𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟎𝟒











— 𝐁 𝐀 𝐍 𝐀 𝐍 𝐀   𝐁 𝐑 𝐄 𝐀 𝐃 —











𝐑𝐄𝐂𝐄𝐓𝐓𝐄 𝐃𝐔 𝐁𝐀𝐍𝐀𝐍𝐀 𝐁𝐑𝐄𝐀𝐃

𝑰𝒏𝒈𝒓𝒆́𝒅𝒊𝒆𝒏𝒕𝒔 :

𝟔𝟎 𝐺𝑟𝑎𝑚𝑚𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑏𝑒𝑢𝑟𝑟𝑒 / 𝟒 𝐵𝑎𝑛𝑎𝑛𝑒𝑠 / 𝟐 𝑂𝑒𝑢𝑓𝑠 / 𝟖𝟎 𝐺𝑟𝑎𝑚𝑚𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑠𝑢𝑐𝑟𝑒











La règle des trois secondes.

Max a lu ça dans un magazine un jour, la règle numéro un de l'amour secret : ne jamais regarder l'autre dans les yeux plus de trois secondes, trois virgules trois secondes pour être tout à fait exact.

L'échange de regard est plus personnel que l'échange de paroles, plus révélateur aussi. Deux personnes se fixant trois secondes dans les yeux, c'est l'une des clés de la séduction, ça donne le temps d'apercevoir l'intérêt, les sentiments de l'autre dans le reflet de ses pupilles dilatées.

Même si le Néerlandais préférerait mourir que de reconnaître qu'il donne du crédit à GQ ou Marie-Claire, il n'a plus jamais regardé Charles dans les yeux plus de trois secondes.

À chaque fois qu'ils discutent, à chaque nouvelle interaction, au plus petit échange de regards, un compte à rebours mental s'enclenche dans son esprit, sonnant l'alarme et l'obligeant à détourner le regard avec une précision à la milliseconde.

Certains ressentent le besoin de vérifier plusieurs fois qu'ils ont bien fermé la porte de chez eux, d'autres de trier leurs surligneurs par couleur ou de compter le nombre exact de carreaux de carrelage sur le sol. Max, lui, a besoin de s'assurer que son regard ne puisse pas le trahir et qu'importe si cela lui donne au passage un air fuyant que les journalistes se plaisent à décrire comme de la lâcheté.

Le Néerlandais peut s'accommoder des critiques de ceux qu'il ne connaît pas, ils ne lui importent pas, mais si, par malheur, Charles venait à douter de lui à cause d'un regard un peu trop appuyé, un peu trop révélateur, il ne s'en relèverait pas.

Alors Max compte, ne faisant qu'un avec son toc, en usant comme d'une carapace entre lui et Charles sans savoir qui il protège vraiment.

- Et donc, tu as dormi chez lui ?

- Bien sûr que non, je suis rentré chez moi et je suis revenu tôt ce matin pour qu'il ne s'en aperçoive pas, explique le blond.

L'autre homme passe une main agacée sur son visage, un rictus contrarié accroché aux lèvres.

- Tu es une cause perdue, tu le sais ? Il soupire.

- Pourquoi ? Parce que je ne suis pas resté ? Il est malade, je n'allais quand même pas squatter chez lui et profiter de son état. Qu'est-ce que tu aurais voulu que je fasse ?

- Je ne sais pas, il fait semblant de réfléchir. Rester, dormir avec lui, lui dire que tu l'aimes depuis que tu es gosse, saisir l'énorme perche qu'il t'a tendu peut-être ?

Max s'empourpre violemment et baisse la tête à l'évocation de ses sentiments refoulés depuis des années, obligeant l'autre homme à prendre une grande inspiration pour faire redescendre son exaspération.

S'il y a bien une chose qu'il sait, c'est que brusquer Max n'est pas une solution, surtout quand il est question de Charles.

- Je ne pouvais pas faire ça, Danny, il n'était pas dans son état normal, s'excuse presque le Néerlandais.

L'expression de l'Australien s'adoucit encore un peu plus et il presse doucement l'épaule du plus jeune pour lui montrer son soutien.

- Je ne te dis pas de lui sauter dessus pour lui faire subir les derniers outrages, idiot, il sourit doucement. Mais peut-être que Charles avait juste besoin d'une présence rassurante avec lui, il avait l'air plutôt à l'ouest de ce que tu m'as décrit.

À côté de lui, Max pousse un lourd soupir, penaud. Le Néerlandais a débarqué en catastrophe chez son ancien coéquipier ce matin après être passé en coup de vent chez Charles pour s'assurer que les symptômes ne se sont pas aggravés pendant la nuit et préparer un copieux petit-déjeuner qu'il a laissé sur la table de chevet avec une note disant qu'il repasserait plus tard dans la journée.

Il faut dire qu'hier soir, allongé dans le lit avec Charles pressé contre lui, Max a, comme qui dirait, paniqué.

Le Néerlandais s'est clairement laissé emporter par ses sentiments et il a dit et fait des choses tout au long de la journée qui ont clairement trahi ses sentiments pour Charles. Basant toute sa stratégie sur le fait que le Monégasque, bouffé par la fièvre, ne se rappellerait rien le lendemain, il s'est laissé aller à des gestes doux et des paroles tendres qui le trahiraient aux yeux de n'importe qui.

Oui, mais voilà, et si Charles se souvient ?

Et s'il est allé trop loin dans ses caresses, trop évident dans sa langueur ?

Le moindre souvenir que Charles pourrait avoir est compromettant, terriblement révélateur de ses sentiments. Tout ça parce qu'il n'a pas pu se retenir, parce que la faiblesse de Charles lui est apparue comme une aubaine, une faille dans laquelle se glisser quelques instants et se couler dans la chaleur de son adoration pour le plus jeune.

Pire que tout, Max à l'impression d'avoir abusé de la faiblesse de Charles. Pour l'effleure, pour le toucher tout en se donnant bonne conscience sur le dos de son abandon passager.

Il se trouve horrible pour ça.

Si Charles ne se rappelle pas, il aura profité de lui et s'il se souvient, eh bien, Max n'osera certainement plus jamais se représenter devant lui.

Voilà pourquoi il a débarqué en catastrophe chez la seule personne à avoir jamais percé son secret à jour : Daniel Ricciardo.

Quand Max y repense, il est même un peu humiliant que Daniel ait découvert aussi rapidement son honteux petit crush pour le pilote Monégasque. Charles débarquait en Formule 1 chez Sauber pour le début de la saison 2018 et Daniel le coinçait dans sa Driver Room pour lui tirer les verres du nez fin juillet de la même année.

Il faut dire qu'à cette époque, l'excitation de voir son meilleur rival et coup de cœur le rejoindre sur la grille de départ rendait extrêmement compliquer la maîtrise de ses émotions et Daniel, qui l'avait déjà pris sous son aile à cette époque, n'avait eu qu'à admirer le spectacle d'un Max gauche et rougissant à la moindre apparition de la frimousse Monégasque.

Depuis, l'Australien soutient comme il le peut son jeune ami, ne faisant aucun commentaire quand il lui demande parfois de venir le chercher chez des inconnus au lendemain de soirées un peu trop alcoolisées. Lui servant de confident et essuyant ses larmes lorsque la triste réalisation frappe et que ces hommes ne sont pas Charles. Ce moquant de lui et de son cœur d'artichaut dès qu'une occasion se présente, ne manquant jamais de lui envoyer toutes les photos de Charles torse-nu que Ferrari publie sur leurs réseaux sociaux pour tenter de faire oublier à leurs fans leurs mauvaises performances ou leurs stratégies ratées.

Quand il y pense, Daniel a plus de photos de Charles dans sa galerie qu'il n'a de photo de sa propre petite amie, Heidi. Cette constatation les fait rire tous les deux, mais il ne les supprime pas pour autant, elles peuvent toujours servir.

C'est pour ça que Daniel a discrètement décalé l'heure de départ de son jet privé en direction de l'Australie en voyant un Max visiblement à bout de nerfs sur le pas de sa porte ce matin, un sachet de chouquettes à la main en guise d'excuse.

- Est-ce que tu as dormi un peu au moins ? Il demande au bout d'un moment.

Max secoue la tête avant de la laisser retomber dans ses mains et Daniel croque dans une viennoiserie.

- Si tu tombes malade, tu ne lui serviras plus à rien. Une infirmière à domicile n'est sexy que si elle n'a pas la morve au nez.

- C'est peut-être la solution, couine le plus jeune. Je ne peux pas retourner là-bas Danny, j'ai dépassé les bornes.

Le plus âgé hausse les épaules, malheureusement pour Max, Daniel est passé maître dans l'art de manipuler le triple champion du monde.

- Bien sûr que si, tu vas y retourner, tu veux qu'j' te dise pourquoi ?

- Je serais curieux de savoir, grimace le blond.

Le pilote Racing Bulls laisse planer un silence chargé de tension, accentuant volontairement le stresse de son vis-à-vis avant de sortir son arme secrète.

- Parce que tu ne pourras jamais vivre avec la culpabilité d'avoir déçu maman Leclerc, il ricane. Et parce que tu as un kink avec le plan de travail aussi.

- Daniel !

Le brun lève les bras au ciel comme s'il s'attendait à ce que Dieu lui donne raison.

- Sérieusement, Maxy, arrête de te prendre la tête. Tu as une occasion en or de passer un peu de temps avec Charles et tu la laisses filer.

- Parce que je ne veux pas qu'il comprenne que je suis amoureux de lui !

- C'est de Charles que l'on parle, si Sebastian et Kimi ne lui avaient pas dit, il croirait encore que la fée des dents existe.

Piqué au vif, Max gonfle les joues et s'empourpre encore un peu plus.

- Arrête de te moquer de lui.

- Vraiment, Maxy, Charles ne comprendrait pas que tu es amoureux de lui, même si tu te le faisais tatouer sur le front. C'est le mec le plus aveugle que je connaisse, il pense encore que Lando et Carlos sont juste bons amis, tu te rends compte ?

Max lève de grands yeux étonnés en direction de son meilleur ami et bourreau personnel qui hausse simplement les épaules et lui fait signe de ne pas trop réfléchir à ses paroles.

- Tout ça pour dire, reprend Daniel. Qu'il faut que tu en profites un max, Max.

Il attend quelques secondes puis, voyant que sa blague ne prend pas, soupir d'agacement.

- Réfléchi un peu, combien d'autres occasions de passer du temps seul avec lui tu auras ? Zéro, ce mec à plus d'amis que de paires de chaussettes.

Devant l'air de chien battu du plus jeune, il lui tapote gentiment sur le dessus de la tête.

- Tout ce que tu as à faire, c'est d'y aller et de profiter. Tu ne veux pas lui dire qu'il est le seul et l'unique grand amour de ta vie, que tu serais prêt à lui donner ton cœur s'il te le demandait, ? C'est OK, ne le fait pas. Passe juste un peu de temps avec Charles, essaie de devenir son ami, ça sera déjà une belle réussite.

- Mais, et s'il comprend quand même que je suis amoureux de lui et qu'il ne veut plus de moi ?

Daniel soupire et enroule un bras réconfortant autour du garçon qui se blottit contre lui sans hésiter.

- Charles est peut-être un idiot, mais ce n'est pas un mauvais gars. Le pire qu'il puisse faire est de te dire qu'il n'est pas intéressé par les hommes et si c'est le cas, tu seras bien obligé de passer à autre chose.

Max reste silencieux quelques minutes et Daniel lui laisse le temps de réfléchir à ses paroles. L'une des choses qu'il a toujours eu beaucoup de mal à comprendre avec le Néerlandais, c'est son incapacité à aller de l'avant lorsque les choses ne fonctionnent pas comme il le souhaite et Charles en est le parfait exemple.

Daniel ne compte plus le nombre d'hommes et de femmes qu'il a fréquenté au cours des années, avec plus ou moins de sentiments et plus ou moins d'implication, Max lui, malgré quelques histoires infructueuses, n'a jamais eu que Charles en tête, il n'a jamais aimé que lui.

L'Australien trouve ce constat aussi triste qu'adorable, l'idée que l'on puisse aimer quelqu'un suffisamment fort pour l'attendre durant la plus grande partie de sa vie.

Il lui souhaite sincèrement de parvenir à ses fins un jour, ou alors de trouver quelqu'un de bien qui lui montrera qu'il n'a pas besoin d'un Monégasque obtus pour faire tourner son monde.

- Je ne sais pas quoi faire Danny, soupire le plus jeune contre lui.

Le brun passe délicatement ses doigts dans la douce chevelure blonde de son ami.

- Mais si tu le sais Maxy, tu es juste un petit trouillard.

- Arrête de te moquer de moi, râle le champion.

- Tu ne peux pas me demander ça, même toi tu trouves cette situation un peu drôle, j'en suis sûr.

Même sans voir son visage, Daniel sait que Max lève les yeux au ciel, il le connaît trop bien.

Le silence perdure encore quelques minutes, reposant et Daniel pense même pendant une seconde que le blond s'est endormi.

- Son plan de travail est vraiment dingue, chuchote-t-il dans un souffle.

- Max ! Daniel éclate de son rire magnifique.

Bah oui, Max, qu'est-ce qu'il t'a pris encore.

Voilà exactement ce que le Néerlandais pense, debout devant la porte de l'appartement de Charles, pupuce grognant méchamment derrière la porte de l'appartement d'en face. Comme si ce monstre à quatre pattes pouvait sentir son odeur.

Un sac de courses dans chaque main, pour pouvoir se donner une excuse si Charles lui demande où est-ce qu'il est allé, la respiration courte d'avoir monté les escaliers à pied pour repousser le moment où il se trouverait devant la porte, Max a envie de projeter sa propre tête dans un mur.

Voilà ce que ça donne d'écouter Daniel.

Le plus silencieusement du monde, il tourne la clé dans la serrure et se glisse à l'intérieur, veillant à ne pas claquer la porte pour ne pas réveiller Charles s'il est toujours endormi, ou pour ne pas le prévenir de son arrivée s'il est réveillé, au choix.

Méthodiquement, il reproduit les mêmes gestes de la veille, retire ses chaussures et les remplace par ses chaussons qu'il a pensé à amener avec lui, file sur la pointe des pieds jusqu'à la cuisine, qu'il connaît maintenant comme sa proche, où il range ses achats.

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'après le passage de Max, Charles aura des provisions pour plusieurs semaines, à minima.

Une fois que tout est rangé à sa place, le Néerlandais se dirige vers la salle de bain où il lance une tournée avec les serviettes qu'il a utilisées pour sécher Charles hier, il en profite pour reposer discrètement le sweat-shirt et le jogging que Charles lui a gentiment prêté et qu'il a nettoyé chez lui, sans oublier d'y ajouter une pointe d'adoucissant.

Une fois la salle de bain et la cuisine récurées du sol au plafond, Max n'a plus rien à faire.

Enfin, pour être plus précis, il n'a plus rien qui le retienne de s'attaquer à la réelle raison de sa présence ici.

La gorge nouée, il marche sur la pointe des pieds jusqu'à la porte de la chambre principale, laissée entrebâillée par ses soins plus tôt ce matin, croisant très fort les doigts pour que le Monégasque épuisé soit encore en train de dormir.

Pour une fois, il semblerait que le ciel ait écouté ses prières, puisque la seule chose qu'il parvienne à distinguer dans la semi-obscurité est une forme immobile, enroulée dans un amas informe de couvertures.

Laissant échapper un bref soupir de soulagement, le triple champion du monde se glisse dans la pièce, sautille discrètement jusqu'à la table de chevet sur laquelle il se penche pour récupérer le petit-déjeuner à peine entamé de Charles.

Furtif comme un ninja, il se redresse, le plateau à la main, prêt à déguerpir.

C'est sans compter sur la main qui sort de sous les draps et s'enroule autour de son genou, le faisant sursauter et pousser un couinement surpris, lui causant de laisser tomber le plateau qui s'écrase sur le sol dans un fracas de verre brisé.

- Merde, souffle la voix endormie de Charles. Désolé, je vais t'aider à ramasser.

- Reste où tu es !

La voix de Max résonne légèrement plus aiguë et paniqué que ce qu'il ne souhaite.

Aussitôt, il s'agenouille sur le sol souillé et entreprend de ramasser les plus gros morceaux, mais c'est sans compter sur le buter pilote Ferrari qui gigote furieusement dans les draps à côté de sa tête.

- Arrête, c'est ma faute, râle le brun en se redressant.

- Charles, tu es malade et pieds nus, s'agace Max. Reste dans le lit.

- Tu l'as dit, je suis malade, pas handicapé, siffle le Monégasque. Pas question que je te laisse nettoyer à ma place.

Tout en parlant, il pose un pied au sol et à côté de lui. Max pince les lèvres avec agacement, quittant des yeux la pile de verre brisé pour s'assurer que Charles ne trébuche pas sur lui-même par accident.

Ironiquement, il semble que Max ait développé le don de prédire l'avenir lorsqu'il s'agit de Charles, puisqu'à peine une seconde plus tard, malhabile sur ses jambes encore faibles et courbaturées de fièvre, le brun fait un mauvais mouvement et plie le genou au sol, s'enfonçant des éclats de verre dans la peau au passage.

Une vague d'inquiétude afflue dans le cœur du Néerlandais qui délaisse sa tâche et se redresse rapidement, tirant Charles vers lui, les éloignant tous les deux de la zone de danger.

Déstabilisé, Charles retombe sur ses fesses en se tenant le genou droit, une grimace douloureuse sur le visage. Inquiet, Max essuie rapidement ses propres mains sur son pantalon avant d'attraper délicatement la cheville de Charles et là-bas de son jogging qu'il remonte en douceur pour dévoiler la peau griffée en dessous.

Maladroitement, il tamponne la blessure avec la manche de son propre pull, cherchant à atténuer l'écoulement sanguin.

- Fais chier, il grogne. Reste-la, je vais chercher de quoi désinfecter et retirer le verre.

- Max...

- Et, s'il te plaît Charles, s'il te plaît, ne t'approche plus du verre, il ordonne presque.

Rapidement, il se relève et entreprend de quitter la chambre pour rejoindre la salle de bain.

- Max !

Surpris, il lève les yeux sur Charles qui le dévisage, inquiet, leurs yeux se croisent et se rencontrent.

Un, deux, trois secondes.

Max penche la tête sur le côté, baissant le regard sur le corps du pilote Ferrari, à la recherche d'un autre problème.

- Ce n'est pas mon genou qui saigne, Charles reprend d'un ton plus doux, presque comme s'il avait peur de le brusquer. Tu t'es coupé la main.

Le Néerlandais baisse les yeux sur ses mains, une entaille barre l'intérieur de sa main droite, des grosses gouttes de sang s'en échappant à chaque fois qu'il remue les doigts. Inquiet pour Charles, il ne s'est même pas aperçu de la blessure qui commence seulement à le piquer, il a dû serrer un morceau de verre trop fort.

Devant le mutisme de son rival, Charles esquisse un doux sourire encourageant.

- Va chercher la trousse de secours et ramène là ici, je vais m'occuper de ta main.

- C'est bon, il contredit. Ce n'est pas grand-chose, je peux...

- Max, coupe Charles. Juste, fais-le, s'il te plaît. Laisse-moi me rattraper.

Le champion cherche à capter les émotions qui filtrent dans le regard de son vis-à-vis, sans vraiment y parvenir, un peu plus de deux secondes plus tard, toujours moins de trois secondes, il hoche la tête et disparaît en direction de la salle d'eau.

Le blond fait un passage éclair par la salle de bain, il prend juste le temps de rincer sa main sous l'eau froide et de l'essuyer sur son sweat déjà tâché de sang avant de revenir dans la chambre, mutique.

Charles, l'attend, doucement, il tapote une place à côté de lui, sur le lit dans lequel il s'est réinstallé, la mine relativement inquiète du détachement du plus âgé.

Max obéit sans rechigner, il ne veut pas inquiéter Charles, mais le sang, le sang lui a toujours donné une impression étrange, le sien particulièrement.

Pour la plupart des gens, le sang rime avec une mauvaise chute, un bête accident domestique, pour Max, le sang est synonyme d'échec, de mauvaises performances, de remontrance.

Mal à l'aise, il secoue la tête et reporte son attention sur le Monégasque qui a commencé à étaler le contenu de la trousse autour d'eux.

- Est-ce que tu as vraiment besoin de quatre boîtes de pansement ? S'interroge le blond.

Charles laisse échapper un petit rire.

- Tu n'imagines pas le danger que je suis avec un couteau à la main, il plaisante.

- Je préfère ne pas savoir, il grimace. Comment est-il possible d'avoir d'aussi bons réflexes et pourtant d'être capable de te saigner à mort en essayant d'éplucher une carotte ?

- Le talent, j'imagine ?

- Si c'est avec ce talent là que tu comptes remporter le championnat, j'ai encore quelques belles années devant moi.

L'expression choquée et la bouche entrouverte de Charles terminent de sortir Max de son mutisme, lui arrachant un éclat de rire amusé.

Le brun secoue la tête, pas vraiment vexé.

- Je croyais que l'on devait être gentil avec les malades, bougonne le Monégasque.

- Il faut savoir Charlie, tu es malade ou tu ne l'es pas ?

- J'y réfléchis encore.

Les lèvres de Max s'étirent en un petit sourire tandis qu'il regarde Charles étaler du désinfectant sur une compresse et la passer sur sa main blessée avant de la recouvrir presque entièrement de pansement.

Du désinfectant pour enfant, celui qui ne pique pas, il aurait dû s'en douter.

- Et voilà, Charles déclare fièrement en observant son travail. Tu es réparé.

- Merci frimousse, il souffle en saisissant à son tour le matériel de soin.

- Nous y revoilà, s'amuse le Monégasque.

Le blond relève vers lui un regard d'incompréhension, cherchant de quoi il peut bien parler et le sourire de Charles s'accentue encore un peu plus.

- Je ne pensais pas que tu étais le genre de personne à donner des surnoms.

Les joues de Max chauffent brutalement, il baisse les yeux.

- Ça m'évite d'avoir à retenir les noms des gens, il hausse les épaules, toujours tête baissée.

- Oh, alors je dois comprendre que tu n'as pas envie de retenir le mien ? Il s'enquiert, amusé.

Max lève les yeux au ciel.

- Ne sois pas idiot, il ricane. Je t'ai donné un bain, Charlie, même si je le voulais, je ne pourrais pas oublier ton nom.

Ni quoi que ce soit d'autre à vrai dire, pas même le plus petit détail.

Les oreilles du Monégasque rougissent d'une adorable manière alors qu'il détourne le regard.

- Inutile de ramener ça sur le tapis, il gonfle les joues avec agacement.

- Dans tes rêves, il contredit avant de changer de sujet. Allez, montre-moi ton affreux bobo.

Docile, Charles lui tend sa jambe et Max l'attrape avec douceur, l'une de ses mains s'enroulant naturellement autour de sa cheville avant de la déposer sur ses cuisses, rapprochant inconsciemment leurs corps.

Le blond se penche au-dessus des égratignures, les vérifiant une à une, à la recherche de morceaux de verre restés coincés. Une fois fait, il pousse un petit soupir de soulagement qui donne un frisson involontaire au jeune homme sous lui avant de commencer à désinfecter les plaies, le tout dans un silence tranquille que Charles brise quelques minutes plus tard.

- Pourquoi est-ce que tu es parti ? Il demande doucement, presque comme s'il avait peur de le brusquer.

- De quoi est-ce que tu parles ? Max fait semblant de ne pas comprendre, le nez collé au genou de l'autre pilote pour ne pas le regarder.

Charles ne répond pas immédiatement et le Néerlandais commet l'erreur de penser qu'il a laissé tomber.

Mais c'est mal connaître l'acharnement borné des Leclerc.

- Hier soir, commence le brun. Je t'ai demandé de rester, mais tu es parti. Pourquoi ?

Les joues du champion du monde rosissent contre sa volonté alors qu'il fait de son mieux pour dissimuler la panique qui prend doucement possession de lui. Max à bien compris que Charles a des souvenirs de la veille, mais il ne sait pas lesquels exactement et cette donnée le panique profondément.

- Tu dois t'être trompé, il ment. Je suis allé faire des courses ce matin, tu as dû penser que j'étais parti.

Au-dessus de lui, le propriétaire des lieux secoue la tête, pas vraiment contrarié.

Un peu vexé à la rigueur ?

- Je suis malade Max, pas sénile. Je me suis réveillé cette nuit et tu n'étais nulle part, il explique.

Max pince les lèvres, incapable de trouver une solution à son problème actuel, refusant toujours de relever les yeux vers l'autre garçon qui semble comprendre son malaise et, après une courte hésitation, pose une main rassurante sur son crâne, caressant doucement ses cheveux blonds.

- Je ne suis pas en colère Maxy, il souffle avec douceur. Je me suis inquiété de voir que tu n'étais plus là et j'ai pensé que peut-être, j'avais fait quelque chose de mal ou bien que ma mère t'avait forcé la main...

- Non ! Ce n'est pas ça du tout !

Surpris tout autant que Charles par son éclat de voix, Max plaque une main sur sa bouche traîtresse, son visage plus rouge qu'une tomate bien mûre alors que l'autre homme, une fois la surprise passée, éclate d'un rire rassuré.

Dans la panade, le Néerlandais tente tant bien que mal de se justifier.

- Ce que je veux dire, il souffle précipitamment. C'est que tu devais te reposer et je ne voulais pas m'imposer alors je suis rentré dormir chez moi.

- Au milieu de la nuit ? Charles hausse les sourcils.

- Je n'habite pas très loin, il justifie.

- Tu aurais pu rester ici, le lit est bien assez grand pour nous deux. Sauf si tu as peur que je te refile mes bactéries évidemment, il lui fait un clin d'œil amusé qui fait encore plus rougir le blond.

- C'est ton lit, il répond simplement.

- C'est le tien aussi maintenant !

- Quoi ?

Avant que Max n'ait le temps de riposter, Charles lui jette l'un des oreillers et rabat violemment la couverture sur lit, se fichant totalement du fait que Max soit allongé à l'envers sur le lit.

- Mais qu'est-ce que tu fais ? Peste de plus âgé.

- Je te l'ai dit, je suis malade et je fais un caprice, ricane Charles.

Le blond échoue à se dépêtrer des draps dans lesquels l'autre garçon est en train de l'enrouler.

- Je ne vois pas ce que ça a à faire avec moi, il râle.

- Je t'ai demandé quelque chose gentiment et tu ne me l'as pas donné alors maintenant j'utilise la force. Rien qu'une toute petite sieste de rien du tout Maxy et ensuite, je te laisse partir, il se moque.

- Charles, Max s'étouffe dans l'oreiller. Je ne vais pas dormir dans ton lit.

Il tente de s'extirper de force, mais c'est sans compter sur la force insoupçonnée dans laquelle Charles puise pour le maintenant en place. Le rusé a bien caché son jeu !

- Tu vas bien être obligé pourtant, il rit. Sinon je serais obligé d'agir en représailles.

- Je peux savoir de quelles représailles est-ce que tu parles exactement ? Il s'agace.

Le brun se tait un instant, juste le temps de réfléchir à ce qui serait le plus susceptible de retenir Max, même un tout petit peu.

- Si tu ne restes pas, il souffle à la pile de couvertures qui retient le blond. Je ferai une grève de la faim et tu seras obligé d'expliquer à ma mère pourquoi son fils est mort alors que tu devais le sauver.

Abasourdi, Max se tait pendant une seconde, cherchant à mesurer le sérieux du garçon qui l'écrase.

- Sérieusement frimousse ? Il croasse.

- Je suis mortellement sérieux et arrête avec ce surnom.

- Pourquoi est-ce que tu fais ça, Charles ? Dans sa voix, transpire un espoir qui se déteste de ressentir.

La réponse tarde à venir.

Évidemment, Charles ne lui dira jamais qu'il a reçu un message de Daniel.

- Parce que je m'ennuie et que j'en ai envie, il répond à la place.

L'amertume de cette réponse brûle la gorge de Max qui rend les armes, son cœur douloureusement pincé alors que Charles desserre sa prise, reprenant plus à l'opposé de lui dans le lit.

Max cale sa joue sur l'oreiller avec lequel Charles a essayé de l'assassiner plus tôt, avant de jeter un bref regard à l'autre garçon.

Ils sont face à face dans le lit, la tête de Max reposant aux pieds de Charles.

- Est-ce que tu vas me regarder comme ça jusqu'à ce que je m'endorme ? Soupir le Néerlandais au bout d'un moment.

- Absolument, ricane le brun.

- Tu es un gosse Charles.

- Et toi, un très mauvais baby-sitter, il renvoie coup pour coup.

Mal à l'aise, Max marmonne dans sa barbe, détournant son regard du Monégasque.

Il n'oublie jamais la règle des trois secondes.

Pour tenter de se donner plus de contenance et d'ignorer le fait que Charles ne le quitte pas des yeux, Max ferme les siens, convaincus qu'il ne pourra jamais trouver le sommeil avec le regard insistant de l'autre garçon sur lui.

Il faut croire qu'il se trompe lourdement ou alors qu'il a mal évalué son propre épuisement, puisque quelques secondes plus tard à peine, il dort à poing fermé sous le regard attendri de Charles qui ne manque pas l'occasion de le border avec délicatesse avant de lui-même fermer les yeux.

- Bonne nuit Maxy.



🍌🍌🍌🍌🍌



Bon, ce chapitre est clairement plus long que prévu et en plus, il ne suit pas du tout mon plan de l'histoire, il faut croire que Charles et Max avaient d'autres projets :')

Un chapitre un peu moins fort en rebondissement, mais une dynamique commence à s'installer entre nos deux héros et elle continue de se développer tout au long de l'histoire alors j'espère qu'elle vous plaît.

Max est gravement atteint par son amour pour Charles et pire que tout, il préférerait presque mourir que d'être obligé de lui avouer alors je me demande comment les choses pourraient bien évoluer entre eux, d'ailleurs, vous connaissiez cette règle des trois secondes ?

Petite info pour ceux qui me découvrent avec BB, la publication de mes chapitres est à géographie variable, idéalement, je publie le mardi, mais il arrive parfois que j'aie du retard et que je rate le jour J ou que je saute une semaine, désolé par avance but life is life ! ;)

Je vous souhaite une bonne semaine à tous et à la semaine prochaine pour voir Charles mettre le feu, dans tous les sens du terme ! 

Bye les copains ♡

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