c h a p i t r e c i n q
□ SUJET SENSIBLE : drogue, mutilation □
LE GRAND PRIX DE SINGAPOUR était passé depuis plusieurs jours déjà. Malheureusement, Charles n'avait pas gagné. C'était ainsi. À vrai dire, il n'était même pas déçu. Amalia l'était plus pour lui, d'ailleurs. En parlant de la jeune femme, cette dernière avait été acceptée en tant que stagiaire par la Scuderia Ferrari.
La jeune femme était donc bien partie pour passer le reste de la saison aux côtés de Charles, puisqu'elle le suivrait jusqu'au grand prix du Brésil, l'avant-dernière course de l'année, à la mi-novembre. La brune commençait son stage dès ce week-end, en Russie. Elle allait prendre les mêmes avions que les équipes, dormir dans les mêmes hôtels, rester tout au long de la journée au paddock, et peut-être même visiter le motorhome du pilote. C'était comme si sa passion pour le sport automobile venait de renaître grâce à son ami.
Amalia semblait plus qu'impatiente à bord de cet avion, direction la Russie, qui allait atterrir d'ici quelques minuscules minutes. Le brun devait la récupérer à l'aéroport afin de la conduire sur le paddock, pour discuter avec les membres de l'équipe. Préparateur physique semblait être un métier simple mais finalement, la santé du pilote reposait sur ses épaules. C'était... de la pure adrénaline, et la jeune femme adorait ça.
En sortant de l'avion, elle se rendit près de l'endroit où elle attendait bon nombre de ses bagages. Elle en avait apporté pas mal, puisqu'elle ne savait pas combien de temps à allait rester avant de rentrer en France. Écouteurs dans les oreilles, la jeune femme sursauta lorsque deux mains vinrent se poser sur ses yeux, la rendant aveugle le temps d'un instant. Charles apparut ensuite dans son champ de vision, un immense sourire aux lèvres.
Ils s'échangèrent alors des banalités, tout en récupérant les affaires d'Amalia qui venaient enfin d'arriver.
- Alors, hâte de commencer ton stage ?
- Je suis tellement impatiente, j'ai l'impression de revivre mes années d'études avant que je ne laisse tomber, merci encore.
- C'est normal. Faut qu'on aille directement au paddock, pour que tu rencontres mon préparateur physique et aussi le patron de l'écurie.
- Je vais rencontrer Mattia Binotto ?
- Bah oui, c'est quand même le boss ici. T'as peur ?
- Quoi ? Pas du tout ! Je vais le charmer en parlant italien, il va être content de savoir que je suis une consœur.
Le brun riait doucement en conduisant la voiture afin de se rendre sur le lieu du circuit. Heureusement que le GPS existait, au vu des nouvelles rues qu'il arpentait chaque semaine. Il s'y habituait, à force.
- Pour que tu ne dois pas trop dépaysée, j'ai demandé à ce que ta chambre soit proche de la mienne dans les hôtels, si ça peut te rassurer, y'a eu un problème avec le motorhome donc j'ai une chambre moi aussi. Parce qu'on fait les fiers mais avoir quelqu'un de familier dans un pays inconnu c'est toujours important.
- T'as raison. Je crois que je ne me rends pas bien compte que je vais énormément voyager ces prochaines semaines.
- Je pourrais être ton guide touristique.
- Vraiment ?
Charles hocha la tête. Si cette nouvelle activité pouvait lui changer les idées, alors il ne disait pas non. Le reste du trajet se passa dans la joie et dans la bonne humeur, qui se faisait rare chez les deux jeunes adultes. Heureux seulement lorsqu'ils se trouvaient côte à côte. Le circuit était maintenant tout proche, le paddock également. Amalia aperçut rapidement Mattia, accompagné d'un homme d'une quarantaine d'années, qui devait être le préparateur physique du brun.
- Tu t'entendras super bien avec Éric, mon préparateur physique, il est cool. Sois sans stress.
La brune lui offrit simplement un sourire avant de sortir de la voiture à reculons, intimidée par les deux hommes, postés à une bonne dizaine de mètres. Charles l'observa en souriant et mit sa main dans son dos afin de la pousser à avancer. Elle fut accueillie chaleureusement, avec de grands sourires.
- Bienvenue Amalia, on va se tutoyer hein, tu peux m'appeler Mattia, démarra le directeur de l'écurie Ferrari, on espère que tu as fait bon voyage. Tu es vraiment chanceuse, rares sont les stages acceptés dans le paddock, mais comme Charles nous a parlé de toi et de tes études de préparateur physique, nous avons fait une petite concession. Tu vas passer le plus clair de ton temps avec Éric, le préparateur officiel de Charles, tu pourras rester dans l'écurie le temps de la course, tu auras le champ libre on va dire. On va pas se le cacher, tu vas plus observer que pratiquer, mais je suis certain que tout te sera bénéfique. On parlera d'une rémunération dans les prochains jours.
- Gracie Mattia, e Éric, ces paroles firent sourire le directeur, enchantée de vous rencontrer, j'ai hâte de débuter cette nouvelle expérience et j'espère ne décevoir personne.
- Voici ton badge, pour accéder à la totalité du paddock. Charles a dû te le dire mais son motorhome a un problème alors il sera ton voisin de chambre à l'hôtel, au moins tu ne seras pas non plus trop seule dans un pays étranger. Pour ta chambre, donne seulement ton nom et ton prénom, ça suffira. On t'attend demain à la première heure, en attendant installe-toi bien.
Amalia remercia les deux hommes qui repartirent directement au cœur du paddock. La jeune femme observait son badge entre ses mains, de vraies étoiles dans les yeux, comme un enfant qui réalisait son rêve.
- Il se trouve où l'hôtel par contre ? Demanda-t-elle finalement au brun à ses côtés.
- Ah oui, attends je t'envoie l'adresse, c'est clairement à cinq minutes à pieds d'ici. Je dois régler quelques petits trucs avec les équipes pour les essais de demain, donc je viens pas avec toi, mais normalement tu devrais pas te perdre.
- D'accord merci, on se voit demain alors ?
Le monégasque hocha la tête et lui fit un simple sourire avant de se diriger, lui aussi, vers le cœur du paddock. Amalia soupira en regardant l'adresse dans le message que Charles devait lui envoyer. Effectivement, l'hôtel était vraiment proche. Elle récupéra ses affaires dans la voiture de son ami et prit la route, à pieds. Sur le sol russe, la jeune femme avait l'impression de pouvoir démarrer une nouvelle vie. Même si ses démons du passé n'étaient pas vraiment loins. Ils flottaient même autour d'elle.
Arrivée dans le hall de l'hôtel, elle demanda poliment en anglais -puisqu'elle ne parlait pas un mot de russe- sa chambre en présentant un justificatif d'identité. Située donc... au cinquième étage. Heureusement, il y avait un ascenseur. Après tout, c'était logique, puisque cet hôtel avait l'air d'être plus que luxueux. En même temps, la Scuderia avait les moyens. Traînant ses valises dans le couloir, elle chercha sa chambre qui se trouvait au bout du corridor. Elle fut alors émerveillée par cette chambre. Elle qui pensait en avoir une toute simple d'une vingtaine de mètres carrés, la voilà avec presqu'un appartement pour elle toute seule.
Chez Ferrari, ils ne blaguaient pas. La brune soupira de bonheur en se laissant tomber sur son lit plus que confortable, en position étoile. Oui, une nouvelle vie débutait.
Dans un coin de la pièce, Amalia ouvrit ses valises sans les défaire -pour quelques jours, à chaque fois, ce n'était pas la peine- avant de se rendre sur le balcon afin de profiter de la vue, sur les immeubles puisque l'autodrome de Sotchi se situation de l'autre côté.
La nuit était rapidement tombée en Russie alors la franco-italienne en profita pour prendre un bon bain chaud, afin de se détendre, elle en avait grandement besoin après tout. La musique émanant de son téléphone la faisait sourire. Ses chansons préférées défilaient alors qu'elle commençait presque à somnoler dans son bain. Elle en sortit en sentant la température se refroidir et se vêtit simplement d'un jogging et d'un t-shirt bien trop grand pour elle.
Son téléphone sonna en même temps, heureusement elle s'était préparée pour ne pas être précipitée. Le numéro était masqué, faisant froncer les sourcils à la jeune femme, néanmoins elle se décida tout de même à prendre l'appel.
- Amalia ?
Sa voix. Qu'elle aurait pu reconnaître parmi des centaines d'autres. Pourquoi appelait-il à cette heure si tardive ? Et surtout... pourquoi revenait-il dans sa vie dès à présent, alors qu'elle pensait tout doucement à l'oublier ?
- Je t'en supplie ne raccroche pas, fit Théo à l'autre bout du fil.
- Pourquoi tu reviens toujours ? La voix de la brune tremblait déjà de trop.
- Pour m'excuser et m'expliquer, je savais qu'en t'appelant normalement tu n'aurais pas décroché alors j'ai appelé en masqué. Je pense que tu les mérites après tout ce qu'il s'est passé après tout.
- Tu n'as pas à t'expliquer Théo, et tes excuses je n'en veux pas.
- Mais pourquoi ?
- Parce que tu m'as trahie ! Hurla-t-elle à travers son nouveau téléphone. Je ne fais que répéter ce que je t'ai dit au début du mois. Tu as littéralement couru vers ta meilleure amie après notre séparation, comme si tu n'attendais que ça alors que pendant ce temps, je pleurais ma mère ! Tu es dégueulasse de m'appeler pour t'excuser alors que je sais pertinemment que tu ne seras jamais désolé de la façon dont j'ai mal. Je veux juste savoir une chose : l'aimais-tu déjà avant que l'on ne se sépare ?
- Oui. Amalia, je suis terriblement désolé mais les sentiments ne se contrôlent pas ! Je te suis reconnaissant de tout ce que tu m'as apporté mais ça n'allait pas tenir, tu le sais très bien.
- Je t'ai épaulée durant des années pour combattre à tes côtés tous les traumatismes de ton enfance, et tu en avais énormément. J'ai fait passer mon bonheur après le tien pour ne pas que tu te perdes, au final les rôles se sont échangés. Mais tant mieux pour toi, tu sembles heureux, en bonne santé. Pas moi, si jamais tu t'en étais quelque peu soucié. Je passe mes nuits à pleurer et toi tu es tellement antipathique.
- Je sais que j'aurais pas dû te laisser tomber au moment du départ de ta mère, c'était une grosse erreur et j'en suis conscient.
- Je t'ai donné mon cœur et tu me l'as rendu en mille morceaux. Toutes les choses que j'ai faites pour toi elles étaient sans conséquence, elle riait d'un rire amer. Tout le monde m'avait prévenu que je faisais une erreur en étant avec toi. Je me suis mis à dos tous mes proches pour toi, je m'enfonçais à tes côtés, lentement. Je te hais pour ça ! Elle sanglotait sans discontinuer, se remémorant tout ce qu'elle avait vécu avec lui. Tu me tues... elle reniflait bruyamment.
- Amalia...
- Bonne continuation Théo. Sois heureux, mais pas autant qu'avec moi. Maintenant, ne m'appelle plus, je t'en supplie. Je ne veux plus jamais t'entendre.
Sur ces mots, elle raccrocha avant de fondre en larmes. Elle avait tellement mal, cette sensation désagréable de picotement lorsque son cœur battait, ce nœud dans l'estomac qui semblait ne pas vouloir s'en aller. En fouillant frénétiquement dans sa trousse de toilettes, elle trouva ses amphétamines. Double dose, puisqu'elle était accro. Ses larmes roulaient abondamment durant de longues minutes, et, sans un mot, elle recommença.
À l'aide d'une pince à épiler, elle sortit minutieusement une lame d'un de ses vieux rasoirs. Puis elle dessina des arabesques sur ses bras. La couleur rouge vive émanait de ses membres supérieurs. Elle se sentait vivante, enfin, après avoir tant redouté de replonger dans ce plaisir malsain. Sa vie n'avait plus aucun sens. Ses bras ensanglantés étaient les conséquences de ce surplus de péripéties. Elle ne gérait plus rien.
Elle se laissa glisser lentement contre le mur de la salle de bain, qui était glacé. Mais elle n'en avait que faire. Sa douleur intérieure était bien trop forte, et même la douleur physique qu'elle s'était infligée ne suffisait plus à la calmer. Sa respiration divaguait, elle sentait la crise de panique arriver, ses sanglots redoublèrent et elle ne tentait même plus de masquer sa détresse.
Amalia sursauta lorsque la porte de sa chambre d'hôtel s'ouvrit dans un immense fracas. Des pas précipités se firent entendre, avant que quelqu'un ne tambourine à la porte de la salle de bain.
- Amalia ? C'est Charles tout va bien ?
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Voici le chapitre cinq, j'espère qu'il ne vous choque pas. J'ai eu tellement de mal à l'écrire, mais j'en avais besoin. Comme je le disais, cette histoire est une minuscule partie de moi. Je souhaite que ça vous ait plu tout de même. Merci pour toutes ces lectures, c'est dingue <3
-alcools
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