La pause déjeuner fut des plus endiablées pour les deux hommes. Une fois leur plaisir satisfait, ils retournèrent ensemble au commissariat où leurs collègues avaient déjà repris leur poste. En passant la porte, ils tombèrent sur Rose qui quittait son bureau. L'attention de la jeune femme se posa sur Jimin, puis voyagea sur son ancien amant. En les observant, un sourire taquin naquit sur ses lèvres, réveillant une confusion notable chez le couple.

— J'ai un truc sur le visage ? demanda Jungkook, les sourcils froncés.

— Non, non, rassure-toi, répondit Rose sans perdre son espièglerie. Mais en vous regardant, je suppose que votre déjeuner a été... pimenté.

Les yeux du médium s'écarquillèrent quand il entendit le sous-entendu de son amie. Comment avait-elle compris ce qu'il avait fait ? Est-ce qu'il était débraillé ? Non, il avait pris soin de se rhabiller correctement.

— Q-quoi ? bafouilla le médium en sentant son visage prendre feu.

— Oh, tu m'as bien comprise.

La jolie rousse se mit à rire, puis s'approcha de Jimin. Avec tendresse, elle dégagea une de ses mèches de cheveux et approcha son visage de son oreille.

— Ce sont tes joues rouges et tes lèvres gonflées qui te trahissent, petit cœur, murmura-t-elle d'une voix douce. Vous êtes beaucoup trop mignons.

Assistant à toute la scène, Jungkook vit l'embarras sur les traits de son petit ami. Il décida alors de mettre fin à cette conversation.

— C'est bon Rose, on a compris. Tu sais, si tu veux t'amuser avec Lian, libre à toi.

— Hm hm, ne vous en faites pas commandant, la séance de sport est prévue pour ce soir, répliqua Rose en haussant subtilement les sourcils.

Les trois amis se mirent à rire, allégeant l'atmosphère. Leur échange fut écourté par la voix de Lian.

— Jungkook ? appela ce dernier.

— Oui !

— J'ai du nouveau concernant le téléphone de votre victime.

Sans attendre, le tatoué et Jimin partirent en direction de la table tactile où l'inspecteur les attendait. Taehyung ne tarda pas à venir les rejoindre après avoir terminé son déjeuner.

— Qu'est-ce que j'ai loupé ? demanda-t-il.

— Rien, Lian allait nous parler de ce qu'il avait trouvé dans le téléphone de la victime. Et toi ? Tu as quelque chose d'intéressant ? répondit Jungkook.

— Non. J'ai interrogé les parents de la victime et sa petite amie. Ils ne lui connaissaient aucun ennemi. Sa boutique fonctionnait bien, ses clients l'adoraient. Sa vie amoureuse était des plus basiques. En gros, je n'ai rien qui nous aide à avancer.

— La femme parfaite quoi, soupira Jungkook. Bon, vas-y Lian, on t'écoute.

Le concerné hocha la tête et pianota sur le verre tactile avant d'envoyer les divers fichiers et photos sur les trois écrans. Les clichés montraient Hyeri avec la jeune femme qui avait découvert son corps, sur d'autre, elle était avec un petit chien blanc et encore d'autre, un couple de personnes âgé, très certainement ses parents.

— Alors, j'ai fouillé chaque fichier sur ce téléphone, et mis à part ces photos, je n'ai rien trouvé qui puisse expliquer pourquoi on l'a tué. Pas de message suspect, pas de mail, rien. Ensuite, j'ai examiné son journal d'appel et ses contacts que j'ai croisés avec les infos de l'agenda que Jimin a rentré dans le dossier. À part le numéro de sa petite amie et de ses parents, notre victime a appelé un certain Julian Hale soixante-trois fois au cours des quinze derniers jours.

— Soixante-trois fois ? s'étonna Taehyung. C'est qui ce type ? Même ma femme, je ne l'appelle pas autant de fois.

Jungkook pouffa, amusé par l'intervention de son frère, tandis que Jimin ne put retenir un sourire qu'il tenta de dissimuler.

— J'ai fouillé ses réseaux sociaux, mais je n'ai rien trouvé. Ils n'ont jamais partagé de photo ensemble sur Instagram, pas de statut sur Facebook, ni sur Twitter. En fait, ce mec ne laisse aucune trace sur internet.

— Tu as son adresse ? demanda le commandant.

— Évidemment, répondit Lian, un rictus satisfait sur les lèvres en pianotant sur la table tactile. Tu viens de le recevoir par sms.

— Ok, autre chose ?

— Oui, j'ai examiné ses relevés bancaires. Song Hyeri n'était vraiment pas à plaindre.

— Quoi, ce genre de boutique, ça rapporte tant que ça ? s'étonna le tatoué.

— Apparemment, répondit l'inspecteur en haussant les épaules.

— Je suis sûr que ça vient des séances de spiritisme, intervint Jimin, attirant tous les regards sur sa personne.

— Ça coute si cher ces conneries ? demanda Jungkook.

— Oui, d'après son site, chaque séance coûte environ deux cent quarante-cinq mille wons.

— Ça coïncide avec ses relevés bancaires, confirma Lian.

— Ok, bon, Tae et moi, on va aller lui rendre une petite visite, annonça le tatoué. Lian, tu vas chez les derniers clients de la victime. Ce sont les seuls qu'on n'ait pas réussi à joindre. Rose, tu te charges des vidéos de surveillance. Le juge Cho m'a appelé ce matin, le mandat est arrivé dans notre boite mail.

La concernée n'écoutait qu'à demi-mot les consignes de son supérieur. Son regard rivé sur l'une des photos, elle fixait le visage de la victime, la mine interrogative.

— La terre appelle Rose Barnes ! lança Jungkook en claquant des doigts.

— O-oui, désolé. Je...

— Qu'est-ce qu'il y a ? lui demanda Lian d'une voix douce.

— C'est ce visage, il... il ne te dit rien ?

Le grand brun se tourna vers le cliché et l'observa quelques secondes avant de reporter son regard sur sa petite amie.

— Non, désolé. Pourquoi, il devrait ?

— Je n'en sais rien, j'ai l'impression de l'avoir déjà vu, mais je n'arrive pas à savoir où.

Une moue contrariée sur les lèvres, la rouquine secoua légèrement la tête pour se remettre les idées en place et pivota vers ses trois amis qui la fixaient. Jimin lui offrit un sourire rassurant qu'elle lui rendit, puis elle porta son attention sur son supérieur.

— Je m'occupe des vidéos surveillance, accepta cette dernière.

— Parfait, on se retrouve plus tard pour partager nos infos, lança Jungkook, en frappant futilement le rebord en bois de la table.

Tous les agents hochèrent la tête sauf Jimin qui fronça les sourcils, confus. Tout le monde avait reçu des consignes sauf lui, pourquoi ?

— Eh ! lança ce dernier à l'attention de son amant.

Le concerné fit volteface et lui offrit un regard interrogatif, visiblement dans l'incompréhension.

— Qu'est-ce qu'il y a microbe ?

— Bah, et moi, je fais quoi ? demanda-t-il en avançant vers lui.

— Toi, tu continues d'illuminer nos vies par ta présence.

Sans lui laisser le temps de répondre, Jungkook vint déposer un bref baiser sur ses lèvres charnues et tourna les talons pour rejoindre Taehyung qui avait pris les devants. La bouche ouverte de stupéfaction, Jimin resta immobile de longues secondes, déclenchant un rire franc chez ses amis qui le regardaient. Vexé d'avoir été mis sur la touche, il afficha une mine boudeuse qui disparut rapidement pour laisser place à la détermination.

— Eh ! pesta-t-il en trottinant jusqu'à lui. Il est hors de question que je reste ici à arroser les plantes !

— Effectivement, évite. On sait tous que tu n'as pas la main verte, se moqua le commandant.

— Ah ah ah, tu es un comique toi ! Je viens avec vous, imposa le médium en les suivant tel un enfant.

— J'ai le droit de refuser ?

— Non. Tu sais bien que je viendrai quand même.

Jungkook ricana tout en levant les yeux au ciel, mais n'argumenta pas. Satisfait d'avoir eu gain de cause, Jimin courut jusqu'à son bureau et attrapa sa veste qu'il enfila en troisième vitesse.

— À plus les gars ! s'exclama-t-il en saluant ses deux amis qui étaient encore autour de la table tactile.

Ne voulant pas louper le coche, il se précipita hors du QG pour rattraper son amant et Taehyung qui marchaient déjà vers le parking.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Le trajet jusqu'au domicile de Julian Hale s'était fait dans le calme. Jimin avait profité de ce moment pour raconter à Taehyung ce qui s'était passé avec Yoongi plus tôt dans la matinée. Comme toujours, le châtain avait su trouver les mots afin de rassurer son cadet et apaiser les craintes qui, malgré les sourires du médium, ne l'avaient pas quitté.

Arrivé à destination, Jungkook coupa le contact et observa la résidence devant laquelle ils se trouvaient. L'endroit était des plus modestes et malgré l'heure, le brun vit un homme passer devant la fenêtre qui donnait sur la rue.

— Notre homme est chez lui, annonça-t-il.

— Bon, eh bien au boulot petit cul, le taquina Jimin en tapotant son épaule.

— Espèce de petit... Ce gosse est d'une insolence ! s'indigna le commandant alors que son amant laissa échapper un éclat de rire tout en quittant le véhicule.

Taehyung se mit à rire en bougeant la tête de gauche à droite, contaminant son frère qui sortit à son tour de la voiture. Ensemble, les trois coéquipiers traversèrent la route et ce fut Jungkook qui toqua à la porte. Il se passa une bonne minute avant que quelqu'un ne vienne enfin leur ouvrir. Ils firent alors face à un homme blanc d'une trentaine d'années, à la chevelure aussi sombre que celle du commandant. Ce dernier regarda ses visiteurs, curieux, puis afficha un sourire poli.

— Bonjour messieurs, les salua le brun.

— Bonjour, vous êtes monsieur Hale ? demanda Taehyung.

— Oui, qu'est-ce que je peux faire pour vous ?

— Police de Busan, se présenta Jungkook en sortant sa plaque, imité par ses coéquipiers. Je suis le commandant Jeon. Voici mes coéquipiers, le lieutenant Kim et conseiller Park. Connaissez-vous madame Song Hyeri ?

Monsieur Hale perdit instantanément son sourire pour afficher une mine plus grave. Alors, il n'était pas au courant ? La petite amie de la victime ne l'avait pas prévenu ?

— Oui, c'est une amie. Hyeri va bien ?

— Non, pas vraiment. Elle est morte, on a trouvé son corps ce matin, annonça le tatoué d'un ton détaché.

En entendant cela, Jimin asséna un coup de coude discret dans les côtes de son amant qui siffla en lui lançant un regard noir. Face à eux, Julian Hale semblait sous le choc de l'annonce.

— Toutes nos condoléances, monsieur Hale, intervint le médium avec douceur, tentant de rattraper le manque de tact de son aîné.

— Est-ce que vous auriez quelques minutes à nous accorder ? demanda Taehyung.

— Bien-sûr, acquiesça le brun en se décalant. Entrez, je vous prie.

Le lieutenant Kim fut le premier à passer le seuil de la porte. Derrière lui, le couple se chamaillait en murmurant leur désaccord suite à l'attaque discrète du plus jeune.

— Tu vas me payer ça, grommela Jungkook en lui pinçant la fesse droite.

— Cause toujours, pouffa le blond en entrant à son tour dans la maison.

Leur hôte les amena jusqu'au salon où il les invita à s'asseoir sur le grand sofa. Tout en s'exécutant, Jimin observa les lieux. Tout autour de lui était tiré à quatre épingles, la décoration minimaliste, tout droit sortie d'un magazine, sans compter le manque d'objet personnel et de souvenir.

— Est-ce que je peux vous offrir un café ? Ou je ne sais pas, une bière ?

— Merci, mais on est en service, répondit Taehyung.

— Parle pour toi, je ne dirais pas non à un café, intervint Jungkook, récoltant un roulement d'yeux de la part de son frère.

Jimin lui, refusa poliment, puis Julian s'absenta avant de revenir quelques minutes plus tard avec une tasse de café qu'il donna au commandant. Le brun prit ensuite place sur le fauteuil qui se trouvait de l'autre côté de la table basse en verre et porta toute son attention sur les trois hommes.

— Alors, qu'est-ce qui est arrivé à Hyeri ?

— Nous ne savons pas encore, mais on y travaille, assura le lieutenant.

— Ça fait longtemps que vous connaissez madame Song ? questionna le tatoué.

— Ça doit faire quatre ans.

— Et quelle était la nature de votre relation ?

— Je vous l'ai dit, nous sommes... Enfin, nous étions amis.

— De sacré bons amis, si on en croit les soixante-trois appels qu'on a trouvés sur le téléphone de la victime.

— Oui, nous étions proches, mais ce n'est pas ce que vous croyez. Notre relation était amicale et professionnelle.

— Professionnelle ? répéta Taehyung, confus.

— Oui.

— Vous saviez que Hyeri se disait être médium ? intervint Jimin.

Ses deux aînés le regardèrent, surpris par sa question, mais aucun d'eux n'intervint, attendant la réponse de leur hôte. Ce dernier sonda le blond de longues secondes avant d'afficher un sourire que le médium ne parvint pas à décrypter.

— Je le savais, oui.

— Mais ce n'était pas le cas, pas vrai ? Nous avons trouvé toutes les supercheries dans sa boutique.

— En effet, Hyeri n'était pas médium, répondit Julian.

— Donc vous saviez que votre amie escroquait ses clients et vous n'avez rien fait ? repris Jungkook, les sourcils froncés.

— Hyeri n'a escroqué personne, affirma Julian, un air plus sérieux et débordant de confiance.

— Ah oui ? Votre amie se faisait passer pour une médium. Elle organisait des séances de spiritisme en promettant à ses clients qu'ils pourraient entrer en contact avec leur proche, contre une somme exorbitante. Si ce n'est pas de l'arnaque ça, alors qu'est-ce que c'est ? répliqua le commandant d'un ton plus abrupt.

— Je vous le répète, Hyeri n'a jamais arnaqué personne, martela monsieur Hale.

Jimin qui était resté silencieux, observa son vis-à-vis, détaillant chaque geste, et il ne vit qu'assurance. Comment pouvait-il être aussi sûr de lui après tout ce qu'il avait découvert, à moins que... et si c'était lui ? Cela pourrait expliquer pourquoi il était aussi sûr de lui et, pourquoi, malgré tous les arguments que les deux policiers avaient contre l'activité de leur victime, il continuait de garder la face et de défendre son amie.

— C'est vous, lança le blond d'un air suspicieux. Vous êtes le médium pas vrai ? C'est pour ça que vous êtes si sûr que votre amie n'a escroqué personne. Je me trompe.

L'accusé plissa légèrement les yeux avant qu'un sourire mutin ne prenne place sur ses lèvres. En voyant cela, Jungkook fronça les sourcils et se rapprocha discrètement de son amant, passant sa main derrière son dos.

— Répondez à la question, ordonna le tatoué.

— Vous avez raison, je suis médium.

— Vous avez dit que votre relation avec la victime était aussi professionnelle, de quoi vous parliez ? questionna Taehyung.

— Eh bien, lorsque Hyeri avait des clients pour les séances de spiritisme, elle leur demandait un objet qui appartenait au défunt. Grâce à ça, je peux voir le passé de ces personnes, et d'autres informations. C'est pour ça qu'elle m'appelait autant de fois, car elle voulait absolument aider ses clients.

— Pourquoi ce n'est pas vous qui faisiez les séances ? demanda Jungkook, quelque peu perplexe face aux explications de leur suspect.

— Parce que j'aime mon anonymat.

Les trois hommes ne surent quoi répondre jusqu'à ce que le lieutenant reprenne la parole.

— Les derniers noms présents dans l'agenda de votre amie étaient monsieur et madame Takashi. Est-ce que vous pouvez nous dire quelle a été la raison de leur entretien ?

— Hm, si j'ai bonne mémoire, madame Takashi voulait savoir où son père avait caché les objets de valeur. Elle était sa seule héritière, mais apparemment ces biens n'étaient pas sur le testament.

— Ok, et qu'est-ce que Casper vous a dit ? lui demanda le commandant d'un ton nonchalant.

— Lui, rien du tout. Je n'ai pas pu entrer en contact avec lui.

— Pourquoi ? intervint Jimin.

Julian le regarda quelques secondes et un rictus étrange prit place sur ses lèvres. Le blond ne parvenait pas à décrypter quelle émotion se dissimulait derrière ce sourire, mais décida de ne pas relever.

— Parce que monsieur Noshimori est parti. Il repose en paix de l'autre côté.

— Comme Bianca et Mei, pensa le médium d'une voix basse avant de reprendre. Alors, c'est impossible d'invoquer un fantôme qui a décidé de s'en aller ?

Jungkook et son frère savaient pertinemment que cette question n'avait rien à voir avec leur enquête, mais aucun d'eux n'intervint.

— Une fois qu'un esprit est en paix, il passe de l'autre côté. C'est une obligation.

— Et s'il en décide autrement ?

— Eh bien ce ne sera pas beau à voir. Passer du temps parmi les vivants le changera. Il deviendra plus agressif, plus fort aussi, mais surtout, il perdra plus facilement le contrôle et deviendra dangereux, même pour les personnes qu'il aime le plus. Quand ce garçon trouvera la paix, il devra s'en aller, expliqua Julian avec un air compatissant.

La fin de sa phrase résonna dans l'esprit du médium. Il ne parlait plus de n'importe quel fantôme, non, sa réponse était visée et Jimin ne put s'empêcher de penser à Yoongi. Est-ce qu'il était réellement parti ?

— Donc madame Song n'a pas pu répondre à la demande de ses clients ? parla Taehyung en reprenant l'interrogatoire, tandis que son cadet fixait ses doigts qu'il triturait nerveusement.

— Si.

— Vous venez de dire-

— J'ai dit que monsieur Noshimori n'avait rien dit, mais vous savez, même si une vie prend fin, les souvenirs des défunts sont éternels. Il suffit de savoir où chercher, l'interrompit Julian sans perdre son assurance.

Jimin n'écoutait plus l'échange entre ses deux collègues et l'autre médium. Son regard n'avait pas quitté ses doigts et son esprit fonctionnait à plein régime. Julian pouvait avoir accès aux souvenirs des personnes décédées, est-ce que lui aussi, en tant que médium, y parviendrait-il ? Comment ? Il arrivait à peine à faire taire les voix dans sa tête.

— Jimin, on y va ? lança une voix grave qui le fit sursauter.

Clignant plusieurs fois des paupières, le blond se rendit compte que ses deux amis étaient déjà debout, prêt à partir. Déboussolé, le médium hocha la tête et se leva à son tour. Il salua poliment monsieur Hale, puis ils marchèrent vers la sortie. Jungkook et Taehyung furent les premiers à quitter la maison et quand leur cadet s'apprêta à faire de même, leur hôte l'interpella d'une voix basse.

— Votre esprit semble rempli de questions, Jimin. Si jamais vous cherchez des réponses, vous savez où me trouver.

En entendant son prénom, le concerné se figea et pivota lentement, les traits tirés par la méfiance et la confusion. Il ne lui avait jamais donné cette information, alors comment pouvait-il le savoir ?

— Oui, je sais qui vous êtes, lui sourit Julian. Sachez que les fantômes parlent, et dernièrement, votre prénom est sur toutes les bouches.

— Co-

— Jimin ? appela le tatoué près de leur véhicule.

Même si la voix de son amant avait résonné dans ses tympans, le jeune consultant était incapable de détourner le regard. Cet homme était si déstabilisant et mystérieux que c'en était frustrant. Comment savait-il tant de choses à son sujet ? Pourquoi les fantômes parlaient de lui ? Que disaient-ils ?

— Eh microbe ! réitéra Jungkook d'une voix plus forte, montrant son impatience.

— Oui, je... j'arrive, bafouilla le concerné sans quitter l'autre médium des yeux. Comment vous avez su ?

— Pour votre don ? Ou pour l'esprit qui est accroché à vous ?

— Les deux.

— De la même façon que vous l'avez su pour moi, je présume. Je l'ai senti. Pour ce qui est de votre ami, son énergie vous entoure comme un bouclier. Il vous protège des fantômes qui voudraient s'en prendre à vous.

— C'est impossible, il est parti. Je... je l'ai vu imploser sous mes yeux.

— Ce n'est pas parce que vous ne le voyez pas qu'il n'est pas là.

Cette fois, le cœur de Jimin loupa un battement et il fut envahi par une douce vague d'espoir. Est-ce que Yoongi était réellement là ? Si c'était le cas, pourquoi ne le sentait-il pas ? Où était-il ? Allait-il bien ?

— Ne le prenez pas mal, mais j'ai l'impression que vous ne maîtrisez pas très bien votre don.

— Ce n'est pas qu'une impression, souffla Jimin.

— Eh bien, si jamais vous avez envie d'en apprendre plus sur vos capacités, je serai heureux d'échanger avec vous.

Reconnaissant devant la main qu'on lui tendait, le jeune médium s'inclina poliment puis lui offrit un sourire. Il ne connaissait pas Julian et ne pouvait pas réellement dire s'il avait ou non confiance en lui. Toutefois, il voyait là l'occasion d'avoir des réponses et la saisirait sans hésiter.

— Park Jimin, tu veux que je vienne te chercher par la peau du cul ? s'impatienta Jungkook.

L'intervention de son amant le fit pouffer de rire, cependant, même si cet échange était des plus intéressants, il décida d'y mettre fin.

— Je... je dois y aller maintenant, merci pour votre aide, monsieur Hale.

— De rien Jimin, ma porte vous est ouverte.

Le blond s'inclina de nouveau, avant de tourner les talons et de trottiner jusqu'à l'Audi où ses deux coéquipiers l'attendaient. Armé de son sourire le plus attendrissant, il monta dans sa voiture, et fut accueilli par le regard noir de son petit ami à travers le rétroviseur central.

— Ma porte vous est ouverte ? répéta Jungkook, les sourcils haussés. Je vais lui faire manger sa porte à celui-là s'il ne reste pas à sa place, bougonna-t-il en mettant le contact.

— C'est moi où je ressens des ondes de jalousie qui émanent de toi, petit frère ? le taquina Taehyung.

Installé au milieu de la banquette arrière, Jimin tentait de garder son sérieux, cependant, en voyant la moue agacée de son amant, il ne put rester immobile plus longtemps. Avant que la voiture ne quitte le parking, il se pencha en avant et déposa un baiser contre la commissure des lèvres de son aîné.

— Tu sais bien que c'est toi mon préféré, murmura-t-il contre son oreille.

— Hm, grommela le commandant.

— Bon les amoureux, on a encore du boulot, alors rentrons au poste. Vous vous ferez des mamours plus tard, ricana le lieutenant.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

L'après-midi se passa rapidement pour l'unité criminelle. Après que chacun ait terminé sa tâche, les agents s'étaient retrouvés autour de la table tactile et avaient échangé leurs informations. Lian n'avait rien découvert qui puisse faire avancer leur enquête, à l'inverse de Rose. Grâce aux vidéos de surveillance, la rouquine avait découvert que le tueur était un homme. Malheureusement, l'angle ne permettait pas de voir le visage de l'inconnu, cependant, ils purent avoir une idée de sa taille et de son poids. En arrivant dans une impasse, l'équipe décida d'attendre les résultats de l'autopsie ainsi que ceux du laboratoire scientifique.

Jungkook et son amant furent les derniers à quitter le commissariat. À bord de l'Audi, le silence était maître. Jimin n'avait pas réellement parlé depuis qu'ils avaient quitté le domicile de Julian Hale, ce qui frustrait son amant.

— Est-ce que ça va ? demanda le commandant d'une voix prudente.

Surpris par cette voix grave qui brisa le silence, le médium tourna vivement la tête vers son voisin.

— Hein ?

— Je te demande si ça va ?

— Oh, oui oui. Pourquoi ?

— J'en sais rien, tu n'as pas ouvert la bouche depuis qu'on a quitté la maison de Hale.

Jimin baissa les yeux sur ses doigts qu'il craquait nerveusement. En voyant cela, le brun fronça les sourcils, qu'est-ce qui pouvait bien le mettre dans cet état ? Qu'est-ce que Julian et lui avaient bien pu se dire pour qu'il soit si renfermé ?

— Oh, je n'ai pas grand-chose à dire, répondit le plus jeune, un sourire forcé sur les lèvres.

— Qu'est-ce qu'il y a ? T'es bizarre.

— Rien, je suis juste fatigué, souffla le blond en détournant à nouveau le regard vers la vitre.

— Ok, se résigna Jungkook, agacé.

Le jeune consultant ne releva pas la répartie de son amant. Il pouvait sentir l'énervement qui émanait de lui, cependant, il n'avait pas envie de parler, pas pour le moment en tout cas. Tout ce qu'il voulait, c'était rentrer chez lui, prendre une douche et se glisser dans ses draps.

— Tu veux toujours qu'on aille au cinéma ? questionna le tatoué, après de longues secondes de silence.

— Non. Est-ce qu'on peut juste aller chercher une pizza et rentrer à la maison ?

— Ok, comme tu veux.

Ce furent les seuls mots que Jungkook prononça jusqu'à ce qu'ils ne s'arrêtent devant leur pizzeria préférée. L'ambiance entre eux était des plus glaciales et le brun détestait cela, mais il ne voulait pas non plus plier l'échine. Jimin avait quitté le véhicule sans dire un mot, puis il était revenu une quinzaine de minutes plus tard, leur dîner en main.

Arrivé à l'appartement, le médium posa ce mets italien sur la table de la salle à manger et partit en direction de la salle de bain où il prit une douche. Une fois vêtu bien plus confortablement, le couple s'installa dans le salon pour déguster leur repas devant un film.

Aucun des deux hommes ne parlait. Leur prunelles rivées sur le grand écran, ils regardaient ce long-métrage qu'ils ne comprenaient pas réellement. Jungkook attendait que son compagnon lui parle, qu'il dise ce qui le tracassait, mais ce dernier ne semblait pas enclin à la conversation, préférant s'enfermer dans son mutisme.

— Tu ne vas vraiment pas me dire ce qui te tracasse ? demanda le plus vieux.

Sa pizza en bouche, Jimin tourna la tête vers son amant. Il avala rapidement sa bouchée, puis essuya ses lèvres.

— Je te l'ai déjà dit, il n'y a rien.

— D'accord, tu sais quoi, j'en ai marre, s'impatienta finalement Jungkook. J'essaie vraiment de te comprendre, mais j'y arrive pas. Tu m'as dit que la communication nous faisait défaut et là, regarde-nous, on régresse. Tu peux me dire que ce qui se passe dans ta tête ne me regarde pas, mais à partir du moment où ça affecte notre couple, ça me concerne. Tu es plus froid que la glace et distant. Je déteste ça. Donc, si tu veux pas parler ok, pas de soucis. Reste dans ton coin. Moi, je me tire.

Sans lui laisser la moindre chance de répliquer, Jungkook jeta sa part pizza dans la boîte et se leva. D'un pas rapide, il partit en direction du hall où il se chaussa alors que dans le salon, enfoncé dans le canapé, son repas en main, Jimin restait fidèle à lui-même. Il garda une mine impassible, faisant croire que cette situation ne l'atteignait pas tandis que son cœur se brisait.

Ce fut dans ce même mutisme insupportable que le tatoué quitta l'appartement en claquant la porte, laissant derrière lui son petit ami qui mâchait sa pizza, le regard rivé droit devant lui pendant que les larmes déferlaient sur ses joues.

✺✺✺

Cela faisait une quarantaine de minutes que Jungkook était parti et depuis cet instant, Jimin fixait l'écran de son téléphone, ses pouces suspendus au-dessus de son clavier. Ce dernier pianota rapidement un message et l'envoya sans laisser le temps à sa fierté de se raviser.

💬 À Jungkook – 21:03
Où es-tu ? Rentre à la maison s'il te plaît...

Le médium regarda les minutes défiler, et s'il avait reçu l'accusé de réception de son message, aucune réponse ne lui fut accordée. Las de toute cette situation dont il était l'unique responsable, il se leva et débarrassa la boîte de pizza dans la cuisine avant de se faire couler un café. Son amour pour Jungkook lui ordonnait de l'appeler pour lui demander de revenir, car il lui manquait déjà, mais son égo lui interdisait. Néanmoins, après une rude bataille, ce fut son cœur qui l'emporta.

Son portable en main, il sélectionna le numéro de son petit ami et lança l'appel. Les premières secondes furent silencieuses jusqu'à ce qu'une vibration n'attire son regard sur l'îlot. Si son aîné ne répondait pas au téléphone, c'était pour une bonne raison, Jungkook était parti sans son portable.

Soupirant à nouveau, il mit fin à l'appel et cliqua sur un autre contact. Les tonalités se succédèrent et le médium commença à perdre espoir, jusqu'à ce qu'une voix familière ne se fasse entendre.

— Allô ?

L'homme au bout du fil semblait essoufflé, mais le ton de sa voix était calme, presque hébété, provoquant un froncement de sourcils chez Jimin.

— Salut, je te dérange ?

— Non Min. Je... j'étais occupé, mais c'est bon, je suis à toi, répondit Lian.

En écoutant la réponse de son ami, le médium se rappela les paroles de Rose lorsqu'ils s'étaient croisés après leur pause déjeuner. La jeune femme avait laissé entendre leur plan plutôt sportif pour la soirée et en réalisant cela, le blond se sentit coupable de les interrompre.

— Désolé, je ne voulais pas vous interrompre. Je te laisse tranquille. Bonne soirée à vous deux.

— Non non, attends ! le retint Lian. Qu'est-ce qu'il y a ?

— Rien, ne t'inquiète pas.

— Pour que tu m'appelles à 21h ,c'est qu'il y a forcément un truc. Alors vas-y, je t'écoute.

— Je... tu ne voudrais pas venir boire une bière à la maison ?

— Où est Jungkook ? demanda l'inspecteur, perplexe.

— Je n'en sais rien, soupira Jimin. On s'est un peu disputé et il est parti en claquant la porte.

— Ok, j'arrive. Laisse-moi juste le temps de prendre une douche.

— Merci, souffla le médium, la gorge nouée.

— Ne me remercie pas. Je serai bientôt là.

Bien que son ami ne puisse pas le voir, le blond hocha la tête et verrouilla son téléphone lorsque son ami raccrocha. Lian était toujours un bon réconfort et c'était ce dont il avait besoin à cet instant.

✺✺✺

Une trentaine de minutes plus tard, Lian passait la porte de l'appartement du couple. Jimin lui offrit la boisson qu'il lui avait promise, puis les deux hommes s'installèrent sur le canapé. Ils passèrent un moment à discuter de banalité jusqu'à ce que le plus vieux ne décide enfin d'aborder la raison de sa venue ici.

— Alors, raconte-moi ce qui s'est passé ?

— C'est ma faute, commença le plus jeune, le regard baissé. Depuis qu'on est allé voir Julian Hale, j'étais silencieux et assez distant. Jungkook m'a demandé ce qui n'allait pas, mais je... je n'avais pas envie d'en parler. Je l'ai un peu envoyé bouler, puis il est parti.

— Ok, t'as essayé de l'appeler ?

— Oui, mais il n'a pas pris son téléphone.

Lian prit une légère inspiration et chercha à établir un contact visuel que son ami évitait à tout prix.

— Et donc, tu vas me dire ce qui se passe dans ta petite tête ? demanda Lian en prenant une gorgée de sa bière.

Les minutes défilaient et Jimin restait silencieux. Est-ce qu'il voulait réellement parler de ce qu'il ressentait ? Non. S'il devait le faire, ce serait avec l'homme qui partageait sa vie, pourtant, son ami avait fait le déplacement pour le réconforter, il lui devait bien une explication, même si elle restait évasive.

— Yoongi est parti et je crois que Julian pourrait m'aider à savoir ce qui lui est arrivé avant sa mort, expliqua brièvement le médium.

— Comment ça ?

— Julian est un médium.

— Oui, vous nous l'avez dit tout à l'heure. Il est comme toi ?

— Je crois, je n'en sais rien. En tout cas, il maîtrise son don bien mieux que moi. Il a aidé la victime de notre affaire avec ses clients. Il a dit qu'il voyait le passé des esprits grâce à des objets. Peut-être qu'il pourrait le faire avec Yoongi.

— Ok, je vois. Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi tu n'en as pas parlé à Jungkook comme tu viens de le faire avec moi ? demanda Lian, confus.

— Je n'en sais rien, soupira le plus jeune. Ne me demande pas pourquoi, mais c'est plus simple de t'en parler. J'ai peur qu'il ne comprenne pas ou qu'il essaie de m'empêcher d'aller de l'avant avec mon idée.

— C'est ton petit ami Jimin. Tu ne peux pas le tenir à l'écart de cette situation, pas après tout ce que vous avez vécu. Les partenaires de vie, ce n'est pas juste là pour faire joli quand tout va bien. Ils sont surtout là pour nous soutenir dans les moments les plus difficiles de nos vies, pour partager nos chagrins, nos épreuves, nos doutes. Alors, si tu veux vraiment que ta relation avec Jungkook fonctionne, tu ne peux pas le repousser. Il a mûri depuis que vous vous êtes rencontrés, je suis persuadé qu'il comprendra et qu'il te soutiendra.

Jimin resta muet quelques secondes, réfléchissant aux paroles de son aîné. Pourquoi avait-il eu ce blocage ? Pourquoi son esprit refusait de s'ouvrir entièrement à l'homme qu'il l'aimait ?

— Eh petite tête. La vie de couple ça s'apprend, tu sais. Rien n'est toujours rose, mais il faut savoir mettre sa fierté et ses peurs de côté pour avancer main dans la main, reprit Lian d'une voix plus douce et réconfortante.

— Je suis si nul.

— Tu n'es pas nul, lui sourit l'inspecteur. Tu es jeune et c'est ta première relation. On fait tous des erreurs, mais il faut essayer d'en tirer des enseignements et évoluer.

Le blond hocha la tête, mais ne répondit rien. Que pouvait-il dire ? Lian avait raison, il le savait. À présent, tout ce qui lui restait à faire, c'était attendre que son petit ami rentre et espérer qu'il accepte de lui parler.

⊱⋅ ──────────── ⋅⊰

Il était à présent dix heures du soir et après avoir passé plus de deux heures hors de chez lui, Jungkook décida qu'il était temps de rentrer. Ce dernier avait passé sa soirée seul devant une bière, assis au comptoir d'un bar dont il ne se souvenait même pas du nom. Tout ce qu'il avait désiré, c'était un peu de solitude, laissant ainsi tout le loisir à son esprit de ressasser encore et encore ce qui s'était passé avec son amant plus tôt.

Le brun stationna son véhicule à sa place habituelle et le quitta d'un pas lent. Alors qu'il s'avançait vers le bâtiment, une voiture qui lui sembla familière attira son attention. Une BMW noir, il la connaissait et pour cause, c'était celle de Lian.

— C'est une blague, soupira ce dernier.

Jungkook n'était pas jaloux que son ami soit venu voir Jimin. Il était agacé, car celui-ci l'avait appelé et s'était sûrement confié à lui alors qu'il n'avait pas daigné lui dire ce qui le tracassait.

D'un pas las, il pénétra dans la résidence et marcha jusqu'à son domicile. Une fois devant la porte, des voix attirèrent son attention, cependant, il ne fut que peu surpris. Sans réelle motivation, il composa le code d'entrée sur le boîtier et ouvrit le battant. Comme il s'y attendait, il fit face à deux pairs d'yeux qui le fixaient, visiblement surpris par sa présence.

— Salut Lian, fit Jungkook.

— Salut, j'étais sur le départ.

— Oh, ne t'en vas pas à cause de moi. Continuez ce que vous faisiez, répondit le commandant en retirant ses rangers.

— On discutait, c'est tout, intervint Jimin d'un ton prudent.

— Tant mieux pour vous, répliqua le brun d'un ton détaché avant de se tourner vers son ami, un sourire plus chaleureux. À demain Lian. Passe une bonne soirée.

Sans se retourner, le brun quitta le sas d'entrée et partit dans le salon où se trouvait son téléphone. Pendant ce temps, Jimin fixait le sol, anxieux.

— Eh, petite tête, appela l'inspecteur d'une voix basse. Tu sais ce qu'il te reste à faire. Il attend que tu ailles lui parler, alors fais-le.

— Hm.

— Allez, à demain.

— Oui, merci d'être venu.

Lian lui offrit un sourire chaleureux et l'enlaça rapidement avant de quitter enfin les lieux. Une fois la porte fermée, Jimin resta stoïque quelques secondes avant de prendre une grande inspiration et de partir vers le salon où se trouvait son petit ami. Ce dernier était assis sur l'accoudoir sur canapé, sa tête baissée sur l'écran de son portable.

— Tu... tu étais chez Tae ? lança le médium d'une voix prudente en marchant vers lui.

Ses mains engouffrées dans les manches du sweat à capuche qu'il avait volé à son amant, il tirait nerveusement sur ses cuticules, attendant une réponse qui n'arriva pas.

— Jungkook ?

— Quoi ? soupira le concerné avant de répondre enfin à la question qui lui avait été posée. Non, j'étais pas chez Taehyung.

— Où... où étais-tu alors ?

— Quelle importance, répliqua froidement le tatoué. J'étais seul si c'est ce que tu veux savoir. Toi en revanche, tu étais bien accompagné.

— S'il te plaît, ne recommence pas avec ça, souffla le médium. Quand tu es parti en claquant la porte sans me dire où tu allais, je me suis senti stupide et je... j'étais inquiet. Je... je ne savais pas quoi faire et je ne voulais pas être seul, donc j'ai appelé Lian. On a juste discu-

— Non, je t'arrête tout de suite, ce n'est pas Lian le problème. Qu'il soit venu te voir, je m'en tape, le coupa Jungkook en levant enfin les yeux vers lui. Vas-y, dis-moi de quoi vous avez parlé ?

— De Yoongi et de...

— Laisse-moi deviner, pouffa amèrement le policier. Je suis sûr que tu as vidé ton sac ? Je me trompe ? Tu lui as raconté ce qui te tracassait ?

— Non, répondit immédiatement le plus jeune avant de se reprendre. Enfin si, mais-

Le rire nerveux de son petit ami l'interrompit, provoquant un froncement de sourcils et un agacement notable.

— Arrête de faire ça, imposa-t-il les poings serrés. Je suis désolé d'accord ? C'est ma faute, je le sais, mais j'apprends encore à gérer tout ça et je fais de mon mieux. Il y a certaines choses que j'ai encore du mal à faire, et m'ouvrir totalement en fait partie.

— En fait, ce qui me peine le plus, c'est que tu sois parfois incapable de te confier à moi alors que tu y arrives avec les autres. Pourquoi ? Est-ce que j'ai fait ou dit quelque chose de mal pour que tu te braques comme ça ?

— Non, non, je t'assure. Je ne sais pas comment t'expliquer, moi-même, je ne me comprends pas.

— Eh bah essaie, parce que je suis fatigué de tout ça ! s'emporta Jungkook. Tu n'es pas toujours obligé de te confier à moi. Tu as le droit d'avoir ton jardin privé, mais je ne supporte pas que tu crées un mur entre nous à chaque fois que tu vas mal. Tu peux me dire que tu ne vas pas bien, je respecterai cela, je t'assure. Je n'envahirai pas ton espace personnel, mais l'indifférence et le silence radio, ça il en est hors de question.

— Je ne voulais pas te tenir à distance, mais il s'est passé tellement de choses ces dernières vingt-quatre heures. Je crois que c'est le contre coup. Entre Yoongi qui disparaît, Julian qui-

— Julian ? répéta le tatoué, les sourcils froncés et les mains sur les hanches. Tu parles de Julian Hale ? Notre suspect ?

— Ce n'est pas un suspect.

— Ah oui ? Qui l'a décidé ? Toi ? répliqua le commandant d'un ton plus ferme.

— Non, mais tu étais là, il n'a rien avoir avec ce meurtre.

— Ça reste à voir.

— On s'en fout ! s'irrita Jimin les poings serrés. Il peut voir les souvenirs des défunts et il a senti Yoongi ! Il a dit qu'il était encore là et je suis sûr que grâce à son don, il pourrait m'aider à avancer dans mon enquête.

— Ce mec est un manipulateur doublé d'un escroc ! Ne sois pas si stupide et ne tombe pas dans le panneau, cingla le tatoué. Ouvre les yeux ! Ce mec t'a bouffé du regard tout le long de l'interrogatoire. S'il te propose son aide, c'est pas par gentillesse !

Stupéfait par la répartie et l'amertume de son amant, le jeune médium recula de quelques pas et lui tourna le dos, laissant les larmes qu'il était parvenu à retenir jusqu'ici, rouler sur ses joues.

— Wouah, maintenant, je suis stupide. Et tu t'étonnes que je ne veuille pas te parler, pouffa-t-il avant de lui faire face, un sourire débordant de tristesse et de déception sur les lèvres, pendant qu'il essuyait ses joues à l'aide de ses manches. Si ça te fait plaisir de le penser, vas-y. Je suis peut-être stupide ou naïf, ou tout ce que tu veux, mais je vois là un moyen d'arrêter le tueur de mon meilleur ami, alors, je vais saisir ma chance. Julian a dit qu'il pourrait m'aider, donc je vais aller le voir. J'aurais préféré que tu me soutiennes, mais apparemment, c'est trop dur pour toi. Ce n'est pas grave, je vais me débrouiller tout seul.

Voyant les larmes qui ne cessaient de ruisseler sur les pommettes de son petit ami, Jungkook sentit son cœur se serrer dans sa poitrine. Il se trouvait si stupide de réagir de cette manière. Avec un tel comportement, il ne faisait qu'aggraver la situation et le braquer davantage, or ce n'était pas ce qu'il désirait.

Peiné par l'attitude de son aîné, Jimin pivota et partit en direction du couloir. La conversation ne s'était pas du tout passée comme il l'espérait, c'était même pire que tout.

— Attends bébé, c'est pas ce que je voulais dire, tenta ce dernier en marchant derrière lui.

— Oh si, je crois que c'est exactement ce que tu voulais dire. On va arrêter là pour ce soir. Bonne nuit Jungkook.

Sans lui laisser l'occasion de le rattraper, Jimin claqua violemment la porte au nez de son amant qui resta stoïque face à celle-ci. C'était leur première dispute depuis qu'ils s'étaient retrouvés et Jungkook se haïssait pour cela.