𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟔















—    A  M  E    A  S  S  E  R  V  I  E    —

















武士は食わねど高楊枝
• S 0 3 E 0 2 •
















             LE SOLEIL EST HAUT dans le ciel et la journée, bien avancée. Pourtant, mon corps demeure engourdi par le manque de sommeil. Isabelle — le chat écaille-de-tortue — a passé la nuit à bondir sur mon corps à intervalle régulier et se servir de mon crâne comme escabeau pour mieux observer le séjour.

             Tant et si bien que, en cette belle journée d’été signant notre départ pour le camp de vacances, je suis déjà exténuée.

             Suivant le conseil d’Aizawa, je me suis servie dans sa garde-robe. Et, à présent vêtue d’un de ses vieux joggings gris par-dessus lequel j’ai enfilé le tee-shirt brun que Momo m’a confectionnée, je me sens à l’aise. Et l’envie de retourner rapidement dormir me parcourt.

             Bien que je sache qu’aucune forme de sommeil n’égalera jamais celle que j’ai connu, dans le lit du héros, il y a quelques jours.

             Après m’être embêtée avec ma valise et avoir brièvement discuté du handicap de l’homme, mon embarras m’a poussée à aller le voir dans sa chambre. Il m’a alors proposé de m’installer à ses côtés pendant qu’il corrigeait des copies pour regarder une série.

             Mal à l’aise quoi qu’étrangement réconfortée par l’invitation, j’ai accepté. M’asseyant au bord du matelas, le dos droit, je l’ai laissé choisir le programme sans oser faire quoi que ce soit. Remarquant ma position, il a levé un sourcil dépité en ma direction avant de me dire de me mettre plus à l’aise.

             J’ai d’abord acquiescé sans rien faire. Puis, les minutes se sont écoulées et mon dos s’est fait douloureux, sans dossier. Alors, sans réellement y songer, je me suis étendue le long du matelas.

             A un moment, remarquant une anomalie sur la copie de Mineta — à savoir le dessin d’une femme nue sur un contrôle de mathématiques — il s’est tourné vers moi, commençant à me demander quelles mesures devraient être prises pour le comportement du garçon. Mais, aussitôt m’a-t-il vue que sa phrase s’est étranglée dans sa gorge.

             Encore aujourd’hui, une chaleur me prend au souvenir de son regard scannant brièvement mon corps avant qu’il ne secoue la tête, dépitée.

             Des souvenirs de mon mariage aidant, j’ai d’abord pris peur en le voyant m’analyser brièvement avant d’effectuer cette moue. Bêtement, bien qu’il ne soit pas mon mari, l’envie m’a même prise de m’excuser pour mon apparence, assurant que j’allais veiller à me tenir plus droite et convenable en sa présence.

             Mais, au lieu de se moquer, il s’est purement et simplement levé avant de se diriger vers le placard au fond de la pièce. Puis, en extirpant un plaid gris, l’a déposé sans ménagement sur moi.

« Si t’as froid, tu te couvres et t’attends pas que je remarque ta chair de poule. T’es pas censée être une adulte ? » a alors résonné sa voix.

             Et, malgré son ton désintéressé, son expression ennuyée et ses autres commentaires sur le fait qu’avec mes idioties, je le retardais dans ses corrections, son geste m’a réchauffée de l’intérieur. Alors, enfermée dans le cocon qu’il avait créé, bercée par sa présence et même rassurée, mes paupières se sont lentement fermées tandis que j’observais la série sur son téléphone.

             Quand je me suis réveillée, quelques heures plus tard, il faisait nuit. Cette dernière avait tant progressé qu’Aizawa avait eu le temps de revenir de son travail nocturne en tant que héros-patrouilleur et dormait sur le sol, dans son habituel sac de couchage jaune. Dépitée par cette vision mais n’osant le réveiller, je me suis aussitôt levée.

             Je ne pouvais décemment pas le tirer de son sommeil pour lui demander de revenir dans son lit, interrompant sa nuit. Mais rester sur son matelas tandis qu’il demeurait sur le sol me semblait au moins aussi déplacé.

             Alors, posant ma couverture sur son corps, j’ai saisi un papier sur son bureau, y ai inscrit quelques mots avant de retourner dans le séjour.

« Vous auriez dû me réveiller. Mais merci de m’avoir laissé votre lit.

PS : vous avez l’air con quand vous dormez. »

             Quand j’ai ouvert les yeux le lendemain, jamais je ne m’étais sentie aussi reposée.

             Assurément, cela n’a rien à voir avec mon état actuel. La douce torpeur engourdissant le moindre de mes gestes, mes yeux quasiment clos derrière mes lunettes de soleil et les rayons de ce dernier achevant mes dernières sources d’énergie, je suis trop épuisée pour faire le moindre geste.

             Tant et si bien que je n’entends que divers bruits aigus autour de moi sans parvenir à en distinguer les nuances. Mais je suis tout à fait consciente qu’il ne s’agit que d’un mélange des cris surexcités des élèves, heureux de partir en voyage.

— Le premier trimestre est fini ! Vous êtes actuellement en vacances d’été, retentit la voix d’Aizawa, à quelques mètres de moi.

             Dans mon dos, le bâtiment du lycée, un « H » fait de vitres, s’étend tel un gratte-ciel tandis que, devant moi, le portail de sécurité se dresse à une vingtaine de mètres de notre position. Nous tous nous trouvons présentement entre les deux. Sous nos pieds, le sol goudronné de la route est bordé de pavés couleur cuivre constituant une espèce de trottoir lui-même bordé de gazon. Puis, dissimulant les murs entourant le site pour le protéger, des arbres densément feuillus nous entourent.

             Un parfum agréable embaume l’air. Si mon regard ne s’arrêtait pas sans arrêt sur le portail bleu devant moi ainsi que le bâtiment dans mon dos, je jurerais presque me trouver dans un parc.

— Toutefois, pas de répit pour les futurs super-héros ! poursuit Aizawa sous le regard attentif des élèves en uniforme. Vous devrez vous dépasser à ce camp et viser le Plus Ultra.

— Bien ! répondent-t-ils tous en chœur, leurs regards se posant sur les bus blancs dans notre dos.

             L’un d’entre eux nous mènera à bon port.

             Le discours de leur professeur fut bref, comme à l’accoutumée. Il n’est pas du genre à s’embarrasser de détails. Tant et si bien que, dès lors ces paroles prononcées, il se détourne de la classe pour se tourner vers moi. Et à quelques mètres de lui, à l’ombre sous un arbre mais les yeux gonflés toujours cachés derrière mes verres noirs, je le fixe en retour, luttant contre l’envie de bailler.

             Aussitôt son regard se porte-t-il sur moi que les élèves se dispersent, commençant à brailler d’un air surexcité. Il les ignore et me rejoins en quelques pas. Bientôt, il se retrouve juste devant moi, un pas à peine nous séparant.

— Est-ce que tu dors, derrière tes lunettes ? demande-t-il.

— Non, mais j’aimerai bien, je réponds. Je dois avoir dormi deux heures cette nuit à cause d’Isabelle. Ce chat me déteste.

— Elle est loin de te détester, si elle rôde autant autour de toi c’est qu’elle a confiance en toi, objecte-t-il.

             Cette pensée me rassure. L’idée que les chats du noiraud puissent me porter dans leurs cœurs est réconfortante.

— Tu as rangé ta valise ? me demande-t-il.

— Oui, en même temps que la tienne.

             Il acquiesce.

— Tu vas pouvoir dormir dans le car, on a plusieurs heures de route.

— J’ai du mal à dormir en position assise, j’objecte dans un bâillement, posant maladroitement la main sur mes lèvres. Je vais pas fermer l’œil.

— Tu n’auras qu’à…

             Il termine sa phrase mais la fin est inaudible. Fronçant les sourcils, je lève les yeux vers lui — que j’avais abaissé sur le sol par fatigue — et remarque son regard fuyant. La couleur de mes verres me joue des tours mais il me semble aussi que ses joues sont plus foncées que tout à l’heure.

             Il a sans doute chaud, en cette splendide journée d’été.

— Quoi ? je répète.

— Tu as très bien entendu, répond-t-il d’un air catégorique en fourrant ses mains dans ses poches, regardant le délégué de classe affublé de ses lunettes rectangulaires se jeter devant le bus pour indiquer à ses camarades de se mettre en file indienne.

— Non ! je rétorque aussitôt, mes sourcils se fronçant.

— Alors tant pis pour toi.

             Je lève les yeux au ciel. Va-t-il réellement dégainer cette carte ? « Tant pis pour toi » ? Sérieusement ?

             Aussi grand héros et professeur renommé soit-il, il a des accès de connerie plus phénoménaux que la lubricité de Mineta.

— T’es vexé que je ne t’ai pas entendu ? je demande. Non mais t’as quel âge ?

— Tu m’as très bien entendu, tu veux juste me faire répéter.

             Il ne me regarde toujours pas.

— Pourquoi je voudrais te faire répéter si je t’avais entendu ? je souligne, abasourdie.

— Pour te moquer.

             Mes sourcils se haussent.

— Et depuis quand tu en as quelque chose à foutre que je me moque de toi ?

             Il ne répond pas. Je devine à son air impassible mais son silence prolongé que je viens de marquer un point. Je n’ai absolument aucune idée de ce qu’il vient de dire. Mais je le trouve anormalement susceptible, aujourd’hui.

             Pourquoi diable se renfrogne-t-il ?

             Bien sûr, j’ai déjà vécu la situation particulièrement agaçante de dire quelque chose à quelqu’un et devoir le répéter une dizaine de fois, plus parce que la personne n’écoutait pas qu’à cause de quelconques problèmes d’audition. Mais, cette fois-ci, il n’a vraiment pas parlé distinctement.

— Bien, finit-il par trancher.

             Là, il se tourne enfin vers moi. Et la brutalité avec laquelle il plonge ses iris dans les miennes me saisis. Les rougeurs de sa plaque sclérotique forment un certain contraste avec ses iris sombres mais je n’en dis rien. Quoi que la vision soit esthétiquement plaisante.

             Ce n’est sûrement pas le sujet.

— Je vous ai dit que vous n’aviez qu’à dormir sur mon épaule, lâche-t-il. Vous m’avez fait répéter, vous pouvez faire une remarque sur mon odeur et on passe à autre chose.

             Mes sourcils se haussent. Je comprends mieux, à présent, les raisons pour lesquelles il ne souhaitait pas se répéter. Mon cœur se serre un peu dans ma poitrine. Bien des personnes lui ont fait des remarques sur le fait qu’il ne soigne pas son apparence sans qu’il ne s’en inquiète jamais alors je ne réalisais pas que cela pouvait le toucher.

             Il aurait été plus judicieux que je me taise, sur ce coup. Jamais il ne s’est permis ce genre de blagues, lui.

             Bon, en même temps je sais étendre mon linge et je ne dors pas dans un sac de couchage que je ne lave jamais.

— Désolée, est tout ce que je trouve à dire.

             Son regard ferme et presque hostile se moue soudain en un air surpris quand ses sourcils se haussent. Il semble interloqué par ma réponse.

— Je ne pensais pas vous avoir blessé, c’était stupide de ma part de faire toutes ces blagues, j’admets.

             Je saisi pour quelle raison il est désarçonné par mon mea culpa. Quelques semaines auparavant, je désirais plus que tout l’occire et jamais l’idée que je puisse me montrer aussi douce avec lui ne nous aurait traversé l’esprit.

             Mais il me loge, s’occupe de moi. L’air inquiet sur mon visage quand certains éléments tendent à me rappeler mon ex-mari me touche. Il se préoccupe vraiment de ma santé.

             Alors je ne veux pas le rabaisser bêtement sous prétexte que mes relations passées ont pu me faire croire qu’il s’agissait-là d’une forme normale de communication.

— Vous ne m’avez pas blessé, répond-t-il simplement. J’étais conscient de mon odeur et content car les gens m’approchaient pas.

             Mes sourcils se haussent. A mon tour d’être surprise.

— Alors pourquoi vous l’avez modifiée ? je demande en songeant au soin avec lequel il étend son linge, la délicate odeur enveloppant ses cheveux ainsi que les deux autres sacs de couchage identique qu’il a acheté pour les laver plus régulièrement.

             Le changement est flagrant. Même ses élèves l’ont remarqué. Mina m’a d’ailleurs félicitée — ce qui m’a sérieusement prise au dépourvu.

















— J’avais envie de changement, répond rapidement Aizawa avant de se tourner vers le bus. Bon, on va pas non plus y passer la nuit.





































— Bon, on fera un arrêt dans une heure. Ensuite…

             La voix d’Aizawa résonne devant moi. Mais celle-ci est très vite engloutie par les conversations allant déjà de bon train dans le car. Et, debout au bout de l’allée blanche, mon regard s’arrêtant sur les élèves assis aux fauteuils bleus, juste à côté des vitres parées de rideaux verts, je les compte rapidement.

             Bien que certains soient levés et tous braillent, ils demeurent assez fixes pour me permettre de vérifier qu’il n’en manque aucun. Mes yeux se posent donc sur leur professeur qui, assis à ma gauche au premier siège faisant face à la route, hausse les épaules en se tournant vers moi.

             Ses yeux accrochent les miens.

— Laissons faire, soupire-t-il en comprenant bien qu’il ne pourra plus attiser leur attention, maintenant. Ils ne vont pas s’amuser longtemps.

             Je pouffe légèrement face à son air dépité. Il devrait le savoir mieux que quiconque, étant un ancien élève ayant évolué aux côtés de Present Mic ainsi qu’un professeur depuis de nombreuses années : rien ne peut retenir l’esprit d’adolescents surexcités. Pas même l’autorité naturel qu’il dégage.

             La dernière partie de sa phrase, néanmoins, me laisse perplexe. Il ne m’a rien dit sur ce camp de vacances — ou plutôt, d’entrainement. Mais son ton grave ne laisser présager rien de bon.

             Qu’importe. Mes questions s’évanouissent dans mon esprit lorsqu’il se décale légèrement, m’invitant à prendre place à ses côtés. J’obtempère, une dense chaleur s’élevant en moi lorsque je m’assoie sur le siège à sa gauche.

             Sa présence m’apaise immédiatement. Mes muscles se détendent tandis que la route passe à toute vitesse autour de nous. Le mouvement continue me berce et mes paupières se font plus lourdes dès que mon corps se trouve sur le siège.

             Pourtant, droite comme un piquet, je n’ose m’appuyer contre Aizawa. Il a sûrement proposé son soutien par politesse, je ne suis pas sûre que passer plusieurs heures avec un poids sur l’épaule soit vraiment tentant.

             Alors, malgré mes muscles détendus, je demeure statique.

— Tu comptes passer tout le voyage comme ça ? demande-t-il soudain.

             Je sursaute en me tournant vers lui. Il braque déjà un regard consterné dans ma direction avant de soupirer, comme dépité par mon comportement.

             Mais je n’ai pas le temps de me justifier.

             Soudain, sa large main se pose à l’arrière de mon crâne. Sans que je ne songe à y opposer la moindre forme de résistance, il m’attire contre lui. Et, bientôt, mon torse trouve le sien et ma tête, ses pectoraux.

             Mes yeux s’écarquillent. Je ne suis pas allongée sur son épaule. Pas du tout.

             Assis dos à la fenêtre, il a écarté les jambes afin que je me glisse entre elle. Et, à présent blottie contre son torse, il pose une main sur mon épaule et l’autre sur mon crâne. Une dense chaleur m’envahit, à mi-chemin entre bien-être et embarras.

             Cette situation est confortable.

             Il se dégage de lui une telle température qu’aucune couverture n’est nécessaire. Les bras ramenés contre ma poitrine, mon oreille posée sur son cœur, j’entends celui-ci battre intensément.

             Mes muscles se détendent et les vapeurs du sommeil s’étendent aussitôt en moi mais je n’ai pas réellement le temps d’y prêter attention. La poitrine d’Aizawa se soulève en-dessous de moi, me berçant.

— J’avais froid et t’avais besoin de t’allonger, échange de bon procédé, déclare simplement le noiraud, inutile d’en faire tout un plat.

             Malgré moi, un sourire me prend. Il sait très bien que cette position peu prêter à confusion mais n’en a pas grand-chose à faire. Ses mains sur mon corps me gardent contre le sien, protectrice.

             Je n’ai plus peur de m’endormir, maintenant que mes nuits se passent près de lui.

             Inspirant une grande bouffée d’air contre son tee-shirt, je souris quand le parfum d’orchidée et vanille s’insuffle dans mon nez. Il est clair que depuis qu’il a appris à s’occuper correctement de son linge, c’est le jour et la nuit.

— Tu sens bon, je murmure dans un sourire.

— Arrêtes tes conneries, répond-t-il aussitôt d’une voix ennuyée.

— Mais je te jure ! je me défends en riant légèrement, inspirant à nouveau son parfum.

             Il semble remarquer mon geste mais n’en dit rien. Je laisse un silence apaisant prendre place entre nous. Les cris des enfants au loin nous bercent ainsi que le bruit du moteur. Les mouvements nous apaisent.

             L’heure d’un repos bien mérité a sonné.

             Mais je n’ai aucune envie de dormir. Ou du moins, mon corps le veut mais mon esprit veut profiter de cette paix, en avoir pleinement conscience. La saveur de ce moment m’anime doucement.

— C’est pas une corvée de m’avoir dans ton appartement ? je demande, ne sachant trop quoi dire.

Etant donné que tu fais les corvées, par vraiment, me répond sa voix dans un bourdonnement, signe que ses yeux sont fermés et qu’il se laisse happer par les vapeurs du sommeil.

— Oui mais tu ne peux pas inviter qui tu le souhaites, je fais remarquer.

— Et pourquoi cela ?

— Un peu compliqué d’expliquer à une femme que la femme avec laquelle tu vis n’es pas ton épouse mais ta colocataire ex-taularde, je lâche dans un rire.

— Effectivement mais la plupart du temps je dis simplement que tu es ma femme.

             Mes yeux s’écarquillent brutalement. Ai-je bien entendu ?

— Comment ça ? je demande, mon cœur battant avec ferveur.

— On est tout le temps fourrés ensemble alors, quand une femme me demande si je suis célibataire, je dis que non. Il m’est déjà arrivé de dire que oui et de décliner l’invitation à diner mais, la plupart du temps, j’ai dû regarder la personne pleurer en me demandant si je refusais parce qu’elle était laide, explique-t-il d’une voix monotone sombrant peu à peu dans le sommeil.

— Alors je suis ton alibi ?

— Alors tu es mon alibi.

             Sans réellement comprendre pour quelle raison, un sourire étire mes lèvres à cette pensée. L’idée que de jolies femmes aient pu l’aborder, proposant un diner et que, d’un geste las, il m’ait montrée du doigt en disant que j’étais sa femme me gonfle d’une certaine fierté.

             Han avait tendance à dire, au contraire, que j’étais sa collègue de bureau ou filleule. Il avait honte de moi.

             Cette pensée me traverse soudain.

— Mais… Tu n’es pas embarrassé de me faire passer pour ta femme ? je demande en levant la tête vers lui.

             Ses yeux sont clos. Il semble dormir. Mais je devine qu’il m’a écoutée car il lâche dans un demi-sommeil, fronçant à peine les sourcils.

— Embarrassé ? répète-t-il.

— Bah oui, dire que je suis ta femme alors que je suis souvent mal habillée et pas bien apprêtée.

— C’est justement parce que je sais qu’en te voyant, elles réaliseront qu’il n’y a pas moyen que je puisse me détourner de toi que je te fais passer pour mon épouse, grommelle-t-il. Elles abandonneront forcément en te voyant.

             Mon cœur rate un battement. Ses mots me percutent de plein fouet avant de doucement me réchauffer.

« Il n’y a pas moyen que je puisse me détourner de toi. »

             Ce n’est sûrement pas ce que pensait Han, me trompant régulièrement. Mais, même dans un demi-sommeil, Aizawa semble bien sûr de lui.

             Un dense torpeur s’étend en moi tandis qu’il presse légèrement sa main posée sur mon crâne :










— Bon, tais-toi et dors, maintenant.


























武士は食わねど高楊枝

















3253 mots

après une petite pause
me revoilà

j'espère que ce chapitre
vous aura plu

:)

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