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ACHLYS | CHAPITRE 12








































Royaume de Chô-Seon,

ancienne Corée réunifiée,

Jeong-Guk.

































— R —

Il s'était endormi.

Je cillai tandis que mon cœur si bouleversé continuait de battre. Il me fallut un temps avant de réaliser ses lèvres taquinant les miennes avec douceur. Je ne bougeai pas, jusqu'à ce qu'il se laissa fondre entre mes bras pour tomber dans un sommeil de plomb. Sa tête reposait sur mes genoux ; j'offris alors mes doigts à sa châtaine chevelure. Le Prince héritier m'avait embrassé. Il avait baisé mes lippes avant de s'assoupir me laissant à la contrariété. Quel genre de personnes agissait de la sorte ? Il était l'héritier de Chô-Seon et en même temps, il restait le fils du meurtrier de ma mère. Comment avais-je pu le laisser faire ? Il était si enivré à la matinée et moi, tellement à sa merci.

Je me trouvais d'une lugubre humeur comme en témoignait la météo changeante en ce début de l'automne. Chul intervint auprès de Tae-Hyung le Kim et quémanda ma sortie des lieux pour ne pas revenir avant une heure ou deux. Le temps se faisait long et je gardais d'innombrables questions qui réclamaient leurs réponses. Alors pour l'attente, je demeurais à l'appui contre une colonne de son palais. Mon attention se portait aux cieux comme s'ils m'apporteraient un apaisement tout curieux. Les minutes défilaient et devinrent des heures. Je me rongeais les sangs sans nouvelles de Son Altesse. J'imaginais même qu'il tardait à dégriser et que cela ne le rendait que plus suspect à mes yeux. L'appréhension montait en moi à m'en arracher les poils, je soupirai puisqu'il nous fallait discuter, pour sûr.

Le très petit eunuque ne sortait toujours pas, peut-être me pensait-il parti. Mes pensées certainement, mais mon corps se le refusait.

L'atmosphère grondait. Un tourbillon de divers affres me traversait et pour la plupart, nouveaux encore. En dépit de mon ankylosie, je me levai adroitement et portai l'œil sur les portes de joyaux et graphismes dragonnesques. Ma contemplation dura et fût brusquement interceptée par l'entrée d'un gentilhomme à la barbe peignée et habillé du noble hanbok de tradition comme on le retrouvait chez les plus hauts-fonctionnaires. J'entendis l'énoncement de son arrivée par un eunuque, et le suivis dans ces lieux. J'entrai sur ses pas et aussitôt je vis le prince attablé face à cet invité. Lorsque le premier me remarqua, il me devint impossible de soutenir son œillade. Néanmoins, je saisis la légère esquisse sur ses lèvres... Ses lèvres.

J'eus l'idée de le cogner pour l'insolence dont il faisait preuve et rejoignis un coin de la pièce. Je ressentais ses ambres qui ne me quittaient guère tandis que je ne savais plus agir à son devant, à son derrière, au-dessous et à sa bouche.

— Votre Altesse ? interrogea mon inconnu.

— Jeong-Guk, laisse-moi te présenter Cha Young-Nam, un ami mais également un érudit renommé qui a été engagé à la cour pour mon éducation.

Par une estime que je ne m'expliquais pas, je m'inclinai droit devant ce savant professeur en répétant quel était mon nom. Le maître Cha me rendit sitôt ma salutation avec un égard même. Il était impressionnant, cet homme-là qui semblait connaître tout et le monde.

— J'ignorais que vous employiez un garde plus personnel pour ne point dire intime, sourit le plus âgé.

En riposte, Son Altesse rit avant d'affirmer par la positive, prétextant que c'était nécessaire et que je lui restais précieux. Il m'infligeait cela exprès.

— Et si nous commençions ? J'ai beaucoup bu ce matin, je vous avoue avoir quelques flous concernant ce que nous avions vu dernièrement.

— Me jureriez-vous avoir oublié ce qu'il s'est passé ?

Je l'arraisonnai sans l'hésitation l'accompagnante.

— S'est-il passé quelque chose ? Pardon, mon Jeong-Guk, je me souviens seulement avoir bu jusqu'à l'ivresse puis de m'être écroulé... Au réveil, j'étais avec Chul qui m'a donné de quoi dessoûler.

Je devrais être soulagé. Or, j'aurais souhaité qu'il se souvienne de ce que nous avions partagé. L'ébriété l'envahit à tel point qu'il ne devenait pas étonnant qu'il effaça ce pan de sa souvenance. Le silence me tint ; il, le Kim, s'interpella.

— Vous avez une petite mine, cher Jeong-Guk. Peut-être devrions-nous appeler le médecin royal, Votre Altesse.

L'inquiet se montrait attentif, aimable en plus de paraître futé. En voilà un qui devrait le prendre en exemple.

— Je vais bien.

Je rétorquai en évitant soigneusement d'apposer mes sombres gris sur l'Altesse fauteur de trouble.

— Menteur, tonna celui-ci, amer.

Il semblait contrarié parce que je ne lui en laissai guère le choix. Kim Tae-Hyung ne cherchait plus à imbriquer nos regards. Et moi, je ne cherchai plus à savoir qui restait le menteur de nous deux parce qu'il semblait évident que ses souvenirs ne lui revenaient pas. Je méditais et sur cela, je pris congé en saluant brièvement les deux amis. J'avais l'urgence de réfléchir.

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Uimundae. Là, les débats fusaient. Personne n'avait l'air d'accord avec personne et encore moins Ga-Ram qui se plaisait à objecter tous les arguments de nos semblables. Un enfant, pourtant chef de notre groupe rebelle. À d'autres.

Il dissimulait sa vulnérabilité derrière le titre. Titre lui ayant été confié par ses parents alors je doutais fort qu'il eût fait quoi que ce fût pour mériter un honneur tel. Mon frère aîné somma à tous de se taire au profit de ma parole et de mes explications quant au non-empoisonnement de la Majesté. Le sein encore lourd de culpabilité, je leur contais ces péripéties en omettant la grande aide du Prince héritier dans l'exécution de ce plan. Je me portai garant de toute responsabilité et protégeai ainsi Son Altesse des questions du Shin Ga-Ram. Mon discours se ponctua de multiples exclamations, notamment à l'encontre du souverain qui soulevait horreur et indignation parmi les foules et nos foules.

— Il est inenvisageable que l'on utilise Son Altesse comme monnaie d'échange à son abdication. Tous deux ne s'entendent pas, ce serait une perte de temps.

Et surtout, je refusais d'employer de tels moyens.

— Et la princesse ? suggéra untel.

Un flegme s'installa dans le sous-sol de nos entrevues hebdomadaires. Je lançai un œil sévère vers le fond de la salle d'où sortit cet interrogatif et me raclai la gorge avant de répondre par la négative.

— La princesse doit rester en dehors de ça, elle est innocente et n'a rien à voir avec cette merde.

Des murmures s'élevèrent à l'assemblée. Seul mon aîné se murait en me considérant gravement.

— Tu rigoles ? railla finalement le chef en obtenant à nouveau le silence de tous. Depuis quand laisses-tu tes sentiments personnels prendre le pas sur ta raison ?

— J'ai seulement une conscience.

Je pensais à A-Ra. Il le devait au même titre que moi. Son Altesse, lui, restait aussi dans une encoignure de mon esprit.

— Une conscience ? Ne me prends pas pour un con, merci.

— Je ne te prends pas pour ce que tu es déjà, Ga-Ram. Tu as l'air d'oublier que tu m'as lâchement abandonné lorsque le Prince héritier nous a surpris avec le poison.

Sa mâchoire se serra ; il renâclait mes mots.

— Que... Que t'a-t-il dit ?

— Il m'a interrogé, j'ai menti et voilà tout.

L'ébène dubitatait. Il me sonda mais n'ajouta rien. J'osai réhausser le coin de ma lèvre en un peu d'amusement et l'observai détourner son regard vers ceux qui constituaient nos rangs.

— Nous pouvons passer à l'étape supérieure. Depuis la dernière attaque à la cour, la sécurité semble avoir été grandement renforcée mais désormais, nous pouvons compter sur mon petit-frère qui mène une mission d'infiltration. Je ne dis pas qu'il la mène à bien mais il y a déjà du progrès...

— Sombre crétin.

Les moins sérieux rirent, à notre joute, sous cape. Je mordillai l'intérieur de ma joue, ravalant le satisfait qui me secouait tandis que lui me mitraillait de ses yeux ténèbres.   

— Peu importe. La réunion est terminée, je vous en dirai plus prochainement concernant la préparation de notre assiègement à la cour. Tenez-vous simplement prêts à agir.

— Eh bien, mon fils... C'est donc ainsi que tu conclus ? Tu es jeune, Ga-Ram, ne sois pas comme ça.

Les battants furent poussés avec grand fracas. Et sur leur seuil apparut le brave couple qui m'éleva toutes ces années. Surprise dans le groupe Uimundae : ils n'étaient plus venus ici depuis des saisons. La soixantenaire restait une femme qui inspirait piété et bienveillance. Son pied estropié ne constituait guère un frein et attirait l'admiration de tous. Ses longs cheveux lui retombaient, aujourd'hui, sur le dos, dévoilant sa beauté incontestable et son exceptionnel lâcher-prise. L'époux d'Ha-Neul, Seo-Jun, était son ami de toujours. Sa sévérité brillait et sa rigidité suintait d'accablance. Il était un père, celui de tous bien que sa santé n'était plus.

Les lèvres asséchées de ma mère adoptive vinrent se poser sur le sommet de mon crâne. De son côté, Shin Seo-Jun donnait tapes à l'arrière de la tête de son fils. Je jubilai de voir le petit casse-les-pieds se faire redresser le pantalon.

— C'est ainsi que tu diriges le groupe que je t'ai confié, Ga-Ram ? "Je vous en dirai plus prochainement" ? Et si tu nous en disais plus maintenant ? Je suis curieux.           

— Jun... Laisse notre fils tranquille, tu veux.

Je dressai le menton et plongeai mon havane dans celui épuisé de l'Ha-Neul qui, jamais, ne quittait son sourire. Ces deux amants étaient bons ; un peu lourds par moments. Ce devait être cela que de vivre avec des parents. Je n'en restais que peu sûr, les miens étaient morts.

— Que faites-vous ici ? je m'informai en me laissant aller à quelques caresses, de l'adoptive, dans les cheveux.

— Paraît qu'va y avoir du grabuge au-dehors ! s'écria un homme dans un jargon en furetant au travers des bottes de paille sur les vasistas.

De concert, nous nous tournâmes. Je sourcillai à l'inquiétude. Or, la voix cristalline de la femme à mes côtés me détendit, ensuite.

— Pas de panique, mon chéri. Et pour te répondre, nous sommes seulement venus voir si tout se passait bien ici et nous en avons profité pour voir comment va ta sœur.

Ha-Neul et ma mère défunte vivaient d'une amitié malgré leurs âges différents. À des moments comme celui-ci, cela me frappait. Je me préparai à lui formuler ma rétorque ; Ga-Ram restait en effusion avec Seo-Jun lorsque d'assourdissantes brisures se firent ouïr. Nous nous arrêtâmes. Je cherchai ardemment d'où provenaient ces terribles sons. Nous nous levâmes, ensuite. Je partis, en début de file, et en trottinant jusqu'à l'étage plus haut. Suivi de très près, je passai la porte d'entrée et me figeai sur son seuil. L'horreur me saisit. Des corps jonchaient les sols terreux ; leur sang se mêlait à la bouse et tapissait les murs des bâtisses. D'effroyables hurlements résonnèrent. Au loin, il y avait des gardes et parmi eux, un certain nombre de ma connaissance. Ceux-là s'introduisaient dans chacune des maisons les mieux bâties et en ressortaient, portant une lame ensanglantée dans la main.

— Putain mais que se passe-t-il ? grogna l'un des nôtres, à mon dos.

— Ils ont commencé... s'avança notre patriarche.

Je me contorsionnai pour l'estimer. Mes traits demeuraient déformés par la terreur tandis que je posai la main sur son épaule, l'invitant à s'expliquer.

— Le massacre des érudits, Jeong-Guk. Le roi a lancé l'offensive.

Je blêmis : la folie titanesque du roi allait donc si loin. Témoin de cette tuerie de masse, je portai nerveusement mes doigts à ma bouche.

— Il faut faire quelque chose... Ils vont tous mourir !

Ga-Ram riota, médisant.

Je reportai mon attention affolée sur l'horrifique scène qui se jouait. Personne n'agissait. Je paraissais le seul à vouloir me battre, c'était insensé. Ce n'était pas nous... Uimundae défendait toujours les plus justes.

— N'y songe même pas, gamin, fit Seo-Jun qui devina mes intentions.

— Et pourquoi pas ? Tu vas les laisser se faire crever ? Nobles ou pas nobles, ce sont des vies qui sont en jeu !

— Il n'est pas question de cela et tu le sais. Tu prendrais un risque inconsidéré en y allant mais si tu le veux vraiment, je ne t'en empêcherai pas.

Je devais protéger ce en quoi je croyais. Et peu importait s'ils ne comprenaient pas. Je ne leur demandais pas cela ; seulement de me laisser faire. J'extirpai mon jingum de son étui dans un crissement métallique qui m'offrit une satisfaction certaine et m'élançai sur les chemins avec vitesse et vigueur. Je volai et fendis l'air pour trancher les corps à mon devant. Mon ample habit me conférait une certaine fluidité de mouvements et me donnait aussi l'avantage ou l'inconvénient de ne pas être pris pour garde. Beaucoup venaient à ma rencontre et montraient les hostilités. Nos épées s'entrechoquaient sans qu'aucune ne rendit grâce à l'autre. Ils étaient habiles, agiles et ne craignaient pas de mourir pour leur cause. Quant à moi... J'allais suffisamment à la témérité pour ne guère me laisser prendre. Ils m'encerclèrent, pestant. J'apparaissais tel le parasite qu'il fallait éliminer sans perdre de temps.

Je restais attentif. Eux étaient nombreux et plus entraînés que je ne le serais jamais.

Je les scrutais un à un en resserrant nerveusement le manche de mon arme. Mes pas reculèrent, la nuit au-dessus m'empêchait de discerner distinctement quel était le visage ennemi. Mon unique aide fut leur façon de bouger et leurs cris de rage lorsque j'en matais un. J'accueillais leurs attaques multipliées et m'essoufflais en les bravant avec expérience. Ce macabre spectacle s'apparentait davantage à une boucherie mirifique qu'à un simple combat. Un enjeu de taille se jouait : le royaume de Chô-Seon que j'adorais tant. Il appartiendrait à mon châtain et il était hors de question qu'on le laisse dans un chaos infini. Cette purge lancée par le roi coulait de non-sens ; je craignais que cela ne soit la conséquence dernière et directe — le point culminant — de sa mégalomanie. Cela devait amuser Ga-Ram de voir sa cible perdre la raison. Il m'enrageait quand je pensais qu'il se moquait bien du sort de ces familles.

Je gagnais la force nécessaire et fis tomber à mes pieds les soldats, mes prétendus collègues. Le nectar des Enfers giclait à mon visage et maculait mes mains d'un rouge de fonce. Le plus petit nombre de l'armée persistait à chaque fois que les uns ou les autres abandonnaient les maisons massacrées ; la hargne et la véhémence les habitaient. On me transperça la hanche, l'épaule après et je tombai au par-terre. Je grognai et tins ma taille avec le souci que je ne perde guère mes couleurs. Mon derme me lançait, je devenais blême alors que les assaillants se représentaient par six, peut-être sept. Je le disais tantôt : je ne percevais grand chose du fait de la nuitée. Je haletais, le souffle écourté et je me résignais. J'abaissai le menton, certain que c'était une fin pour moi. Entendre leur raillerie m'y confortait ; ces gens se réjouissaient de me voir si pantelant. Ils approchèrent, jingum à la main et bien vite, ils me cernèrent. Je voûtai le buste par la crainte que mon identité ne leur devienne visible.

Et je croyais bien que ce fut à cet instant précis que je perçus ce premier hurlement de rage.

Il venait de quelques habitats plus loin et me donna maints fourmillements que je ne compris pas. Toutes les attentions se portèrent vers cet homme qui se distinguait aisément par ses robustes et larges épaules, et sa grandeur svelte. Je plissai les orbes lorsqu'il se saisit d'une flèche à son dos ; je les écarquillai lorsqu'il brandit son arc à sa main ; je les fermai, ensuite, lorsqu'il décocha sa flèche et embrocha deux de mes attaquants. Je reçus la sève carminée sous mes yeux désormais horrifiés. Les derniers ne tardèrent pas à la riposte et s'élancèrent au combat contre l'inconnu qui me sauvait la peau. Lui, il rugit et se lança dans une bataille sans merci. De plus près, je l'étudiais : il portait un masque peint en blanc écaillé et surmonté de trois ronds rouges ; deux aux pommettes et un au milieu du front. Ses lèvres charnues, seules, restaient libres mais ne m'aidèrent pas à déterminer s'il était un ami ou mon ennemi. Son agilité féline lui permit d'extraire sa rapière de son fourreau et d'abattre chacun de ses obstacles avec une facilité que je jugeais étonnante. On ne l'effleura pas même un peu quand ils s'échouèrent au sol, bientôt tous trois. L'étranger pivota, présentant son devant à ma face devenue méfiante. Sa bouche étrange se tordit progressivement et alors, je crus ouïr un grand éclat de rire au sortir de sa gorge. Mes sourcils se creusèrent, je voyais trouble en même temps que je m'agaçais. Son timbre évidemment moqueur me tenaillait, j'eus comme le désir abrupt de lui sauter au cou pour lui enseigner le respect.

Or, il devenait flagrant qu'il me mettrait à terre à coups sûrs.

À son derrière, un curieux son captura mon attention. La sienne, par ailleurs. Le sixième militaire, plus frêle que ses confrères, se cachait par-delà son arme. L'Herculéen, alors, marcha à sa rencontre et le dépassa sans jamais le saisir. Il s'éloigna avec une accablante sérénité et disparut hors de mon champ. À l'abasourde, je soufflai une ricane sans réaliser ce qu'il se passait à mon entour. Le soldat m'approxima de ses jambes cotonneuses ; j'étirai un infime sourire alors que se présentaient à lui toutes les chances de me tuer. Néanmoins, il n'en fit que le rien. Je courbai encore l'échine vers l'avant en prenant la conscience que mon sauveur ne reviendrait pas achever son précieux secours. Ma respiration allait au marathon et bruissait si fort qu'on l'entendrait même à la cour. L'hésitant zieutait ; il guettait le retour de ce héros masqué puis trop peu courageux, finit par détaler à mon opposé.

Souffrant, je me concentrais sur mes sens. J'écrasais la poussière avec mon genou comme je sentais la faucheuse d'âmes partout où mon regard s'apposait. Je couinais, amer, alors que le goût du fer prenait possession de ma rosée langue. Cette fois, je rabattis les paupières et entendis ces pas que je reconnaîtrais même dans la mort et avant la vie, les siens.

— Je crois que je lui ai fait peur... j'articulai à son adresse.

— Tu es stupide, Jeon Jeong-Guk.

Je rigolais, un peu nerveux. Également parce que le ton pris par celui que je n'attendais guère ici me donnait l'impression de me faire sermonner pour mes actes irréfléchis. Mon diaphragme se secouait, je grognai de mal.

— Vous croyez, Votre Altesse ? J'ai seulement fait... fait ce qui me semblait juste...

Je me chus au sol mais les généreux bras du Prince héritier me rattrapèrent. Je reposais ma lourde tête contre lui et me laissais bercer par son apaisante présence en cet endroit si loin de son confort royal. Je peinais à conserver ma contenance et mes pupilles faibles accrochées aux siennes, plus fauves. Le Kim se taisait mais je le savais fou d'inquiétude lorsque sa main se perdit contre ma hanche blessée, puis mon épaule. La gratitude m'enveloppa et je souhaiterais lui dire que ça allait, que j'avais le sentiment que l'on m'arrachait le sexe mais que ça allait. Grâce à mon intervention échouée et à celle de cet autre guerrier, de nombreuses vies venaient d'être secourues, et pour le moment, cela me suffisait.




























































ACHLYS | CHAPITRE 12

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