𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟎𝟐
— 𝐁 𝐀 𝐍 𝐀 𝐍 𝐀 𝐁 𝐑 𝐄 𝐀 𝐃 —
𝐑𝐄𝐂𝐄𝐓𝐓𝐄 𝐃𝐔 𝐁𝐀𝐍𝐀𝐍𝐀 𝐁𝐑𝐄𝐀𝐃
𝑰𝒏𝒈𝒓𝒆́𝒅𝒊𝒆𝒏𝒕𝒔 :
𝟔𝟎 𝐺𝑟𝑎𝑚𝑚𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑏𝑒𝑢𝑟𝑟𝑒 / 𝟒 𝐵𝑎𝑛𝑎𝑛𝑒𝑠
Max est en panique.
À dire vrai, c'est même cent fois pire que ça.
Assis à même le sol du bureau du Monégasque, le corps brûlant de celui-ci niché contre le sien, presque inconscient, il voit mal comment les choses ne pourraient pas être pires.
Les dents serrées, le cœur au bord des lèvres, il faut une bonne minute à Max pour se convaincre qu'il s'agit bien de la réalité et qu'il n'est pas plongé dans l'un de ses énièmes rêves à propos du pilote Ferrari.
Dans ses oreilles, le bourdonnement de son palpitant refuse de disparaître tout comme il sait parfaitement qu'à cet instant, la totalité de son visage, du bas de la nuque à la pointe de ses oreilles doit avoir revêtu une horrible teinte cramoisie très révélatrice de son état.
Max ferme les yeux et prend plusieurs grandes inspirations, ce n'est pas le moment d'être un adolescent bourré d'hormones. Penser à l'horrible chien de la voisine de Charles l'aide à faire redescendre un peu la pression et, au bout de quelques longues minutes de respiration relaxation, il se sent enfin prêt à prendre les choses en main.
Contre lui, Charles reste désespérément silencieux et immobile, même lorsque les mains tremblantes de Max s'enroulent plus étroitement autour de lui, saisissant sa taille étroite et ses épaules musclées pour pouvoir le redresser contre le torse du Néerlandais.
- Charles ? Max tente, hésitant.
L'absence de réponse du plus jeune et sa tête basse ne le rassurent pas du tout.
Avec mille précautions, il le fait glisser au sol, gardant une main sous sa tête pour lui éviter de se cogner. Allongé face à lui, Charles lui semble abandonné, vulnérable et Max n'aime pas du tout cette image. Lui qui a toujours connu son rival combatif et déterminé, le voir ainsi, véritable poupée de chiffon entre ses bras, réveille la peur dans le cœur malmené du plus âgé.
- Charles, tu m'entends ? Il répète plus fort.
Tout en parlant, Max place sa main libre sur la joue du Monégasque, exerçant une légère pression jusqu'à le voir ouvrir les yeux. Charles marmonne quelques paroles incompréhensibles en Français et ses prunelles brillantes d'épuisement ne croisent pas un instant les siennes avant de se refermer lentement.
Max pince les lèvres et ses doigts glissent délicatement de la joue au front humide de transpiration de Charles qui ne bronche pas, venant constater la température élevée et la fièvre dont il souffre.
Glissant en toute innocence les yeux sur le corps immobile face à lui, il constate les traces de transpiration sur les vêtements que Charles n'a sans doute pas eu la force de changer.
Mentalement, Max dresse une liste de toutes les choses qu'il doit faire pour soulager le malade, les classant par ordre d'importance, la première étant de faire redescendre la température de Charles.
- Je vais m'occuper de toi Charles, il souffle d'un ton rassurant.
Délicatement, la main qui maintenait toujours le crâne du brun glisse jusque dans sa nuque pour venir soulever ses épaules alors qu'il passe l'autre bras sous les genoux et pousse sur ses jambes pour soulever le corps immobile.
- Bordel, ce que tu peux être lourd, il couine.
Max n'est pas certain que Charles puisse l'entendre, mais il ressent le besoin de lui parler alors qu'ils quittent le bureau, ne serait-ce que pour lui expliquer ce qu'il est en train de faire et éviter à son propre cerveau d'exploser sous le coup de l'émotion.
Lentement, Max les emmène tous les deux dans le couloir, poussant les portes à coup de pied pour trouver la salle de bain et se maudissant de ne pas avoir pensé à rechercher la pièce avant de soulever Charles.
En effet, le Monégasque tout en muscles est loin d'être un poids plume et si Max adore admirer lesdits muscles sur les photos qui sortent dans les médias, c'est autre chose de devoir le porter aux quatre coins de l'appartement qui lui semble soudainement affreusement grand.
- Je te jure que si je me froisse un muscle, je te ferais payer le kiné, il râle, le souffle court.
Finalement, Max trouve ce qu'il devine être la chambre de Charles avant de mettre la main sur la salle de bain. À bout de force, il lâche son chargement dans les draps avant de se redresser et d'étirer les muscles douloureux de son dos.
Soucieux du bien-être du garçon inconscient, il prend tout de même le temps de le recouvrir de la couverture avant de tourner les talons pour se mettre en quête de la salle de bain la plus proche.
- Ne bouge pas, il prévient. Je vais voir où est ta salle de bain.
Non pas qu'il imagine que Charles puisse aller ou que ce soit, simplement, quitte à se retrouver embourbé dans cette histoire jusqu'au cou, autant en rire un peu.
Max essaie surtout de ne pas penser à ce qu'il projette de faire dans les prochaines minutes.
Il lui faut encore ouvrir quelques portes avant de tomber sur une salle d'eau relativement spacieuse avec douche à l'Italienne, doubles vasques et au fond de laquelle trône une grande baignoire en pierre blanche.
Max avale difficilement sa salive.
C'est pile ce qu'il lui faut.
D'un pas décidé, il s'approche et tourne les robinets jusqu'à trouver la bonne température avant de pousser le bouchon dans le siphon. Satisfait, il regarde l'eau s'accumuler dans le bain avant de jeter un œil aux produits de toilette accumulés un peu partout dans la pièce. Au bout de quelques minutes, il met la main sur un bain moussant à la fraise, sans doute une bouteille oubliée par une ex. Max a du mal à imaginer Charles prenant des bains à la fraise.
Pourtant, il n'hésite pas une seconde avant d'en verser une grande quantité dans l'eau qui prend immédiatement une teinte rosée et une odeur de fruits rouges entêtante.
Les joues rouges d'anticipation, Max tourne les talons et quitte la salle de bain, laissant la baignoire se remplir tranquillement, pour retourner dans la chambre et retrouver un Charles profondément endormi.
Il pince les lèvres doucement lorsque le malade frissonne quand il tire sur les couvertures pour dévoiler son corps couvert de transpiration et sans doute affreusement courbaturé.
Touché par la compassion, il passe une main rassurante dans la chevelure emmêlée de son ancien rival et s'accroupit au niveau de son visage pour lui parler à l'oreille d'une voix douce.
- Charles, il l'appelle. Il faut que tu me fasses confiance d'accord ? Je vais t'aider à te laver et ensuite, tu te sentiras beaucoup mieux, je te le promets.
Bien qu'il n'attende pas particulièrement de réponse du pilote endormi, Max laisse tout de même filer quelques secondes de silence avant de se redresser pour aller attraper le bas du t-shirt du Monégasque qu'il tire lentement vers le haut.
En d'autres circonstances, Max se serait sûrement rincé l'œil sur le torse dénudé et terriblement attirant, mais à cet instant, il est à des années-lumière de cet état d'esprit. Charles est malade, inconscient et au plus mal, il a beau être mortellement amoureux de lui, Max ne lui fera jamais l'affront de profiter de sa faiblesse.
Aussi, son regard passe chirurgicalement en revue la peau tannée du plus jeune à la recherche d'une quelconque anomalie avant de s'en détourner.
Charles ne bronche pas lorsqu'il lui retire ses chaussettes et son pantalon de jogging, ne lui laissant qu'un caleçon noir auquel Max ne touche pas.
À l'exception de quelques bleus sur les genoux et les jambes, le Néerlandais ne répète rien d'inquiétant alors il passe à la deuxième étape, saisissant de nouveau le corps endormi qu'il soulève et presse contre son torse lorsqu'un frisson le parcourt.
Charles dans les bras, il marche jusqu'à la salle de bain et après avoir vérifié une deuxième fois la température de l'eau, y dépose son précieux chargement. Le corps secoué de frissons s'enfonce dans l'eau chaude avec un soupir appréciateur et Max peut déjà voir les effets bénéfiques sur le visage de Charles qui se détend légèrement.
- Eh, voilà, il sourit. Monsieur est dans son bain.
Sans perdre une minute, le blond se saisit de l'éponge et d'un gel douche quelconque avant de commencer à frotter les bras et les épaules du Monégasque pour en chasser toute trace de transpiration et permettre à sa peau de respirer.
Pendant tout le processus, il veille à ce que la tête de Charles ne glisse pas sous l'eau, et passe doucement un jet d'eau sur son torse pour le rincer et mouiller ses cheveux bruns.
Une fois fait, il saisit une autre bouteille qu'il reconnaît immédiatement comme étant du shampoing pour enfant, ce qui a le don de lui arracher un rire, avant d'en appliquer sur ses mains qu'il enfonce entre les mèches ébouriffées.
Dire qu'il a toujours rêvé de pouvoir passer ses doigts dans les cheveux de Charles est un euphémisme, il lui est même arrivé d'en rêver la nuit, mais encore une fois, Max prend sa mission d'aide malade très au sérieux et se contente de laver avec attention les mèches rendues sombre pas l'eau, s'attardant quelques secondes pour masser son cuir chevelu.
- Avec ça, tu devrais te sentir beaucoup mieux, il explique.
Tout en traçant des formes abstraites dans les cheveux de Charles, Max se perd dans ses pensées, réfléchissant déjà à la liste de courses qu'il devra faire et au menu léger qui préparera au brun sans doute déshydraté et affamé. Inconsciemment, il fredonne les paroles d'une chanson de sa playlist, les yeux perdus dans le vague, quelque part sur la nuque musclée qu'il masse avec application.
Au bout de quelques minutes supplémentaires, il est venu à bout de tous les nœuds musculaires du blond et décide de passer au rinçage. Sur les genoux, il contourne la baignoire et plonge ses mains dans l'eau tiède pour en retirer le plus gros de la mousse sans s'arrêter de siffloter.
Consciencieux, il attrape la douchette et la plonge dans l'eau pour éviter d'être éclaboussé avant de relever les yeux vers Charles et s'assurer qu'il n'a pas glissé.
Ce qu'il ne s'attend pas à trouver en revanche, c'est l'expression indéchiffrable et le regard glacial de Charles qui le fixe sans dire un mot.
Max avale sa salive de travers.
- Salut, il souffle.
- Je peux savoir ce que tu fous ? Siffle l'autre.
Incapable de dissimuler sa gêne, le Néerlandais retire ses mains trempées et les poses sur ses cuisses s'éloignant du corps immobile de Charles autant que possible tout en s'assurant de rester assez près pour pouvoir intervenir en cas de problème.
- Je te donne un bain ? Il tente avec innocence.
Sa réponse ne semble pas du tout convenir à l'autre homme dont les sourcils se froncent avec agacement.
- Je suis sérieux Max, il cingle. Qu'est-ce que tu fais chez moi ?
Malgré son apparente froideur, le brun peine visiblement à garder les yeux ouverts, Max prend sur lui de ravaler un commentaire désobligeant et tente de calmer la situation.
Charles est malade et sans doute désorienté, c'est à Max de calmer le jeu.
- Je prends soin de toi, il répond avec autant de douceur que possible.
- Et je peux savoir qui t'a demandé de faire ça ?
- Ta mère.
Le silence retombe entre les deux hommes, glacial, avant que Max ne s'éclaire la voix, conscient de sa réponse plus que limite.
Pas la peine de mettre de l'huile sur le feu.
- J'ai croisé Pascale tout à l'heure, il explique. Elle m'a dit que tu étais malade, qu'il fallait qu'elle s'occupe de toi et que cela la mettait en difficulté par rapport au salon donc j'ai proposé de m'occuper de toi à sa place.
Max omet volontairement de préciser à quel point l'échange avec la matriarche Leclerc a été gênant et révélateur de ses sentiments cachés, pas la peine de se tirer une balle dans le pied.
De toute façon, à l'instant où il a évoqué le nom de Pascale, un éclair de culpabilité a flashé dans les yeux du plus jeune qui s'est refermé comme une huître, le visage assombri.
S'il y a bien une chose que Max sait, c'est que Charles préférerait mourir que d'être un poids pour sa mère.
Et il ne sait que trop bien pourquoi.
- Très bien, soupire lourdement Charles. Mais ça ne m'explique toujours pas ce que je fous à poil dans ma baignoire.
Le voir retrouver un peu de son habituel mordant rassure bien plus Max que ce qu'il ne veut bien l'admettre. Lorsqu'il le souhaite, Charles sait se montrer plus intraitable qu'une teigne, c'est d'ailleurs ce qui a donné naissance à certaines de leurs plus mémorables disputes.
Max hausse un sourcil, amusé et esquisse un rictus narquois.
- Il fallait faire descendre ta fièvre, sourit-il.
Charles lève les yeux au ciel.
- Peut-être, mais tu aurais dû me réveiller. Je peux me déshabiller tout seul.
Le rictus de Max s'accentue encore davantage, il a mis le doigt sur quelque chose.
- Oh, il ricane. Alors c'est ça qui te dérange ? Tu sais Charles, je sais faire drifter une monoplace sans l'envoyer dans un mur alors je pense que j'ai assez de talent pour te déshabiller sans avoir besoin de regarder.
Aussitôt, les joues du plus jeune se teintent de rouge écarlate et il n'en faut pas plus pour arracher un ricanement narquois au Néerlandais.
Max est follement amoureux de Charles, mais personne n'a dit qu'il devait le laisser lui marcher sur les pieds.
Inutile aussi de préciser que son propre cœur le trahit en palpitant un peu plus vite.
Sa bonne humeur est cependant bien vite douchée, tout comme ses vêtements lorsque Charles remue dans la baignoire et lui envoie volontairement une vague qui le trempe de la tête aux pieds. Max regarde un instant le brun, soudainement fier de lui, une mine interdite plaquée sur le visage.
- Sérieusement ? Il grince. Mais tu as quel âge ?
Charles ne lui prête aucune attention, trop occupé à essayer de chasser la mousse qui lui coule dans les yeux.
Agacé, Max tire à lui l'une des serviettes étendues sur le séchoir et se penche en avant, écartant les mains du Monégasque pour venir lui essuyer les yeux avec le tissu sec. Une fois fait, il recule de nouveau et attend patiemment que la tornade Leclerc ne frappe à nouveau.
- C'est bon, râle Charles. Merci pour ton aide, mais je peux me débrouiller tout seul. Tu peux y aller.
Max lève les yeux au ciel, encore.
Quelle tête de mule.
- Oh vraiment ? Il ricane. OK, pas de problème, je te laisse, mais à une seule condition.
- Quoi encore ? Soupire l'autre lourdement.
Prenant appui sur ses cuisses, Max se redresse, dominant Charles de toute sa hauteur et l'obligeant à lever la tête pour croiser son regard bleu ennuyé.
- J'accepte de partir, commence Max. À la seule condition que tu arrives à te lever tout seul et à retourner dans ta chambre.
Charles ne le quitte pas des yeux, interdit.
- Tu te moques de moi ? Il rit nerveusement, incrédule.
Un petit sourire confiant sur les lèvres, Max se penche en avant, réduisant drastiquement l'écart entre leurs deux visages et pose ses deux mains de part et d'autre de la baignoire, encadrant Charles et le dominant sans pitié.
- Je suis on ne peut plus sérieux, Charlot, il pique. Montre-moi que tu peux te débrouiller comme un grand et je m'en vais.
Ils se défient tous les deux du regard pendant une longue minute avant que Charles ne finisse par baisser les yeux, défaits et Max laisse échapper un discret soupir de soulagement en se redressant.
Il n'a pas pour objectif d'humilier Charles, loin de là, mais des années à le côtoyer en tant que rival lui ont appris une chose : Charles ne reconnaît la défaite que lorsqu'il y est directement confronté. Or, le Néerlandais sait parfaitement que dans l'état actuel des choses, il est incapable de se débrouiller et que seule sa fierté l'empêche d'accepter l'aider qu'il lui propose.
Conscient d'avoir gagné ce premier duel psychologique, Max ne cherche pas à enfoncer le couteau dans la plaie et n'ajoute rien, glissant à nouveau sur ses genoux pour saisir la douchette tombée entre les pieds de Charles.
Lentement, il se décale jusqu'à se retrouver face au dos du pilote Ferrari qui évite toujours furieusement son regard et Max pince les lèvres de frustration. C'est dur d'aider quelqu'un qui ne veut pas qu'on l'aide.
Surtout lorsque l'on est totalement amoureux de ce fameux quelqu'un.
- Penche la tête en arrière, s'il te plaît, il le guide gentiment. Je vais rincer tes cheveux.
Charles s'exécute silencieusement et Max vérifie une nouvelle fois la température de l'eau avant de commencer à rincer en douceur les mèches brunes pleines de savon. Avec tendresse, il prend le temps de dénouer quelques nœuds au passage et profite du mutisme temporaire de son patient pour recomposer son masque de calme et d'indifférence.
- Charles ? Il tente au bout d'un moment.
- Hm.
Un petit soupir de soulagement lui échappe.
- Tu sais que je ne fais pas ça pour te faire chier, pas vrai ?
C'est au tour du plus jeune de laisser échapper un lourd soupir.
- Ouais, il marmonne. Ce n'est juste pas une situation que j'apprécie particulièrement.
Max pince les lèvres et fait de son mieux pour ignorer le tiraillement blessé de son cœur.
- Je comprends, il souffle. Dès que tu iras mieux je te promets de mettre les voiles.
- On verra, répond l'autre.
Les deux hommes replongent dans un silence pensif jusqu'à ce que Max estime que les cheveux de Charles sont suffisamment propres et ne referme la douchette.
Debout sur ses pieds, Max lance un regard hésitant à Charles qui pousse un nouveau soupir contrarié avant de tendre les bras en direction du Néerlandais qui s'empresse de les saisir et de l'aider à se redresser lentement en veillant à ce qu'il ne glisse pas.
- C'est vraiment le moment le plus humiliant de ma vie, râle Charles.
- Mais non, tu ferais la même chose pour moi, rassures Max.
Le brun lève les yeux au ciel, il est presque sûr que non.
Une fois sorti de la baignoire, Max entraîne Charles jusqu'à un tabouret où il l'aide à s'asseoir en douceur et l'enroule dans une immense serviette cotonneuse, frottant énergiquement ses épaules et son dos au passage pour le réchauffer.
Une fois fait, le blond recule de nouveau, vérifiant que l'autre parvient à tenir seul sur le tabouret avant d'ouvrir la bouche.
- Je vais te chercher de quoi t'habiller, il prévient. Je peux te laisser deux minutes ?
Sous ses yeux, Charles esquisse une grimace, vexé.
- Je ne suis pas en sucre, il grince. Pas la peine d'être aussi dramatique, je ne vais pas m'effondrer.
Max est tenté de dire que c'est pourtant exactement ce qu'il a fait une heure plus tôt, mais il retient sa remarque. Ce n'est pas le moment de mettre Charles en boule, enfin, pas plus qu'il ne l'est déjà.
À la place, il tourne les talons silencieusement et marche rapidement jusqu'à la porte de la salle de bain.
- Max ? L'arrête Charles.
Surpris, il s'arrête immédiatement, prêt à bondir en direction du Monégasque si celui-ci ne se sent pas bien. À la place, il rencontre deux prunelles hésitantes où se mêlent hésitation et une pointe de ce qu'il croit être de la considération.
- Hm ? Il incite doucement.
- Prends aussi des vêtements pour toi, Charles l'examine des pieds à la tête avant de détourner les yeux. Tu es trempé.
Doublement surpris, Max baisse les yeux sur sa tenue de sport pour la découvrir, en effet, imbibée d'eau et son t-shirt plaqué contre son torse. Reconnaissant, il lève les yeux vers le Monégasque qui a déjà détourné le regard.
- OK, il souffle. Je reviens.
Heureusement pour Max, le trajet jusqu'à la chambre du Charles lui permet d'effacer le sourire stupide qui illumine son visage. Charles n'est pas attentionné, il faut qu'il arrête de se faire des idées, mais c'est juste plus fort que lui.
Il lui faut tout son self-control pour éviter de rougir comme une gamine en ouvrant le tiroir à sous-vêtements de l'autre pilote. Il en sélectionne rapidement un noir, simple et l'ajoute au jogging, au sweat-shirt et à la paire de grosses chaussettes qu'il a déjà récupéré.
Terriblement intimidé, il s'arrête une seconde devant la penderie avant de secouer la tête et d'attraper pour lui un jogging gris et un t-shirt blanc qu'il enfile sans réfléchir. Les goûts de Charles et les siens sont différents, tout comme leurs corps et Max se sent légèrement à l'étroit dans le t-shirt près du corps de Charles, mais il ne s'attarde pas sur la question et file rejoindre la salle de bain où il retrouve l'autre garçon visiblement épuisé.
Max sait que ce n'est qu'une question de temps avant que Charles ne retombe dans un profond sommeil et il n'y a pas une seconde à perdre.
Prenant une grande inspiration, il dépose son chargement sur l'évier et entreprend d'ouvrir tous les placards les uns après les autres.
- Qu'est-ce que tu cherches ? Demande Charles.
Max ne loupe pas le grelottement de ses épaules sous la serviette humide.
- Ton sèche-cheveux.
- Deuxième tiroir à droite. Tu n'es pas obligé de faire ça.
- C'est pourtant le ba.-ba, il balaie de la main. On ne se couche pas avec les cheveux mouillés, surtout lorsque l'on est malade.
Sans laisser à Charles le temps de riposter, Max contourne le garçon, branche le sèche-cheveux et oriente la bourrasque d'air chaud en direction des mèches brunes faisant très attention de ne pas le brûler en restant trop longtemps au même endroit.
Une nouvelle fois, le triple champion du monde passe les doigts dans les cheveux de l'autre homme, coiffant distraitement la crinière indisciplinée et en profitant de temps en temps pour réchauffer les épaules et le haut de son dos.
Il reproduit l'opération pendant plusieurs minutes jusqu'à ne laisser que des ondulations douces et soyeuses et un Charles somnolent, appuyé contre les cuisses et le ventre de Max.
Attendri, Max tire légèrement sur les mèches pour exposer le visage de Charles qui se coule totalement contrôle lui, frôlant délicatement du bout des doigts la peau de son front.
- Charles ? Il appelle gentiment. Tu dors ?
- Hm.
Max laisse échapper un petit rire qui fait rebondir le crâne du Monégasque sur son ventre.
- Tu m'as l'air bien calme pour un mec qui disait ne pas apprécier qu'on s'occupe de lui, il ricane.
- Ferme-la, ronchonne Charles sans ouvrir les yeux.
- Aucune chance, il secoue la tête. À ce que je sache, ton caleçon ne va pas se changer tout seul.
Il y a un petit silence dans la pièce avant que Charles ne laisse échapper un soupir et ne bascule à nouveau sa tête vers l'avant, ouvrant des yeux épuisés.
- Donne-le-moi, il râle.
Max laisse échapper un nouveau rire avant de tendre le caleçon et de se retourner pour laisser un peu d'intimité au brun.
Il écoute le bruit de la serviette qui tombe au sol et attend quelques secondes supplémentaires avant d'ouvrir la bouche, incapable de se retenir.
- Toujours vivant ? Il titille. Tu sais, si tu as besoin d'un petit coup de main, je peux toujours...
- Max, sérieusement ferme-la, grogne le Monégasque.
Mon Dieu, oui, Max aimerait se taire, il aimerait aussi enfoncer sa propre tête dans un mur pour éviter de prononcer d'autres conneries plus grosses que lui, mais le stress et la panique d'avoir un Charles, très probablement nu derrière lui, tire le pire de lui-même.
Les mains serrées en poings compacts, il prend une grande inspiration et ferme les yeux.
Mauvaise idée, les bruits de frottements et le souffle court et grave de Charles qui s'épuise à la tâche ont tout sauf un pouvoir calmant sur son esprit.
Stratégiquement, il fixe le mur en faïence clair face à lui et se concentre très fort sur le souvenir de l'horrible chien de la voisine, réussissant à ramener un peu de calme dans son rythme cardiaque.
- C'est bon, lui parvient la voix essoufflée de Charles.
Aussi préparé mentalement que possible à affronter dignement les prochaines minutes, Max se retourne tranquillement, un petit sourire de façade plaqué sur les lèvres.
Sourire qui ne tient pas plus d'une seconde cependant, parce que rien ne peut le préparer à ce qu'il trouve face à lui.
Assis sur le tabouret, une jambe tendue en avant et l'autre repliée, écartées juste ce qu'il faut pour que Max oublie jusqu'à son propre prénom. Le torse finement ciselé penché en arrière, appuyé sur ses bras et les mains qui agrippent le bord de l'assise, donnant une vue plongeante sur les muscles tendus par plusieurs jours sans nourriture. La bouche aux lèvres roses d'avoir été trop mordues entrouvertes laissant passer une respiration profonde et hachée, deux yeux aux pupilles dilatés et aux paupières presque closes lui donnant involontairement un air de prédateur surmonté par une chevelure brillante, sauvage et ébouriffée.
Charles ne lui a jamais paru aussi beau, aussi désirable et inaccessible qu'à cet instant où il se tient pourtant à la merci de Max dont le cœur explose dans sa poitrine.
Et, soyons honnête, cela n'arrange rien à ses plans.
🍌🍌🍌🍌🍌
Est-ce que Max est sur le point d'exploser ? Oui.
Est-ce que ça va s'arranger dans la suite de l'histoire ? Non, pas du tout.
Charles ne fait grâce de quelques minutes de conscience dans ce chapitre, juste assez pour nous donner une petite idée de la dynamique de l'histoire et pour comprendre que, pour l'instant du moins, il a trop besoin de Max pour le mettre à la porte.
Max de son côté et bien, il fait de gros efforts sur lui-même pour ne pas perdre la tête et rester le plus respectueux possible envers Charles, mais vous devez commencer à vous en douter, les choses vont rarement comme il les a prévues.
Merci beaucoup pour l'accueil chaleureux que vous avez fait à BB (j'adore ce surnom), je fais mon maximum pour répondre à tous vos commentaires le plus vite possible !
Dans le prochain chapitre, la température monte encore d'un cran et il est temps de se trouver un lit pour poursuivre le rapprochement...
Bye les copains ♡
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