⸻𝖈𝖍𝖆𝖕𝖙𝖊𝖗 𝖋𝖔𝖚𝖗;
" 𝐘𝐎𝐔 𝐋𝐄𝐅𝐓 𝐌𝐄. "

Le temps de pianoter sur ce maigre écran et l'après-midi était déjà arrivé. Mon portable m'avait lâchée et j'avais été obligée de me contorsionner au sol afin d'atteindre mon sac à dos et ainsi trouver mon chargeur. Enfoncer le tout dans la prise avait été une toute autre histoire, mais au moins, mon portable pouvait désormais, lui, aussi reprendre des forces.

J'étais sortie de mon lit afin d'aller me doucher et enfiler un pyjama plus frais. Je me sentais beaucoup mieux.

J'avais entre temps osé user de mon portable pour mettre un peu de musique. Crush de Cigarettes After Sex passait cette fois-ci, mettant une bonne dose de couche de baume à mon cœur. Puisque j'avais laissé la porte de la salle de bain ouverte, je pouvais profiter de la bonne qualité du son tout en me nettoyant les dents. Je venais au moment même d'éteindre l'eau et saisissais mon dentifrice ainsi que ma brosse afin d'aller ranger le tout à sa place.

J'étais seule depuis mon réveil, Hanma avait déserté les lieux et la pénombre de ma chambre instaurait une ambiance assez pesante, je devais l'avouer.

Cette simple pensée me fit lourdement soupirer alors que je sortais de la salle de bain en direction de ma chambre. Je me dépêchais ensuite de refaire mon lit, celui-ci étant grossièrement saccagé, et de me diriger vers mon téléphone portable, j'avais encore envie de vérifier mes messages. Peut-être que quelqu'un m'avait écrit.

Malheureusement, la seule personne qui osa m'envoyer un message fut la dernière à qui je désirais parler.

Un soupir me quittait en contemplant son prénom sur l'écran et un furieux sentiment d'hésitation me secouait. Mon index restait pétrifié, ne sachant pas le moins du monde quoi faire dans cette situation. Mon cœur palpitait fort, je savais qu'il était énervé, non, je savais qu'il était inquiet. Ça m'en rendait malade.

ᶤˡ ʸ ᵃ ¹ ʰᵉᵘʳᵉˢ.
↳𝗵𝗮𝗻𝗺𝗮
je reviens de la
pharmacie
.dépêche toi de te
réveiller je suis
crevé

ᶤˡ ʸ ᵃ ³⁰ ᵐᶤᶰᵘᵗᵉˢ.
↳𝗵𝗮𝗻𝗺𝗮
jsuis devant
ton immeuble
.si t'es pas debout
je monte te
botter les fesses

ᶤˡ ʸ ᵃ ⁰⁴ ᵐᶤᶰᵘᵗᵉˢ.
↳𝗵𝗮𝗻𝗺𝗮
j'arrive

ᶤˡ ʸ ᵃ ⁰¹ ᵐᶤᶰᵘᵗᵉˢ.
↺𝗺𝗼𝗶
je suis prête

ᶤˡ ʸ ᵃ ¹⁵ ˢᵉᶜᵒᶰᵈᵉˢ.
↳𝗵𝗮𝗻𝗺𝗮
ok

J'éteignais rapidement mon téléphone portable et le redéposais sur ma table de nuit. Je plongeais ensuite mes mains dans les manches de mon sweat-shirt et me tournais vers le bout de mon lit. Je m'y asseyais timidement avant de finalement m'impatienter et de sortir de la pièce pour rejoindre mon salon.

Lorsque l'air frais me frappa enfin au visage, je me retrouvais éblouie par les rayons du soleil. Ils me forcèrent à placer le dos de ma main devant mes yeux et à froncer mes sourcils. Une fois mes esprits retrouvés, je contemplais le lieu ainsi que tous les rideaux exagérément tirés. La pièce était très illuminée, je pouvais voir d'ici le bleu du ciel et la couleur jaunâtre du soleil. C'était ridiculement puissant.

Au même moment, j'entendais des clefs pénétrer ma serrure et me retournais vers la porte d'entrée. Hanma arrivait tranquillement. Il avait un sac plastique en main et venait de jeter sa cigarette derrière lui comme si de rien n'était.

Il vint rapidement abandonner le sac sur ma table de salle à manger et retirer sa veste avant de se retrouver dans ma direction. Je le regardais. Je le regardais suffisamment longtemps pour finir par penser que des heures s'écoulaient et non plus des secondes. Lorsque je fus enfin à sa hauteur ᅳaprès avoir avancéᅳ il ne parla pas, et je fis de même.

Hanma finissait par jeter un coup d'œil aux quatre coins de la pièce et froncer ses sourcils.

« émancipée et pas capable de ranger sa merde. » furent ses premiers mots.

Je laissais retomber mes épaules d'un coup sec, un peu surprise par le ton qu'il venait d'employer. Je sentais qu'il avait dû réfléchir durant ces dernières heures, suffisamment pour désormais être furieux contre moi.

« désolée. » je répliquais. « j'étais un peu occupée à me couic-couic. »

Ma plaisanterie ne sembla pas lui plaire, pas le moins du monde. Au contraire. J'observais une veine se mettre à palpiter le long de sa gorge laiteuse et ses yeux se crisper. Hanma avança rapidement jusqu'à moi.

« t'as de la chance que je sois arrivé à temps, sinon tu serais six pieds sous terre à l'heure où on est. » cracha-t-il en me saisissant violemment par le bras. « tu crois que c'est un jeu ? »

Ma gorge s'assécha brusquement et toute envie de rire me quittait. Je contemplais la lueur inquiète dans son regard et me crispais lorsqu'une fine douleur me perça la poitrine. Les doigts de Hanma se resserraient autour de mon bras, la douleur me fit revenir à la réalité. J'arrêtais de le dévorer du regard et me raclais la gorge.

« j'ai évidement tenté d'en finir parce que tout est jeu, évidement.. » j'ironisais. « t'es sacrément perspicace, Hanma, c'est tout toi ça. » m'exclamais-je.

« pourquoi t'as fait ça ? » il me demandait.

« je sais pas. »

« t'es sérieuse ? »

« j'en sais rien... »

Je le laissais idiot face à quelques mètres de la porte d'entrée alors que je me dirigeais vers la cuisine pour aller me prendre une bouteille d'eau et ensuite me réfugier sur le canapé. Il y avait encore deux trois affaires dessus, des cours que j'avais prévu de terminer. Mes professeurs allaient sûrement être peu contents mais pour l'instant c'était le dernier de mes problèmes. J'ouvrais ma bouteille et m'autorisais à prendre une gorgée.

« reste pas planté là, t'as l'air con. »

Hanma soufflait. Je le voyais rapidement tapoter sa veste pour sortir de quoi fumer. Une fois sa cigarette débutée au bout des lèvres, il fermait ses yeux et je le sentais enfin se détendre. Il jetait son briquet sur la table et se tournait vers moi. Son air sérieux restait présent. C'était incroyablement tendu.

« si je t'avais pas trouvée tu serais morte. » il répétait.

« je sais. »

Je ne savais pas quoi dire de plus. Des excuses n'auraient pas été assez sincères et il avait raison, si il n'avait pas été là j'aurais perdu la vie. Je me contentais de le regarder, silencieuse et désolée.

« c'est pour ça que tu répondais plus à mes messages ? » il demandait.

« non, ça c'est parce que tu m'as larguée. »

⸻𝖊𝖓𝖉 𝖔𝖋 𝖙𝖍𝖊;
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐓𝐄𝐑 𝐅𝐎𝐔𝐑.

⸻ᅳ𝖜𝖔𝖗𝖐 𝖇𝖞;
@_𝐒𝐇𝐎𝐄𝐒𝐔𝐊𝐄_