c h a p i t r e d i x - s e p t
□SUJETS SENSIBLES□
CHARLES DÉGLUTIT EN apercevant Pierre aux côtés des autres pilotes, qui discutaient entre eux de la situation. Il avait l'air très inquiet puisque personne ne savait ce qu'il se passait à l'intérieur du stand. Le monégasque tenta de sécher ses larmes avant d'aller à leur rencontre.
- Charles bordel ! Qu'est-ce qu'il se passe ? Où est Amalia ? fit Pierre en se rapprochant de son ami.
Ce fut à ce moment que le corps inanimé de la jeune femme, placée sous masque à oxygène sur le brancard, apparut à l'œil de tous, dont le français qui n'avait pas mis longtemps à reconnaître son amie. Pris d'une colère injustifiée, il poussa son ami qui recula de quelques pas, forçant les autres pilotes à calmer le jeu, qui regardaient la scène, stupéfaits.
- Qu'est-ce que t'as fait ?!
- Je n'ai rien fait ! On discutait et elle a fait un arrêt cardiaque. Je ne sais pas comment, ni pourquoi.
- Elle a peut-être des antécédents concernant une substance illicite, non ? Elle aurait très bien pu faire une overdose, donc un arrêt cardiaque, ça serait possible puisque sinon les avc sont plus rares quand on est jeune, suggéra Lewis, qui sans le savoir, avait tapé dans le pile.
- Impossible, elle aurait pas pu faire ça... démarra Pierre, sûr de lui. Oh merde. Le motorhome.
- Quoi le motorhome ?
- Hier avant d'aller aux séances de qualification elle mettait du temps à sortir, et quand elle est sortie j'ai remarqué qu'elle tremblait un peu, et en la regardant dans les yeux j'ai remarqué que ses pupilles étaient dilatées. Mais j'ai même pas relevé...
- T'as pas à t'en vouloir Pierre, déclara Daniel en posant une main sur son épaule, ce genre de personnes sont très discrètes et souvent personne ne remarque leur mal-être.
- Je vais fouiller dans ses affaires pour voir si ce que Lewis a pu supposer est vrai, fit le français. Charles, tu devrais aller à l'hôpital. T'es la seule personne qui lui reste.
- Je viens avec toi, fit Lando en se positionnant aux côtés du monégasque.
- Tenez-nous au courant, termina Carlos, mettant d'accord tous les pilotes.
Les trois jeunes pilotes hochèrent la tête avant partir de leur côté. L'anglais avait imposé sa présence, puisqu'il sentait que Charles, même s'il le niait, avait besoin de quelqu'un sur qui compter. Et puis, conduire dans cet état était certainement une mauvaise idée.
La route fut longue jusqu'à l'hôpital le plus proche, dans la capitale. La jambe de Charles avait tremblé tout au long du trajet, il avait rongé ses ongles presque jusqu'au sang, mordu l'intérieur de ses joues... mais rien ne l'avait détendu. Une fois la voiture garée sur le parking, les deux amis se précipitèrent dans l'hôpital.
À l'accueil, une femme aimable, qui offrit un sourire compatissant au monégasque avant d'indiquer où se trouvait Amalia. Elle était aux soins intensifs, donc impossible pour eux de la voir. Ils décidèrent d'attendre afin d'avoir des nouvelles d'elle le plus rapidement possible.
Lando faisait les cents pas dans le couloir, pendant que Charles attendait patiemment, assis à même le sol. C'était un sentiment de déjà vu beaucoup trop flagrant.
Le brun regardait son téléphone en souriant bêtement. Une photo prise par la jeune femme d'eux deux, la veille du grand prix du Japon. C'était il y a si longtemps mais en même temps non.
C'était bête à dire, mais le temps passait vite à ses côtés. Cependant, le monégasque avait bien trop de traumatismes, et elle aussi. Tout était voué à l'échec. Mais c'était ainsi. Les belles histoires avaient toujours les fins les plus douloureuses. Néanmoins, le pire dans tout ça, c'était que la leur n'avait même pas débuté.
***
Un mal de crâne envahit soudainement la jeune femme. Retrouver des sensations. Sentir ses doigts bouger un peu. Une voix lointaine l'appeler, mais n'entendre que des bourdonnements lui martelant la tête. La lumière l'aveugla légèrement, et après quelques minutes à s'habituer, elle ouvrit enfin les yeux, doucement. La première personne qu'elle vit, fut Charles.
Et toute la discussion lui revint en tête. Les larmes coulèrent à flots sur son visage pâle, alors que le brun la regardait, impuissant.
Après s'être calmée, elle demanda au brun de venir un peu plus près. Plein de culpabilité, -alors qu'il ne devrait pas- il rapprocha sa chaise pour s'asseoir aux côtés de la jeune femme, qui murmurait.
- Je suis désolée.
Ces paroles suffirent au jeune homme pour fondre en larmes. Il était à bout, physiquement comme mentalement. C'était la descente aux enfers.
- Ils t'ont fait un lavage d'estomac, t'ont réanimé trois fois, et tu es encore là. Indemne, après une overdose à l'héroïne. Pourquoi avoir caché tout ça ?
- J'étais dépendante aux amphétamines d'abord, depuis fin août. Ensuite je me suis sevré et j'ai commencé après mon retour à Paris l'héroïne. Mais j'ai dû m'en injecter un peu trop. C'est honteux d'en parler, tu avais déjà bien des problèmes et je ne voulais pas t'en apporter d'autres.
- Pierre a trouvé ton matériel. Il a tout jeté à la poubelle.
- Ça m'avait coûté cher...
- Oui ça a failli te coûter la vie ! Ça fait trois jours que tu es inconsciente Amalia, ça fait plus de soixante-douze heures que j'attends dans le couloir ou dans ta chambre, avec Lando et Pierre.
Ils se regardaient sans un mot, avec toute la douleur du monde dans les yeux. La mine épuisée de Charles mettait les larmes à la jeune femme, alors que son teint pâle retournait l'estomac du premier. Cette situation les blessait profondément, plus qu'ils ne l'étaient déjà. C'était terrible pour eux de se voir détruits de cette façon. Surtout pour le brun qui s'était promis d'aider son amie, coûte que coûte. Il était rongé par tant d'émotions négatives.
- Pierre m'a conseillé de voir un psychiatre en attendant que tu te réveilles -si tu te réveillais un jour-. J'étais pas trop pour au début, mais il m'a dit que ce serait pour mon bien. Tu sais ce qu'il m'a diagnostiqué ? La brune secoua la tête. Une dépression, et un syndrome de stress post-traumatique. Pour lui, je suis littéralement brisé. Et à mon retour à Monaco je vais devoir suivre une thérapie pour tenter de m'en sortir, parce que sans ça, je pourrais me perdre. Dans tous les sens du terme. D'ailleurs il m'a dit qu'avec tout ce que je lui avais raconté, c'était une chance que je sois encore en vie.
- Tout est de ma faute ?
- Non. C'est surtout par rapport à avant que tu n'entres dans ma vie. Le psychiatre m'a dit que ta présence m'a apporté énormément de positif, mais que ma peur et les événements récents ont été compliqués et m'ont détruits encore plus.
- Je m'en veux tellement...
- Les médecins ici ont conseillé que tu ailles en cure de désintoxication. La décision te revient mais je pourrais peut-être payer ta place dans un centre sur Paris. Ça serait le meilleur moyen de te débarrasser de tout ce qui te fait mal.
- Je peux pas...
- Bien sûr que si ! Ça te serait bénéfique.
- Je veux dire, je ne plus accepter quoi que ce soit de ta part après avoir été une amie aussi horrible. Tu m'aidais jour et nuit et moi je ne suis même pas capable de me rendre compte toute seule que tu ne vas pas bien. Tu étais au plus mal et je n'ai pensé qu'à moi. Alors je ne peux pas accepter le fait que tu veuilles payer les frais d'un internement.
- On n'y peut rien, moi j'étais heureux de t'aider. La première fois que je t'ai vue je me suis promis de t'aider, quel qu'en soit le prix alors j'insiste. Tu ne peux pas refuser un moyen de t'en sortir, je suis persuadé que tu veux relever la tête de l'eau.
Amalia tendit ses bras comme une enfant afin d'étreindre le brun, signe qu'elle acceptait son aide. Ils se laissèrent aller dans une étreinte rassurante, paisible. Ils se sentaient bien mais leur cœur étaient trop meurtri par tout ce qu'ils s'étaient malencontreusement infligés.
- Tu pensais vraiment tout ce que tu m'as dit dans la loge ?
- Oui. J'ai pas arrêté d'y penser depuis que je suis ici. Mais maintenant... on ne peut plus essayer de se battre pour quelque chose qui n'existera peut-être pas Amalia. Il y a trop de facteurs qui font qu'on est trop détruit l'un et l'autre. Ta mère, ta précédente relation, ta dépendance... la perte mes proches, mes angoisses, ma culpabilité. Il faut arrêter avant qu'on n'y survive pas.
- Je comprends. sa voix tremblotait sans qu'elle ne le veuille. J'aurais tant aimé que l'on tombe amoureux dans de meilleures conditions. C'était juste le mauvais moment.
- On va réapprendre à aimer. De toute façon on se recroisera. Dans quelques semaines, quelques mois, quelques années je sais pas. J'espère que tu iras bien. Je serais capable de t'attendre.
- J'espère pour toi aussi.
Charles la prit une dernière fois dans ses bras en la serrant fort, sans non plus la fragiliser plus qu'elle ne l'était déjà. Elle était toujours aux soins intensifs, même si son état s'était stabilisé ces dernières heures. Ils se fixèrent quelques secondes avant que le monégasque ne pose ses lèvres sur celles de la jeune femme. Les papillons se battaient sans discontinuer dans son ventre, son estomac se retournait, et il profitait de chaque instant, sachant trop bien que cela serait le dernier.
- Je t'aime aussi, murmura la brune, peut-être même trop.
Retenant ses larmes, il se leva et quitta la chambre sans savoir quand il allait la revoir. Bien sûr, il allait rester en contact le temps qu'elle soit envoyée en cure de désintoxication, mais la suite... était beaucoup trop floue.
En voyant son état, Pierre se leva et le prit dans ses bras. Le soutenir était la seule chose qu'il pouvait faire à cet instant. Lando posa une main chaleureuse sur l'épaule du monégasque, montrant sa présence.
La situation n'aurait pas pu être pire. Un monde inconnu s'offrait maintenant à Charles, une chance d'aller mieux, de passer au-dessus de ses traumatismes, de dire la vérité à sa famille concernant son état de santé... une nouvelle vie, il l'espérait, avec, peut-être un jour, Amalia à ses côtés si leur chemin se croisent et qu'ils décident de s'adonner enfin à un amour paisible, dont ils rêvaient tant.
Ou alors peut-être étaient-ils des étoiles vagabondes. Condamnés à errer l'un sans l'autre dans l'univers. Tout était possible.
En seulement trois mois, chacun avait eu un impact trop important sur la vie de l'autre. Quelle sombre toxicité.
Rencontrer la bonne personne au mauvais moment était toujours compliqué. Les deux jeunes adultes en avaient fait les frais et ils s'étaient perdus, tous les deux.
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J'ai eu du mal à poster ce chapitre, wattpad ne voulait pas que je me connecte à mon compte, j'ai bien galéré, mais me voici enfin ! c'était le dernier chapitre avant l'épilogue... j'espère faire des bonus, je verrai bien !!
-alcools
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