『43』
Do you love me ?
NAHEE
Entrer sur le territoire de Black Castle est à chaque fois une étrange expérience qui révèle son lot de surprises que bien plus tard. C'est un lieu loin d'être chaleureux. Ses pierres noires font de cette bâtisse comme une ombre au milieu de cette étendue de neige, une tâche sur une toile blanche. Blanche jusqu'à ce que l'on pose ses pieds dedans, puisque la glace se teinte immédiatement de rouge au contact de visiteurs. Je me demande si cela est fait pour repérer les visiteurs inopportuns. Les traces de pas se découpent dans la neige comme des tâches de sang, d'un pourpre éclatant et criard.
Le vent, portant avec lui son lot de flocons, souffle sur ses hauteurs sans jamais s'épuiser, provoquant un sifflement constant en ces lieux. Il bouscule les volets, les fenêtres laissées malencontreusement ouvertes et mes cheveux qui ne cessent de s'agiter comme si j'allais finalement pénétrer dans la demeure du grand méchant loup. Le froid me mord la peau mais je ne m'en formalise pas, atteignant bravement la grande porte d'entrée que je pousse sans attendre. Car je sais qu'une fois à l'intérieur, la douce chaleur de la grande cheminée centrale viendra me réchauffer sans délais.
Les deux pans de bois se referment dans mon dos, provoquant ainsi un écho qui se répercute contre les murs de cette immense demeure. A chaque fois que j'y viens, je ne peux m'empêcher d'être bouche bée devant tant de grandeur. Bien que le château revêtit une apparence macabre et peu engageante, son intérieur, d'un style baroque et travaillé mêlé à l'architecture de la Grèce Antique, ne cesse jamais de me surprendre. Peu à peu, je retrouve quelques sensations dans le bout de mes doigts débarrassés du froid et un sourire étire mes lèvres. Oui, cet endroit cachait véritablement une beauté intérieure bien similaire à celle de son propriétaire.
En parlant de ce dernier, il ne me semble pas ressentir sa présence. Je me demande bien ce qu'il peut faire, après tout nous n'avons pas cours, aujourd'hui. Finalement, je me décide à avancer jusqu'au grand salon. J'y retrouve sa grande lignée de fenêtres, m'offrant ainsi un panorama sur l'extérieur enneigé. Le silence est à peine brisé par le bruit de mes pas sur le marbre, même ma respiration ne parvient pas à titiller mes oreilles.
Je n'avais jamais vu Black Castle vide de vie. A part la mienne, bien entendu. Silencieuse, je pose mes doigts sur le haut du dossier d'un des canapés et m'avance, les faisant glisser tout du long en observant le plafond. Je ne savais pas qu'une fresque se tenait là-haut. Surprise, je me stoppe et me tord presque le cou pour pouvoir la contempler. Je ne sais pas ce qu'elle représente mais je peux voir ça et là quelques flammes ainsi qu'un homme effrayant, entouré de chiens enragés. Hadès ?
Le grincement de la porte du salon me sort de mes pensées en un sursaut. Quand je baisse le regard, Taehyung se tient là, vêtu d'un pantalon large et d'une chemise blanche, ses manches remontées sur ses avant-bras. Son regard sombre et impénétrable me sonde pendant qu'il s'avance, la porte se refermant à sa suite en un grincement prolongé.
— Tu es là depuis combien de temps ? je demande.
— Depuis ce matin. Tu es fascinante, dans le silence.
— Est-ce que je devrais me taire alors ? dis-je en haussant un sourcil amusé.
— Il n'y a que ta voix qui vaut la peine d'être entendue.
Au même instant il s'approche, posant sa main contre ma joue tandis que je m'appuie contre le dossier du canapé dans mon dos. Taehyung a le don de dire les choses justes, à chaque instant. Des choses qui font battre mon coeur plus fort et plus intensément. Je pose mes paumes contre ses pectoraux, sentant la chaleur de sa peau à travers le fin coton de sa chemise.
— J'aimerais bien habiter ici.
— Seul, ce n'est pas très amusant, me répond-il en posant sa joue contre la mienne alors que sa main descend dans ma nuque.
— Avec toi.
Ses mouvements se stoppent puis il se recule tout en restant à une certaine proximité de mon visage. Ses yeux sont soumis à la surprise, sa bouche entrouverte. Je ne peux m'empêcher d'avoir un rire face à ce tableau que je n'ai pas l'habitude de contempler. Un Taehyung déstabilisé, c'était quelque qu'il fallait presque encadrer.
— Tu peux répéter ? demande-t-il alors.
— Oh, j'ai oublié ce que j'ai dit.
— Tu te moques de moi ?
— Moi ? Jamais.
Je ricane face à sa mine faussement offusquée et me dégage de ses bras pour contourner le canapé, me retrouvant de l'autre côté. J'ai subitement l'impression de jouet au chat et à la sourie quand une lueur prédatrice se mêle aux iris de mon vis-à-vis.
— Que sommes-nous, Taehyung ?
Il se met à marcher pour contourner le canapé, ce que je fais également pour garder la même distance entre nous, un sourire aux lèvres. Sourire qu'il ne tarde pas à afficher également. Ses yeux se plissent pendant que tout son corps, qui bouge avec une lenteur calculée, dégage un sentiment de dominance.
— Que veux-tu que nous soyons ? il m'interroge en retour.
— Tellement de choses.
— Comme ?
Prise d'une pulsion, un courant électrique traversant mon corps et tendant mes muscles, je monte debout sur le canapé et le traverse jusqu'à arriver à lui qui est de l'autre côté. Il lève la tête pour planter son regard dans le mien, un sourire au coin des lèvres. Ses mains viennent trouver mes cuisses par automatisme, comme si dans le fond, elles ne pouvaient pas être ailleurs.
— Tu m'aimes, Kim Taehyung ?
Une lueur brouille son regard, ses doigts se resserrent sur mes jambes. Puis il dépose sa tête contre mon ventre, inspirant mon odeur. L'espace de quelques secondes, il me donne l'impression d'être la seule chose qui compte à ses yeux. Parce qu'il était bel et bien la seule chose qui comptait pour moi.
— Plus que tout.
Comme si l'oxygène devenait une denrée rare, ma poitrine se compresse et mon souffle me fait défaut, totalement tremblant. Mes mains viennent trouver refuge dans sa chevelure sombre que je caresse affectueusement, le coeur battant.
— Moi aussi. Moi aussi je t'aime.
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L'AAAAAAAMOUUUUR BRIIIIIILLE SOUS BLAAAAAAAAACK CASTLEEEEEEEEEEEE (♡ ὅ ◡ ὅ )ʃ♡
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