『42』


Life in Hell



NAHEE


Tout est si paisible une fois que l'on s'échappe de la réalité. Au-dessus du temps, les problèmes prennent l'aspect de choses inutiles et insignifiantes. On se dit qu'on y fera attention plus tard et que pour l'instant, une seule envie nous presse : celle de fermer les yeux et se laisser fondre tout contre les rayons du soleil qui caressent notre peau. J'inspire profondément et les odeurs fruitées du verger qui m'entoure viennent titiller mes narines. Embaumé de cette douce senteur sucrée, mon esprit se laisse aller et mes membres se détendent dans l'herbe fraîche. Il fait bon : ni trop chaud, ni trop froid. Juste la parfaite température pour profiter d'un après-midi paisible. 


Une sensation glacée s'appose soudainement contre mon ventre découvert. Mes yeux s'écarquillent et je m'apprête à couiner par protestation quand une main se plaque contre ma bouche, une ombre recouvrant mon corps entier en faisant barrière à la lumière du Soleil. Mon souffle se coupe et je me rallonge lentement dans l'herbe. J'essaie de réprimer les frissons qui s'emparent de moi quand ses doigts se mettent à tracer les courbes de ma taille, directement contre ma peau nue. Ses yeux accrochent les miens quand il effleure la barrière de ma jupe. 


Tae- 

Chut... Je ne ferai rien. 


Brusquement, il s'écarte de moi et se redresse. Je m'apprête à le suivre dans sa démarche mais est stoppée par la lumière aveuglante de l'astre brûlant. Je lève mon avant bras pour m'en protéger, fronçant les sourcils tout en tentant de regarder le fils d'Hadès qui se tient debout devant moi. 


Comment tu as su où j'étais ? je demande finalement. 

Je ne savais pas. 


Il me tend sa main que je saisis avec plaisir avant de me mettre debout à mon tour. Par réflexe, j'attrape les pans de mon t-shirt et tire dessus afin de couvrir mon ventre qui frissonne encore du contact des doigts glacés de Taehyung. Il ne fait aucune remarque sur ce geste, plantant ses yeux dans les miens. 


Je suis passé chez moi, chez Jungkook, chez Jimin et même chez Jin. Mais finalement, c'est chez Hoseok que je te retrouve. 

J'avais besoin d'être en extérieur. De prendre l'air. 

Jungkook m'a dit. 


Je fronce les sourcils. Non pas parce que je ne comprends pas de quoi il parle mais parce que j'aurais préféré que le noiraud se taise. Je ne voulais pas inquiéter Taehyung ou quoique ce soit d'autre. D'autant plus que j'étais encore assez secouée par mes soudaines réalisations, je n'avais pas envie d'y repenser tout de suite. Pinçant les lèvres, je lui tourne le dos et finis par me mettre à marcher, décidée à me balader entre les allées d'arbres fruitiers. J'entends la seconde d'après les pas du brun me suivre.


Il parait que tu as fait une crise de panique. 

Je m'en suis remise. 

Hey. 


Il attrape mon poignet et m'oblige à me tourner vers lui. J'ouvre la bouche mais la referme aussitôt en voyant son regard concerné. Immédiatement, je me mords la joue : je ne suis qu'une idiote, il s'inquiète simplement pour moi et moi je préfère l'ignorer pour ne pas souffrir. 


Désolée... je souffle. 


Il soupire puis m'entraîne dans une douce étreinte, caressant mon dos. Je l'entoure de mes bras et pose ma tête dans le creux de son cou, respirant son odeur masculine sans même vraiment y penser. Mes muscles se détendent et mes yeux finissent par se fermer. Comme si... Comme si c'était simplement ma place. Je l'ai cherché depuis si longtemps. Parfois, j'ai l'impression que j'ai toujours su que quelque chose clochait. Que quelque part, ce monde n'était pas fait pour moi.

Je ne veux pas y repenser. Je ne veux pas imaginer qu'un jour vous allez... Tous partir. 

C'est ainsi. Aucun humain ne peut vivre éternellement. 

Mais vous ne l'êtes pas complètement ! Je m'écarte légèrement de lui pour le regarder dans les yeux pendant qu'il pose sa main sur ma joue. Et toi, tu es le fils d'Hadès, le roi des Enfers ! 


Taehyung lâche un rire sincère, presque attendri face à ma naïveté. Il secoue la tête puis embrasse mon front, son pouce caressant le bord de mon visage avec une tendresse qui pourrait bien me faire fondre si je n'étais pas aussi inquiète sur le moment.


Ce n'est pas aussi simple. 


Ses lèvres se déposent ensuite sur ma tempe. Je frémis.


Pour que je vive éternellement il faudrait que je passe ma vie en Enfers, là où la mort m'obéirait au doigt et à l'oeil. 


Il vient alors trouver le coin de mes lèvres. 


Et ce n'est franchement pas la "vie" que j'aimerais vivre, finit-il en plantant son regard dans le mien, sa voix plus rauque que précédemment.


Je m'apprête à répliquer mais le brun vient cueillir mes lèvres avant que le moindre son ne quitte ma bouche. Surprise, j'écarquille un peu les yeux avant de les fermer, directement conquise par la douceur de ses lippes. Mes mains viennent s'accrocher à ses épaules pendant que ses bras se resserrent sur mon corps collé contre le sien. Chaque baiser semblait être une véritable bouffée d'oxygène quand il venait de lui. 


Taehyung était peut-être le prince de de la mort, il demeurait pour moi une véritable source de vie pure. 


Sa respiration plus lourde, il appuie ses lèvres toujours un peu plus fort, de façon plus fébrile et impatiente. Il se retient mais il a du mal : il suffit de voir ses dents mordiller ma lippe inférieure pour le constater. Entre deux baisers, il m'observe un court instant de son regard d'ordinaire glacial mais maintenant chaud, voir brûlant. Mon souffle à moi est tremblant et plus il m'embrasse, plus je pense à la douleur que j'aurai une fois qu'il disparaitra. Comme une désespérée, je m'accroche à lui et peut-être que je lui fais mal. Mais je n'arrive pas à le réaliser car mon esprit est embrumé par tant de choses que plus rien ne compte. 


Il lâche mes lèvres puis ses dents viennent rencontrer la peau de mon cou. Un couinement m'échappe puis j'écarquille les yeux. C'est moi qui a fait ça ? Taehyung ricane puis lâche mon épiderme, y déposant alors un simple baiser, beaucoup plus doux et calme que les précédents. 


Il faut vraiment qu'on parle. Toi et moi, lance-t-il d'une voix grave. 


Je me contente d'hocher la tête, les joues rouges que je m'empresse de cacher en enfouissant ma tête dans son cou à lui. Je peux presque l'entendre sourire. 


Demain après-midi. On a pas cours. A Black Castle. 

Tu veux vraiment aller là-bas ? me demande-t-il, surpris. Ce n'est pas l'endroit le plus chaleureux, tu le sais bien. 

Mais c'est chez toi. Puis... Je redresse la tête, lui souriant un instant. Moi j'aime bien. 

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