1916

Auriez vous le temps, par hasard, d'écouter les murmures de la Somme ?
Abbeville, Amiens...Tant de belles villes qui ont pourtant vécu le chaos !
Nos plaines, nos champs, qui fleurissent de coquelicots et de bleuets tous les ans, symbole de notre chère patrie !
Nos champs, nos champs si beaux dans
lesquels on peut encore retrouver des vestiges du passé...

Des ossements, d'un soldat inconnu venant de Grande-Bretagne,
Des bouts de métal peut-être,
Ou encore des obus, qui remontent à la surface de la terre,
Pour nous raconter des histoires qu'eux seuls ont vécu...

Car là où la mort s'est profilée durant quatre longues et terribles années,
Maintenant, ce ne sont plus que des champs labourés,
Quelquefois, dans le lointain, je suis sûre que nous pouvons encore les entendre,
Les obus, les cris, et les échos désespérés de ceux qui se sont sacrifiés,

Dans une douce illusion, de médailles et de récompenses,
Ils sont partis la fleur au fusil,
Mais au final, la seule fleur qu'ils ramèneront, c'est celle qui sera déposée sur leurs sépultures,
De grandes croix blanches, qui verdissent au fil du temps

Des noms oubliés, des âges passant de ceux correspondant à un lycéen ayant tout juste passé son BAC,
À ceux qui auraient bien pu appartenir à des pères de famille,
Quelquefois, je me demande qui les attendaient,
Quelquefois, je me demande qui est-ce que leurs proches ont perdu...

Un fils, un frère ? Un père, ou un cousin ? Un oncle, peut-être, ou un meilleur ami ?
Un amant, l'amant de la pauvre mariée, qui attendait tous les jours au pas de la porte le retour du facteur, dans l'espoir de recevoir une lettre ?
Quel chagrin a-t-elle pu exprimer, quand l'ultime lettre qu'on lui avait envoyée, était accompagnée d'une mention "mort pour la France" ?

Qu'en est-il alors, de la gueule cassée ?
Du pauvre soldat au visage masqué d'une prothèse, qui essaie probablement de ne pas se souvenir des horreurs vécues sur le front ?
La terre retournée par les explosions et les tranchées où les rats pullulent,
Ce sont de terribles souvenirs qui resteront à jamais gravés dans sa mémoire

La bataille de la Somme fait partie d'une des pires que cette maudite guerre ait connue,
Alors je l'implore, ne les oubliez pas,
Ne les oubliez pas, ceux qui sont tombés,
Ceux qui sont tombés à cause de notre folie humaine.

Manon, 12/08/2024