chapitre dix-sept
DIX-HUIT JOURS.
Dix-huit jours que les deux amants se sont quittés sur ce sol italien, devant la maison de tous leurs souvenirs. Dix-huit jours que la jeune femme attend avec désespoir un signe de vie du normand autre qu'à travers ses réseaux sociaux et les informations que veut bien partager Matteo, avec qui elle a gardé un proche contact depuis leur rencontre en Sicile.
C'est une véritable désillusion pour la blonde. Ses pensées se sont confondues bien des dizaines de fois, elle a cogité durant des heures à fixer son plafond afin de savoir si le problème venait d'elle, de son cœur.
Ou bien tout simplement des peurs du français.
À croire qu'Hella aime avoir mal. L'amour la tue, mais la fait vivre. Sérum et venin à la fois.
Elle grimpe sur le toit de son immeuble, pensive. A-t-elle loupé quelque chose d'important aux yeux du français ? Qu'est-ce qui ne va pas chez elle ? Pourquoi ? Pourquoi ?
La jeune femme empêche les larmes de quitter ses yeux une énième fois. Alors qu'une sonnerie de téléphone la sort de sa rêverie.
Justement, elle croit rêver en apercevant le prénom de celui qu'elle attend depuis pratiquemment trois semaines. Tellement addict, tellement accroc, tellement droguée par cet homme qu'elle a même suivi ce sport dont elle n'avait jamais entendu parler auparavant.
Spa Francorchamps. Anthoine Hubert. Dernier secret du rouennais. Il avait mentionné vaguement un meilleur ami, plus de ce monde. Maintenant, les morceaux du puzzle sont récoltés. Il est terminé. Sa crainte principale, est l'ombre de cet homme parti bien trop tôt.
Hella se promet, en décrochant, de paraître énervée et déçue de ne pas avoir eu de nouvelles plus tôt.
- Pierre ! J'attendais ton appel, je suis heureuse de t'entendre ! pari perdu. Regarde comme Helsinki est magnifique, il faut que je te fasse visiter la ville, j'ai hâte que tu découvres mon pays et-
- Hella je... je pense que c'est mieux que l'on arrête de se voir.
La finlandaise stoppe tout mouvement. Peut-être a-t-elle cru mal entendre. Pourtant, le regard peiné du normand trahit le réalité de ce début d'appel.
- Excuse-moi ?
- C'était vraiment sympathique ces deux semaines avec toi, mais je ne pense pas vouloir continuer à te côtoyer.
- Mais, Pierre, je... je ne comprends pas.
Désillusion des plus totales.
Deux âmes sœurs, les yeux dans les yeux et pourtant, condamnés à se détruire car la peur est le sentiment le plus puissant, emportant tout sur son passage.
- Je pense qu'il n'y a pas plus à comprendre Hella.
- Donc tout ce que l'on a fait, ce que l'on a vécu, nos ressentis, nos sentiments, tout n'était que du vent ?
- Exactement.
L'incompréhension qui se lit sur le visage de la blonde est comme un coup de couteau qui s'enfonce dans l'abdomen du français.
Il a mal à en crever.
La peur le laisse le guider, et la douleur passe au second plan.
- Tu t'es réellement joué de moi de A à Z, elle rit amèrement. Comment est-ce que tu peux encore te regarder dans un miroir après m'avoir balancé ces mots en pleine face ?
Il ne peut plus regarder son reflet depuis bien longtemps déjà.
Son silence pousse Hella à déblatérer des propos qui ne plaisent pas au pilote. Néanmoins, il encaisse le coup. Violemment. Son choix est fait, il protège la jeune femme, quitte à se perdre lui-même et la perdre à la fois.
- Je voulais me divertir pendant mes vacances, rien de plus.
Ces mots brûlent, irritent sa gorge lorsqu'il les prononce.
Peur.
Peur.
Peur.
Sentiment destructeur.
- Je ne te crois pas. Je ne peux pas penser une seule seconde avoir été ta marionnette durant des jours entiers. Ce n'est pas toi en face de moi, tu n'es pas le Pierre que j'ai connu.
- Je suis désolé Hella.
- Je t'aurais jamais fait ça. Moi je t'aurais pas abandonné à la moindre occasion comme les autres, mais ça t'as jamais su le voir. T'as juste vu l'extérieur, t'as jamais fait attention à ce que je songeais de toi. Tu pensais juste à ce que je représentais, pas ce que j'étais.
- Je voulais pas en arriver là et tu le sais très bien. Mais tu t'es fait des films sur tout ce qu'on a vécu.
- Des films ?! Pierre tu m'as présenté à ton meilleur ami, tu m'as raconté tous tes problèmes, tu t'es confié, tu as pleuré dans mes bras sans jamais m'avoir demandé si- oh. J'ai compris.
Pierre fronce les sourcils, ne sachant que répliquer.
- T'avais juste besoin d'un pansement. Écoute Pierre si tu te sens autant mal dans ta peau faut que tu ailles consulter au lieu de briser les espoirs des personnes qui t'entourent. Au moins tu auras une conscience un peu plus tranquille.
- Hella je-
- Ne me parle plus. Évidemment que t'avais besoin d'être aimé parce que t'as juste peur ! T'es juste effrayé de tout perdre et tu sais quoi ? Tu as encore tout perdu en essayant de te vêtir d'une fausse carapace. Regarde où ça te mène. Rien.
Silence.
Parce que la peur a vaincu. Dans le Cheval de Troie qui perce la forteresse, il n'y avait que l'appréhension. La crainte. La terreur, qui ronge les âmes.
- Je sais pas quoi te dire Hella.
- Bonne continuation à toi, elle soupire en ne souhaitant plus poser un seul regard sur lui. J'espère sincèrement que tu parviendras à vaincre tous tes démons avant qu'ils ne te détruisent réellement.
La jeune femme raccroche. Un sanglot éclate. Qu'elle essaie d'enfouir au plus profond d'elle mais impossible. L'amour est bel et bien présent dans son cœur. Il est trop tard.
Pierre souffre de tant de départs. Il panse ses souvenirs et tente de guérir ses plaies. Échec. Il essaie d'apprendre vivre avec. Échec.
Hella n'a pas su se faire une place parmi ces blessures. Les fêlures profondes, bien trop profondes. Vide abyssal, elle s'y noie.
Le normand ne s'attendait pas à rencontrer une femme aussi irréelle que Hella. Hella, chance, bonheur. Signification qui lui correspond. Différente des autres. Il en a été effrayé. Il a tout gâché.
Quand la peur commence à contrôler les faits et gestes d'un individu, rien n'est plus dangereux. Sa gueule d'ange heureuse n'a rien pu face à l'effroi de tout perdre.
Il l'a cherché.
Hella voudrait hurler sa peine. Assise sur le toit de son immeuble surplombant Helsinki, elle observe le soleil qui ne disparaît que peu de temps en ce début de mois de septembre.
Recroquevillée sur elle-même et emmitouflée dans un sweat bien trop immense pour son corps frêle, la blonde admire les couleurs orangées. Sa couleur favorite qui à présent, lui rappelle tous ses malheurs.
Hella aimerait jeter son cœur d'une quinzaine d'étages. Peut-être que sans, elle aurait moins mal.
Pour l'instant, elle se contente de jeter les bouts d'eux, afin que ce nous cesse d'exister. De jeter les morceaux fracturés de la mosaïque, que Pierre a bien trop fragilisé pour que cela soit réparé.
Elle souffre.
Souffre d'avoir été si naïve.
Souffre d'être encore si faible pour cet homme.
Pourtant, elle souffre pour lui. De le savoir détruit lui aussi. Hella sait que le normand s'est protégé en la laissant aussi brutalement. Elle n'est pas dupe, puis surtout, Matteo le lui a avoué.
Mais Hella est habituée. Les hommes viennent toujours la butiner avant de la délaisser pour se faner esseulée. Telle était la rude répétition de son histoire.
Il fallait se rendre à l'évidence... août est passé à une vitesse hallucinante, pourtant, jamais il n'avait été sien, et jamais elle n'avait été sienne.
cause she was sunshine he was midnight rain
she wanted it comfortable he wanted that pain
□□□
VOILÀ, le dernier chapitre avant l'épilogue. je dois avouer être heureuse de revenir à ce qui me correspond le plus : les sad end ! j'en ai énormément écrite entre mes 13 et 15 ans donc là ça me fait tout drôle !
je travaille fortement sur un projet qui va arriver dès début janvier je pense, j'espère qu'il vous plaira autant que vous a plu august.
il reste l'épilogue, et le bonus !!!
-alcools
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