c h a p i t r e q u a t o r z e
CATERINA AVAIT ÉVIDEMMENT, sans broncher, accepté la demande d'Amalia. Elle avait lâchement abandonné son copain afin de faire les boutiques dans le centre-ville de São Paulo. La jeune femme était tellement heureuse d'avoir assez d'argent pour se faire plaisir de cette façon. Elles avaient passé le reste de l'après-midi à rigoler et choisir une belle tenue pour le soir-même, avant de se quitter pour rentrer dans leur hôtel respectif.
Vêtue d'une robe satinée rouge et de talons noirs, elle se sentait plutôt jolie dans celle-ci, ce qui lui changeait de d'habitude. Elle se contemplait dans le miroir sous tous les angles, heureuse de voir qu'elle s'aimait enfin dans un quelconque vêtement. Quelques cicatrices étaient apparentes sur ses cuisses, mais seulement si on y faisait attention. Pour ses bras, dénudés pour la première fois depuis longtemps, elle décida de camoufler tout cela avec du fond de teint, trop honteuse encore.
Elle avait du mal à assumer, mais continuait à espérer qu'un jour, elle en fasse une force, de tous ses combats remportés petit à petit. Les obstacles devenaient moins importants, plus faciles à traverser grâce à l'aide de certaines personnes. Même s'il en restait un majeur qui était problématique.
Une fois prête, elle regarda son téléphone, pile vingt heures, Charles allait toquer à sa porte d'une minute à l'autre -de toute manière ils étaient voisins de chambre-. Justement, la jeune femme entendit des coups à sa porte et il ne lui fallut pas longtemps pour arriver jusqu'à l'entrée afin d'ouvrir à son ami. Le monégasque se tenait devant elle, ajustant sa chemise sans regarder, pour le moment, la jeune femme.
- J'espère on va pas être-
Le regard du brun bloqua sur la franco-italienne, qu'il détaillait de la tête aux pieds. Il la trouvait absolument magnifique et dans son ventre, un festival immense. Émerveillé, il peinait à finir la fin de sa phrase, ce qui fit rire Amalia. Gênés, ils se regardaient dans les yeux, semblant démarrer un duel de regard alors que plus rien n'existait autour d'eux. Les yeux pétillants, ils se regardaient d'un regard qui voulait tout dire... mais ils le niaient, comme toujours.
- Tu es... magnifique.
- Merci ! Je l'ai achetée avec Caterina cette après-midi.
- Ah c'est pour ça que Pierre râlait quand Caterina s'est absentée ?
- On peut dire ça oui.
- Bon... on y va ? Demanda Charles en se raclant la gorge.
- ...oui ! oui oui allons-y.
Les deux jeunes adultes riaient nerveusement avant d'essayer de reprendre une conversation quelque peu normale en se rendant vers le restaurant où tous s'étaient donnés rendez-vous.
Dans la voiture, l'atmosphère était tendue entre les deux amis. Mais de manière positive. Sans aucun doute, le monégasque semblait désirer la jeune femme. Il l'aimait tellement, et ces semaines côte à côte ont consolidé cette attache qu'ils avaient déjà l'un pour l'autre. Arrivés au restaurant, tout le monde se retrouva afin de passer un bon moment. Charles et Amalia s'étaient retrouvés à l'opposé l'un de l'autre : le premier aux côtés de Pierre et ses amis, et la dernière avec Lando et Carlos.
Avec ces deux-là, elle était sûre de passer une bonne soirée en tout cas. Tout le long du repas, les deux amis n'arrêtaient pas de se lancer des regards. C'était ce qui avait changé entre eux depuis quelques heures. Ils ne se regardaient plus du tout comme avant. Caterina, assise un peu loin de la jeune femme, donna un coup de coude à son copain pour observer ce qu'il se passait entre les deux. Hystériques, ils contenaient leur joie pour ne pas griller les deux amis qui roucoulaient à distance.
Pierre était à deux doigts de vanner son ami, mais, trop respectueux, il ne le fit pas. Le repas terminé, toute la troupe décala en boîte de nuit, dont l'ambiance était quand même bien différente du Japon. Toujours dans le coin vip évidemment, -ils avaient la chance de ne l'avoir que pour eux ce soir- Amalia faisait la conversation avec Lando et Carlos, ses compères de la soirée. Des petits groupes s'étaient créés, éparpillés un peu partout dans le carré.
Amalia avait peur que la situation avec Lando soit confuse, ou un peu gênante, mais finalement faire comme si rien ne s'était passé était largement plus simple. En attendant elle riait jusqu'aux larmes avec le duo de chez Mclaren. Ils formaient le duo parfait et les voir se chamailler à longueur de temps était hilarant. La jeune femme fronça les sourcils, lorsqu'elle aperçut Pierre marcher d'un pas déterminé vers elle.
- Désolé, je vous l'emprunte, c'est une mission de la plus haute importance, fit-il aux deux pilotes l'accompagnant. Question de vie ou de mort.
Il la prit par le bras avant de la conduire à l'opposé du coin vip, et de la faire s'asseoir juste à côté du monégasque. Elle fit les gros yeux à son ami, qui alla piquer sa place aux côtés de Lando et Carlos, qui faisaient un cœur avec leurs mains pour embêter la jeune femme, comme deux enfants.
Très proches, ils se regardaient sans rien dire avant que Charles ne lui propose un verre, qu'elle accepta sans broncher. Le shot avalé, elle se sentait tout de suite plus en confiance. Ils étaient tellement timides l'un envers l'autre que cela en devenait plutôt mignon. Jamais ils ne s'étaient comportés ainsi et de l'extérieur, Pierre, Lando et Carlos se retenaient d'exploser de rire face à la situation.
Finalement, le brun trouva un moyen simple d'engager la conversation. Ils n'allaient pas non plus passer toute la soirée à se regarder dans le blanc des yeux. Il la faisait rire, et inversement, ils parlaient de tout et de rien en enchaînant quelques verres sans même s'en rendre compte. Il fallait bien fêter la victoire de Charles après tout.
Discrètement, Amalia se rapprocha du pilote. La chaleur montait dans la boîte de nuit, alors qu'ils se regardaient dans les yeux, un immense sourire greffé sur le visage.
Il n'en fallut pas plus au monégasque pour écraser ses lèvres sur celles de la brune, signe de délivrance. Ils attendaient ce moment depuis si longtemps, inconsciemment. La jeune femme profitait de chaque instant que ce baiser pouvait lui donner, alors que sa main se posait sur la joue du jeune homme. Elle sentit des mains maintenir ses hanches afin de la rapprocher un peu plus, mais elle se recula vivement en entendant les cris des autres pilotes, ayant vu l'intégralité de la scène.
Ils se regardèrent dans les yeux, ne semblant pas vouloir sortir de leur bulle de bonheur. Les yeux pétillants d'amour, ils pouvaient littéralement se manger du regard, alors que tous les amis des deux jeunes adultes hurlaient dans le carré vip comme des enfants. Ce qui valut un doigt d'honneur de la part du brun avant qu'il n'embrasse la jeune femme de nouveau.
Pas de doute, l'alcool avait enlevé toute timidité. Jamais l'un des deux n'aurait osé faire le premier pas sinon.
D'ailleurs, Amalia se leva et prit la main de Charles pour l'inviter à danser au milieu de la foule, hors de l'endroit dans lequel ils étaient. Elle voulait se mêler à la foule et ne pas rester seulement avec les amis de Pierre et les pilotes. Certains adhérèrent à l'idée, d'autres restaient discuter dans le carré.
Charles et Amalia s'adonnaient à une danse enflammée sur la piste parmi tous les corps transpirant de la boîte de nuit. La fumée sortit de nulle part et, hilares, ils s'embrassèrent encore et encore sans se soucier d'un lendemain. L'instant présent était primordial, et ils étaient sur leur petit nuage, c'était tout ce qui importait. Sentir les mains du monégasque serrer ses hanches lui procurait des frissons dans l'intégralité du corps, alors qu'elle sentait qu'elle lui faisait le même effet, lorsque ses mains se posèrent dans sa nuque.
- On rentre ? Proposa le brun à la jeune femme, qui hocha la tête vivement.
Ils retournèrent chercher leurs affaires et ne manquèrent pas de prévenir le reste de la troupe. Pierre et Lando adressaient un sourire moqueur à Amalia, qui tira la langue en rigolant. Sortis de la boîte, main dans la main, ils retrouvèrent la voiture de Charles afin de rentrer à l'hôtel. Il conduisait alcoolisé, ce qui était évidemment totalement inconscient, mais des erreurs dans la vie, malheureusement tout le monde en faisait.
Ce qui ne justifiait en rien son inconscience, bien évidemment. Par chance, ils arrivèrent à l'hôtel indemne et passèrent par l'ascenseur pour aller plus vite au cinquième étage. Alors que le monégasque allait prendre possession des lèvres de la jeune femme, il se stoppa net en voyant une autre personne dans l'ascenseur. En se raclant la gorge, ils se regardaient en se retenant d'exploser de rire, nerveusement. Ils s'arrêtèrent bien rapidement et cette fois-ci, Charles ne perdit pas une seconde de plus.
Il la conduisit dans la chambre de la brune qui lui avait donné ses clefs, puisqu'elle était la plus proche dans le couloir, et il jurait en essayant d'ouvrir la porte alors qu'Amalia embrassait sa joue vigoureusement. Enfin dans la chambre, le pilote arracha un rire à la franco-italienne en la portant délicatement avant de l'allonger sur le lit. Peut-être allaient-ils regretter leur acte. Peut-être pas.
Peut-être auraient-ils voulu être sobres pour l'effectuer. Ils n'avaient pas la décence d'esprit de se poser toutes ces questions, ils n'étaient pas en état de penser. L'alcool faisait vriller leur cerveau, et Amalia perdit toute once de réserve ou de timidité grâce à ses amphétamines. Tout était aligné pour que cette soirée se termine ainsi. Ils avaient inconsciemment passé la probable meilleure nuit de leur vie. En espérant qu'aucun des deux ne l'oublie.
***
L'aube pointait le bout de son nez alors que Charles caressait la peau nue de celle qui partageait son lit, profondément endormie. Elle semblait apaisée. Ses traits autrefois crispés -notamment le jour de leur rencontre- s'étaient adoucis, lentement. Le monégasque contemplait la jeune femme, plein de regrets. Il n'aurait pas dû. Elle allait finir par être blessée, comme tout son entourage.
Cependant, Amalia ne pouvait pas être blessée d'une manière ou d'une autre. C'était la dernière chose que Charles souhaitait. Il ne s'en remettrait pas. Il avait perdu ou blessé tant de monde ; Jules, son père, Anthoine, Giada, Pierre. Tout était de sa faute. Et la jeune femme avait bien assez souffert pour que le monégasque gâche tout. Il profita des derniers instants à ses côtés pour imprimer son doux visage dans sa mémoire.
Discrètement, il s'extirpa du lit, se rhabilla, prit toutes ses affaires et s'en alla. Comme un idiot. Mais un idiot qui pensait bien faire. Sauf qu'il était tellement maladroit.
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Vous pensiez vraiment que tout serait aussi simple ? :) j'espère que vous allez bien ! déçue de ne pas avoir pu regarder pleinement silverstone ce week-end, d'ailleurs j'attends le replay de la course avec impatience, il me manque les 10 derniers tours à regarder...
à demain !
-alcools
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