Chapitre 105
L'annonce de Jimin était tombée comme un coup de tonnerre. Même s'il connaissait la vérité, Jungkook fut touché par la peine qu'il voyait dans ses yeux. Yoongi était la personne que son amant avait le plus aimée dans sa vie, à tel point que sa disparition avait détruit une part de lui et à présent, il savait que son propre père était mêlé à tout cela. Comment pouvait-il se relever après ça ?
Ce fut Taehyung qui brisa la stupeur de chaque personne présente dans le salon. D'un pas lent, presque hésitant, il se leva et traversa la pièce pour se poster juste devant son cadet.
— Min, murmura-t-il.
Quand leurs yeux se trouvèrent, le lieutenant de police combla le peu d'espace qui les séparait et l'attira à lui. Leur étreinte était bien plus pudique que toutes celles qu'ils avaient échangées et le plus vieux savait pourquoi. Ses actes manqués de la veille continuaient de le tourmenter. Il craignait encore que son ami lui en veuille et le repousse, cependant, quand il sentit ses bras fins entourer sa taille, tous ses doutes s'envolèrent.
Un ange passa avant que les deux hommes ne se séparent. Ce fut ensuite Lian qui vint enlacer le médium, puis Rose et Namjoon.
Une fois ce moment de tendresse fini, l'ambiance pesante qui s'était évanouie quelques secondes plus tôt fut de retour.
Assis sur l'une des chaises, Jungkook n'avait pas quitté son amant du regard. Lorsque leurs prunelles se rencontrèrent, ce dernier marcha jusqu'à lui et prit place sur ses genoux. Avec tendresse, le brun glissa sa main sous son pull et caressa son dos.
— Je... je ne m'attends pas à ce que vous compreniez ce que je vais vous raconter et je ne vous demande pas non plus de me croire, mais vous... vous êtes mes amis, ma famille, et si je ne raconte pas ce que j'ai vu, je crois que je vais devenir fou.
Ça y est. Après tout ce temps de mutisme, Jimin se sentait enfin prêt à parler. Ce qu'il avait vu durant cette projection était désormais en lui. Il ne pourra plus jamais oublier ces images, toutefois, il savait que raconter tout ça aux personnes en qui il avait confiance aiderait. Tout ça était trop lourd à porter pour lui.
— On t'écoute , l'encouragea Rose.
— Vas-y, murmura Jungkook en déposant un baiser contre son épaule.
Toujours en manque du contact de son amant, Jimin prit sa main libre et entrelaça leurs doigts, se blottissant encore un peu plus contre lui. Avant de se lancer dans un monologue, il prit une grande inspiration puis se jeta à l'eau.
— Si vous ne savez pas ce qu'est une projection de l'esprit, il s'agit d'un voyage dans les souvenirs d'une personne décédée. C'est ce que j'ai fait et ça a sûrement été la pire expérience de ma vie, déclara-t-il en reniflant faiblement. Je... je me suis retrouvé dans le corps de Yoongi quelques minutes avant sa mort. J'étais dans un lit vide, dans un hôtel luxueux. Je... j'ai vu un homme, c'était un de ses clients et celui qui a commandité son assassinat. Après avoir quitté le lit, je me suis retrouvé dans une salle de bain et c'est là que j'ai entendu des voix. Une autre personne a débarqué dans la chambre. Les deux hommes se tutoyaient et si j'en crois la familiarité avec laquelle ils s'adressaient l'un à l'autre, ils étaient amis. La voix du visiteur me semblait familière et maintenant, je sais pourquoi, c'était mon père.
— Tu as vu son visage ? questionna Taehyung.
— Oui, mais même sans ça, j'aurais reconnu la voix de cet enfoiré, répliqua Jimin avec dégoût. Pendant que j'étais dans la salle de bain, j'ai entendu leur conversation. Ils étaient en train de planifier l'assassinat d'un homme, Heo Joon... Joon... Je ne me souviens pas de la suite.
— Heo Joon-ho ? demanda Lian.
— Oui, c'est ça.
— Heo Joon-ho était l'ancien premier ministre. Il est mort il y a presque huit ans ici à Busan, lors d'une visite avec le président, expliqua Rose, la mine confuse.
— C'est mon père qui l'a fait assassiner, annonça Jimin en baissant les yeux. Apparemment, cet homme avait des informations compromettantes sur lui et ses magouilles. Il devait également faire chanter Dae-kun, car c'est lui qui a donné l'ordre. Il a dit qu'il voulait prendre sa place.
Un silence oppressant s'installa dans le salon. Toutes les personnes qui s'y trouvaient étaient touchées face à la peine et l'embarras de leur ami. Jimin n'avait rien fait. Il n'était pas responsable des actes de son géniteur, cependant, la culpabilité qu'un enfant ressentait face aux horreurs de son propre sang était commune.
— Ils ont dû penser que Yoongi avait tout entendu, supposa Taehyung.
— C'est le cas. Quand il a compris ce qu'ils prévoyaient de faire, Yoongi a paniqué et la porte de la salle de bain s'est refermée brusquement. Après ça, Murphy est venu nous chercher.
— Murphy ? interrogea Rose, perdue.
— Murphy est l'homme qui m'a poignardé quand j'ai été enlevé, précisa Jimin.
— Oh, souffla la rouquine.
— Après ça, il m'a raccompagné jusqu'à la sortie et c'est là que je les ai vus. Yoongi a levé la tête vers le miroir, ça n'a duré qu'une fraction de seconde, mais je les ai vus. Mon père nous regardait, je suis presque sûr qu'il a reconnu Yoongi, mais il n'a rien fait. Puis j'ai croisé son regard. Au début, je ne savais pas qui c'était, puis je me suis rappelé.
Jimin s'interrompit et pivota le haut de son corps vers son amant, captant son attention.
— Tu te souviens de la soirée d'anniversaire de Ha-rin ?
— Oui ? répondit le brun, les sourcils froncés.
— C'est là que je l'ai vu pour la première fois. Tu discutais avec eux et quand je suis allé te voir pour qu'on rentre, il m'a fixé. Je... je me suis senti mal à l'aise, oppressé par sa présence, et maintenant, je sais pourquoi. J'ignore comment, mais mon instinct a senti qu'il était dangereux.
Les souvenirs de cette soirée défilèrent dans l'esprit du commandant. Il se rappela chaque mot échangé avec cet homme infâme et le dégoût qu'il ressentait tordit ses entrailles.
— Que s'était-il passé après ? questionna Namjoon.
— Yoongi a quitté la chambre. On a marché quelques mètres jusqu'à arriver dans une ruelle puis il... il a sorti son téléphone et a rédigé un message qui m'était adressé. On a entendu du bruit derrière nous, et
Le coup de feu résonna dans l'esprit du médium qui ferma les yeux tandis que chaque muscle de son corps se crispa. En sentant cela, Jungkook resserra sa prise autour de lui et déposa un baiser sur sa tempe.
— Eh, tout va bien, murmura le commandant, son nez contre sa joue.
Une seule larme ruissela sur la pommette avant de s'écraser sur sa cuisse dénudée.
— Il... il n'a pas eu le temps de... de m'envoyer ce message. Il n'a même pas compris ce qui allait lui arriver.
En sentant son corps trembler contre le sien, Jungkook l'enlaça plus fermement, faisant fi des regards qui étaient rivés sur eux.
— Eh, regarde-moi, ordonna-t-il d'une voix douce.
Malgré les sanglots qui traversaient son corps, Jimin obéit. Il plongea au plus profond de l'âme de son aîné et y vit toute l'affection qu'il avait pour lui. À cet instant, plus rien ne comptait. Le médium oublia leur dispute, ainsi que tous leurs désaccords. Il n'y avait rien de plus important que leur amour.
— On va arrêter là pour aujourd'hui, décida le commandant sans lâcher son compagnon qui se calmait peu à peu. Maintenant, vous savez à qui nous avons affaire. Je vais arrêter cet enfoiré. Grâce à Namjoon, je crois que j'ai ce qu'il faut pour convaincre Lim de rouvrir l'enquête. J'aimerais que mon équipe soit avec moi, mais encore une fois, je ne vous en voudrai pas si vous décidez de partir.
Les concernés fixaient le couple, puis se regardèrent à tour de rôle. Après toutes ces années à travailler ensemble, ils n'avaient pas besoin de parler pour savoir qu'ils avaient tous pris la même décision.
— On l'arrêtera ensemble, assura Lian.
— Comme une famille, ajouta Taehyung, avec un sourire confiant.
Jimin renifla profondément et essuya son visage avec la manche de son sweat. Il prit une grande inspiration pour reprendre le contrôle de ses émotions, puis expira longuement. D'une voix tremblante, il remercia ses amis pour leur loyauté infaillible, puis vint le moment des adieux. Le lendemain, Lilith et Rose prendront l'avion pour la Suisse, et aucun d'eux ne savait quand elles reviendraient. Le blond ne regrettait qu'une chose, ne pas pouvoir dire au revoir à son amie qui était absente ce soir.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Le départ du petit groupe d'amis avait de nouveau plongé l'appartement dans un silence de mort. Après s'être douché, Jimin s'était glissé dans ses draps sans même prendre le temps de dîner.
Jungkook, quant à lui, avait tourné en rond un long moment avant de ressentir le besoin vital de prendre l'air. Il annonça donc son départ à son cadet et prit Zeus avec lui, mais ce qui ne devait durer que quelques minutes se transforma en une heure.
Quand le commandant revint à l'appartement avec son animal, il fut surpris de trouver Jimin dans la cuisine, face à la plaque de cuisson.
— Salut, fit le brun en reposant le harnais de son animal.
— Salut, répondit le médium. Est-ce que tu as faim ?
— Oui merci, mais j'aurais pu le faire.
— Ça va, le rassura Jimin, un sourire sans joie sur le visage. Est-ce que tu veux un œuf avec tes nouilles ?
— Si tu en fais un pour toi, oui.
Le blond hocha simplement la tête et s'attela au reste de la préparation de leur dîner.
Ces moments passés seul sous ses draps avaient permis à Jimin de réfléchir. La douleur dans sa poitrine persistait, elle grandissait à chaque seconde, mais après s'être lamenté, il décida de transformer cette peine en force. Si jusqu'à aujourd'hui, sa détermination fut sans faille, désormais, il ne vivra plus que pour sa vengeance.
Le dîner se déroula dans le calme. Le couple échangea quelques banalités, puis ensemble, ils allèrent se coucher. Tandis que Jungkook discutait avec son frère par message de l'état de son amant et du départ de Lilith, Jimin, lui, était simplement allongé sur le flanc, dos à lui. Il fixait le mur devant lui, murmurant les paroles de cette chanson qu'il avait pour habitude d'écouter en boucle avec Yoongi.
Quand la fatigue se fit sentir, le commandant posa son téléphone et s'allongea à son tour. Sur le dos, il tourna la tête vers son cadet qui n'avait pas bougé d'un pouce, mais qui était à présent totalement silencieux. S'était-il endormi ?
Désireux de sentir son corps contre le sien, Jungkook se tourna sur le flanc et s'approcha de lui, jusqu'à entrer en contact avec son dos. Avec prudence, il entoura sa taille de son bras tatoué, et le ramena contre son torse. Le blond se laissa manipuler, puis un long soupir d'aise le quitta lorsque le parfum boisé de son aîné chatouilla ses narines.
— Comment tu te sens ? questionna Jungkook, même s'il connaissait la réponse.
— Je suis en colère. J'ai envie de le tuer. Je veux lui faire mal autant qu'il nous a blessé.
— On va l'avoir microbe, je te le promets, assura le brun en le serrant un peu plus contre lui.
— Je veux qu'ils sachent que je sais ce qu'ils ont fait et que je vais venir pour eux. Je veux que ces hommes aient peur comme Yoongi a eu peur avant d'être tué. Je vais devenir leur pire cauchemar.
La détermination, mais surtout la rage présente dans la voix de Jimin fit frissonner son amant. Ce dernier connaissait son envie de vengeance, cependant, jamais, il n'avait ressenti une telle froideur, une telle indifférence quant à la vie humaine. Le médium ne voulait plus seulement rendre justice à son meilleur ami, il voulait les détruire, mais cette envie n'était qu'un poison déguisé en délivrance. Au bout du chemin, il ne trouverait rien d'autre que la souffrance et le deuil d'un être qu'il devra faire.
— Je sais et on va le devenir. Je te promets, on arrêtera ces ordures. Je comprends ta soif de justice et de vengeance, mais après tout ce qui s'est passé, toutes ces frayeurs qu'on a vécues, j'ai besoin de savoir que tu ne te mettras plus en danger et qu'on fera les choses ensemble.
Dans ses bras, le médium pivota et planta son regard sombre dans celui de son amant. Il l'observa de longues secondes et y vit la tristesse et l'angoisse que celui-ci avait ressenties. Il la comprenait et s'en voulait tellement de lui avoir infligé tout ça.
— Je suis désolé, murmura-t-il. Tu as raison, j'ai été égoïste. J'ai pensé à ma vengeance avant de penser à nous et je me déteste pour ça. Pardonne-moi d'être si invivable et odieux par moment. Je sais que j'ai déjà fait des promesses que je n'ai pas tenues, mais ce qui s'est passé m'a fait prendre conscience que je ne voulais pas mourir. Je ne veux pas te perdre ou être loin de toi, alors je te jure sur ma vie que je ne ferai plus rien qui me mettra en danger.
Jungkook sentit sa gorge se nouer face au regard brillant de regrets et de culpabilité de son petit ami. Ces paroles, il voulait y croire, car cette fois, il avait la sensation que tout était vrai. Il voyait la sincérité dans ces yeux qu'il aimait tant et cela lui suffisait.
N'ayant aucune confiance en sa propre voix, le commandant approcha son visage de celui de son cadet et vint à la rencontre de ses lèvres.
— J'aurais aussi dû être à tes côtés. J'ai été lâche et j'ai laissé mon égo gagner. Tu n'es pas le seul à avoir merdé, lui sourit Jungkook. On a encore tellement à apprendre, mais je veux qu'on le fasse ensemble sans se déchirer.
— Je le veux aussi.
De nouveau sur la même longueur d'onde, le couple s'offrit un baiser lent, rempli de douceur et de promesse. Désormais, ils devaient affronter l'épreuve la plus dangereuse de leur vie et ils savaient qu'ils n'en sortiraient vainqueurs qu'en le faisait ensemble, main dans la main.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Lundi matin, Jimin avait insisté pour prendre son poste. Encore tourmenté par les événements de son week-end, il restait le plus souvent silencieux, enfermé dans sa bulle. Durant la majeure partie de la journée, il était resté dans le bureau, tapant machinalement les rapports d'enquêtes de ses collègues. Il avait également reçu un appel de Julian qui souhaitait prendre de ses nouvelles. Cette attention l'avait touché, cependant leur conversation ne s'était pas éternisée.
À la pause déjeuner, le médium et ses amis s'étaient retrouvés dans la salle de pause. Rose manquait à l'appel. Lilith et elle avaient pris l'avion en milieu de matinée pour la suisse où elles seraient accueillies par un compagnon de l'armée de Jungkook. Ce dernier lui avait garanti un coin tranquille pour leurs amies, où elles pourraient être en sécurité jusqu'à ce que le calme soit revenu à Busan.
En fin d'après-midi, alors que Taehyung et leur commandant furent appelés sur une scène de crime, Jimin décida de descendre à la salle de sport où Lian ne tarda pas à le rejoindre. Ensemble, les deux hommes firent travailler leur endurance avant de monter sur le ring.
Durant leur combat, le jeune médium laissa échapper toute sa colère. Chaque coup porté était plus fort que le précédent et si son adversaire comprenait son état, il ne se laissait pas faire pour autant. Leur entraînement dura plus de deux heures et ce fut Lian qui mit fin à celui-ci, au grand dam de son ami qui ressentait encore le besoin de se défouler.
Une fois débarrassés de toute trace de sueur, les deux amis retournèrent au QG de la criminelle où ils retrouvèrent Jungkook et son frère qui étaient revenus. Les trois policiers échangèrent rapidement sur l'enquête en cours, puis, le commandant déclara que leur journée était terminée. Seuls sans leur compagne, Taehyung et Lian avaient fini par passer la soirée chez leur commandant.
Les quatre garçons avaient commandé des pizzas et autres snacks qu'ils avaient dévorés devant un match de football. Peu friand de ce genre de programme télévisé, Jimin se contenta de rester auprès de son petit ami. Assis sur le canapé à ses côtés, près de l'accoudoir, il avait passé ses jambes sur les siennes et jouait distraitement avec ses doigts qui caressaient tendrement sa cuisse. Pendant que ses amis s'emportaient et râlaient contre les joueurs, lui discutait avec Su-hyun et son frère.
— Ça va microbe ? murmura Jungkook en déposant un baiser sur sa tempe.
— Hm, je commence à fatiguer.
— Va te reposer, proposa le commandant d'une voix basse.
— Non, je veux rester avec toi. Je... j'ai pas envie de dormir seul.
Leur conversation fut interrompue par la sonnerie du téléphone de Taehyung. Ce dernier s'excusa auprès de ses amis, puis se leva et prit l'appel. Ce fut celui de Lian qui sonna ensuite, indiquant l'arrivée d'un message. Il le saisit et avisa qui venait de le contacter. En voyant un sourire chaleureux prendre vie sur ses lèvres, le couple comprit rapidement qui était l'expéditeur de ce message.
— C'est Rose. Elles viennent d'arriver à l'escale. Le prochain avion décolle dans quatre heures, annonça-t-il.
— Une fois à Genève, elles auront encore trois bonnes heures de route avant d'arriver à destination, expliqua Jungkook.
Cette information attira l'attention de Jimin qui releva la tête de son téléphone. Maintenant que ses amies étaient en sécurité, qu'est-ce qui les empêchait de contre-attaquer ?
— Maintenant qu'elles sont parties, on va pouvoir passer aux choses sérieuses ? demanda le plus jeune.
— Oui, mais il ne faut pas qu'on fonce tête baissée, répondit Jungkook.
— On sait qui est derrière tout ça, il faut qu'on frappe fort tant qu'ils ne s'y attendent pas.
— Non Jimin, c'est ta colère qui parle, intervint Lian. Avec ce genre de personne, nous devons être plus prudents et avoir un dossier en béton si on veut réellement les faire tomber. Ils ont du pouvoir et peuvent corrompre n'importe qui.
— Alors quoi ? On va rester là à attendre qu'ils fassent une erreur ? répliqua le médium.
— Ou alors, on les force à avouer, lança Taehyung qui venait de terminer son coup de fil.
Son intervention attira l'attention des trois hommes qui étaient toujours sur le canapé. Intrigué, Jungkook suivit son frère du regard tandis que ce dernier venait s'installer à ses côtés.
— À quoi tu penses ?
— Peu importe les preuves que vous avez amassées, elles ont toutes été obtenues de manière illégale. N'importe quel avocat, même le plus nul, les rendra inutilisables devant un jury. Le seul moyen pour qu'on les coince, c'est qu'ils avouent leurs crimes, expliqua le lieutenant.
— Ça n'arrivera jamais, soupira Jimin en s'enfonçant dans le sofa.
— Sauf s'ils pensent avoir le dessus.
Les trois hommes regardaient leur aîné avec une mine interrogative. Comment voulait-il faire cela ?
— Il faudrait qu'on en sache un peu plus sur eux, sur leur vie et leurs habitudes.
— Une filature ? supposa Jungkook.
— Oui. Aux dernières nouvelles, Dae-kun vit à Séoul. Il faut qu'on en apprenne plus sur lui.
— Bah allons-y, qu'est-ce qu'on attend ? lança Jimin en se levant. Ce n'est pas en restant ici à discuter qu'on va avancer.
— Non, toi, tu ne vas nulle part, déclara Jungkook.
Le médium porta son attention sur son amant, les sourcils froncés et la mine confuse.
— Tu plaisantes ?
— Non, je suis très sérieux, confirma le policier, d'une voix blanche. Je te connais, quand tu vas te retrouver face à ce type, tu vas voir rouge et on sait tous les deux comment ça va finir. La filature, c'est une question de discrétion, donc c'est moi qui vais le faire.
— Eh puis quoi encore ? répliqua le plus jeune. Tu crois que je vais rester sagement ici à attendre pendant que vous serez en train de faire tout le boulot ?
— C'est exactement ce que tu vas faire. J'ai besoin que tu restes ici avec Zeus, et Tae sera à la tête de l'unité.
— C'est n'importe quoi ! objecta Jimin, sentant la frustration l'envahir.
Ses trois aînés le fixaient, les yeux ronds, mais personne ne répliqua. À présent, il le connaissait suffisamment pour savoir que cela ne servait à rien de discuter lorsqu'il était dans cet état. Le mieux à faire était de le laisser se calmer avant d'avoir une conversation avec lui, et ça, c'était la mission de son petit ami.
Le couple était en plein duel de regard et après tant de mois de colocation, s'il y avait bien une chose que Taehyung savait, c'était qu'il valait mieux ne pas être dans les parages lorsqu'ils se disputaient.
— Nous, on va y aller, lança-t-il en tirant sur la manche de Lian.
— Mais le match n'est pas fini, répliqua le grand brun, à mille lieues de comprendre le sous-entendu de son ami.
— Si on y va, je te dis, grommela le lieutenant, les yeux écarquillés.
Cette fois, Lian comprit et sa bouche s'ouvrit dans un cercle parfait.
— Oh oui. On... on avait ce truc à faire, bredouilla le grand brun en se levant à son tour.
— Merci pour la soirée, c'était cool. On s'appelle pour... enfin quand vous... Bref, on s'appelle, bafouilla Taehyung.
Lian, quant à lui, salua rapidement le couple avant de rejoindre son collègue qui se trouvait déjà dans le hall d'entrée. Sans attendre une seule réponse de leurs hôtes, les deux policiers quittèrent l'appartement afin d'échapper à la colère de Jimin qui n'allait pas tarder à éclater.
— Tu crois que Jungkook va réussir à le convaincre ? questionna Lian.
— Honnêtement ? Je n'en ai aucune idée, soupira Taehyung. Jimin est une vraie tête de mule, mais j'ose espérer que sa récente expérience avec la mort lui aura servi de leçon.
Le brun hocha simplement la tête, priant pour que son aîné ait raison. Sans rien ajouter, ils montèrent à bord du véhicule du lieutenant qui démarra et quitta enfin le parking de la résidence.
✺✺✺
Dans l'appartement, l'ambiance était tout autre. Peu enclin à une énième dispute, Jungkook s'était levé du canapé et s'attelait à débarrasser les boites de pizzas vides et les bouteilles de bière, sous le regard noir de son amant.
— Ça ne sert à rien de me regarder comme ça. J'ai pris ma décision.
— Eh donc, je n'ai pas mon mot à dire ? râla le concerné en venant le rejoindre dans la cuisine.
— Non. Tu veux obtenir justice ? Je t'aiderai à le faire, mais ce sera à ma manière.
— C'est dégueulasse. Pourquoi je dois rester à l'écart ?
— Parce que tu ne sais pas te contrôler. Je dois te rappeler ce qui s'est passé quand tu t'es retrouvé face à Seok-min ?
Les souvenirs du jour où il avait rencontré cet énergumène lui revinrent en mémoire et une mine de dégout prit vie sur son visage. Agacé, mais surtout honteux, il tourna la tête sur le côté, fuyant le regard perçant de son petit ami qui le dévisageait. L'expression douce et compatissante qu'il arborait ne faisait qu'accroître l'énervement de Jimin qui prenait cela pour de la pitié.
— Arrête de me regarder comme ça !
— Comme quoi ? répondit Jungkook d'une voix calme.
— Comme si j'étais une chose fragile. Je déteste ça et je n'ai pas besoin de ta pitié, cingla-t-il.
Surpris par le ton dur de sa voix, le commandant haussa les sourcils avant de les froncer de mécontentement.
— Non, c'est toi qui vas cesser ce petit jeu immédiatement, répliqua le tatoué sur le même ton en s'approchant de lui. C'est de la pitié que tu crois voir dans mes yeux ? Tu me connais donc si mal que ça ? Je n'ai jamais eu pitié de toi et c'est pas maintenant que je vais commencer.
— Alors qu'est-ce que c'est ?
D'un pas lent, le brun fit reculer son amant jusqu'à ce qu'il ne touche l'îlot. Il posa ensuite ses bras de part et d'autre de son corps, l'emprisonnant entre le meuble et son torse. Avant de prendre la parole, Jungkook dégagea une mèche de cheveux décolorée qui était prisonnière de ses longs cils, puis releva son menton pour croiser son regard.
— Fais taire ta colère et regarde-moi bien dans les yeux. Je peux te promettre que tu n'y verras rien d'autre que de l'amour, reprit Jungkook d'une voix plus basse.
Apaisé par la douceur de ses paroles, Jimin se sentit stupide d'avoir réagi de la sorte. Ses iris ancrés dans ceux de son amant, il vit sa vision devenir plus trouble jusqu'à ce qu'une première larme ne roule sur sa joue.
— Je sais que tu es en colère, mais rappelle-toi ce qu'on s'est dit hier. On doit être plus unis que jamais. Je t'ai perdu une fois. Tu... tu es mort dans mes bras et je ne veux plus jamais que cela se produise. Tu dois me faire confiance et me laisser faire les choses à ma façon. Je t'ai promis que je t'aiderai à venger Yoongi, alors je le ferai. D'accord ?
Le médium, pendu au regard de son aîné, écoutait ses paroles et cette fois, il les entendait réellement. Jungkook avait raison, la colère le manipulait. Elle le rendait hargneux, imprévisible et détestable, et il détestait cela. Il n'était pas comme ça et ne souhaitait pas le devenir. Cet homme face à lui ne méritait pas un tel traitement, mais comment contenir ce volcan de rage qui était en éruption ? Comment l'empêcher de tout ravager ?
— Je n'arrive pas à gérer tout ça. J'ai l'impression de me noyer dans cette rage qui me consume, murmura-t-il la tête baissée.
— Je sais, répondit le brun sur le même ton.
Avec tendresse, Jungkook passa une main sur sa nuque et l'attira à lui dans une étreinte réconfortante. Ils restèrent ainsi de longues minutes, puis main dans la main, ils décidèrent d'aller se coucher. Une fois dans leur lit, Jimin se blottit contre son amant, quémandant des caresses qu'il lui donna sans hésiter.
— Combien de temps, tu partiras ?
— Une semaine, peut-être un peu plus. Tout dépendra des informations que j'aurai amassées, lui répondit Jungkook en traçant des lignes irrégulières contre la peau brûlante de son dos.
— Je n'ai pas envie que tu partes seul. Imagine qu'il t'arrive quelque chose.
— Ça va aller, j'ai l'habitude.
— Laisse-moi venir, je te promets de bien me tenir, tenta le plus jeune, en faisant ressortir sa lèvre inférieure.
En voyant cela, le commandant se mit à rire, faisant trembler le corps de son amant qui était contre lui.
— Même toi, tu sais que tu ne tiendras pas en place. Je te promets que ça va aller.
Pestant dans sa barbe, Jimin enfouit son visage dans son cou et huma son odeur boisée.
— Pourquoi tu ne prends pas Lian avec toi ? proposa-t-il d'une voix basse.
— Je verrai le moment venu. Avant ça, je vais devoir convaincre Lim de rouvrir le dossier et de me laisser aller sur le terrain. Sans ça, rien de ce qu'on pourra découvrir ne sera valable devant un juge.
Jimin soupira longuement en resserrant encore plus son étreinte autour de son buste. L'idée d'être séparé de lui alors qu'il avait tant besoin de sa présence, l'angoissait énormément. Malgré cette réticence, il tenta de faire taire ces voix dans sa tête et décida de lui faire confiance.
— Promets-moi de me revenir en un seul morceau, implora-t-il en levant la tête vers lui.
— Je te le promets.
Le couple scella cette promesse par un baiser doux et délicat. Encore réticent, le médium expira longuement pour calmer les battements de son cœur, puis l'embrassa de nouveau, plus chastement cette fois. L'ambiance entre eux devint subitement plus agréable et rassurante, accompagnant ainsi les deux amants jusqu'à ce qu'ils sombrent dans un sommeil profond.
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Le reste de la semaine passa à grande vitesse. Comme convenu, Jungkook avait longuement discuté avec le capitaine de la police. Au cours de leur entretien, le commandant lui avait présenté toutes les preuves qu'ils avaient amassées, mais comme il le pensait, rien de tout cela n'était valable aux yeux de la loi. Lim lui imposa alors une condition. S'il voulait rouvrir l'enquête, ils devraient trouver des preuves solides, et surtout, les obtenir de façon légale.
Le chef de la police lui avait donc donné l'autorisation de mettre en place une filature, tout en lui communiquant les conditions pour que celle-ci soit recevable par le tribunal. Jungkook accepta la mission et décida de prendre avec lui un homme qui lui serait d'une grande aide pour le plan qu'il avait en tête.
Taehyung se retrouva ainsi à la tête de l'unité qui, en une semaine, avait perdu temporairement deux membres. Le châtain savait que les prochains jours ne seraient pas de tout repos. La charge de travail venait de doubler, mais il était prêt à prouver qu'il serait capable de gérer tout cela.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Les premiers rayons de soleil commençaient à peine à caresser le ciel de Busan, tandis que dans l'appartement en bord de mer, Jungkook se préparait déjà pour son voyage. Assis en tailleur sur le lit défait par leur doux ébat de la nuit, Jimin observait son amant qui fourrait négligemment ses vêtements dans un sac de voyage. Le silence entre eux n'avait rien d'agréable. Chacun redoutait les minutes à venir, car les adieux seraient inévitables.
Même s'il était conscient que tout ceci était nécessaire, le cœur du médium refusait de voir son bien-aimé partir. Il voulait le garder tout près de lui, en sécurité dans ses bras.
— Ok, je crois que j'ai toutes mes affaires, annonça Jungkook en refermant sa valise.
Septique quant à la véracité de cette affirmation, Jimin regardait autour de lui quand son regard se posa sur un câble blanc qui pendait de leur table de chevet. Sans se lever, il s'étira pour l'atteindre et le tendit à son amant.
— N'oublie pas ton chargeur de téléphone, fit le plus jeune. Sans quoi tu ne pourras pas me donner de tes nouvelles et tu peux être sûr que je débarque l'arme au poing.
Jungkook pouffa de rire en récupérant le fil et le rangea dans la poche latérale de son sac en cuir. Malgré l'humour présent dans la voix de son cadet, le brun comprit qu'il se servait de cela pour cacher son angoisse. Désireux de le rassurer, il s'approcha du lit et s'y installa.
— Eh, je te promets de t'appeler tous les jours, fit-il d'une voix douce en caressa sa joue.
— Je te jure que si tu loupes un seul appel, je prends le premier train pour Séoul, répliqua Jimin ses prunelles ancrées dans celles de son vis-à-vis. Je ne plaisante pas.
— Je sais microbe, mais tout ira bien. On va passer la majeure partie de notre temps dans un van à bouffer des chips et à prendre des photos. Crois-moi, il n'y a rien de dangereux dans cette mission.
Jungkook tentait comme il pouvait de rassurer son petit ami, mais aucun de ses arguments ne pourrait l'apaiser. Bien que craintif quant à la suite des évènements, Jimin grimpa sur les genoux de son aîné et vint à la rencontre de sa bouche dans un baiser profond, presque désespéré. Le manque qu'il allait ressentir ne serait rien comparé à l'inquiétude qui le rongerait, car malgré la promesse de son amant, rien ne pouvait lui garantir qu'il lui reviendrait.
Leur baiser fut abrégé par une sonnerie de téléphone. Sachant pertinemment qui venait de le joindre, le commandant rompit le contact et saisit l'appareil qui était sur le matelas près de lui.
— C'est Namjoon. Je dois aller le chercher, annonça-t-il.
— La la la la, je n'ai rien entendu, répliqua Jimin en plongeant son visage dans le cou de son compagnon.
Il resserra immédiatement sa prise autour de son buste et inspira une dernière fois son parfum.
— Allez beauté, je dois y aller, chuchota Jungkook en caressant son dos.
— Tu n'es vraiment pas obligé, tu sais.
Un rire profond quitta la gorge du brun qui, malgré le corps de son cadet collé au sien, se leva. Voulant éviter qu'il ne tombe, il passa son bras gauche sous ses fesses tandis que l'autre saisit son sac. Comme s'il ne pesait rien, Jungkook quitta ainsi la chambre pour rejoindre le hall.
— Microbe, tu dois me lâcher maintenant.
À contre-cœur, Jimin descendit enfin de ses bras et l'observa pendant que celui-ci chaussait ses rangers. Il se saisit ensuite d'une casquette noire et de son manteau puis ouvrit la porte. Zeus vint immédiatement lui faire ses adieux tandis que le médium attendait son tour, le cœur au bord des lèvres.
Quand il eut enfin l'attention de son petit ami, le blond l'enlaça et vint à la rencontre de ses lèvres. Cette fois, leur baiser fut plus court, mais tout aussi intense.
— Je ne pars qu'une semaine, lui sourit Jungkook. Tu verras, ça va passer vite.
— Hm, si tu le dis.
— Allez, j'y vais. Je t'aime.
— Je t'aime aussi grincheux. Sois prudent, murmura Jimin en lui offrant un baiser chaste.
Le tatoué acquiesça puis quitta l'appartement sans se retourner.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Le trajet jusqu'à Séoul se faisait dans le plus grand des silences. Jungkook restait concentré sur la route, essayant de pas penser à son amant qu'il avait laissé à Busan. Namjoon lui, était à l'arrière du véhicule et s'appliquait à tout mettre en place pour leur arrivée.
— Dis, on peut s'arrêter pour pisser ? demanda-t-il en se penchant entre les deux sièges.
— Sérieux ? Ça ne fait même pas trois heures qu'on a quitté Busan, soupira le conducteur.
— Je sais, mais j'ai bu trop de café et j'ai une petite vessie, se justifia le hacker en venant s'installer sur le siège passager.
— Fait chier. Comment un mec aussi grand peut avoir la vessie d'une souris ? Même Jimin tient plus longtemps que toi et il fait un mètre soixante-dix.
Avant de répondre, le grand brun mit sa ceinture de sécurité et reprit son ordinateur portable qu'il déposa sur ses cuisses.
— Je peux aussi pisser dans une bouteille en plastique si tu veux ? proposa Namjoon, un rictus arrogant sur les lèvres. Mais ne te plains pas si j'en mets partout, les goulots de bouteille sont un peu trop étroits, si tu vois ce que je veux dire.
— C'est bon, j'ai compris, répliqua Jungkook avec dégout. Merci pour l'image.
Satisfait, le hacker sourit de toutes ses dents parfaitement blanches et reporta son attention sur l'écran de son ordinateur. Il se passa un long moment durant lequel, seul la musique rock emplissait le fourgon. Jungkook n'était pas bavard, mais son voisin l'était encore moins, ce qui promettait un séjour des plus calmes.
— Bon, j'ai piraté les vidéos de surveillance du distributeur qui se trouve face à l'immeuble dans lequel travaille Dae-kun, annonça finalement Namjoon. Il est arrivé sur place il y a une vingtaine de minutes et devine quoi ?
Le tatoué s'apprêtait à répliquer qu'il n'en savait rien lorsqu'il fut devancé par son passager qui n'attendait visiblement pas à une réponse de sa part.
— Notre ami Bradley Murphy était avec lui.
— Ça ne m'étonne pas, ce fils de pute doit être un de ses gardes, grommela le commandant en mettant son clignotant pour quitter l'autoroute.
— Oui, eh bien, je tiens à te dire que cet homme est mieux gardé que le président lui-même. Ça ne va pas être facile de l'approcher.
— Ça tombe bien, ce n'est pas le but de cette mission.
— Ah bon ? Pourquoi je suis là alors ?
— Parce que tu t'y connais en informatique. Sauf en cas d'urgence, tu ne bougeras pas de ce fourgon.
— Tss, génial, soupira Namjoon, une moue boudeuse sur les lèvres. Moi qui pensais que j'allais vivre une aventure trépignante comme dans les films d'action, voilà que je me retrouve coincé ici avec toi.
— Je peux toujours te mettre une balle si c'est le manque de danger qui te chatouille le cul, proposa Jungkook en prenant enfin la sortie vers la station service.
Le hacker le dévisagea une seconde avant de pouffer de rire, entraînant son voisin avec lui. Ces deux hommes étaient comme chien et chat, mais ils ne pouvaient plus nier qu'à force de se côtoyer, ils avaient appris à s'apprécier. Namjoon avait prouvé sa loyauté à de nombreuses reprises et Jungkook, lui, avait confirmé qu'il n'était pas comme tous ces policiers qui lui avaient mené la vie dure par le passé. Toutefois, ces deux gaillards ne l'avoueraient jamais.
— Allez, va pisser, lança le tatoué en coupant le contact.
— Ok, je te ramène un café ?
— Oui, merci.
Namjoon acquiesça et quitta le véhicule, laissant son compagnon de voyage seul avec la voix de Bon Jovi et ses pensées. Confortablement installé contre l'appui-tête, Jungkook fixait un couple qui venait de sortir de leur véhicule. L'homme claqua sa portière puis ouvrit celle de l'arrière, laissant ainsi sortir un petit garçon. Ce dernier tenait dans ses bras une peluche rose qui projeta les pensées du commandant vers son petit ami. Est-ce qu'il allait bien ? Était-il au travail ce matin ? Avait-il mangé ? Toutes ces questions passaient en boucle dans son esprit tandis que le manque de son parfum serrait son cœur.
Au même moment, son téléphone qui était accroché au support prévu à cet effet, se mit à sonner, indiquant un appel entrant. Quand il vit le nom de son interlocuteur, Jungkook s'empressa d'accepter l'appel vidéo.
— Salut grincheux, fit Jimin avec un petit signe de la main.
— Salut microbe.
— Est-ce que tout va bien ?
— Oui. On s'est arrêté à une station service. Namjoon a une vessie encore plus petite que la tienne.
Le rire du médium résonna dans l'habitacle, remplissant le cœur de Jungkook d'une chaleur agréable. Ce simple son lui manquait déjà. Comment allait-il tenir une semaine entière ? Après ce qui était arrivé lors de la projection, le brun peinait à laisser son amant seul. Il voulait l'avoir avec lui constamment, s'assurant qu'il allait bien.
— Ça fait du bien d'entendre ton rire, confessa le tatoué sans quitter son visage séraphique du regard.
— Tu me manques aussi, souffla son interlocuteur.
Au même moment, la porte du bureau dans lequel Jimin se trouvait s'ouvrit et Taehyung apparut à l'écran. Ce dernier mit une fraction de seconde à comprendre que son cadet était en ligne, mais quand il vit le visage de son frère, un sourire prit vie sur ses lèvres.
— Salut petit frère. Où est Nam ? Tu l'as déjà balancé du fourgon ?
— Non, gloussa Jungkook. Il est allé aux toilettes.
— Ok, comment se passe la route ?
— Pas mal d'embouteillages, mais ça va. Et vous, comment ça se passe au bureau ?
— Ça va. Je viens d'envoyer Lian et Chul sur une affaire. On a retrouvé un corps dans les toilettes du casino, raconta le lieutenant.
Jungkook hocha simplement la tête, ne sachant pas réellement quoi dire. Tout ce qu'il voulait faire à cet instant était de continuer à regarder le visage de son petit ami qui ne le quittait pas les yeux. À travers le téléphone, les deux hommes se communiquaient leur amour, et Taehyung remarqua cela.
— Bon, je te laisse Kook, fit-il avec un sourire amusé. Fais attention sur la route. Préviens-nous quand tu es arrivé.
— Ok, à plus, répondit le désigné.
Le châtain déposa un dossier sur son bureau, puis quitta la pièce, laissant le couple à nouveau en tête à tête.
— Tae va s'installer à l'appartement durant ton absence, annonça Jimin.
— D'accord, je suis rassuré que tu ne sois pas seul.
— Su-hyun m'a appelé tout à l'heure, raconta le médium pour faire la conversation. Elle voulait venir passer quelques jours avec nous, mais j'ai refusé. Je ne suis pas vraiment de bonne compagnie en ce moment.
— Tu aurais dû accepter. Ça te ferait du bien de penser à autre chose.
— Hm, je me voyais mal accepter alors que tu n'es pas là.
La moue présente sur le visage de son petit ami arracha un sourire à Jungkook. Tandis qu'il s'apprêtait à répondre, la porte du fourgon s'ouvrit d'un coup, le faisant sursauter. Par réflexe, le commandant sortit son arme qui se trouvait dans son holster entre les deux sièges, et la pointa sur l'homme qui venait de le surprendre.
— Eh John McClane, baisse ton arme.
— Putain, tu veux te faire descendre ! pesta le tatoué en fusillant son compagnon de voyage du regard.
— C'est fou cette manie que tu as de vouloir tirer sur tout le monde ! Tu devrais essayer le yoga, ça pourrait t'aider à te détendre. répliqua Namjoon en montant à bord du véhicule. Moi qui t'ai acheté un café avec tant d'amour, je suis accueilli avec le canon d'un Beretta.
— Ne le prends pas personnellement Nam, je travaille encore sur sa sociabilisation, plaisanta Jimin depuis le téléphone.
Jungkook roula des yeux tout en prenant le gobelet que le hacker lui tendait, mais ne put retenir un sourire. Surpris d'entendre la voix de son ami, Namjoon se pencha vers le portable, voyant enfin le garçon à la chevelure dorée. Les deux amis échangèrent quelques banalités, puis le commandant décida de mettre fin à cet échange. Il leur restait encore la moitié du chemin à parcourir alors s'ils voulaient arriver avant la nuit, ils devaient se mettre en route rapidement.
— Microbe, je vais devoir raccrocher, annonça-t-il.
Le sourire de Jimin disparut instantanément, laissant place à une mine plus peinée. Cette vision comprima le cœur du brun, mais il n'avait pas le choix.
— Ok, souffla-t-il. Sois prudent sur la route. Tu me dis quand vous êtes arrivé ?
— Je t'enverrai un message, c'est promis.
— D'accord. Je t'aime grincheux.
— Je t'aime aussi.
Même s'il était à l'aise avec le fait d'exprimer son amour pour son compagnon, Jungkook pouvait sentir le regard de Namjoon sur sa personne et malgré lui, il sentit ses oreilles se réchauffer d'embarras.
— À plus Nam, je te confie mon homme. Veille sur lui, lança le médium.
— C'est promis.
En le saluant une dernière fois d'un geste de la main, le tatoué raccrocha. Son cœur serré dans sa cage thoracique lui hurlait de rentrer à la maison, mais au lieu de l'écouter, il mit le contact et enclencha la première vitesse pour enfin quitter cette station service. À ses côtés, Namjoon continuait de le regarder, un sourire taquin sur les lèvres.
— Si tu fais un seul commentaire ou une blague sur ce que tu as entendu, je te balance du fourgon en marche. Compris ?
— Oh, je n'ai rien dit grincheux, le taquina Namjoon, usant volontairement de ce surnom qu'il trouvait risible et adorable.
— Vas-y, je vais te-
Jungkook saisit la petite bouteille d'eau vide qui se trouvait entre eux et frappa le bras de son voisin. Ce dernier riait à gorge déployée tout en se collant à la portière, évitant ainsi les attaques qui lui étaient destinées. Les rires du hacker emplissaient le véhicule, contaminant malgré lui son vis-à-vis qui se sentait bien plus léger.
⊱⋅ ──────────── ⋅⊰
Le reste du voyage fut plus rapide qu'ils ne le pensaient. En arrivant à la capitale, Jungkook alla directement se stationner sur leur point d'observation. Si Namjoon avait vu juste, Dae-kun était dans son bureau à ce moment même.
— Comment tu comptes obtenir des infos ? demanda le hacker.
— Je n'en sais rien, soupira Jungkook en s'enfonçant dans son siège. Il faudrait qu'on trouve le moyen de le faire parler de Yoongi pour que j'aie enfin la preuve qu'il est lié à cette affaire. Sans ça, mon capitaine refusera d'ouvrir l'enquête.
— Et Murphy ? Tu l'as vu quand il a poignardé Jimin. Ça ne suffit pas comme preuve ? demanda Namjoon.
— Malheureusement non. Ils ont le directeur de la police sous le coude. Ce fils de pute a clôturé l'enquête concernant le kidnapping de Jimin, expliqua le tatoué sans quitter du regard, l'entrée du building.
— Dans ce cas, peut-être qu'on devrait le suivre aussi.
— C'est prévu. On ne va pas les quitter d'une semelle. Il faut qu'on trouve quelque chose pour les incriminer, peu importe ce que c'est.
— Très bien, c'est toi le boss, souffla le hacker en s'enfonçant dans son siège. Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
— Pour le moment rien, on attend et on observe.
— Génial, ça va être long, se plaignit le plus vieux des deux hommes.
— Oh oui, c'est pour ça qu'on va avoir besoin de caféine, lança Jungkook en retirant sa ceinture de sécurité. J'ai vu une épicerie au coin de la rue. Je vais nous chercher de quoi manger.
Namjoon acquiesça sans rien dire, tandis que son voisin prit la casquette noire qu'il avait ramenée, ainsi qu'un masque chirurgical de la même couleur, puis quitta le fourgon. Les mains dans les poches de sa veste, tout aussi sombre que le reste de sa tenue, le commandant traversa le parking et se dirigea d'un pas rapide vers l'épicerie.
Jungkook détestait cette ville. Tout ce qui le ramenait ici n'était que mauvais souvenir et violence, cependant, il tenta du mieux qu'il put de faire abstraction de ça et se concentra sur sa tâche. Il avait besoin de preuves et pour cela, il allait devoir trouver moyen de s'introduire dans le bureau de Yoon Dae-kun.
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