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univers alternatif
(pas d'alter, ne suit pas les événements de l'œuvre)
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Knee Socks,
Arctic Monkeys.
Il est une heure trente du matin, et la fête bat son plein dans la maison de Momo. Toute la classe 3-A est présente. C'est Mina qui avait proposé. « Pour décompresser, avant le festival ! », avait-elle rétorqué. Elle n'a pas tort : chacun est très occupé avec son club pour les derniers préparatifs, le festival de fin d'année se déroulant dans deux jours...
Kyoka est bien placée pour le savoir. Sans aucune surprise, la noiraude fait partie du club de musique. Et comme chaque année, les membres proposent un concert. De ce fait, les répétitions s'enchaînent de plus en plus, afin d'être prêts pour le jour J. Tout se passe à merveille : Kyoka connaît les paroles de sa chanson à la perfection, les guitaristes – Denki, Tokoyami, et elle-même – savent bien leur morceau, tout comme pour Momo, la claviériste, et Bakugo, le batteur.
Mais malgré tout, l'appréhension et le stress de tout rater taraudent le ventre de la jeune chanteuse. Elle a beau avoir l'habitude, c'est un état qui ne la quitte jamais, à chaque prestation.
Kyoka n'aime pas qu'on la fixe. Parce que cela veut dire qu'on se fait une idée d'elle. Une idée potentiellement négative. Quand elle est sur scène, elle oublie tout. Seule la vibration de sa voix et le son des instruments de musique captent son attention. Pour autant... c'est les quelques jours précédant le concert qui sont les plus durs à vivre.
L'adolescente n'a jamais été très à l'aise, pendant les soirées. Les corps qui se mouvent, la transpiration qui s'en dégage, l'alcool en abondance... Le son trop fort est le point sur lequel Kyoka ne peut rien dire, puisqu'elle a l'habitude. Elle y va pour passer un bon moment, mais elle finit toujours par s'asseoir dans son coin, un verre à la main.
C'est encore le cas cette nuit. La différence, c'est qu'elle boit plus que normalement. Kyoka a besoin de libérer son anxiété, besoin de ne plus y penser le temps d'un instant. L'alcool l'aide dans ces moments-là. Bien sûr, elle n'abuse pas des quantités : quand la noiraude sent que son esprit est connecté à la fête, elle arrête. Ça lui fait du bien de savoir qu'elle a quelque chose qui peut la soulager.
Tandis que Kyoka sirote son verre sur le canapé, une discussion se profile un peu plus loin. Autour de la table, Mina, Midoriya, Denki, Tsuyu, Shinso et Mineta sont en train de commencer un jeu de cartes. Si elle a bien compris, c'est le genre de jeux d'alcool où les questions risquées sont de mise.
Les tours s'enchaînent, puis c'est à Denki de lire sa question.
— « Avez-vous déjà voulu embrasser un des participants ? »
— Ooh ! C'est une question très intéressante ! s'extasie Mina en tapant dans ses mains.
— Pff, avec Kaminari, c'est sûr que oui, raille Mineta, un sourire narquois aux lèvres.
— Tu es très culotté, dis-donc, fait remarquer Tsuyu, ce qui fait rire toute la table.
Le blond n'a pas repris la parole, et sans vraiment qu'elle s'en rendre compte, ses ongles s'enfoncent dans ses mains au fur et à mesure qu'elle perd patience.
Ce n'est plus un secret pour elle-même : la rockeuse a un faible pour Denki. Et comment dire... elle ne le vit pas très bien. Déjà de base, Kyoka n'est pas à l'aise avec ce genre de sentiment. Elle déteste qu'une personne occupe ses pensées, déteste vouloir lui plaire, déteste ressentir des papillons dans son ventre... Bref, ce n'est pas une partie de plaisir. Et là, c'est de Denki dont on parle, celui qui pourrait draguer n'importe quelle personne qu'il trouve à son goût.
— Hm... fait mine de réfléchir le concerné, Oui !
Kyoka a soudain du mal à déglutir.
— Et qui, par tout hasard ? demande celle aux cheveux rose, avec un visage faussement angélique.
Elle ne sait pas si elle veut savoir la réponse. Elle ne sait pas pourquoi elle continue de les écouter.
— Ah, ce n'est plus à moi de jouer ! s'amuse Denki, et Kyoka est sûre qu'il se réjouit de garder le mystère.
En réalité, l'adolescente a ses suspicions : Shinso. Le guitariste n'a jamais caché son attirance pour les garçons, et elle a déjà surpris son regard sur leur camarade.
La partie se termine au bout d'une dizaine de tours, mais Kyoka n'y prêtait déjà plus attention au bout du deuxième. Elle traîne maintenant sur son feed Instagram, admirant les différentes photos de ses amis.
Une pression sur l'assise à côté d'elle se fait sentir.
— Alors ? Tu t'amuses vachement, on dirait.
Kyoka reconnaît sans hésitation sa voix. Pour se donner du courage, elle boit une gorgée, puis se tourne vers Denki, installé à sa droite.
— J'essaie de ne pas penser au concert, avoue-t-elle en haussant les épaules.
— Comme toujours, finalement, dit-il en rigolant, Te tracasse pas, on a encore tout le week-end pour s'entraîner. Ce soir, il faut que tu profites.
— Je sais. Et c'est ce que je fais.
Elle désigne sa boisson, et il s'esclaffe de plus belle. C'est là que Kyoka se rappelle pourquoi elle a eu des sentiments naissant à son égard. Le voir rire, c'est une des choses qui la fait le plus chavirer.
— J'espère que tu n'as pas fait que ça.
... Il est vrai qu'elle a un peu trop poussé, cette nuit. Mais ça, la noiraude le garde pour elle.
— J'ai écouté votre première partie de jeu.
Un ange passe.
— Oh, s'étonne son homologue, Et t'en a pensé quoi ?
— J'en ai pensé que tu veux embrasser Shinso, ne peut se retenir de balancer Kyoka en évitant soigneusement ses yeux.
Une nouvelle fois, Denki rigole sans ménagement.
— Tu as très bien deviné...
Elle balaye l'information de son cerveau, trop captivée à le détailler. La rockeuse n'avait pas remarqué le léger trait de liner en dessous de ses yeux. Et puis, il porte merveilleusement bien son crop top jaune poussin, qui met en valeur ses abdos finement dessiner. Elle s'attarde un instant sur son ras de cou qui ne cache pas ses veines aussi bleues que la foudre. En temps normal, jamais Kyoka ne l'aurait reluqué de façon aussi évidente. Elle est certaine que le blond l'a pris sur le fait. Tant pis, la vue est trop belle.
L'alcool aide bien, dans tout ça. Pour cette raison, elle met sur le compte de ce dernier son courage inopiné :
— Et... Il y a une autre personne que tu aurais voulu embrasser, dans la classe ?
Sobre, elle aurait regretté instantanément sa question indiscrète. Là, elle attend juste la réponse, ses yeux sombres vissés sur ceux de son camarade.
— Peut-être... Tu as une idée en tête ? questionne-t-il d'une voix bien trop mielleuse.
Lui aussi n'est pas dans son état normal. Sinon, il ne la fixerait pas avec autant d'éclat. Il ne sourirait pas de cette façon, comme s'il voulait lui faire passer un message. Kyoka n'est pas bête. Elle a bien compris qu'il la visait. C'est elle, cette personne de la classe.
Cela lui fait tout drôle, de s'en rendre compte. Avant cette soirée, le blond ne lui avait jamais fait d'avances aussi poussées. Il lui a déjà sorti deux-trois phrases bateaux, mais rien de très concluant.
La chanteuse n'avait pas fait attention, mais son corps s'était rapproché de celui de Denki. Il est à présent tourné vers le guitariste, à quelques centimètres de lui, son bras droit appuyé sur le dos du canapé.
— Moi.
Ce n'est même pas une question. Denki hoche malgré tout de même la tête. Un petit rire quitte les lèvres de la jeune fille face à sa réaction. Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi sent-elle qu'ils ont tous les deux envie de la même chose ?
Kyoka ne veut pas réfléchir. Non, pour une fois que l'attention de l'adolescent est dirigée sur elle... Alors elle se baisse, et laisse son verre par terre. Puis elle lève ses fesses pour poser son genoux gauche sur les jambes de Denki, le dominant de sa hauteur. Il accueille sa nouvelle position avec plaisir, puisque ses mains viennent se caler dans le creux de sa taille, pile sur le bout de peau que son court débardeur noir ne dissimule pas.
Et là, sans rien dire, ils s'embrassent. Longuement, pour apprécier la nouveauté de leurs lèvres alcoolisées. Profondément, parce que cela ne suffit pas. Pour s'ancrer à la réalité, ses propres mains se posent sur les joues de Denki, la pulpe de ses doigts effleurant la douceur de ses cheveux à lui.
Quand ils se séparent, aucune honte ne vient gâcher leur moment. La noiraude esquisse à la place un sourire. Tout ce qu'elle retient, c'est que son angoisse s'est totalement envolée. Pour le remercier, Kyoka lui flanque un bisou sur la joue, et il serre sa taille un peu plus à l'aide de ses bras.
♫
Un soupir fébrile s'échappe de ses lèvres lorsque son doigt vernis de noir appuie sur la sonette. Le week-end est passé à une vitesse folle, et le concert à maintenant lieu cet après-midi...
Momo lui ouvre la porte en un rien de temps.
— Te voilà, Kyoka ! s'exclame sa jolie camarade, Rentre !
— Je suis la dernière arrivée ? questionne la susnommée en enlevant ses chaussures.
— Oh non, Kaminari n'est pas encore là. Enfin, ce n'est pas très étonnant, glousse Momo.
Kyoka rigole pour la forme, mais la simple mention du guitariste fait monter son BPM.
Depuis la soirée, ses idées se sont remises en place. Elle a eu le temps de digérer ce qu'il s'était passé, et la rockeuse regrette amèrement le baiser. Ce qui la gène, c'est que le blond sait que Kyoka l'a vu ne serait-ce qu'un instant comme plus qu'un ami. Ça ne lui plaît pas. Il n'était pas censé être au courant pour son béguin. Il ne devait pas voir Kyoka de cette façon. Tout devait rester au même stade, à savoir : rien. Parce que c'est plus facile pour elle. Certes, sa gorge se serre quand Denki fait son Denki auprès de quelqu'un, mais au moins, elle n'a pas à penser à ce qui se passerait si tout devenait sérieux entre eux.
Mon Dieu, pourquoi est-ce qu'il a fallu que cela se fasse avant la fin du lycée ?
Si Kyoka n'avait pas fait cette grosse gaffe, ils auraient fini leur année, se seraient dits au revoir pour de bon, et ne se seraient vus que pour de rares occasions, tels des amis normaux. Parce que c'est toujours comme ça que cela fonctionne avec les amitiés scolaires : elles s'évaporent avec le temps. Elle serait passée à autre chose, son cœur allégé du poids de son amour.
— Vous avez discuté, tous les deux ? demande ensuite Momo, alors qu'elles s'engagent dans le vestiaire pour déposer les affaires de Kyoka.
Forcément, s'embrasser sur un canapé au milieu de tout le monde ne passe pas inaperçu. Ça aussi, elle le regrette. La plupart de la classe n'était pas venue la déranger, mais les plus curieux n'avaient pas hésité un instant – Mina la première.
La claviériste, elle, ne lui avait rien dit. C'est quand elle a remarqué que sa meilleure amie n'agissait pas comme à son habitude avec le guitariste pendant les entraînements du lendemain qu'elle s'était rapprochée de Kyoka. Alors la noiraude lui avait partagé ses inquiétudes. Ça ne servait à rien de lui mentir. Elle était déjà au courant pour son béguin, de toute façon.
— Non, avoue-t-elle en soupirant, Et ce n'est pas plus mal.
— Si, c'est mal. Il faudra bien que vous le fassiez. Ce n'est pas juste pour lui, la raisonne son amie.
— Dans tous les cas, ce n'est pas le moment.
Momo hoche la tête, vaincue par cet argument ô combien valable. Actuellement, le concert est bien plus important que tout le reste. Ils jouent dans un peu moins de sept heures...
La sonnette se fait entendre. Ah. Un pic de nervosité atteint la chanteuse, ce qui l'énerve beaucoup.
— Je vais aller lui ouvrir... s'empresse Momo en quittant la pièce annexe à l'entrée.
Pendant un instant, un silence occupe la maison. Un silence lourd, aux oreilles de Kyoka. Puis, la voix de Denki. Au vu de son intonation, l'adolescente se fait la remarque qu'il ne doit pas être dans son assiette. Aucun entrain, aucune blague de trop. À quoi est-ce qu'elle s'attendait ?
— Kyoka est arrivée ? entend la susnommée de là où elle se trouve.
— Ah, euh oui. Elle est dans les vestiaires.
Tout s'enchaîne dans sa tête. Le ton qu'il emploie, le fait que sa première question soit celle-ci : le blond veut discuter avec elle. Et certainement pas pour parler musique.
Non ! Elle ne veut pas ! Kyoka amorce un pas pour sortir d'ici, mais se ravise aussitôt. Le vestiaire est collé à l'entrée, et est uniquement accessible par celle-ci. Si elle sort, il la verra. En d'autres termes, la noiraude est bloquée. Se cacher serait immature, elle est donc obligée de le confronter.
— Kyoka, l'apostrophe-t-il sous l'encadrement de la porte.
C'est tout. Juste son prénom. Il avait commencé à l'appeler de cette façon pendant leur seconde année, ayant décrété qu'ils étaient suffisamment proches pour passer à cette étape. La concernée en avait alors fait de même.
— Je ne veux pas discuter, désamorce-t-elle d'emblée, avec toute la froideur qu'elle pouvait avoir.
— Mais moi, si ! s'emporte déjà Denki en rentrant définitivement dans la pièce.
Sa meilleure amie annonce qu'elle sera dans la salle de musique s'ils la cherchent, puis le bruit de ses chaussons sur le sol se font de plus en plus étouffés, signe qu'elle est désormais bien loin. Kyoka lui en est à la fois reconnaissante, lui évitant de se gêner devant elle, et à la fois, la rockeuse aurait bien eu besoin de son soutien.
— Depuis samedi, tu m'évites clairement. Et j'ai bien compris que c'était lié à la soirée, ne t'inquiète pas, reprend son homologue dans un rire nerveux, Je ne comprends pas ?
Elle soupire de frustration. Pourquoi tient-il à avoir cette discussion maintenant ? A-t-il oublié qu'ils ont un concert aujourd'hui-même ?
— Ce n'est pas le moment, Denki, résiste Kyoka d'une voix presque tremblante.
— Mais j'en peux plus ! clame-t-il en retour, Donc on va passer le concert comme ça ? Pour notre dernière journée ensemble ? Sur une mauvaise ambiance, alors que ça pourrait être réglé ?
Ça lui coûte d'admettre qu'il n'a, dans le fond, pas tort. Le truc, c'est que c'est plus fort qu'elle. Le baiser reste encore trop frais, et tout ce stress pour le concert de cet après-midi ne lui a pas permis de réfléchir à ce qu'elle voulait en faire. Kyoka n'est tout simplement pas prête.
Sauf que Denki mérite une réponse. Ils étaient deux à faire cette action. La chanteuse sait qu'elle ne peut pas décider pour eux deux. Et puis, il est vrai que c'est le dernier jour où ils seront réunis tous ensemble. Elle ne veut pas non plus finir en mauvais terme avec lui. Alors, elle tranche :
— Je suis désolée, mais je n'ai vraiment pas la tête à ça. On verra pour en parler ce soir. Là, on doit absolument se concentrer sur le concert.
Elle ne pourra pas faire mieux. Le concert sera passé, ça lui laisse du temps pour se calmer, et se préparer à leur dialogue.
Denki la détaille quelques secondes, jugeant silencieusement sa proposition.
— Ok. Ça me semble juste, accepte-t-il enfin, Mais tu pourrais arrêter d'être froide avec moi ? Pour être honnête, je ne pense pas que je mérite ce traitement.
Elle hoche la tête. Encore une fois, il a raison, et Dieu sait à quel point c'est enrageant. Car elle est la seule fautive dans toute cette histoire.
— Bon, vaudrait mieux qu'on y aille, avant que Bakugo pète un plomb, termine-t-elle par déclarer.
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Denki ne se lassera jamais de faire de la musique sur scène. Toute cette stimulation auditive... Les acclamations du public couvertes par le son des instruments, sa voix... Il ne peut vraiment pas s'en passer. Il a alors profité de chaque seconde, focalisant toute son énergie dans ses doigts, afin de ne louper aucune note. La chanson est en plus de ça, très réussite. Elle évoque la difficulté des études, les sacrifices faits pour en arriver là, mais qu'il ne faut rien lâcher, se concentrer sur les détails de la vie pour ne pas sombrer. Les plus poétiques en verront un double-sens avec les relations humaines compliquées, ce qui n'est plus de son ressort.
Ces pensées, il les a lorsqu'il grignote au buffet. En effet, une soirée a été organisée par l'école pour réunir tous les clubs ayant participé à ce festival. L'ambiance est donc bien différente de celle du vendredi, en grande partie grâce au fait qu'aucune boisson alcoolisée ne traîne sur les tables.
Le guitariste balaye de ses yeux le gymnase – endroit où se situe la fête – pour repérer des têtes qu'il reconnaîtrait. Ce serait mentir de dire qu'il ne cherche pas Kyoka.
Dans ce que Denki cherchait physiquement chez une fille, Kyoka ne cochait d'abord pas toutes les cases. Pour autant, dès leur première rencontre en seconde, il a été attiré par sa prestance. Tout dans son attitude respire le charisme, et déclenche la phrase « Elle est vraiment trop cool » dans son esprit. Sa façon décontractée de se tenir, ses traits parfois renfrognés qui la rendent adorable, sa répartie toujours bien placée... Kyoka occupe ses pensées depuis le début. Il a appris à la détailler quand elle ne le regarde pas, et à apprécier la couleur profonde de ses pupilles accentuées par son mascara. À force, il a même réussi à comprendre qu'elle se mord la lèvre inférieure avant de rigoler.
Elle est spéciale. Aussi vibrante qu'une corde frottée. Et c'est bien pour ça que Denki n'avait jamais rien tenté avec elle. Kyoka est, en effet, tout ce qu'il désire. Seulement, il ne savait vraiment pas comment s'y prendre.
La noiraude lui semblait inaccessible, presque trop parfaite pour qu'il ait sa chance. À aucun moment, il n'avait vu une potentielle ouverture pour la séduire. Les deux seules fois qui ont eu lieu n'avaient rien donné de concluant...
Bon, et puis le blond ne prend pas la chanteuse pour n'importe qui. S'il allait dans cette voie-là, c'était à ses yeux pour du sérieux. C'est ici que cela devient compliqué. Denki n'a jamais été en couple... tout simplement car il ne s'était jamais senti prêt. C'était plus facile de frôler l'Amour à coup de phrases bien placées que de s'y engager définitivement. Ses sentiments étaient très confus quant à tout ce charabia qu'est l'Amour : il en était à la fois attiré, et à la fois dégoûté.
Tout ça, c'était avant le baiser du vendredi soir. Le fait qu'il ait pu goûter au parfum de sa bouche semble encore impossible à concevoir. Pourtant, c'est ce qui s'est passé. Denki n'a pas rêvé. La seule chose qu'il regrette, c'est que ça se soit déroulé lorsqu'ils n'étaient pas totalement eux-mêmes. Certes, il devrait remercier la bière d'avoir libéré leur barrière, mais le guitariste ne prend pas ce moment comme un réel accomplissement. Cela a juste embrouillé son cerveau, dix mille questions remplissant à présent sa tête... Et le fait que la rockeuse l'ai évité comme la peste n'arrange pas les choses.
Denki continue son observation du gymnase. Il empêche son rire de déborder de ses lèvres lorsqu'il repère l'ancien Big Three qui s'est introduit dans la fête pour profiter de la bonne ambiance. La sublime Hado a même amené sa petite amie Haya, avec qui elle discute, main dans la main. Puis un peu plus loin, il surprend le doux regard de Katsuki sur Midoriya, tandis que ce dernier converse avec le professeur Yagi. Un jour, il faudra vraiment qu'il ait une discussion sérieuse avec son pote.
Il aperçoit finalement Eijiro sur la piste de danse, son bras entourant la taille de Mina. S'il y a bien une personne qui doit savoir où se trouve Kyoka, c'est la jeune danseuse.
— Hey ! salut Eijiro lorsque son meilleur ami atteint leur niveau, Vous avez été super cet après-midi !
— Oui ! Vous étiez trop beaux ! complète sa copine dans un souffle, haletante d'avoir trop bougé.
— Merci, répond-t-il de vive voix, avant de fixer son regard sur celui de Mina, Tu saurais où est Kyoka ? Je la cherche depuis tout à l'heure.
Les sourcils de l'adolescente se haussent, accompagnés d'un sourire inquisiteur. Pour autant, elle ne dit rien, se contentant juste de lui indiquer que son amie est à l'extérieur, certainement pas très loin de la scène.
♫
Cinq minutes à peine se sont écoulées depuis sa discussion avec le couple, et le blond est pourtant déjà arrivé – essoufflé, mais arrivé.
Au départ, Denki ne voit personne, tellement le noir de la nuit se répend autour de lui. Le froid du mois de mars se fait ressentir. Il s'avance en enfonçant un peu plus ses poings dans les poches de sa veste d'aviateur.
— Kyoka ? T'es là ? l'appelle-t-il, ses yeux virevoltants à droite à gauche pour essayer de repérer un mouvement sur la scène.
— Ouais, répond-elle après avoir laissé planer un silence.
— Où exactement ?
Soudain, les guirlandes rondes accrochées autour de la scène s'allument, projetant une lumière chaleureuse sur l'espace. Puis des bruits de bottes sur le sol. Et enfin, la voilà, avec sa petite robe noire et son collant parsemé d'étoiles argentées. Une écharpe violette entoure son cou, et la chanteuse s'est munie d'un manteau en cuir sombre ; mais il ne peut empêcher son inquiétude de surgir : il est sûr de la voir trembloter.
Un sourire s'étend tout de même sur son visage, et il rejoint Kyoka qui s'était assise sur le bord de la scène, ses pieds se balançant dans le vide. Le blond n'hésite pas à se rapprocher le plus possible, pour être certain qu'elle ne grelotte pas.
— Pourquoi t'es venue ici ? demande Denki une fois qu'il est bien installé.
— Je sais pas trop. J'ai dû mal avec les fêtes, en ce moment.
L'adolescent ne sait pas si cette pique lui est adressée, mais il fait tout pour que son visage ne se crispe pas.
— Pourtant, tu devrais apprécier celle de ce soir, non ? C'est bien plus calme que celle de vendredi dernier ! Et puis la consommation d'alcool est bien réglementée cette fois-ci...
La blague de Denki à l'air de fonctionner, car Kyoka laisse échapper un pouffement de rire, provoquant chez lui une chaleur thoracique.
— Ouais, c'est fini pour moi d'être bourrée.
Denki zieute la noiraude, qui en réalité en faisait de même. Il ne réplique pas de suite, son cerveau préférant carburer pour essayer de bien amener le sujet. Puis il se dit qu'il n'y a pas dix mille manières : vaut mieux y aller franco.
— Je pense que c'est le bon moment pour te poser la question : est-ce que tu regrettes ce qui s'est passé pendant cette soirée ?
Le regard sombre de Kyoka reste fixé sur le sien, certainement préparée à ce que cette discussion survienne.
— C'est compliqué de te répondre, je t'avoue, murmure-t-elle presque, en déviant finalement ses pupilles sur le côté.
— Pourquoi ? questionne-t-il, tout en douceur.
Cette fois, c'est sa tête qu'elle tourne, ses cheveux cachant alors son visage du blond. Son corps reste suffisant pour montrer ses émotions, puisqu'il commence à trembler. Soudain, la rockeuse se met à grogner.
— Tu veux vraiment me le faire dire, hein ?
Les sourcils de Denki s'arquent de confusion.
— Te faire dire quoi ? demande-t-il, un fond de rire débordant de ses lèvres.
De nouveau, Kyoka ne daigne pas élever la voix. Elle crispe ses doigts, posés à côté de ses cuisses.
— Oui, en effet, je regrette ce baiser. Et je parle bien de ce baiser, Denki, précise-t-elle au moment où le cœur du susnommé s'alourdissait de peine.
Son cœur n'aurait pas dû s'alourdir. Kyoka est tellement incroyable, tellement talentueuse, que Denki ne pensait pas une seule seconde qu'elle pouvait éprouver quoi que ce soit pour lui. Car tout ce qu'il sait à peu près faire, c'est jouer de la guitare électrique, et gérer sa vie sociale à base de blagues maladroites.
« Et je parle bien de ce baiser, Denki », cette phrase change beaucoup de choses, mais quoi ?
Elle ne reprend pas de suite sa confession, ce qui a le don de faire grincer les dents du guitariste, qui a envie de la secouer par les épaules pour qu'elle continue rapidement. Car ce que Kyoka vient d'avouer, cela ne permet pas de répondre à toutes les questions de Denki, au contraire, elle en rajoute.
— Par pitié Kyoka, explique-toi, tu ne m'aides pas du tout, laisse-t-il déborder de ses lèvres plaintives.
Pour toute réaction, la chanteuse plie ses genoux devant son visage, laissant alors le bout de ses doc martens dans le vide. Puis elle pousse un nouveau grognement, cette fois-ci étouffé par sa position.
— C'est pas facile ! Je... Je pensais m'être préparée mentalement, mais... (elle souffle, marquant une pause), Les circonstances de ce baiser me dérangent.
Cela fait tout de suite tilte dans l'esprit de Denki. Se pourrait-il que...
— Quoi, tu aurais voulu être sobre ? ose-t-il faire remarquer.
Kyoka hoche timidement la tête, son visage toujours enfoncé entre ses genoux relevés.
Oh.
Une autre question, juste pour qu'il soit sûr.
— Donc tu as déjà eu envie de m'embrasser ?
Une autre approbation. Son sens du toucher s'aiguise au fur et à mesure qu'il ingère l'information. Sa peau est irritée par la laine de son pull ; ses doigts, appuyés sur le sol de la scène, se moulent aux rainures du bois ; et son épaule se chauffe au point de contact qu'il a avec celle de Kyoka. Denki n'en revient pas.
Enfin, il prend du recul sur la situation, et il est alors attendrit par le comportement de Kyoka. La noiraude a beau avoir assez de confiance en elle pour toujours se servir de sa répartie, quand il s'agit de s'ouvrir sur ce genre de sujet, elle panique totalement.
Il ricane en même temps que de descendre du bord de la scène. Cela pique la curiosité de la musicienne qui lève le menton, laissant apparaître ses yeux maquillés au-dessus de ses genoux. Denki se place devant elle, et il lui suffit de l'implorer de son regard pour qu'elle descende enfin ses pieds. Le blond avance encore de deux pas, s'immisçant entre ses jambes.
— Q-qu'est-ce que tu fais ? balbutie-t-elle alors qu'il dépose ses mains sur ses cuisses.
— Tu es sobre non ?
— Euh, oui ?
— Alors, est-ce que je peux t'embrasser ?
Denki agit comme s'il savait ce qu'il faisait, mais la vérité c'est qu'il est effrayé de ce qui se passerait si Kyoka refuse. Comme d'habitude, son corps a bougé avant que son cerveau ne réfléchisse. Pour autant, il ne soustrait pas ses pupilles des siennes, attiré par leur couleur onyx.
Il doit au moins patienter dix bonnes secondes avant que la rockeuse ne se décide à laisser sortir un faible « oui » de sa bouche.
Sans perdre un instant, Denki avance le bas de son visage vers celui de Kyoka. Il sait que ses lèvres ont atteint les siennes lorsqu'il ressent le goût sucré de son gloss. Et jamais Denki ne se lassera de l'avoir contre sa peau à partir de maintenant. Le guitariste enfonce ses doigts dans les cuisses de Kyoka, avide de la texture du collant sous sa pulpe. Ou bien a-t-il besoin d'un autre toucher pour ne pas se perdre dans celui qui lui fait le plus tourner la tête. Le souffle qui s'échappe des narines de la noiraude donne l'impulsion suffisante à Denki pour qu'il appuie un peu plus sa bouche sur celle de Kyoka. Entre-temps, elle avait passé ses bras autour du cou de l'adolescent.
C'est elle qui met fin au baiser. Et heureusement, car Denki n'aurait pour rien au monde voulu se séparer de la chanteuse, quitte à ne plus pouvoir respirer. La déception s'empare donc de lui quand le froid reprend sa place entre leurs visages. En remarquant le sourire de Kyoka, sa joie reprend le dessus.
— Voilà. Plus de regret maintenant, dit-il en lui souriant en retour.
Le blond plante un bisou sur le nez rosé de la noiraude, ne pouvant y résister. Cela lui vaut un joli rire de la part de Kyoka. Il essaye de reculer, mais il est vite bloqué par les jambes de la jeune fille, qui emprisonnent à présent sa taille.
— Et est-ce que je vais le regretter si je t'invite à sortir dehors avec moi demain ?
Denki n'en croit pas ses oreilles : la confiante Kyoka est déjà de retour. Il ne va pas s'en plaindre, il l'aime sous toutes ses facettes.
— Tu veux avoir un rendez-vous ? Avec moi ? s'étonne-t-il.
— Tu penses que je m'adresse à qui, là ? glousse la rockeuse, faisant bouger le corps de Denki au rythme de son rire, ses avant-bras étant toujours autour de son cou.
La voir rire lui donne des papillons dans le ventre. Il ne réalise pas encore que cette demoiselle puisse être intéressée par lui. Denki laisse cette pensée de côté, et approche son visage du sien.
— Si tu insistes autant...
Sa bouche se fond de nouveau sur celle de l'adolescente, comme si une éternité s'était déroulée depuis leur dernier baiser.
♫
— Alors ça y est ? Tu as enfin ton premier date avec Kyoka ?
Denki est en train de mettre ses chaussures à l'entrée de l'appartement de Mina lorsque Eijiro lui pose la question. Katsuki et Sero sont aussi présents, car ils avaient prévu de se voir chez la rose le lendemain du festival. D'habitude, le guitariste est bien le dernier à partir de leurs petits regroupements. Mais pas cette fois.
— Mec, j'arrive toujours pas à y croire. Je l'ai fait ! s'extasie Denki, serrant alors un peu trop fort son lacet.
— Depuis le temps qu'on te voit baver sur elle, commente Katsuki d'un ton presque ennuyé.
Le blond lève sa tête pour lui faire face, sachant très bien ce qu'il s'apprête à dire.
— T'es vraiment culotté, Kacchan. Tu viendras me donner ton avis constructif quand t'en auras fait de même avec Midoriya.
Comme convenu, le cendré fronce des sourcils, tandis que du rouge se répand sur ses joues. Il s'échappe en deux secondes pour rejoindre Sero et Mina dans le salon, sans oublier de lui faire un doigt, et de lui lâcher son plus beau « Va te faire voir ! ».
— Il l'avait bien cherché, rigole Eijiro en regardant son meilleur ami partir.
— En plus, il est venu juste pour me dire ça, il se prend pour qui ?? J'ai besoin qu'on m'encourage, pas qu'on me rabaisse ! se plaint Denki tandis qu'il enfile sa veste en jean noire.
Évidemment, il n'en veut pas à son pote. Denki est bien habitué à son caractère de cochon.
— Mais parce qu'il sait que tu vas gérer, répond Eijiro en s'approchant de son ami, C'est toi qui a cherché à faire avancer les choses entre vous, non ?
— Ouais...
— Tu l'as carrément embrassée ! Non, vraiment, t'as pas à t'en faire. Agis comme d'habitude ! Dans tous les cas, elle te connaît trop bien... ajoute-t-il dans un ricanement.
— Merci, mec.
Le guitariste le serre dans ses bras, souhaitant montrer au rouge qu'il est réellement touché par ses mots. Eijiro a toujours été là pour lui remonter le moral, sachant très bien la nature anxieuse de son homologue. Et Denki ne sait pas ce qu'il a fait pour mériter un ami pareil. Il est la lumière qui lui permet de briller.
Grâce à lui, le blond trouve la force de sortir de l'appartement, se rendre devant la maison de Kyoka, et sonner.
⋆。˚ ☁︎ ˚。⋆。
Kyoka pose son tube de mascara sur sa coiffeuse au même moment où sa mère entre dans sa chambre. L'adolescente doit baisser le son de son enceinte pour l'entendre l'informer que Denki l'attend à l'entrée de leur maison. Elle ne put empêcher ses mains de trembler en appliquant son rouge à lèvre foncé.
Ce qui s'est passé la vieille lui paraît encore trop lunaire, trop beau pour que cela soit vrai. Quand Kyoka était encore seule sur la scène, elle s'imaginait tous les scénarios qu'il se passerait si elle venait à devoir discuter avec Denki ce soir-là. Sans surprise, son cerveau avait emprunté la voie d'un amour possible. Mais il ne lui était pas venu à l'esprit que cela se réaliserait vraiment. Cela restait un mirage, une idylle hors d'atteinte.
Pourtant, constater que Denki tenait réellement à savoir si elle regrettait leur premier baiser... Ça l'avait bousculée. Son regard concerné, son épaule contre la sienne, sa voix douce pour ne pas la brusquer... Sans s'en rendre compte, il avait donné les clés de son cœur à Kyoka. Et elle en avait certainement fait de même, puisque le guitariste s'était retrouvé tout près d'elle en un rien de temps.
Finalement, c'est comme ça que leur duo fonctionne : ils se donnent du courage l'un l'autre, poussés par cette mélodie nouvelle qui se joue entre eux.
La chanteuse commence à ressentir un poids au fond de son ventre en descendant les escaliers. Elle n'a même pas le temps de reprendre constance : Denki se tient à quelques mètres, ses iris pointés sur elle. À mesure qu'il la contemple de haut en bas, ses joues se colorent de rose. Kyoka ne peut s'empêcher de trouver sa réaction adorable. Ses expressions faciales le trahissent toujours, mais elle n'avait encore jamais eu affaire à celle-ci.
— Tu es magnifique, oh mon Dieu, lâche-t-il alors qu'elle s'approche de lui.
Sa franchise déstabilise Kyoka, qui se met à rougir à son tour. Honnêtement, elle s'est juste habillée dans son style grunge habituel. Peut-être que c'est le gilet de costume et la cravate qui le surprend ? Ou la couleur rouge de son t-shirt ?
La noiraude ne s'attarde pas sur la question pour détailler son... date ? Denki est du genre à avoir plusieurs styles vestimentaires. Aujourd'hui, il est parti sur quelque chose de doux, avec son sweat à capuche lavande sous sa veste et son jean large. Il s'est fait une demi-queue de cheval, dégageant son visage – qu'elle a très envie d'embrasser, du coup.
— T'es pas mal aussi, complimente-elle en retour, tandis qu'elle enfile ses boots.
Plus personne ne parle jusqu'à ce que Kyoka soit enfin prête à sortir. Elle ne s'est jamais senti aussi nerveuse de sa vie, encore pire que pendant les quelques minutes restantes avant le début d'un concert.
C'est toi qui as proposé ce rendez-vous, idiote ! Agis normalement !
— Donc, amorce-t-elle pour se prouver sa bonne foi, Tu ne veux pas savoir où je t'emmène ?
En effet, il était logique pour Kyoka qu'elle organise leur sortie. Après avoir trouvé son idée, la chanteuse lui avait envoyé un message pour le prévenir qu'elle ne lui révélerait pas avant demain ce qui était prévu. De son point de vue, c'est bien plus amusant.
— Hmm, non, je te fais confiance !
Denki lui offre son plus beau sourire. Et comme à chaque fois, elle se retient de foncer sur lui pour lui pincer les joues. Pourtant... elle peut maintenant, nan ?
— Aïe ! Mais qu'est-ce qui te prend ? s'exclame le blond en même temps de s'échapper des mains de Kyoka.
— T'étais trop mignon. Allez, viens.
Elle lui attrape le poignet de ses doigts, ceux qui maltraitaient les joues de son rencard il y a à peine quelques secondes.
— Attends une seconde ! le coupe Denki, ne bougeant pas d'un millimètre son corps, ce qui stoppe net celui de Kyoka.
Elle tourne sa tête pour le regarder, intriguée.
— Avant qu'on continue, je voudrais être sûr que tu en a envie.
— Hein ? Qu'est-ce que tu racontes ? pouffe-t-elle, amusée de sa soudaine prise de parole.
— Eh bien... Est-ce que tu as vraiment envie de partir en date avec moi ? Tu ne me l'a pas proposé sur le feu de l'action ?
Un pincement vibre dans le corps de Kyoka. Elle ne s'attendait pas à ce revirement de situation... Mais sous ses airs confiants, le guitariste cache une personnalité hésitante. Il n'a jamais vraiment essayé de la dissimuler au quotidien, cependant cela surprend quand même l'adolescente. Elle pensait avoir été claire à travers son comportement, depuis la veille au soir.
C'est vrai qu'elle ne souhaitait pas que leur relation évolue. En fait, elle était tellement persuadée que cela ne se réaliserait jamais, qu'elle n'avait aucune envie de tenter quelque chose. Sauf que la soirée du vendredi a eu lieu. L'insistance de Denki a eu lieu. Leur discussion à la belle étoile a eu lieu. Il est peut-être passé pour un lourdaud, mais sans sa persévérance, la musicienne n'aurait jamais remis en question sa perception de leur relation. Hier soir, elle a enfin compris qu'il tenait à elle, plus que ce qu'elle imaginait.
Alors, sa réponse est évidente :
— Oui. J'ai réellement envie de faire ce date. Parce que...
Elle revient sur ses pas, et se poste juste devant lui, tout en entrelaçant leurs doigts. Denki ne la quitte pas des yeux, attendant patiemment la suite.
— Si tu ne le savais pas, je suis amoureuse de toi depuis, hm... la seconde ? Je me demande vraiment comment j'ai pu tenir, ricane-t-elle, pourtant... les faits sont là. J'ai beau dire que tu es stupide sur les bords, ta gentillesse est pure. Tu te souviens du jour où tu étais impressionné de ma performance en seconde ?
L'adolescent hoche la tête, sans oraliser quoi que ce soit. Kyoka a presque l'impression qu'il est envoûté par ses paroles.
— Tu m'a fait tout un discours pour me pousser à chanter à la fin de l'année, et tu m'a affirmé que tu serais prêt à fonder un groupe avec moi pour profiter de ma voix tous les jours. Ton petit speech m'a tellement touché, que mon cœur a décidé de ne plus te lâcher !
Kyoka se remet à rire. Elle attrape la main encore pendante de Denki, et entrelace une nouvelle fois leurs doigts.
— Tu crois du plus profond de ton être en tes amis, et tu es prêt à les suivre, peu importe les conséquences. Je sais que je te traite souvent de froussard... mais en réalité, tu es quelqu'un de très courageux.
Avant de terminer son discours, elle se met sur la pointe des pieds, souhaitant lui dire ses derniers mots au plus près de son visage.
— Oui, je veux qu'on continue ce date, lui souffle-t-elle, Car c'est ce que la Kyoka de seconde a toujours souhaité au fond d'elle-même, bien qu'elle ait pu se le nier.
Elle se rabaisse dans un sourire, sans perdre de vue ses pupilles citron. La réaction de Denki ne se fait pas attendre : le voilà devenu aussi rouge qu'un coquelicot au soleil. Kyoka se doute qu'il est en train de prendre conscience de ce qu'elle vient de lui confesser. Qu'est-ce que la noiraude aurait rêvé prendre les devants plus tôt ! Si elle avait su que son guitariste préféré était si facilement embarrassé... Quoique, Denki aime beaucoup les doubles jeux, elle ne devrait pas être surprise.
— Convaincu ? cherche à savoir cette dernière, les commissures de ses lèvres toujours arquées vers le haut.
— Plus que convaincu, approuve sans hésiter le concerné, Au fait, moi aussi je suis amoureux de toi depuis la seconde... Oups.
La précision qu'il apporte le rend encore plus mignon qu'il ne l'est déjà.
Il s'abaisse, afin de se mettre au niveau de son faciès... et de ne plus bouger. Peut-être attend-il que Kyoka engage un baiser ?
Elle fait pivoter de son index la tête de Denki.
— Plus tard.
— Tu viens littéralement de te déclarer à moi, et on ne finit pas ça sur un bisou, comme dans toutes les romances clichées ??
Cela a le don de faire exploser de rire la noiraude, pas le moins du monde étonnée qu'il le prenne mal.
Même si elle en a très envie aussi, Kyoka veut construire leur nouveau lien autrement que par des baisers. Car l'amour, ça ne se résume pas qu'à des contacts physiques. C'est aussi l'art des bons moments passés ensemble, des rires et des pleurs, des cadeaux et des gestes attentionnés.
L'amour, c'est un peu comme jouer d'un instrument. On en est attiré, on veut essayer. Mais on se rend compte que ça écorche, ça frustre, ça use. Malgré ça, on est tenace. Parce que c'est à travers les erreurs qu'on comprend l'essence de cette attirance. Sans elles, on ne peut en repérer les vices, et mieux les appréhender. C'est grâce à elles que l'on arrive à obtenir une mélodie, qu'elle soit douce ou vibrante.
Kyoka souhaite découvrir la mélodie qu'elle peut produire avec Denki. Alors, elle l'entraîne avec elle en le tirant par la main.
— On a un magasin de vinyle à visiter, révèle-t-elle avec toute la détermination qui lui reste.
︙
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Coucou !
On est sur quelque chose d'un peu plus "oouuh 🤭" que ce que je propose d'habitude, je trouvais ça trop fun à écrire hihi (et je trouve qu'ils ont assez confiance en eux pour agir de la sorte loul)
Merci d'avoir lu cet OS et – peut-être – d'avoir commenté ! <3
PS : J'ai pas précisé dans les mots-clés les ships secondaires, je les ai tellement peu développés que j'en voyais pas l'intérêt. Venez pas m'incendier s'il y a un couple que vous n'aimez pas svp, merci :3
♡
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