Le soleil se levait sur Busan lorsque Jimin fut réveillé par les aboiements de Zeus suivi de la voix de Jungkook qui lui ordonnait de se taire. S'étirant comme un chat, le médium frotta paresseusement ses yeux avant de se lever. Ce dernier déverrouilla rapidement son téléphone, remarquant qu'il n'était que sept heures. Il ne se souvenait pas de s'être endormi alors comment avait-il atterri dans son lit ?

Après un rapide coup d'œil à travers sa fenêtre et un soupir de lassitude face à ce ciel gris, le jeune brun plaqua ses mèches noires en arrière et quitta la pièce direction les toilettes.

— T'es réveillé microbe ? appela Jungkook depuis l'îlot de la cuisine

— Ouep ! répondit le concerné d'une voix endormie. Pourquoi ?

— Magne-toi si tu veux qu'on aille voir Tae avant d'aller au poste.

— Je me dépêche, soupira Jimin avant de refermer la porte des toilettes derrière lui.

À l'autre bout de l'appartement, Jungkook suivait sa routine. Debout depuis six heures, le commandant était allé faire son footing malgré la douleur de ses muscles courbaturés par la veille. Après cela, il avait pris une bonne douche avant d'avaler son deuxième café de la journée. Il était à présent devant ce breuvage amer qu'il aimait tant. Son téléphone à la main, il vérifiait ses mails avant d'entrer dans la base de donnée de la police, afin de lire les dernières informations qui avaient été mises à jour pendant la nuit par ses collègues.

Trente minutes se passèrent avant que Jimin ne quitte la chambre. Vêtu d'un jean noir et d'un sweat à capuche blanc, le plus jeune entra dans la pièce où se trouvait son colocataire. Encore fatigué de la nuit qu'il avait jugé trop courte, le médium bâilla bruyamment avant de se tourner vers Jungkook, mes mains sur les hanches, la mine renfrognée.

— Il est où mon petit déjeuner ?

— Il y a du café et t'as des onigiris dans le frigo, répondit le tatoué sans lever les yeux.

— T'es un tricheur, pesta le plus jeune. Le marché, c'était celui qui perdait, devait préparer le petit déjeuner pour l'autre. Si je me souviens bien, tu as perdu et j'ai gagné.

— Je n'ai pas le temps de jouer, alors mange pour qu'on puisse partir, le pressa Jungkook en venant poser sa tasse dans l'évier.

— Tss. Tu m'as soulé, je n'ai plus faim, soupira Jimin en quittant la pièce.

La réaction de son colocataire le blessa, mais il n'était pas surpris. La veille, les deux garçons avaient ris ensemble, ils s'étaient amusés et pendant quelques heures, le médium avait eu l'impression qu'ils étaient sur la même longueur d'onde. Néanmoins, comme il s'y attendait, à peine le soleil s'était levé, tous les liens qu'ils avaient créés avaient disparu.

— Comme tu voudras, répliqua le commandant en le regardant quitter la cuisine.

Jungkook n'était pas menteur, il n'était pas non plus un mauvais joueur, mais il ne pouvait pas s'autoriser à se laisser aller comme il l'avait fait la veille. Ce qu'il avait pu éprouver durant cette soirée avait réveillé des mauvais souvenirs chez lui et il ne voulait plus ressentir cela. La carapace qu'il était parvenu à construire ces dernières années avait été affaiblie par cet homme, c'était une chose inacceptable.

— Bon on y va ? lança Jimin depuis le hall.

— Oui, je vais juste chercher mes affaires, répondit Jungkook.

Le médium le regarda passer devant lui, le visage fermé et une part de lui eu envie de lui demander si quelque chose s'était passé. Pourtant, il ne fit rien. Si le tatoué refusait de nouer une quelconque amitié avec lui, il respecterait son choix.

Après sa plaque, le commandant vint attacher son holster de cuisse par-dessus son jean noir et y glissa son arme de service. Il enfila sa veste en cuir et attacha le haut de ses cheveux en un petit bun avant de retourner dans l'entrée. Jimin qui attendait encore, le sonda longuement, observant chacun de ses mouvements, ce qui commençait sérieusement à agacer son colocataire.

— Bon, qu'est-ce qu'il y a ? demanda subitement ce dernier. J'ai un truc sur le visage ou quoi ?

— Non, pourquoi ? rétorqua le médium surpris par le ton dur qu'il venait d'employer.

— Alors pourquoi tu me fixes comme ça ?

— Je... pourquoi tu t'énerves comme ça ? J'ai fait quelque chose de mal pour que tu sois en colère ? Tu...

— Je quoi ? s'impatienta le policier. Vas-y dit le fond de ta pensée.

— Je ne sais pas ce qui s'est passé entre hier soir et ce matin, mais très franchement, le Jungkook d'hier était beaucoup plus agréable et drôle. Là, tu te comportes comme un con alors que je ne t'ai rien fait ! Si c'est pour que tu me fasses la misère toute la journée, je préfère encore y aller à pied ou en bus !

Sans rien répondre, le plus jeune tourna les talons et quitta l'appartement en ouvrant la porte dans un fracas. Le brun resta médusé, sentant de nouveau la culpabilité l'envahir et il détestait cela.

— Fait chier, grogna-t-il avant de sortir à son tour.

Dehors, sur le parking où se trouvait l'Audi A5 rouge, Jimin faisait les cent pas. Ses écouteurs dans les oreilles, il tentait de passer outre ce qui venait de se passer, mais sa bulle fut brisée par une voix qu'il reconnut immédiatement.

— Allez, monte dans la voiture, lança Jungkook en déverrouillant le véhicule.

Le médium pivota pour faire face à son colocataire qui se tenait devant la portière conducteur qu'il venait d'ouvrir. Voyant le manque de réaction du plus jeune, ce dernier soupira avant de reprendre d'une voix plus calme.

— Bon, je suis désolé ok ? Maintenant monte, on va être en retard.

— Tu vas continuer à être aussi désagréable ? répliqua Jimin.

— Je me suis excusé non ? Allez bouge ton cul, on va aller t'acheter un petit déjeuner. Tu pourras prendre ce que tu veux.

C'était la première fois que le tatoué s'excusait après s'être mal comporté avec lui et même s'il ne montrait rien, Jimin fut touché par cela.

— Tout ce que je veux ?

— Oui.

— Ok, accepta le plus jeune. Mais ne pense pas que tu vas t'esquiver comme ça. Demain matin, je veux mon petit déjeuner.

Le commandant le regarda, les sourcils haussés face à l'audace de son vis-à-vis.

— Pourquoi tu tiens tant à ce que je te fasse ce petit déjeuner ? questionna Jungkook.

— Parce que c'était le deal. Tu as perdu alors, tu dois respecter ton engagement. Si c'était moi qui avais perdu, j'aurais dû laver ton boxer sale, alors tu t'en sors plutôt bien !

Le brun soupira profondément, blasé par l'insistance de Jimin. Lui-même était têtu, mais il devait avouer qu'il venait de trouver un adversaire à sa taille.

— D'accord, t'as gagné. Maintenant monte, on y va !

Un sourire vainqueur s'étira sur les lèvres du médium. Satisfait d'avoir eu ce qu'il voulait, il ouvrit la portière passager et monta dans le véhicule avant que son collègue ne démarre, direction l'hôpital.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

L'avion en provenance de Paris avait atterri à l'aéroport de Busan à huit heures trente. Dès qu'elle avait récupéré sa valise, Lilith avait pris un taxi en direction de l'hôpital où se trouvait son amant. Elle se trouvait actuellement dans la cage d'ascenseur, les mains tremblantes d'appréhension. Bien que Jungkook lui ait assuré par message que Taehyung allait bien, elle ne serait sereine que lorsqu'elle le verrait de ses propres yeux.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent enfin et la jeune femme marcha d'un pas rapide jusqu'à la chambre de son bien-aimé, sa valise roulant sur le sol en linoléum. Ne voulant pas prendre le risque de le réveiller, la psychiatre toqua doucement à la porte avant d'abaisser la poignée et d'entrer dans la pièce.

Son regard se posa immédiatement sur l'homme allongé sur le lit. Lentement et silencieusement, la brune déposa sa valise près de la porte avant de la fermer et d'avancer vers son fiancé. Ce dernier dormait paisiblement, le visage tourné vers la fenêtre, laissant les rayons du soleil caresser sa peau caramel. Prudemment, Lilith prit l'une des chaises et la déplaça jusqu'au lit pour s'y asseoir et observait quelques secondes les traits de cet homme qu'elle aimait plus que tout.

Lorsque son téléphone avait sonné la veille, le cœur de la jeune femme était tombé à ses chevilles. Lilith savait qu'en sortant avec un policier, ce genre de chose pouvait arriver, peut-être même pire, mais jusqu'à présent, après cinq années de service, Taehyung n'avait jamais été blessé au point de finir à l'hôpital. Cette nouvelle avait été pour elle comme un coup de massue, lui rappelant que rien n'était acquis et que la vie ne tenait qu'à un fil.

Focalisé sur ce visage qui était à quelques centimètres du sien, le psychiatre essuya rapidement une larme qui déferlait sur sa joue avant de plonger ses doigts dans les boucles soyeuse.

Suite à cette caresse, Taehyung bougea légèrement la tête avant de cligner plusieurs fois des paupières pour enfin ouvrir ses yeux.

— Hey, murmura Lilith la gorge nouée par le soulagement.

— Bonjour belle étrangère, répondit le châtain, un sourire attendri sur les lèvres.

Ces paroles furent de trop pour le cœur de la jeune femme qui était déjà lourd. Les larmes roulèrent sur ses joues alors qu'elle se pencha pour venir enfouir son visage dans le cou de son fiancé.

— Hé mon coeur, commença le lieutenant, touché par l'état de sa bien-aimée. Je vais bien, je te le promets.

— J'ai eu tellement peur quand Jungkook m'a appelé, sanglota cette dernière.

— Regarde-moi.

Lilith s'exécuta tandis que son amant vint essuyer ses larmes de sa main valide.

— Je vais bien, répéta ce dernier avec le plus de conviction possible. C'est juste une égratignure alors sèche tes larmes. Je déteste te voir pleurer.

— Je sais, mais je suis tellement soulagé.

Le châtain observa son visage de longues secondes avant de remarquer les cernes qui entachaient son teint de porcelaine. Son regard se posa ensuite sur la valise qui se trouvait près de la porte et il comprit.

— Tu es venu directement depuis l'aéroport ?

— Oui, j'ai terminé ma consultation et j'ai sauté dans le premier avion pour venir ici.

— Poussin, rentre te reposer. Tu dois être épuisée par le décalage horaire.

— Hors de question que je quitte cette chambre, refusa fermement la psychiatre.

Face à cette moue boudeuse, Taehyung se résigna, sachant pertinemment que sa fiancée était bien plus têtue que Jungkook et lui réunis.

— D'accord, tu as gagné. Tu peux rester avec moi, mais embrasse-moi !

Dans un rire victorieux, Lilith se pencha en avant pour venir déposer tendrement ses lèvres contre celle du lieutenant. Les deux amants laissèrent échapper un soupir de contentement, soulagés de retrouver leur moitié après ces jours de séparation.

Leur moment d'intimité fut brisé par des petits coups à la porte. Agacé, le châtain s'éloigna à contrecœur de sa fiancée alors que celle-ci s'installa plus confortablement sur sa chaise sans pour autant séparer leurs doigts entrelacés.

— Entrez, autorisa le policier.

Une fraction de seconde plus tard, la porte s'ouvrit sur Jungkook et Jimin qui tenait dans ses mains un gobelet en carton.

— Je vois que tu as déjà de la visite, lança Jungkook lorsque son regard se posa sur leur amie.

— Oui, mon avion a atterri ce matin, expliqua la jeune femme en se levant pour venir saluer les nouveaux arrivants.

— Salut, fit Jimin quand elle vint l'enlacer.

— Alors, comment tu vas aujourd'hui ? demanda le tatoué à l'attention de son meilleur ami.

— Ça va, les médicaments font encore effet, répondit Taehyung. Et vous alors, comment s'est passé votre soirée ?

— Jungkook a perdu à FIFA ! annonça immédiatement Jimin, un sourire fier sur les lèvres.

Les deux amants ne purent retenir un rire face à la mine renfrognée du commandant qui lança un regard noir au plus jeune avant de lever les yeux au ciel.

— Vraiment ? Je croyais que tu ne perdais jamais, se moqua Taehyung.

— Je l'ai laissé gagné, mentit le brun.

— Pourquoi tu mens !? s'offusqua le médium. Tu n'as pas réussi à marquer un seul but ! Tu as perdu, c'est tout. Ce n'est pas une honte, tu sais.

— Si tu le dis, répliqua le Jungkook.

Ce dernier soupira, retenant un rictus face à la mine indignée de son cadet.

— Mais quel mauvais joueur ! Et en plus de ça, il n'a pas respecté notre marché ! pesta Jimin.

— Quel marché ? demanda Taehyung, amusé par la situation.

— S'il perdait, il devait me préparer son petit déjeuner et il ne l'a pas fait !

— Je suis ne suis pas mauvais joueur ! Ce matin, je t'ai payé un petit déjeuner, que je sache ! Toi, en revanche, t'es une balance ! l'accusa Jungkook.

— Ce n'était pas le deal !

— Hé ! On se calme les enfants ! intervint le lieutenant en entendant le ton monter entre ses deux colocataires.

Ces deux là se comportaient comme deux enfants, mais d'après ce que le châtain avait compris, ils avaient passé la soirée ensemble. Lorsqu'il avait eut à Jungkook au téléphone, le brun lui avait avoué être épuisé et normalement, dans ce genre de situation, il passait la soirée dans les bar ou avec une nouvelle conquête. Il était heureux de voir que pour une fois, son meilleur ami n'avait pas utilisé le sexe comme échappatoire ou comme moyen de se défouler.

Jimin lança un regard noir à Jungkook avant de lever les yeux au ciel et de porter son attention sur Lilith qui les regardait en souriant.

— Ton vol s'est bien passé ? demanda-t-il.

— Oui merci, je suis fatiguée, mais soulagée de le retrouver, répondit la jeune femme en regardant amoureusement son amant.

Jungkook s'apprêtait à prendre la parole lorsque la sonnerie d'une notification se fit entendre provenant de sa veste. En soupirant, le brun sortit son portable et le déverrouillage pour y voir affiché le prénom de sa mère adoptive.

— C'est maman, commença le tatoué en lisant le message. Elle dit qu'elle n'arrive pas à te joindre.

— Elle n'est pas au courant ? demanda Lilith.

— Non, soupira Taehyung. Je ne voulais pas les inquiéter et puis mon téléphone est mort.

— Je lui dis quoi ? questionna Jungkook.

— Euh, dit lui que je l'appellerai tout à l'heure et que je vais bien.

— T'es au courant que si elle n'entend pas le son de ta voix dans les deux prochaines heures, elle va débarquer chez nous ?

— Je sais, je vais l'appeler, mais pas maintenant.

— Ok, fit simplement le commandant avant de pianoter la réponse.

Les parents de Taehyung étaient de charmantes personnes. Ils avaient accueilli Jungkook lorsqu'il était âgé de seulement cinq ans après le décès soudain de ses parents et l'avait toujours traité comme s'il était leur propre fils. Le brun avait peu de souvenir de ses géniteurs, il ne les avait jamais oubliés, surtout sa mère, mais c'était devenu automatique pour lui d'appeler ceux qui l'ont élevé "papa" et "maman". C'était ainsi qu'il les voyait.

— Bon, on va y aller nous, reprit le tatoué. On a encore du boulot.

— Jimin, tu y vas aussi ? demanda Taehyung.

— Oui, il faut bien que j'aille travailler. Mon patron n'est pas de très bonne humeur alors, je ne vais pas en plus demander un jour de congé.

De nouveau, le pique indirect du plus jeune fit rire le couple tandis que la victime de cette attaque roula des yeux.

— Allez microbe, on y va, ordonna-t-il en venant attraper la capuche de Jimin avant de le tirer vers la sortie.

— Hé, tu m'étrangles ! pesta ce dernier en se dégageant de la prise.

— À plus tard les amoureux, fit Jungkook.

Jimin le suivit, saluant ses deux amis d'un grand sourire et d'un signe de la main. Il disparut ensuite en refermant la porte derrière lui, laissant le couple qui riait de leur dynamique.

— Lequel va craquer en premier d'après toi ? demanda Lilith, amusé.

— Jungkook. Jimin l'aura à l'usure, ricana le châtain.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

La première journée de Jimin, livré à lui-même avec Jungkook, s'était passée sans accros. Après avoir quitté l'hôpital, les deux hommes étaient retournés au commissariat. Le médium était resté une partie de la matinée dans le bureau, s'occupant de la paperasse que son supérieur lui avait confiée. Après avoir vu sa photographie dans le dossier de l'enquête sur laquelle ils travaillaient, le plus jeune avait fait le rapprochement avec la voix qu'il avait entendue au hangar. C'était elle qui voulait qu'on retrouve cette boule à neige avant que l'on sache ce qui lui était réellement arrivé.

Jungkook avait passé la matinée à droite à gauche. Il s'était rendu à la morgue afin d'avoir des informations sur l'autopsie de madame Harris, puis il s'était rendu dans la section informatique où se trouvaient Sam et Sae-jin. En se rendant là-bas, le tatoué avait bon espoir que les deux jeunes femmes aient trouvé quelque chose dans l'ordinateur de leur dernière victime, mais en vain. Leur logiciel était encore en recherche alors, la mine agacée, le commandant était retourné au poste.

Les deux collègues avaient mangé dans le bureau. Jimin avait inventé une excuse pour ne pas aller dans la salle de pause, ne voulant pas prendre le risque de croiser Seo-joon et Byul. Ils restèrent ensuite l'après-midi entière dans le bureau, tapant les rapports sur leur enquête en cours, espérant pouvoir bientôt la clore.

Jungkook était frustré, il ne connaissait toujours pas les raisons qui avaient poussé madame Harris à contacter les mercenaires et cela lui laissait un gour amer. Lorsqu'il reçut un message sur son portable, un énième soupir.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Jimin en levant les yeux de son dossier.

— Kihyun vient de m'envoyer un message. Les plongeurs n'ont toujours pas retrouvé le corps de Ha-ri, répondit le tatoué en passant une main crispée dans ses cheveux.

— Tu penses qu'on a des chances de la retrouver ? Ça fait déjà quatre mois.

— Je l'espère. Elle mérite d'être enterrée convenablement.

— Je l'espère aussi, chuchota le médium en baissant légèrement la tête.

— J'y pense ! lança subitement le commandant. Tu pourrais la contacter et lui demander où est son corps.

— J'ai déjà essayé, confessa le plus jeune. Elle ne me parle pas. Je ne l'ai même encore jamais vu.

De nouveau, le tatoué laissa échapper un long soupir. Leur échange fut interrompu par la porte qui s'ouvrit sur Rose.

— Les gars, Sam vient de m'envoyer ce qu'elles avaient trouvé sur l'ordinateur de madame Harris.

Les deux hommes se levèrent et suivirent leur amie hors du bureau. Quand ils arrivèrent devant la table tactile, Lian vint les rejoindre, une tablette dans la main.

— Le logiciel a fouillé l'ordinateur et les fichiers effacés et c'est là qu'elle a trouvé quelques chose d'intéressant, commença Rose en pianotant sur la vitre avant d'envoyer les éléments sur les écrans.

Les bras croisés contre son torse, Jungkook fixait les écrans, lisant les mails que l'épouse bafouée avait écrits.

— Putain de merde, murmura ce dernier.

— Tu... tu crois qu'il s'agit de la même personne ? demanda Jimin ayant compris la même chose que son collègue.

— C'est signé S.Hr, ça ne peut pas être cinquante personnes, répondit Jungkook.

Plus le tatoué lisait les échanges par mail, plus les choses lui semblaient clair. Il avait une dizaine de questions auxquelles il n'avait pas trouvé de réponse et pour cause, il n'avait pas tous les éléments. Désormais, il avait tout le fin mot de l'histoire et surtout, Harris lui avait menti.

— Amy Harris voulait piéger son mari, fit Jungkook, les mains à plats sur le rebord en bois.

— Si l'on en croit les mails échangés, c'est exact, lança Rose.

— Donc, elle a engagé Shin Ha-ri ? intervint Jimin.

— C'est ça, repris le commanda. Madame Harris engage Shin Ha-ri pour qu'elle séduise son mari en lui promettant une importante sommes d'argent. Elle offre ensuite la boule à neige à son époux afin d'avoir des preuves de son infidélité et ainsi être sûre de gagner le procès. Ha-ri commence à coucher avec Harris, mais si on en croit ce qu'elle écrit, elle souhaite arrêter.

— Donc, elle a engagé les mercenaires pour retrouver la boule à neige ? demanda le médium en fixant les écrans.

— Je pense que oui. Lorsqu'il y a autant d'argent en jeu, les mariages font souvent l'objet d'un contrat. La plupart du temps, il faut un motif pour que la partie qui demande le divorce ait le droit à une part la fortune de l'autre. Cette micro caméra était la seule preuve qu'elle avait de l'infidélité de son mari. Sans cette babiole, tout son plan tombait à l'eau.

De son point de vue, c'était ainsi que Jungkook voyait cette affaire. Une femme plusieurs fois bafouée par les infidélités à répétition son mari qui décide de se venger. Elle engage une femme pour le séduire et se sert de ces images pour lui extirper de l'argent lors de leur divorce. Son plan aurait fonctionné si Oh Jun-hae n'avait pas volé cette boule à neige.

— Vous pensez que Harris à tout découvert et à tué Shin Ha-ri sous la colère ? questionna Jimin.

— Il n'y a qu'une façon de la savoir, lança Jungkook avant de partir d'un pas décidé vers la sortie.

— Où tu vas ? demanda le médium sur ses talons.

— Je déteste qu'on se foute de ma gueule alors, je vais aller rendre une petite visite à William Harris.

Devant le ton colérique de son supérieur, l'inquiétude envahit le corps de Jimin. Jetant un coup d'œil peu rassuré aux deux autres policiers, le nouveau venu quitta la pièce.

— Retourne dans le bureau microbe, ordonna Jungkook.

— Je viens avec toi.

— Retourne dans le putain de bureau, articula le brun en pivotant pour faire face à Jimin.

— Ce n'est pas en ajoutant putain que je vais obéir, tu sais, répliqua le médium. J'ai passé la journée à taper sur un ordinateur, alors laisse-moi venir avec toi, s'il te plaît.

Le tatoué le sonda quelques instants, espérant qu'il ne cède, mais c'était sans compter la ténacité du plus jeune.

— Ok, mais tu restes de l'autre côté du miroir, céda le commandant.

Un sourire fier sur le visage, Jimin hocha la tête, acceptant les conditions de leur marché.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Un café et dix minutes plus tard, les deux colocataires étaient en chemin vers la salle d'interrogatoire numéro deux. Jungkook avait dû attendre que ses collègues aillent chercher William Harris afin qu'il puisse l'interroger. Maintenant que l'homme était installé devant la table en métal, Jungkook pouvait passer à l'action.

— Rentre là-dedans, exigea ce dernier en ouvrant la porte jouxtant la salle d'interrogatoire.

Jimin obéit sans protester et entra dans la pièce. Il s'était déjà retrouvé ici lors de sa première venue au poste de police, le lendemain du meurtre de Bianca. Après avoir refermé la porte derrière lui, le tatoué entra dans la pièce voisine. Son regard se posa immédiatement sur l'homme menotté à quelques pas de lui.

— Qu'est-ce que je fais là ? demanda Harris, le visage miné par la perte de sa femme.

Jungkook tira violemment la chaise en arrière avant de plaquer ses mains sur la surface métallisée.

— Je n'apprécie pas vraiment qu'on se foute de ma gueule alors, on va recommencer.

— D-de quoi vous parlez ? bafouilla le blond.

— Vous saviez que Shin Ha-ri avait été engagé par votre femme ?

William devint blâme en entendant les paroles du brun. Face à cette réaction, Jungkook supposa qu'il avait vu juste et décida de continuer.

— Je vais vous dire ce qui s'est passé, débuta le tatoué en venant s'asseoir sur la chaise libre. Vous avez trompé votre femme tellement de fois qu'elle en a eu marre. Elle voulait demander le divorce, mais savait qu'il lui faudrait des preuves solides si elle voulait gagner et surtout avoir une part de votre fortune. Elle engage donc la victime pour vous séduire et bien-sûr, vous tombez dans le panneau. Je suppose qu'Ha-ri a voulu cesser et vous n'avez pas apprécié cela. Ai-je vu juste monsieur Harris ?

Le visage de Jungkook était dénué d'expression. Les bras croisés contre son corps, il lorgnait l'accusé d'un air dur. De l'autre côté de la vitre sans tain, Jimin observait la scène. Il avait l'impression de remonter le temps jusqu'à ce jour où le meurtrier de son amie avait enfin avoué ses crimes. Le médium savait que les esprits avaient besoin d'entendre cela pour être enfin en paix. Il espérait que toutes les victimes de cette malheureuse affaire puissent enfin s'en aller.

— Alors ? Vous comptez rester muet ? Nous n'avons aucune preuve que c'est votre épouse qui a engagé ces mercenaires, c'est sur votre dos que porteront toutes les accusations. Sept personnes sont mortes, des enfants ont perdu la vie à cause de vous et de vos infidélités. Vous allez prendre perpétuité, à moins que vous parliez.

— D'accord, soupira Harris la tête baissée. Le jour où j'ai... le jour où je l'ai tuée, Ha-ri m'a dit qu'elle voulait qu'on arrête. Je ne comprenais pas sa décision, on... je pensais qu'il y avait plus que le sexe alors, j'ai essayé de la retenir. Je lui ai dit que j'étais prêt à quitter ma femme pour elle et c'est là qu'elle m'a tout avoué. Elle m'a dit qu'Amy l'avait engagée pour que je couche avec elle afin qu'elle puisse demander le divorce et prendre la moitié de ma fortune. J'ai... je me suis senti trahi et j'étais tellement en colère...

La voix de l'ancien PDG mourut dans sa gorge lorsqu'il murmura ses derniers aveux.

— Est-ce que vous savez comment nous pourrions prouver que votre femme a engagé ces tueurs ?

— Je... je ne sais pas. Elle ne m'en a jamais parlé. Même après la mort de Ha-ri, elle n'a jamais évoqué un quelconque divorce.

Le blond se stoppa dans son discord, comme s'il réfléchissait à quelque chose.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Jungkook.

— Amy est devenue étrange après que mon bureau ait été cambrioler.

— Avez vous remarquez quelque chose d'inhabituel ? Des coups de fil ? Des virements d'argent ? Des déplacements ?

— Il y a quelques jours, j'ai remarqué que d'importantes sommes d'argents avaient été virés vers un compte étranger.

Sans rien répondre, Jungkook sortit son téléphone et l'emmena à son oreille. Après deux tonalités, Lian répondit à l'appel.

— Oui ?

— Rends-moi service. Des virements vers l'étranger ont été faits depuis le compte des Harris. Trouve-moi à qui appartient le compte destinataire.

— D'accord, je m'y mets.

— Merci, gratifia le brun avant de raccrocher.

Il glissa son téléphone dans la poche de sa veste avant de se lever et de se diriger vers la sortie.

— Attendez, s'il vous plaît, l'interpella William.

Jungkook se figea, la main sur la poignée, attendant que l'autre homme ne parle.

— M-ma femme, où va-t-elle être enterré ?

— Cela vous intéresse maintenant ? Vous avez bafoué et trahi la seule femme qui vous a jamais aimé. Vous l'avez poussé dans ses derniers retranchements et à cause de vous, sept personnes sont mortes.

— S'il vous plaît, implora l'ancien PDG.

— Si la famille fait la demande, elle sera rapatriée en Angleterre. Si personne ne réclame son corps, elle sera incinérée ici, mais sans famille pour s'occuper des funérailles, elle sera incinérée anonymement et placé dans un columbarium.

— Est-ce que je pourrais contacter ses parents ?

— Vous avez le droit à un coup de fil, utilisez le comme vous le souhaitez, répliqua Jungkook avant de quitter la pièce dans se retourner.

Une fois dans le couloir, le tatoué soupira longuement avant de passer ses mains sur son visage. Il fut attiré par le bruit métallique d'une porte, tournant ainsi la tête vers Jimin qui apparut.

— Est-ce que ça va ? demanda ce dernier, d'un ton doux et prudent.

— Oui, j'ai simplement hâte que cette journée se termine.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Le soleil s'était totalement couché sur la ville lorsque Jungkook et Jimin quittèrent enfin le commissariat. Le reste de la journée s'était passé dans une ambiance du plus pesante. Après quelques heures de recherche, Lian était parvenu à relier madame Harris aux mercenaires grâce au compte en banque, mais malgré cette réussite, le commandant ne parvenait pas à se réjouir de cette réussite. Il savait que le lendemain, il devrait aller voir les parents de Shin Ha-ri pour leur annoncer la mort de fille.

— Tu veux qu'on commande ce soir ? demanda Jimin pendant que l'Audi quittait le parking.

— Non, je vais aller me coucher directement. Je n'ai pas faim, répondit Jungkook sans quitter la route des yeux.

— D'accord, murmura le médium en tournant la tête vers la vitre.

Le tatoué n'était pas un grand bavard, mais aujourd'hui, il l'était encore moins.

— Je peux te poser une question ? fit Jimin, voulant briser le silence pensant qui les entourait.

— Tu viens de le faire.

— Je vais prendre ça pour un oui. Taehyung ne parle jamais de ses parents, ils vivent ici à Busan ?

Jungkook soupira, mais daigna tout de même répondre à cette question. Il savait que celle conversation finirait par aboutir sur sa vie privée, mais s'il ne disait rien, il savait que Jimin ne lâcherait pas.

— Non, ils ont quitté Busan quelques mois après mon départ à l'armée. Le père de Tae a une maladie cardiaque alors, ils ont déménagé loin de la ville pour éviter le stress.

— Où vivent-ils ?

— Je te trouve très curieux microbe.

— Réponds-moi s'il te plaît, implora presque Jimin en voyant que son voisin allait se refermer comme une huitre. On vit ensemble, mais je ne connais rien de vous.

— Est-ce vraiment nécessaire ?

Jungkook sentait le regard du médium sur sa personne devenir plus insistant avant qu'il ne l'entende souffler.

— Laisse tomber, je me fatigue pour rien, soupira ce dernier.

Un mutisme de plomb envahit l'habitacle, rendant l'ambiance lourde et pesante. Le tatoué savait qu'il était la raison de ce malaise, mais avait-il réellement envie de parler de sa vie privé ? Pas vraiment. Cependant, voir que Jimin faisait encore des efforts pour communiquer avec lui-même après tout ce qu'il avait fait, le touchait d'une manière qu'il ne pouvait expliquer. Jungkook était du genre brute de décoffrage et en général, après qu'il ait été dur avec quelqu'un, cette personne se tenait loin de lui.

— Ils vivent à la campagne, en périphérie de la ville, fini par répondre le commandant.

— Donc Tae et toi avait grandi à Busan ? demanda Jimin avec prudence.

— Oui à Nam-Gu.

Le médium comprit que Jungkook ne voulait pas en dire plus, surtout pas sur son passé.

— Merci d'avoir répondu, sourit le plus jeune lorsqu'ils arrivèrent devant leur immeuble.

Le commandant resta silencieux, stationnant son véhicule à sa place habituelle. Ensemble, ils quittèrent la voiture pour rentrer chez eux ou Zeus les attendait avec impatience.

— Commande ce que tu veux, il y a du liquide dans mon portefeuille, lança Jungkook en retirant ses chaussures.

— Tu es sûr que tu ne veux rien ? Je peux faire des ramen si tu veux ? proposa gentiment Jimin

— Non merci microbe, j'ai juste envie de dormir.

— D'accord. Bonne nuit alors, dit le médium en le regardant s'éloigner.

— Toi aussi, répliqua le tatoué sans se retourner.

Dans un long soupir de lassitude, Jimin se laissa tomber sur le canapé avant de sortir son téléphone de sa poche. Le brun tapa rapidement un message à Lilith afin de savoir comment Taehyung et elle allait, puis il verrouilla l'appareil pour venir le poser sur la table basse.

— Bon, ce sera des ramens solo alors, murmura-t-il en se levant.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Un repas copieux plus tard, Jimin quittait la salle de bain de laquelle s'échappait toute la buée de sa douche chaude. Jungkook, lui, était dans sa chambre depuis deux heures maintenant et dormait sûrement à poings fermés. Dans le calme, le brun poussa la porte de sa chambre et entra dans la pièce avant de se figer.

Ses yeux noirs se posèrent sur ce garçon assis en tailleur sur son lit. Yoongi le fixait avec un regard désolé. Depuis leur dispute, les deux amis ne s'étaient pas réconciliés et cette situation commençait à peser sur leur moral. Ces deux là se connaissaient depuis leur enfance et c'était la première fois qu'ils se disputaient aussi violemment.

Salut, commença le mentholé avec prudence.

— Salut, répondit Jimin en refermant la porte derrière lui.

L'ambiance était malaisante entre eux, comme deux étrangers qui venaient de se rencontrer et qui ne savaient pas quoi se dire.

Est-ce qu'on peut discuter ? tenta Yoongi.

Jimin hocha timidement la tête en refermant la porte derrière lui.

Félicitation pour le procès, commença le fantôme.

— T-tu étais là ? s'étonna le brun.

Oui je... je voulais être là au cas où... enfin, tu sais, au cas où tu aies besoin de moi.

Jimin ne put retenir un léger sourire attendri.

— Merci, murmura le médium en venant s'asseoir en tailleur sur le lit.

Les deux amis étaient face à face et se regardaient dans les yeux. De longues minutes de silence passèrent avant que Yoongi ne trouve le courage de prendre la parole.

Tu me manques Min.

— Tu me manques aussi, répondit Jimin d'un ton feutré.

Je suis désolé de m'être comporté comme un con. Je... je ne sais pas ce qui m'arrive. J'ai l'impression que plus le temps passe, plus j'ai la sensation d'être constamment en colère et ça me bouffe. C'est encore pire depuis que j'ai été enfermé là-bas.

— Tu veux me raconter ?

Je n'ai même pas les mots pour décrire cet endroit, soupira le mentholé, sentant son angoisse grimper d'un cran.

— Dit le moi comme ça te vient, l'encouragea Jimin en s'approchant de lui.

Le plus jeune savait qu'il ne pourrait plus jamais toucher son meilleur ami, mais s'il pouvait au moins l'apaiser par sa présence.

Après que tu m'aies expulsé, c'est comme si j'avais été privé de toute ma force. Je me suis réveillé dans un endroit sombre et froid. I-il n'y avait rien. Partout où je regardais, il n'y avait que l'obscurité et le néant. J'étais terrifié à l'idée de rester là-bas pour toujours, puis le temps est passé et j'ai retrouvé mes forces. J'ai réussi à revenir, mais tu ne me voyais pas. Peu importe à quel point je criais, tu ne m'entendais pas. Je crois que j'ai été jaloux de te voir évoluer et heureux avec ces deux flics. Ça n'a fait qu'augmenter ma colère.

Jimin écoutait attentivement ce que lui disait le fantôme. Il savait que Yoongi n'était pas un garçon qui parlait facilement de ce qu'il ressentait et qu'actuellement, montrer ce côté fragile devait lui demander énormément d'effort.

J'ai cru que tu n'avais plus besoin de moi, que tu m'avais oublié, termina le mentholé dans un murmure, les yeux baissés.

— Je ne t'ai jamais oublié, je n'ai jamais cessé de te chercher, mais j'avais beau t'appeler, tu n'étais pas là. Je ne maîtrise pas encore ce don ou peu importe ce que c'est, tout ce que je sais, c'est qu'après ta disparition, c'était le silence total, plus aucun fantômes, enfin, jusqu'à ce que je ne voie cette famille. C'est comme si...

Le brun fit une pause, cherchant les mots juste pour expliquer ce qu'il avait ressenti.

— C'est comme une station radio qu'on avait éteint. Je ne recevais plus aucun signal.

Nous sommes deux idiots, chuchota Yoongi.

— Nous ? répéta Jimin, un léger sourire sur le visage.

Je suis un idiot. J'ai tiré des conclusions hâtives et je me suis laissé emporté par ma colère, reformula le mentholé.

Cette fois, un rire sincère quitta les lèvres du médium avant qu'il ne retrouve son sérieux, le visage plus soulagé qu'à son arrivée dans la pièce.

Tout est ok entre nous maintenant ? voulut s'assurer Yoongi.

En guise de réponse, Jimin hocha simplement la tête, un sourire affectueux sur les lèvres. Les deux amis restèrent silencieux durant de longues minutes, profitant juste de la paix qui était revenue entre eux.

Alors, tu es devenu flic ? fit le mentholé pour relancer la conversation.

— Consultant, précisa le médium. C'est moins classe, gloussa-t-il.

Ça te plait ?

— Hum, disons que j'ai l'impression de me sentir utile pour une fois, mais le plus important, c'est que je vais avoir accès à leur dossier, ce qui veut dire...

Ce qui veut dire qu'on va savoir qui a enquêté sur ma mort, termina le fantôme.

— Exactement. J'attends simplement que les choses se calment et j'irai faire un tour dans les archives. Pendant ton absence, j'avais déjà fouillé la base de donnée, mais ton dossier n'existait pas.

Comment ça ? demanda Yoongi confus.

— J'ai tapé ton nom et la date de ta mort dans la barre de recherche, mais il n'y avait rien sur le serveur. C'était comme si tu n'étais jamais mort, expliqua Jimin en haussant les épaules.

Tu veux dire que l'affaire a été bouclée ou classée sans suite ?

— Si c'était le cas, il aurait dû se trouver dans les archives, mais là non, il n'y avait rien.

Je suis à ce point insignifiant pour qu'on ne prenne même pas le temps de trouver qui m'a tué, soupira le mentholé en se laissant tomber en arrière sur le matelas.

— Peut-être que l'affaire est trop ancienne, c'est pour cela que je veux aller fouiller dans les archives du commissariat. Là-bas, j'espère trouver ton dossier papier. Avec un peu de chance, je saurais qui était chargé de l'enquête et on pourra aller lui parler.

Un sourire apparu sur les lèvres du fantôme alors qu'il se releva.

— Pourquoi tu souris ? demanda Jimin confus.

Tu as dit "on".

Les joues du médium se teintèrent légèrement et il ressentit une plénitude l'envahir.

— Oui, on ira. Ensemble. On va trouver celui qui t'a fait ça et on va le faire payer.

La détermination dans la voix de Jimin était déconcertante pour Yoongi. Il s'était bien rendu compte que son meilleur ami avait changé depuis qu'ils avaient quitté l'asile et dans le fond, c'était une bonne chose. Il avait simplement peur qu'il n'ait plus besoin de lui.

Rassurés, les deux garçons s'installèrent dans le lit, allongé sur le flanc, face à face, le médium se laissa aller dans les bras de Morphée, apaisé par la présence du fantôme qui ne l'avait jamais quitté.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Huit jours s'étaient écoulés depuis que Taehyung avait été admis à l'hôpital. Des jours durant lesquels Jimin et Jungkook avaient dû apprendre à vivre ensemble sans s'entretuer. Contre toute attente, tout s'était bien passé. Bien sûr, le commandant était toujours fidèle à lui-même et parfois des disputes éclataient entre eux, mais ils essayaient toujours de trouver un arrangement qui convenait aux deux.

L'enquête sur la famille Chong avait été bouclée quelques jours après l'arrestation de monsieur Harris, mais cette victoire avait un goût amer. Malgré le travail acharné des équipes de plongeurs, le corps de Shin Ha-ri n'avait jamais été retrouvé. Jungkook était allé voir les parents de la jeune femme. Il avait évité de donner des détails sur la façon dont leur fille avait été assassinée, mais désormais, ils pouvaient faire le deuil de leur enfant.

Le jour où Harris avait été jugé coupable et condamné à trente ans de prison, Jimin était enfin parvenu à contacter la jeune femme. Cette dernière était apparue et le médium eut la certitude que c'était elle, la voix qu'il avait entendue au hangar.

Durant cette première semaine de travail, Jimin avait passé le plus clair de son temps dans les bureaux du QG. Il avait aidé Jungkook à rattraper son retard sur le travail administratif, et avait également proposer son aide à Lian et Rose. Le médium tentait d'éviter tout contact avec les autres membres de la section criminel, préférant même manger seul ou sur le toit.

Après une hospitalisation qui lui parut interminable, Taehyung rentrait enfin chez lui. Ayant passé tout le séjour à ses côtés, Lilith avait été celle qui l'avait ramené à l'appartement.

— Donne-moi ton sac, ordonna gentiment la psychiatre.

— C'est bon bébé, je peux encore porter mon sac, refusa Taehyung en claquant la portière de la voiture.

— Le médecin a dit pas d'effort physique, alors donne-moi ce sac.

Levant les yeux au ciel, le lieutenant de police obéit avant de glisser sa main libre dans celle de sa fiancée, entrelaçant leurs doigts.

— Jungkook est encore à la maison, remarqua la jeune femme en voyant l'Audi garé à sa place habituelle.

— Bizarre. Je me demande s'il était de garde hier soir.

Main dans la main, le couple entra dans le bâtiment. Par habitude, Taehyung ouvrit leur boite aux lettres et prit le courrier qui devait y trainer depuis quelques jours déjà. Après avoir longé le couloir, le châtain tapa le code confidentiel sur le petit boitier et poussa la porte d'entrée. Dans l'appartement, le calme était maître des lieux.

— Jungkook ? appela une voix depuis le couloir.

Le lieutenant n'eu aucun mal à reconnaitre la voix douce de Jimin avant d'entendre des pas sur le parquet.

— Non, c'est moi, répondit Taehyung en retirant ses chaussures.

Lilith sur ses talons, le châtain avança dans la pièce pour se retrouver dans la salle à manger et de voir leur cadet qui arrivait à leur hauteur. Ce dernier semblait encore endormi. Sa mine fatiguée et ses yeux cernés témoignaient de son manque de sommeil.

— Je ne savais pas que tu rentrais aujourd'hui, marmonna Jimin en frottant paresseusement ses yeux mi-clos.

Son visage était légèrement bouffi et ses cheveux désordonnés lui donnaient un air encore plus attendrissant et adorable.

— J'avais prévenu Jungkook par message hier soir.

— Oh. On était au poste toute la nuit, il n'a peut-être pas vu, expliqua le médium avant de bâiller. Je suis heureux que tu sois rentré.

— Moi aussi, je suis content d'être là, répondit Taehyung avec un sourire. Où est grincheux ?

— Il dort encore, je crois.

— Je suis désolé de t'avoir réveillé, retourne te coucher si tu veux.

— Non, je vais rester avec toi. Je n'arriverai pas à me rendormir de toute façon.

— Je vous fais un café ? proposa Lilith.

— Avec plaisir, répondit Jimin. Je reviens, je vais prendre une douche pour me réveiller.

— D'accord, gloussa Taehyung entraînant sa fiancée avec lui.

Trente minutes plus tard, Jimin réapparut dans la cuisine, vêtu d'un t-shirt beige et d'un jean noir slim noir. Il semblait beaucoup plus réveillé, mais ses traits étaient toujours autant tirés par la fatigue.

— Ça va mieux ? demanda Lilith.

La jolie brune vint déposer une tasse de café devant le médium qui s'installa sur l'un des tabourets. Elle amena également la brique de lait ainsi que le caramel dont le plus jeune raffolait tant.

— Qu'est-ce que tu vas faire aujourd'hui ? questionna Taehyung à l'attention du plus jeune.

— Hier, Jungkook a parlé d'une réunion, mais je n'ai pas vraiment tout compris.

— Oh, c'est la réunion mensuelle. C'est pour faire le point sur les affaires en cours de la crim.

— Ça veut dire que tout le monde sera présent ? demanda Jimin en prenant le toast que Lilith venait de lui faire.

— Oui, enfin ceux de l'unité, mais tu les connais déjà.

— Super, murmura le médium dans un soupir. Je suis obligé d'y aller ?

— Hum, tu fais partie de la section criminelle, alors normalement oui. Pourquoi ? Tu ne veux pas y aller ?

Jimin haussa les épaules, détournant le regard. Face à cette réaction, Taehyung comprit tout de suite que quelque chose s'était passé. Il jeta un rapide coup d'œil à sa fiancée qui hocha la tête, comprenant sa demande silencieuse de les laisser seuls.

— Je vais poser tes affaires bébé, annonça cette dernière.

— Merci poussin.

La brune lui offrit un sourire en déposant un baiser chaste sur ses lèvres, puis tourna les talons pour se diriger vers la chambre.

— Bon, je t'écoute, dit moi ce qui s'est passé, fit le châtain lorsque sa fiancée disparut de leur champ de vision.

— Rien, pourquoi ?

— Jimin, je te connais maintenant. Je vois bien qu'il y a quelque chose alors, vas-y je t'écoute. C'est Jungkook ? Il a encore agi comme un con ?

— Non ! s'empressa de répondre le médium. Non, je te jure, il n'a rien fait !

— Alors qu'est-ce qui s'est passé ?

Jimin soupira longuement, ses mains entourant sa tasse qu'il fixait comme si elle était la chose la plus intéressante de la pièce.

— Hé, parle-moi.

— Je n'ai pas envie de me retrouver face à Byul ou Seo-joon.

— Seo-joon se comporte parfois comme un idiot, mais Byul ? Il s'est passé quelque chose ?

— Le jour où tu as été admis à l'hôpital, j'ai entendu des voix qui provenaient de la salle de pause. Lian était présent, mais c'est Seo-joon et Byul qui parlaient.

— Qu'est-ce qu'ils disaient ? demanda Taehyung.

Le lieutenant commençait à avoir peur de ce qu'il allait entendre. Il connaissait ses collègues, il savait à quel point ils pouvaient être des imbéciles lorsqu'ils s'y mettaient.

— Ils euh... ils parlaient de moi, murmura Jimin. Seo-joon disait qu'il ne comprenait pas comment j'avais pu avoir ce poste et que la seule raison pour laquelle j'avais été engagé était parce que je cite " Jungkook m'était passé dessus".

En formulant ses dernières paroles, le médium format des guillemets avec ses doigts, le regard fuyant de honte. Taehyung qui écoutait attentivement son ami, sentit la colère l'envahir, mais il savait bien qu'il n'était pas au bout de ses surprises.

— D'accord, fit le lieutenant calme en tentant de dissimuler son animosité. Et Byul ?

— Laisse tomber Tae, je-

— Qu'est-ce que Byul a fait Jimin ? insista le châtain d'un ton plus dur.

Le médium frémit avant de déglutir. Il savait que lorsqu'il expliquerait à son ami ce qui s'était passé, ce dernier réagirait, et sûrement pas de la meilleure des façons.

— Quand je suis arrivé au poste, je suis allé prendre une douche et j'ai entendu du bruit dans la pièce...

— Ne me dis pas que...

— Si, chuchota le plus jeune sans le regarder.

— Qu'est-ce qu'il a dit exactement, exigea Taehyung.

— Il a dit qu'il était passé aux douches lorsque j'y étais et qu'il m'avait vu nu. Il a dit que j'avais " un cul à avoir un accident de voiture " et qu'il voudrait... enfin, tu vois.

Plus Jimin racontait ce qui s'était passé, plus le lieutenant de police était en colère.

— Où était Jungkook ?

— Avec moi.

— Il n'est pas intervenu ? s'étonna le châtain.

— Je ne suis même pas sûr qu'il ait entendu. On était dans le couloir, mais Tae, s'il te plaît, ne fais rien. Ils... ils ne m'aiment pas, si en plus de ça, ils se font réprimander par ma faute, ce sera encore pire. Je... ce n'est pas grave vraiment.

— Si c'est grave Jimin, c'est très grave même. Ce que Byul a fait est premièrement dégoutant et deuxième illégal. Le voyeurisme est puni par la loi.

— Je ne veux pas-

Jimin fut interrompu par l'ouverture d'une porte qui provenait du couloir. Les deux amis tournèrent la tête vers le bruit pour voir Jungkook quitter sa chambre avec Zeus sur ses talons. 

Ce dernier était encore dans le gaz du sommeil qu'il venait de quitter. Vêtu seulement d'un bas de pyjama gris qui lui tombait parfaitement sur les hanches, le brun avançait vers la cuisine, les cheveux en pagaille et les yeux mi-clos.

— Salut, grommela Jungkook, en se dirigeant directement vers la cafetière.

— Salut, répondirent les deux amis qui étaient de l'autre côté de l'îlot.

Bien qu'il tentait de détourner le regard, les yeux de Jimin étaient suspendus au dos musclé du tatoué qui venait de se servir un café.

— Ça va ? demanda Taehyung.

— Je suis explosé, répondit le commandant. Je sens que la journée va être longue.

— Comment ça se fait que tu étais de garde hier ?

— Rose devait aller voir ses parents, elle m'a demandé si je pouvais la remplacer, expliqua Jungkook en regardant autour de lui avait d'ajouter. J'ai la dalle, ajouta ce dernier.

— Tiens, intervint Jimin en tendant son assiette qui contenait un toast qu'il n'avait pas mangé.

— Merci microbe, gratifia le tatoué en prenant une bouchée du pain.

— Je vais aller me préparer, lança le médium en se levant.

Il décrocha enfin le regard de son aîné et alla poser sa tasse dans le lave-vaisselle avant de disparaitre, laissant les deux policiers seuls.

— Alors, qu'est-ce qui s'est passé en mon absence ? demanda Taehyung, un but bien précis en tête.

— La routine, répondit Jungkook d'un air détaché.

— Vraiment ? J'ai entendu dire que Seo-joon et Byul avaient tenu des propos très déplacés sur Jimin. Tu étais au courant ? interrogea le lieutenant d'un ton plus autoritaire.

Tandis qu'il amenait sa tasse à ses lèvres, le commandant se stoppa, surpris par le ton dur de son ami. Pourquoi avait-il l'impression que ce dernier allait le réprimander ?

— Oui, j'étais au courant, répliqua le tatoué encore dans le brouillard.

— Tu es intervenu, j'espère ?

— Tae, je t'adore, mais je n'apprécie pas du tout le ton autoritaire que tu es en train d'employer en ce moment, s'agaça Jungkook les sourcils froncés. Je viens de me lever alors ne commence pas à me les briser.

— Et moi, je suis en train de te parler d'un de tes subordonnés qui va mater Jimin sous la douche à son insu. Alors réponds à ma question ! Es-tu intervenu ?

Jungkook haussa les sourcils. Il n'était pas du matin et à cet instant précis, cette conversation sonnait à ses oreilles comme une attaque et il détestait cela.

— Oui Taehyung, je suis intervenu ! Par contre, je te le dis une dernière fois, arrête de me parler sur ce ton.

— Si tu es intervenu, pourquoi ces deux enfoirés ne sont pas à la circulation. Qu'est-ce que Lim en pense ? questionna le châtain, ignorant la menace de son meilleur ami.

— Lim n'est pas au courant, avoua Jungkook en tentant de rester calme.

— Je te demande pardon ? Il doit être au courant de ce genre de comportement ! C'est-

— Ok, puisque tu continues de me parler comme si c'était moi l'enfoiré de l'histoire, je vais te répondre sur le même ton, le coupa froidement Jungkook en posant violemment sa tasse sur le plan de travail. Je suis le commandant de cette unité alors, je gère mes subordonnés comme je l'entends ! Je n'ai pas besoin que tu viennes me dire comment faire mon travail. Je suis intervenu, j'ai fait ce que j'avais à faire donc détends-toi, ton petit protégé ne craint rien !

Le ton de sa voix était implacable et glacial, mais Taehyung n'était pas intimidé. Il avait l'habitude de faire face à cet aspect de son meilleur ami alors, sans ciller, il continua de le fixer. Irrité par cet échange, Jungkook soupira avec l'intention de quitter la pièce. Lorsqu'il arriva sous l'arche qui menait au salon, le brun se stoppa et pivota vers le châtain qui le regardait déjà. Il avait besoin que son ami comprenne que sa réaction l'avait blessé.

— Je sais que je ne me suis pas toujours bien comporté avec lui, mais je ne suis pas un connard. Tu sais mieux que quiconque que je déteste ce genre d'agissement et que je suis le premier à mettre un point d'honneur sur le consentement et le respect. Parfois, j'ai vraiment l'impression que tu ne me connais pas, lâcha Jungkook, montrant ainsi sa déception. Sinon, je suis ravi que tu sois rentré.

Sur ces dernières paroles débordantes de sarcasme, le brun tourna les talons et disparut dans sa chambre. Ayant entendu la dispute entre les deux amis, Lilith apparut, la mine grave et Taehyung comprit.

— Je sais, soupira le châtain.

— Si tu le sais, pourquoi tu t'es comporté comme ça ? demanda la psychiatre avec douceur. Tu connais Jungkook. Tu sais bien que le meilleur moyen de le braquer c'est de l'attaquer de front. En plus, cette fois, tu n'avais aucune raison de t'en prendre à lui. Jimin est en sécurité avec lui, il te l'a prouvé à plusieurs reprises.

Taehyung se sentit subitement stupide et coupable. Il s'était laissé emporter par ses émotions sans pouvoir se contrôler. Lorsqu'il avait appris ce qu'il s'était passé, il n'avait pas pu s'empêcher d'imaginer ce que le plus jeune avait dû ressentir. Jimin était quelqu'un de réservé et de timide et savoir que des individus qui ne le connaissaient pas pouvaient penser de telle chose sur sa personne, lui était insupportable.

— Tu devrais aller t'excuser, fit de nouveau Lilith en dégageant une mèche bouclée du front de son amant.

— Pourquoi je ferai ça, il ne s'excuse jamais après s'être mal comporté.

— Peut-être, mais il fait des efforts.

— Fait chier, grogna le lieutenant en se levant.

— Profites-en pour lui où on va demain.

— Oui oui, soupira Taehyung résigné.

D'un pas lourd, le policier alla jusqu'à la chambre de son meilleur ami. Laissant un soupir d'encouragement le quitter, il toqua doucement à la porte avant d'entendre une voix grave qui lui donna l'autorisation d'entrer.

— Qu'est-ce que tu veux ? lança Jungkook pendant qu'il attachait le bouton de son jean.

— M'excuser, répondit Taehyung.

— Laisse tomber, on sait tous les deux que c'est Lilith qui t'a forcé, répliqua le tatoué ayant entendu la conversation entre les deux amants.

— C'est vrai, mais elle avait raison. Je suis désolé de m'en être pris à toi, mais ce genre de comportement est inadmissible. Ils ne peuvent pas tenir de tels propos, que ce soit en parlant de Jimin ou d'une autre personne. Ce sont des flics, ils sont censés donner l'exemple.

— Je le sais et j'ai fait le nécessaire, mais je ne supporte pas que tu viennes m'agresser sans aucune raison. Jimin lui-même ne sait pas ce qui s'est passé dans cette salle de pause, alors comment toi, tu pourrais savoir.

— Tu as raison, j'ai eu tort, abdiqua Taehyung. Mais je continue de penser que Lim devrait être au courant.

— Je le mettrai au courant si je juge que c'est nécessaire. Pour le moment, je gère mes hommes et je te demande de me faire confiance.

— D'accord, céda le lieutenant.

Jungkook hocha la tête, satisfait de cet échange. Il vint ensuite prendre un de ses t-shirts noir et l'enfila.

— Jimin ne veut pas aller au poste, annonça le châtain.

— Il n'est pas obligé de venir aujourd'hui, rétorqua le tatouer.

— Tu devrais lui dire, il sera plus soulagé.

— Je le ferais, mais à un moment, il faudra bien qu'il les confronte.

— Laisse-lui du temps.

Jungkook haussa simplement les épaules en venant enfiler son holster de cuisse. Il y plaça son arme de services puis se tourna de nouveau vers Taehyung qui se trouvait toujours près de la porte.

— Vous allez faire quoi aujourd'hui ? demanda Jungkook.

— Ma valise.

— Ta valise ? répéta le commandant.

— Oui, maman a appelé. J'ai été obligé de lui dire ce qui s'était passé.

— Je suppose qu'elle a paniqué, gloussa le tatoué.

— Tu la connais. Elle m'a ordonné d'aller chez eux quelques jours, si je refusais, elle a menacé de venir vivre ici jusqu'à ce que je sois rétabli, ricana Taehyung.

— Vous partez quand ? demanda le brun en quitta la chambre avec Taehyung sur ses talons.

— Demain matin. Lilith a posé une semaine de congés, indiqua le lieutenant. Maman a demandé si tu venais. Ça fait un moment qu'ils ne t'ont pas vu.

— Oui, je sais. Je passerai les voir bientôt, promis. Dis-leur que je les embrasse.

— Je le ferais, mais tu leurs manques.

— Ils me manquent aussi, avoua le commandant avant de toquer à la porte de Jimin.

— J'arrive ! cria ce dernier.

La porte fut subitement ouverte par le médium qui enfilait une veste en jean.

— Je vais juste me brosser les dents et on pourra y aller, annonça le plus jeune en marchant vers la salle de bain.

— Tu peux rester ici aujourd'hui si tu veux.

Le médium se figea avant de pivoter vers les deux hommes qui se trouvaient dans le couloir. Il posa son regard sur Taehyung et comprit. Ce dernier avait parlé à Jungkook de ce qui s'était passé au poste. Cela expliquerait pourquoi le tatoué agissait ainsi.

— Non, je viens, assura Jimin.

Le commandant fut étonné par sa détermination. Il était persuadé qu'il sauterait sur l'occasion pour rester loin de Seo-joon et Byul, pourtant, les traits du plus jeune ne montraient que de l'assurance.

— D'accord, fit Jungkook, un sourire dans le coin des lèvres. On part dans dix minutes.

Jimin hocha la tête avant de refermer la porte de la salle de bain derrière lui. Il n'était pas ravi de revoir ces deux hommes qui ne le voyaient que comme un morceau de viande, mais il se devait de rester professionnel.