⛓️ 4 ⛓️

Mon cœur tambourinait à une vitesse hallucinante dans ma poitrine et je n'ai jamais autant souri qu'à ce moment-là.

Faut dire qu'on se rend vraiment compte de la valeur des choses quand on les perd...

Jeonghan aussi ne semblait plus vouloir me lâcher. Il s'agrippait à mes vêtements comme si sa vie en dépendait. Il nichait sa tête dans mon cou, tout en se collant encore plus à moi, alors que je laissais ma main jouer avec sa chevelure blonde.

Lorsqu'on dut se détacher, j'attrapai son visage en posant mes mains sur ses joues et embrassai son front, toujours en lui offrant mon plus beau sourire.

Sourire, qu'il me rendit...

Nous n'avions pas les mots pour nous dire à quel point ces moments nous avaient manqué...

Ces moments, je les aimais par dessus tout.

Ces moments où on ne faisait que rester ensemble, collé l'un à l'autre.

Pas besoin de parler pour être heureux ou se divertir.

La présence de l'autre suffisait.

____________________________

On ne s'était vraiment plus lâchés.

Pendant ces quinze misérables minutes, nous étions restés très proches l'un de l'autre.

On se tenait la main, s'enlaçait, se pinçait les joues...

Et j'étais heureux.

On aurait dit que c'était comme avant.

C'était les mêmes sensations.

Et c'était toujours aussi délicieux comme ressenti.

J'étais dans ma cellule, sur mon lit, souriant comme un idiot, tout en regardant le plafond.

Il devait se faire tard, mais je n'arrivais pas à dormir.

J'étais trop heureux pour.

Je viens de passer la meilleure journée depuis que je suis rentré dans cette prison.

- T'es toujours réveillé, kiddo?, chuchota une voix que je connaissais bien.

Je me levai immédiatement et m'assieds en tailleur, les yeux virés vers les barreaux de ma cellule.

La gardienne se tenait devant moi, les bras croisés.

- Bonsoir., lançai-je en souriant.

J'étais heureux de la voir, vraiment. J'avais enfin quelqu'un qui ne me laisserait pas moisir seul ici.

- Hey., me répondit-elle en me rendant mon sourire.

Maintenant que j'y pense...

Je me rappelai qu'elle voulait discuter de quelque chose.

Je me souvenais surtout de cette phrase...

<< Jeonghan, il est quoi pour toi? >>

- Vous vouliez me parler de quelque chose tout à l'heure?

- Yup.

- Je vous écoute.

Elle soupira.

- Je voulais te raconter une histoire...

- Je vous écoute.

Elle prit une grande inspiration.

- J'ai un fils qui... te ressemble.

- Hm...

- Et il est gay.

J'haussai mes sourcils.

Je ne m'attendais pas à ce qu'elle me sorte ça de manière aussi aléatoire.

Était-il comme moi, dans le sens où on était tous les deux homosexuels?

De toute façon, comment pouvait-elle le savoir si je ne le lui avais jamais dit?

- Et il sortait avec quelqu'un, ici en Corée.

Sa voix devenait de plus en plus... lourde.

J'avais l'impression qu'elle allait pleurer...

- Il aimait beaucoup le garçon avec qui il était. Et j'étais heureuse pour lui. Très heureuse de voir que mon fils a trouvé le bonheur.

Elle marqua une pause et se pinça les lèvres.

Je me sentais horriblement mal pour elle.

Cette histoire avait l'air... atrocement triste et j'avais peur pour la suite.

- Je les voyais tous les jours. Son petit-ami était quelqu'un de charmant. Lorsque mon fils me parlait de lui, il avait toujours l'air d'avoir des étoiles dans les yeux...

Ça avait l'air d'être une jolie routine...

- ... mais ce paradis était de courte durée.

Je sentais qu'elle allait laisser couler des larmes, mais... celles-ci n'arrivèrent pas à ses yeux.

- Lorsque ça a été dévoilé au grand public, il a commencé à se faire humilier, insulter et battre. Lui et son bien-aimé. J'étais dévastée, anéantie lorsque je l'ai appris. Pour protéger sa relation, mon fils et son petit-ami avaient décidé de s'installer en France, un pays dans lequel ils seraient un peu plus acceptés ici... On m'avait volé mon fils, juste parce qu'il était heureux.

Bon sang... je suis de nature empathique... alors... son histoire me touchait. Ça a dû être un enfer pour elle de voir la chair de sa chair se faire humilier juste parce qu'elle est en couple.

Je me demandais aussi pourquoi elle me racontait ça...

En tout cas, si c'est parce qu'elle avait besoin d'extérioriser sa peine, je serais là pour la rassurer. On avait tous les deux des personnes qu'on aimait qui étaient loin de nous, soutenons-nous mutuellement.

- Désolé pour ma voix... c'est juste... frustrant comme histoire..., rit-elle amèrement.

- Ce n'est pas grave, enfin... Par contre, vous n'avez lâché aucune larme, alors malgré... le ton incroyablement émotif de votre voix...

Elle rigola...

- Ça c'est parce que je l'ai trop fait.

Elle souffla.

- Et moi dans tout ça? Pourquoi vous m'aviez fait part de l'histoire de votre fils?

La femme se mit à sourire de manière bienveillante.

C'était un sourire... que j'aurais aimé recevoir de ma mère.

Car cette dernière se fichait de moi.

Après tout, je n'étais qu'un brigand, un bon à rien.

Une honte pour la famille.

Elle, elle avait l'air fière et heureuse pour moi et c'était très réconfortant.

- Tu parles de Yoon Jeonghan avec le même enthousiasme que mon fils lorsqu'il parlait de son amoureux. Voilà pourquoi... j'ai été surprise lorsque je me suis rappelée que ce n'était que ton ami.

J'étais tellement choqué que j'en avais à peine cligné des yeux.

Puis... je me mis à réfléchir aux sensations étranges que j'avais lorsque j'ai été près de lui.

De la joie que ça m'a offert.

Des battements frénétiques que ça a provoqué à mon cœur.

De l'envie d'être toujours en contact avec sa peau douce et laiteuse.

Du désir... qu'il reste auprès de moi...

- Alors, je te le demande. Jeonghan, il est quoi pour toi?

Je me suis toujours interdit de me poser cette question.

Jeonghan ne m'aimait pas comme ça.

Je n'avais pas à me poser une question pareille.

Je n'en avais pas le droit.

Car j'avais peur de la réponse.

- Excuse-moi, ça devait être... trop indiscret., rendit-elle compte.

Je levai mes yeux vers la femme et lui assurai que ce n'était rien.

- J-Je pense... Je pense avoir besoin d'en parler.

- Je t'écoute.

- Jeonghan... a des effets étranges sur moi... J-Je ne sais pas si... je suis heureux de le revoir après tant de semaines séparés... ou parce que... j'étais aussi... hum...

Finir cette phrase me semblait impossible.

Et je n'ai pas réussi à le faire.

- Te mets pas la pression comme ça.

- D-Désolé... j-je dois être très embêtant..., m'excusai-je.

- C'est moi qui t'ai proposé de te confier, ne te sens pas mal pour ça. Et puis... si tu hésites à appeler Yoon Jeonghan comme autre chose que ton ami... juste, attends. Avec le temps, tu te clarifieras sûrement les idées., me rassura-t-elle, Je ne suis pas douée pour conseiller les gens en amour, mais... vraiment... prends ton temps.

J'étais touché.

J'étais touché par tant de gentillesse et de compassion.

Cette femme avait la figure maternelle que j'aurais aimée avoir.

C'était une protectrice.

Un ange-gardien.

Et ça faisait longtemps que je n'ai pas ressenti l'amour d'une génitrice.

J'avais beau avoir l'air désespéré, je me sentais soulagé que quelqu'un m'ait dit ces mots.

Que quelqu'un soit aussi prévenant avec moi.

Je le répète : c'était la mère que j'ai toujours voulue avoir.

- Tu sais pourquoi je te raconte ça?

- Non...

- Pour ne pas qu'il t'arrive la même chose que mon fils, si jamais tu aimais Jeonghan... Je veux pas que d'autres personnes aient à vivre la même chose. En Corée et dans beaucoup d'autres pays... tu le sais bien, tout ce qui touche à la communauté LGBT+ est tabou et mal vu. Ça me tue de l'intérieur de savoir que... des gens - et même pire, des gens biens - peuvent se faire braquer juste parce qu'ils aiment quelqu'un ou parce qu'ils essaient d'être eux-mêmes.

Mes yeux s'écarquillèrent.

- Madame...

- Hm?

- Vous êtes trop gentille pour ce monde.

Elle pouffa une nouvelle fois.

- Pfft! Tu dis n'importe quoi! Je suis pas une sainte non-plus!

- J'ai pas dit ça!

Je ris calmement.

- Mais vous êtes vraiment gentille. Je suis heureux de vous avoir rencontré.

- Sentiment partagé, Joshua.

Elle soupira en souriant.

- C'est agréable de parler avec quelqu'un d'aussi respectueux. Souvent, ici, tu as des connards qui te crachent limite à la gueule lorsque tu leurs parles... Toi, tu as l'air plus mature, malgré le fait que tu sois plus jeune que les autres prisonniers. Quel âge as-tu?

- Mmh? Ah... j'ai dix-neuf ans! Et vous?

- Hmf! Je me sens vieille maintenant! J'en ai quarante-six!

- Hein? Mais non, c'est pas aussi vieux que ce que vous pensez... Au contraire, je trouve que vous avez beaucoup d'expérience et que vous comprenez la vie... C'est une des raisons pour lesquelles j'ai beaucoup de respect pour vous.

- Pfft! Ne t'en fais pas, je n'accorde pas beaucoup d'importance à l'âge. Tant que je tiens sur mes guiboles, ça me satisfait.

Je lui offris un sourire chaleureux, alors qu'elle regardait l'heure sur son téléphone.

- Oof... tu ferais mieux d'aller te coucher... il est vingt-trois heure.

- Vous aussi, vous devriez vous reposer!

- T'en fais pas pour moi. J'suis une dure à cuire héhé.

- Je n'en doute pas!, répondis-je.

Nous nous dîmes bonne nuit et allâmes nous coucher...
__________________________

J'étais dans ma chambre, couché sur mon lit...

Oui.

Ma chambre.

N'étais-je pas en prison, moi?

Qu'est-ce que je faisais là?

Je rêvais?

Je ne réfléchis pas, j'avais enfin le confort que je voulais, je n'allais pas me plaindre...

Là, il était aux alentours de vingt-deux heure, mais je n'arrivais pas à dormir.

Puis, la porte s'ouvrit.

Je me tournai de l'autre côté du lit et vis... Jeonghan?

Tout me paraissait normal, mais bizarrement ses cheveux étaient coupés, cette fois-ci.

Ça lui allait extrêmement bien.

Sérieusement, y avait-il une coupe de cheveux qui ne lui allait pas?

De toute façon, le blondinet était beau de base, alors bon.

Je voulais lui poser quelques questions, car ma situation était étrange.

Je levai mes yeux vers lui et vis qu'il s'approchait de plus en plus de moi.

Captivé par sa démarche horriblement sexy, je ne fis que le fixer sans laisser un son traverser mes lèvres.

Ensuite, je me gifflai mentalement pour avoir pensé ça.

Enfin bref... Jeonghan s'était assis en face de moi et a ancré son regard dans le mien. Je me permis de me perdre dans le sien, trop faible pour résister...

- Shua...

Son ton suave me faisait perdre tout mes moyens.

Mais le pire, c'était son expression qui traduisait une luxure et un désir qu'on ne montrait pas à un ami.

- Shua...

- H-Hm.

- J'ai envie de toi...

Mes yeux s'écarquillèrent.

J'étais bel et bien en train de rêver, c'était impossible que cette scène soit réelle.

Et pourtant j'y croyais.

Ma main se glissa doucement sur la joue du plus âgé.

Et je pouvais le sentir, je n'étais pas fou.

C'était lui...

C'était bien sa peau.

J'étais terrifié.

Suis-je vraiment en train de devenir dingue?

- Tu n'as pas envie de moi, toi?

Ce fut le déclic.

J'arrêtai de me battre avec mes envies et le tirai vers moi pour plaquer bestialement mes lèvres contre les siennes.

Je n'en avais plus rien à faire de cette barrière qu'entretenaient deux amis...

Parce que là, j'avais commis l'irréparable : j'embrassais mon meilleur ami.

Mes lippes exercèrent une pression sur les siennes, les faisant mouver au même rythme que les miennes.

Notre échange se faisait plus chaud, plus fort, plus passionné.

En un coup de rein, je retournai le plus vieux qui, jusque là était à califourchon sur moi.

Je le laissai reprendre son souffle, alors que j'observais la beauté éthérée en face de moi...

- Tu es magnifique...

Jeonghan afficha ce sourire taquin et victorieux qui m'était familier.

Je plongeai ma tête dans son cou, déboutonnai le haut de sa chemise blanche et la fis légèrement glisser à droite, dévoilant une de ses clavicules.

Je me mis à déposer de simples bisous papillons sur son cou, puis, au fil et à mesure du temps, mes baisers se faisaient de plus en plus entreprenants.

Ma langue se mit à lécher sa peau laiteuse et mes dents à la mordiller sauvagement, arrachant à mon dominé plusieurs gémissements qui étaient un délice à mes oreilles...

Mes croissants de chair tracèrent leur route jusqu'a sa clavicule et recommençai mon petit manège...

- ... AH—! S-SHUA!

- J'ai trouvé point sensible?, demandai-je ''innocemment''.

Je souris, amusé, puis, arrêtai de torturer sa peau avant de me jeter de manière affamée, une nouvelle fois, sur ses lèvres...

Cette fois-ci, j'introduisis ma langue dans sa bouche et me mis à explorer sa cavité buccale, tout en continuant à défaire les boutons de sa chemise.

La main de Jeonghan se posa soudainement sur mon épaule pour me repousser.

Je lui lançai un regard confus et vis qu'il était essoufflé...

- T-Tu... tu es vraiment une bête sauvage au lit.

Un petit rictus prit place sur mes lippes.

J'adorais cette situation.

Mon pouce caressa sa lèvre inférieure, puis la paume de ma main glissa de son menton, à son cou, à son torse pour finir à la limite de son jeans noir.

Je voulais le prendre, maintenant.

Je le voulais, lui.

Yoon Jeonghan.

Puis, sa main vint arrêter la mienne en l'attrapant précipitamment.

- Tu vas regretter, Joshuji..., m'informa-t-il.

- Quoi? Qu'est-ce que tu racontes? C'est toi qui m'a proposé qu'on couche ensemble.

- Pourquoi?

Je pris une grande inspiration et me lançai.

- Parce que je t'aime.

Mon cœur battait à toute allure...

J'avais peur de sa réaction...

Le faisait-il par amour, lui?

Ou... peut-être pour s'amuser...

J-J'en sais rien...

- Moi aussi. C'est pour ça que je te préviens. Tu vas souffrir le lendemain si jamais on va plus loin... Mais bon. Fais ce que tu veux... Je respecte tes choix...
___________________________

Et là, je compris que la vie me détestait.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top