𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑𝟑
— A M E A S S E R V I E —


RAFRAICHIE PAR LA douche que j’ai prise, je sors de ma chambre tandis que Shota m’adresse un rapide clin d’œil. Je ne peux m’empêcher de rire comme une adolescente à cette vision et lui envoie un baiser de la main. Il tient à rester encore un peu dans la pièce pour faire le ménage — quoi qu’il n’y est pas grand-chose à nettoyer — et je vais simplement aller voir les élèves.
Dévalant les escaliers, j’arrive bien vite à hauteur de la salle commune. Sans surprise, je trouve quelques élèves affalés sur le canapé devant la télévision. Mina, blottie contre Momo, observe attentivement l’écran tandis que Shoto, Midoriya et Tenma se font plus distants les uns des autres.
— Qu’est-ce que vous regardez de beau ? je lance.
— Un film d’action, répond Midoriya en détournant la tête de l’écran.
J’acquiesce.
— Et les autres ?
— Un paquet sont partis faire les boutiques pour fêter l’obtention du permis.
— Shota est au courant ? je demande.
Aussitôt, Mina tourne la tête. Je me raidis. Ses pupilles jaunes beignant dans une sclère noir me fixent avec intensité et je sais exactement à quoi elle pense. Hier, quand elle a mentionné le professeur Aizawa, je me suis empressée de quitter les lieux et ne suis pas reparue pour le diner. Puis, je l’appelle aujourd’hui par son prénom.
Détournant la tête, je remercie intérieurement Midoriya qui me sauve d’un intense moment de solitude en répondant à ma question :
— Oui, il sait et il est d’accord !
— Il voulait même qu’on y aille tous pour avoir l’internat pour lui, je me suis dit que c’était pour voir sa copine…, lance Mina d’un ton malicieux.
Un sourire me prend et j’approche de la jeune fille. Puis, ébouriffant ses cheveux roses d’un geste de la main, je lance :
— Ça suffit, Sherlock. C’est très déplacé de vouloir savoir ce qu’il se passe dans la vie privée de son professeur.
Je ne lui laisse même pas le temps de répondre et rebrousse chemin, allant jusqu’à la porte d’à côté où se trouve la vaste cuisine. Un ilot central blanc occupe le centre de la pièce et un plan de travail s’étale en face de la porte et à sa droite. De l’autre côté, le dernier mur est en réalité constitué d’une baie vitrée qui donne sur la rue.
Mon regard est immédiatement attiré par la silhouette de Katsuki, debout devant le meuble blanc. Il a étalé devant lui tout un tas d’aliments. Des œufs, de la viande, de la charcuterie, du riz, des pâtes…
Il ne m’en faut pas plus pour reconnaitre les déjeuners gargantuesques qu’Han me poussait à prendre avant mes entrainements les plus intensifs. Mes sourcils se froncent. Il y a quelques années, mon mari a fait une interview pour un magasine où il a décrit mes habitudes alimentaires ainsi que mes sessions d’entrainement.
Mon sang ne fait qu’un tour dans mes veines.
— Arrêtes ça, je tonne aussitôt.
Le blondinet, qui ne m’avait pas remarqué, relève aussitôt la tête. Ses yeux marrons se posent sur moi, me foudroyant du regard. Il n’a jamais aimé recevoir des ordres et encore moins de ma part. M’ignorant royalement, il s’empare d’un steak à main nu et mord dedans.
— ARRÊTES ! je hurle, me précipitant sur lui.
Mes mains se referment sur son avant-bras et je tente d’éloigner celui-ci de sa bouche mais cet homme est plus fort physiquement que moi. D’un geste, il me repousse. Mais celui-ci est si violent que je me retrouve projeter contre le réfrigérateur.
Un fracas immense retentit quand mon dos percute le meuble, faisant bouger les aliments à l’intérieur. Un cri de douleur franchit mes lèvres et je tombe au sol, sentant déjà un hématome se crée sur le bas de mon dos.
Relevant péniblement la tête, je jette un regard au blondinet. Habillé d’un sweatshirt bleu marine, les manches de celui-ci retroussées, il avale avec ferveur la bouchée qu’il vient d’arracher sur sa part.
— Ne fais pas ça ! j’insiste, mon dos endolori m’empêchant de me relever. Katsuki, ne m’oblige pas à…
— A QUOI ? rugit-il en se tournant vers moi, de la sauce coulant sur son menton.
Ses yeux écarquillés semblent traversés de rage tandis qu’il mâche dans un geste presque menaçant.
— JE VEUX ETRE PUISSANT ET C’EST COMME CA QUE VOUS L’ETES DEVENUE ! DES REPAS SUPERPROTEINES ET DES ENTRAINEMENTS DE PLUSIEURS HEURES !
— Et beaucoup de blessures qui ont failli détruire mon corps, Katsuki ! Ne m’oblige pas à utiliser mon alter pour t’arrêter car je le ferais !
— BAH ALLEZ-Y ! HISTOIRE QUE JE ME MESURE ENFIN A VOUS !
Un soupir me prend. Je tends de me redresser mais le choc au niveau de ma colonne est bien trop douloureux. Il va me falloir quelques minutes avant de pouvoir à nouveau bouger normalement.
— Ecoute, Katsuki, tu as l’impression d’être faible depuis que tu as été enlev…
— JE SUIS PAS FAIBLE !
Ma gorge se serre et des larmes imbibent mes yeux. Jamais il ne voudra l’admettre mais je le comprends. Car j’ai eu peur, comme lui, de ne plus réussir à me défendre. Car aux yeux d’Han, la seule chose qui comptait chez moi était mon pouvoir. Car j’étais tétanisée à l’idée de ne plus assez bien maitriser mon alter. Car je croyais que cela signifierait que je n’ai plus aucune valeur.
Il souffre et je le sais alors je ne me mettrais pas en colère contre lui.
— Je t’assure que cela n’a pas été réellement bénéfique pour moi, je murmure. Oui, j’ai progressé sur le plan physique mais… Psychologiquement, le fait d’être gavée comme une oie puis entrainée jusqu’à l’épuisement, d’être interdite de dormir pendant plusieurs jours tant que n’atteignais pas les performances voulues a été presque destructeur, Katsuki. Tu ne te résumes pas qu’à ton alter alors, s’il-te-plaît, ne tombe pas dans le piège d’en faire ta seule valeur.
— MAIS MOI JE SUIS PAS UN GEIGNARD QUI S’ECROULE DEVANT L’ADVERSITE ! UN PETIT CHALLENGE ME FAIT PAS PEUR !
— Nous savons tous les deux que c’est faux. Parce que tu ne réagirais pas comme ça si tu n’avais pas été traumatisé par cet enlèv…
— PUTAIN MAIS METTEZ VOUS DANS LE CRÂNE UNE BONNE FOIS POUR TOUTES QUE JE SUIS PAS TRAUMATISE !
Puis, d’un geste rageur, il attrape le grille-pain sur le plan de travail et le projette au sol. Un hurlement franchit mes lèvres quand le fracas retentit et je pose mes mains sur ma tête par réflexe. Kastuki n’est qu’un gosse en quête de lui-même, il a honte et ne pallie la douleur qu’en s’énervant.
Mais je n’arrive pas à trop y penser, rationaliser en me disant que ce n’est qu’un enfant malheureux.
Car celui qui me projetait contre des murs, m’étranglait rageusement, me frappait au ventre et balançait des objets en travers du salon était mon époux. Et, qu’en cet instant précis, j’ai l’impression de le revoir.
Mon esprit se fait vierge. Enfouissant la tête sous mes mains, je me recroqueville, tétanisée. La honte me dévore. Moi, ancienne criminelle, professeur au lycée Yuhei, héroïne aux pouvoirs développées, je me rétracte face à un élève.
Je devrais me lever, lui sauter à la gorge, me servir de mon alter.
Mais je ne parviens pas à bouger le moindre muscle. La peur me paralyse et je me contente de laisser des larmes dévaler mes joues, les épaules tremblantes. Un nœud se forme dans ma gorge et je ne peux que trembler, humiliée par ma propre inactivité.
Soudain, la porte s’ouvre dans un fracas. Je me recroqueville encore plus, saisie par le bruit tonitruant. Mais quand le parfum de l’eau de Cologne de Shota empli la pièce, mes muscles se détendent un à un.
— Chut, je suis là, murmure-t-il soudain.
Sa douce main se pose sur mes omoplates et je me redresse du mieux que je peux malgré ma blessure au dos. Ma vision brouillée de larmes s’éclaircit quand je bats rapidement des cils, ce qui me permets de voir la cuisine à présent vide de monde. Katsuki est parti.
Aussitôt, je me tourne vers Shota. L’une de ses mains se pose tendrement sur ma joue tandis que son pouce caresse ma pommette. Il me couve d’un regard bienveillant.
— Shota, je…
J’éclate en sanglot, coupant court à ma propre phrase. Aussitôt, il enfouie mon visage dans son torse et enroule mes épaules de son bras libre. Je me refugie dans le creux de son cou, protégée par sa chaleur et pleurant bruyamment.
— J’ai tellement honte, je couine.
— Tu n’as pas à avoir honte, (T/P), tu veux juste l’aider et tu n’as pas envie de blesser tes élèves. C’est honorable, ne te blâme pas pour ça.
— C’est pas de sa faute, le punis pas trop durement, je souffle.
— Il a levé la main sur toi.
Je secoue la tête contre mon petit-ami, sentant un réconfort s’emparer de moi en réalisant qu’il est là et ne me lâche pas, qu’il me sert contre lui. L’époque où je restais, des heures durant, recroquevillée à l’endroit précis où Han m’avait rouée de coup en attendant que mes forces me reviennent est révolue.
Shota est là. Et il m’aime vraiment.
— Il m’a repoussée et après il a cassé du matériel mais il ne m’a pas frappé. Crois-moi, ce n’est pas quelqu’un comme ça… Vraiment, il a juste besoin de surmonter son traumatisme, je soupire.
Shota ne répond pas tout de suite, se contentant de caresser distraitement ma tête. Contre mon oreille, son cœur bat avec rapidité. Je sourie en l’entendant. Lui aussi semble légèrement affecté par notre proximité.
Cependant, au bout d’un moment, sa main glisse sur mes omoplates et il murmure simplement :
— Bien, c’est à toi qu’il s’en est pris donc c’est toi qui décideras de sa punition.
— Merci, je murmure.
M’écartant légèrement de lui, je le regarde. Ses yeux noirs me fixent, légèrement plissés en une moue aimante. Autour d’eux, les longs cheveux ébènes et brillants qu’il noue souvent en un chignon sont lâchés, me donnant envie d’y passer la main.
Je le fais d’ailleurs, retroussant une de ses mèches derrière son oreille. Quelques rougeurs apparaissent sur ses joues à ce geste.
— Je t’aime.
Il écarquille les yeux en m’entendant. Puis, sa main vient se poser sur ma joue et, souriant, il pose un tendre un délicat baiser sur mes lèvres. Le contact est chaud, doux et apaisant. Ses mains sur mon corps me détendent.
Je me sens vraiment bien, avec lui.
Se reculant, il me gratifie d’un autre sourire avant de répondre simplement :
— Je t’aime, aussi.
Un gloussement immature franchit mes lèvres et je tourne la tête. Mais je n’arrive même pas à être gênée quand je vois le sourire attendri qu’il esquisse face à ma réaction. Pour la première fois, je vis les débuts d’une histoire d’amour saine et respectueuse. Alors je ne parviens pas à réprimer quelques gestes honteux.
Mais j’ai confiance en lui. Je sais qu’il ne se moquera pas de moi.
— Shota ? je demande au bout d’un moment.
— Oui ?
— Les élèves sont dans la pièce d’à côté mais je peux pas marcher. Il va falloir attendre un peu que l’hématome s’atténue. Est-ce que tu peux…
Je n’ai pas le temps de finir ma phrase qu’un de ses bras se glisse sous mes genoux et l’autre, sous mon dos. Une faible exclamation traverse mes lèvres. Bientôt, je me retrouve levée dans les airs, sur les biceps de mon copain.
Embarrassée, j’enfouie la tête dans le creux de son cou et il rigole faiblement.
— Les élèves sont partis nettoyer sauf Ida qui emmène Bakugo chez le proviseur, ils ne sont pas là
— Tant mieux, je lance.
— Personne ne nous verra aller à notre chambre, ma belle.
Mon esprit se fige le temps d’un instant et mes yeux s’écarquillent. Je vois le sourire en coin du noiraud. Il sait exactement à quoi je pense.
— Notre chambre ? je répète.
— Je sais que tu te sens pas à l’aise dans ta chambre, je t’entends souvent faire les cent pas la nuit. Alors je me suis dit que ce serait peut-être mieux si t’étais dans la mienne ?
Il se tourne vers moi.
— Qu’en dis-tu ?
Mon cœur bat à toute vitesse et mes lèvres s’étirent en un large sourire.
— J’en dis que c’est une excellente idée, Shota.

2091 mots
hey ! voici un nouveau
chapitre !
un peu de noirceur avec
katsuki mais les prochains
seront plus légers
d'ailleurs, cette fanfiction
va très bientôt se finir
mais un autre aizawa x reader
va prendre sa place

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