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ACHLYS | CHAPITRE 20
Royaume de Chô-Seon,
ancienne Corée réunifiée,
30 Décembre 1483 : 5 ans avant l'arrestation d'Ae-Cha.
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" La vie ne se mesure pas par le nombre de respirations prises, mais par le nombre de moments qui nous ont coupé le souffle. "
Confucius.
Son cri fut brutal. Assourdissant. Abrutissant. Sa douleur, si violente. Ae-Cha se tenait le ventre, haleineuse : elle exploserait d'un moment à l'autre. Les injures fusaient ; elle maudissait son époux de l'avoir engrossée si rapidement, si vilement, si inopinément. Il-Nam demeurait d'angoisse. La sueur perlait sur son front tandis que rien n'était prêt. Ni la chambre en guise de salle de travail, ni les sous, ni le couffin, ni le médecin qui ne se pressait guère pour arriver jusqu'au couple. Voilà une heure que la nouvellement mariée vit ses eaux ruisseler le long de ses jambes frêles et nues. Sa seule chemise patinait au-dessus de ses genoux mais ne lui suffisait pas à supporter les hivernaux traversant les murs fragiles de la vieille habitation. Malgré cela, son enfant à naître lui prenait tant d'énergie qu'elle semblait s'échauffait à la mort. La Jeon s'accrocha à l'homme au bord du malaise qui su, tout de même, réagir en la couchant sur le grinçant lit.
Ses contractions reprirent de plus belles. Plus agressives. Plus poussées. Plus cruelles. Son palpitant cognait ; son dos se cambra. La brune pressa férocement la main de son brun, son souffre-douleur favori. Elle souffla à de maintes reprises et à la demande de l'Il-Nam avant qu'il ne se prenne une pluie d'ignominies. Rien de plus, il n'osa, et laissa l'Ae-Cha éclater en sanglots de désespoir.
- Bon sang, Il-Nam... geignit-elle en secouant excessivement le chef, refusant de se laisser accoucher. Où est ce docteur, hein ? Il va venir, n'est-ce pas ? Je... Ah- ... j'ai mal !
L'interrogé la consola d'un baiser sur le sommet et épongea son front imbibé de souffrance.
- Sois patiente, chérie... Le bébé vient ? Tu veux que j'appelle notre voisine ?
- Si tu bouges, je te tue. Compris ?!
Le calme olympien du menacé agaça les hormones de la mère future. Or, il était ainsi et c'était ainsi qu'elle avait voulu l'épouser, il y a des mois. Il opina et l'encouragea à y mettre davantage du sien pour extraire ce garçon ou cette fille de son utérus.
- Ah... Mais pourquoi il ne veut pas sortir !? Fais quelque chose, c'est toi qui l'a mis là !
Il-Nam eut un rire. Il demeurait bon vivant, un homme qui aimait sa dame, un homme qui aimait son travail, un homme qui aimait la vie. Souvent, il se questionnait sur la raison qui avait poussé Ae-Cha à accepter de l'épouser, lui, qui n'avait rien à lui offrir, ni à elle ni à leur enfant, si ce n'étaient ses chansons de samaritain et une paie de misère. Son bébé ne survivrait pas à l'hiver ; il ne le devait pas, songea-t-il. La femme qu'il aimait en serait accablée ; or, il lui restait impossible de subvenir aux besoins de tous s'il était le seul à travailler. Il s'en minait terriblement.
Au gré de ses efforts, tous deux virent une liqueur rougeâtre couler le long de ses cuisses. C'était luxuriant. Odorant. Le sang colorait ses pores blanchies par la météo. Le sang maculait les draps coincés sous son corps balloné. Elle hurlait. La mort lui faisait signe. Il-Nam cédait, à son tour, à la panique. Néanmoins, il prit le soin de la nettoyer avant de s'y placer, oui, entre ses jambes.
Le médecin ne venant pas, il allait le faire de lui-même.
- Ae-Cha, écoute ma voix... Je vais le faire sortir, d'accord ? Tu me fais confiance ?
En écho, elle agita la tête de droite à gauche : évidemment que non, elle ne pourrait lui accorder confiance. Et davantage moins pour une chose si dangereuse.
- Il va falloir que tu fasses cet effort, alors. Mords dans ce tissu, lui fit-il, roulant un habit à lui.
Elle ne se pria pas ; ce gosse aurait sa peau.
L'impatiente tint vigoureusement son dû entre ses dents. Le trentenaire plaça ses mains de façon à réceptionner son colis. Le rouge hémoglobine saignait à mesure qu'elle poussait, à mesure que le père de son enfant l'aiguillonnait comme il le pouvait.
- Tu ne m'aimeras jamais comme moi, je peux t'aimer... Mais lorsqu'on s'est mariés, je t'ai promis d'être là pour toi dans la joie et les peines et crois-moi, je ne te laisserai pas crever comme un bétail. Accroche-toi, ma douce ; je ne bouge pas.
Ses propos résonnèrent en la souffrante et s'imprimèrent dans chacune des parcelles de sa peau. Elle était à peu de choses de l'évanouissement et se sentait inapte à rétorquer quelque chose que ce soit à cet homme. Ae-Cha et Il-Nam étaient amis avant d'être amants et pour le second, la première ne le verrait jamais autrement. Présentement, elle ne s'en souciait plus quand le nourrisson sortit son chef. Son thorax, ensuite puis le bas de son corps.
Le bébé était né.
" La vie ne se mesure pas par le nombre de respirations prises, mais par le nombre de moments qui nous ont coupé le souffle. "
Avec une tendresse sans égale, l'homme emmitoufla le petit dans une serviette saupoudrée d'amour et de fragilité. Son premier souffle de vie fit pleurer père et fils bien que l'un, riait à la fois, plein d'une gaieté nouvelle.
- Un garçon... Ae-Cha, tu as vu ?
Ae-Cha avait cédé à la fatigue inerte. Le porteur glissa deux de ses doigts sous son nez suintant : elle respirait encore. Il-Nam apposa à nouveau ses bruns rieurs sur le minuscule être qui, rapidement, s'était assoupi à la suite des pleurs.
Des cheveux d'ébène présents.
Des yeux nument étirés.
Des lèvres rosées.
Des pores infiniment diaphanes.
Sa précocité le rendait plus souffreteux qu'un autre et l'air hiémal ne le ferait tenir plus longtemps. Ae-Cha dormait ; Il-Nam pourrait le laisser mourir. Toutefois, cette idée fut chassée de son esprit dès lorsqu'il contempla amoureusement l'enfant endormi entre ses malingres bras.
Son fils.
Il en avait tant rêvé. Certainement pas dans de pareilles conditions mais désormais, il ne souhaitait plus que lui offrir une vie décente et emplie de plaisirs simples. Tous deux se posèrent sur la chaise à bascule que la mère de famille avait usé huit mois durant. Le torse paternel demeurait à la chaleur ; il espérait que cela suffise à réchauffer ce bout de lui qui sommeillait, paisible.
Le brun délavé osa quelques visions vers sa brune, vérifiant qu'elle soit assez couverte et que le sang ne coulait plus à flot. Cette veinarde avait survécu par le peu qu'elle en perdit, songea-t-il. Un sourire de contentement se dessina à ses ourlets. Un sourire heureux et plus encore lorsque ses amis les plus proches traversèrent le seuil du logis.
- Ah, mon cher Il-Nam ! Je savais bien que tu nous cachais quelque chose ! Te voilà, enfin.
Le fort timbre de Seo-Jun rebondit entre quatre parois. Sa raillerie fit mouche et le dénommé le lui rendit en riant. Dans son dos se bousculaient, et Ha-Neul - sa conjointe - et Baek-Hyun, âgé de dix-sept ans et qui portait lourdement sur son épaule quelques morceaux de bois qu'il vint consumer sous cheminée.
- Oh, je t'en prie, s'exclama la première. Tu n'es pas drôle, laisse ton ami tranquille, tu veux ?
Le cinquantenaire goda, la sienne de femme se fendit d'un attendrissement à la vue du bonhomme qui dormait comme un loir sur la poitrine de son sauveur de l'antan.
- Regardez qui voilà... Il est clair qu'il a pris toute la beauté de notre Ae-Cha.
Il-Nam affirma.
- Comment va-t-elle ? s'enquit l'adolescent, mine au souci.
- Elle ira bien, mon petit. Je suis certain qu'elle sera ravie de tous vous voir à son chevet.
Le paternel se redressa précautionneusement et se mit près du feu qui crépitait en contre-bas. Reconnaissance l'étreignait. Grâce à ces gens, il ferait en sorte que son aîné survive au moins jusqu'à la saison prochaine. Les paupières closes, il méditait cela. Les trois autres piaillaient de leur côté, faisant état de tout ce qui se trouvait à la portée de leurs yeux curieux.
Ae-Cha. Son état. Il-Nam. Leur bébé. Le mauvais courant. La maison en lambeaux. La chaleur qui donnait bien au père comme au fils. Les diverses façons que tous pourraient user pour les aider. La fortune de Baek-Hyun et son titre anobli qui lui conférait des titres, des terres malgré sa jeunesse. Et puis, le refus catégorique de la maman qui ne pourrait s'abaisser à accepter le soutien de celui qu'elle considérait en jeune frère. Ae-Cha revenait souvent dans leurs bouches. Elle et sa grossesse. Elle et ses insomnies. Elle et ses contractions. Elle et sa fierté.
Le nourrisson ouvrit les orbes et se noya dans une fascination du visage éploré de bonheur de son père. Sa vue restait floue mais peu importait ; elle était d'un réconfort précieux. Ses parents suivirent aux regards et exclamations, alors.
- Ae-Cha... s'agenouilla son amie. Comment te sens-tu ?
- Où est mon bébé... ?
Une articulation avec peine. Il-Nam comprit et l'approxima pour lui confier l'enfant né entre les seins. Soulagement. Elle l'avait tant attendu ; elle sanglota sans la cesse au-devant de ce petit bout d'elle qui demeurerait, elle l'espérait, aussi longtemps qu'elle.
- Je... J'ai cru que j'allais mourir... renifla-t-elle en serrant fortement son fils.
Ae-Cha se laissa aller à de violents spasmes et ne parvint au calme que des minutes plus tard. Son besoin d'évacuer était lourd mais fut accepté par ses pairs. Ses belles prunelles à la couleur de l'ambre plongèrent dans celles de son époux et un remerciement fit vibrer sa langue inaudiblement. Une oeillade complice s'immisça entre eux mais fut interrompue par une tape dorsale du brave Seo-Jun à son ami d'enfance.
- Et comment s'appelle le p'tit rayon de soleil ?
La jeune femme haussa le menton et regarda le concerné frappé à l'échine. Voilà longtemps qu'elle s'était décidée sur la façon dont elle pourrait nommer son premier enfant. Alors elle n'hésita plus. Un sourire arborait ses lèvres bleutées par le froid alors que d'une vive voix, elle proféra ces paroles prochaines.
- Tae-Hyung... Il s'appellera Tae-Hyung.
ACHLYS | CHAPITRE 20
Pourriez-vous juste prendre le temps de répondre à cette question en commentaires, s'il-vous plaît ?
Q : Quels mots utiliseriez-vous pour décrire Jeongguk, Taehyung et enfin, Garam ?
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