𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟎𝟐
— 𝐀 𝐅 𝐓 𝐄 𝐑 𝐋 𝐈 𝐅 𝐄 —
« 𝐒𝐢 𝐭𝐮 𝐬𝐚𝐯𝐚𝐢𝐬 𝐜𝐨𝐦𝐛𝐢𝐞𝐧 𝐣𝐞 𝐭'𝐚𝐢𝐦𝐞, 𝐜𝐨𝐦𝐛𝐢𝐞𝐧 𝐭𝐮 𝐞𝐬 𝐧𝐞́𝐜𝐞𝐬𝐬𝐚𝐢𝐫𝐞 𝐚̀ 𝐦𝐚 𝐯𝐢𝐞, 𝐭𝐮 𝐧'𝐨𝐬𝐞𝐫𝐚𝐢𝐬 𝐩𝐚𝐬 𝐭'𝐚𝐛𝐬𝐞𝐧𝐭𝐞𝐫 𝐮𝐧 𝐬𝐞𝐮𝐥 𝐦𝐨𝐦𝐞𝐧𝐭, 𝐭𝐮 𝐫𝐞𝐬𝐭𝐞𝐫𝐚𝐢𝐬 𝐭𝐨𝐮𝐣𝐨𝐮𝐫𝐬 𝐚𝐮𝐩𝐫𝐞̀𝐬 𝐝𝐞 𝐦𝐨𝐢, 𝐭𝐨𝐧 𝐜𝐨𝐞𝐮𝐫 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐦𝐨𝐧 𝐜𝐨𝐞𝐮𝐫, 𝐭𝐨𝐧 𝐚̂𝐦𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐦𝐨𝐧 𝐚̂𝐦𝐞. »
- 𝐕𝐢𝐜𝐭𝐨𝐫 𝐇𝐮𝐠𝐨
𝟐 𝐃𝐞́𝐜𝐞𝐦𝐛𝐫𝐞 𝟐𝟎𝟐𝟐
𝐑𝐞𝐦𝐢𝐬𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐏𝐫𝐢𝐱 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐅𝐈𝐀
𝐁𝐨𝐥𝐨𝐠𝐧𝐞 — 𝐈𝐭𝐚𝐥𝐢𝐞
- Danse avec moi.
- Quoi ?
Charles adresse un regard surpris à Casilia, débout devant lui. La soirée bat son plein, les derniers prix viennent d'être décernés et il n'en peut déjà plus de ce costume qui l'empêche de respirer. Ses joues le brûlent d'avoir trop souri et il a serré tellement de mains qu'il a depuis bien longtemps arrêté de les compter. Mais c'est comme ça, c'est la dernière grande cérémonie de l'année, la plus importante et tout le monde à un rôle à jouer.
Casilia, elle, elle est différente. Elle attire tous les regards, aérienne dans sa robe de satin noir, unique femme dans ce sport d'hommes. Charles ne peut pas lui en vouloir de lui avoir ravi la deuxième place du championnat, pas quand elle se tient devant lui, rayonnante de bonheur, les yeux pétillants de malice fixés sur lui.
- Personne ne danse dans ce genre de cérémonie, comment-il.
- Et alors ?
- Il n'y a pas de musique.
- Tu veux que je chante ?
Il éclate d'un rire surpris qui attire à eux quelques regards curieux. Surtout quand il se lève, attrapant la main qu'elle lui tend pour y déposer un délicat baiser.
- Tu es douée pour bien des choses, amour, mais certainement pas pour chanter.
- Alors ne m'y force pas, elle sourit. Viens danser.
Docilement, il la suit jusqu'à un espace dégagé, leurs doigts délicatement entrelacés.
Charles n'a d'yeux que pour elle, la salle et tous les invités disparaissent pour ne laisser qu'elle, Casilia l'indomptable, la maîtresse de son cœur. Avec dévotion, ses doigts glissent le long de la courbe de son dos dénudé, sur cette peau dont il pourrait, les yeux fermés, tracer les constellations de ses grains de beauté.
Il enlace sa taille et elle se fond dans son étreinte, il impose le rythme et elle se laisse aller. Charles est enivré par ce contrôle qu'elle lui donne, cette confiance aveugle qu'elle a en lui.
- Les gens vont parler, souffle-t-il.
- Qu'ils parlent, elle sourit. Quoi qu'ils puissent dire, il n'y a que notre vérité qui compte.
Elle sourit encore et il déglutit difficilement, elle est si belle, comme il a envie de l'embrasser.
Mais pas comme ça, pas maintenant, pas pour tous ces gens qui n'attendent qu'un nouveau scandale à se mettre sous la dent. Alors il se retient, leurs yeux s'accrochent et il sait qu'elle sait, qu'elle comprend.
Tendrement, elle laisse tomber sa tête contre son épaule et ils continuent de se balancer, doucement, profitant de ce moment coupé du monde, juste elle et lui, ensemble.
Le nez plongé dans ses cheveux, inspirant un peu de cette odeur de fleur, Charles ferme les yeux.
- Pourquoi est-ce que tu voulais danser ?
Il les rouvre lorsqu'elle s'écarte doucement. Et comme à chaque fois qu'il la regarde, Charles tombe un peu plus irrémédiablement amoureux d'elle. Il tombe pour sa bouche qui l'attire comme un aimant, pour le froncement de son nez lorsqu'elle sourit, pour la courbe délicate de ses sourcils et cette lueur au fond de ses yeux lorsqu'elle est heureuse.
Charles est éperdument amoureux de Casilia, de ce grand amour qui ne frappe qu'une fois.
- Je voulais que cette soirée soit parfaite, elle sourit. Et sans toi, elle ne l'était pas.
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𝟏𝟓 𝐉𝐚𝐧𝐯𝐢𝐞𝐫 𝟐𝟎𝟐𝟑
𝐐𝐮𝐚𝐫𝐭𝐢𝐞𝐫 𝐝𝐮 𝐅𝐥𝐨𝐧
𝐋𝐚𝐮𝐬𝐚𝐧𝐧𝐞 — 𝐒𝐮𝐢𝐬𝐬𝐞
Debout sur le pas de la porte, Charles hésite quelques minutes avant de toquer. Dire qu'il n'était pas sûr de venir est un doux euphémisme. Depuis la venue du notaire quelques jours plus tôt et la lecture des dernières volontés de Casilia, Charles a passé des heures entières assis dans son canapé à fixer les six lettres qu'elle lui a confiées.
Combien de fois il a eu envie de les ouvrir et de les lire. Si Casilia avait vraiment eu envie que ses lettres arrivent jusqu'à leur destinataire, elle n'aurait eu qu'à payer son corbeau de notaire au lieu de lui demander d'aller jouer au postier. Quelle peste celle-là, jusque dans la mort, elle aura trouvé un moyen de le rendre un peu plus fou d'elle.
Car qui d'autre que Casilia pour faire une chose pareille ? Qui d'autre pour laisser des lettres manuscrites comme le ferait une héroïne de roman à l'eau de rose. Elle avait été le personnage principal de sa vie en tout cas.
La conscience de Charles est scindée en deux parties distinctes, parfaitement opposées. Une part de lui chérit ce témoignage de leur amour qu'elle a laissé, cette trace écrite de leur histoire commune, ces quelques minutes de lecture qui transcendent la mort elle-même pour les réunir à nouveau.
L'autre partie de lui trouve en ces quelques lettres la preuve d'une lâcheté sans nom. Tout ce temps qu'elle eût passé à coucher ses sentiments sur le papier, dans l'hypothèse lointaine d'une fin tragique, n'aurait-elle pas pu le passer dans ses bras à lui dire les mots au lieu de les écrire ?
En vérité, la seule chose qui l'a empêché d'ouvrir lui-même toutes ces lettres, c'est ce besoin sourd, irrépressible de savoir pourquoi. Pourquoi eux, pourquoi ces six-là parmi tous les autres, qu'ont-ils fait pour mériter cette lettre, cette place dans le cœur de Casilia.
Charles se sent comme le dernier des idiots, il est bien trop tard pour éprouver de la jalousie, de la possessivité pour une personne qui s'en est déjà allé. Mais il a besoin de savoir et c'est exactement pour ça qu'il patiente devant cette porte close en ce pluvieux dimanche de janvier dans le trou pommé de la Suisse.
Les jappements d'un chien derrière la porte le sortent de sa torpeur et il esquisse un bref sourire tout en secouant la tête pour chasser les gouttes de pluie qui tombent de ses cheveux détrempés. Le battant a à peine le temps de s'entrouvrir qu'une truffe noire s'y faufile et le monégasque tend la main pour se laisser humer.
- Angie ! Reste là, tu vas être trempée... Charles ?
- Salut Mick.
Les deux hommes se font face un instant, laissant à Angie l'occasion d'échapper à son maître et de filer dans le jardin se rouler dans la première flaque à sa portée. Les aboiements joyeux de son chien semblent sortir Mick de sa stupeur et il s'efface pour laisser le deuxième pilote entrer, la curiosité remplaçant doucement la surprise sur ses traits.
- Désolé, je vais te chercher une serviette. J'étais en train de regarder un film, je ne t'ai pas entendu frapper.
- Pas de soucis.
Charles retire son manteau qu'il laisse dans l'entrée et ne garde que la petite enveloppe de couleur bleutée.
La vérité, c'est qu'il ne s'était pas imaginé aller jusque-là, l'instant où il devrait remettre ladite enveloppe et expliquer pourquoi c'est à lui entre tous que Casilia l'avait confié. S'il s'était écouté, Charles aurait gardé leur relation secrète, à tout jamais, comme un trésor que l'on chérit en sachant qu'on est le seul à le posséder. Mais c'est à croire que Casilia en avait choisi autrement, et qui est-il pour dire non au dernier souhait de la seule femme qu'il n'ait jamais aimé.
Debout, devant la baie vitrée, Charles regarde Angie qui court dans le jardin et roule dans la boue, il ne se retourne pas quand Mick revient et dépose la serviette à côté de lui. Le Monégasque sait qu'il a vu l'enveloppe, mais l'Allemand ne pose pas de question et il lui en est silencieusement reconnaissant. Charles ne se sent pas encore prêt à se séparer de cette partie de Casilia. Au lieu de ça, il demande :
- Tu la laisses jouer sous la pluie ?
Mick hausse les épaules simplement.
- Maintenant qu'elle est trempée autant qu'elle s'amuse un peu. Ça sera sûrement une autre paire de manches lorsqu'il faudra lui donner un bain.
Charles esquisse un sourire simple et Mick enchaîne.
- Tu veux manger quelque chose ? J'ai fait des crêpes.
- Casilia adorait les crêpes.
La remarque lui a échappé. Le souvenir fugace d'un après-midi comme celui-ci passé à manger des crêpes enlacés dans le canapé lui revient en mémoire et il détourne le regard du petit sourire douloureux qui étire les lèvres de son hôte.
- Je sais, c'est elle qui m'a donné sa recette.
Charles relève sur lui un regard surpris. Mick Schumacher et Casilia Lorenz qui partagent la recette de la pâte à crêpes, c'est une information pour le moins inédite qui pique sa curiosité et tire un sourire amusé au blond.
- Allez, viens, c'est presque l'heure de goûter de toute manière.
Docilement, Charles le suit jusque dans la cuisine où il le regarde sucrer les crêpes avant d'en prendre une. Dès la première bouchée, les larmes lui montent aux yeux et il est obligé de les fermer pour ne pas les laisser s'échapper. Ces crêpes ont le goût de Casilia et de leurs souvenirs, un sentiment qu'il ne pensait plus jamais ressentir.
- Tu la connaissais... ?
Mick rie simplement.
- Tout le monde connaissait Casilia.
- Ce n'est pas de ça que je parle.
- Je sais.
Leurs regards se croisent le temps d'un instant et Mick repose sa crêpe sur le comptoir, le visage empreint de tristesse et de nostalgie.
- Tu sais, il commence. Il y a ce truc qui unit les pilotes allemands, cette fraternité indescriptible, une histoire commune sur laquelle on ne s'étend jamais vraiment. Nous, les pilotes allemands, on est une famille, c'est aussi simple que ça, Seb, Casilia, moi et mon père avant ça.
- Casilia connaissait Michael ? Il ne peut s'empêcher de demander.
- Mon père avait l'œil pour repérer les pilotes prometteurs, et même haute comme trois pommes, Casilia était éblouissante. C'est mon père qui a convaincu sa mère de la laisser piloter, ma famille a pris en charge toutes ses dépenses et jusqu'à l'accident de mon père, elle venait s'entraîner avec nous à chaque vacance.
- Elle n'en a jamais parlé.
- C'est normal, grimace Mick. Quand elle a fait ses débuts en tant que professionnel, le fait qu'elle soit une femme était déjà tellement lourd à porter, si les gens avaient su qu'elle avait un lien avec mon père, ils ne lui auraient jamais donné sa chance.
Charles acquiesce, il sait que Mick a raison, il suffit de voir comment certaines personnes le traite à cause de son nom de famille, Casilia n'aurait eu aucune chance.
- Mais je ne vous ai jamais vu proches, il rétorque. Vous n'étiez jamais ensemble sur les paddocks.
- On l'était, ricane le blond. Mais il y avait toujours tellement de monde autour d'elle, je passais facilement inaperçu et puis on n'avait pas besoin de s'exposer pour connaître la valeur de notre amitié.
Charles hoche la tête pour montrer qu'il comprend, mais en réalité, il ne comprend pas. La Casilia de Mick lui semble être une inconnue, bien loin de celle qu'il croyait connaître. Et il n'est pas déçu, simplement curieux, il se demande pourquoi elle ne lui en a jamais parlé, ce qui l'en a empêché. De l'autre côté de la table, Mick poursuit, toute entier plongé dans une nostalgie que Charles n'a pas encore la force de partager.
- Alors on a inventé nos trucs, je suis entré en formule 1 et elle a continué un moment en formule 2, on avait plus de mal à se croiser alors on se retrouvait au milieu, pour quelques heures à peine. Juste le temps de partager les nouvelles et de cuisiner. Elle n'a jamais été du genre à appeler ou envoyer des messages, Casilia préférait dire les choses en face et c'était...
- Cuisiner ? Interroge Charles.
Le visage de Mick se fend alors d'un sourire tel qu'il ne lui en a jamais vu. Un sourire empli de joie et de fierté qui bouleverse le monégasque presque autant qu'il attise sa curiosité.
- Au début, tout est parti d'une blague entre nous, il explique. On a eu notre premier appartement à peu près en même temps, on s'appelait presque tous les jours pour chercher des recettes faciles à cuisiner parce que notre niveau était catastrophique, il rit. Je me rappelle d'une fois où elle était si fière de me montrer son plat de nouilles chinoises aux crevettes, elle a manqué la course qui a suivi à cause d'une intoxication alimentaire et elle n'a plus jamais mangé de crevette de sa vie.
Les yeux de Mick pétillent et Charles boit ses paroles.
- On était des idiots qui s'extasiaient devant des coquillettes au beurre et la moitié du temps, c'était juste immangeable, mais ça nous faisait rire. J'ai partagé avec elle quelques-uns des meilleurs moments de ma vie, les plus drôles aussi.
Le blond s'éloigne de la table pour aller fouiller dans les placards à la recherche d'un objet que Charles ne peut pas voir alors il se contente d'écouter.
- À force de tentatives loupées, on a fini par devenir plutôt doués, jusqu'à écrire nos propres recettes.
Il dépose devant le Monégasque un vieux cahier abîmé à la couverture usé sur lequel on parvient à peine à lire le titre gribouillé au milieu des petits dessins de fleurs et de soleil : Les Dangereuses Aventures Culinaires et Micky et Casi.
Charles ose à peine l'effleurer du bout des doigts, il se doute de la valeur inestimable de ce petit cahier barioler.
- Il n'est pas terminé, balbutie Mick. On n'a pas eu le temps d'essayer toutes les recettes, ni de chercher quelqu'un pour les illustrés, on s'était dit que l'on aurait tout le temps de le peaufiner pendant la pause hivernale.
La voix de Mick tremble et ses yeux s'embuent alors qu'il caresse du bout des doigts les mots rédigés par Casilia.
- La dernière fois que je l'ai vu, c'était juste avant son départ pour l'Asie. Elle avait promis de me rapporter un de ces fruits à l'odeur abominable, les Durians, pour que l'on puisse l'essayer tous les deux. Je lui ai dit que si elle essayait de faire rentrer un truc pareil dans l'avion, il y avait 100% de chances qu'il se crash, mais je... Je ne le pensais pas vraiment... C'était pour rire...Je n'aurais jamais imaginé qu'il puisse vraiment...
Et Mick pleure à présent, serrant dans ses bras le petit carnet devant un Charles désemparé qui n'a pas la force de le consoler. C'est un sentiment étrange pour lui que de se rendre compte qu'il n'est pas le seul à la pleurer. Jusqu'à présent, il n'avait fait face qu'à sa propre souffrance, qu'à ses propres regrets, la douleur de Mick le heurte de plein fouet.
- Qu'est-ce que je vais faire sans elle ? J'en ai marre de perdre les gens que j'aime.
Charles baisse les yeux sur la crêpe qu'il n'arrivera pas à terminer.
- Je ne me rappelle même pas de la dernière chose que je lui ai dite, confit-il. C'était sans doute quelque chose de banal, un truc stupide.
C'est un mensonge, Charles se rappelle parfaitement de la dernière chose qu'il lui a dite, tout comme les derniers mots qu'elle a prononcés resteront gravés en lui pour l'éternité.
Il a simplement besoin de parler.
Face à lui, Mick esquisse un bref sourire tout en passant une main sous ses yeux pour en chasser les larmes.
- Elle m'a parlé de toi, tu sais ?
Charles lève sur lui un regard surpris. Non, il ne savait pas.
- Elle n'a pas dit grand-chose, tu connais Casilia, elle était assez secrète sur ces choses-là.
Il hoche la tête simplement et le silence retombe entre les deux pilotes, plein de souvenirs au goût salé. Charles est déstabilisé, Casilia connaissait Michael Schumacher, elle était l'amie de Mick, elle aimait cuisiner au point d'écrire son propre livre de cuisine. Il ne savait rien de tout cela, c'est une autre Casilia qu'il découvre. Une Casilia qu'il ne pourra jamais connaître.
Le cœur de Charles se serre douloureusement, en l'écoutant parler, il s'est senti jaloux de ce lien qu'ils avaient. Mick a connu Casilia toute sa vie, lui n'a eu que sept malheureux mois. Comme il aurait voulu passer des heures à l'écouter parler de ses exploits de jeunesse, cuisiner des plats loufoques et finalement aller au restaurant, traverser le monde avec elle à la recherche d'un fruit écœurant.
Mais en regardant le sourire plein de courage que l'Allemand lui adresse à travers ses larmes, Charles comprend quelque chose d'important. Mick aimait Casilia et Casilia aimait Mick. Un amour différent du sien, mais pas moins important, familial, un lien du cœur à la place d'un lien de sang.
Et Charles n'a pas le droit d'être jaloux de cela, tout comme il n'a pas le droit d'être égoïste, ce serait comme trahir Casilia. Car il l'aimait aussi, cette partie d'elle cuisinière et aventurière qui formait le tout décadent et lumineux qu'était Casilia, même s'il ne la connaissait pas.
Mick avait été important pour Casilia et si Charles n'est pas encore prêt à ouvrir cette lettre qu'elle lui a laissée, il sait maintenant qu'il n'a pas le droit de priver un autre de ce choix. Peut-être qu'il brûlera la lettre, qu'il ne la lira pas, mais au moins, il aura le choix.
Et si Charles ne comprend pas encore son rôle dans tout cela, il sait qu'elle voulait qu'il la découvre comme Mick la voyait.
Hésitant, le Monégasque contourne la table et vient poser une main maladroite sur l'épaule du blond avant de glisser entre ses doigts la petite lettre bleue frappée de son nom. Lâcher la lettre est douloureux, mais en apercevant le regard émerveillé de l'autre garçon, Charles se dit qu'il peut bien souffrir un peu.
- Elle m'a demandé de te donner ça, il souffle.
Mick lève sur lui un regard surpris, presque fiévreux et brûlant d'un espoir un peu fou que Charles ne connaît que trop bien.
Lentement, il s'écarte, Mick n'ouvre pas la lettre, ses doigts tremblent en effleurant délicatement les bords et Charles sent qu'il doit partir, il est temps.
Il se saisit de son manteau encore humide et l'enfile silencieusement. Sur le seuil de la cuisine, cependant, il est stoppé par un besoin qu'il ne peut réfréner.
- Hé, Mick ? Demande-t-il finalement.
L'Allemand sursaute et relève la tête, attendant qu'il formule sa requête.
- J'aimerais beaucoup le lire, un jour, votre livre de recettes.
Et le sourire qui fleurit sur les lèvres de Mick Schumacher est largement suffisant pour que Charles comprenne qu'il a pris la bonne décision.
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Bonjour tout le monde !
J'espère que ce chapitre vous a plu, c'est l'un de mes préférés <3
Que pensez-vous de ce format ? Un souvenir de Charles et Casilia en première partie puis retour au temps présent pour suivre Charles dans son parcours de deuil.
J'étais tellement impatiente de pouvoir vous le montrer, les souvenirs sont de très loin les parties de cette histoire que je préfère, celles qui m'inspirent le plus et qui me donnent envie d'écrire encore et encore sur leur couple. J'en ai déjà écrit six et comment dire, c'est le chef-d'œuvre de ma vie haha
D'ailleurs, si vous avez des propositions, des moments de vie que vous aimeriez voir en particulier, drôles, touchants ou romantiques, n'hésitez pas à me les suggérer en fin de chapitre. J'envisage de créer des bonus sur leur romance après la fin de l'histoire.
C'est aussi un choix délibéré de ne pas relever le contenu de la lettre de Mick, certaines seront lus d'autres non, elles sont aussi un moyen de montrer que chaque deuil est vécu différemment, que certaines personnes ont besoin d'adieux formels et d'autres non. Et puis j'aime bien l'idée que chacun est libre d'imaginer ce que Casilia voulait dire à Mick, à la toute fin. Vous auriez aimé connaître le contenu de la lettre ?
Vendredi prochain, Charles se rend chez un autre pilote sur un coup de tête et nous aborderons un peu plus en profondeur les symptômes du deuil, une petite idée de qui il s'agit ?
See you next week !
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