𝐍

ACHLYS | CHAPITRE 18

































































































Royaume de Chô-Seon,

ancienne Corée réunifiée,

Jeong-Guk.

















































- N -

L'impudence de la souveraine forçait le respect.

Elle me rendait impatient de curiosité, elle m'aidait à apprécier ces audaces à la détraquée. Qu'importait puisqu'elle m'interloquait, elle me dépassait et me donnait des fébrilités au sortir de son palais. Déplorable, je m'accrochais aux cloisons au fil de mes pas chancelants. À mes risques, je quittai l'Altesse dont j'ignorais beaucoup et en outre si une mouche quelconque l'eut piqué soudainement. À l'intérieur, elle manipulait ses splendeurs et m'incitait à l'interdit que je me refusais, les tromperies de la chair. Toutefois, elle s'y essaya de nouveau par la menace de m'ôter mes habits pour une nuit. Une sue me glaça les sangs quand je songeais encore à ses iris humides et grands, et à ses bras porcelaines enserrant l'entour de ma nuque. Ses pommettes rosies et son parfum de roses me plongèrent dans une tempête spirituelle, un dilemme cornélien entre les passions et la raison. Les premières seyaient à Kim Tae-Hyung et ce monstre dévorant d'amour pour lui. La seconde à son épouse qui désirait me soumettre à ses volontés n'agissantes que par seule envie de domination.

Je lui refusais ce droit-ci.

Je n'oubliais pas la vision d'antan de mon châtain royal, bourru et grincheux. Cette pensée m'offrit une raison de sourire un peu plus tandis que tous deux gardions des maux à découdre un à un. Il devenait crucial que l'on en taxe sur les nôtres, que je lui explique à quel point les siens causaient des séquelles. Une irrégularité prit les battements de mon âme, je mentirais sans le doute si j'avouais que je ne craignais rien de ce qui arriverait par la suite. Après tout, la reine me ferait payer cet affront mais au-delà de ça, mon sentiment équivoque pour le Kim me terrorisait plus que tout autre chose. Tae-Hyung pénétrait chacun des pores de mon derme, et jusqu'à mes idées les plus sordides. Ce roi égarait mes moyens, je ne le supportais pas parce que je savais toujours, avant lui, maintenir le plein contrôle de moi-même. Quel fautif, le seul.

Il était celui qui me terrassait de colère et de dégoût mais à la fois, il restait mon Saint-Graal, mon Graal parmi les Graals. Or, lorsque ses propos au sujet de ma défunte Ae-Cha revenaient, je soupirais encore à m'en fendre la glotte.

Votre Majesté, que m'avez-vous fait ?

Au bas des marches, un collègue vint à ma croisée, celui-là même qui m'étrangla un peu au jour de mon entrevue avec Yeonsan-Gun. Je ne l'apercevais jamais ni ici ni au dortoir mais je ne m'en souciais plus et je permis mon esprit des divagations plus lointaines. La souveraine exigea mon obéissance puis hulula que tous apprendraient les vérités au sujet de son roi et de moi, un baiser et des dires. Sans se moquer, quels types de gens ne s'embrassaient pas lorsque, réciproquement, ils s'appréciaient ? Je coucherais avec Chô-Seon entier si l'univers me l'autorisait. Pourtant, je me souvenais que je ne fis rien de pareil avec la Majesté ; cela me confortait dans l'avis qu'il comptait plus que je ne souhaitais l'admettre. De quoi avais-je l'air, à présent, en quittant ces quartiers ?

- Oh, tu m'écoutes ? Je te parlais des dernières bizarreries du capitaine Han.

Mon camarade s'agaçait, témoin de mon absence de réaction à ses propos. J'étais souillé dans mon sentiment, que lui rétorquer ? On me porterait, moi, coupable s'il arrivait quoi que ce soit avec Ah-Reum : je ne restais qu'un simple badaud et elle, la toute-puissante conjointe de la dynastie des Kim. Son autorité manquait puisqu'âgée de dix-huit ans, Rhee Ah-Reum était sous la régence de la douairière Soo-Ah au désormais que le Kim Yeonsan-Gun vit son corps traversé de lames et emporté à l'ailleurs.

Le royaume se remettait de ce drame. Les célébrations ne durèrent pas, à la capitale, afin d'autoriser les uns à prier les morts aussi longtemps que possible. Cela fut le premier décret de Sa Majesté, Kim Tae-Hyung. Et certainement que sa première exécution se motiverait par une haute-trahison de son amant prétendu. Je ne comprenais pas cette relation ami-ennemi qui nous décrivait. Surtout, je ne saisissais pas quelles étaient ces émotions, moi dont la vengeance ne s'achevait pas et ce même moi dont l'estomac fourmillait de choses positives pour l'ennemi numéro un de mon esprit. Je n'avais rien prévu de tout ceci. Que ce brun royal mûrirait en cet homme des contes impossible à aimer. J'osais croire que tout prendrait terme et que mon but n'arriverait à fin que lorsque j'obtiendrais le vrai sur ma mère et dès lors que le peuple cesserait sa misère grâce au groupe Uimundae.

Les rebelles, les miens, étaient des traîtres, mon unique famille. Aujourd'hui, l'occasion de me confronter à Ga-Ram se présentait, je l'interrogerais sur ses actes odieux qu'il portait en nos noms à tous. Cette tuerie à la cour ne devait atteindre que le précédent roi et malgré cela, tellement perdit la vie en protégeant la cour fermement. Tae-Hyung subit aussi alors je le protégeais en dépit de feu son père massacré. Si j'avais su que ce serait d'une barbarie telle, je n'aurais pas été le garant de cette tragédie en ouvrant les portes aux assaillants. Pour cela, Ga-Ram me devait maintes explications.

En dépit de la rancoeur de mon Kim à l'encontre de son roi adoptif, le premier se découvrit misérablement chagriné à la vision du second disparu. Ce décès se montra abrupt et atroce, une mort que l'on n'oublierait guère malgré les haines portées à la victime. Je maudis de le voir si bas que terre au moral de même que je haïssais ses épousailles et ses insultes pour Ae-Cha. Pour ces raisons, je ne reçus pas d'excuses mais je me révélais là, prêt à quitter le parvis pour réclamer des comptes à mon chef. Je ne le ferais pas si cela n'importait pas un peu.

Le chaos faisait valser mes pensées. En moi, une préoccupation nouait mon larynx à mesure que je me questionnais sur les façons nombreuses d'évoquer les événements avec une mule telle mon aîné. Il changeait comme Uimundae tout-complet qui devenait ce que je n'aimais pas. À l'origine, seulement des résistants comme il en existait mille à Chô-Seon, et puis des assassins sans honte, des tueurs qui désiraient révoquer la couronne.

Les chants scandés par eux occupaient toute ma tête mais à quel prix devrions-nous élever le bas-peuple à la toute puissance ?

J'apposai mes sombres orageuses sur mon bras vigoureux à découvert. La manche de mon uniforme mobilait par l'unique forme de mon envie et dévoilait le commencement de mes runes. La principale dessinait un animal. Il serpentait ma clavicule jusqu'à mon omoplate à gauche. Il descendait, enlaçant mon bras jusqu'au bout de mes doigts tandis qu'autrefois, il m'avait été tatoué paré à se mordre la queue. Il ne l'atteignait plus, cependant, par l'espoir que Tae-Hyung le Kim ne serait pas là pour voir cette tragédie.

- Tu ne sais vraiment pas qui je suis ? timbra le prétentieux garde.

- J'en ai une vague idée.

J'élevai le menton à son égard et le considérai longuement de sa hauteur sans jamais pouvoir mettre un nom à ce visage opalin, ses épaules larges, ses lèvres pleines, sa voix braillante. Il ne fallait que son masque clownesque et ses flèches pour que les souvenirs de la purge des lettrés m'attrapèrent au vol.

- Ton identité a-t-elle vraiment de l'importance ? je repris.

- Quand un homme mystérieux nous sauve les fesses, on a envie de savoir qui il est.

Un sourire carnassier se croquit à ma bouche.

- Quand un homme mystérieux te suit partout, tu finis par apprendre qui il est.

- Alors pourquoi n'avoir rien dit ? il me questionna.

- Une personne qui cache son identité ne peut pas être une personne de confiance. Qui sait ce que tu m'aurais fait si je t'avais montré mes soupçons ?

Ma rétorque l'acquiesça et le fit esquisser un pas amusé envers les miens.

- Toi, c'est bien ce que tu fais... Cacher qui tu es aux yeux de la cour.

- Je n'ai jamais prétendu qu'on pouvait me faire confiance.

- Et avec Sa Majesté ?

Je grimaçai à cette vérité que je n'admettais pas. De dix pieds de long, mes traits trahissaient une furieuse envie de le retrouver cette dite majestueuse Majesté. L'étranger m'observa dans ma grande léthargie alors que sa bouche, cul-de-poule, témoignait d'une insupportable bêtise.

- Qu'est-ce que Ga-Ram me veut ? J'imagine que c'est lui qui t'envoie m'espionner.

- T'es perspicace, Ga-Ram m'avait prévenu que ce serait chiant.

- Excuse-moi ?

L'innomé haussa les rotules, il ajouta qu'il aurait préféré me laisser crever sur le bitum lors de la tuerie des savants. Et lorsque je songeais à la réclame de son nom, il s'en alla d'un salut simple de la main, l'imposteur. Il me plongeait dans le doute mais je ne m'en souciais plus puisqu'il restait certain que nos routes se croiseraient à nouveau.

Je demeurais médusé un temps devant les marches avant que je ne réalise ce temps crucial perdu par la faute de ce rigolo. Alors je voltefaçais et résolu, je partis à la reconquête de ma destinée.

💮 💮 💮


Le palais monarchique se dressait sous mes billes : sans attendre plus, je m'y engouffrai.

L'étonnement me posséda en le constatant si vide de quiconque. Or, le battant claqua à mon derrière dès que je me parais à faire pivot. Je m'immobilisai et me mus lorsque la senteur des roses et du jasmin de son bain chatouilla ma narine. Je basculai, avec lenteur, et j'imbriquai mes prunelles foudroyantes dans les siennes animaliques. Je levai le sourcil quand je fis état de nos airs courroucés puis j'ouvris la parole, sans douceur factice.

- Je vous cherchais.

Un rire cynique l'étrangla du fond de sa gorge. Kim Tae-Hyung paraissait fermé à point que j'eus le sentiment de me tenir face à un autre. Ses jambes le menèrent à moi qu'il ne laissait plus de ses deux yeux. Je le scrutai, à mon tour, sans jamais m'aventurer à briser ces tensions régnantes.

- Que fais-tu là ? Ça ne t'a pas suffi de rester avec elle si longtemps ? Il faut, en plus, que tu viennes me narguer.

- Ce n'est pas ça du tout ! je répliquai.

- Alors quoi ? C'est ce que tu voulais, Jeong-Guk ? Passer tes nerfs sur ma reine ? Ton problème, c'est que tu ne m'écoutes pas.

- Doucement, je ris amer. J'étais vraiment en colère mais je n'ai plus assez de place pour garder une seconde rancune, l'autre prend assez ses aises comme ça...

Au mépris de ma bonne foi, mon châtain ne cilla guère. Je devinais son attente vaine de ma parole et alors, je l'imitai. Je ne savais pas agir autrement que dans la patience. Il me fallut quinze années pour acquérir le corps mort du Gun sur un plateau de bronze. Il me fallut une époque, toute longue, pour qu'enfin, je respire encore. Et il ne m'aurait fallu pas plus de cinq jours pour tomber complètement pour lui. Saloperies de sentiments.

- Je n'ai couché avec personne, Votre Majesté. Enfin, soyez gentil et prévenez-moi la prochaine fois que vous souhaiterez faire ménage à trois.

La balle rebondit dans son camp, à présent. Le roi teigneux m'approxima tandis que j'émis un recul abrupt envers lui. Il approcha de plus et happa mes épaules avec une tendresse étrange et curieuse, contrastant avec son attitude pensée hostile.

- Ce doit être le rêve de tout roturier de devenir intime avec la souveraine de Chô-Seon.

Une émotion neuve enjolivait sa voix et ouvrit chacun de mes sens. Mon coeur se resserrait en ma cage thoracique, mon estomac jouait des organes, à la limite de me tordre les entrailles à la manière d'un orchestre symphonique composé des fluides et des cors d'harmonie. Malgré ses volontés, le Kim crachait son venin de son dard rose et bien que cela me tyrannisait, je ne lui en voulais pas pour lui. Ma vue se voila, elle se vitra et s'éleva aux cieux afin de s'accrocher dans son orangé ensorcelant.

- C'est elle qui voulait de moi, Votre Majesté, pas l'inverse. Je vous l'ai dit, tout le monde n'est pas comme vous.

Ses pupilles s'agitaient, je crus y percevoir un bout du défunt Yeonsan-Gun, son royal père. Un chagrin l'enlaça tendrement, soudain et brut quand il ôta ses pattes de moi. Le châtain s'essouffla sur des excuses que je ne discernai qu'à peine mais quelle importance alors que mon tout-moi souffrait tout-entier.

- Tu ne m'écoutes pas, je te dis ! Je n'ai jamais voulu faire ça, je n'ai jamais voulu poser les mains sur elle, je te le jure. Jeong-Guk, je n'ai eu de cesse de penser à toi.

- Respectez un peu plus les personnes avec qui vous partagez la nuit.

- Maudit soit le respect si je peux être avec toi.

- Pitié, arrêtez ça... Vous m'oppressez.

Seulement un sourire étira sa bouche accablée. Sa ferveur captura ma main et posa le désir de m'attirer entre ses bras. Je m'en éloignai avec mon envie mienne de ne plus céder. Son visage lisse s'enténébra mais j'osai lui partager des pensées.

- Vous me devez des excuses.

- Je me suis déjà excusé.

- Vous me devez des excuses sincères au sujet de ce que vous avez dit sur ma mère, sans perdre votre temps à énoncer vos quarantes regrets.

- Ce que t'es têtu, bon sang. J'en pensais chaque syllabe mais ne te méprends pas, j'ai seulement voulu...

Mes jointures blémirent à force d'émoi, je ne l'entendais plus. À pleine conscience, nous nous considérâmes dans le blanc de la sclère sans qu'aucun ne porta l'oeil à l'ailleurs. Je saisis la déglutition qui frappa sa pomme de l'Adam d'Éden, et je remarquai ses maux à poursuivre son discours. Cet homme n'avait pas une idée du torrent hanté qui m'animait. De la rage de lui au chagrin de nos plaies. Je me demandais à diverses pourquoi je consentais à mes sentiments de se mêler de tout. Kim Tae-Hyung, à l'instant où je le vis la seconde fois, une euphorie frénétique pulsa mes sangs. Et la première fois, lors de cet automne de quatre-vingt-huit, lorsqu'à l'entrée de la cour, je l'aperçus petit et marmot tenant la main de ma mère comme si elle était sienne. Je me souvenais de ce jour puisqu'il devint le dernier où je vis mon Ae-Cha. Cette image se grava dans ma mémoire et ne fit qu'accroître ma fureur quand j'eus l'impression que le Prince héritier me volait ma vie. Il se persuadait de ses propos, Kim Tae-Hyung plus honnête de nous deux, quelle évidence, quelle ironie. Elle, sans le doute, aurait été déçue de l'adulte qu'il devenait. Je me souvenais d'une splendide femme, une aimante femme, une femme qui voyait au-delà du monde et qui ne trouva que l'enfer. Cette idylle avec le roi ne changerait rien à la façon dont je l'appréciais, elle ne devrait ainsi rien changer à la manière dont Tae-Hyung, lui, la considérait. Lorsqu'il taquina mon contact, je me hâtai de le lui enlever.

- Jeong-Guk, s'il-te plaît.

- Ne me touchez pas.

L'abasourde me tenait tant qu'importait ma soudaine familiarité. Il resta hébété de cette insoumission frustrée que je lui rendais. Ses prunelles rondes et sa bouche ouverte à demie ne suffirent qu'à m'irriter alors qu'il tenta, encore, de porter son toucher au mien. À ce stade de nos querelles, on me réveilla par j'ignorais quel pouvoir au-dessus de l'Homme ; je le repoussai, je l'écartai si brusquement que j'eus la crainte qu'il ne trébuche. Tae-Hyung implora bien que je ne lisais plus ce qui traversait son esprit, trop emporté par le mien. Au désormais, je souhaitais qu'il comprit chacune de mes tourmentes. Que le juvénile Prince héritier qu'il fut réalise ma peine quand il prit, non à son gré, ma place dans le coeur de ma mère. Que l'à présent roi qu'il devint saisisse les dégâts de mon coeur, et le fait que l'Uimundae m'empêchait de m'offrir à nos passions. Il n'existait de plus terrible affliction.

Tae-Hyung réduisit nos distances et, avec une tendresse agressive, m'amena contre lui malgré mes débats. Je tapais son thorax et son abdomen, je bousculais et son corps et son âme. Mes grognements hargneux résonnaient, mes cris de détresse et mes suppliques pleuvaient. Je refusais et le sommais de ne plus m'approcher, de me laisser en paix. Et en dépit de ces tragédies, il resserra son étreinte jusqu'à ce que j'explose en pleurs. Les larmes jaillirent et ruisselèrent de mes glandes à mes lèvres. Mon souffle s'écourta, et je tremblai de fièvre. Mes doigts se resserrèrent contre son habit et je n'osai plus le regarder, me trouvant trop honteux d'assumer mes joues rosies et mon manque présent d'adresse puisque voilà des mois que je ne versais plus ma tristesse.

- Jeong-Guk... Jeong-Guk, regarde-moi.

Je secouai la tête en écho d'un mépris pour ma vulnérabilité, et celle de me reposer sur lui, cet homme qui me contaminait d'adoration. Celui-là même qui conjurait et s'agaçait de ma rude sagacité. Le contrôle m'échappait dès lors qu'une ultime plainte désespérée de sa part me calma dans mes sanglots jusqu'à l'épuisement de mon crâne lourd à son épaule. Le creux de son cou m'accueillit et ses dactyles effleurèrent sagement mon échine.

- Tu ne veux vraiment pas me regarder ? Je suis là, pourtant... Juste là, je ne bouge pas.

- Je te hais, Kim Tae-Hyung... Je te déteste, putain, tellement...

Cela ne changeait rien, cela ne changerait rien qu'il soit là. Je reniflai dans son habit torché et repris mon haleine.

- T'as aucune idée d'à quel point je déteste tout ce que tu es. Je suis terrorisé. À cause de toi. À cause de ce que tu me fais éprouver. Et ton père... Ton père, il...

- Mon père est mort, il finit avec une bienveillance amère.

- Ouais, et ton père a tué ma mère.

Du reste, je ne lui avouerais pas que lui, si petit, me priva de ma vie.

- Il l'a crevée et je ne sais pas pourquoi. N'était-il pas censé l'aimer ? Je refuse qu'on soit comme eux, que tu me prennes sous ton emprise... Je ne veux pas que tu me promettes des monts et que tu me fasses exécuter, je ne veux pas que le soulèvement de mon frère te tue. Je m'en cogne que tu sois marié, je ne veux juste pas vivre en ayant peur à chaque fois que tu es loin !

Un souffle, et encore, je repris.

- Pourtant, j'ai toutes les raisons du monde pour te haïr. Tu n'es pas honnête, tu t'es marié, tu as partagé sa couche, tu insultes la mémoire de ma mère et tu refuses de t'excuser, merde. Ça me rend fou, putain de Kim...

J'expirai, cessant mon discours détraqué puis je glissai les doigts entre les mèches volatiles de mon ébène. Une surprise immense se lisait sur les traits de mon vis-à-vis maintenant que j'arrêtai mon regard au sien. Son oeil fauve brillait, de compassion hasardeuse certainement.

- Ce... Ce n'est pas parce que ma mère s'est donnée à ton père que je dois faire de même avec toi... Je ne suis pas un gigolo ; on ne m'entretient pas pour baiser, d'accord ?

- C'est très clair mais écoute, je n'ai pas...

- Je n'ai pas fini, je rugis. Et je n'ai pas couché avec ta reine, c'est elle qui a essayé de me mettre le grappin. J'ai refusé de m'abaisser pour toi. Et toi... Toi, tu dis avoir pensé à moi. Tu mens encore, Kim Tae-Hyung. Si tu l'avais fait, tu serais venu me voir et...

- Et ? Et quoi, Jeong-Guk ?

Et encore cet énigmatique sourire.

Je m'interrompis, incapable de reprendre le fil de ma parole. Dans ses deux ambres, un éclair fila. Trop juste pour que j'en sois certain ; trop criant pour que je m'en défisse. Il me troublait ; je déglutis. Mes sombres s'abattirent sur ses iris, ma langue pâtait ; je peinais à syllaber les mots me manquant. Or, nul le besoin lorsque sa mâchoire se contracta et que ses lèvres heurtèrent les miennes. Le toucher fut doux ; il fut surprenant. Mon souffle haleta. Nos chairs se caressèrent, s'effleurèrent et se cueillirent. Mes doigts se promenèrent à la naissance de son brun chevelu tandis que lui, de sa langue, quêta l'accès à ma bouche. Son corps se pressa ; je m'embrasai tout complet. Notre baiser se prolongea, se fit plus dense. Les cris affligés se turent laissant seuls le son de nos soupirations effrénées. Je ne pensais plus, et toute volonté disparut.

- Énerve-toi autant que tu le voudras, Jeong-Guk... s'essouffla-t-il en rompant doucement. Tout me va tant que ça finit toujours ainsi.

Je tirai au col de son vêtement et baignai la vue dans le fond de ses yeux. Sa pulpe délicate frôla ma lèvre du bas et une esquisse épuisée, soulagée, se fendit sur ses ourlets.

- Et de deux. Cela devient une habitude que vous m'embrassiez ainsi.

- Vas-tu faire le compte de tous nos baisers ? il railla en exerçant une maigre pression sur sa prise.

J'opinai et fondis derechef sur sa bouche que je torturais avec l'hystérie racinée en moi.

Et de trois.

La fureur se dissipa. Mon désir s'éveillait sous le fin tissu de mon habit, mon muscle s'érigeait à mesure que les gestes de mon roi s'entreprenaient. Nos corps, de concert, reculèrent sans se quitter. Ma ceinture chancela et mon torse imberbe se dévoila à ses ambres. Tae-Hyung se statufia et dodelina de sa tête, n'abandonnant jamais sa malice. Son humide rosée patina sur le long de ma trachée, et en écho, je jetai la tête à l'arrière, accueillant les succions et mes plaintes de rauque. L'homme taquina mon téton, il s'inclina et nos masculinités se touchèrent. La finesse de mes dix doigts se plût à embêter la couture de ses dessous, il tressaillit et je balayai son gat d'un revers. Ici, plus de souveraineté solitaire, seulement la nôtre. Seulement lui. Seulement moi. Seulement tous deux égalitaires.

Son pantalon blanc discordait avec la noirceur de mes culottes. Je détaillais ses abdominaux timides et les redessinai à la façon d'un illusionniste ; il frissonna et dès lors, sa beauté grecque me frappa. Son souffle chaleureux s'écrasa contre mon derme et un doux effluve de bois prit possession de mon odorat, mon goût, mon âme. Bonté divine.

- Reste concentré, rit-il en me pinçant la hanche à l'opposé de ma blessure de l'antan.

Une grimace poussée, et j'entrepris de glisser le long de ses jambes, ses tissus inférieurs à l'emport vers le sol. Mon menton se redressa et sitôt, mes pupilles assombries croisèrent ses plus éclaircies. Elles tombèrent sur sa colonne de chair, pleine et gorgée de sang, que je contemplais car à ce jour, il n'y avait rien de plus merveilleux et surréaliste que cette pareille chose qui me dévisageait. Mon palpitant bondit, et mon sexe s'éveilla de plus belle. J'apportai la dextre plus haut et enserrai le sien qui lui arracha un râle couiné, plus aiguë et risible que ne l'était sa voix. Mon pouce pressa son gland et à chacun de mes actes tortionnaires, sa réaction ne se fit attendre longtemps. Je l'agaçais ; il me suppliait de le relaxer. Il soupira alors, tira mon noir de jais, grogna et m'aima de toute la force de son plaisir reçu. Un peu de semence échappa à sa verge que je recueillis du bout de ma langue.

Tae-Hyung dégoulinait, je glissais dans un état similaire tandis que sa poigne me remit debout, à sa face. À cet instant, ses mots de tantôt prirent un sens plus particulier, et je le pensais aussi : je mourrais pour lui.

Ses lèvres dérobèrent mes lèvres. Nos langues se cherchèrent, se trouvèrent, se repoussèrent et revinrent plus demandeuses. Je soulevai mon oeil brun sans me soustraire à lui et l'apportai à sa couche sur laquelle je nous installai à la tendresse. Ses fauves m'estimèrent longuement alors que je me calai entre ses cuisses écartées, je posai mes paumes de part et d'autre de ses joues.

- Enlevez-moi mes bas... je soufflai dans un chuchot étranglé, impatient et impénitent.

Je chus mon chef contre lui tandis que se plièrent ses jambes et approchèrent mes hanches. Le royal dévoila ma nudité et mit ses doigts à ma salive ; l'un d'eux courut à mon orifice, le titilla et y entra sans tabler. Une étincelle éclairait son regard tandis que son nom me sortait en maints geignements. Je l'encourageai et un deuxième prit la suite ; ma poitrine se souleva, l'effort m'épuisait en dépit du silence ecclésiastique qui enveloppait nos chairs. En le désirant davantage, Tae-Hyung baisa ma tempe avec une douceur curieuse.

- Je ne te ferai rien de plus... il balbutia.

Nos mains se joignirent, et je compris.

- Tae-Hyung...

- Fais ce que tu veux de moi, Jeong-Guk... Tu ne seras jamais sous mon emprise.

Mon coeur tambourinait sans n'avoir la cesse. Si je ne me saoulais pas déjà de cet homme, j'en pleurerais encore. Dans ses orbes, je devinais une confusion certaine, un doute terrassant et là, sans l'ouïr, je l'entendrais me prier de ne pas le laisser alors j'acquiesçai. Je cherchai son intimité et y déployai aussi ma langue comme lui il y a des minutes. Il me pardonnait lorsqu'il râlait sa douleur. Je m'amusais quand il s'impatientait de ma lenteur. Tae-Hyung se cambra, se cabra au rythme des allers et venues de mes membres. J'achevai rapidement ceci en observant la séduisante façon qu'il avait de haleter sa peine. Soulagé, je le pénétrai sans répit. En son intérieur incendié, je n'attendis pas pour me mouvoir. Mes coups de boutoir l'assaillirent et l'assénèrent ; ils se firent de plus en plus pantelants, de plus en plus rapides, de plus en plus forts et d'autant plus loin. La prostate matelée, son timbre s'écaillait et s'éraillait. Nos corps s'épousèrent comme s'ils étaient faits l'un pour s'imbriquer dans l'autre. Ils s'aimantèrent, s'aimèrent, s'épuisèrent mais en revoulurent encore.

Ses plaintes bestiales m'atteignirent et ne crurent que mon désir ultime. Son fascinant regard chercha le mien, fila sur mon corps donneur et se figea un temps sur le serpent flattant mon épaule à l'encre noire. Néanmoins, il me soulagea de le voir déjà si préoccupé par la vigueur de mon muscle en lui. Tae-Hyung usait un contrôle abruti à ne pas hurler dans de funestes supplications. Il s'accrochait à tout ce à quoi il le pouvait, à moi particulièrement. Et sa jouissance vint. Elle fut suivie par la mienne bien longtemps à la suite et dans un soupir commun qui nous termina ensemble. Ma tête tomba lourdement contre son torse, je pris congé. Il entremêla ses dactyles aux mèches de mes cheveux, ma respiration s'apaisa, la sienne se raidit. Dès lors, nos regards s'accrochèrent, se confondirent, se sourirent et n'osèrent plus se défaire.

Alors doucement, mes paupières offrirent cet instant à l'obscurité, et à jamais, pour l'éternité.






























































ACHLYS | CHAPITRE 18

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top