Facing the truth

NAHEE

Mon corps entier est figé quand dans l'encadrement de la porte, la silhouette de mon père se dessine. La lumière dans son dos qui provoque un léger contrejour ne me permet pas de voir son expression mais il n'est pas difficile d'imaginer la fureur qui y est présente. Son bureau est littéralement saccagé, la baie vitrée est brisée et sa fille est avec sept garçons dans son appartement. Pris de court, les dits garçons se tournent vers moi avec des yeux ronds. Pour jouer les durs c'est disponible mais par contre pour se confronter au paternel y'a plus personne. 

Lentement, je me mets debout en retenant un soupir, me demandant bien ce que je vais pouvoir lui dire pour expliquer tout ce bordel. Car à moins qu'une tornade soit passée dans l'appartement, je ne vois rien de plausible. Je m'avance de quelques pas vers lui, préparant déjà un discours abracadabrant pour essayer de le berner mais ce qu'il se passe me coupe toute parole. En me voyant approcher, mon père a littéralement reculé jusqu'à se coller au mur dans son dos. Je me fige et tourne le regard pour croiser celui de Namjoon qui parait tout aussi surpris que moi. Je reporte mon attention sur mon géniteur. J'ai l'impression de voir tout mon monde trembler quand sur ses traits ce n'est pas de la colère que je vois mais de la peur profonde et puissante. 

— Qu'est-ce que tu as... ? je demande avec le plus de douceur possible. 

Il me semble voir ses mains trembler mais je me force à croire que ce n'est qu'une illusion d'optique. Dans mon dos, je sens Taehyung et Jungkook s'approcher. Mon père est soumis à notre regard à tous et ses yeux deviennent littéralement fous alors qu'il nous observe tour à tour. 

— V-Vous aussi vous êtes des monstres ?! 

J'écarquille les yeux, mon coeur se stoppant un instant avant de reprendre sa course folle dans un rythme encore plus soutenu. Mes paupières papillonnent pendant que je fixe ses iris: il sait quelque chose ou du moins, il a vu quelque chose. C'est impossible qu'il soit dans un tel état autrement. 

— Papa, pourquoi tu dis ça ... ? 

— Tu es comme ta mère pas vrai ?! Je pensais que tu étais normale mais en fait tu es comme elle ! crie-t-il en se laissant glisser le long du mur. 

J'ai vraiment l'impression qu'on vient de me planter un poignard en plein coeur. Le mépris qui découle de sa voix criarde me donne envie de vomir et de m'effondrer ici, sur le parquet recouvert de débris de verre. Mes lèvres se pincent et je serre les poings, sentant une nouvelle fois les larmes monter. Je ne comprends rien, pourquoi dit-il que je suis comme ma mère ? Dit-il que ma mère était un... monstre ? 

Soudain, des mains posées sur mes épaules me sortent de mes pensées. Quand je me retourne, j'aperçois Hoseok qui me sourit doucement. 

— Viens avec moi. 

— Mais... 

— Pas de discussions, mademoiselle ! 

Hoseok me sourit un peu plus puis me pousse vers la pièce la plus proche, c'est à dire la salle de bain. Je ne sais pas si c'est une bonne idée d'abandonner mon père aux mains de six demi-dieux mais pour le moment, je ne me sens pas vraiment capable d'affronter son regard horrifié. Le rouquin referme la porte derrière nous puis il soupire, allant s'assoir sur le rebord de la baignoire avant de lever ses yeux vers moi. 

— Ça va aller ? 

— Je... Je ne sais pas trop. 

J'inspire profondément, essayant de calmer mon coeur mais sans succès. L'inconnu et l'incompréhension me compressent trop la poitrine pour que je puisse me détendre ne serait-ce qu'un peu. Hoseok esquisse un sourire contrit avant de tapoter le rebord à côté de lui. Sans attendre, je prends place à ses côtés et son bras entoure mes épaules. Une douce odeur fruité émane de lui. 

— Je me doute que tu dois rien comprendre à l'heure actuelle mais ça va s'arranger, je te le promets. 

— Tu as vu le regard qu'il m'a lancé ? On aurait dit... que j'étais la pire chose qu'il ait vu de sa vie... 

— Il doit y avoir une raison derrière tout ça. Même si te regarder comme il l'a fait reste impardonnable. 

Je ris légèrement et sens sa prise se raffermir sur mes épaules. 

— Je préfère te voir rire plutôt qu'au bord des larmes. 

Affectueusement, il me pince le nez puis me relâche avant de se relever, se dirigeant vers la porte de la salle de bain. Sa main se pose sur la poignée puis il se tourne vers moi avec un sourire rassurant. 

— On va garder ton père dans le salon. Je pense que tu as besoin d'avoir un peu de temps seule alors... viens nous voir quand tu seras prête à entendre ce qu'il a à dire. 

J'hoche la tête puis il quitte la pièce. Immédiatement, le petit sourire que j'avais retombe et mes yeux viennent rencontrer le sol. Un soupire m'échappe. Je ne sais pas si je suis prête à affronter la vérité ou du moins, ce que mon père a à dire. Je ne sais pas si je vais être capable de supporter ses regards et son mépris. Je ne sais pas si je vais supporter le fait d'être l'objet de la terreur d'un de mes parents. 

Je ne sais pas si je vais pouvoir l'entendre dire du mal de ma mère. 

Je renverse la tête en arrière, sentant mes yeux me picoter à nouveau à cause des larmes. Et si c'était pour ça qu'il était parti loin de ma mère et moi ? Si sa carrière n'était en fait qu'un prétexte pour s'éloigner de nous ? De monstres ... ? 

Je renifle un coup puis sèche mes larmes avant de me remettre debout, attrapant moi aussi la poignée de la porte que je fixe un moment. Il est vrai que je ne sais pas si mon esprit pourra supporter tout ça. Et je n'ai aucune idée de ce qui m'attend. 

Mais je préfère plonger dans l'inconnu et découvrir la vérité plutôt que de m'enfoncer dans un monde factice.