𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟏















—    A  M  E    A  S  S  E  R  V  I  E    —
cw — violence conjugale













武士は食わねど高楊枝














             UNE DELICATE CARESSE sur ma joue m’arrache un sourire. Une matière douce est collée à mon visage, apaisant celui-ci. Le rictus sur mes lèvres s’agrandit tandis que je me retourne, savourant la chaleur et le confort qui m’envahit.

             Tout est moelleux autour de moi. Un cocon semble m’entourer, réconfortant, plaisant. Je ne veux pas ouvrir les yeux. Après la prison et le banc des vestiaires de Yuei, cela fait si longtemps que je n’ai pas connu si agréable réveil que je suis aujourd’hui incapable de m’extirper de ma position. Et, surtout, je ne le veux pas.

             Soudain, une pression sur mon ventre titille mon attention. Une autre se fait sentir un instant plus tard. Puis une troisième suivie d’une quatrième. Petites et précisément localisées, elles se font fortes quoi qu’indolores.

             Intriguée, mes sourcils se froncent. Je m’apprête à ouvrir les yeux quand une odeur nauséabonde, semble à des relents de marée basse mélangés à de la moisissure me prend au nez.

             Mon cœur se soulève et j’écarquille les yeux, tombant nez à nez avec une frimousse truffée de poils longs et noirs, deux yeux ronds verts barrés d’une fente ainsi qu’une truffe sombre et mouillée remuant à mesure qu’elle me renifle.

             Un chat. Sur moi.

             Ma tête se tourne de quelques centimètres, distinguant un plafond blanc face à moi et, surtout, le dossier du canapé dans lequel je semble dormir. Au sommet de celui-ci, un autre quadrupède écaille de tortue me jauge du haut de sa frimousse rectangulaire. Une femelle, cela se devine à sa robe. Contre ma joue, la matière si douce m’ayant offert un agréable réveil s’avère être un abyssin aux oreilles particulièrement large et à la fourrure noisette.

             Mais qu’est-ce qu’il se passe ici ? je réalise en écarquillant les yeux, n’osant trop bouger de peur d’effrayer l’animal perché sur mon torse.

             Quelques secondes me sont nécessaires pour comprendre pleinement que cette situation est tout à fait anormale. Bien que particulièrement revigorant et plaisant, ce réveil ne s’inscrit pas dans le schéma logique de ce qu’est ma vie, à présent.

             Le banc de métal, le lycée Yuei ou même le décor sombre de ma cellule, voilà des lieux dans lesquels je devrais me réveiller. Mais sûrement pas un canapé douillet et garni d’épaisses couvertures et des chats éparpillés autour de moi. Quelque chose s’est produit.

             Soudain, mes yeux s’écarquillent. Hier, je me suis rendue au bar de Dan. J’ai le souvenir d’avoir dansé sur Bumpy Ride, m’être déhanchée comme j’ai pu avoir l’habitude de le faire, par le passé. Mais la suite demeure brouillée dans mon esprit.

             Aurais-je pu boire jusqu’à perdre la mémoire et rentrer avec le premier inconnu venu ?

             Mes entrailles se tordent à cette idée. Je n’ai pourtant aucun souvenir d’avoir ingéré un quelconque alcool. De plus, je n’en avais pas la moindre intention, lorsque j’ai poussé la porte du bar de Dan. Celui-ci ne m’a d’ailleurs pas proposé de verre et s’est contenté de m’étreindre. Le revoir m’a fait du bien.

             Mais l’idée que je puisse, juste après ma rencontre avec un vieil ami perdu de vue, m’être tout bonnement murgée et avoir saisie la première personne venue me déplait et me rend mal à l’aise. Je ne veux pas trahir Han.

             Un miaulement retentit soudain, m’extirpant de mes réflexions intérieures.

             Tournant de nouveau la tête vers le sol fait de carrelage blanc, j’aperçois cette fois-ci la truffe grise et noire traversée d’iris bleues d’un siamois. Il semble jeune. Peut-être est-il âgé d’un an ou deux. Quoi qu’il en soit, je suis assez surprise par le nombre de chats ici.

             Quand mon regard croise d’ailleurs le sien, il attend quelques secondes avant de miauler à nouveau, cette fois-ci avec un peu plus de véhémence.

             Mes sourcils se froncent. Un chat un planté dans le creux de mon épaule, roulé en boule et semble dormir, un autre s’est dressé sur ma poitrine pour mieux m’observer, un troisième me fixe depuis le dossier du canapé en similicuir beige et ce nouveau venu semble sérieusement en train de me demander à manger.

             Bon sang, mais qu’est-ce qu’il se passe, ici ? Est-ce que j’ai été tirée dans un refuge pour animaux ? Si c’est le cas, je vais devoir avoir une sérieuse conversation avec Edward car il n’y a guère que cet abruti pour tendre un piège pareil.

             Le siamois miaule à nouveau, assis entre le canapé et la table basse posée juste devant, à quelques centimètres de mon visage.

— Arrêtes Kawa, tu vas la réveiller, retentit soudain une voix grave mais paisible dans mon dos.

             Mes muscles se tendent brutalement et mes yeux s’écarquillent. Cet homme, qu’importe la situation, je reconnaitrais le fruit de son organe vocal entre mille. D’autant plus maintenant qu’il a pu s’infiltrer dans mes rêves.

             Eraser Head.

             Mon cœur rate une série de battement tandis que divers questionnements prennent d’assaut mon esprit. M’a-t-il vu nue ? Lui ai-je parlé de mon rêve érotique avec lui ? Ai-je assez bu pour l’aborder ? Lui ai-je parlé de mon rêve érotique avec lui ? Avons-nous couché ensemble ? Lui ai-je parler de mon rêve érotique avec lui ? Est-ce que tous ces chats sont les siens ? Lui ai-je parlé de mon rêve érotique avec lui ?

— Oh… Trop tard, réalise-t-il en s’approchant un peu plus de moi.

             Sa tête dépasse à présent du dossier du canapé. Il ne se penche pas vers moi, restant droit. Mais ses yeux se posent sur la boule de poils noirs debout sur mon torse tandis que, de sa main, il gratte le front de la femelle écaille-de-tortue assise au-dessus de moi et qui me jauge depuis sûrement quelques minutes avant mon réveil.

             Je frisonne en sa présence.

             Vulnérable, tel est le mot qui me décrit le mieux en ce moment. A peine vêtue, le visage sans doute gonflé par mon long sommeil et des impuretés devant résider aux coins de mes yeux et sans doute lèvres, j’avoue avoir légèrement honte.

             Quand j’ai emménagé avec Han, celui-ci m’a fait savoir que mon haleine et mon visage au réveil lui déplaisaient. J’ai, depuis ce jour, pris l’habitude de me lever une heure avant lui pour me laver, me parfumer et m’apprêter avant de retourner dans le lit, feignant de sortir du sommeil en même temps que lui.

             Bien que l’idée qu’Eraser Head puisse me trouver à son goût ne devrait pas me plaire ni me traverser d’ailleurs l’esprit, je suis présentement consciente de mon allure et en suis même affreusement embarrassée.

             Honteuse, je tourne la tête dans la direction opposée, tentant de me cacher du mieux que je le peux avant de couvrir mon visage de mes mains.

             Le poids sur mon buste s’allège soudain. Entre mes doigts, je vois l’homme tirer le chat noir jusqu’à lui avant de le garder dans ses bras, le pressant contre ses pectoraux habillés d’un sweatshirt bleu marine à l’effigie du lycée Yuei.

— Navré pour ce réveil, commente-t-il en cajolant l’animal. Ils sont toujours intéressés par les nouvelles têtes.

— Parce qu’il y en a beaucoup qui défilent ici ? je demande derrière mes doigts ouverts, me souciant peu du ridicule de ma position.

— Pas vraiment, non. Généralement, les nouvelles têtes sont les nouveaux chats.

             Malgré moi, je souris derrière mes mains. L’idée que cet homme puisse rentrer dans cet appartement à priori spacieux chaque soir et s’enterrer avec ses chats pour quelques heures avant de se consacrer à son emploi de héros la nuit me réconforte.

             Il semble tellement plus chaleureux, maintenant.

— Je peux savoir ce que je fais ici ? je demande, sentant une dense chaleur se répandre sous ma peau à l’idée que sa réponse puisse impliquer nos corps haletants l’un contre l’autre.

             Mais elle est loin de faire écho à cette idée.

— Vous m’avez parlé hier du fait que vous dormiez dans les vestiaires alors je vous ai proposé le rez-de-chaussée de ma maison.

— J’ai accepté ? je demande, abasourdie.

— Vous vous êtes endormie avant mais, étant donné que je suis votre garant, c’est-à-dire l’équivalent d’un tuteur légal et d’un contrôleur judiciaire, j’aurais dû vous soumettre cette proposition plus tôt, vous faire dormir là où nous travaillons n’est pas vraiment autorisé, admet-il.

Reposant le chat sur le dossier à côté de son amie écaille-de-tortue, le noiraud passe une main sur son crâne, grattant celui-ci. Ses cheveux sous moins ternes qu’à l’accoutumée, comme s’il avait utilisé un soin.

Mon nez se fronce derrière mes paumes. L’odeur de moisissure qui l’accompagne habituellement à laisser place à un parfum très agréable de bois de cèdre et cuir.

Etrange. Encore hier, il se fichait de son parfum. Aujourd’hui serait-il un jour spécial ?

— Seulement étant donné que vous n’avez pas de quoi louer un appartement et que je me voyais mal vous proposer d’emménager ici étant donné votre prédisposition à vouloir ma mort, disons que j’ai retardé la proposition…

             Il marque un point. J’acquiesce sans ôter mes mains de mon visage. Il le remarque d’ailleurs, penchant la tête sur le côté.

— Je peux savoir ce que vous faites, là ?

— De quoi ? je réponds, feignant l’ignorance.

— Je vous ai pas mal vue, ces derniers jours, ça sert à rien de masquer votre tête, vous savez.

             Je ne réponds pas, me contentant de rester immobile. Si j’attends patiemment durant suffisamment de temps, peut-être va-t-il se lasser et m’abandonner ici ? J’aurais alors tout le temps de découvrir les lieux ainsi qu’une salle de bain pour mettre de l’ordre dans mes traits.

             Mais il demeure derrière ce canapé, droit comme un « I » et ses yeux tournés vers ma silhouette emmitouflée dans les draps. Ses iris semblent me scanner, tenter de percevoir un détail de ma personne derrière les tissus.

             Instinctivement, mes cuisses se serrent lorsque je remarque qu’il s’attarde sur ma poitrine habillée jaillissant des couvertures. Ma gorge se fait sèche. La chaleur en moi grimpe.

             Il brise finalement le silence après de longues secondes.

— Nous allons en ville aujourd’hui, j’espère que vous ne l’avez pas oublié. Prenez une douche à l’étage, j’y ai mis des vêtements.

             Mes yeux s’écarquillent. Mais bien sûr ! Le marché que j’ai passé hier, selon lequel il devait se laver et me laisser étendre ses vêtements avait une contrepartie qui résidait en une journée à ses côtés. Je n’ai aucune idée de comment cela a pu me sortir de la tête.

             Peut-être que la façon dont il est sorti de la douche, ce matin-là, entièrement nu et humide, attrapant mon menton de sa main brûlante avec un rictus en coin m’a alors trop saisie pour que je ne songe sérieusement à quoi que ce soit d’autre.

             Mes pensées sont chassées lorsque je le vois sortir de mon champ de vision, aussitôt suivi par ses chats dont l’un — le dénommé Kawa qui m’a miaulé dessus — n’hésite pas à me sauter dessus afin d’arriver plus vite de l’autre côté du canapé, m’arrachant d’ailleurs un faible cri de surprise.

             Au loin, l’homme ouvre une porte, sans doute pour y nourrir ses quadrupèdes. Quant à moi, je demeure immobile quelques instants sous les couvertures.
















             Je vais passer la journée avec Eraser Head. Seule.




































             Il doit être aux alentours de dix heures du matin. L’air est frais mais agréable compte tenu du fait que je porte le jogging et le sweat d’Eraser Head qui me tiennent assez chaud. J’avoue être troublée par le fait de me vêtir de ses vêtements mais je n’ai pas vraiment eu le choix, de toute façon.

             Et, si nous sommes dans ce centre commercial aujourd’hui, c’est justement pour remédier à ce problème.

             Devant nous, la splendide fontaine de pierre marque le centre du hall de ce lieu. A partir de lui, un sol gris s’étend jusqu’aux diverses boutiques et escalateurs menant eux-mêmes à d’autres boutiques. Leurs néons lumineux, enseignes, mannequins de vitrine et autres me sautent aux yeux, presque autant que les divers passants flânant déjà dans les allées.

             Il est relativement tôt, il n’y a pas encore grand monde.

— Par où on commence ? je demande, intriguée.

— J’ai eu tes mesures de la prison donc pas besoin d’aller chez un tailleur, déclare Eraser Head. C’est d’ailleurs aussi là que j’ai appris que t’avais eu une injection d’adrénaline modifiée qui éradique n’importe quelle maladie superficielle. C’est d’ailleurs pour ça que je me suis permis de t’apporter dans un lieu rempli de chat sans vérifier si tu y étais allergique.

— Monsieur a fait des recherches sur moi, on dirait, je le taquine.

— Tu vas vivre avec moi, c’est le moins que je doive faire, me répond-t-il avec un ton on-ne-peut-plus sérieux.

             Je lève les yeux au ciel face à son air solennel.

             Il ignore mon mouvement et, tournant légèrement la tête, se contente d’analyser les boutiques s’étendant à notre droite.

— Vous avez besoin de vêtements, non ? demande-t-il.

             Mes sourcils se froncent. Lorsqu’il m’a affirmé qu’il m’emmènerait en ville, j’admets m’être attendue à une exposition ou de la paperasse sur mon ancienne incarcération ou même un cours me rappelant la nécessité de respecter les termes d’une liberté conditionnelle — bien que, techniquement, je sois encore incarcérée.

             Alors, quand nous avons posé pied dans ce centre commercial, ma surprise a été particulièrement conséquente.

             Je me suis pourtant tue, croyant deviner qu’afin de me faire payer mon insubordination, il allait me faire porter ses sacs pendant une de ses virées shoppings. Me voilà donc désarçonnée par sa question.

— Vous me demandez ça…à moi ? j’hésite, surprise.

             Il lèvre les yeux au ciel.

— A qui d’autre voulez-vous que je le demande ?

— C’est que, comme vous l’avez fait remarquer ce matin, je n’ai pas d’argent donc…, je commence, assez saisie.

— Le lycée Yuei doit veiller à ce que vous soyez un minimum entretenue puisque vous êtes techniquement une de ses pensionnaires. J’ai donc une carte pour vous qu’ils m’ont donné en votre nom mais, comme je suis votre garant, moi et non vous pouvez y avoir accès, explique-t-il en brandissant une carte bancaire noire.

             Mes sourcils se haussent face à la couleur. Elle ne m’est pas inconnue. A vrai dire, Han en avait une similaire.

             Je déglutis péniblement. Cet objet, je l’ai maudit par le passé.

             Un soir, alors que je nettoyais son bureau, ma main a glissé et fait tomber son portefeuille sur le sol. Lui, qui était assis en retrait sur un canapé avec l’un de ses associés, a alors assisté à toute la scène. Et, tandis que je me suis penchée vers l’objet pour le ramasser, il marché jusqu’à moi et donné un coup de pied dedans, l’envoyant quelques mètres plus loin.

             Puis, me saisissant par la nuque, il m’a forcée à garder ma position courbée vers le sol, le dos vouté face à lui, avant de me cracher d’un ton hargneux que dans le portefeuille que j’avais fait tomber se trouvait une carte noire, une carte bancaire seulement accessible à l’élite, aux plus fortunés, un accès à une quantité d’argent phénoménale.

« Cette carte, elle vaut plus que toi, je l’aime plus que toi alors fais putain d’attention quand tu fais le ménage, pétasse. »

             Ensuite, usant de sa prise sur mon cou, il m’a jetée sur le sol et forcée à marcher à quatre pattes jusqu’au portefeuille. Sous les yeux de son associé hilare, un homme châtain paré d’un masque noir couvrant une partie de son visage, il m’a alors hurlé de présenter mes excuses à son argent pour avoir osé le faire tomber.

             Là, tandis que je gisais au sol, l’objet dans la main, il a tenté de m’humilier davantage en m’ordonnant de demander pardon à un portefeuille.

             Je me souviens avoir refusé. Il m’a giflée en réponse. La première fois qu’il m’a frappée. Pas la dernière.

             J’ai tenté de me relever, sous le choc, mais une intense douleur dans ma poitrine s’est manifestée, la même qui s’éveille habituellement en moi quand je commets un acte qui pourrait aller à l’encontre de mon mariage. Et, ajoutant à cette souffrance, Han a alors posé son pied sur mes omoplates, me forçant à me rallonger au sol.

             Réprimer les larmes m’a été impossible.

             Le mal dans mon sein était si intense, la honte que je ressentais si cuisante, le besoin de m’échapper si dense que, simplement pour pouvoir fuir, j’ai finalement consenti à m’excuser, pleurant à chaude larme.

             Jamais je n’avais été aussi humiliée.

             Cette nuit-là, j’ai tenté de quitter sa maison. Mais, de nouveau, la souffrance à ma poitrine m’a reprise, fendant quasiment mon corps en deux. Sous le choc de sa violence physique, usée par ses habituelles humiliations, j’ai tenté d’aller à l’encontre de cette douleur et de continuer à marcher loin de cette demeure devenue théâtre de mes cauchemars.

             Pourtant, quand le mal est devenu trop insupportable pour mon corps, je n’ai pu contrôler celui-ci plus longtemps et me suis évanouie. J’étais alors déjà sortie de chez moi et me trouvais dans une rue adjacente à ma maison.

             Le lendemain, c’est dans les bras de Han que je me suis réveillée. Au chaud dans mon lit, un petit-déjeuner posé à côté de moi sur un chariot élégant d’hôtel, j’ai failli me faire dessus quand j’ai réalisé que j’avais échoué, qu’il m’avait retrouvé. Prise de terreur, j’ai attendu des heures entières dans une dense frayeur, convaincue qu’il se vengerait.

             Mais il s’est contenté de m’embrasser tendrement, caresser ma joue avec douceur, me murmurer que je suis une femme splendide et que rien n’atteindra jamais ma valeur. Ses torts se sont effacés avec l’amour qu’il m’a apporté, ce jour-là.

             Il s’est excusé pour son comportement, jurant qu’il était soumis à un environnement bien trop hostile et qu’il n’aurait jamais dû déverser sa colère sur moi. Durant la journée, il a ensuite entrepris de me conforter, baiser mes joues, lisser ma peau de son pouce. Il a promis qu’il m’aimait et qu’il avait besoin de moi.

             Je l’ai cru, ce jour-là.

             Alors je suis restée.

— Tout va bien ? me tire une voix de mes pensées.

             Eraser Head. J’avais presque oublié sa présence. Il a les yeux posés sur moi, un regard anormalement allumé d’une lueur d’inquiétude.

— Oui, je… Je pensais à Han, c’est tout. Il avait une carte dans ce genre.

             Les sourcils de l’homme se haussent immédiatement, visiblement surpris d’entendre ce nom. Ses iris s’assombrissent brièvement quand il les baisse vers le sol, réfléchissant visiblement à mes paroles.

             Mais, avec un sourire faussement amusé où se devine tout de même ma tristesse, j’ajoute :

— Il l’aimait plus que moi.

             Je sens une larme couler sur ma joue au moment où le regard surpris du noiraud remonte jusqu’à moi. Il semble pris de court par mes propos. Et par mes pleures. Mais je ne parviens pas à les retenir.

             Et je ne sais à vrai dire même pas pourquoi je me confie présentement à lui ni pourquoi je ressens le besoin de continuer.

— Et c’est pas une vue de l’esprit, j’ajoute avec un large sourire mouillé de larmes pour m’empêcher d’éclater définitivement en sanglots. Il m’a giflée parce que je l’avais faite tomber.

             Ses sourcils sont légèrement froncés tandis que, visiblement sous le choc de mes paroles, il entrouvre les lèvres, muet. Mais son mutisme ne fait que croitre mon anxiété. Et si, à l’instar de Han, il se moquait de moi ?

             Peut-être aurais-je dû garder tout cela pour moi, en fin de compte.

— Et je sais même pas pourquoi je vous raconte ça parce que vous devez être la dernière personne que ça inté

             Ma phrase meurt dans ma gorge. Sa main vient de poser sur mon cou, ses doigts se prolongeant sur ma joue comme pour la tenir. Et, se servant de sa prise, il m’attire soudain contre lui. Ma tête atterrit dans ses pectoraux tandis que ses bras s’enroulent autour de moi, dans une étreinte surprenante.

             Mon cœur rate un battement avant de brutalement s’accélérer dans ma poitrine et mes yeux s’écarquillent. Jamais je ne me serais attendue à une telle réaction de la part d’Eraser Head.

             Mais j’entends son organe vital contre mon oreille et, de ses membres, il semble me protéger. Pour la première fois depuis longtemps, la sensation d’être réellement en sécurité me prend. Alors, comme si je n’avais, en mon for intérieur, cherché que cela depuis tant d’années, un lieu où je pourrais enfin être sans crainte, je me laisse aller.

             Et contre lui, j’éclate en sanglots, laisse ma poitrine se secouer, ma gorge se serrer et les larmes couler. J’en ai besoin. A vrai dire, je crois que je réalise tout juste que j’en ai eu besoin dès le jour où j’ai posé mes valises chez Han.

— Je suis loin d’être la dernière personne que ça intéresse, me murmure-t-il tout en traçant des mouvements circulaires dans mon dos, tentant de m’apaiser.

             Dans ses bras, je laisse mes larmes poursuivent leur toute sur mes joues. Les mots d’Eraser Head m’apaisent, me revigorent.

             Ma poitrine se secoue. Je ne sais où donner de la tête, mes pleures ne tarissent pas.

             Peut-être Han n’était-il pas aussi bien et censé que ce que je m’imaginais. Car, au cours des derniers jours, force m’est de constater que les souvenirs qui me restent de lui sont loin d’être flatteurs.

             L’homme m’enserrant ne dit rien de plus, cela ne m’étonne guère. Il n’est pas friand des longs discours. Qu’importe. Là, maintenant, sa seule présence m’importe.

             Et peut-être est-ce elle qui me pousse à déclarer, pour la première fois depuis notre rencontre :











— Merci, Aizawa.

 





























武士は食わねど高楊枝



















3607 mots

j'ai totalement oublié
de publier je suis
vraiment désolée

j'espère que ça vous
a plu

:)

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