CHAPITRE TROIS
FF TEWKSBURY ET ENOLA HOLMES
installée au seul bureau de la résidence, enola laisse s'écraser sa robe sur le fauteuil en velours de jean. elle tient entre ses mains le carton d'invitation que tewksbury lui a laissé entre les fleurs qu'il lui a destiné. elle fouille dans les tiroirs jusqu'à trouver du papier à lettres. elle en déchire un bout, attrape une plume qu'elle plonge dans un encrier pour se sentir encore plus adulée. le liquide bleue s'écrase sur la feuille, la tâche de gouttes irrégulières. elle trace, finement, au milieu de ce bazar d'encre, sa réponse. elle plie le papier, le glisse dans le tas de chrysanthèmes qui se sont laissés mourir sur le rebord de la fenêtre de sa chambre et sort du bureau qu'elle n'a pas nettoyé après l'avoir nacré de formes irrécupérables. elle claque la porte, file dans sa chambre et attrape une veste. elle noue ses cheveux qu'elle n'a pas pris le temps de démêler et s'enfuit à la va-vite de la maison. londres pleure la mélancolie de son âme au milieu de son désarroi.
enola se décide à emprunter le jardin le plus fleuri de londres en cette période de l'année, son objectif étant de rejoindre le chambre des lords pour déposer son carton réponse au marquis de basilwether. en cette matinée-déjeuner, le parc offre une belle vue sur la tamise où les ladies jouent avec leurs ombrelles. le temps ne tardera pas à se couvrir sur la ville, et l'hiver risque d'être des plus froids. alors la jeune holmes profite encore un peu, de se balader non vraiment couverte. elle slalome entre les fleurs tandis que ses pieds se déposent sur ce sable mi-humide mi-sec. elle bouscule malencontreusement une dame sur son chemin. cette dernière, en se retournant, manque de mettre le manche de son ombrelle dans le visage d'enola.
( - excusez-moi, commence enola, je ne voulais pas. )
la lady la toise du regard. elle ne dit rien, mais son regard assassin parle pour elle. après d'innombrables excuses, holmes finit par s'enfuir sur le côté droit, en prenant gare à ne pas cogner le bras recouvert de dentelle de la femme qui se tenait face à elle. elle finit enfin par rejoindre la grande grille grise. elle remarque un garde, aux côtés de l'entrée. elle s'approche de lui pour arriver à sa hauteur.
( - bonjour monsieur, sauriez-vous si lord tewksbury serait ici ? )
le garde hoche la tête et lui montre la grille fermée. il est donc bien ici. enola papillonne des yeux pour lui demander si il est possible qu'elle rentre. il fait non de la tête ; le message est très clair. enola s'installe alors sur le banc qui donne vue sur la chambre des lords.
( - que faites-vous ? l'interroge le garde. )
elle esquisse un sourire.
( - je vais l'attendre, aucun problème. )
ses pieds touchent à peine le sol quand elle se met à les balancer d'avant en arrière. les passants la dévisagent étrangement mais elle ne cesse pas pour autant. quand le clocher sonne quatorze heures, le marquis tant attendu se décide enfin à sortir. ses mains longent son corps coincé dans un costume d'un noir des plus élégants. toujours accompagné de son haut chapeau, tewksbury finit par l'apercevoir. enola se lève, vient le rejoindre près de la dite entrée et le lord lui tire une révérence, comme la veille.
( - la prochaine fois, mon cher, je ne vous attendrais pas. )
il plonge ses yeux dans les siens.
( - vous insinuez donc qu'il y aura une prochaine fois, enola ? )
la jeune femme, prise au dépourvu, ne sait quoi répondre. elle se contente alors de nier de la tête. le marquis de basilwether jette un coup d'œil au bouquet de fleurs fanées qu'elle tient dans les mains et l'interroge du regard. holmes le lui tend, et tewksbury l'attrape rapidement.
( - ce sont vos chrysanthèmes, explique-t-elle, fouillez dedans, on ne sait jamais. )
il caresse délicatement les fleurs déjà mortes et enola se réjouit de voir cette facette douce et sensible de lui. tewks finit par trouver, au milieu des pétales qui se font la mal, le petit papier mal déchiré. il dépose le bouquet sur la banc et déplie le mot qu'enola a entrepris d'écrire. il le lit rapidement et se met à sourire.
( - je suis heureux de savoir que vous m'accompagnerez. )
( - sachez cependant, que je ne sais pas danser. je suis loin des belles femmes qui se baladent leur ombrelle à la main. )
il la dévisage.
( - je le sais bien, dit-il en désignant ses cheveux mal arrangés, regardez donc votre coiffure. )
enola rechigne en lui lançant un regard noir.
( - je peux toujours décliner votre offre, tewksbury. )
( - oh, vous n'oseriez pas, tout de même ? )
( - il faut croire que je ne suis pas aussi douce que vous ne le pensiez. )
il roule des yeux et lui tend de nouveau son bras.
( - laissez-moi vous raccompagner, pour me faire pardonner mes préjugés. )
elle accepte et ils entament leur marche, longeant de nouveau le parc fleuri de londres. au même endroit que toute à l'heure, enola trouve la lady qui l'avait salement regardé. cette dernière ouvre de grands yeux quand elle la voit attachée au bras du lord tewksbury. enola tapote l'épaule de son compagnon et désigne la femme du regard.
( - la connaissez-vous ? )
le marquis jette un coup d'œil vers la personne qu'enola désigne. il dévisage la femme avant d'hocher la tête.
( - il s'agit de la comtesse haringston. c'est chez elle, que nous irons au bal. )
la concernée s'approche des deux protagonistes et s'abaisse face au lord adulé. c'est au tour d'enola de la toiser silencieusement. madame haringston balbutie quelques mots avant de réussir à prononcer sa phrase sans béguailler :
( - lord tewksbury, voilà longtemps que je ne vous avais pas croisé. )
( - il est vrai que je suis fort occupé en ce moment, comtesse haringston. )
enola ne semble pas comprendre. tewksbury et elle passent plusieurs heures ensembles, et le lord n'a jamais évoqué le fait que son emploi du temps soit rempli. la comtesse parle dans le vide sans comprendre que le marquis et son accompagnante ne s'intéressent pas à ses propos. tewks finit par la couper :
( - navré madame, mais nous devons nous éclipser. )
la comtesse répète qu'elle comprend, et se vante des préparatifs du bal qu'elle organise. tewksbury lui tire son chapeau et reprend sa route. enola reste à ses côtés, sans réellement comprendre ce qu'il vient de se passer.
( - vous êtes très occupé, en ce moment ? finit par questionner la jeune holmes. )
il se tourne vers elle.
( - je n'apprécie que très peu cette lady, il me fallait des excuses pour qu'elle nous laisse nous en aller. )
enola sourit et se rend compte qu'ils ont déjà traversé l'entièreté du parc et qu'ils ne tarderont pas à rejoindre sa demeure. quand la résidence se dresse enfin sous leurs yeux, elle se détache à contre-cœur du bras de tewksbury. il la salue, embrasse sa main et se tourne dans le sens inverse pour reprendre son chemin.
( - n'oubliez pas d'être élégant, samedi soir ! lui crie-t-elle avant qu'il ne disparaisse dans la roseraie. )
enola grimpe les marches et pousse la porte du manoir. l'après-midi est déjà bien entamée et elle s'empresse de rejoindre sa chambre pour dévorer un nouveau tome de sa série préférée.
quand le soir venu, elle raconte sa journée à sœur ainée, enola ne peut s'empêcher de se demander si elle va véritablement devoir attendre six jours avant de revoir le marquis de basilwether. et son cœur se met à disjoncter quand elle s'imagine danser entre ses bras.
cata.lys
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