais enfin, où avais-je donc la tête ? Ce n'est pas dans mes habitudes d'agir ainsi, de devenir le centre de l'attention. Alors pourquoi ? Pourquoi ai-je fait ça ? Sans prendre la peine de réfléchir ?
Un long soupir fatigué quitte mes lèvres, tandis que le silence se fait de nouveau dans tout le gymnase. Et alors que le match s'apprête à reprendre une énième fois, je continue de me dire que mon action était totalement immature et irréfléchie, même si celle-ci a permis aux joueurs d'évacuer la pression qu'ils ressentaient tous sur leurs épaules.
Je me sens tout à coup redevenir un poids pour tout le monde. Un poids dont jamais je n'aurais voulu ressentir de nouveau cette horrible sensation. Il faut que j'arrête d'agir ainsi à ma guise, surtout pour parler de la sorte. Tout le monde verra maintenant que je le peux, alors que je me suis jurée de ne plus jamais le faire.
- Merci Chinmoku ! s'exclame tout à coup une voix que je connais bien.
Surprise, le cœur battant à tout rompre, je relève lentement la tête vers la source de cette appellation. Takao se tient debout, au bord du terrain, un immense sourire aux lèvres. Il lève le poing en l'air, comme en signe de nouvelle motivation. Et inconsciemment, je ne peux m'empêcher de rougir face à son geste.
Lentement, je lève à mon tour mon poing en l'air, et nous faisons alors tous les deux semblant de les faire se percuter. Puis, tout content de lui, Takao m'adresse un dernier sourire, avant de se replacer de nouveau sur le terrain, comme si finalement, mon intervention imprévue lui avait fait le plus grand bien.
『••✎••』
Le match s'achève finalement une dizaine de minutes plus tard, sur une égalité parfaite. 104 à 104. Aucune des deux équipes n'a perdu, mais aucune n'a réellement gagné non plus. Cette égalité a un goût amer pour certains joueurs.
Les visages sont incroyablement surpris, certains soulagés, mais d'autres également déçus. Cela peut se comprendre, une victoire était attendue. Mais celle-ci ne sera malheureusement pas pour aujourd'hui.
Tandis que je me dirige d'un pas lent vers la sortie de cet immense gymnase, je repense à la dernière action du jeu. Celle qui a fait bondir mon cœur d'excitation et de stress. Celle qui m'a fait croire que tout était possible. Celle qui a définitivement scellé le score final.
Alors que le score est de 104 à 104, il ne reste plus que vingt-cinq secondes. Vingt-cinq secondes pour marquer un dernier panier. Le panier de la victoire. Le stress monte rapidement, la pression se fait davantage ressentir, tandis que Seirin s'empare du ballon et fonce en direction du panier adverse.
Mes poings se serrent fortement alors que les joueurs de Shūtoku se remettent rapidement en place pour bloquer leur contre-attaque. Chaque joueur de l'équipe noire et blanche est aussitôt pris en tenaille, ne laissant que peu de possibilités à leur attaquant de marquer le dernier panier.
Pourtant, Seirin ne semble pas vouloir baisser les bras, malgré les quinze secondes restantes. Ils veulent tenter un coup de poker en envoyant la balle à Kuroko, et ensuite probablement à Kagami. C'est donc lui qu'il faut absolument empêcher de jouer.
Visiblement, je ne suis pas la seule à avoir eu cette illumination, Midorima et Takao se précipitant pour faire barrage contre cette rapide progression adverse. Ils tentent le tout pour le tout, désespérés à l'idée de perdre ce match.
Finalement, alors qu'il ne reste plus que huit malheureuses petites secondes, la balle parvient au joueur fantôme. Une panique intense se fait alors ressentir tout autour de moi, certaines personnes retenant leur souffle, comme si leur vie dépendait de cette ultime action.
Mes poings se serrent avec force, comme si cela pouvait me permettre une certaine contenance. Shūtoku ne perdra pas ce match. C'est impossible. Ils se sont tous donnés tellement de mal que ce résultat n'est pas envisageable.
- Allez Shūtoku... Allez Takao... murmurai-je, donnant toute ma force à ce joueur qui m'a tant de fois aidé.
Et alors que tout espoir semble perdu, et alors que la balle parvient finalement aux mains de Kagami, le numéro 10 de Shūtoku se précipite pour faire rempart de son corps, bien décidé à empêcher cette ultime action de se terminer sur une défaite.
Mon cœur s'accélère, tandis que Kagami semble hésiter à foncer droit devant. Il prend conscience de la moindre marge d'erreur, de la moindre mauvaise ou bonne décision pouvant être prise à cet instant précis. Il analyse son adversaire, un silence absolu dominant tout.
Finalement, il décide de foncer dans le tas, à ses risques et périls. Takao tente par tous les moyens de l'empêcher d'aller plus loin. Il sait que le moindre petit relâchement, la moindre petite ouverture, et c'est la défaite assurée, surtout face à quelqu'un comme Kagami.
Le joueur vedette de Seirin se retrouve en difficulté, alors qu'il ne reste plus que cinq secondes... Takao lui met une pression de dingue, l'empêchant de faire le moindre mouvement. C'est comme s'il voyait tout, comme s'il pouvait prédire la moindre action que son adversaire voudrait mettre en pratique.
Malheureusement, Kagami parvient à trouver une infime faille, et il s'y engouffre le plus rapidement possible, passant ainsi notre numéro 10. Et alors que tout espoir semble perdu, et alors que notre défaite semble finalement assurée, une main venue de nulle part bloque le tir de Kagami, envoyant ainsi le ballon en touche.
Et c'est alors que s'exclame le cri strident du sifflet de l'arbitre, mettant ainsi un terme à ce match haut en couleurs, dont l'intensité et le stress nous ont envahi pendant plus de quarante minutes. 104 à 104. Une égalité parfaite entre les deux équipes. Aucun vainqueur, mais aucun perdant.
Mon cœur bat la chamade, une bouffée de chaleur se faisant rapidement ressentir. J'ai eu peur, tellement peur que Shūtoku perde ce match, que je ne parviens pas encore à me réjouir de cette égalité pour le moment.
J'espère que Takao n'est pas trop déçu du résultat, lui qui voulait absolument obtenir une victoire contre ceux qui les ont battus la dernière fois. Il faut que je m'assure qu'il va bien. Bien décidée à le trouver, je fais demi-tour et retourne à l'intérieur du gymnase.
Je le localise rapidement, celui-ci sortant des vestiaires de son équipe. Prenant mon courage à deux mains, et inspirant calmement pour apaiser les palpitations de mon cœur, je me dirige lentement vers lui, un petit sourire aux lèvres.
Au début, il ne me remarque pas, comme s'il était perdu dans ses pensées, comme s'il réfléchissait à ce qu'il s'est passé durant ce match. Que peut-il bien se dire exactement ? Que peut-il bien imaginer ?
Je pose avec délicatesse ma main sur son épaule, avant de la retirer rapidement, le faisant malgré tout sursauter. Il pose aussitôt son regard sur moi, tandis qu'un immense sourire illumine tout son visage.
- Je pensais que tu serais déjà partie.
Je me contente de secouer doucement la tête, mon sourire s'agrandissant à cause de sa joie de me voir. J'aime de plus en plus voir cette expression sur son visage. Cela me conforte dans l'idée que ma vie n'est pas aussi inutile et minable que je le pensais.
- J'espère que tu n'es pas trop déçue... Moi qui voulais te rapporter une victoire.
Je cligne des yeux plusieurs fois sous le coup de la surprise. Une victoire pour moi ? Pourquoi ? Même si cela me touche, je n'ai absolument pas besoin d'une telle chose. Le voir heureux me suffit amplement.
Une lueur inquiète dans le regard, je pose de nouveau ma main sur son épaule, comme pour lui donner du courage. Ou plutôt devrais-je dire, comme pour lui donner l'envie de me parler davantage. Cela le fait soupirer de fatigue, avant qu'il ne hoche la tête en signe d'acceptation.
- Je suis désolé. La vérité, c'est que cette égalité a un goût amer. commence-t-il, le regard bas. Tout ce que je voulais, c'était gagner. Que ce soit pour l'équipe, pour notre défaite de la dernière fois, mais aussi pour toi et pour moi. Je voulais qu'on gagne pour que tu comprennes mon réel amour pour ce sport. Mais pas seulement. Je voulais avant toute chose que tu sois fier de moi, que tu ne vois que moi sur le terrain. Je voulais être ton idole. Mais bon, avec une égalité pareille, c'est un peu raté...
Mon cœur fait un bond dans ma poitrine, mes joues s'emparant d'une douce chaleur réconfortante. Est-ce qu'il voulait attirer mon attention, est-ce qu'il voulait que je le vois différemment parce que... Parce qu'il m'apprécie plus qu'il ne le devrait ?
Je ne sais plus comment réagir. Je ne sais plus comment me comporter. Takao est le seul capable de provoquer de telles émotions en moi. C'est quelque peu perturbant, et pourtant... Pourtant... Il n'y a pas que ça, même si je ne saurais pas encore le décrire.
Lorsque mon regard se pose de nouveau sur lui, qui semble être si dégoûté par cette égalité qu'il ne voulait absolument pas, je ne peux m'empêcher de me dire qu'il n'a aucune raison de se sentir ainsi. Même sans victoire, il continue la compétition. Il aura donc encore le moyen de devenir mon centre d'intérêt.
« C'était génial. Vraiment. Tu t'es bien battu. Tu n'as rien lâché, même sur la fin. Tu peux être fier de toi. Moi, en tout cas, je le suis. D'autant plus que tu as réussi à me faire parler. » écrivai-je rapidement. « Donc si tu veux absolument que je n'ai d'yeux que pour toi sur le terrain, alors tu n'as pas d'autre choix que de gagner ton prochain match. »
Il cligne plusieurs fois des yeux, surpris, avant de rire légèrement face à mes paroles. Le sourire qu'il arbore montre bien le soulagement qu'il ressent au fond de lui. Et finalement, après un dernier sourire sincère, après un dernier regard, après une dernière parole, il s'éloigne de moi pour se rendre au bus de son équipe, avant que celui-ci ne parte sans lui. Quant à moi, je reste là, à le regarder partir.
Takao, tu n'as pas à douter de la sorte. Tu es un excellent joueur, et je suis sincèrement fière de me tenir ainsi à tes côtés. Crois-moi, tu n'as aucune honte à avoir. Et en vérité, sache que mon regard était déjà tourné vers toi. Tu ne l'as juste tout simplement pas remarqué.
- Tiens ? Mais ce ne serait pas notre fameuse fan numéro un ? m'interpelle une voix masculine que je commence à bien connaître.
Quittant rapidement mes pensées, je me tourne lentement vers le capitaine de l'équipe de Shūtoku, qui n'hésite pas une seconde à poser son bras autour de mes épaules, me provoquant alors un violent frisson que je parviens tant bien que mal à dissimuler.
- Miyaji, laisse-la tranquille. Elle est déjà prise, et tu le sais très bien. dit Midorima, en replaçant d'un air agacé ses lunettes sur son nez, avant de rejoindre Takao à l'extérieur du bâtiment.
- Bah quoi ? J'ai rien fait de mal ! Au contraire, je voulais juste la remercier ! se justifie-t-il, avant de s'éloigner légèrement de moi pour me faire pleinement face. Merci, miss. Vraiment. Si nous avons réussi à réaliser cette égalité, c'est grâce à toi. Tu as apporté de la motivation et de la détermination à mes joueurs, et c'est exactement ce qu'il nous fallait pour lutter jusqu'au bout. Certes, nous n'avons pas gagné cette fois-ci, mais la victoire sera nôtre la prochaine fois. Surtout si tu reviens de nouveau pour nous soutenir !
Miyaji me fait un grand sourire sincère, tandis que mes yeux s'écarquillent de surprise. Jamais je n'aurais pensé que mon intervention surprise se serait montrée aussi importante pour le match. C'est la première fois que l'on me remercie pour une telle action, alors je reconnais que je ne sais pas du tout comment réagir.
- Miyaji, allons-y. Le bus risque de partir sans nous. intervient Kimura, non sans me lancer un hochement de tête poli pour me remercier également.
- Ok ok, j'arrive. À plus tard, miss. fait-il en s'éloignant, la main en l'air dans un geste d'au-revoir. Et encore merci ! Je compte sur toi à l'avenir !
Et tandis que l'équipe de Shūtoku s'éloigne en direction de son bus en me faisant de grands signes joyeux, je me retrouve de nouveau seule avec mes pensées, tentant tant bien que mal de réaliser ce qu'il vient de se passer. Je pourrais donc revenir ?
✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧⋄⋆⋅⋆⋄✧
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top