𝐅𝐫𝐮𝐬𝐭𝐫𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧

Le distinct bruit d'un stylo plume grattant sur le papier vierge brisait le silence de la chambre d'Icare.

Du mouvement de sa main, les lettres se formaient, l'encre noire coulait, formait de jolies lettres comparables à celles des livres de contes pour enfants, qui cachaient quelquefois une histoire bien plus sombre derrière les métaphores féeriques.

C'était de l'art. Son art. Le poème. Un vers, une virgule, retourner à la ligne. Une jolie majuscule, un moment d'hésitation et l'encre qui coulait de sa plume, formant un pâté noir sur le papier, une larme d'encre. Puis il reprenait, écrivait un nouveau vers avant de répéter le procédé. La feuille commençait à se remplir. Les caractères formaient un texte rempli d'émotions, du vieux français, de jolies courbes et les pensées du garçon rassemblées en un seul endroit.

La main du poète se stoppa. Elle resta en suspension au-dessus de la feuille, le liquide noir de son stylo gouttant sur son travail. Il fallut quelques secondes, une pensée, pour que de véritables larmes ne commencent à couler. Le rouquin jeta son stylo au sol, l'explosant au sol, taché de noir désormais.

Jamais il ne serait assez bon.

Les autres faisaient tout mieux que lui, de toute façon...Alors à quoi bon ? La frustration le gagnait. Malgré tous ses efforts, il était voué échouer. Tout le monde lui avait dit. Son précepteur, sa famille. Ses amis. Des inconnus au bar. Le serveur. Oh, le serveur...Si seulement il avait la force de le frapper en plein visage. Les inconnus du bar. Si seulement il pouvait juste leur crier dessus un bon coup.

Ses amis...S'ils en étaient vraiment. Plutôt des camarades ? Ou des connaissances ? Des collègues ?

Et sa famille ? Qu'est-ce qu'il aurait aimé juste pouvoir pleurer dans les bras de son frère ou de sa mère...

Mais tout s'était brisé. Par sa faute. Maintenant, il retenait juste ses émotions. Il attendait le jour où tout allait exploser, lâcher. Le jour où cette épine lui serait retirée de la main.

Sauf que ce jour n'arrivera jamais.

En retirant ses lunettes, qu'il jeta contre le mur, Icare leva la tête. Il s'aperçut dans le miroir.

Ses cheveux ébourrifés. Ce visage tordu, déformé par la colère et la frustration. Ces yeux bruns, si jolis, mais pourtant, dont les larmes coulaient en un flot presque sans fin. Rouges, gonflés.

Un sentiment d'illégitimité le parcourut.
Qui était-il pour se proclamer poète, même ? Lui qui n'était qu'un pauvre adolescent qui griffonnait des mots sans aucun sens sur les serviettes des bars dans lesquels il passait quand il était un peu trop abattu par l'alcool.

Qui était-il pour avoir un rêve, hein !? Qui était-il ? Dites le moi, qui était-il ? Pourquoi avait-il même le droit d'avoir l'espoir de faire de son rêve de vivre de l'art une réalité ?

Personne.

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