Chapitre 98


Ces croissants m'ont coûté la peau du cul, pesta Jungkook en claquant la portière de l'Audi après s'être installé derrière le volant.

Une moue agacée sur le visage, le commandant donna à son petit ami le petit sac en papier kraft ainsi que le support en carton qui contenait les trois gobelets.

Je sais mon cœur, je te rembourserai quand on rentrera.

Je ne dis pas ça pour que tu me rembourses, mais Nam a des goûts de luxe. Je ne sais pas combien coûtent ces trucs en France, mais ici, c'est exorbitant, bougonna le brun en mettant le contact.

Il a travaillé toute la nuit pour nous trouver des informations sur Osborn. Il mérite bien un café et un croissant.

Marmonnant dans sa barbe, Jungkook passa la première vitesse et quitta le parking de cette boulangerie où il s'était juré de ne jamais remettre les pieds.

Je te trouve très... grincheux ce matin, le taquina Jimin.

Hm, à qui la faute ? Tu m'as réveillé comme un sauvage.

Hé, je voulais me rattraper sous la douche. C'est toi qui as refusé. Je suis persuadé que ça t'aurait mis de bonne humeur.

Le ton taquin du médium fit sourire Jungkook qui se rappela les avances de son amant lorsqu'ils avaient décidé de se laver ensemble une heure plus tôt. Bien trop fatigué par le manque de sommeil, le brun avait refusé le plaisir de la chair, cependant une chose était sûre, pour lui le sexe était très souvent le meilleur remède afin de lui redonner une bonne humeur.

Allez, tu vas continuer à faire la tête longtemps ? minauda le plus jeune.

Avec précaution, pour ne pas renverser leurs boissons chaudes, Jimin se pencha vers le conducteur et déposa un baiser contre sa joue, puis un deuxième, avant que ce dernier ne s'écarte en riant.

Eh microbe, arrête, je conduis là et tu me déconcentres, gloussa Jungkook en frottant son oreille qui avait, elle aussi, subi les assauts de ses lèvres charnues.

Ok, ok, mais arrête de bouder. On va voir ce que Namjoon a trouvé et ensuite, on rentrera à la maison. J'ai fait pas mal d'heures supplémentaires la semaine dernière. Je vais appeler Lim et lui demander si je peux poser ma journée, comme ça je vais pouvoir m'occuper de toi. Qu'en dis-tu ? proposa le médium, un sourire affectueux sur les lèvres alors que sa main gauche caressait tendrement la cuisse de son amant.

Je me languis d'avance.

Parfait !

Satisfait, le couple se mura dans un silence agréable jusqu'à arriver chez le hacker qui ne vivait qu'à quelques minutes. Une fois devant son domicile. Jungkook descendit de la voiture et la contourna pour aller ouvrir la porte à son petit ami. Ce dernier lui tendit le petit déjeuner et quitta le véhicule à son tour. Côte à côte, les deux hommes marchèrent jusqu'à l'entrée et ce fut Jimin qui appuya sur l'interphone. Il ne fallut qu'une poignée de secondes avant que la porte en métal ne s'ouvre sur un homme au crâne rasé.

Wouah, souffla le médium.

Je savais que je te ferais cet effet, plaisanta Namjoon.

J'avoue que cette coupe de cheveux te va très bien, le complimenta Jimin.

Merci. Je suis ravi de te voir, Jimin.

Moi aussi. Tu as l'air en forme ! répondit le plus jeune en faisant un pas vers lui pour l'enlacer.

Je rentre de vacances, alors ça ne peut qu'aller. Et toi alors, comment tu te sens ? La dernière fois que j'ai eu de tes nouvelles, tu... enfin tu...

Je me suis fait enlever, tu peux le dire, ricana le blond avant d'afficher un sourire rassurant. Ne t'en fais pas, je suis totalement rétabli et prêt à affronter le diable !

La mâchoire serrée et la mine blasée, Jungkook écoutait les deux hommes discuter comme de vieux amis et commença à se sentir presque de trop. Voir que l'attention de son petit ami était complètement accaparée par Namjoon était encore quelque chose qui l'agaçait, surtout quand on connaissait la relation électrique que lui et le hacker entretenaient. Ce fut donc sans grande gêne qu'il se racla la gorge, rappelant ainsi sa présence.

Désolé d'interrompre ces retrouvailles très émouvantes, mais il fait un froid de canard, intervint le policier. Mon café va refroidir et ces croissants qui m'ont couté les yeux de la tête n'attendent qu'une chose, être mangés. Alors si tu voulais bien nous laisser entrer avant qu'on se transforme en stalactites, ça m'arrangerait.

Amusé par l'agacement de son amant et le soupçon de jalousie qu'il percevait dans sa voix, Jimin cacha son sourire derrière sa paume, tandis que Namjoon ne pût s'empêcher de rire.

C'est qu'il est de bonne humeur, le commandant, railla ce dernier.

C'est de voir ta tronche dès le matin qui me met autant en joie, répliqua Jungkook, un sourire des plus hypocrite sur les lèvres.

Je me disais aussi.

En riant, Namjoon se décala pour laisser ses invités entrer. Le médium fit signe à son petit ami de passer devant et lorsqu'il s'exécuta, il vint tapoter son fessier.

Allez mon grincheux, rentre ce petit cul au chaud, murmura-t-il afin qu'il soit le seul à entendre.

En levant les yeux au ciel, le brun pénétra dans le vaste garage qu'il connaissait déjà et alla directement poser les boissons et les viennoiseries sur la table.

Merci pour le petit déjeuner, Jimin, lança Namjoon, conscient qu'il allait de nouveau provoquer la colère du policier.

En fait, remercie Jungkook, c'est lui qui est allé les acheter. Et il l'a fait avec amour et sans rouspéter une seule fois, le taquina Jimin en venant l'enlacer par derrière.

Vas-y, continue de te moquer, bougonna le concerné en levant les yeux au ciel.

Tout en les observant, le hacker prit l'une des viennoiseries et croqua dedans sans ménagement avant d'exprimer à quel point cette dernière était bonne.

C'est lequel mon café ? demanda-t-il.

C'est écrit dessus. Suffit de savoir lire, répondit Jungkook en prenant le gobelet de son amant qu'il lui tendit. Tiens, beauté, murmura-t-il.

Merci, lui sourit le médium. Bon alors Nam, qu'as-tu trouvé d'intéressant ?

Plein de choses, et en même temps, rien d'utile.

Comment ça ? questionna le commandant, les sourcils froncés, pendant qu'il goûtait pour la première fois ce mets français.

Eh bien, le nom que tu m'as donné ne m'a mené à rien, commença le hacker en prenant place sur son fauteuil, face à ses écrans.

Donc tu n'as rien, en conclut Jungkook en tirant l'une des chaises.

Éreinté et nécessiteux de son contact, le brun prit le poignet de son compagnon et le tira jusqu'à lui, l'invitant à s'asseoir sur ses genoux. Ce dernier lui offrit un sourire débordant de douceur et s'exécuta avant de déposer un baiser sur le haut de sa tête avant que Namjoon ne pivote vers eux.

J'ai dit que ce nom m'avait mené à un cul-de-sac, pas que je n'avais rien trouvé. Tu penses vraiment que je m'arrête au moindre petit obstacle ?

Non, c'est bien pour ça que c'est toi qu'on a appelé, intervint Jimin avec sa douceur habituelle.

Le hacker afficha un sourire de gratitude face à ce compliment dissimulé, puis se tourna de nouveau vers son ordinateur. Avec agilité, il pianota sur son clavier et plusieurs documents administratifs et photos apparurent sur les divers écrans.

Comme toujours, j'ai commencé par des recherches nationales. J'ai fouillé les bases de la police, des assurances maladie, les banques, fournisseur de téléphone, etcétéra. J'ai fouillé chaque institution où il aurait pu laisser une trace, mais ce mec n'apparaît nulle part.

Comment c'est possible ? De nos jours, tout le monde a au moins une ligne téléphonique ou service quelconque à son nom, remarqua le plus jeune.

C'est pour ça que j'ai fait une recherche mondiale. D'ailleurs, je m'excuse, j'ai dû détruire quelques par-feux des agences gouvernementales, lança Namjoon avec une pointe d'insolence.

Tant que tu n'as pas laissé de trace, tu fais bien ce que tu veux, soupira Jungkook.

Merci commandant, je note ça dans un coin de ma tête, plaisanta le hacker en prenant une nouvelle bouchée de son petit déjeuner. Donc, je disais, j'ai été faire un tour du côté de l'Europe, mais c'est finalement aux USA, plus précisément en Floride, que j'ai trouvé une correspondance.

C'est un américain ? demanda le commandant.

Oui et... non. Jonathan Osborn est né le 15 février 2013 et il est décédé une semaine plus tard.

Quoi ? C'est impossible, Namjoon. L'homme qui m'a attaqué avait plus de quarante-cinq ans ! déclara Jimin en se levant.

Je te crois Jimin, mais ça se fait souvent.

Comment ça ?

Eh bien, parfois, lorsque certaines personnes veulent disparaître, elles prennent l'identité de nouveau-né, surtout les mort-nés, ou les nourrissons qui meurent très tôt, expliqua le hacker, une mine désolée.

Mais c'est un cauchemar, souffla le médium en faisant les cent pas. À chaque fois que j'ai l'impression de toucher au but, je me retrouve face à davantage de questions.

Colère, tristesse et abattement, voilà ce qu'il ressentait à cet instant. En une fraction de seconde, tous ces espoirs d'avoir enfin une piste qui le mènerait jusqu'au tueur de Yoongi, venaient de partir en fumée sous ses yeux. Pourquoi la vie s'acharnait-elle ainsi ? Pourquoi fallait-il que la seule chose que Yeosang ait dite avant d'être abattue ne soit d'aucune utilité ? Ce qui l'enrageait encore plus, c'était que leur unique source d'information était morte et qu'à présent, il était revenu à la case départ.

Jimin, l'appela Namjoon.

Oui ? répondit ce dernier sans se tourner vers lui.

Il ne voulait pas que ces deux aînés ne remarquent les larmes qui inondaient ses yeux. La déception qui le rongeait était si grande que le blond parvenait difficilement à la dissimuler.

Cette piste n'a mené à rien, mais je te l'ai dit, je ne laisse pas tomber aussi facilement.

Alors qu'est-ce que tu as ? lui demanda Jungkook en se levant pour aller à la rencontre de son amant. Eh beauté, chuchota ce dernier en l'obligeant à pivoter vers lui.

Avec douceur, et compassion, il caressa sa pommette, chassant ainsi l'unique larme qui avait coulé, et déposa un baiser sur son front.

Je suis sûr qu'on va partir d'ici avec une piste, reprit le brun d'une voix basse. Écoutons ce qu'il a trouvé d'autre.

Jimin acquiesça et le suivit afin de reprendre sa place sur ses genoux.

Vas-y, on t'écoute, lança le tatoué à l'attention de leur hôte, tout en caressant le dos de son cadet.

Celui-ci hocha la tête, puis afficha un portrait robot ainsi que les images de vidéo de surveillance, et le blond reconnut sans mal l'homme qui l'avait poignardé.

Comme la piste du nom ne donnait rien, j'ai fait une recherche à partir du portrait robot. J'ai piraté les serveurs des compagnies de surveillance et après de longues heures, j'ai eu une correspondance à quatre-vingt-dix pourcents. Est-ce que c'est lui ? demanda le hacker à l'attention du plus jeune.

Oui, confirma le plus jeune d'une voix tremblante.

Tous les souvenirs du jour où il avait failli perdre la vie le frappèrent de plein fouet, contractant chacun de ses muscles. Jimin haïssait cet homme. Il le méprisait plus que toute autre chose au monde. C'était lui qui avait appuyé sur la détente cette nuit de janvier et qui avait tué Yoongi. Cependant, malgré toute cette rancœur, le blond savait pertinemment que cet individu n'était qu'un pion, le maître du jeu était encore tapi dans l'ombre, en sécurité derrière son anonymat.

Tu as son identité ? questionna Jungkook.

Eh bien, d'après la reconnaissance faciale, je vous présente monsieur Bradley Murphy, né à Manchester, le 26 juillet 1972. Ses parents étaient tous les deux ouvriers. Son père travaillait dans le bâtiment et sa mère était femme de ménage dans une école. Ils sont morts dans un accident de voiture quand Bradley avait douze ans. Il vit dans un orphelinat jusqu'à sa majorité puis s'engage dans l'armée britannique. Il sert son pays pendant dix ans, ensuite, il est recruté au MI6 avant d'être renvoyé le 25 février 2013. Depuis, il est recherché par Interpol pour haute trahison et suspicion de crime de guerre.

— Trois jours après le décès du petit garçon Jonathan, souffla Jimin.

— C'est exact. Ce qui me porte à croire que notre cher Murphy a vite pris ses jambes à son cou quand c'est devenu chaud pour lui et a quitté le pays avant que le MI6 ne le vire et qu'Interpol ne lui mettent la main dessus.

— Qu'est-ce qu'il a fait pour être recherché ? questionna le commandant

D'après leur base de données, Murphy aurait vendu des informations secret défense à des ennemis. En ce qui concerne les crimes de guerre, je n'ai pas eu accès aux fichiers d'Interpol. Ces enfoirés ont de très bons pare-feu, il me faudra plus de temps si tu veux des réponses.

Laisse tomber, souffla le tatoué. Ce n'est pas ça qui nous importe.

Donc si j'ai bien compris, commença le plus jeune en se levant. Jonathan Osborn n'existe pas, c'est en fait Bradley Murphy. Ce mec était une sorte d'agent secret avant de trahir son agence et de quitter le pays ?

C'est ça, confirma Namjoon.

Alors quoi, il a pris un avion pour la Corée du Sud il y a dix ans et n'a jamais laissé aucune trace ? Comment c'est possible ?

Et s'il l'avait fait, mais que quelqu'un les avait effacées ? supposa Jungkook.

Le couple posa leur regard intense sur le hacker qui se sentit subitement oppressé. Pour ceux qui n'y connaissaient rien en informatique, cela pouvait sembler simple d'entrer et sortir d'une base de données confidentielle. Cependant, pour Namjoon, cela lui avait valu vingt-quatre heures complètes pour trouver toutes ces informations. Il aimait son métier – enfin si on pouvait appeler ça ainsi –, mais à chaque pare-feu qu'il brisait, ses chances de finir ses jours derrière les barreaux augmentaient, sans oublier qu'il risquait également sa vie. Que se passerait-il si les hommes qui avaient tué Yoongi découvraient son existence ?

C'est possible ça ? lui demanda Jimin.

Techniquement oui. S'ils ont un bon hacker, il peut le faire. Ce mec peut également avoir une autre identité ici, en Corée. Il peut aussi avoir tous ses biens sous le nom d'un autre, comme une épouse, ou même son patron, répondit Namjoon sans perdre son assurance.

Tu n'as aucun moyen de savoir s'il a une autre identité ? Une adresse ? Quelque chose de tangible ?

Toute la bonne humeur qui avait accompagné le médium depuis son réveil s'était évaporée pour laisser place à une nervosité palpable. Ses muscles étaient si tendus que c'en était douloureux. Il triturait nerveusement les cuticules de ses doigts jusqu'à se faire mal, mais rien de tout ça ne lui importait, car tout ça n'avait servi à rien. Il avait un nom, le vrai cette fois, mais cet homme s'était évaporé.

J'ai déjà tout fouillé, Jimin, deux fois. Même avec la reconnaissance faciale, ça n'a rien donné. Je... je peux recommencer, mais ça va me prendre du temps.

Prends tout le temps qu'il te faudra, et si c'est une question d'argent, ton prix sera le mien, assura le blond.

Ce n'est pas une question d'argent. Je le ferai, mais tu devras être patient parce que ce que tu me demandes de faire, c'est bien plus risqué que de pirater la base de données d'une banque. Il va falloir que je sois prudent pour ne laisser aucune trace, parce que là, on parle d'agences gouvernementales. Si je me fais prendre, je finirai sûrement à Guantánamo et d'après ce que j'ai entendu dire, la bouffe n'y est pas très bonne, expliqua le hacker avec une pointe d'humour.

Il sera patient, intervint Jungkook en se levant. Fais ce que tu as à faire, mais ne te fais pas choper.

Je suis le meilleur hacker du pays Jungkook, évidemment que je ne vais pas me faire prendre. Il faut juste être prudent.

Le commandant hocha la tête et posa son regard sur son petit ami, mordillant nerveusement l'ongle de son pouce. Son visage était dénué de toute trace de joie, ou de bonne humeur. Il n'y voyait qu'inquiétude et anxiété, et il détestait cela.

En voyant le silence que son explication avait instauré, le brun se racla la gorge et se tourna vers son ordinateur. Il pianota rapidement sur quelques touches, puis débrancha une clé USB.

Tenez, j'ai mis toutes les informations sur Murphy là-dedans, indiqua ce dernier en tendant le petit objet à Jimin. Il y a plein de documents administratifs, les rapports d'enquêtes du MI6 et Interpol, et de photos. Peut-être que ça vous aidera.

Merci Nam, répondit le médium d'une voix basse.

Je vais faire mon possible pour le retrouver, Jimin, assura Namjoon, un sourire rassurant sur les lèvres. Dès que j'ai du nouveau, je t'appelle.

D'accord, merci encore et... je suis désolé si j'ai été un peu brute.

Ne t'en fais pas. Je comprends. Je te l'ai dit, si ça avait été Jae-sun à la place de Yoongi, moi aussi, j'aurais tout fait pour les retrouver.

Le médium hocha la tête et afficha un sourire sans joie. Il avait confiance en Namjoon, il était donc persuadé que celui-ci ferait son possible, mais l'attente lui était insupportable.

Bon, on va y aller et te laisser travailler, intervint Jungkook. Si tu as besoin de quelque chose, tu nous appelles.

Je note, répondit le hacker. Merci pour le petit déjeuner.

Il n'y a pas de quoi.

Les deux hommes saluèrent une dernière fois Namjoon, puis le couple quitta le garage. En silence, ils montèrent dans le véhicule et le commandant prit la parole.

On va aller chercher l'autre clé, comme ça on aura le dossier complet.

Ok, répondit simplement le plus jeune.

Ce fut alors dans un mutisme total que le tatoué prit la direction de leur appartement.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Cela faisait plus de quatre heures que Jimin était assis à même le sol de son ancienne chambre. Adossé contre le lit, les genoux contre sa poitrine, il fixait cette clé USB que Namjoon lui avait donnée. Il la tournait dans tous les sens comme s'il attendait une réponse quelconque qui ne vint jamais. Son esprit avait besoin de silence et de solitude, c'est pourquoi, à peine rentré, il s'était excusé auprès de son amant et s'était isolé.

De son côté, Jungkook, lui, avait laissé l'espace qu'il désirait. Il connaissait le besoin de son petit ami de s'isoler lorsque les choses lui échappaient et il savait qu'insister ne servirait à rien. Le brun avait donc profité de ce moment de calme pour rattraper sa nuit et s'était endormi sur le canapé avant d'être réveillé par la langue rugueuse de Zeus.

Ok, ok, je me lève, marmonna-t-il en frottant ses yeux. Quelle heure il est ?

Pour unique réponse, le berger allemand couina avant d'attraper la manche de son maître et de tirer dessus. Comprenant sa demande, le tatoué se leva tout en s'étirant, et ouvrit la baie-vitré.

Ne t'éloigne pas champion, ok ?

Zeus aboya et sortit à toute vitesse avant de sauter par-dessus le portail et de partir en courant vers la plage. Jungkook avait une confiance aveugle en son animal, c'étaient les humains qui lui faisaient peur, mais aussi la santé de son compagnon à quatre pattes qui se détériorait avec le temps.

Après avoir refermé la baie-vitrée, le brun partit en direction de la cuisine pour se servir un verre d'eau. En voyant l'heure sur la grande horloge, il s'étonna d'avoir dormi toute la matinée et se demanda si son amant avait pris le temps de déjeuner.

D'un pas lent, il se dirigea vers le couloir et toqua doucement contre la porte entrouverte de la chambre. Sans attendre une réponse, il poussa le battant et trouva Jimin sur le lit, dos à lui, allongé sur le flanc gauche.

Jungkook expira faiblement et parcourut la distance qui les séparait. Avec précaution, il s'allongea derrière son compagnon, entourant sa taille fine de son bras, puis il déposa un baiser contre la peau fine de son cou.

Eh beauté, murmura-t-il.

Hm, répondit le blond.

Comment tu te sens ?

Jimin pivota dans les bras de son compagnon pour lui faire face. Il voyagea entre ses prunelles durant de longues secondes, cherchant quelle réponse il allait bien pouvoir lui donner, puis il prit une grande inspiration.

Je suis déçu et frustré. Je... j'ai l'impression qu'on n'y arrivera jamais.

Ne dis pas ça. Je sais que ce n'est pas comme tu le voulais, mais on avance. On est bien plus proche de la vérité qu'on ne l'était il y a six mois.

Le médium ne répondit rien, à la place, il se lova contre son amant, enfouissant son visage dans son cou. De son bras libre, il enlaça sa taille en soupirant.

Ça va aller bébé, assura Jungkook en déposant un baiser sur le haut de sa tête. Namjoon est casse-couille, mais c'est le meilleur. Si quelqu'un peut le trouver c'est bien lui. En attendant, on doit reprendre notre vie.

Le blond hocha la tête en expirant de nouveau contre la peau de son cou.

Tu as déjeuné ? demanda le policier.

Non, je n'ai pas faim.

Ça te dirait qu'on aille manger un bon barbecue en amoureux ? proposa-t-il. C'est moi qui t'invite.

Non, je n'ai pas envie de sortir, murmura Jimin en se lovant davantage contre lui.

Ok, acquiesça Jungkook. Dans ce cas, que dirais-tu qu'on se fasse livrer tes snacks préférés et qu'on passe l'après-midi sous la couette à regarder une série ?

D'accord.

Satisfait de cette réponse, le brun afficha un sourire et saisit le menton de son amant pour l'obliger à relever la tête. Lorsque leurs orbes se trouvèrent enfin, ils se sondèrent quelques secondes avant que le plus vieux n'embrasse chastement ses lèvres pulpeuses.

Je vais passer la commande. Est-ce que tu veux quelque chose en particulier ?

Non, je prendrai la même chose que toi.

D'accord. Quand tu seras prêt, viens me rejoindre au salon.

Jimin hocha la tête et se vit offrir un autre baiser. Jungkook quitta ensuite la chambre pour aller chercher son téléphone et ainsi commander leur déjeuner. Dans la chambre, le médium soupira pour la énième fois et se mit sur pied. La clé USB dans sa main, il la scruta quelques instants avant de prendre une grande inspiration et de la poser sur la console. Il devait examiner chacun de ces documents, mais il le fera plus tard. À cet instant, il voulait penser à autre chose et il n'y avait qu'une personne qui pouvait calmer toute l'anxiété qu'il ressentait.

Ce fut donc décidé à profiter de ce moment de calme avec son amant, que le médium quitta la chambre pour rejoindre le salon. Il trouva Jungkook dans l'espace cuisine, son téléphone plaqué contre son oreille. Pendant que celui-ci commandait leur repas, Jimin décida de leur préparer un petit coin cosy. Il commença par ouvrir le canapé, sortit les plaids et les coussins et créa un petit cocon où ils pourraient tranquillement regarder la série qu'ils choisiront.

Quand il fut satisfait du résultat, le médium afficha un léger sourire à l'idée de passer l'après-midi dans les bras de son bien-aimé, puis se rendit jusqu'à la cuisine avant d'être interpellé par Jungkook.

Microbe ? appela-t-il, sa main posée contre le micro de son téléphone.

Oui ?

Tu veux des corn-dog ?

Oui, deux s'il te plaît, et des tteokbokki.

Et du poulet frit ?

Oui, mais pas trop piquant, demanda le plus jeune en sortant un plateau d'une des armoires. Oh, et des mandu.

Pour quelqu'un qui n'avait pas faim, ricana le commandant.

Une moue boudeuse sur les lèvres, Jimin offrit un regard de chien battu à son petit ami qui ne put retenir un rire attendri. Ayant eu la réponse à sa question, le brun reporta son attention sur son interlocuteur qui attendait le reste de sa commande.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Jimin commençait son mercredi matin par une grande tasse de café et une migraine qui frappait brutalement ses tempes. Debout depuis cinq heures, le médium profita du calme pour étudier tous les documents que Namjoon leur avait fournis la vieille. Il prit note de toutes les informations qu'il jugea importantes, puis se mit à lire chaque rapport.

Ce fut vers sept heures trente qu'une visite imprévue vint intensifier son mal de tête. Avant même qu'il ne fasse son apparition, le jeune consultant sentit l'énergie de son meilleur ami, le prenant ainsi de court lorsque ce dernier établissait un plan pour le surprendre.

Montre-toi Casper. Je sais que tu es là, lança-t-il d'un ton las.

Roh, t'étais beaucoup plus drôle avant, soupira Yoongi en se montrant enfin. Je ne peux même plus te surprendre

Ce dernier était assis en tailleur sur la table, juste derrière l'écran d'ordinateur de Jimin. Le blond pouffa face à la mine boudeuse du fantôme, puis porta de nouveau son attention sur le rapport d'enquête d'Interpol.

Qu'est-ce que tu fais ? questionna le mentholé en penchant sa tête par-dessus l'écran.

Eh, bouge ta grosse tête, je ne vois rien, pesta le médium en agitant sa main comme s'il balayait l'air. D'ailleurs, descends de là. Une table, c'est fait pour manger, pas pour que tu y poses ton derrière.

Hm, c'est ce que tu dis à ton mec quand vous vous envoyez en l'air sur toutes les surfaces de cet appart ?

Face à cette répartie, Jimin écarquilla les yeux et sentit son cœur louper un battement, déclenchant un rire franc de la part de son meilleur ami.

Tu nous... enfin tu...

Beurk ! C'est pas que voir ton mec à poil me dérangerait, mais je te l'ai déjà dit, j'ai pas envie de faire des cauchemars pour le restant de ma vie de fantôme.

Le médium sentit son visage prendre feu, mais ne répondit rien. Cette conversation était bien trop embarrassante pour être poursuivie.

Alors, qu'est-ce que tu fais debout si tôt ?

Je suis allé voir Namjoon, hier.

Le hacker ?

Oui.

Pourquoi faire ?

Quand on était à Jeju, Hoseok, un ami de Jungkook, a mis la main sur Yeosang, l'un de mes ravisseurs et il a donné un nom.

Qui ?

Jonathan Osborn ça te dit quelque chose ?

Yoongi fronça les sourcils, confus, et bougea la tête de gauche à droite.

Je m'en doutais, soupira-t-il. Et Bradley Murphy ?

Non plus. Qui sont ces types ?

C'est... C'est une seule personne. Bradley Murphy c'est...

Jimin s'interrompit, incapable de continuer sa phrase. Ce qu'il s'apprêtait à lui révélait était dur à prononcer, car, même après toutes ces années, le blond avait encore du mal à accepter la réalité. Yoongi était mort, il avait été sauvagement abattu par un homme dont il connaissait maintenant le nom, mais qu'il ne parvenait pas à retrouver. À cause de son incapacité, il se sentait si impuissant que c'en était douloureux.

Eh Jimin, qui est ce Murphy ? insista le fantôme en descendant de son perchoir.

C'est lui qui t'a tué, Yoon, déclara finalement le jeune consultant. C'est Bradley Murphy qui a appuyé sur la détente.

Le mentholé se figea, ses yeux vitreux posés sur le visage de son ami d'enfance. C'était la première fois qu'il entendait ce nom, pourtant, un sentiment désagréable le traversa. Curieux, il contourna enfin la table et vint se poster derrière Jimin. Depuis qu'il s'était réveillé en tant que fantôme, Yoongi n'avait aucun souvenir du moment de sa mort. Il se rappelait ce qu'il avait fait lorsqu'il s'était levé ce jour-là, il se souvenait avoir vu une cliente dans un hôtel, mais après cela, c'était le trou noir et il savait pourquoi. Son esprit avait refoulé tout ce qu'il avait vécu, le préservant ainsi d'un traumatisme. Toutefois, il voulait ce souvenir, il en avait besoin, surtout s'il voulait arrêter son assassin.

Ce fut alors sans aucune hésitation qu'il se pencha et porta son attention sur le fichier que son ami lisait. Il y vit un document basique, une sorte de rapport dont il ne comprenait pas la moitié des termes utilisés, puis son regard se posa sur la photo qui se trouvait dans le coin de l'écran. Il fixa le visage de cet homme de longues secondes, observant son air dur, son crâne rasé et ses yeux noisette qui ne dégageaient que froideur et méchanceté. C'était un tueur, cela se lisait dans son regard et lorsque Jimin cliqua sur un autre cliché, une sensation d'effroi le frappa.

Si le cœur de Yoongi battait encore, ce dernier était persuadé qu'il serait sur le point d'exploser dans sa cage thoracique. Il était mort et pourtant, il avait la sensation que son corps était traversé par des sueurs froides tandis que ses membres se mirent à trembler. Il se souvenait. Tout lui était revenu tel un boulet de canon propulsé à toute vitesse contre le mur érigé autour de sa mémoire. Celui-ci venait de tout ravager sur son passage, libérant des souvenirs plus douloureux les uns que les autres. Toutefois, ce qui le terrifia le plus, fut le visage de ces hommes qui lui revinrent en mémoire, comme s'il avait remonté le temps et revivait les derniers instants avant sa mort.

Il était là. Yoongi l'avait oublié, mais désormais, il se souvenait. Cet homme qu'il connaissait depuis des années était présent le soir de son assassinat. Il l'avait reconnu, le mentholé en était persuadé et pourtant, il n'avait rien fait pour le sauver.

T-tu... t-tu dois arrêter ! ordonna le fantôme, les mains tremblantes et les yeux grands ouverts.

Quoi ? Qu'est-ce que tu racontes ?

Tu dois arrêter ton enquête tout de suite ! reformula-t-il, la gorge nouée.

Jimin qui observait son meilleur ami était totalement perdu. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait, cependant il était hors de question qu'il cesse son enquête maintenant, pas quand il était si près du but. À quelques pas, Yoongi mettait toujours plus de distance entre lui et le jeune consultant alors que son regard ne quittait pas ce visage qui le terrorisait.

Confus et incrédule, le médium se leva et s'approcha de son ami dans l'espoir d'avoir des réponses, mais celui-ci tendit sa main devant lui, implorant silencieusement de ne pas continuer.

Yoon, qu'est-ce qu'il y a ?

Tu... Jimin, je t'en supplie, arrête cette enquête.

Pourquoi ? Qu'est-ce qui se passe ? Tu te souviens de quelque chose ?

N-non ! répliqua immédiatement le mentholé.

Toutefois, sa voix était bien trop branlante et son regard fuyant pour que le médium n'y croie.

Tu mens, imposa Jimin.

Peu importe, arrête ! C'est un ordre.

Hors de question ! refusa le blond, les poings serrés. Je suis près du but, je le sens. Dis-moi de quoi tu te souviens.

T-tu... tu ne comprends pas. Tout ça nous dépasse Min. Arrête cette enquête parce que tu ne vas pas aimer ce que tu vas découvrir.

Tu te souviens, c'est ça ? Tu sais qui est derrière tout ça.

Oui, souffla le mentholé le regard fuyant.

Alors dis-le-moi et on ira l'arrêter ! implora Jimin en faisant un pas vers lui. On peut enfin mettre un terme à tout ça. Tu dois juste me donner un nom et tu pourras enfin trouver là paix.

Non ! cria le fantôme, faisant vibrer tous les objets autour de lui. Tu ne peux pas faire ça ! C'est... c'est trop dangereux. Il est hors de question que tu te mettes en danger simplement pour que je puisse m'en aller. Je te l'ai dit Jimin, si ça doit te coûter la vie ou te faire souffrir alors, je préfère errer pour l'éternité.

Yoongi connaissait son meilleur ami, il savait qu'il n'obéirait pas alors, il décida d'agir. Il était conscient que son comportement était incorrect, mais si cela pouvait protéger le cœur de ce garçon qu'il aimait comme un frère, il le ferait, car c'était tout ce qui lui importait. Si Jimin venait à découvrir la vérité sur sa mort, il serait dévasté et il refusait d'être la cause d'une telle tristesse. Par amour pour lui, Yoongi était prêt à sacrifier son âme et à vivre dans le néant pour l'éternité.

Près de la table de la salle à manger, le médium regardait autour de lui, les yeux grands ouverts. Tous les objets de décoration s'étaient mis à trembler et il n'y avait qu'une personne capable de faire une telle chose. Elle était face à lui en ce moment et pour la première fois depuis qu'il se connaissait, le jeune consultant pouvait lire un véritable effroi et une grande tristesse sur ses traits. Min Yoongi avait peur, mais de quoi ? De qui ?

Yoon, s'il te plaît, explique-moi.

Je suis désolée Min. Je ne peux pas. Je sais que je suis celui qui t'a entraîné dans cette vendetta stupide, mais je refuse que tu sois blessé. Oublie toute cette histoire. Je veux que tu sois heureux, tu le mérites. Vis ta vie à fond, fais-le pour moi, pour nous.

Pourquoi ces paroles sonnaient comme un adieu ? Pourquoi avait-il la sensation que cet échange serait le dernier qu'il aurait avec lui ?

Yoongi qu'est-ce que tu fais ? demanda-t-il d'une voix tremblante et les yeux voilés de larmes.

Je m'en vais, Jimin. Si je ne suis plus là, tu n'auras plus besoin de chercher mon assassin et tu seras en sécurité. Je t'aime petite tête. Je t'ai toujours aimé et je t'aimerai pour l'éternité. Ne l'oublie jamais. Où que tu ailles, je serai toujours avec toi, mais à présent, il est temps que tu m'oublies et que tu avances.

En voyant le halo de lumière au centre de la poitrine de son meilleur ami, le blond se rappela cet incident dans les douches du poste de police, juste avant qu'il ne soit projeté dans les souvenirs de Mei. Il s'était produit exactement la même chose juste avant que le fantôme de la jeune femme ne soit détruit par son assassin, Chung Yun-jae. Yoongi allait s'auto-détruire, et en réalisant cela, Jimin sentit chaque goutte de son sang quitter son corps et son cœur tomber à ses chevilles.

Non non non non ! Yoon-

Mais ce fut trop tard, Yoongi lui offrit un sourire débordant de tristesse, mais aussi d'affection, puis le halo devint plus intense jusqu'à totalement illuminer la pièce. Cet éblouissement aveuglant fut accompagné d'un sifflement si aigu et si fort que le médium eut la sensation que ses tympans allaient exploser. Ses paumes plaquées contre ses oreilles, il se laissa tomber à genoux, tout en criant tant son crâne lui faisait mal. Autour de lui, tous les petits objets tombaient de leurs perchoirs et s'écrasaient contre le carrelage, puis un fracas bien plus fort se fit entendre.

Sur la terrasse en bois, des aboiements déchiraient l'air. De l'autre côté de la baie-vitrée, Zeus qui avait assisté à toute la scène, grattait désespérément contre la vitre pour qu'on le laisse entrer. La détresse du garçon à la chevelure dorée était insupportable pour l'animal qui couinait autant qu'il pouvait.

Jungkook ! hurla-t-il dans l'espoir d'être entendu.

Alarmé par les cris et la voix de son amant, le concerné sortit de son lit en quatrième vitesse, manquant de perdre l'équilibre tant il s'était levé rapidement. D'un pas incertain, il quitta la chambre et se précipita dans la pièce de vie, mais se figea lorsque son regard se posa sur le désordre. Les éclats de verre recouvraient la table basse du salon. Toutes les babioles décoratives, les cadres photos, les disques vinyle et même la télévision jonchaient le sol, mais ce qui paralysa totalement le commandant fut le corps inerte de son amant.

Jimin ! paniqua ce dernier en se précipitant sur lui.

En passant devant la porte coulissante qui menait à l'extérieur, Jungkook ouvrit à son chien qui se rua sur son jeune maître. Sans cesser de couiner, le canidé au pelage noir léchait son visage tandis que le policier le souleva délicatement du sol pour l'amener sur le sofa.

Jimin ? appela-t-il en l'examinant rapidement.

Il n'avait aucune blessure apparente, alors qu'est-ce qui avait bien pu lui arriver ? En constatant les dégâts autour d'eux, le commandant eut une petite idée sur l'identité du responsable de toute cette pagaille, mais il n'avait aucun moyen de vérifier.

Eh beauté, réveille-toi, le supplia Jungkook en prenant son pouls.

Un soupir de soulagement le quitta lorsqu'il sentit sa carotide battre à un rythme régulier contre ses doigts.

Ok, il est juste évanoui, annonça le brun à l'attention de Zeus qui continuait de pleurer près de lui. Il va se réveiller, champion, je te le promets.

Ne voulant pas qu'il prenne froid, le commandant prit l'un des plaids et recouvrit son corps avant de remettre rapidement la pièce en ordre. Il était inquiet, c'était une certitude, cependant, ce n'était pas la première fois que son amant perdait connaissance. Il savait qu'il ne pouvait rien faire à part attendre alors, il fit de son mieux pour calmer l'angoisse et la peur qui le dévorait.

Prenant de grande inspiration, le brun ordonna à son animal de monter sur le canapé, près de son amant et s'empressa de ramasser les éclats de verre, le protégeant ainsi d'éventuelles coupures. Il s'attela au rangement et lorsque son regard se posa sous la table de la salle à manger, ses sourcils se froncèrent. Tout en enjambant prudemment les objets qu'il n'avait pas encore ramassés, il s'approcha de ce qui avait attiré son attention. Quand il comprit de quoi il s'agissait, un long soupir le quitta.

Aplati telle une bouteille de plastique qui était passée sous les roues d'une voiture, l'ordinateur portable de Jimin gisait sur le sol. Tout en le prenant dans sa main, l'attention du policier fut attirée par un petit objet noir qui avait été aussi malmené que l'ordinateur. En le saisissant, il reconnut la clé USB que Namjoon leur avait donnée, la veille. Maintenant, il n'avait plus de doute, Min Yoongi était derrière tout ça.

Putain, mais pourquoi t'as fait ça, pesta Jungkook.

Au même moment, ce qui fut autrefois l'écran de l'ordinateur portable se décrocha, s'écrasant sur le sol. Ce bruit sec eut pour effet de réveiller Jimin qui sursauta et se redressa d'un bon. Le cœur tambourinant dans sa poitrine, il regarda les alentours, la respiration haletante.

J-Jungkook ? appela ce dernier.

En entendant son prénom, le concerné posa ce qu'il tenait dans ses mains sur la table et se précipita à son chevet.

Eh, je suis là, fit-il, en dégageant quelques mèches blondes de son visage.

Jimin observa le visage de son amant un instant avant de reprendre ses recherches, ignorant totalement la voix de son aîné qui lui demandait comment il se sentait. Tout ce qui occupait son esprit était de trouver cette tête verte qui le suivait partout depuis presque huit ans. Il devait être là, c'était obligé. Il ne le laisserait pas comme ça, sans aucune explication. Non, le petit garçon qui vivait encore en Jimin refusait de croire que son meilleur ami l'avait abandonné.

Yoongi. Où... où est Yoongi ? bafouilla-t-il, la gorge nouée.

Je ne sais pas bébé. Je ne sais même pas ce qui s'est passé, répondit Jungkook en prenant le visage de son petit ami en coupe.

Faisant de nouveau fi de la présence de son amant, Jimin ferma les yeux en expirant lentement et tenta de se concentrer. Il plongea au plus profond de son être, à la recherche de la moindre vibration, du moindre frisson, ou un quelconque signal qui pourrait lui assurer que son meilleur ami était encore parmi eux, mais en vain. Il n'y avait que le froid, le silence et le néant.

Je... je ne le sens plus, remarqua-t-il en proie à la panique tandis que ses yeux s'inondaient de larmes. Jungkook, je ne le sens plus. Il est parti. Yoongi... Yoongi est parti.

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