𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟎𝟑











— 𝐁 𝐀 𝐍 𝐀 𝐍 𝐀   𝐁 𝐑 𝐄 𝐀 𝐃 —











𝐑𝐄𝐂𝐄𝐓𝐓𝐄 𝐃𝐔 𝐁𝐀𝐍𝐀𝐍𝐀 𝐁𝐑𝐄𝐀𝐃

𝑰𝒏𝒈𝒓𝒆́𝒅𝒊𝒆𝒏𝒕𝒔 :

𝟔𝟎 𝐺𝑟𝑎𝑚𝑚𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑏𝑒𝑢𝑟𝑟𝑒 / 𝟒 𝐵𝑎𝑛𝑎𝑛𝑒𝑠 / 𝟐 𝑂𝑒𝑢𝑓𝑠











Dieu sait que Max est un homme de volonté.

De la volonté pour poursuivre le même rêve depuis qu'il est en âge de rêver, de la volonté pour s'être hissé tout en haut de son sport, de la volonté pour ne jamais baisser les yeux face à ceux qui tentent de le discréditer.

Oui, Max a une volonté de fer dont il est très fier.

Mais il y a une nette nuance entre faire preuve de volonté et refuser de regarder le corps dénudé d'un Charles endormi pour ne pas abuser de lui et trouver la volonté de se retenir de tomber à genoux devant la créature la plus sexy qu'il lui ait été donné d'admirer de toute sa vie.

Face à lui, sans aucun doute à mille lieux d'imaginer l'effet qu'il lui fait, Charles incarne la luxure à la perfection.

Ses yeux brillants, sa bouche humide entrouverte, son corps presque nu alanguie sur le tabouret et le caleçon descendu si bas sur ses hanches qu'il ne laisse aucune place à l'imagination.

Max s'étouffe avec sa salive.

Le visage brûlant, il se détourne, tournant le dos au Monégasque, qui hausse un sourcil curieux malgré son état, et prend plusieurs grandes inspirations pour tenter de calmer les palpitations douloureusement rapides de son cœur.

Sa tête tourne, le bout de ses doigts le picote et il tente désespérément de convaincre son palpitant de ne pas rediriger tout le sang pompé comme un dératé vers son sexe qu'il sent honteusement tressaillir dans son short.

La situation est en train de virer au cauchemar, il faut qu'il respire, qu'il respire et qu'il pense à autre chose qu'au corps terriblement appétissant de Charles et à tout ce qu'il rêverait de lui faire si seulement il pouvait...

Stop ! Il secoue la tête et claque une main contre sa propre joue pour se remettre les idées en place, faisant sursauter le Monégasque au passage.

Max inspire par le nez et expire par la bouche, reprenant lentement le contrôle de son bas-ventre en remplaçant stratégiquement les images existantes du brun par le souvenir de l'horrible chien de la voisine.

Grâce à l'aide de Pupuce, il parvient à se calmer progressivement et au bout d'une grosse minute, il se fait suffisamment confiance pour rouvrir les yeux et commencer à définir un plan d'attaque.

Les yeux fixés partout sauf sur Charles, il se retourne, les poings serrés et la mâchoire contractée à l'excès.

Pense au chien. Pense à ce foutu chien.

- OK Charles, il ne sait pas vraiment qui il tente de rassurer. Je vais t'habiller et ensuite, on retournera au lit.

Machinalement, il saisit le pantalon de jogging, le déplie et s'agenouille devant le Monégasque qui le regarde faire, dans les vapes.

La gorge serrée, les doigts de Max frôlent l'une des chevilles du garçon immobile et relève les yeux vers lui, attendant qu'il lui donne son consentement pour le toucher.

C'est en réalité une très mauvaise idée, parce que la vue que Charles lui offre envoie littéralement son cerveau au septième ciel.

Si quelqu'un entrait dans la salle de bain à cet instant, il tomberait sur Max, agenouillé entre les jambes d'un Charles plus sexy que jamais. Non pas que cette idée déplaise particulièrement au Néerlandais.

Il faut vraiment qu'il arrête de réfléchir.

Au-dessus de lui, Charles esquisse une petite grimace toute aussi sexy que le reste de sa personne.

- La vue te plaît ? Sa voix cassée sonne grave, rauque.

Max écarquille les yeux, manque de s'étrangler et une quinte de toux lui arrache la gorge.

- Quoi ?

Impossible que Charles ait dit une chose pareille, il a dû rêver, il a forcément mal entendu.

L'autre pilote lève brièvement les yeux au ciel.

- J'ai dit, fais vite s'il te plaît, il répète. J'ai froid.

- Oh, il soupire de soulagement. Oui, bien sûr.

Les joues et la pointe des oreilles affreusement rouges, le triple champion du monde s'attaque au pantalon de jogging, saisissant en douceur une cheville qu'il n'a aucun mal à entourer de ses doigts, notant au passage qu'elles sont étonnamment fines pour un homme.

Un autre détail qu'il s'empresse de graver dans sa mémoire. Pas qu'il sache réellement quoi faire de cette information simplement, tout ce qui concerne Charles mérite que Max s'en rappelle.

Tout en douceur, il passe le pied du pilote dans la première jambe du pantalon avant de le reposer sur sa jambe, évitant qu'il ne retombe sur le carrelage froid de la salle de bain. Il reproduit l'opération avec la deuxième jambe et remonte le vêtement jusqu'aux genoux de Charles avant de se redresser, veillant à disposer une serviette au sol pour garder ses pieds au chaud.

Charles, dont les paupières papillonnent de nouveau, relève à peine la tête lorsque Max se relève, le dominant à nouveau de toute sa hauteur.

- Bah alors, Charlie, sourit affectueusement le plus âgé. Où sont passés tes grands airs ?

Tout en parlant, l'une de ses mains glisse doucement jusqu'au menton du brun, relevant son visage pour permettre la rencontre de leurs regards. Un petit rictus agacé tire les lèvres du malade que ses dernières forces sont en train d'abandonner.

- Ferme-la, il souffle la bouche pâteuse. Arrête de te moquer.

- Je ne me moque pas, sa voix sonne beaucoup plus grave qu'il ne l'aurait imaginé. Le chevalier ne se moque jamais de la princesse qu'il est venu délivrer.

Le silence plane dans la pièce embuée, le visage de Charles dodeline dans la main de Max, sa joue venant s'appuyer contre celle-ci, les yeux clos et la bouche entrouverte, laissant filtre une respiration laborieuse.

Le cœur du Néerlandais rate un battement alors qu'il caresse littéralement du bout des doigts ce qu'il a toujours rêvé d'avoir sans jamais y parvenir.

Il serait tellement simple, cruellement facile de se pencher pour goûter au fruit défendu, effleurer du bout des lèvres l'inaccessible.

Pourtant, Max se contente de pincer les lèvres et de secouer la tête avant de relâcher doucement sa prise sur le pilote Monégasque dont le visage vient reposer contre sa poitrine. Lentement, sa main glisse jusque dans la nuque puis sur l'épaule dénudée qu'il agrippe plus fermement, maintenant le corps toujours brûlant de Charles en place tandis qu'il se penche pour saisir le t-shirt puis le sweat-shirt qu'il lui enfile avant mille précautions.

Après avoir rabattu la capuche sur le visage apaisé de son rival, Max s'accroupit de nouveau à sa hauteur et, avec précaution, pose ses doigts sur ses joues, s'attardant quelques secondes sur le tracé de ses fossettes qu'il connaît par cœur.

- Réveille-toi Charles, il souffle avec douceur. J'ai besoin de ton aide.

Aucune réponse ne lui vient et il accentue doucement ses caresses, insistant sur le contour de ses yeux, attendant de voir réapparaître ses prunelles, deux joyaux couleur d'orage assombris par la fatigue et la maladie.

- Allez Charlie, il fredonne. Montre-moi tes beaux yeux.

Il faut de longues secondes et un effort surhumain au Monégasque pour obéir à la demande du blond, papillonnant lentement des yeux, puisant dans ses dernières forces pour se concentrer sur son vis-à-vis.

- Je suis là, il souffle laborieusement.

- Good boy, il sourit avec fierté en caressant doucement ses joues. On y est presque, encore un tout petit effort, d'accord ?

Le brun hoche la tête, à l'écoute.

- Je veux que tu t'accroches à moi pendant que je te soulève, Max explique lentement pour s'assurer que Charles comprend. Tu t'agrippes à mon cou et tu ne me lâches pas. Tu peux faire ça pour moi, Charles ?

La réponse tarde à venir, mais il finit par obtenir un petit hochement de tête. Max pince les lèvres, pas vraiment convaincu, ses doigts glissant des joues rouges au front du Monégasque, cherchant à évaluer un éventuel retour de la fièvre.

Après quelques secondes, il décide tout de même de tenter le tout pour le tout. Avec toute la douceur du monde, ses mains quittent le visage de Charles pour glisser le long de sa nuque, sur ses épaules et viennent s'enrouler autour de ses biceps, les tirant jusqu'à son propre cou.

- Attrape mon cou et ne le lâche pas, d'accord ? Il souffle.

La pression des doigts du brun s'accentue contre sa peau et Max attend d'être certain que l'autre garçon ne va pas le lâcher avant de lâcher ses bras. Il reste dans cette position une seconde, penché au-dessus du corps de Charles dont les bras sont fermement enroulés autour de son cou, son visage reposant dans le creux de son épaule.

Le Néerlandais fait de son mieux pour retenir le frisson de plaisir qui remonte le long de sa colonne vertébrale en sentant la respiration hachée et brûlante de Charles venir caresser la peau sensible de son cou et échoue lamentablement.

Max compte mentalement jusqu'à trois avant de se pencher pour attraper les bords du jogging toujours sur les genoux de Charles puis se redresse lentement, entraînant le vêtement et de garçon vers le haut, veillant à ne pas aller trop vite et à ne pas trop tirer sur le pantalon pour ne pas risquer de le blesser.

Il lui faut quelques minutes et passer un bras autour de la taille de Charles à mi-parcours, mais il parvient finalement à remonter le jogging sur ses hanches, terminant de l'habiller et pourtant plus proches qu'ils ne l'ont jamais été.

Le corps de Charles repose sur le sien, plaqué, blottit, fondue contre lui, ses bras fermement enroulés autour de ses épaules obligeant le Monégasque à se tenir sur la pointe des pieds malgré leur taille égale, reposant encore plus de son poids contre Max pour se maintenir en équilibre.

Son visage s'est logé contre le cou du champion du monde, sa respiration brûlante venant directement frapper contre la peau terriblement sensible.

Le bras que Max a enroulé autour de Charles pour le protéger, manque à présent de causer sa perte tant il rapproche leurs corps, les maintenant l'un contre l'autre avant force.

Le blond à la tête qui tourne, son nez enfoui dans les mèches brunes, il prend une grande inspiration et s'imprègne de la douce odeur de Charles et du shampoing. Inconsciemment, sa deuxième main agrippe la taille du Monégasque qui ne bronche pas, déjà à moitié rendormi, totalement abandonné contre lui et il faut à Max toute la concentration et la volonté du monde pour ne pas trahir son désir et ses émotions lorsqu'il ouvre la bouche.

- Je te tiens Charles, il chuchote à son oreille. Tu peux te laisser aller, je m'occupe du reste.

Aucune réponse ne lui parvient, mais le poids de l'autre pilote se fait encore plus lourd dans ses bras et Max comprend que Charles obéit à sa voix.

Il respire un grand coup avant de passer à la deuxième partie de son plan.

D'un seul mouvement, il le baisse sans laisser le temps à l'autre de réagir et saisit les deux cuisses de Charles qui agrippe et soulève avant de les crocheter autour de sa propre taille. Il n'ose plus cligner des yeux ou respirer pendant plusieurs secondes, attendant une réaction de l'autre qui ne vient pas avant de souffler un grand coup et d'ajuster sa prise.

Les bras et les jambes enroulés autour du Néerlandais, Charles à l'air d'un grand koala.

Beaucoup plus sexy et attirant qu'un koala cependant.

Max aimerait pouvoir se reculer pour le regarder et graver la scène dans sa mémoire, mais les mains de Charles agrippées à sa nuque l'en empêchent et il pense vaguement que c'est pour le mieux. S'il avait pu les voir tous les deux dans cette position, sûrement que cette image et le frottement accidentel de leurs entrejambes induit par l'angle du corps de Charles serait venu à bout de ses dernières forces.

À la place, Max reste concentré sur sa tâche et les guide tous les deux à travers le petit couloir en direction de la chambre de Charles, ses mains toujours enroulées autour des cuisses de l'autre homme à défaut d'oser les poser sous ses fesses.

- Tu es vraiment un gros bébé, il souffle à la place pour meubler le silence. Le pire malade que je n'ai jamais vu.

Charles ne répond pas et Max doit bien dire qu'il est plutôt heureux que le Monégasque soit inconscient. Faire ça avec un Charles réveillé, il ose à peine imaginer sa gêne.

- Mais bon, je te pardonne, il sourit malgré lui. Uniquement, parce que c'est toi, j'ai une réputation de bad boy à tenir.

Il se glisse dans la chambre et referme la porte d'un coup de pied adroit avant de se diriger vers le lit. Il avise les draps défaits une brève seconde, dubitatif avant de soulever la couverture et d'y déposer son précieux chargement.

Avec mille précautions, il s'abaisse assez pour relâcher la taille de Charles et se penche encore un peu plus, veillant à ne pas tomber sur le Monégasque, pour décrocher tendrement les bras toujours solidement enroulés autour de son cou.

Un petit sourire calme aux lèvres, il tire la couverture jusque sous le menton du brun dont il cale la tête sur l'oreiller avant de se redresser, prêt à faire demi-tour.

Il s'arrête cependant, lorsqu'une main s'enroule autour de son poignet, l'empêchant de s'éloigner. Surpris, il se retourne vers Charles, dont la mine perdue lui rappelle celle d'un enfant.

- Tu t'en vas ? Souffle le malade.

- Non, il secoue la tête et parle doucement. Je vais juste chercher les médicaments, je reviens, je ne vais nulle part.

Ses paroles semblent rassurer Charles, qui relâche sa main, ramenant la sienne sous les couvertures avec un frisson et referme les yeux.

Max laisse échapper un petit rire silencieux, avant d'ouvrir la porte, il a à peine le temps d'entendre Charles soupirer :

- T'es pas un bad boy Max.

Son sourire s'accentue encore, amusé.

- Je sais, Charlie, mais il n'y a que toi qui aies le droit de savoir ça.

Sans attendre de réponse, il tourne les talons et fait un crochet par les grandes fenêtres qui déversent dans la pièce les pâles rayons du soleil d'hiver. Silencieusement, il tire les rideaux, plongeant la pièce dans la pénombre avant de s'éclipser sur la pointe des pieds.

Après avoir refermé la porte derrière lui, Max s'autorise un soupir de soulagement. Épuisé psychologiquement par les derniers événements, il passe une main devant son visage, appuyant doucement sur ses paupières fatiguées.

Charles aura sa mort, d'une manière ou d'une autre.

Reprenant ses esprits, Max quitte le couloir pour retourner dans la cuisine. Un rapide coup d'œil au frigo et à quelques placards vides lui apprend que le cas de Charles est vraiment aussi désespéré qu'il en a l'air.

Heureusement pour lui, il trouve un bloc-notes et un stylo dans l'un des tiroirs de l'immense îlot central. Méthodiquement, le Néerlandais se met à lister les ingrédients qu'il va lui falloir pour cuisiner quelques plats de secours avant de s'armer de son téléphone pour avoir recours à l'une des meilleures inventions que les adultes aient pu créer : Le Drive.

Une fois sa commande passée, il ne lui reste plus qu'à patienter jusqu'à ce que le livreur de la supérette du coin ne passe déposer les provisions pour se mettre au travail. Retroussant les manches de son sweat-shirt et opte pour un plat incontournable lorsqu'il est question de se remettre d'une grosse grippe, le bouillon de poulet.

Pendant que la préparation mijote lentement sur le feu, Max en profite pour lire attentivement les notices des médicaments donnés par Pascale, afin de s'assurer qu'ils sont tous adaptés aux symptômes de Charles, si certains possèdent de contre-indications ou ne doivent pas être associés avec d'autres et enfin le dosage préconisé pour le Monégasque.

Le Néerlandais lit attentivement la liste des effets secondaires et les points de vigilance à avoir en cas d'effets indésirables.

Il sait parfaitement qu'il est un peu trop maniaque sur la question, mais le souvenir percutant du séjour de sa sœur à l'hôpital après qu'on lui a diagnostiqué une allergie au Doliprane dans leur enfance refuse de quitter sa mémoire.

Une fois le tout préparé, il déniche un grand plateau et y dépose la soupe qu'il laisse refroidir lentement pour ne pas prendre le risque de brûler Charles, les médicaments et un grand verre d'eau pour aider à les faire descendre plus facilement.

Satisfait, il fait un brin de rangement, la vaisselle des ustensiles utilisés et prend le temps d'inscrire sur toutes les boîtes de médicament les doses à prendre et à quel moment de la journée pour quand Charles pourra de nouveau se débrouiller seul.

Dans le fond, résonne les paroles de l'une des chansons de sa playlist qu'il chantonne doucement tout en se dirigeant vers la chambre à coucher.

Deux bonnes heures se sont écoulées depuis qu'il y a laissé Charles et le soleil est à présent couché sur la principauté, rafraîchissant grandement l'atmosphère, le blond se note mentalement de trouver une autre couverture à ajouter sur le lit.

Silencieusement, il entre dans la chambre plongée dans l'obscurité et cherche à tâtons l'interrupteur de la lampe de chevet pour éviter d'aveugler le garçon encore endormi.

Stratégiquement, il dépose son chargement sur la petite table qui borde le lit et jette un coup d'œil à la silhouette emmitouflée sous les draps.

Charles n'a pas bougé d'un pouce, enroulé dans le cocon de chaleur dans lequel il l'a étroitement bordé.

Max esquisse un sourire attendri, difficile de penser que le garçon qui lui donnait des bouffées de chaleur un peu plus tôt à maintenant l'air aussi enfantin et fragile.

Lentement, l'une de ses mains remonte le long du visage du Monégasque, s'arrêtant quelques instants sur son front pour tenter d'y déceler de la fièvre. Le pilote Ferrari est encore chaud, mais le pire est derrière eux et les médicaments que Max à préparés devraient terminer de le ramener à une température normale.

Tout en ajoutant à sa note mentale de penser à ramener un thermomètre avec lui lors de son prochain passage, la main de Max glisse doucement jusque dans la crinière de l'autre garçon, perdant ses doigts dans les mèches châtain foncé.

- Aller la Belle au Bois Dormant, il souffle avec un sourire. C'est l'heure d'ouvrir les yeux.

Face à lui, le plus jeune bronche à peine, profondément endormi et Max accentue les caresses qu'il exerce sur son crâne, prenant un malin plaisir à le taquiner :

- Si tu attends le prince charmant, je peux toujours me dévouer si tu veux, il ricane.

Paresseusement, l'une des paupières du malade s'entrouvre, laissant apparaître une pupille claire et dilatée.

- Qu'est-ce que tu racontes encore comme connerie ? Il parle de sa voix rauque de sommeil.

Amusé, Max secoue la tête, préférant changer de sujet.

- Le dîner est servi, j'ai fait de la soupe.

Charles le regarde pendant une longue seconde, une mine indéchiffrable plaquée sur le visage avant de refermer les yeux, de se contorsionner et de tourner sur lui-même pour lui montrer son dos.

- Je n'ai pas faim.

Le Néerlandais lève les yeux au ciel, il aurait pu parier l'un de ses titres de champion que Charles réagirait ainsi.

- Et moi, j'ai cuisiné un délicieux bouillon de poulet en suivant la recette de ta mère, mais si tu n'en veux pas, ce n'est pas grave, je vais le manger moi-même.

Sans attendre, il se saisit du bol et de la cuillère qu'il fait volontairement teinter contre les bords en touillant la soupe. Évidemment, Max ne manque rien de la crispation des épaules de Charles lorsqu'il évoque la recette de sa mère.

Pascale a été maligne, elle a prévu que son fils récalcitrant pourrait vouloir donner du fil à retordre à son rival simplement à cause de son ego mal placé aussi, elle a veillé à donner quelques armes redoutables au pilote Red Bull avant de l'envoyer en terrain hostile.

Stratégie de Pascale 1 – Mauvaise humeur de Charles 0

Il ne lui faut pas plus d'une minute avant de craquer.

Max fait semblant de ne pas entendre son ventre gargouiller.

- Celle avec les herbes de Provence ? Chuchote Charles, toujours dos à lui.

- Une tonne d'herbes de Provence, approuve Max avec un sourire victorieux.

Le Monégasque fait semblant de réfléchir une seconde.

- OK, puisque tu t'es donné de la peine, je peux au moins goûter.

Le blond lève les yeux au ciel. Peu importe l'excuse que Charlie utilise, la finalité est la même : Max obtient toujours ce qu'il veut.

- Commence par te retourner et par me montrer ta frimousse de souffreteux alors, il ricane. Je ne te donne à manger que si tu te tiens bien.

Pourtant, à sa grande surprise, Charles ne répond pas à sa provocation et ne bouge pas d'un cil, toujours dos à lui dans le lit.

- Charles ? Il appelle au bout d'un moment, les sourcils froncés d'inquiétude.

- J'ai la tête qui tourne un petit peu, souffle l'autre, regrettant sans doute de devoir autant s'appuyer sur son rival.

Soucieux, Max repose rapidement le bol sur la table de chevet et se penche sur le lit, enfonçant un genou dans le matelas pour pouvoir dominer Charles de toute sa hauteur sans avoir besoin de l'enjamber.

- Tu aurais dû me le dire tout de suite, il réprimande doucement en plaquant naturellement sa main sur le front de l'autre garçon.

- Ça va, râle l'autre. Je t'ai déjà dit que je pouvais gérer tout seul.

- Bien sûr, il soupire. Tu veux que l'on reparle de la baignoire ?

Charles ne répond pas, clairement braqué et Max prend une seconde pour souffler et se calmer, être rude avec le Monégasque particulièrement sensible et gêné ne mènera à rien, il doit mettre son ego de côté.

Pour Charles.

- Écoute, il souffle d'une voix douce. Ce n'est pas grave d'accepter un peu d'aide de temps en temps Charles, ça ne fait pas de toi quelqu'un de moins fort et indépendant. Je ne parlerais de tout ça à personne, jamais, alors s'il te plaît, fais-moi confiance et laisse-toi aller.

Tout en parlant, Max glisse une main réconfortante le long du dos du brun, par-dessus la couverture, frictionnant doucement sa colonne vertébrale. Le Néerlandais est le mieux placé pour savoir à quel point l'ego d'un pilote de Formule 1 est quelque chose de fragile et d'important.

Entendre toute sa vie que l'on est le meilleur pour se retrouver mis à genoux par une simple grippe, obligé d'accepter l'aide de l'homme qu'il souhaite surpasser plus que tout.

Le cœur du Néerlandais se serre amèrement à l'idée que les seuls sentiments que Charles puisse ressentir pour lui, soit un désir violent de l'écraser.

- S'il te plaît, Charles, il insiste douloureusement.

Aucune réponse ne lui parvient pendant une longue minute et il n'ose plus bouger, en équilibre au-dessus du corps de l'autre garçon, incapable de voir son visage et les émotions qui y transparaissent.

Finalement, alors qu'il envisage sérieusement de laisser tomber et de fuir aussi vite que possible, Charles laisse échapper un lourd soupir qui détend imperceptiblement son corps et marmonne dans sa barbe quelque chose que Max n'arrive pas à comprendre.

- Tu n'en parles à personne ? Il s'assure, méfiant.

- Motus et bouche cousue, son sourire s'agrandit.

Charles soupire de nouveau, grognon avant de rouvrir la bouche :

- Aide-moi à me redresser.

Le sourire victorieux de Max ne quitte plus ses lèvres alors qu'il se saisit délicatement des épaules du Monégasque et le tire vers lui pour l'asseoir dans le lit.

Sans le relâcher, le Néerlandais entreprend d'emmailloter le Monégasque encore plus étroitement, formant un burrito géant duquel il sait que Charles n'aura pas la force de s'extraire.

Une fois fait, il ne s'arrête pas à la mine outrée du brun et se glisse derrière lui appuyant le dos du pilote Ferrari contre son torse et son épaule, légèrement en décalé pour lui permettre d'accéder au buste du pilote.

Rouge comme une tomate des oreilles au cou, la tête de Charles vient s'appuyer contre son épaule.

- Bordel, qu'est-ce que tu fous ? S'énerve le malade.

- J'ai dit que je n'en parlerais à personne, ricane Max. Je n'ai pas dit que je ne pouvais pas m'amuser un peu.

Tout en parlant, il se saisit du bol et remplit une cuillère avant de la présenter devant la bouche du brun.

- Le petit avion va se poser, fais aaaa, il rigole.

Horrifié et incapable de bouger, Charles regarde la cuillère s'avancer et buter sur ses lèvres.

- Allez, Charlie, insiste l'autre. Une cuillère pour maman.

- Tu vas me le payer.

À contrecœur et rouge de honte, le Monégasque est obligé d'entrouvrir les lèvres pour laisser passer la boisson chaude qu'il trouve délicieuse, même s'il préférerait mourir que de devoir l'avouer.

- Évidemment, le blond lève les yeux au ciel. Commence déjà par te remettre, on verra après pour la vengeance. Tiens, une autre bouchée pour Maxy.

- Je te déteste, il grogne malgré tout.

- Tu ne seras pas le premier, il va falloir faire la queue.

Cela a au moins le mérite de clouer le bec au plus jeune dont les sourcils se froncent, permettant à Max de le nourrir en silence pendant plusieurs minutes avant que Charles ne tourne la tête dans sa direction, cognant accidentellement la cuillère contre sa joue.

- Tu penses vraiment que les gens te détestent ? Il demande, concerné.

- Bien sûr, le sourire de Max s'adoucit avec nostalgie. C'est normal, je suis celui qui gagne alors tout le monde a envie de me voir tomber. Certains le disent avec plus de véhémence que d'autres, mais je m'y suis fait, j'imagine que c'est une question d'habitude.

Charles hoche la tête lentement, avalant inconsciemment une nouvelle cuillère que Max présente devant lui, tirant un petit sourire amusé au Néerlandais qui n'ajoute rien, profitant simplement de l'instant.

- Je n'étais pas sérieux, tu sais ? Déclare Charles au bout d'un moment. J'ai envie de te battre, mais je ne pourrais jamais te détester.

- Je sais Charlie, pas la peine de culpabiliser.

Contre lui, le Monégasque gonfle les joues le faisant d'autant plus ressembler à un enfant boudeur, avant de tourner son visage en direction de son sauveur/tortionnaire.

- Ne m'appelle pas comme ça, on dirait un gamin.

- Mais tu es un gamin, il se moque. Je suis plus vieux que toi.

- De seize jours !

- Et alors ? Tu n'avais qu'à naître avant.

Max ricane, mais il voit bien la fatigue qui prend progressivement possession du brun dont la tête dodeline de plus en plus contre son épaule. Doucement, il passe un bras autour de sa taille, le maintenant un peu plus proche de lui.

- Aller, Charles, il encourage. Encore un petit effort, il faut que tu t'hydrates avant de dormir.

- Je suis fatigué, il souffle d'une petite voix.

- Je sais beau gosse, mais je ne peux pas le faire à ta place.

Charles ne réagit pas tout de suite et Max pense qu'il s'est peut-être rendormi avant qu'il ne trouve la force de rétorquer.

- Ils sont nuls tes surnoms.

- Oh, un rire sincère lui échappe. Peut-être qu'Il Predestinato pourrait faire l'effort de prendre ses médicaments alors ?

- Tu m'agaces.

Avec un petit ricanement, Max repose le bol vide et attrape le verre d'eau et les comprimés qu'il manipule avec précaution.

- Je ne peux pas te donner à boire avec la cuillère, il prévient. Est-ce que tu te sens capable de le faire seul ?

Les yeux fermés, Charles hoche lentement la tête, mais il ne parvient pas à convaincre le Néerlandais.

- Charles ? Il l'appelle doucement.

- Hm ?

- Tu me fais confiance, pas vrai ?

- Fais ce que tu veux...

Max acquiesce doucement et avale lentement sa salive. Le verre et les comprimés dans une main, il se coule un peu plus proche du corps de Charles, jusqu'à ce que l'arrière de sa tête repose complètement contre le haut de son torse, basculant son visage détendu en arrière.

- Surtout, ne panique pas, il chuchote, la bouche contre son oreille. Je suis là, je m'occupe de toi.

Avec mille précautions, Max vient enrouler sa main entoure de la mâchoire de Charles, enfonçant la pulpe de ses doigts dans la gorge du Monégasque qui ne bouge pas, réagissant à peine à l'emprise que l'autre homme exerce sur lui.

Lentement, le blond glisse son pouce sur les lèvres du brun, entrouvrant sa bouche pour permettre le passage d'un premier comprimé avant d'y verser l'équivalent d'une gorgée d'eau et de reproduire le processus.

Pendant toute l'opération, il s'assure que Charles ne s'étouffe pas et avale suffisamment de liquide pour faire descendre les médicaments sans gêne. Tout en l'aidant à boire, Max souffle à son oreille des encouragements, s'assurant qu'il ne sombre pas totalement.

- Tu t'en sors très bien Charlie, il chuchote. Encore un petit effort, juste un peu.

Il lui faut encore de longues minutes de patience et d'encouragement pour faire avaler à Charles la totalité de sa prescription, mais ils y parviennent et c'est un Monégasque presque endormi que Max félicite tendrement.

Satisfait de sa performance d'infirmière à domicile, le blond détache son bras de la taille de Charles et sa main de sa gorge, regrettant déjà la peau douce de celle-ci et les muscles qu'il pouvait sentir rouler sous ses doigts à chaque déglutition.

Mais c'est sans compter sur Charles, dans les vapes et à moitié endormi qui se contorsionne sans crier gare et roule sur le côté, coulant son corps contre celui du pilote Red Bull figé par la surprise, l'une de ses mains, libérée du cocon de couvertures, venant s'agripper à la bordure de son sweat-shirt, attirant l'autre homme un peu plus contre lui avant de marmonner un bref :

- Reste.

Qui termine d'achever Max à coup de pulsations désordonnées.  



🍌🍌🍌🍌🍌



Bon, soyons honnête, un Charles malade est une arme de destruction massive. Surtout quand on s'appelle Max et que l'on a un petit cœur fragile. :')

Entre ce qu'il fait consciemment, ce qu'il faut inconsciemment, ce qu'il voudrait faire et ce qu'il ne fait pas, il est presque impossible d'échapper à son charme. Max lui, met beaucoup de cœur à la tâche et devient la parfaite maîtresse de maison pour tenter d'oublier qu'il est dans la panade jusqu'au cou et qu'il n'a aucun moyen de s'en sortir indemne.

Un chapitre un peu plus long que les autres entre la salle de bain et le lit qui, je l'espère, vous a plu parce que les choses ne devraient pas tarder à se corser et les cartes à être redistribuées hihi

La dynamique entre nos deux zozos est pour le moment assez claire, Max à clairement l'ascendant sur Charles qui n'est pas vraiment en position de riposter, mais dès le prochain chapitre, il se pourrait que les choses commencent à changer et Max, à déchanter.

Je compte sur tous ceux qui le souhaitent pour noter attentivement la recette du Banana Bread et m'envoyer leurs chefs-d'œuvre à la fin parce que je vous le dis, mais vous devez vous en douter, si l'histoire s'appelle comme ça, ce n'est pas pour rien. ;)

Bonne semaine à vous et à mardi prochain pour découvrir ce que cela donne quand Charles répond aux provocations !

Bye les copains ♡

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top