c h a p i t r e d i x

LE MEXIQUE. Le pays qu'Amalia avait toujours rêvé de visiter, et la voilà entrain de se balader dans les rues de Mexico en compagnie de la même bande qu'au Japon, durant leur temps libre avant les essais libres du lendemain.

Le grand prix de Suzuka n'avait pas forcément été bénéfique pour les trois pilotes. En effet, Charles avait terminé sixième, Pierre huitième et Lando seulement treizième. Mais maintenant leurs esprits étaient tournées vers le grand prix de Mexico, et les mauvais résultats ne devaient pas les empêcher de faire une belle course ce week-end.

En attendant, pour se détendre après leurs entraînements -et l'observation de stagiaire pour Amalia- ils avaient décidé de boire un verre au centre ville de Mexico. Finalement, pas mal de pilotes ayant souhaité s'extirper du paddock s'étaient incrustés. Il y avait maintenant une grande tablée bruyante et remplie de bonne humeur et de rire. La seule femme présente parmi eux faisait plus ample connaissance avec Daniel Ricciardo, le pilote australien chez Renault.

La brune remarquait finalement que Lando et Daniel étaient les mêmes. Toujours les bons mots pour détendre l'atmosphère et faire rire tout le monde. C'était à se demander quelques fois lequel des deux avait trente ans. Amalia se sentait de mieux en mieux, et remontait la pente grâce à ce stage qui passait malheureusement très vite. Elle avait déjà effectué la moitié de celui-ci, et avait tout sauf hâte qu'il s'arrête. Elle profitait pleinement de chaque instant, chaque rencontre, chaque victoire des pilotes avec qui elle s'entendait le mieux...

De son côté, Charles discutait comme à son habitude avec Pierre. Peu étonnant jusque-là.

- Tu te comportes bizarrement avec Amalia non ? Demanda le français en buvant dans son verre.

- Pas du tout, pourquoi tu dis ça ?

- Ça se voit que tu essaies de te tenir de plus en plus loin d'elle. On a l'impression qu'elle te fait peur.

- Je m'en rends peut-être pas compte.

- Je pense surtout qu'il y a autre chose. Tu peux me le dire tu sais.

Charles fixa son ami, dont le regard était plein de sous-entendus. Il souffla en triturant ses doigts comme un enfant.

- C'est juste que... j'ai pas envie qu'elle finisse comme les autres. Je suis pas un chat noir pour rien, et la dernière chose que je veux c'est qu'il lui arrive quelque chose.

- Faut surtout pas que tu penses ça, c'est le meilleur moyen pour finir seul, et je parle pas seulement en amour. Tu ne portes pas la poisse, si c'est arrivé c'est qu'il le fallait. Et puis regarde, moi je suis toujours là et pourtant on se connaît depuis des années. Tu as le droit de t'attacher à qui tu veux, certaines personnes sont faites pour rester.

Charles hocha seulement la tête, peu convaincu par les dires de Pierre. À vrai dire, il ne savait plus quoi faire. Sa petite voix lui disait de s'éloigner de toutes les personnes qu'il aimait afin d'éviter de les blesser, mentalement ou physiquement. Son cœur lui disait de continuer sa vie parce que le destin de chacun est différent. Mais tout était tellement compliqué. Le pilote décida d'oublier un moment cette conversation pour profiter de l'instant présent avec tout le monde.

Il détourna cependant le regard lorsqu'Amalia lui offrit un sourire. Effectivement, tout s'annonçait compliqué.

***

Le jour de la course était arrivé très rapidement. Amalia et Charles s'étaient à peine parlés ces derniers jours, entre les devoirs de stagiaire de la jeune femme, et les interviews ou courses de ce dernier. Le grand prix de Mexico était un circuit très intéressant, avec de longues lignes droites et des virages dérangeants. Le monégasque avait fait la pôle position et espérait marquer beaucoup de points afin de conserver sa place au championnat. Lewis Hamilton et Valterri Bottas étaient tout bonnement inaccessibles.

Le pilote était concentré dans sa Ferrari, tout juste avant le tour de chauffe. De son côté, Amalia guettait les écrans dans l'écurie de la Scuderia aux côtés de son maître de stage qui lui a tant appris, Éric. Mattia Binotto se tenait à côté aussi, très concentré sur les écrans afin de regarder des deux pilotes. Le départ allait être donné.

Sans accroc, Leclerc avait conservé sa première place et son coéquipier Sebastian Vettel était à ses trousses, devant les Mercedes, et les Redbull ou Mclaren. Le monégasque prenait la tête du grand prix alors que dans le peloton, les esprits s'échauffaient. Le souffle d'Amalia se coupa lorsqu'elle vit deux voitures s'entrechoquer, l'une fonçant directement dans les murs hornant la piste, pas trop violemment, et l'autre faisant quelques tonneaux avant de heurter de plein fouet le mur fait de pneus et d'amortisseur de chocs.

Silence dans l'écurie alors que l'arrière de la voiture commençait à prendre feu. Le pilote de l'autre voiture, Sergio Perez, sortit indemne de la voiture et on l'éloigna du brasier. Le drapeau rouge était directement annoncé, les pilotes rentraient un à un dans les stands. La safety car arriva sur place pendant que l'on essayait d'éteindre le feu avec quelques extincteurs.

Amalia, les larmes aux yeux, observa la Toro Rosso du numéro dix totalement explosée contre le mur. La jeune femme n'avait pas hâte que Charles découvre l'identité de la victime de l'accident.
Pierre n'était toujours pas sorti de sa voiture, le feu a été cependant maîtrisé. Selon les informations de dernière minute, le français ne répond pas à la radio.

La brune n'osait même pas imaginer l'état dans lequel se trouvait Caterina, et même la famille entière de Pierre à cet instant précis. Amalia regardait attentivement les écrans dans l'espoir d'apercevoir son ami sain et sauf. Quand il fut enfin extirpé de sa voiture, les médecins observèrent son buste afin de voir si sa cage thoracique se soulevait ou non. Ce fut à ce moment-là que Charles entra précipitamment dans l'écurie, son casque dans la main en demandant qui s'était crashé, puisque son ingénieur ne lui avait pas communiqué l'information à la radio.

Mais personne ne répondait. Chacun avait ses yeux rivés sur l'écran alors que la panique gagnait les entrailles des personnes présentes sur le lieu de l'accident. Une des personnes avait démarré un massage cardiaque. Un défibrillateur a même été sorti de la voiture de sécurité. Ils se donnaient corps et âmes pour sauver la vie du jeune homme.
Mais il était peut-être déjà trop tard. Ils avaient mis trois bonnes minutes à l'extirper de la carcasse. Et personne ne savait à quel moment il avait arrêté de respirer.

- Non, non non non pas encore, pas encore... murmura Charles avant de perdre ses moyens et de fondre en larmes alors qu'Amalia le prit dans ses bras, les yeux rivés sur l'écran.

Elle se sentait tellement impuissante, alors que son ami pleurait dans ses bras, terrorisé à l'idée de perdre de nouveau quelqu'un. Surtout après la conversation qu'ils ont tenu quelques jours auparavant. Amalia soupira de soulagement lorsqu'elle vit le français revenir à lui et se mettre en position assise avec l'aide des médecins. C'était comme si le temps s'était arrêté, et qu'à présent, la vie reprenait son cours. Des applaudissements se firent entendre dans l'intégralité de la voie des stands, alors que Charles regardait l'écran, et aperçut son ami de toujours marcher jusque la voiture médicale qui l'enverra très certainement à l'hôpital pour des examens.

Jamais le monégasque n'avait été aussi soulagé. Il se dégagea des bras de son amie en la remerciant, puis s'asseya sur une chaise en essuyant les quelques larmes restantes sur ses joues. La brune gardait une main sur son épaule afin de lui montrer qu'elle était présente pour lui. Mais la jeune femme pensait à Caterina. Sans perdre une seconde, elle laissa le pilote aux côtés du patron de l'écurie et sortit en regardant à gauche et à droite. Toro Rosso et Ferrari étaient côtes à côtes dans les stands. Amalia aperçut alors l'italienne, une vingtaine de mètres plus loin, accroupie contre le mur, bouleversée.

La brune trottina jusque la compagne de Pierre et lui témoigna sa présence. Elle se releva et étreignit la jeune femme en face d'elle, sanglotant comme une enfant.

- J'ai eu tellement peur si tu savais... comment va Charles ? Je sais à quel point Pierre compte pour lui.

- Charles était très touché, ça va un peu mieux maintenant mais le plus important c'est toi. Comment tu te sens ?

- J'ai cru qu'il allait y laisser la vie. Après tous ces décès, j'ai cru que ça allait être son tour...

- Tout va bien Cate', d'accord ? Pierre est un battant, ils ont réussi à le réanimer et c'est le principal. Tu sais ce qu'il va se passer maintenant ?

- Ils l'emmènent directement à l'hôpital. Je vais y aller aussi, mais je dois appeler les proches de Pierre pour leur donner des nouvelles, c'est pas forcément à la télé qu'ils en recevront.

- Ça marche. Je pense qu'on te rejoindra avec quelques pilotes après la course, d'ici deux heures. Préviens-moi si tu as des nouvelles.

- Promis. Merci Amalia.

Les deux jeunes femmes se sourirent, ressemblant plutôt à une grimace, avant de se quitter. La franco-italienne retourna dans l'écurie afin de voir comment allait Charles. Ce dernier discutait avec Mattia et d'autres ingénieurs, alors elle n'a pas souhaité déranger. La reprise de la course n'a pas encore été décidée, mais une chose est sûre : les pilotes retrouveront la piste avec la boule au ventre après cet incident.

***

Le podium de Charles avait un goût amer. Sa deuxième place aurait pu être célébrée comme il se le devait, mais le monégasque était mentalement absent. Que ce soit sur le podium ou dans une quelconque conversation. Sur la route pour aller à l'hôpital, le brun regardait le paysage défiler sans un mot. Accompagné dans un mini van d'Amalia, Lando, Carlos, Daniel, et Romain Grosjean, il n'écoutait aucune conversation.

Cela serait mentir de dire que personne ne s'inquiétait de son état. Le van s'arrêta sur le parking de l'hôpital, et tous sortirent précipitamment afin de prendre des nouvelles du pilote. Après un rapide passage à l'accueil, la troupe se rendit au troisième étage, dans lequel Caterina patientait déjà depuis deux bonnes heures. La jeune femme soupira en voyant arriver les amis de son copain. Elle n'avait aucune nouvelle à leur donner.

- Ça va ? Demanda Amalia après l'avoir prise dans ses bras.

- Toujours aucune nouvelle. Il est en observation, ça prend énormément de temps, on ne sait pas du tout s'il s'en sort indemne ou avec des séquelles... c'est insoutenable.

Charles soupira en passant une main dans ses cheveux, avant de s'asseoir sur une des chaises présente dans le couloir. Ses jambes tremblaient, tout comme ses mains, à cause de tout le stress accumulé ces dernières heures. Il avait tellement peur pour son ami. Dans un silence morose, tout le monde attendait impatiemment des nouvelles. Alors que certains restaient assis, en s'occupant comme ils le pouvaient, d'autres, comme Lando, faisaient les cents pas devant la porte.

Après une heure supplémentaire d'attente, un médecin fit enfin son apparition, en parlant, bien heureusement, en anglais afin que tout le monde comprenne.

- Votre ami est sain et sauf, il s'en sort parfaitement indemne sur le plan physique.  Son cœur s'était arrêté seulement quelques secondes donc cela n'a altéré aucun organe vital, c'est quelque peu miraculeux. Cependant il a subi une légère commotion cérébrale, et c'est impossible qu'il participe à la prochaine course. Il est encore un peu sonné, mais bien éveillé. Vous pouvez lui rendre visite.

Toute la pression redescendit d'un coup, et tous les plus émotifs fondirent en larmes, les uns à la suite des autres. Il était en vie, malgré cette commotion cérébrale. Après des remerciements chaleureux envers le médecin, Caterina entra la première afin de passer un petit moment avec celui qu'elle aimait.

- Qui voudra passer ensuite ? Demanda curieusement Lando.

- Je pense que Daniel, Carlos et moi allons rentrer, avoua Romain. Je pense qu'il a besoin de repos donc on va diminuer les visites. Souhaitez-lui un bon rétablissement, mais c'est un champion, il le sait déjà.

- Vous êtes tous adorables, fit Amalia en souriant grandement aux pilotes qui allaient partir. Je vous tiens au courant si jamais il se passe quelque chose, et je lui dirai tout, sans soucis. Elle observa les trois hommes partir avant de se tourner vers Charles et Lando.

- Je pense que je vais y aller après, avoua le monégasque.

- Vas-y, Amalia et moi on ira après, prend ton temps mate.

Avec un maigre sourire, il attendit que Caterina sorte de la chambre, plutôt apaisée, avant de lui-même entrer dans celle-ci. Il tomba sur son ami, avec des traits fatigués, mais également un sourire se voulant rassurant. Charles alla sans plus attendre l'étreindre, sans trop serrer son emprise non plus. Il avait été tellement effrayé.

- Cette conversation il y a quelques jours...

- Je t'avais dit que tu n'allais pas perdre tout le monde. Regarde, tu peux pas te débarrasser de moi aussi facilement.

- J'ai cru que t'étais mort, je te jure. J'aurais pas supporté.

- Je suis un dur à cuire, il en faut plus pour me tuer quand même. Qui d'autre attend dehors ?

- Seulement Lando et Amalia. Daniel, Romain et Carlos étaient présents, mais sont partis plus tôt pour éviter que t'aies trop de visites. Il triturait lentement ses doigts, assis sur la chaise à côté de son ami. Comment ça s'est passé... dans l'accident ?

- À vrai dire tout s'est passé tellement vite, on m'a percuté, j'ai fait des tonneaux, la voiture a tapé ultra fort le mur, et ma tête a tapé contre le halo de protection, j'ai eu mal pendant quelques secondes avant de perdre connaissance en fait. Mais pourquoi mon cœur s'est arrêté, ça j'en sais rien. Heureusement j'ai juste une commotion cérébrale, je suis chanceux.

Charles ne prononça pas un mot. Il portait la poisse. Des phrases de ce genre tournaient en boucle dans sa tête. Il portait malheur, tout le temps. Il n'en pouvait plus de penser remonter la pente, puis glisser lorsqu'il voyait enfin le bout. Il allait finir par craquer.

_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Hello, j'espère que tout va bien ! j'ai réussi à vous poster ce "petit" chapitre pendant que tous mes potes dorment, petite technique qui va faire plaisir à certains ! j'essaierai de poster tous les deux jours ici, par contre pour mon autre histoire, je n'en sais rien, je verrai.

-alcools

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top