𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟓














—    A  M  E    A  S  S  E  R  V  I  E    —






武士は食わねど高楊枝















             LES TINTEMENTS INCESSANTS et aigus d’un cardiogramme me tirent d’une profonde torpeur. Mes muscles enlisés dans un lourd sommeil ne s’animent que difficilement, tant et si bien que plusieurs secondes me sont nécessaires avant que je ne parvienne à ouvrir les yeux pour de bon.

             En face de moi, un plafond blanc quoi que plongé dans une pénombre soutenue s’étend. Une lueur jaunâtre l’illumine, artificielle. Mes sourcils se froncent et je tourne la tête vers la droite, découvrant aussitôt une vaste fenêtre parée de rideaux verts. Au travers de celle-ci, un ciel noir et nocturne s’étend, partiellement perturbé par les lampadaires de la ville.

             Il fait nuit. Et je ne suis pas à la maison ni au camp d’été. Que s’est-il passé ?

             Mes yeux se posent alors de l’autre côté de mon corps, à ma gauche. Là, une imposante machine surplombée d’un écran où un graphisme s’affiche attire mon attention. A droite, des chiffres clignotent à mesure des tintements réguliers de tantôt. Le cardiogramme.

             Mes sourcils se froncent, au bout de mes mains, une gêne me tiraille. Et une pression à mon bras m’arrache un soudain froncement de sourcils. Je regarde ce dernier. Un brassard pour prendre ma tension l’entoure. Au bout de mon index, une pince est refermée. Dans mes bras, quelques imposants pansements d’où se dégagent des fils indiquent la présence de perfusion.

             Je suis manifestement dans un lit d’hôpital.

— Bien reposée ? siffle soudain une voix.

             Au pied de mon lit, une femme me regarde. Assise à l’envers sur une chaise, ses bras croisés sur le dossier et ses jambes encadrant celui-ci, elle me fixe de ses yeux clairs. Autour d’eux, un carré châtain est visible, surplombant une combinaison bleu marine d’ambulancier.

             Mes sourcils se haussent. Je la reconnais. Avant de m’endormir pour laisser Edward me faire les soins, elle s’est présentée à moi comme étant Olympe Loreen. Nous n’avons pas eu le temps d’échanger beaucoup de mots mais je suis tout de même surprise de la voir dans ma chambre, à attendre mon réveil.

             Avec ce qu’il s’est produit, je suis sûre que d’autres élèves auront besoin d’elle.

— Je l’espère car il va falloir se lever, maintenant.

             Cette deuxième voix retentit depuis l’encadrement de la porte fermée. Mes sourcils se froncent quand je regarde ce qui semble être une femme, vêtue curieusement. Une longue cape noire tombe derrière un corps habillé de vêtement tout aussi sombres. Son crâne est dissimulé par un voile noir qui dissimule aussi la moitié de son visage, ne laissant voir que ses yeux dont l’un est strié d’une cicatrice.

             Son œil est froid, intransigeant. Jamais je n’ai vu cette femme auparavant pourtant un profond sentiment d’effroi mais aussi de respect m’embaume quand je la vois ainsi. Elle me semble anormalement familière, avec ses deux sabres rangés dans son dos et dont les pommeaux reliés par des chaines jaillissent depuis ses épaules.

             Ma gorge se fait sèche. Il émane d’elle une force écrasante, percutante.

— Tu es à présent comme neuve, lance-t-elle derrière le tissu noir. Tu peux retourner te battre.

             Mes sourcils se haussent. Mais que se passe-t-il, enfin ?

— Tu as dormi et raté le plus important, ce qui est normal compte tenu que les blessures que j’ai soignées étaient extrêmement graves, explique soudain une autre voix que je connais bien mieux.
            
             Edward se tient derrière Olympe, debout. Ses longs cheveux dorés tombent sur ses épaules, soulignant son visage taillé avec précision et couvert d’une barbe de trois jours. Ses traits sont tirés en une moue inhabituellement sérieuse.

             Sur sa poitrine, ses bras sont croisés. Il me fixe avec attention.

— Ta peau est comme neuve. L’hémorragie interne et les brûlures ont disparu, lâche-t-il. Je vais même pas essayer de comprendre ce qui est passé dans ton crâne pour que tu soignes la peste par le choléra mais passons.

             Mon visage me brûle. L’homme brûlé, David, le besoin de l’atteindre le plus vite possible. L’arrivée d’Aizawa. Son arrestation.

             Mes yeux s’écarquillent quand je les pose à nouveau sur mes poignets. Ceux-ci sont libres. Mais sur les barreaux du lit sont visibles des menottes ouvertes. Comme si on m’avait attaché puis détachée.

— J’avais besoin que tu sois détachée pour te soigner et il est possible que j’ai oublié de t’attacher à nouveau, explique Edward en voyant ma confusion.

— Pourquoi ?

— Parce que nous avons besoin de toi. Ou plutôt, les habitants de cette ville ont besoin de toi, résonne la voix de l’inconnue dans l’encadrement de la porte.

             Je n’ose pas la regarder, elle me met mal à l’aise.

— Qui êtes-vous ? je demande en fixant les draps, fuyant un quelconque contact visuel.

             Un faible rire me parvient.

— Les crocs du Serpent te l’ont fait oublier, tout comme ils t’ont fait oublier Olympe mais il fut un temps où nous étions proches, toi et moi, retentit sa voix.

             Mes sourcils se froncent. Olympe ? Comme l’ambulancière assise aux pieds de mon lit ? Une de mes proches ?

             Non. Ce n’est pas vrai. Pas possible.

— Quand tu étais la Louve et moi, la Vipère, je t’ai enseigné l’art et la manière de manipuler le pouvoir que les dieux t’avaient confié. Celui que tu appelles maintenant « alter ».

             Vivement, je me tourne vers elle.

— Les alters sont des mutations génétiques, les dieux n’ont rien à voir là-dedans.

             Derrière son voile, son œil se plisse, comme légèrement amusé. Doucement, elle penche la tête sur le côté, jaugeant mes paroles. Mais je vois bien qu’elle n’y accorde aucun crédit.

— Si tu ne t’étais pas laissée avoir par le Serpent, tu comprendrais, chuchote-t-elle. Mais nous n’avons pas le temps de nous éterniser là-dessus. Edward.

             L’homme lève la tête en entendant son nom.

— Pendant que tu étais dans le coma, un affrontement a éclaté en ville, là où les héros sont partis secourir Katsuki Bakugo, un de tes élèves qui a été kidnappé dans l’attaque du camp de vacances.

             Mes yeux s’écarquillent. Mon cœur rate un battement.

— C’est pas vrai ! Il va bien ? Que s’est-il passé ? A-t-il été blessé ? Combien de temps a-t-il été retenu en otage ? Et…

— Ça suffit, me coupe Olympe d’une voix douce.

             Je pose les yeux sur elle tandis qu’elle fait de même, en-dessous de la visière de sa casquette.

— Il a été secouru mais All Might s’est retrouvé acculé par plus fort que lui. Tous les héros sont occupés avec d’autres attaques aux quatre coins de la carte et donc il se retrouve seul face à un ennemi si imposant qu’il a rasé tout un quartier.

             Quoi ? Ils se trompent forcément. All Might est le plus fort des héros, tout en muscles et en joie de vivre, son sourire brille dans l’obscurité de la nuit et il pourrait, à lui tout seul, sauver des villes entières.

             Une seule personne ne peut pas lui tenir tête. Ils se trompent forcément.

             Mais ils mettent termes à mes doutes.

— Il l’a caché mais il n’est plus aussi fort qu’auparavant. Et cela est dû à un ennemi que tu ne connais pas mais qui te connais bien, pour sa part, reprend Edward. Car lui et ton ex-mari avaient des choses en commun.

             Là-dessus, il fait le tour du lit avant de me tendre son téléphone allumé. Je regarde celui-ci, découvrant sur l’écran ce qui semble être la diffusion en direct d’un champ de ruines. Mon souffle se coupe quand je réalise qu’il s’agit d’un quartier, non loin d’ici, comme soufflé par une violente déflagration. Et que, dans la nuit noire, parmi les débris obscurs, deux silhouettes bougent à un rythme soutenu.

             La première est à la fois reconnaissable et tout à fait différente. Car je connais ces cheveux blonds, ces yeux clairs et, surtout, cet uniforme bleu marine strié de motifs rouge et blanc. Pourtant, le corps qui l’habite n’est pas faits de muscles, grands, imposants, développés par des années de sport.

             All Might. Ou plutôt ce qu’il reste de lui.

— Ce que tu vois dans les décombres autour de lui, ce sont des corps de victimes qui ne peuvent être secourues à cause de l’autre homme. Des personnes qui meurent petit à petit.

             Le deuxième se tient debout devant l’ombre du héros que je connaissais. Habillé d’un costard, il semble élégant. Mais du col de sa chemise jaillit une masse écœurante qui soulève au creux de mes intestins des relents d’acide à sa simple vision. Cernés d’un appareil enserrant son cou, il semble tout de même qu’il s’agisse d’un cerveau. Sans aucun nez, bouche ou œil.

             Une chose immonde plantée sur deux épaules.

— Pourquoi tu me montre ça ? je lance, me sentant légèrement nauséeuse.

             Impuissante. Voilà comment je me décrirais face à de telles images. Durant la captivité d’un de mes élèves, j’ai dormi, alors que germait en lui les préquelles d’un traumatisme, je me reposais et, à présent que le combat se poursuit entre un héros connu de tous mais affaibli et un être horrifiant qui a balayé tout un quartier d’une déflagration, je ne peux que me morfondre dans mon incapacité à agir.

— Car je veux en appeler à celle que tu étais avant ton mariage avec Han, résonne la voix de celle s’étant présentée comme étant la Vipère.

             Je me tourne vers elle.

— Je n’ai pas élevée une âme asservie aux crocs d’un odieux époux, j’ai instruit une véritable louve, un animal chef de meute, un être ayant appris aux siens à se battre, une véritable force de la nature que les plus grands des mondes se sont arrachés.

             Mon cœur bat avec ardeur. Ces mots, elle les prononce les dents serrées, je le devine à sa diction. Une véritable rage l’anime tandis que, de son seul œil, elle me dévisage. Accrochant fermement mon iris, elle ne semble pas décidée à me laisser filer, me dérober à ma destinée.

— Avant qu’il te morde, qu’il se serve de son venin pour occulter ta mémoire, tu étais le plus précieux de mes éléments. Tu battais tous mes autres élèves à plat de couture. Tu as vaincu Edward qui était le plus doué et aussi Olympe même si ça, c’est pas bien compliqué.

— Je t’emmerde.

— Alors je ne te laisserai pas te morfondre sur un putain de lit d’hôpital car tu n’es pas n’importe qui et rien ne me ferait plus honte que de voir celle que j’ai moi-même baptisée la Louve observer un champ de bataille de loin.

             Mes sourcils se froncent. Sa voix, son ton intransigeant, la morsure de ces mots… Je le sais, ce n’est pas la première fois que je les entends. Car la chaleur, la fierté et la détermination qui germent dans mon corps à mesure qu’elle parle me sont trop familiers.

             Je connais cette femme.

             Et je la vois soudain tirer de sa cape un amas de ferraille qu’elle lâche dans un bruit cacophonique sur mon matelas.

— Mon époux, Tengen, t’a offert cela il y a longtemps. Ton armure, ta signature, ce qui fait de toi la Louve. Et je ne te laisserai pas passer une seule journée de plus sans que tu t’en habilles.

             Mes sourcils se froncent. Tengen… Ce nom m’est étrangement familier. Je crois l’avoir vu dans un des mangas qui lisait Midoriya, avant le début des cours. Il s’agit d’un homme aux muscles développés et cheveux d’argent.

             Mais cela n’a aucun sens, cette femme ne peut pas avoir épousé un homme issu d’un manga. Ce n’est sans nul doute qu’une coïncidence.

             Pourtant, le même sentiment de respect et de bien-être qui m’a envahie, le jour où j’ai vu ce personnage, sur les pages du manga que tenait Midoriya, qui m’a pris en apercevant les sabres reliés par une chaine dans le dos de la Vipère et en entendant son nom maintenant m’assaille. Mon corps réagit comme si je connaissais cet homme.

— Tengen…, je reprends d’un air songeur. Votre époux ?

             Son visage à moitié dissimulé ne semble traverser d’aucune réaction. Mais, après un court silence, elle prend tout de même la parole.

— Ses pouvoirs lui ont permis de se battre mais aussi, plus tard, de créer. Mon épée s’est brisée au cours d’un combat. Avec sa lampe fondue, il en a fait une armure pour la gamine qu’il appelait la Louve. Toi.

             D’un geste du menton, elle désigne l’amas de ferraille. Mes sourcils se froncent. Cela, une amure ? Mais cette femme a complètement pété un câble. Si le surnom de Louve m’est effectivement familier et elle aussi, je pense que je m’en souviendrais si j’avais côtoyé de près un certain Tengen et qu’il m’avait confié un truc informe comme ce qui est visible sur mon matelas.

             Sérieusement, cela ressemble aux arcades ratatinées d’une voiture. Rouillées et constitués de formes incompréhensibles s’enchevêtrant.

— Prends-le dans ta main, lance Olympe.

             Mes sourcils se froncent mais, face au regard insistant des trois, je me résigne. Levant les yeux au ciel, je me penche vers l’objet et pose ma main dessus, me demandant si je suis bien à jour sur mes vaccins contre le tétanos.

             La matière rugueuse entre en contact avec ma chair. Je sursaute légèrement. Leur souffle se coupe. J’observe le métal bruni en arquant un sourcil.

             Mais rien ne se passe.

— Vous voyez bien que…

             Ma phrase fond brutalement dans ma gorge quand l’une des tiges rouillées se dresse dans un cliquetis mécanique. Brutalement, elle s’étale de toute sa longueur. Puis, m’arrachant un couinement de surprise, s’enroule autour de mon poignet.

             Un cri travers mes lèvres. Le métal glisse le long de mon bras, grimpant. Au fur et à mesure qu’il entre en contact avec mon épiderme, des copeaux de rouilles se détache de lui, dévoilant un métal d’or scintillant dans l’obscurité des lieux.

             Il progresse à toute vitesse, caressant mon épaule pour se déployer sur mon dos, entourant mon torse ainsi que mon autre bras. Je ne sais plus où donner de la tête, ahurie. Mes jambes se dressent brutalement malgré moi, faisant chuter mes couvertures et me plaçant debout sur le matelas.

             Mes perfusions s’arrachent sur le passage du métal. Il glisse sur moi et, à mesure qu’il prend place, chaque douleur, sensation de saleté et d’inconfort s’envole de ma personne, comme si cet or avait des vertus régénératrices.

             Mes yeux sont écarquillés. Je baisse les yeux sur mon corps. Un tissu blanc immaculé, aussi clair que de la neige est apparu sous les branchages métalliques, formant une tenue surprenante.

             Mais que s’est-il passé ?

— Viens te regarder, lance la Vipère, pointant un miroir de pieds au fond de la salle que je n’avais pas vu jusque-là.

             Avançant au bout du lit, je suis surprise par la fluidité de mes mouvements. Malgré les branchages métalliques, je descends sans peine du lit, en un bond gracieux et rejoins rapidement l’endroit désigné.

             Là, je me découvre. Et mes sourcils se haussent. Ce n’est pas possible. Un alter ne peut pas être responsable de tout cela. Ce n’était pourtant qu’un amas de ferraille.

             Autour de mes doigts, des anneaux dorés brillent. Depuis ceux-là, s’articulant comme des os, des tiges rejoignant des bracelets torsadés qui remontent le long de mon bras en fils esthétiquement enroulés. A mon cou jaillit un tissu blanc depuis un épais collier doré, lequel se poursuit en une espèce de colonne vertébrale métallique dans mon dos avant d’enroulée ma taille. Par-dessus celle-ci, rappelant la tenue de la Vipère, une longue cape blanche souligne mes mouvements. Puis, enroulant d’une jupe fluide mes jambes, le bas de la robe dissimule mes mollets sécurisés de la même façon que mes bras par les torsades d’or.

             Mes cils sont soudainement blancs comme neiges et des taches de rousseur de la même couleur parsèment ma peau.

             Mon cœur rate un battement. Ce n’est pas un simple uniforme. La sensation que cette armure est indissociable de mes pouvoirs me prend.

— C’est compliqué à expliquer à une femme qui a perdu la mémoire mais tu ne viens pas d’ici, reprend la Vipère, dans mon dos, tandis que je m’admire, sous le choc. Ce que tu as n’est pas un alter, c’est un don et tu ne peux pas le dissocier de ton armure.

— Mais je parvenais à manier le sable, avant, j’objecte.

— Oui mais pas avec autant de précision que la Louve que je connaissais.

             Je ne sais trop quoi répondre, abasourdie.

— Et la Louve que je connaissais et celle qui va affronter All for One aux côtés d’All Might et prouver sa valeur aux siens.

             Dans le reflet du miroir, je la vois soudainement s’arrêter juste derrière moi, faisant voir son visage au-dessus de mon épaule. Son œil me fixe, intransigeant.

— Car ta place est ici et il est hors de question que quelqu’un te fasse croire l’inverse.

             Une forte bouffée de chaleur s’empare de moi. Le visage d’Aizawa se dessine dans mon esprit. L’amertume de son ton, les dernières fois qu’il s’est adressé à moi, les menottes sur mes poignets, son indifférence à mes tentatives de défense.

             Je lui prouverai qui je suis et ce que je vaux à travers ce combat. Je n’ai peut-être pas pu être là pour sauver Bakugo, mais j’irais chercher les personnes restantes dans les décombres et me dresser devant celui responsable de tout cela.

             Mon regard s’attarde sur mon reflet. Je me sens fière, forte, puissante. Immensément et infiniment grande.

             Je le ressens.

— Je vais me battre, je lance.

             Son œil se ferme tandis qu’elle acquiesce doucement.

— Bien sûr que tu vas le faire.

             Sa paupière s’ouvre à nouveau.

— Car même si tu ne t’en souviens pas, que mes mots te semblent flous, tu resteras à jamais l’une des nôtres. Tu es la Louve.

             Mon regard accroche le sien. Un spasme parcourt ma colonne vertébrale. Mes os de métal me maintiennent droite. Derrière, les regards d’Olympe et Edward observent aussi notre reflet. Ce spectacle a quelque chose de familier que je ne saurais décrire.

             Mais mon cœur bat avec ferveur à sa vue.










— Et nul ne peux s’en prendre aux membres du Cercle Impérial impunément.

















武士は食わねど高楊枝















3042 mots

pas d'aizawa pour
ce chapitre mais
son retour ne
saurait tarder :)

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top