⸻𝖈𝖍𝖆𝖕𝖙𝖊𝖗 𝖋𝖎𝖛𝖊;
" 𝐘𝐎𝐔'𝐑𝐄 𝐓𝐎𝐎 𝐆𝐎𝐎𝐃 𝐅𝐎𝐑 𝐌𝐄. "

Hanma haussait un sourcil.

« je t'ai déjà dit que c'était la meilleure solution. » il tiquait sur un ton agacé. « je veux pas te mettre en danger. »

« trop tard. »

« ta gueule. »

Il arrivait à peine à la moitié de sa cigarette qu'il l'écrasait contre la table. Après l'avoir abandonnée, il s'était dirigé vers mon frigo pour se servir une bière et ensuite aller s'asseoir à table mais en restant tourné vers moi. La distance qu'il persistait à installer entre nous me faisait horriblement mal. Je cachais le tout derrière un masque indifférent et il n'y voyait que du feu. Comme d'habitude.

« tu comptais vraiment me laisser ? » il demandait.

« t'es pas dans ma tête, essaie pas de comprendre quelque chose de trop complexe quand t'as abandonné l'école au collège. »

« j'ai déjà trouvé ma voie, pourquoi je resterais là où j'ai pas d'avenir ? »

« comme avec moi ? »

« ferme la, tu me fatigues. »

« désolée de te décevoir mais je réfléchis pas comme toi. » je marmonnais. « je comprends pas pourquoi t'as rompu, j'ai bien le droit de savoir, non ? »

« juste. juste, fais ta vie, s'il te plaît, ok ? » il soufflait. « t'es complètement malade de t'accrocher à moi comme ça, on a aucun avenir ensemble. je peux t'offrir que l'illégalité et la souffrance. »

« ouais mais moi c'est avec toi que je veux être, Hanma. alors je m'en fous. »

« tu vois c'est ça qui est drôle, parce que moi je m'en fous pas. » il s'énervait.

« c'est con comme logique. »

Je déposais ma bouteille à moitié vide sur la table basse et ramassais mes cahiers de cours avant de me relever. Hanma me regardait faire, il ne me quittait pas un seul instant du regard.

« je souffre en étant loin de toi et selon toi je souffre en étant avec toi. » repris-je. « t'es juste complètement con, Hanma. t'es con et têtu. pourquoi tu veux juste pas m'écouter ? »

« parce que contrairement à moi t'as un avenir brillant qui t'attend. »

« c'est pas ce que dit mon dossier médical. » je plaisantais.

« les problèmes mentaux ça se soigne, je me fais pas de soucis pour toi. t'es une fille bien. »

« ta gueule, tu m'énerves. t'es chiant. »

Je rejoignais rapidement ma chambre mais me stoppais juste après avoir passé le pas de la porte.

« merde. »

Une sensation étrange se propageait en moi. C'était comme si toutes les mauvaises ondes de mon corps s'étaient réunies dans mes jambes pour me retenir de faire un pas de plus. Je papillonnais des yeux afin de mieux observer la pièce. L'obscurité l'avait gagnée, mais grâce aux fenêtres ouvertes dans le salon, j'y voyais suffisamment clair.

« tu te démerdes pour ranger. » me signalait Hanma depuis le salon.

Je fis un petit pas en avant, piétinant un désordre sans nom dont j'étais persuadée ne pas être la responsable. J'arrivais à trouver une place des plus juste sur mon bureau pour mes livres et me tournais ensuite afin de faire face au désastre. Mes sourcils se fronçaient immédiatement en comprenant ce qui s'était produit.

Hanma disait m'avoir trouvée ici, mhh ? Ça ne m'étonnerait pas qu'il ait paniqué peu après ᅳil avait toujours aimé squatter ma chambreᅳ pour se passer les nerfs sur quelque chose d'autre que des humains. Un vrai malade mental. C'était selon moi la seule et unique vérité, je le connaissais trop bien.

La seule chose restée intacte était cependant mon bureau.

Il était certes bondé, mais ce n'était pas par de la poussière ni par des objets brisés. Il y avait pas mal de feuilles de mes cours récents, ceux que je présumais avoir manqué. En observant l'écriture, je reconnaissais celle de ma voisine Hinata et celle de Mitsuya. Une étrange sensation envahissait mon cœur, elle me faisait oublier la monstruosité qui s'était déroulée sur ce lit quelques temps plus tôt.

Je n'avais pas remarqué ce désastre. Ce n'était qu'en sortant et rerentrant que je constatais l'état du sol, de mes meubles et de tout ce qui était renversé.

Je feuilletais les quelques pages avec une grande attention, laissant les secondes s'écouler. Lorsque je les déposais sur mon bureau, je lançais un regard en coin à Hanma. Il se tenait dans l'encadrement de la porte de ma chambre et observait tout ce bazars d'un regard absent.

« c'est toi qui range. pas moyen que ce soit moi qui m'en occupe. » je déclairais.

J'attrapais mon portable déposé sur ma table de nuit et allais me poser sur mon lit, je prenais juste avant le temps de me débarrasser de mes chaussons et me laissais tomber sur le matelas.

« ça pue le refermé. » il se plaignait.

« j'aurais plutôt dit que ça pue le mort. »

Un petit rire m'échappait.

« enfin la morte, du coup. »

« t'es hilarante. tordante de rire. »

Hanma apportait sa cigarette à ses lèvres en me foudroyant du regard et ce fut à ce moment précis que je me rendais compte qu'il avait gâche sa précieuse cigarette pour en sortir une cinq minutes plus tard. Hanma enjambait le bazars au sol et ouvrait rapidement la fenêtre puis ensuite mes volets. Les rayons du soleil vinrent immédiatement attaquer la pièce, l'éclairant et dévoilant ses plus belles couleurs. Je fronçais mes yeux.

« je te jure je sais plus quoi faire de toi... » je l'entendais grogner.

Hanma observait la vue depuis la pièce d'un air préoccupé, comme si il cherchait quelqu'un. Ce n'était pas inhabituel, mais très déconcertant. C'était une mauvaise habitude qu'il avait partout où il allait, me rappelant que je n'étais jamais en sécurité par sa faute. Cela me fit rapidement soupirer.

« hey. »

Il me jetait un regard.

« ta cigarette. »

Hanma me rejoignait au bord du lit et me confiait son petit bâton, je l'attrapais rapidement et prenais une taffe. Un moment de silence planait, il restait en attente jusqu'à ce que j'expire doucement.

« je pensais que t'avais arrêté. »

« j'ai failli mourir, c'est bon. » marmonnais-je. « je suis plus à ça près. »

Hanma me dévisageait l'espace d'un instant, je le sentais contempler les traits de mon visage et cela suffisait à faire s'emballer mon cœur. Je me sentais rapidement embarrassée. Il me faisait ressentir tant de choses à la fois, c'était incroyable.. Il fallut cependant qu'il coupe notre contact visuel.

« désolé pour l'état de ta chambre. »

« si t'es vraiment désolé remets tout en ordre. »

Hanma se laissait tomber sur le lit à côté de moi, son visage au niveau de mes cuisses.

« je suis trop crevé pour.. »

Ce fut à mon tour de le contempler. Je baissais mes yeux sur lui et fronçais mes sourcils en expirant ma troisièmes taffe. Hanma me regardait déjà, les yeux pétillants et un léger sourire aux coins des lèvres. Il avait l'air con, mais il était mignon.

« comment tu oses rompre avec moi alors que tu me regardes comme si j'étais la dernière tranche de salami au monde ? c'est outrant. »

Hanma me volait la cigarette et l'apportait à ses lèvres. Son air sérieux revint et je le sentais légèrement se crisper, mes battement de cœur vinrent alors s'accélérer.

« j'ai jamais dit que je t'aimais plus. » il déclarait.

« bah sors avec moi. »

« non. »

Il soufflait au dessus de lui, laissant un nuage grisé s'évanouir sous nos yeux. Une douce odeur en émanait, je l'inspirais délicatement en remplissant mes poumons avec. Puis, lorsque j'expirais, tout disparu.

« t'es bizarre. »

« c'est toi qui veux sortir avec moi, remets toi en question. » ricanait Hanma.

« tch. »

Je lui arrachais la cigarette des doigts et le foudroyais du regard. Je laissais le petit bâton se consumer du bout de mes doigts alors que je continuais de fixer ses yeux dorés.

« tes copines sont jalouses ? »

« j'ai pas de copines. » il répondait. « t'es la seule. »

« même pas des plans cul ? » je m'étonnais faussement.

« le seul cul que j'ai fourré c'était le tien. et encore c'était qu'une fois. »

Mes sourcils se fronçaient.

« t'es vraiment qu'un sale con. »

« quoi ? »

« tu viens de me mettre un râteau alors que tu me dis que tu m'aimes et que je suis la seule. qu'est-ce qui tourne pas rond chez toi !? »

Il haussait les épaules en détournant son visage vers sa cigarette que je serrais un peu trop fort entre mes doigts. La cendre s'effondrait sous mes tremblement jusqu'à effleurer le parquet. Hanma ne ratait rien de cela.

« ça veut dire que je te reverrai plus ? » j'osais demander.

Je sentais ma voix trembler. Son ton était incertain et apeuré, parce que je l'étais. Croiser le regard mystérieux de Hanma ne m'aidait pas, je devais l'avouer, au contraire. Il était bizarre. Moi je voulais juste rester avec lui, je voulais juste l'aimer.. Je n'arrivais tout simplement pas à croire qu'il voulait arrêter alors que je le fréquentais depuis presque toujours. Ça me rendait folle de rage et d'inquiétude.

« je sais pas. »

« comment ça tu sais pas ? » je m'énervais. « te fous pas de ma gueule. je veux une réponse, Hanma. »

« je viens de te le dire : je sais pas. »

« si tu disparais... »

Je le regardais se redresser sur mon lit et fixer le mur droit devant lui, allant balader son regard sur le bazars parsemant mon bureau.

« c'était trop beau de me taper la fille que j'aime et monter en grade dans des gangs gérés par des psychopathes. » il se plaignait. « je pensais pouvoir faire les deux en même temps. »

Il se frottait le front contre la paume de sa main.

« je te jure je le pensais.. » geint-il. « mais je peux pas. je peux plus. »

Je le regardais se lever et m'empressais de suivre le mouvement pour attraper son avant-bras. Sa cigarette tomba au sol et Hanma l'écrasa du talon de sa claquette en se tournant vers moi.

« t'es dramatique pour rien du tout. » je déclarais. « qu'est-ce qui t'est arrivé pour que tu sois autant effrayé ? »

« je suis pas effrayé. »

Il attrapait ma main et l'enlevait.

« je me suis juste rendu compte que t'étais trop bien pour moi. »

Et ce fut sur ces paroles, qu'il quitta définitivement les lieux.

⸻𝖊𝖓𝖉 𝖔𝖋 𝖙𝖍𝖊;
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐓𝐄𝐑 𝐅𝐈𝐕𝐄.

⸻ᅳ𝖜𝖔𝖗𝖐 𝖇𝖞;
@_𝐒𝐇𝐎𝐄𝐒𝐔𝐊𝐄_