chapitre deux

HELLA PROFITE DE ses dernières heures de pause avant son prochain service pour lézarder au soleil, sur sa serviette, en compagnie de sa crème solaire et de son fidèle livre Le Soleil et ses fleurs de l'auteur Rupi Kaur. Cette œuvre transporte tellement la jeune femme qu'elle pourrait le relire des centaines de fois. Tout simplement car ses mots sont si réels et si douloureux parfois. Aucun adjectif ne pourrait décrire de livre selon elle, mis à part 'splendide'. Concentrée dans sa lecture, la blonde ne voit pas l'heure tourner. Il est bientôt l'heure de plier bagage afin de se préparer pour le service du soir.

Plongée dans les mots de Rupi Kaur, Hella sursaute violemment lorsqu'une balle vient se loger à ses côtés, faisant virevolter doucement le sable autour d'elle. Son cœur bat à vive allure : elle ne s'y attendait pas du tout. Elle se retournd alors et prend le ballon, croisant alors le regard d'un jeune homme torse nu, plein de sueur -certainement dû à cette balle qui le fait courir de partout-. Il reste bloqué comme un robot en face d'elle. Hella l'observe alors. Des cheveux châtain, des yeux clairs magnifiques et envoûtant, une barbe parfaitement taillée...

Ses yeux s'agrippent au moindre trait de son visage.

la finlandaise se racle la gorge pour ramener à réalité, et l'inconnu, et elle-même.

- Je suis navré pour le ballon, je voulais pas vous faire peur, bafouille-t-il brièvement.

- Pas de soucis, j'ai le sursaut facile. elle lui sourit gentiment en lui jetant la balle, qu'il peine à rattraper.

Elle lui jete le ballon et le rattrape maladroitement, arrachant un rire à la blonde qui se retourne finalement pour continuer sa lecture.

Cet inconnu l'a quelque peu perturbé. Impossible de continuer sa lecture, son visage reste ancré dans son esprit et ne veut pas y sortir.

Atomes crochus.

Hella geint en se demandant pourquoi, mais elle n'a pas pu trouver de réponse puisqu'il est vraiment temps pour elle de rentrer à son appartement afin de se préparer pour son service du soir. Son patron lui a dit que ces prochains jours, elle allait certainement travailler plus, mais cela veut également dire que pendant quelques jours elle sera pratiquement tranquille alors... c'est un mal pour un bien. Puis la jeune femme aime bien ce métier, enfin seulement quand les clients sont aimables.

Ce soir, Hella s'occupe du bar, qui donne une vue imprenable sur la mer. C'est le parfait cliché du bar/restaurant au bord de l'eau qui attire tous les touristes. Pour son service, elle court de partout. À la fin de celui-ci, elle croit apercevoir une silhouette ne lui étant pas inconnue, et en se concentrant légèrement, elle reconnaît l'homme au ballon d'il y a quelques heures. Il est toujours aussi somptueux, songe la blonde, mais elle chasse ces pensées de son esprit, devant rester concentrée pour performer : il y a énormément de monde et elle n'a pas le temps de rêvasser.

Hella est déçue de ne pas travailler dans la partie du bar-restaurant où se trouve l'inconnu. Peut-être une autre fois.

Ce fut sa dernière pensée le concernant pour la soirée.

□□□

Le lendemain, le même schéma se répète pour Hella. Enfin, presque. L'exception est qu'elle a travaillé entre midi et seize heures aujourd'hui -en faisant la plonge du déjeuner- et que grâce à cela, elle a pu avoir sa fin d'après-midi avant de travailler ce soir. La blonde a donc réitéré sa séance de bronzage sur la plage, et elle doit avouer qu'en apercevant le bel inconnu de la veille, elle a innocemment posé sa serviette non loin de lui.

Forcer le destin.

Prétendant être concentrée sur sa lecture, elle trouve toujours un moyen de l'observer, les lunettes de soleil sur le bout de son nez.

Pierre a remarqué au bout de quelques minutes que la belle inconnue de la veille était de nouveau sur cette plage. Avec la même serviette, le même livre. Comme si la journée d'hier avait recommencé. Un jour sans fin. Alors qu'il joue encore et toujours au même jeu avec ses amis, il fait exprès - évidemment sans le montrer- d'envoyer de nouveau le ballon du côté de la blonde qui sursaute de nouveau. Les garçons rient du stratagème du pilote et l'observent naïvement aller récupérer le ballon auprès de la blonde, qui sourit.

- Décidément, vous devriez changer de jeu, vous manquez de technique balle au pied, taquine Hella alors que le français rit.

- Je suis vraiment désolé, il se gratte l'arrière de la tête, embarassé. Écoutez, pour me faire pardonner... je peux vous inviter à boire un verre, ce soir ?

Au moins, c'est direct. La jeune femme rit doucement, surprise de la façon dont le jeune homme en face d'elle s'y prend. Elle trouve cela vraiment mignon de sa part à vrai dire.

- Je serais ravie d'accepter cette proposition. Après tout, j'aurais pu être blessée avec ce ballon, alors c'est la moindre des choses. Mais je ne suis pas libre ce soir, je travaille. Par contre vous pouvez venir avec vos amis, je pourrais vous servir. Je termine mon service à minuit, si jamais.

Ils rient doucement et le rouennais accepte cette proposition. C'est moins que rien, après tout cette inconnue aurait parfaitement pu refuser. On peut dire que cette demande fait gros dragueur mais Hella ne l'a pas pris ainsi, alors tant mieux pour lui. La blonde est toute heureuse alors que le pilote a à présent le dos tourné, après avoir récupéré son ballon. Il rougit légèrement en voyant les regards moqueurs de ses amis.

- J'en connais un qui va nous abandonner ce soir, déclare Pyry en prenant le ballon des mains de Pierre.

- Même pas ! Elle travaille. Mais on va à son bar ce soir, c'est non négociable.

- Dis donc Pierre, tu veux vraiment pas perdre de temps, rit Ilies avant de se faire frapper l'épaule par le français.

En même temps, il n'a pas tort. Pierre a tout de suite été attiré par la jeune femme à la chevelure blonde, et après tout, il est venu ici pour profiter, alors pourquoi refuser ce genre d'opportunités ? Le soir-même, les trois amis se retrouvent au bar, à boire un verre tranquillement, dans la joie et la bonne humeur. La blonde les a servi avec énormément de gentillesse et elle et lui se sont échangés quelques jeux de regard tout au long de la soirée.

Minuit et demie sonnait, cela doit faire une petite demie heure que Hella a terminé son service, et Pyry et Ilies viennent tout juste de partir, prétextant être bien trop fatigués pour prolonger cette soirée. Mais en tant que bons amis, ils ont préféré laisser le pilote avec celle qui le fait tourner en bourrique depuis la veille. Enfin, la jeune inconnue ne daigne toujours pas pointer le bout de son nez, et semble savoir de quelle façon se faire désirer. Pierre patiente en jouant avec la paille dans son verre, ne sachant que faire d'autre : sans doute avait-elle oublié, volontairement ou non. À deux doigts de quitter le bar après avoir bu d'une traite le reste de sa consommation, contrarié, son espoir refait surface en la voyant marcher vers lui, un immense sourire aux lèvres.

Le rouennais la détaille avec précision et s'amuse de la situation : ce n'est pas tous les jours qu'une magnifique blonde accepte de boire un verre en sa compagnie, d'autant plus après avoir pratiquement reçu un ballon sur elle.

- Je suis vraiment navrée, j'ai été retardée car il y a eu de la casse avec des clients... je ne t'ai pas trop fait patienter ?

- Non c'est bon, ment-il en gratifiant sa réponse d'un sourire. Tu... tu veux t'asseoir, ou aller autre part ?

- Je t'avouerai que je connais ce bar sur le bout des doigts, alors un peu de nouveauté ne me déplairait pas.

Le pilote hoche la tête et précisa à la jeune femme qu'il allait payer sa consommation et qu'il reviendrait dans deux petites minutes. Hella ne put s'empêcher de sourire en l'admirant, de dos. La blonde a eu des aventures avec des étrangers lors de ses escapades aux quatre coins du globe, mais elle doit avouer que jamais, ô grand jamais elle n'est tombée sur un homme avec tant de charisme, de charme. Ils partent ensuite pour un tout autre bar, à quelques minutes à pieds de l'endroit où ils se sont retrouvés. Pierre est quelque peu timide et ne sait pas réellement comment aborder la jeune femme mais bien heureusement, elle est tout à fait à l'aise et sait détendre l'atmosphère. Ils vont passer une bonne soirée. Du moins, chacun l'espère.

Arrivés dans un autre bar de nuit non loin de la côte, ils s'installent et commandent avant de discuter de tout et de rien. C'est si naturel entre eux que c'en devient perturbant. Hella rit aux éclats alors que Pierre raconte quelques anecdotes sur des choses banales en rapport avec ses amis. Son rire cristallin lui donne envie de la faire rire encore et encore et le pilote ne s'arrête plus. C'est ce qu'il aime le plus : amuser la galerie tant qu'il le peut, et ce soir est une pure réussite. Pourtant, cela ne fait qu'une minuscule quinzaine de minutes qu'ils sont attablés dans ce bar de nuit italien, et il a l'impression que cela fait des heures. Le rouennais ne peut s'empêcher de se dire qu'il est tombé sur une femme incroyablement positive, heureuse et sans prise de tête. Cela lui change de ses dernières compagnes.

- Au fait, tu ne m'as pas dit ce que tu faisais dans la vie ! demande la blonde en sirotant son cocktail.

- Je travaille dans le milieu de l'automobile, mais c'est pas très intéressant tu sais... parle-moi plutôt de ce que tu fais, toi.

Hella fronce les sourcils en remarquant qu'il s'est montré relativement évasif sur le plan professionnel, mais elle ne relève pas et se contente de répondre à son tour.

- C'est plutôt spécial... à vrai dire je n'ai pas de job défini, j'ai toujours détesté les études et adorant découvrir le monde, je me suis lancée dans 'travailler toute l'année pour visiter des pays l'été'.

- Attends mais c'est incroyable ! En fait tu voyages tout le temps, ça doit être vraiment dépaysant.

- C'est clair ! J'adore arriver dans un pays que je connais à peine, c'est toujours prendre conscience des différents modes de vie des autres... je n'échangerais ma place pour rien au monde.

- J'aurais tellement aimé faire ça si je n'avais pas fait le métier que je fais.

- Tu parles de ton métier comme s'il était barbant, j'espère que tu ne l'as pas choisi par défaut en tout cas.

- Non, détrompe-toi, c'est ma passion, Hella sourit en voyant les étoiles dans les yeux du français, et comme pour toi, je n'échangerais ma place pour rien au monde.

- Je viens de penser... on ne s'est même pas présenté ! Je m'appelle Hella.

- Enchanté Hella, moi c'est Pierre. Tu viens d'où ?

- C'est compliqué... je suis né à Helsinki, mais j'ai déménagé un peu partout, dont Montpellier en France.

- C'est pour ça que tu parles aussi bien français.

- Merci pour le compliment. Et toi, tu viens d'où ?

- De Normandie, je sais pas si tu connais.

- Si c'est l'endroit où s'est passé le débarquement pendant la Seconde Guerre Mondiale, alors je connais, merci les cours d'histoire, rit-elle en faisant tourner la paille dans son verre. Mais je n'ai jamais visité.

- C'est le plus bel endroit sur cette Terre, pour rester modeste.

- Je te crois !

Hella sourit en voyant la mine du blond, qui semble adorer l'endroit où il a passé son enfance. Elle aussi aurait adoré pouvoir parler ainsi de sa ville, Helsinki, mais elle l'a quittée alors qu'elle n'avait que neuf petites années. Les souvenirs sont moindre dans sa mémoire, mais la blonde garde nombreuses anecdotes et des rêves plein la tête des autres pays visités. Heureusement que ses parents sont retournés en Finlande à ses dix-sept ans. C'est la meilleure décision qu'ils aient pu prendre depuis des lustres. 

□□□

j'ai oublié une petite précision dans le chapitre précédent : aïti veut dire "maman" en finnois, et vauvani veut dire "mon bébé" ;)

j'espère que vous allez bien ! personnellement très choquée encore des événements de suzuka, mais je ne reviendrai pas dessus puisque nous somme tous d'accord sur le sujet. passez une bonne semaine, et à dimanche prochain ! <3

-alcools

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