Chapitre 81
Les sirènes des pompiers hurlaient au loin, s'approchant petit à petit de la zone industrielle où une violente explosion venait d'avoir lieu.
Allongé face contre terre, sur le bitume humide, Jungkook reprenait doucement conscience. Incapable d'ouvrir totalement les yeux, il battit plusieurs fois des paupières sans parvenir à trouver une vision nette. En plus de sa vue entièrement brouillée, le brun n'entendait plus rien. Le bruit de l'explosion avait très certainement endommagé ses tympans, provoquant un sifflement constant dans ses oreilles.
— Putain, grogna-t-il en tentant de se relever.
S'aidant de ses bras, le commandant parvint difficilement à se mettre sur pied. Complètement désorienté par les acouphènes qui ne le quittaient pas, il posa l'une de ses mains sur la surface froide du conteneur contre lequel il s'était écrasé plus tôt. En plus de son dos qui le faisait affreusement souffrir, rendant sa respiration difficile, il sentit un liquide chaud dégouliner de sa tempe jusqu'à sa mâchoire.
— Eh merde, murmura le brun en venant effleurer la blessure du bout de ses doigts humide.
— Jungkook !?
La voix qu'il venait d'entendre était lointaine, presque étouffée. Cherchant d'où elle pouvait provenir, son regard se posa enfin sur l'oreillette qui pendait au col de son pull.
— Jungkook, réponds-moi ! s'égosillait Taehyung dont la voix était à peine audible.
Gémissant de douleur, le policier amena le petit appareil jusqu'à son oreille et remarqua avec horreur le sang qui s'en échappait.
— Je... je t'entends Tae, articula difficilement le tatoué.
— Seigneur merci, comment tu te sens ? Tu es blessé ? Une ambulance ne devrait plus tarder.
— Je vais bien, mentit Jungkook.
Il n'allait pas bien. Tout était douloureux. Non seulement sa tête lui faisait horriblement mal, mais aussi l'entièreté de son corps qui n'avait pas été épargné.
— Jungkook, je l'ai trouvé ! s'écria une voix en arrière-plan que le brun reconnut sans mal.
— O-où ça ?
Sa main gauche servant toujours d'appui, Jungkook se mit à chercher son téléphone qui devait sûrement se trouver dans les environs. Lorsqu'il le trouva, il remarqua que l'écran était brisé, ce qui le fit grogner de rage. Glissant l'appareil dans la poche de sa veste, il tituba jusqu'à sa moto qui, fort heureusement, n'avait pas été impactée par le souffle de la bombe.
— Jungkook, attends l'ambulance ! ordonna Taehyung.
— Donne-moi l'adresse, répliqua le commandant sans tenir compte de l'ordre de son frère.
— Tu peux à peine te tenir debout !
— Ils vont le tuer Taehyung, alors donne-moi cette putain d'adresse !
Le brun entendit son frère soupirer et il sut qu'il avait gagné.
— Namjoon va te l'envoyer sur ton téléphone. Lian et moi prenons immédiatement la route alors, sois prudent et attends-nous.
— Ok, souffla Jungkook avant de retirer son oreillette, libérant ainsi son oreille qui était de plus en plus douloureuse.
D'un pas lent et non sans gémir à plusieurs reprises, le commandant arriva enfin près de sa moto et l'enfourcha sans attendre. Les mains branlantes, il saisit son casque et l'enfila difficilement, prenant de grandes inspirations pour tenter de dompter la décharge de douleur qui ne le quittait pas. Après avoir mis le contact, il sortit son portable, le posa sur le socle accroché à son guidon et ouvrit le lien GPS que le hacker avait envoyé.
L'endroit où Jimin était retenu en otage n'était qu'à quelques minutes de sa position. Sans perdre plus de temps, le brun enclencha la première vitesse et démarra à toute hâte en direction de l'adresse qu'il avait reçue.
Malgré son état, le motard roulait à vive allure à travers les rues qui menaient au port. Selon la localisation de Namjoon, Jimin se trouvait à quelques mètres du poste de surveillance portuaire. Si de jour, les quais de Busan étaient de vrais labyrinthes, de nuit, ils l'étaient encore plus, ce qui ne faisait qu'accroître l'angoisse de Jungkook. Il savait que ses chances de retrouver son amant en vie étaient minimes, surtout dans une zone aussi grande.
✺✺✺
Quelques minutes plus tôt
Port de Busan
Poste de surveillance portuaire
Un hurlement étouffé résonna dans l'habitacle de métal. Assis sur le sol, ligoté et bâillonné, Jimin venait d'entendre l'explosion qui avait coûté la vie à l'homme qu'il aimait. Les larmes ruisselant sur ses joues, le médium se débattait comme un lion en criant à travers le ruban adhésif. Même si les divers coups qu'il avait reçus l'avaient affaibli, ce qu'il venait d'entendre avait réveillé en lui une force aussi grande que la douleur qu'il ressentait. Jungkook était mort. Encore une fois, une personne qu'il aimait venait de mourir et il n'avait rien pu faire pour la sauver.
— Eh bien voilà, un problème de moins, ricana Jo depuis l'extérieur du conteneur tout en rangeant le téléphone dans la poche de son costard.
Un sourire satisfait sur les lèvres, le chauve pivota et entra dans l'habitacle en laissant la porte ouverte derrière lui. Il fit face à la victime qui le toisait d'un air assassin, ce qui le fit hausser les sourcils d'étonnement, mais aussi d'amusement. Laissant échapper un rire mauvais, il s'approcha et s'accroupit à hauteur de Jimin, son visage à seulement quelques millimètres du sien.
— Ce n'est pas la peine de pleurer, tu iras bientôt le rejoindre, lui susurra son ravisseur en venant effleurer sa pommette bleutée du bout de ses doigts. Tu sais, rien de tout ça ne serait arrivé si tu t'étais mêlé de tes affaires. Yoongi aussi a eu la mauvaise idée d'écouter aux portes, s'il s'était contenté de faire ce pour quoi il était payé, je n'aurais pas été obligé de le tuer.
En entendant cela, les yeux de Jimin s'écarquillèrent. C'était lui, l'homme qui avait tué son meilleur ami était juste là, à quelques millimètres de lui. Il savait que l'ordre venait de quelqu'un d'autre, mais cet individu était celui qui avait appuyé sur la détente.
— Il était plus tôt mignon ton ami. Mon patron l'a baisé quelques fois et je dois avouer que j'étais jaloux. Moi aussi, j'aurais voulu y goûter, mais au lieu de ça, j'ai été obligé de lui coller une balle derrière la tête. Quel gâchis, soupira Jo, d'une voix toujours aussi basse.
À mesure qu'il parlait, le cœur du médium se serrait dans sa poitrine et de violentes nausées le traversaient lorsqu'il sentait ses doigts contre sa peau glacée. Lorsqu'il sentit la paume de sa main contre son entrejambe, Jimin bougea ses jambes, donnant des coups de pieds dans le vide pour se libérer de son toucher, mais sans succès.
— Peut-être qu'à la place, je pourrais m'amuser avec toi ? Qu'en dis-tu ? Il n'y a pas de raison que ce commandant de police ait été le seul à en profiter.
Emporté par sa colère et surtout par la peur de ce qui allait lui arriver, Jimin laissa son instinct de survie prendre le dessus sans réfléchir aux conséquences de ses actes. Avec toute la force qu'il put réunir, il asséna un violent coup de tête à son kidnappeur qui tomba sur les fesses, totalement sonné. Remerciant le ciel que ses ravisseurs aient été trop idiots pour ligoter à nouveau ses jambes, le médium parvint difficilement à se mettre debout et partit en courant. Son objectif était de s'éloigner le plus possible de ce local dans lequel il avait été retenu prisonnier durant plusieurs heures pour enfin espérer trouver de l'aide.
Malgré l'obscurité oppressante qui l'entourait, Jimin sut sans mal où il se trouvait. L'odeur d'écume et d'algues le frappa si violemment qu'il en eut des hauts le cœur. Il était sur les quais, ce qui voulait dire qu'à moins de se cacher et d'attendre le lever du soleil, il avait très peu de chance de trouver la sortie de ce labyrinthe.
— Putain d'enfoiré ! hurla son ravisseur qui venait de se relever. Je vais te crever !
Haletant contre son ruban adhésif, le jeune consultant arracha enfin ce dernier qui entravait sa respiration et prit une profonde inspiration avant de se mettre à courir. Il devait trouver un numéro, une pancarte, n'importe quelle information qui pourrait lui indiquer où il était, alors sans ralentir sa course, il se mit à regarder autour de lui.
— Je vais te retrouver petit con et tu vas passer un sale quart d'heure ! beugla Jo, loin derrière lui. J'avais prévu d'être gentil avec toi, mais maintenant, tu vas me supplier de te tuer !
Son cœur battant dans ses tempes, Jimin continua ses recherches jusqu'à sentir de violents vertiges. Il n'avait rien avalé depuis plus de vingt-quatre heures, allié à la peur qui paralysait ses membres, le médium fût obligé de ralentir sa course avant de s'engouffrer entre deux conteneurs pour s'y cacher. À pas de loup, il s'enfonça dans la pénombre jusqu'à un coin caché et se laissa tomber contre le bitume.
— Merde, murmura-t-il, la gorge nouée par les sanglots.
Les liens qui entravaient ses poignets avaient déchiré sa peau, la rendant sensible à chacun de ses mouvements. Dans une tentative désespérée pour se libérer, le médium y amena ses dents, mais ce fût sans grand succès. Pestant dans sa barbe, il chercha autour de lui la moindre chose qui pourrait l'aider et son regard tomba sur le cadavre d'une bouteille de verre.
Sachant pertinemment que le bruit attirerait l'attention de son kidnappeur, Jimin prit la bouteille et la mit entre ses cuisses pour tenter d'atténuer le fracas. Il savait que ce qu'il s'apprêtait à faire lui causerait probablement des blessures, néanmoins, il n'avait plus rien à perdre alors, d'un coup sec, mais rapide, il frappa la bouteille contre le sol.
Durant les secondes qui suivirent, Jimin n'osa plus respirer, et ce, même si la douleur qu'il avait ressentie lorsque le verre avait traversé sa peau avait été foudroyante. Attentif au moindre bruit qui l'entourait, il était à l'affût de chaque mouvement qui lui signalerait que son ravisseur se rapprochait.
Quand il fût certain de ne pas avoir été repéré, le médium prit l'un des morceaux et s'attela à la découpe de ses liens. Un soupir de bien-être le quitta lorsque ses poignets furent enfin libres. Une fois son souffle parfaitement récupéré, Jimin se releva en sifflant de douleur. Il passa une main tremblante contre l'intérieur de ses cuisses et sentit un liquide chaud qui glissa entre ses doigts.
— Fait chier, grommela-t-il.
Même si ses plaies étaient douloureuses, il devait prendre sur lui et continuer d'avancer. Sans savoir s'il allait dans la bonne direction, Jimin se remit en marche, mais s'immobilisa lorsqu'une idée le traversa. Son ravisseur s'attendait sûrement à ce qu'il continue de courir, il l'avait donc pris en chasse, ce qui voulait dire que le poste de surveillance était probablement désert. Son téléphone et toutes ses affaires s'y trouvaient, avec un peu de chance, il pourrait appeler de l'aide.
L'adrénaline procurée par la peur lui donna assez de courage pour mettre son plan à exécution. Sans réfléchir plus longtemps, le médium tourna les talons et rebroussa chemin, restant attentif à tout ce qui l'entourait.
À mesure qu'il avançait, il pouvait sentir le sang qui s'échappait de ses blessures, gagnant du terrain sur sa peau et imbibant son jean d'hémoglobine. Quelques minutes plus tard, Jimin arriva enfin devant le poste de surveillance qu'il avait précédemment fui. Veillant à ce que l'endroit soit désert, il passa par la porte qui était restée ouverte et pénétra dans l'habitacle en refermant le battant derrière lui.
Pressé par le temps, il se mit à la recherche de ses affaires qu'il trouva dans un coin. Accroupi face à son sac, il fouilla à l'intérieur et sentit son pouls s'accélérer de joie quand il trouva l'objet de ses désirs.
Son téléphone entre les mains, il le déverrouilla et le premier contact qu'il chercha fût celui de son petit ami avant qu'il ne se fige et que sa vue s'inonde de larmes. Jungkook était mort, l'explosion l'avait emporté. En pensant à cela, Jimin eut une envie folle de hurler sa peine, mais la réalité le frappa, le temps était compté, s'il voulait venger l'homme qu'il aimait, il devait sortir d'ici vivant.
Séchant ses larmes du revers de la main, il sélectionna le numéro de Taehyung et posa l'appareil contre son oreille. Au bout de la deuxième sonnerie, une voix grave résonna dans ses tympans.
— Qu'est-ce que tu veux, enfoiré ? lança le lieutenant.
— Tae, c'est moi, murmura-t-il.
— Oh mon Dieu, Jimin, c'est bien toi ?
— Oui. Écoute, je... je n'ai pas beaucoup de temps. Je suis dans le poste de surveillance portuaire. Il... il a tué Jungkook, sanglota le médium. S'il te plaît viens me cherc-
La conversation fût écourtée lorsque Jimin entendit la porte métallique qui se trouvait derrière lui, s'ouvrir. Les yeux écarquillés et le cœur battant la chamade, il pivota et fit face à son ravisseur qui le fixait avec rage. Le coup de tête qu'il avait reçu par son otage avait déchiré son arcade, laissant s'écouler des filets de sang qui avaient maculé la moitié de son visage.
— Tu pensais vraiment que tu pouvais m'échapper ?
Le corps prit de tremblements incontrôlables, le médium se mit debout, son portable toujours dans sa main.
— Jimin ! Tu m'entends ? Tiens bon, nous sommes en chemin !
La voix de Taehyung attira l'attention de Jo sur le téléphone que Jimin dissimula dans son dos.
— Tu penses vraiment qu'ils arriveront à temps ? Dans moins d'une minute, tu seras mort, comme ton ami, ricana le chauve, essuyant la traînée de sang sur sa joue.
Même s'il était terrifié, le médium décida de ne rien montrer. Il savait qu'il allait très certainement mourir ici, c'était presque inévitable. Son adversaire était deux fois plus grand et fort que lui, mais il refusait d'abandonner. Jungkook avait donné sa vie pour lui, il se devait d'honorer son sacrifice.
Une mine sérieuse sur le visage, le blond mit toutes ses émotions de côté et glissa son téléphone dans la poche arrière de son jean. Épuisé et nullement certain de sa victoire, il instaura une certaine distance entre lui et son agresseur et se mit en garde.
— Oh le lionceau veut se battre. Allons-y, ce sera amusant.
— Amène-toi enfoiré.
✺✺✺
À quelques pas de là, le moteur de la Ducati faisait vibrer les conteneurs en métal à mesure qu'elle se rapprochait de sa destination. Quand les illuminations du local portuaire apparurent dans son champ de vision, Jungkook tourna la poignée d'accélérateur à son maximum avant de freiner brusquement et de sauter de sa moto. La béquille abaissée, le brun sortit son arme et prit la direction du poste de surveillance.
Son cœur tambourinant dans ses tempes et sa poitrine totalement oppressée par l'appréhension, mais aussi dû au choc qu'il avait subi, le commandant s'approcha de la porte qui était grande ouverte. À présent sur le seuil de celle-ci, il sentit une vague de soulagement l'envahir quand son regard se posa sur la tête blonde. Néanmoins, ce sentiment se transforma en panique lorsqu'il comprit la scène qui se passait sous ses yeux.
Un homme chauve à la carrure imposante tenait dans sa main un couteau de combat. La lame se trouvait à quelques millimètres de l'abdomen de Jimin qui tentait de toutes ses forces de tenir l'arme loin de sa peau. Le médium semblait essoufflé, épuisé et Jungkook savait que s'il ne faisait rien, son agresseur finirait par le blesser.
Sans la moindre hésitation, le commandant leva son arme et s'apprêtait à appuyer sur la détente lorsque sous ses yeux, il vit la lame s'enfoncer dans le corps de son amant qui se figea, les yeux écarquillés. Jungkook sentit son sang se glacer dans ses veines et son âme se briser.
— Non ! cria-t-il.
En remarquant la présence du policier, le ravisseur tourna la tête vers lui, surpris, puis partit à toutes jambes par une autre porte, laissant son arme dans le corps de sa victime. Quand l'inconnu disparut, Jimin tituba en arrière avant de s'écrouler sur le sol, les mains entourant sa blessure. Le front dégoulinant de sueur, il se recula pour s'appuyer contre le mur.
— Merde, grogna-t-il en déglutissant difficilement.
La stupeur passée, Jungkook se jeta au sol à côté de lui. Il passa une main derrière sa nuque pendant que l'autre se posa prudemment autour du couteau.
— Hé, je suis là, fit le commandant d'une voix basse. Ne... ne l'enlève pas.
— Tu es... tu n'es pas...
Le corps pris de spasmes de douleurs, le médium ne parvenait pas à se concentrer pour finir sa phrase. Tout ce qu'il arrivait à faire, c'était de fixer son aîné comme s'il n'était qu'un mirage.
— Je suis là microbe, je ne te lâche pas, assura Jungkook en entourant sa blessure de ses deux mains, exerçant une forte pression qui fit crier son amant de douleur. Excuse-moi, je suis désolé, murmura ce dernier, la gorge nouée.
— R-rattrape-le, bafouilla Jimin, ses mains recouvertes de liquide rougeâtre, qu'il posa sur celles du policier.
— Non ! Je ne te laisse pas ici !
— C-c'est lui qui a tué Yoongi, annonça le médium, avant de gémir de douleur.
Jungkook planta son regard dans le sien, mais fût incapable de bouger. Il refusait de l'abandonner, pas dans cet état.
— S'il te plaît, implora le médium, levant sa main jusqu'à sa nuque, laissant derrière elle, une traînée de sang, qui maculait sa peau.
Bougeant la tête de gauche à droite, le commandant était paralysé. Ce furent les sirènes et la pression que Jimin exerça autour de son poignet qui le firent réagir.
— Ok, l'ambulance arrive. Ne le retire pas et continue d'appuyer, je reviens tout de suite.
Le plus jeune hocha la tête et regarda son aîné se lever et partir dans la même direction que son agresseur.
Courant à s'en arracher les poumons, son arme en main, Jungkook tentait de rattraper le ravisseur. Au loin, son regard fût attiré par les feux arrière d'un véhicule qui se trouvait près de sa moto. Continuant sa course et ignorant les décharges de douleurs qui traversaient son corps, le policier leva son Beretta et ouvrit le feu, tentant de toucher l'homme qui s'apprêtait à monter dans la voiture, mais sans succès. Avant qu'il n'arrive à sa hauteur ou même qu'il n'ait le temps de voir la plaque d'immatriculation, la berline noire démarra en trombe et disparut dans la nuit.
— PUTAIN DE MERDE ! beugla-t-il avec rage.
La vision trouble et pris de vertiges, le brun rebroussa chemin pour rejoindre son petit ami. Il n'était qu'à quelques mètres du local quand il vit au loin, la silhouette svelte de Jimin qui titubait dans sa direction.
— Jimin ! cria-t-il en accélérant sa course.
Les mains et ses vêtements recouverts de sang, le médium faisait de son mieux pour continuer d'avancer afin d'atteindre son amant, mais son corps ne fût pas du même avis. Exténué, il s'écroula à seulement quelques pas de Jungkook qui se précipita pour le rattraper avant que sa tête ne touche le sol.
Assis sur le bitume, sa jambe gauche tendue derrière son cadet, le commandant glissa une main dans son dos et le ramena jusqu'à lui, tenant son corps inanimé contre son torse.
— Non, non, non, je t'en supplie, ouvre les yeux, implora-t-il, pris de panique et la trachée totalement écrasée par la peur.
Ses larmes venant s'échouer contre le vêtement couvert d'hémoglobine du médium, Jungkook tapotait doucement sa joue, priant pour que ce geste le fasse réagir, mais rien ne se passa.
— Putain, réveille-toi ! cria presque le tatoué. Je t'en supplie, ne me laisse pas ! Allez, ouvre les yeux ! Ça va aller, je te le promets, mais reste avec moi !
En voyant la main droite de Jimin tomber sur le bitume, un hurlement de souffrance quitta la gorge du brun qui le serra contre lui, balançant son buste d'avant en arrière. Il ne voulait pas le perdre, il ne pouvait pas, il en mourrait.
— Je t'en supplie, réveille-toi, conjura ce dernier, sa main retenant la tête du médium contre lui. Je suis tellement désolé.
Totalement aveuglé par le chagrin qui le dévorait, Jungkook n'entendit pas les véhicules qui venaient de s'immobiliser derrière lui, ni même les diverses voix qui s'en échappèrent. Ce qui le ramena à lui, fût une légère pression qui se fit sentir sur son épaule endolorie.
Sursautant légèrement, il tourna vivement la tête pour faire face à un homme à la chevelure dorée. Celui-ci était vêtu d'un uniforme qu'il reconnut immédiatement et qui l'espace d'un instant soulagea son cœur meurtri.
— Il... Je n'arrive pas à le réveiller. Pitié, faîtes quelque chose, supplia le commandant, affolé.
La voix du brun se brisa alors que ses yeux s'inondèrent à nouveau de larmes qu'il ne parvenait pas à contrôler. Son désarroi était tel, qu'il était prêt à tout pour le sauver, il vendrait son âme au diable si cela pouvait le ramener.
— On va s'occuper de lui, assura l'ambulancier d'une voix rassurante avant d'ajouter d'une voix plus forte. Un brancard !
Les oreilles encore sifflantes dû aux acouphènes qui persistaient, Jungkook remarqua la présence des deux autres hommes, seulement quand ils arrivèrent à sa hauteur.
— Faîtes attention, demanda-t-il lorsque les ambulanciers s'approchèrent pour soulever le corps de Jimin.
Avec prudence, mais une certaine agilité, les deux ambulanciers déposèrent le médium sur le brancard. Sans prêter attention au policier qui était encore au sol, les deux hommes échangèrent quelques mots que le brun fût incapable d'entendre, puis partirent en direction du véhicule blanc qui se trouvait à quelques mètres.
— Vous pouvez vous relever ? questionna le blond qui était resté à ses côtés.
Jungkook hocha faiblement la tête et usa de ses dernières forces pour se relever. En le voyant tanguer sur le côté, l'ambulancier saisit son bras et l'aida à se tenir droit.
— Vous êtes blessé, déclara-t-il en examinant rapidement. Il faut q-
— Non, je... je vais bien. Occupez-vous de lui, l'interrompit Jungkook.
Plus loin, les deux secouristes soulevèrent la civière et la firent monter à l'arrière de l'ambulance puis y entrèrent également. Le regard rivé sur le véhicule, le commandant n'entendait plus ce qui se passait autour de lui. Son esprit ne pensait qu'à une chose, Jimin.
— Monsieur, il faut-
— Je vais bien, martela le tatoué d'un ton plus dur avant de s'adoucir. C'est lui la priorité.
— D'accord, mais je ne peux pas vous laisser ici dans cet état, se résigna l'ambulancier. Venez avec nous.
Épuisé, Jungkook hocha doucement la tête et se maudit immédiatement de l'avoir fait lorsqu'il fût pris de violents vertiges et de sueurs froides. Il avait beau dire qu'il allait bien, c'était un mensonge. Son corps était sur le point de lâcher, mais il refusait de céder à la douleur, car s'il s'écroulait maintenant, il serait incapable de se relever.
Les jambes flageolantes, le commandant suivit l'ambulancier jusqu'au véhicule blanc et monta à bord de celui-ci. Il s'installa sur le rebord prévu à cet effet et ses iris noirs se posèrent sur Jimin. Son teint était cadavérique et il pouvait voir les perles de sueurs sur son front. L'un des hommes avait placé un masque respiratoire sur son nez et sa bouche, ainsi que d'autres tubes, dont il ignorait le nom, qui le reliaient à un moniteur.
— Est-ce qu'il va s'en sortir ? demanda le brun d'une voix branlante, venant prendre la main froide de son cadet dans la sienne.
— Nous allons faire tout notre possible, répondit l'un des ambulanciers.
Au même moment, le conducteur enclencha la première vitesse et le véhicule quitta les quais, direction l'hôpital le plus proche.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Durant le trajet, Jungkook avait pris soin de prévenir Taehyung qui, entre-temps, s'était rendu sur la scène de crime. Accompagné de Lian, ce dernier avait rapidement donné des ordres à leurs équipes et s'était ensuite précipité vers l'hôpital pour le rejoindre.
Lorsque l'ambulance était arrivée aux urgences, le commandant avait suivi les soignants qui emmenaient Jimin à travers les portes de l'hôpital. Sans se soucier de s'il avait ou non le droit d'être ici, le brun avait refusé de lâcher la main de son petit ami. Du moins, cela avait été le cas jusqu'à ce qu'une femme ne vienne se poster devant lui, lui barrant la route.
— Je suis désolée monsieur, seul le personnel médical est autorisé à entrer, fit-elle d'une voix douce.
— Non, s'il vous plaît, je dois rester avec lui. Il... il n'a que moi.
— Je comprends monsieur, mais votre ami va être emmené au bloc et vous ne pouvez pas y entrer.
S'il avait été dans son état normal, personne n'aurait pu arrêter Jungkook, mais à cet instant, il n'était qu'une coquille vide.
— Je suis désolée, reprit l'infirmière. Je viendrai vous voir si j'ai du nouveau.
Le brun hocha simplement la tête, impuissant. Les bras le long du corps, il regarda la jeune femme partir à travers les portes qui avaient englouti son amant quelques minutes plus tôt. Dorénavant, il n'était plus maître de la situation. La vie de son cadet reposait entre les mains d'hommes et de femmes qu'il ne connaissait pas, mais il savait qu'il devait leur faire confiance, il n'avait pas d'autres choix.
— Jungkook ! appela une voix qu'il reconnut immédiatement.
Le concerné pivota pour faire face à Taehyung qui venait d'arriver, suivi de sa fiancée et de leurs deux amis. En voyant l'état déplorable dans lequel se trouvait son petit frère, le lieutenant accéléra le pas et se jeta presque sur lui, le serrant avec une telle force que Jungkook eut l'impression que ses os allaient se briser.
Malgré la douleur qui lui donnait envie de hurler, ce geste suffit à faire tomber toutes les barrières que le tatoué avait bâties pour ne pas s'effondrer. La gorge nouée, il passa ses mains autour de la taille de son aîné et agrippa sa veste si fort que ses phalanges en perdirent leur couleur. Le visage enfoui dans son cou, Jungkook laissa les larmes perler de ses yeux pendant que son corps était traversé par des spasmes de sanglots.
L'état du commandant comprima le cœur de Lilith qui ne supportait pas de le voir ainsi. Peinée, elle vint les rejoindre et enlaça Jungkook comme elle put. Ses doigts fins caressaient ses mèches noires. Elle tentait par ses caresses de l'apaiser, mais comment pouvait-elle y arriver alors qu'elle ne parvenait même pas à contenir ses propres pleurs ? En réalité, aucune des quatre personnes n'avait pu rester de marbre face au chagrin de leur ami, mais surtout, l'inquiétude de perdre Jimin était bien trop grande.
— C'est ma faute Tae, sanglota Jungkook.
— Ne dit pas de bêtises. Tu n'y es pour rien.
— Je ne veux pas le perdre. Je... je ne pourrais pas supporter ça une nouvelle fois, ajouta le brun sans réellement écouter la voix de son aîné.
Cette fois, Taehyung s'écarta et prit le visage de son meilleur ami en coupe. Malgré les larmes qui le traversaient, il ancra ses yeux dans les siens.
— Ok, tu vas m'écouter bien attentivement. Tu ne vas perdre personne, tu m'entends ? Aucun de nous ne va le perdre. Ce gamin est plus fort que nous tous réunis alors, tu peux être sûr qu'il va s'en sortir. Il faut que tu sois fort d'accord ? J'ai appelé madame Park, elle va prendre le première avion et sera bientôt là. Quand elle arrivera, elle aura besoin de nous et il faut qu'on soit là pour elle parce qu'ils n'ont que nous. C'est compris ? Tu dois te ressaisir.
Jungkook écoutait les paroles de son grand frère et faisait de son mieux pour stopper ses larmes, mais il avait la sensation qu'il en était incapable. C'était comme si tout ce qu'il avait enfoui venait de refaire surface et tout le courage qu'il avait eu jusqu'à présent, venait de le quitter. Les deux jeunes femmes et Lian observaient la scène, le cœur en berne. Ils n'avaient jamais vu leur ami dans un tel état de détresse et à cet instant, ce grand brun n'avait plus rien de l'homme courageux et fier. À présent, leur commandant était plus brisé qu'il ne l'avait jamais été.
Le lieutenant examina rapidement l'homme qu'il tenait à bout de bras et vit avec horreur le sang qui avait sali sa peau. Il en avait sur les mains, les avant-bras, les vêtements et même sur le visage. Chaque parcelle de son corps qui avait été en contact avec Jimin avait gardé une trace de l'enfer que le jeune homme avait vécu. Cependant, ce qui inquiéta davantage Taehyung, ce furent les multiples blessures qui n'avaient pas encore été soignées.
— Il faut que tu te fasses examiner, fit le châtain avec douceur.
— Non ! Je... je ne partirai pas d'ici tant que je ne saurai pas s'il est en vie.
— Jungkook, tu es blessé, insista Taehyung.
— Je...
La voix de Jungkook mourut dans sa gorge quand il sentit son rythme cardiaque s'accélérer tandis que les acouphènes qui ne l'avaient pas quitté devinrent plus forts. Perdant l'équilibre, il manqua de tomber à la renverse, avant que les bras du lieutenant ne viennent entourer son buste.
— IL ME FAUT UN MÉDECIN ! cria ce dernier, les yeux débordant de larmes d'inquiétude.
Voyant que personne n'avait entendu leur appel, Lilith regarda autour d'elle avant que son regard ne se pose sur une pièce dont la porte était ouverte.
— S'il vous plaît, il nous faut un médecin. Mon ami ne se sent pas bien, supplia la psychiatre en se postant dans l'encadrement.
Les jeunes femmes qui se trouvaient dans la pièce se levèrent rapidement et suivirent la jolie brune.
— Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda l'une d'elles en s'accroupissant près du policier.
— Il y a eu une explosion dans la zone artisanale, il a été blessé là-bas, expliqua Taehyung,
— Très bien, allongez-le ici, fit un autre infirmière en amenant un brancard. Elie, va chercher le docteur Ahn.
La concernée hocha la tête et partit en quatrième vitesse à travers les doubles portes et disparut derrière celles-ci. Taehyung reporta son attention sur son frère qui était encore inconscient, puis regarda l'infirmière qui semblait avoir pris le contrôle de la situation. Sur sa blouse, le châtain put y voir un badge sur lequel était inscrit So-Hee, sûrement son nom.
— Excusez-moi, je vais devoir emmener votre ami, annonça So-hee.
— C'est mon petit frère, précisa le lieutenant.
— Très bien. Je vais emmener votre frère afin qu'il soit examiné et ses blessures nettoyées, reprit l'infirmière. Une de mes collègues viendra vous voir pour son dossier.
— Ok, je... je ne bouge pas d'ici, acquiesça Taehyung.
La jeune femme hocha la tête et partit dans la même direction que sa collègue quelques instants plus tôt. Le silence qui s'abattit dans le couloir fût si soudain et lourd que Taehyung en eut des vertiges. Cette journée était un véritable cauchemar et rien ne semblait s'arranger. Ayant l'impression de suffoquer, le châtain posa sa main contre sa poitrine et se tourna vers ses amis.
— Je... je vais aller prendre l'air.
— Tu veux que je t'accompagne ? proposa Lilith d'une voix prudente.
— Non, j'ai besoin d'être un peu seul, répondit-il.
Ne voulant pas que sa fiancée se sente blessée par son refus, il déposa un baiser sur son front puis partit en direction de l'ascenseur. Dans la cage de métal, Taehyung fixa les boutons durant de longues secondes avant d'appuyer sur celui qui menait au toit.
La montée sembla durer une éternité pour le policier qui n'aspirait qu'à une chose, de l'air frais. Une fois en haut, il prit la cage d'escalier et se retrouva enfin au sommet du bâtiment. L'air froid de cette nuit le frappa de plein fouet, lui donnant de nouveau l'impression que ses poumons fonctionnaient normalement.
Avançant d'un pas lent, Taehyung s'approcha de la rambarde en acier et s'y appuya à l'aide de ses avant-bras. Le regard perdu sur ce panorama nocturne, il se mit à réfléchir à tout ce qui s'était passé durant ces dernières vingt-quatre heures. En tant d'années de carrière, jamais sa famille n'avait été la cible de criminels. Aucune personne de son entourage ne s'était retrouvée à l'hôpital entre la vie et la mort et aujourd'hui, non seulement son frère était inconscient et sûrement blessé, mais le garçon qu'il avait juré de protéger allait peut-être mourir.
Les yeux voilés par les larmes de peur et de culpabilité, le petit garçon qui était en lui ressentit le besoin vital de parler à la seule personne qui pourrait l'apaiser et le comprendre. D'une main tremblante, il sortit son téléphone de sa poche et sélectionna son numéro. Il était tard, elle dormait probablement déjà, mais elle devait le savoir.
Le portable contre son oreille, Taehyung écoutait nerveusement les tonalités qui se suivaient jusqu'à ce qu'enfin, une voix endormie ne décroche.
— Allô, fit-elle.
— Maman, murmura le policier.
— Taehyung, mon chéri, est-ce que ça va ?
— Non, souffla-t-il, la gorge nouée. C'est... c'est Jungkook.
Un silence oppressant s'installa dans la conversation et le châtain entendit sa mère bouger dans ses draps et sa respiration s'accélérer.
— Jungkook ? Qu'est-ce qui se passe ? Est-ce que ton frère va bien ? demanda Min-ji.
— Je ne sais pas. Je suis à l'hôpital. Il y a eu une explosion et il était à côté quand ça a eu lieu.
— Oh mon Dieu, haleta la mère de famille.
Réalisant que ses paroles étaient mal choisies, le lieutenant décida de reformuler, tentant d'apaiser un peu la peur de sa mère.
— Il est en vie maman, mais il a été projeté par le souffle de l'explosion. Les infirmières l'ont emmené, ils vont lui faire passer quelques examens.
— Est-ce que tu es blessé ?
— Non, je n'étais pas avec lui, mais... Jimin est mal en point. On ne sait toujours pas s'il va s'en sortir.
— C'est un cauchemar, murmura Min-ji.
Taehyung entendit sa mère appeler le prénom de son père afin de le réveiller. Elle lui ordonna rapidement de se lever, suivi de quelques instructions, puis prit la parole en s'adressant cette fois à son fils.
— Ton père et moi partons immédiatement. Nous serons bientôt là, annonça cette dernière.
— Soyez prudent sur la route, s'il te plaît.
— C'est promis, retourne auprès de ton frère.
— D'accord, acquiesça simplement Taehyung.
— Je t'aime mon ange, ça va aller.
En entendant ces mots, le lieutenant de police sentit une larme rouler sur sa joue pendant qu'il hochait la tête.
— Moi aussi, je t'aime.
Min-ji fut celle qui mit fin à l'appel. Si la situation avait été moins grave, le châtain n'aurait probablement pas pris la peine de prévenir sa mère, mais si quelque chose arrivait à son frère et qu'elle n'avait pas été mise au courant, elle ne lui aurait jamais pardonné. Bien qu'il n'ait pas de liens de sang, Jungkook était son fils, elle l'aimait plus que tout, alors elle était en droit de savoir ce qui était arrivé.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Les premiers rayons de soleil effleuraient timidement le ciel nuageux de Busan. La ville se réveillait doucement, tandis que dans le couloir de l'hôpital, le silence pesant de l'angoisse régnait. Assis sur les sièges en bois de la salle d'attente, Taehyung fixait le mur blanc devant lui. Sa joue posée contre le haut de la tête de sa fiancée, ce dernier caressait tendrement sa main, tandis que celle-ci s'était assoupie après avoir lutté durant de longues heures. À sa gauche, ses deux parents patientaient également.
Min-ji et Nam-kyun étaient arrivés aux alentours de quatre heures du matin. Lorsque la mère de famille avait retrouvé son fils, elle s'était précipitée dans ses bras avant de lui demander une explication sur la situation. Taehyung lui avait donc raconté toute l'histoire, passant de l'enquête sur le meurtre de Yoongi, jusqu'au kidnapping de Jimin et son agression.
Quelques heures après qu'il ait été emmené, le docteur Ahn était venu leur donner des nouvelles de Jungkook, leur annonçant que ce dernier souffrait d'une commotion cérébrale et de quelques côtes fêlées. Le brun était dans l'une des chambres à l'étage, mais pour le moment, aucune visite n'avait été autorisée, favorisant un repos plus que nécessaire à sa guérison. La famille du commandant avait été rassurée de le savoir en vie, mais leur inquiétude n'était pas redescendue, car depuis son admission six heures plus tôt, personne n'était venu leur donner des nouvelles de Jimin.
Le calme qui régnait dans la salle d'attente fût interrompu par des talons qui claquaient à grande vitesse contre le sol, résonnant dans tout le couloir, puis une voix se fit entendre.
— Bonjour, mon fils a été admis cette nuit, fit une femme dont l'inquiétude était perceptible au ton tremblant de sa voix.
— Quel est son nom ? demanda le jeune femme de la réception.
— Park Jimin.
En entendant ce prénom, Taehyung se redressa, réveillant au passage sa fiancée qui s'étirait faiblement.
— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle d'une voix endormie.
— Je crois que la mère de Jimin est là, répondit le châtain.
Ce dernier se leva et traversa la pièce ouverte pour rejoindre le couloir. Son regard se posa sur une femme à la chevelure brune qu'il reconnut immédiatement. Cette dernière était accompagnée d'un homme que le policier n'avait jamais vu, mais il fût tout de même rassuré que ce ne soit pas Jae-sok.
— Madame Park, appela-t-il, attirant l'attention de Hee-sun sur sa personne.
Lorsque cette dernière le reconnut, elle se précipita vers lui et en observant son visage, le lieutenant sentit son cœur se briser dans sa poitrine. Ses yeux étaient bouffis et rougis par le torrent de larmes qu'elle avait dû verser depuis son appel, la veille.
— Comment va-t-il ? Vous avez eu de ses nouvelles ? demanda-t-elle sans même prendre le temps de le saluer.
— Je ne sais pas. Pour le moment, personne n'est venu nous voir.
— Ce n'est pas possible ! Ça fait six heures, qu'est-ce qu'ils peuvent bien lui faire ?! sanglota madame Park, secouée par l'émotion.
L'homme qui se tenait près d'elle passa son bras autour de ses épaules en signe de consolation, puis il prit la parole.
— Bonjour, je suis Seo Minkyun, un ami de Hee-sun, se présenta ce dernier.
— Enchanté, j'aurais préféré qu'on se rencontre dans d'autres circonstances, répondit Taehyung en s'inclinant poliment.
— Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda Hee-sun, lorsque les présentations furent terminées.
— Jimin a été kidnappé.
— K-kidnappé ? bafouilla-t-elle, la main sur sa poitrine.
— Oui, il y a deux jours. Ce serait très long de vous donner les raisons et je pense que Jimin est celui qui doit tout vous dire, mais nous avons fait notre possible pour le retrouver et Jungkook y est parvenu.
— S'il a réussi, alors pourquoi mon fils est entre la vie et la mort ? s'emporta madame Park.
— Quand... quand Jungkook l'a retrouvé, le ravisseur de Jimin l'a poignardé. Mon frère à fait son possible pou-
— Où est-il ? le coupa brusquement Hee-sun. Pourquoi il n'est pas ici ? Il avait promis de veiller sur lui, alors pourquoi il n'est pas là ?
— Excusez-moi, vous devez être la maman de Jimin, intervint une voix derrière Taehyung.
Le châtain pivota pour faire face à sa mère qui avançait vers eux, la douceur et la compassion lisible sur son visage épuisé par le manque de sommeil.
— C'est exact et vous êtes ? répondit madame Park sans animosité.
— Je m'appelle Min-ji, je suis la mère de Taehyung et de Jungkook, se présenta la mère de famille en tendant sa main que son vis-à-vis saisit prudemment. Je comprends votre désarroi et votre colère, mais mon fils est également allongé sur un lit d'hôpital. Il a été blessé en voulant sauver Jimin, alors s'il vous plaît, ne soyez pas si dur avec lui.
En apprenant cela, le visage de Hee-sun changea totalement d'expression, passant de la colère à l'inquiétude qui était déjà bien élevée.
— Q-que lui est-il arrivé ?
— Je vais tout vous raconter, mais allons discuter ailleurs, de maman à maman, si vous voulez bien ? proposa Min-ji avec son éternelle bienveillance. Taehyung viendra nous chercher s'il y a du nouveau.
Hee-sun jeta un coup d'œil à son ami qui hocha la tête avec un sourire apaisant. Visiblement rassurée, cette dernière accepta et les deux mères s'éloignèrent. Lorsqu'elles furent hors de son champ de vision, Taehyung se rendit compte qu'il avait cessé de respirer alors, il laissa échapper un long soupir tandis que ses épaules s'affaissèrent.
— Je suis désolé pour ce qu'elle a dit sur votre frère, fit Minkyun.
— Non, je comprends. La colère et la peur nous font dire des choses que l'on ne pense pas forcément.
— C'est vrai. Je ne le connais pas, mais Hee-sun m'a parlé de lui. Il semble bien prendre soin de son fils, elle l'apprécie beaucoup.
— Jungkook fait de son mieux. Il n'est pas responsable de ce qui s'est passé, expliqua Taehyung.
— Bien-sûr, je le sais, et elle le sait aussi. C'est l'inquiétude qui parlait pour elle.
Le lieutenant lui offrit un faible sourire avant de l'inviter à s'asseoir avec eux. Il fit rapidement les présentations à Lilith et son père, puis l'homme prit place à leur côté. Le châtain mourrait d'envie de lui poser des questions, il voulait savoir qui il était et surtout que représentait-il pour madame Park. Après tout, au travers de sa mère, cet inconnu allait sûrement faire partie de la vie de Jimin et son côté protecteur voulait en savoir le plus possible sur lui.
✺✺✺
Une trentaine de minutes s'était écoulée depuis que Hee-sun et Min-ji étaient parties. Les deux femmes venaient de faire leur apparition lorsqu'un médecin passa les portes battantes.
— Est-ce que la famille Park Jimin est ici ?
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