chapitre trois
PIERRE ADMIRE LA femme qui se trouve devant lui. Rarement il a trouvé aussi magnifique. Elle est un ange que l'on ne rencontre qu'une fois dans notre maigre vie. Ses cheveux blonds, fins, raides, tombent en cascade sur ses épaules et encadrent son visage dont la première chose que l'on voit est une paire d'yeux à la couleur de l'océan. Un bleu envoûtant dans lequel on ne voudrait pas seulement plonger, mais bel et bien se noyer. C'est ce que fait le pilote depuis le début de la soirée d'ailleurs. Le courant passe divinement bien en compagnie de la blonde et il ne peut rêver mieux. En un instant il ressent l'envie de redevenir un adolescent découvrant l'amour pour la première fois, faisant tout et n'importe quoi comme s'il avait plusieurs vies.
En fait, c'est ce qu'il recherche dans une relation. Quelqu'un de sérieux, mais qui les ferait redevenir des enfants dans des situations où seuls des rires occuperaient les lieux. Cela fait longtemps que Pierre n'a pas réellement ri. Un vrai éclat de rire, pas celui que l'on force par politesse auprès de ses amis après des blagues pas forcément propices à la rigolade.
Hella s'excuse de monopoliser la parole. Ses joues tournent au rouge bien rapidement, et cela fait sourire le normand qui se dit que cette couleur contraste parfaitement avec son teint. Il précise que ce n'est pas ce qui l'importe, et qu'il adore écouter les gens parler avec passion comme elle le fait.
Le cœur de la blonde fond à cet instant. Ce n'est pas le genre de femme à énormément parler. Généralement incomprise quant à ses choix de vie, elle fut longtemps contrainte d'être celle qui écoutait les débats, les anecdotes, les maux de ses amis et proches sans avoir forcément la possibilité de prononcer elle-même ce qu'elle adore faire. Personne ne connaît ses centres d'intérêts. Personne ne sait quelle est sa couleur préférée, son plat favori, la série qui lui procure des frissons, ou même quel lieu lui provoque un sentiment de plénitude incomparable parmi tous les pays visités depuis des années.
Elle n'est pas secrète, juste peu écoutée. Et elle n'en est pas habituée, c'est pour ces raisons que ses joues sont devenues rosées, comme un coup de soleil attrapé après s'être pavanée durant des heures sous la boule de feu sans protection. Hella se perd à son tour dans les yeux de Pierre.
Les mêmes que les siens et pourtant, elle parvient à ne pas trouver la sortie de ce dédale. Comment se détacher de son regard brûlant ? Elle le connaît depuis quelques heures et pourtant, c'est comme si la jeune femme se sent importante aux yeux de quelqu'un pour la première fois.
- Ça te dit que l'on aille se balader dans la ville ? propose le rouennais soudainement. Pas que je n'aime pas les bars, mais ça fait des heures que je suis assis.
- J'allais te le proposer, on pourrait visiter les rues plus anciennes ? Sauf si tu souhaites rentrer, tes amis doivent t'attendre... je suis désolée de gâcher un peu vos vacances, ils sont là pour profiter avec toi et-
- Et je pense que tu te poses beaucoup trop de questions, rit le blond en posant sa main sur celle de la plus jeune. Mes amis comprennent, et crois-moi, je suis tellement difficile à vivre que je suis certain qu'au fond, ça les arrange.
‐ Tu es si exécrable que ça ? taquine Hella en se levant finalement de sa chaise. Je vais aux toilettes, attends-moi ici deux petites minutes.
Pierre hoche la tête en la regardant quitter leur table. Un ange passe. Ce n'est pas Hella pourtant. Le français a un sourire jusqu'aux oreilles et cela fait bien longtemps qu'il n'en a pas eu un. Il n'eut pas le temps d'être confronté à ses pensées que la blonde revient des toilettes avec un sourire malicieux sur le visage.
Le châtain l'interroge du regard alors qu'elle hausse les épaules avant de le suivre jusqu'au comptoir, s'arrêtant trois mètres plus loin. Il tend sa carte dans le but de payer l'addition, mais le barman lui indique que quelqu'un est déjà passé pour payer. Il fronce les sourcils en remerciant le serveur avant de se retourner vers une jeune femme totalement hilare, qui se retourne vers la sortie, Pierre sur ses talons qui lui demande sans arrêt pourquoi est-ce qu'elle a payé son verre.
- Tu es très gentil, alors je me suis dit que j'allais faire chauffer ma carte bleue pour tes beaux yeux, répond-elle simplement alors que la température augmente considérablement dans l'air. On la fait, cette balade ?
À court de mots, le rouennais se contente de suivre la blonde qui tient son avant-bras fermement en lui faisant visiter tous les petits recoins de la ville dans laquelle ils sont entrain de se perdre. Ce genre de rencontre que l'on ne fait qu'une fois dans sa vie, le pilote est entrain de la vivre et il ne se rend pas compte de la perle qui lui tient le bras. Trop impressionné, il ne parvient même plus à parler alors que les lampadaires éclairant le visage enfantin de la jeune femme peuvent le faire tomber dans les pommes.
Hella s'arrête devant un fleuriste, qui malheureusement, à cette heure-ci, est fermé.
- J'adore les fleurs orange ! C'est une couleur tellement pure, comme le blanc. Tu ne trouves pas ?
Le cœur de Pierre se contracte suite à ces paroles. Le orange... évidemment que cette couleur présente une pureté. Il aurait apprécié enfouir les souvenirs qui commencent à remonter à la surface. Sa gorge nouée l'empêche durant plusieurs secondes de parler, mais il se reprend en voyant que la jeune femme a remarqué son moment d'absence.
- Il n'y a pas plus pur que le orange, tu as raison, sourit-il alors que la blonde est satisfaite de savoir qu'ils partageaient cette pensée.
- Ça ne te dérange pas de me suivre depuis tout à l'heure ? Je suis une vraie pipelette et ça fait longtemps que l'on marche. On pourrait aller à la plage !
Son enthousiasme et son hyperactivité font rire le normand qui lui répond que ce n'est pas un soucis puisque sa décision est d'avoir voulu passer la soirée avec elle. Hella le conduit alors à la plage, sur laquelle elle retire ses chaussures afin de sentir le sable se faufiler sur ses pieds. Il n'est plus chaud, le soleil ayant disparu depuis quelques heures, mais la sensation reste tout de même indescriptible. Hella adore la plage. Adore le sable. Adore la mer. Tout.
Lentement, elle s'assoit, et Pierre fait de même, ils écoutent en silence le bruit des vagues qui est réellement relaxant.
- C'est ce que je veux faire toute ma vie. Voyager et découvrir autant de belles choses. Je suis toujours à la recherche des plus incroyables merveilles du monde, et jamais je ne suis déçue.
- T'en as une à tes côtés, de merveilles du monde.
- T'es vraiment con, rit-elle en le poussant légèrement avec son épaule. Tu n'as pas de rêve, ou d'objectifs, toi ?
- Je suis en plein rêve déjà. Des objectifs, j'en ai, énormément, mais mon rêve, je le vis à cent pourcent parce que je sais qu'il peut s'arrêter à tout moment.
- Tu vis de ta passion pour le milieu de l'automobile alors ? C'est beau... tu travailles en tant qu'ingénieur, mécano, ou je ne sais quel autre métier ? Ça se trouve tu vends des voitures de luxe.
Pierre se gratte la tête, légèrement mal à l'aise de devoir lui avouer qu'il était pilote, et donc potentiellement une célébrité. Avec elle, il apprécie passer incognito, et même si cela n'est pas correct, il préfère inventer un mensonge plutôt que de lui avouer la vérité tout de suite. Peut-être le regrettera-t-il.
- Je travaille aux côtés des voitures oui, des monoplaces.
- Woaw, ça va vite ça non ? Je n'y connais rien à vrai dire.
- Très vite, même. Je pourrai t'en apprendre davantage si ça t'intéresse, propose le normand qui se frappe mentalement en ayant conscience qu'il allait s'enfoncer dans son mensonge.
- Ça serait avec un grand plaisir !
- Mais pas maintenant, il se lève et commence à retirer les boutons de sa chemise sous le regard interrogateur de la blonde. Quoi ? On est en vacances en Sicile, tu ne crois quand même pas que je ne vais pas profiter de la mer ?
- Il est plus de deux heures !
- Elle est passée où l'aventurière ? Effrayée peut-être ?
- Alors là... retire tout de suite ce que tu viens de dire, elle se lève à son tour et retire sa tenue, ne laissant que ses sous-vêtements sur elle.
Ils ne sont qu'en sous-vêtements, mais il fait tellement sombre qu'ils ne voient presque rien. Hella suit Pierre en courant jusqu'au bord de l'eau en riant. Ses pieds entrent en contact avec l'océan, et elle grimace en la trouvant quelque peu fraîche, même si ce n'est pas dérangeant puisque, si tard dans la nuit, la température n'a pas tant que cela chuté.
Soudainement, sans réellement comprendre ce qu'il se passe, elle sent quelqu'un lui faire un croche-pattes, la faisant tomber sur les fesses. Son corps sent bien la différence de fraîcheur, mais sa surprise se transforme directement en rire lorsqu'elle entend le français être totalement hilare. Son rire est communicatif, et ils ne savent pas combien de temps ils sont restés ainsi, lui les mains cramponnées sur son ventre tellement il riait, et elle se noyant presque dans trente centimètres d'eau alors que les larmes coulaient sur ses joues.
Tout le monde donnerait n'importe quoi pour vivre de tels moments, hors du temps et surtout, remplis d'insouciance.
Pierre tend sa main pour relever la blonde qui accepta volontiers. Ils avancent dans l'eau et ce fut donc au pilote d'avoir plus de mal à y entrer la totalité de son corps. Hella ne se gêne pas pour l'éclabousser sans discontinuer durant une trentaine de secondes, sous ses supplices. Fière de sa vengeance, elle arbore un sourire satisfait.
Le normand recrache l'eau qu'il a failli boire et lance un faux regard noir à la jeune femme. Il s'approche et la noie sans réfléchir. En remontant à la surface, Hella tousse en rigolant. Ils passent une quinzaine de minutes à se taquiner de cette manière avant de remonter vers leurs affaires, miraculeusement intactes. Personne n'est venu les voler.
La blonde jure en se regardant dans son téléphone.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
Hella allume sans répondre le flash de son téléphone et Pierre découvre les yeux de panda de la femme qui partage sa soirée, puisque son maquillage a coulé durant cette vingtaine de minutes dans l'eau. Il explose de rire une nouvelle fois en se moquant de la jeune femme qui elle, se plaignait sans réellement être dégoûtée. Ce n'est pas comme si cela ne lui était jamais arrivé.
- Attends je vais essayer de t'aider, fait le châtain en s'avançant.
Minutieusement et aidé de la lampe-torche du smartphone, il tente de réparer les dégâts causés par tous ces produits dont il n'a pas la moindre connaissance. Il essuie les traces de mascara sur ses joues et ses cernes, en vain. En se rendant compte qu'il avait littéralement empiré l'état du visage de la blonde, il repartit dans un fou rire, entraînant aussi Hella par la même occasion.
Ils rient de tout et n'importe quoi, et rien ne peut être aussi naturel et exquis.
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hello hello, voici le chapitre hebdomadaire, j'espère qu'il vous a plu ! moi je l'adore :)
bonne semaine à vous <3
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