𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟓


















—    A  M  E    A  S  S  E  R  V  I  E    —
cw — relation toxique
















武士は食わねど高楊枝
• S 0 2 E 0 5 •

























             JE SAIS EXACTEMENT ce que je dois faire.

             Grandiose, il s'étend. Tel un amas d'ombre, un serpent de ténèbres, une créature inconnue, il évolue sur le terrain vaste entre des éclats de lumières. De l'électricité. Le public retient son souffle. La tension est à son comble. Plus que quelques secondes seulement avant la fin de cette deuxième épreuve.

             Le terrain rouge est traversé de glace, vestige du combat mené par Shoto Todoroki. En leur centre, le garçon aux cheveux bicolores — rouges à droite et blancs à gauche — se tient sur les épaules du brun à lunettes que j'ai identifié hier comme étant le délégué. Les entourant, sa suppléante — qui est aussi celle m'ayant donné des produits hygiéniques — appelée Momo les soutient tous les deux avec un blondinet, l'auteur des décharges électriques.

             En face de lui, dressé sur une construction formée par les corps d'un garçon à tête de corbeau — et qui est l'auteur de l'immense ombre s'étendant en travers du terrain —, une jeune fille rondelette aux cheveux en carrés châtains et une vive étudiante dont la toison rose est sertie d'un étrange couvre-chef lui donnant l'allure de mécanicienne, Izuku Midorya se tient.

             La deuxième épreuve du championnat. Celle des cavaliers.

             Par équipe de quatre, des élèves s'affrontent. L'un à cheval sur les trois autres, tous doivent tenter de s'approcher de leurs adversaires pour s'emparer de leurs bandeaux. Ces derniers, différents les uns des autres, sont traversés de nombres. A la fin de la partie, les quatuors seront classés selon la somme des points sur leurs bandeaux. Et les quatre premiers seulement accèderont au final de cette après-midi.

             J'avoue que je ne trouvais pas cela très intéressant. Après qu'Eraser Head, touchant délicatement mon poignet pour me défaire de mes liens et m'arrachant ainsi un frisson, m'ait délivrée, je me suis lovée dans un coin de la pièce sans prêter attention à la première épreuve. Mais, tandis que je dormais, quelque chose est survenu.

             Quelque chose qui m'a poussée à me glisser hors de la salle et me venir me tenir là où je suis actuellement. Au bord du terrain, sous l'arcade menant aux élèves se battant. A peine visible des caméras. Sauf pour quiconque observe attentivement le tour de l'arène.

             Mes doigts tremblent. Oui. Je sais exactement ce que je dois faire pour venger Han.

DEKU DE MES DEUX ! éclate soudain une voix dans le ciel.

             Prise de court, je lève les yeux juste à temps pour apercevoir une silhouette fendant l'air. Derrière elle, des flammes noirâtres le propulsent dans une explosion assourdissante. Je n'ai pas besoin de bien plus d'éléments pour deviner de qui il s'agit.

             Katsuki Bakugo.

             Plus loin sous ses pieds, le trio restant de son équipe le fixe. Je ne peux m'empêcher de soupirer. Qu'on ne se méprenne pas, je me fiche de ces gosses et ne compte pas prendre au sérieux leur éducation.

             Mais ce blondinet gâche ses aptitudes. Qu'importe le combat, une personne avisée doit être en mesure d'évaluer ses points forts et faibles. Et, dans une telle configuration, avec une règle aussi compliquée que la principale — à savoir que si le voltigeur touche le sol, son équipe est disqualifiée — la jouer personnel est complètement stupide.

             Ce gamin bousille ses capacités.

Abruti, je soupire.

             Mais mes pensées se détachent très vite de lui. Je me dois de trouver une cible de choix parmi le panel sous mes yeux. Et réfléchir aux tactiques de combat d'un écervelé n'est sûrement pas dans mes premières préoccupations actuelles.

Momo ! interpelle Todoroki en se tournant vers sa droite.

             Je vois les différents membres des trois équipes se figer. Celle du bicolore se prépare au combat, la dénommée Momo tendant une barre de fer à son capitaine, le blond poursuit son offensive et Midoriya, le gamin qui a marqué mon attention au premier court, semble réfléchir à toute vitesse. De ce que j'ai vu, ce gosse s'empêche d'utiliser son alter. Il ne le maitrise sûrement pas.

             Partant de là, le fait qu'il soit déjà allé aussi loin est impressionnant. Mais, face à la mort, être impressionnant ne suffit pas.

             Il faut être puissant.

             Aussitôt, je secoue la tête mollement. Je n'arrive pas à m'en empêcher. Après avoir passé tant d'années à observer les moindres failles de mon alter pour les combler, le faisant évoluer à un point frôlant l'inimaginable, observer ceux des autres pour les analyser est une manie chez moi. Mais cela me détourne de mon objectif principal.

             Je ne suis pas là pour enseigner mais me venger. Le rêve que j'ai fait durant la première épreuve s'est bien chargé de me le rappeler. Me détourner de ma mission serait une insulte à la mémoire de Han.

             Dans la main de Todoroki, la barre se couvre de glace. Midoriya pousse un hurlement, avançant son point à toute vitesse vers le premier. Le cri rageur de Bakugo se poursuit jusqu'à la fin de sa chute jusqu'à eux.

             La collision est imminente.

TIME'S UP !

             La voix de Present Mic, bien trop sonore, résonne dans l'arène, annonçant la fin du combat. Et, en même temps, crève l'atmosphère tendue telle une épine perçant un ballon de baudruche.

             Je soupire. Ces gamins ne m'intéressent pas mais voir la fin de ce combat m'aurait plu. Il semblait intéressant.

             Seulement, au lieu d'un affrontement épique, je ne vois qu'un Bakugo se laissant lamentablement effondrer, un Midoriya freinant son poing qui reste ridiculement suspendu dans les airs et une attaque avortée d'un Todoroki qui ne semble pas saisir tout de suite ce qu'il se passe.

L'ÉPREUVE DES CAVALIERS EST TERMINÉE !

             Je soupire, ne prêtant à partir de là plus vraiment attention à la façon qu'a soudain Midoriya de se recourber, de la frustration sur les traits de Todoroki ou même de Bakugo tapant le sol de son poing avec énergie. Mes souvenirs sont de nouveau happés par le rêve que j'ai fait, il y a une dizaine de minutes à peine.

             J'avoue en avoir été profondément saisie.

             Cela m'a d'abord semblé banal. Je me suis réveillée dans le lit que je partageais avec Han, le matelas toujours aussi vide de sa présence. Comme chaque matin durant notre mariage où il avait l'habitude de dormir sur le canapé ou dans les bras de ses maitresses.

             Celles-ci étaient gentilles avec moi. Je crois qu'elles avaient pitié de moi. L'une d'entre elles m'a même un jour demandé pourquoi je ne le quittais pas.

             Je crois que jamais je n'ai compris, en effet, ce qui me poussait à rester. Outre la vive douleur à la poitrine qui me prenait quand j'envisageais de le quitter — et était parfois si intense que je crachais du sang — il y avait autre chose. Je l'aie toujours admiré, adoré, aimé et choyé. Sa beauté, son élégance, sa bienveillance à l'égard d'autrui m'ont apaisé.

             Jamais je n'ai pu et n'ai voulu réellement me défaire de lui. Car il m'a toujours promis qu'il changerait.

             Et je suis sûre que s'il avait eu un peu plus de temps, que sa route n'avait pas croisé celle d'Eraser Head, il aurait appris à m'aimer.

             Alors oui, quand je me suis réveillée sur ce matelas vide, je n'ai pas réalisé que j'étais en train de rêver. Ni même qu'Han était mort.

             J'ai réalisé la situation lorsque, me tournant, j'ai trouvé sa silhouette fantomatique dans le fond de la pièce. Il semblait légèrement changé. Toujours aussi séduisant, avec ses splendides cheveux de givre. Mais ses iris avaient viré au jaune et ses pupilles avaient l'allure de fentes.

             Il était semblable à un reptile. Un serpent.

« Serais-tu en train de profiter de ma mort pour fraterniser avec l'ennemi, ma douce ? »

             Mon corps a alors tressailli à ce surnom. J'ai secoué la tête ardemment, niant en bloc. Comment a-t-il pu croire un instant une telle chose ?

« Je suis très déçu, ma douce. Tu m'as habitué à un meilleur comportement. »

             Bien que mort et enterré, il a su me saisir. Tremblotante, j'ai écouté ces mots, ce timbre, cette voix trop similaire à lui. Comme s'il était encore là, juste sous mes yeux, me détaillant. Qu'il n'était jamais parti.

             Mais il est parti. Et me dois le venger.

« Je vais le tuer ! Je te le promets ! Je te suis loyale, je... »

             Un doux sourire a alors étiré ses lèvres. Touchant. Presque amoureux. Sa tête se penchant sur le côté, il m'a détaillée langoureusement, d'une manière qu'il n'avait jamais consacrée qu'aux autres femmes.

             D'une façon si admirative et attentionnée que j'ai sentis mes entrailles se soulever.

« J'aurais dû faire davantage attention à toi lorsque j'étais en vie, ma douce. Je n'aurais pas dû te tromper et les laisser te trainer dans la boue. »

             Mon cœur s'est alors mis à battre à tout rompre. Mes mains moites se sont accrochées aux draps sur mon corps et ma gorge s'est serrée.

« Je t'aime, (T/P), je ne te l'ai pas assez dit. »

             Une larme a coulé le long de ma joue. Il s'est approché de moi. Ses pas se sont faits souples sur le tapis. Précautionneux.

« Eraser Head a détruit notre chance d'être enfin heureux. Je commençais à ressentir des choses pour toi, il a tout réduit à néant, mon amour. Alors détruis-le aussi. »

             Il a atteint ma hauteur, à côté du lit et s'est assis sur le matelas. Sa main s'est posée sur ma joue, tendrement, et a entreprit de dessiner des formes circulaires sur ma pommette. Le contact était chaud, réconfortant. Jamais il ne m'avait touchée de cette façon.

             Si tendrement. Si respectueusement.

« Eraser Head t'a pris ceux que tu aimes alors fais de même. »

             J'ai acquiescé faiblement, les yeux clos, profitant de son contact. Une autre larme a coulé sur ma joue lorsque j'ai réalisé que ce n'était qu'un rêve, qu'il ne me caressait pas vraiment.

« Si tu détruis Eraser Head, (T/P), saches que je t'aimerais pour de vrai et à jamais. »

             Mon cœur s'est alors figé dans ma poitrine. J'ai ouvert les yeux. Han et ma chambre avaient disparu, laissant place à la loge dans laquelle je me reposais. Mon rêve était terminé. Ses paroles étaient fraiches dans ma tête.

             Alors, quand j'ai surpris le regard d'Eraser Head, posé sur moi au travers de ses bandages, je ne me suis pas retenue. Et il n'a étonnamment même pas cherché à me retenir lorsque je me suis levée et ai rejoint l'arène.

             Je suis là, maintenant. Debout à sa lisière, mes pensées toutes tournées vers la dernière phrase de mon rêve.

             J'ai compris.

             Je dois le détruire avant de le tuer. Si je veux racheter ma faute auprès de Han, me faire pardonner pour mon horrible méfait, c'est exactement l'action qui s'impose. Lui prendre tous ceux qu'il aime. Y compris et surtout eux.

             Ses élèves.

VOYONS LE CLASSEMENT DES EQUIPES ! retentit de nouveau la voix de Present Mic.

             Je lève la tête vers les loges. Elles se trouvent sur ma gauche, plantée au milieu des gradins. Et, malgré la vitre plutôt opaque de celles-ci, je devine le regard d'Eraser Head rivé en ma direction.

             Je le sais. Je le sens. Il est là. Il me fixe.

             Mon visage me brûle tant ses iris me transpercent mais je me force à l'ignorer. Aussi impressionnant soit-il, il ne fera pas le poids face à ce que je prépare.

             Personne ne fera le poids.

NUMERO UN, EQUIPE TODOROKI !

             Mon choix est fait. La tête bicolore et espoir de tous fera l'affaire. J'ai cru comprendre qu'il est l'héritier d'Endeavor, le numéro deux des héros derrière le célèbre All Might. Sa mort sera une véritable étincelle.

             Mes doigts me démangent. Voilà bien longtemps que je ne me suis pas engagée dans un véritable combat.

NUMERO DEUX, L'EQUIPE DE BAKUGO !

             Ce sera extrêmement rapide. Mais j'avoue être intéressée par la réaction qu'auront nos splendides héros. Que pourraient-ils bien faire, face à cela ? Même Eraser Head sera impuissant.

NUMERO TROIS, L'EQUIPE DE TETSU... Quoi ? s'interrompt soudain Present Mic. L'équipe Shinsou ? Quand sont-ils remontés, eux ?

             J'enroule une écharpe noire volée dans le bureau des professeurs autour de ma tête et sur la moitié de mon visage. Si, pour une obscure raison, ma mission venait à échouer, je dois être en mesure de m'en aller afin de la réaliser ultérieurement.

             Ainsi, en cachant d'abord mon visage, je n'aurais plus qu'à me débarrasser du foulard et quitter les lieux à visage découvert. Ils n'auront sûrement pas le temps de trouver et diffuser mon portrait durant ces quelques minutes.

NUMERO QUATRE, L'EQUIPE DE MIDORIYA !

             Je prends une profonde inspiration, mon regard rivé sur ma cible.

             Celle-ci discute avec le restant des membres de son équipe. Momo, le délégué et le blond électrique conversent ensemble aux côtés du bicolore.

             Ce dernier ne soupçonne de tout évidence pas le moins du monde ce qui est sur le point de lui tomber dessus.

             Sa fin est proche.

LES MEMBRES DE SES EQUIPES SONT SELECTIONNES POUR LA DERNIERE EPREUVE !

             Je ne perds pas un instant de plus.

             Un geste du doigt. C'est tout ce qu'il me faut.

             Dans un grondement sourd faisant trembler la terre, le sol se soulève soudain. Des cris résonnent tandis que les gradins sont en proie à de violents spasmes provoqués par ce séisme. Je peux d'ores et déjà remarquer les silhouettes se tordant pour comprendre ce qu'il se passe en contrebas.

             Les élèves, quant à eux, se sont mis à se mouvoir à toute allure. Tous sauf un.

             Et celui-ci attire bientôt le regard de la plupart d'entre eux. Car les tremblements du sol ont cessé, dévoilant leur véritable nature. Oui, le sol s'est soulevé. Mais il a maintenant pris la forme que je souhaitais lui donner.

             Celle que tous dévisagent avec de grands yeux écarquillés.

             Au centre de la clairière se tient Shoto Todoroki. Immobile. Raide comme un piquet. Les muscles comme atrophiés.

             Autour de lui, le sable de terrain s'est consolidé en une surface polie claire et lisse. Une construction l'entourant entièrement. Aussi dangereuse qu'impressionnante. Un art que seule moi peut manier.

             Mon alter est le contrôle du sable et autres minéraux. Les roches sont constituées de sable. Le verre aussi. Et ce dernier est maintenant érigé autour de l'étudiant en un arc d'où jaillissent des centaines de bords tranchants. Toutes ses pointes sont dirigées vers le même point.

             Shoto Todoroki.

             S'il bouge d'un simple millimètre, il se blesse dans le meilleur des cas et meurt dans le pire. Certains bords tranchants frôlent sa nuque, ses yeux, ses mains et même sa carotide. Il n'ose même pas respirer. Je le sens. Je suis connectée à la surface de verre l'entourant et peut donc ressentir tout ce qui se trouve autour d'elle.

             Y compris la panique croissante du garçon et de ses collègues aux alentours.

Bien, je murmure à moi-même.

             Sortant enfin de l'ombre, je remarque les regards tournés en ma direction. Qu'importe les circonstances, j'ai toujours eu un penchant pour les entrées dramatiques. Alors, fouillant une certaine salle, j'ai été ravie de tomber sur des pièces qui feraient mon bonheur.

             Une tenue noire. Austère. Une longue veste en similicuir agrémentant un pantalon cargo et un simple tee-shirt.

             Rien de bien remarquable. Une simple dense obscurité.

Pour cette troisième épreuve, les règles sont simples, j'annonce d'une voix forte.

             D'un pas souple et certain, je progresse dans la clairière. Nul ne tente de m'arrêter. Ils savent ce qu'encourt Todoroki s'ils s'en prennent à moi.

             Alors ils se contentent de m'écouter, suspendus à mes lèvres.

             Dans les gradins, sur les terrains, dans la loge et même en dehors du bâtiment, dans les maisons où de joyeuses familles assistent à l'évènement au travers de leur télévision, je les devine tous attentifs. Curieux. Peut-être même inquiets.

             Et il y a de quoi l'être.

Cette structure est fragile. Si vous l'endommagez, elle se brise et Todoroki meurt.

             Je viens me placer à côté de la construction de verre, ignorant le regard noir que me jette le concerné.

             Que ce doit être humiliant pour un élève aussi doué de s'être fait avoir par une vulgaire criminelle qui n'a même pas de faits d'armes assez impressionnants pour être un minimum connue. Juste une garce sortie de prison.

Si vous m'attaquez et me déconcentrez, elle se brise et Todoroki meurt.

             Mes yeux balayent les visages devant moi. Certains ont l'air effrayés, d'autres enragés. Mais une émotion les lie tous, celle qui m'a travaillée durant mon séjour en prison, m'a obnubilée et m'a torturée.

             L'impuissance.

Si un certain héros tente d'effacer mon pouvoir, elle se brise et Todoroki...

             Un sourire mesquin étire mes lèvres. Je lève les yeux vers la loge. Je sais qu'il me regarde, qu'il n'a de yeux que pour moi.

             Celle à qui il aurait mieux fait de ne jamais s'en prendre.






...meurt.

















武士は食わねど高楊枝




















2803 mots

chapitre un peu
court et sans
interactions avec
aizawa mais
vous en aurez
dans les semaines
à venir

aussi désolée
si je mets du temps
à répondre aux vols
j'ai plusieurs exposés
et partiels dans les
semaines dernières
et à venir

j'espère que ça vous
a quand même plu :)

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